Dark Claria : Dame rouge des Sith

Chapitre 20 : Chapitre 19 : Retrouvailles

6692 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:46

Chapitre 19 : Retrouvailles

 

Super-croiseur Lusankya, en orbite de Coruscant

 

Lumiya venait de monter à bord du Lusankya, porteuse de l'ordre de Claria qui lui confiait le commandement de la flotte en son absence. Elle fut accueillie à son arrivée par le grand amiral Makati, l'agent Petothel, le colonel Fel et divers autres officiers. A l'arrière du groupe, son regard fut attiré par une jeune pilote aux cheveux noirs et à la peau sombre qu'elle reconnut immédiatement : le capitaine Myrette Davani, son ancienne camarade de promotion et meilleure amie. Lumiya resta impassible alors qu'elle croisait son regard mais Myrette ne put retenir une expression de surprise avant de détourner les yeux. Lumiya comprit immédiatement que malgré sa coiffe et son voile qui recouvraient en partie son visage, son ancienne camarade l'avait reconnue.

Mais cela n'avait pour l'instant aucune importance, seule comptait la mission que Dame Claria lui avait confiée. Elle s'adressa donc à Gara Petothel comme elle l'avait prévu.

– Agent Petothel, avez-vous transmis mes ordres à Jix comme convenu ?

– Oui, madame, il y a deux heures. S'il relève le message vingt quatre heures après son émission comme il nous l'a dit, il lui restera deux ou trois heures pour agir avant l'arrivée de la flotte.

– Bien. Amiral Makati, la flotte sera-t-elle prête à partir à l'heure ?

– Oui, dame Lumiya, nous serons prêts. Cette fois, les rebelles payeront pour tous les nôtres qui sont morts à Endor. Mais si vous le permettez, je vais vous conduire à vos quartiers.

– Merci amiral, je vous suis.

Tandis que Lumiya suivait le grand amiral Makati dans les coursives du Lusankya jusqu'aux quartiers réservés aux invités de marque, Soontir Fel remarqua que sa coéquipière, le capitaine Davani, se tenait appuyée contre un mur, l'air profondément troublée. Son visage à la peau brune avait pris un teint grisâtre et son regard semblait perdu dans le vide. Inquiet, il alla l'aborder.

– Ça ne va pas, capitaine ? lui demanda-t-il. Vous avez l'air de quelqu'un qui vient de croiser un mort !

– Vous ne croyez pas si bien dire, mon colonel ! répondit Myrette à voix basse. Je crois que j'ai besoin d'un bon remontant.

– Si cela peut vous faire du bien Rette, j'ai toujours une bouteille de Whyren's dans mes quartiers. Je vous invite à boire un verre et vous me raconterez ce qui vous a troublé à ce point, d'accord ?

– D'accord, mon colonel.

Tandis qu'ils se dirigeaient vers ses quartiers, Soontir se demanda ce qui avait bien pu perturber Myrette. Elle avait intégré son escadron il y a quatre mois, après son transfert depuis l'escadron Copperhead du sept cent quatre-vingt deuxième groupe de chasse et s'était rapidement révélée comme un de ses meilleurs éléments, à égalité avec le major Turr Phennir. Elle s'était particulièrement illustrée lors de la bataille d'Endor, bien qu'elle y ait perdue sa fiancée, l'enseigne Tarania Keitan, opératrice de communication à bord de l'Executor, lorsque le super-croiseur avait été détruit. Soontir se rappelait encore ses dernières paroles, émises vers son escadron avec lequel elle assurait la communication, quelques secondes avant l'instant fatal : « Adieu Rette, je t'aime ! ».

Après cette terrible perte, Myrette était restée abattue plusieurs jours et il ne l'en avait pas blâmée, la laissant faire son deuil. Elle avait ensuite rapidement repris du poil de la bête, déterminée plus que jamais à en découdre avec ces « salopards de rebelles ». Alors que s'était-il passé ? Quelque chose lui avait-il rappelé ces instants tragiques ? Ou un autre événement plus ancien ? Elle avait l'air d'aller bien avant l'arrivée de... Lumiya ! Oui, bien sûr, elle ne plaisantait pas en confirmant avoir croisé une morte, elle devait avoir reconnu la sombre dame, quelqu'un qu'elle avait connu précédemment et qu'elle croyait morte.

Arrivés à ses quartiers, Soontir l'invita à entrer et à s'asseoir tandis qu'il allait chercher deux verres et une bouteille. Il versa dans chaque verre un peu du liquide ambré au fort parfum boisé et lui en tendit un.

– Tenez Rette, goûtez-moi ça, on ne trouve pas de meilleur whisky sur Corellia !

La jeune femme pris son verre et le vida cul sec. Elle commença à reprendre des couleurs et Soontir la resservit aussitôt.

– Maintenant, dites-moi ce qui vous a mis dans cet état. C'est en rapport avec dame Lumiya n'est-ce pas ? Vous l'avez reconnue ?

– Oui, je n'avais jamais rencontré dame Lumiya auparavant. J'ai juste entendu dire qu'elle était une cyborg et une ancienne élève du Seigneur Vador. Alors quand j'ai croisé son regard tout à l'heure... Ces yeux, je n'aurais jamais cru les revoir un jour, on m'avait dit qu'elle était morte, que le major Shira Brie avait été tuée il y a six mois lors d'une mission d'infiltration de l'Alliance rebelle.

– Shira Brie... ce nom me dit quelque chose. Une pilote formée comme vous par le commandant Mogurk à l'institut de pilotage de Coruscant, n'est-ce pas ?

– Oui mon colonel, c'était ma camarade de promotion et ma meilleure amie. Une pilote exceptionnelle, elle a fini première et j'ai dû me contenter de la deuxième place. Nous sommes devenues très proches et comme elle était orpheline, je l'ai invitée quelques semaines dans la ferme de mes parents sur Beheboth, avant qu'on ne rejoigne l'académie de Carida pour notre dernière année de formation. C'était très dur et je crois que je n'y serais pas arrivée sans son soutien et ses conseils. Mais Shira a commencé à changer ; il y avait ces séances d'entraînement spéciales qu'elle suivait la nuit puis cet accident lors d'un exercice où elle a tué six cadets. Son MT-ST avait été réglé par erreur en tir réel, mais au lieu d'être horrifiée comme moi par ce qui s'était passé, elle a éclaté de rire !

– C'est sans doute l'effet du choc, cela arrive parfois que l'on craque de cette façon dans de semblables circonstances.

– C'est ce que j'ai pensé aussi, mais elle n'a jamais voulu en parler, pas plus que de ces mystérieuses séances nocturnes et les autorités ont étouffé l'affaire. Mais le plus bizarre s'est produit lors d'une permission peu avant la remise des diplômes. On est sorties ensemble faire la tournée des cantinas et je ne sais pas comment Shira a fait, mais avec des regards et quelques gestes de la main, elle nous a obtenu des boissons gratuites et a même figé sur place un Caridéen un peu trop insistant. Et là aussi, j'ai vainement tenté d'obtenir la moindre explication de sa part.

– J'ai vu le Seigneur Vador faire ce genre de choses. Votre amie a certainement été formée à l'usage de la Force, probablement lors de ces fameuses séances nocturnes dont elle ne voulait pas parler.

– La Force ? Comme les anciens Jedi ? Quand j'étais petite, mon père me parlait de leurs exploits pendant la guerre mais en grandissant j'ai cessé d'y croire. Je pensais que c'était une légende !

– Non Rette, la Force existe bel et bien. Si les Jedi ont quasiment disparu après la guerre des clones, il y a d'autres utilisateurs de la Force : des Sith comme le Seigneur Vador, Dame Claria et probablement l'Empereur lui-même, des inquisiteurs à leur service, des mystiques comme les prophètes du Côté Obscur. Ils ont dû repérer les dons de votre amie et la recruter parmi eux.

– J'ai toujours pensé qu'elle avait juste été recrutée par les services de renseignement. Elle les a rejoint après la remise des diplômes et j'ai perdu le contact. J'ai essayé plusieurs fois de lui écrire via la messagerie holonet militaire mais je n'ai jamais eu de réponses. Finalement, il y a six mois, j'ai reçu un message automatique m'informant que le major Brie était décédée en mission.

Tandis qu'elle parlait, des larmes coulaient le long des joues de Myrette. Soontir vit qu'elle luttait pour ne pas éclater en sanglots et il comprit que Shira était bien plus qu'une amie pour elle.

– Vous l'aimiez, n'est-ce pas ?

– J'ai mis longtemps à comprendre la vraie nature de mes sentiments. A l'académie, les garçons se battaient pour sortir avec nous en permission et si Shira était très satisfaite de ses aventures d'un soir, ce n'était pas mon cas. A chaque fois, je pensais à Shira et j'ai fini par comprendre que c'était elle que je désirais. Mais j'avais tellement peur de perdre son amitié que je n'ai jamais osé le lui avouer. Quand j'ai appris sa mort, j'ai pleuré toute la nuit et j'ai juré de la venger, de faire payer ces salopards de rebelles qui me l'avaient tuée. Je me suis entraînée de plus belle et je suis devenue la meilleure pilote de mon escadron, avant de demander, et d'obtenir, mon transfert parmi les meilleurs : votre escadron, mon colonel.

– Et je suis fier de vous compter parmi nous, Rette.

– Puis j'ai rencontré Tarania, le coup de foudre, trois mois de bonheur. Nous avions fait des projets toutes les deux une fois que la guerre serait finie, nous marier, adopter des enfants. Mais ces salopards de rebelles me l'ont prise elle aussi. Je les hais, je voudrais tous les tuer, jusqu'au dernier !

– Vous en aurez bientôt l'occasion, nous partons attaquer leur quartier général. Mais vous n'honorerez pas la mémoire de l'enseigne Keitan en vous laissant envahir par la haine. Je vais avoir besoin de vous à mes côtés et en pleine possession de vos moyens.

– Oui, bien sûr, c'est juste que quand j'ai reconnue Shira tout à l'heure, dans son costume de sombre dame, cela m'a fait un choc et a réveillé plein de mauvais souvenirs. Pourquoi m'a-t-on dit qu'elle était morte ?

– Probablement qu'après avoir été très gravement blessée et être devenue une cyborg, elle a voulu faire table rase de son passé. C'est une élève de Vador et une ancienne agent des services de renseignements, mieux vaut ne pas essayer d'en savoir plus.

– Elle m'a sûrement reconnue elle aussi, je devrais aller lui parler.

– Soyez prudente Rette, ce n'est plus la jeune femme que vous avez connue. Elle sert le Côté Obscur de la Force à présent, comme Dark Vador. Et les rumeurs disent aussi qu'elle aurait un petit ami, un contrebandier corellien. Elle pourrait vous tuer si elle vous percevait comme un obstacle à ses ambitions. Je préférerais que vous affrontiez avec moi les meilleures forces de l'Alliance rebelle, l'escadron Rogue peut-être.

Myrette resta pensive pendant quelques instants. Bien sûr, le colonel Fel avait raison, elle devait se concentrer sur sa mission plutôt que sur ce qu'était devenue son ancienne amie. Elle finit son verre de whisky et sécha ses larmes.

– Vous avez sans doute raison, mon colonel. Je vais vous laisser et aller me reposer. Merci encore pour le whisky, il était excellent.

– Tout le plaisir est pour moi capitaine. Reposez-vous bien, je compte sur vous !

Tandis que Myrette Davani regagnait ses quartiers, Soontir Fel songea que dans moins d'une journée, son escadron risquait de se trouver confronté à l'escadron Rogue commandé par son beau-frère, Wedge Antilles. Il aura alors bien besoin du capitaine Davani à ses côtés et pour le moment, d'un deuxième verre de Whyren's.

 

Mos Eisley, Tatooïne

 

La nuit était déjà tombée lorsque Claria et K3 atteignirent Mos Eisley à bord du speeder que leur avait prêté la gouverneure Aryon. La ville, éclairée par la première lune presque pleine, était encore bien animée, les rues pleines de spaciens, de droïdes et de soldats impériaux en patrouille. Ne sachant pas où habitait la prophétesse Sariss, Claria décida d'aller d'abord se renseigner dans une cantina. Pour cela, il n'y avait pas de meilleur endroit que la cantina de Chalmun, connue dans tous ce secteur de la bordure extérieure comme un repaire de pirates et de malandrins. Elle traversa donc la cité jusqu'au quartier est et arrêta le speeder devant l'établissement. Puis elle entreprit de dissimuler ses sabres lasers sous sa robe, ne laissant en évidence que son blaster dans son étui à la ceinture. Elle releva ensuite le capuchon de sa robe afin de cacher sa chevelure rousse et ne pas risquer d'être reconnue par quelqu'un qui l'aurait vue aux holonews.

– Les droïdes ne sont pas admis dans la cantina, K3, dit-elle à son droïde de protocole, tu va donc rester ici garder le speeder. Et jusqu'à nouvel ordre, mon nom est Chiara Lorn, c'est bien compris ?

– Bien compris, maîtresse Lorn.

Claria entra dans la cantina. L'ambiance était plutôt calme en ce début de soirée, un groupe de musiciens Bith jouait un air de jizz et une femme d'une cinquantaine d'année aux cheveux gris assurait le service au bar. Personne ne sembla faire attention à Claria, les clients continuant leurs conversations comme si de rien n'était. Ce n'est que lorsqu'elle s'approcha du comptoir qu'un homme d'une quarantaine d'années, manifestement un habitué des lieux déjà passablement éméché, l'aborda.

– Hé, c'est qu'vous avez l'air nouvelle dans l'coin, mam'zelle ! l'apostropha l'homme. J'peux vous offrir un verre ?

Claria dut réprimer l'envie qui la prit de faire taire définitivement cet importun à coup de sabre laser ou d'étranglement de Force. Mais elle était venue pour des renseignements et non pour faire un scandale ou déclencher une rixe, elle opta donc pour une méthode plus subtile.

– Vous n'avez pas envie de m'offrir un verre, répondit-elle à l'homme en accompagnant ses paroles d'un geste discret de la main. Vous avez déjà beaucoup trop bu et devriez rentrer chez vous pour vous reposer !

– J'crois qu'c'est pas une bonne idée finalement, j'tiens déjà plus d'bout, j'vais rentrer piquer un p'tit roupillon. Tiens Ackmena, garde la monnaie !

L'homme déposa quelques crédits sur le comptoir et se dirigea en titubant vers la sortie. La serveuse ramassa ses crédits et s'adressa à Claria d'un air étonné.

– Et bien, je ne sais pas comment vous avez réussi ce coup là, ma jeune dame, mais vous m'avez rendu un fier service. D'habitude, Biff reste au comptoir jusqu'à la fermeture et on est obligé de le jeter dehors. Je m'appelle Ackmena et j'assure le service en soirée. Qu'est-ce que je vous sert ? C'est offert par la maison !

– Chiara Lorn, se présenta Claria. Je prendrais juste une tasse de caf bien noir, merci.

Ackmena s'éloigna quelques instants et revint avec une tasse de caf fumant qu'elle posa devant Claria.

– Voilà votre caf, madame Lorn. Alors, qu'est-ce qui vous amène dans ce repaire de vauriens ? Vous cherchez un pilote pour quitter cette fichue planète ?

– Non, en fait, je suis venue de Bestine pour consulter la prophétesse. Vous pourrez peut-être me dire où je peux la trouver ?

– Ah, vous voulez connaître votre avenir ! La prophétesse ne vient jamais ici, mon collègue de jour Wuher est en froid avec elle, rapport avec une de ses prophéties. Mais je peux vous dire où elle habite, bien sûr.

Claria prit note de l'adresse du domicile de la prophétesse, but sa tasse de caf puis prit congé. Elle retrouva K3 dans le speeder et ils se rendirent à l'adresse indiquée. Elle alla sonner à la porte de la petite maison.

– Bonsoir, dit-elle, je m'appelle Chiara Lorn et je souhaiterais consulter la prophétesse.

Une voix féminine lui répondit au bout d'une trentaine de secondes.

– Je ne consulte pas après le coucher des soleils. Revenez demain, madame !

Claria regarda autour d'elle pour s'assurer qu'il n'y avait personne d'assez près pour l'entendre, puis elle rabattit le capuchon de sa robe avant de reprendre.

– Je n'ai pas le temps d'attendre demain, Sariss ! Je suis Dark Claria, sombre Dame des Sith et je dois vous parler maintenant. Si vous ne m'ouvrez pas, je serai obligée de forcer votre porte !

La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard sur une femme blonde aux yeux verts qui portait une robe en toile rouge et blanche.

– Veuillez me pardonner, ma Dame, dit la prophétesse. Je ne m'attendais pas à recevoir votre visite, je vous prenais pour une simple cliente désirant que je le lui prédise son avenir. Entrez, je vous prie.

La prophétesse conduisit Claria à l'intérieur de sa demeure, qui était typique des habitations modestes de Tatooïne. Elle l'invita à s'asseoir dans le salon. Claria décida de ne pas perdre de temps et d'aller droit au but.

– Je sais que vous n'êtes pas une simple diseuse de bonne aventure, Sariss. Vous appartenez à l'ordre des prophètes du Côté Obscur, qui ont tous quasiment disparu depuis que le prophète suprême Kadann s'est fâché avec mon maître l'Empereur.

– Avez-vous l'intention de me tuer au nom de l'Empereur, ma Dame ? demanda Sariss soudain inquiète.

– Non, je ne viens pas vous voir au nom de l'Empereur mais en mon nom propre. J'ai depuis quelques semaines des visions récurrentes, concernant mon avenir et l'avenir de la Galaxie. Je souhaite rencontrer Kadann pour lui en parler mais j'ignore où il se trouve.

– Et vous pensez que je pourrais vous conduire à lui ?

– Au moins me dire où je pourrais le trouver. Je me demande aussi pourquoi vous n'avez pas disparu comme les autres prophètes. Vous ont-ils oubliée ?

– Non, j'ai choisi de rester. Je n'ai pas particulièrement envie de retrouver les autres. Voyez-vous, mon apprentissage sur Dromund Kaas a été particulièrement pénible, il y a peu de femmes dans nos rangs et... Non, désolé, je ne veux pas en parler !

Claria sentit la violence des émotions qui assaillaient Sariss à l'évocation de son passé : la douleur, l'humiliation, la haine. Tout cela se concentrait dans le regard de la jeune femme qui en devenait insoutenable. Claria comprit que les autres prophètes avait abusé d'elle pendant sa formation mais aussi qu'elle était bien plus puissante dans le Côté Obscur qu'elle n'en avait l'air au premier abord. Si elle le voulait, elle pouvait tuer d'un simple regard.

– Je comprends de quoi vous voulez parler, Sariss, pardonnez-moi d'avoir réveillé ces pénibles souvenirs. Dites-moi juste où je peux trouver Kadann et je vous laisserai tranquille.

Sariss sembla se calmer, son regard reprit un aspect normal et le sentiment d'oppression qui avait envahi Claria se dissipa.

– Je vous dirai où le trouver, ma Dame. Mais d'abord, si vous le permettez, j'aimerais avoir un aperçu de vos visions.

– Vous voulez procéder à une fusion mentale ?

– Non, un simple contact suffira, à condition de ne pas me fermer votre esprit. Cela vous convient-il ?

– C'est d'accord, vous pouvez y aller.

Sariss se rapprocha de Claria et posa une main sur son front tout en fermant les yeux. Rapidement, des images se formèrent dans son esprit, d'abord celle de Claria dans sa robe de couronnement, acclamée par une foule immense, puis la vision de la défunte Sith Dark Zannah lui parlant de sa destinée et de sa fille, la naissance de la princesse héritière. Puis ce fut la seconde vision, la guerre, les armes de destruction massive, l'Impératrice Sith qui fut Leïa Organa et son regard de folie.

– Oui, dit Sariss, je vois deux avenirs possibles, l'un où vous devenez Impératrice et l'autre où c'est une autre femme qui monte sur le trône, avec un regard qui glace le sang.

– C'est ce que j'ai vu, oui. Pouvez-vous voir autre chose ?

– Je vais essayer... Attendez... Oui, je vois une forme un peu floue, un homme je pense, avec un sabre vert. Il se bat avec vous et... Aaahhhh !

Sariss poussa un cri et rompit le contact. Elle tomba à terre comme si elle venait d'être frappée.

– Sariss ! Vous allez bien ? Qu'avez-vous vu ?

– Ça ira pour moi, ma Dame, dit-elle en reprenant ses esprits. Mais, cet homme, j'ai senti sa lame vous percer le cœur ! Soyez sur vos gardes, vous êtes en grand danger !

Claria réfléchit à cette vision : un homme avec un sabre vert... Skywalker ? Un jour ou l'autre, elle devra affronter le jeune Jedi et elle avait vu de quoi il était capable face à Vador. Elle devra effectivement se montrer prudente et ne surtout pas le sous-estimer.

– Pour moi, le danger est un compagnon de longue date. Êtes-vous rassurée à présent et prête à me dire où trouver le prophète suprême Kadann ?

– Oui, cette folle que j'ai vue ne doit pas devenir Impératrice. Mon ordre a un temple secret sur Bosthirda, une planète des anciens mondes Sith dans le secteur Esstran. C'est là qu'ils se sont réfugiés, pas même l'Empereur Palpatine n'en connaît l'existence. Je vais vous donner une carte de données qui contient toutes les informations nécessaires.

Sariss se releva et marcha jusqu'à un mur. Là, elle se concentra dans la Force et au bout de quelques secondes, un panneau s'escamota, révélant un petit coffre jusque là parfaitement invisible. Elle y prit une carte de données qu'elle remit à Claria.

– Tenez Dame Claria, et que la Force soit avec vous !

– Merci Sariss, que la Force soit avec vous également !

Après avoir pris congé de la prophétesse, Claria regagna son speeder où l'attendait K3. Ils quittèrent Mos Eisley pour regagner Bestine qu'ils atteignirent au bout d'une heure. Ils laissèrent le speeder aux autorités du spatioport puis remontèrent dans leur vaisseau. Claria glissa la carte de données dans l'ordinateur de navigation et ils repartirent en direction de Bosthirda et du prophète suprême Kadann.

 

Super-croiseur Lusankya, en transit vers le système Arbra

 

Dans ses quartiers à bord du Lusankya, Myrette Davani n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle avait besoin de se reposer avant la bataille qui s'annonçait mais les récents évènements n'arrêtaient pas de tourner dans sa tête. Tout d'abord, sa messagerie holonet avait été piratée il y a une semaine : quelqu'un s'était introduit dans le système et avait envoyé, en son nom, un message à ses parents annonçant la construction d'une base impériale sur Beheboth et son espoir d'y être transférée. Son père lui avait répondu qu'il en était très heureux et qu'il espérait la revoir bientôt. Myrette avait aussitôt essayé de démentir et de lui expliquer qu'elle n'avait jamais envoyé ce message mais elle avait alors été informée qu'un problème de relais holonet défectueux empêchait de joindre Beheboth pour le moment.

Elle avait alors été voir l'officier de communication pour lui exposer le problème. Celui-ci lui avait confirmé que son compte avait bien été piraté depuis Coruscant par un intrus qui semblait bien connaître le système et n'avait pas laissé de trace exploitable. Il l'avait assurée qu'il transmettrait sa plainte à ses supérieurs ; cependant, au bout de quelques jours, ce même officier l'avait informée discrètement que le dossier avait été clos sans autre explication. Selon lui, cela voulait dire que les services de renseignements impériaux étaient dans le coup et qu'il serait fort imprudent d'essayer d'en savoir davantage.

Et maintenant, elle avait reconnue son ancienne camarade Shira Brie, qu'elle croyait morte, sous les traits de Lumiya. Shira qui connaissait ses parents. Shira qui avait rejoint les services de renseignements impériaux à sa sortie de l'académie. La coïncidence était des plus troublante : qui d'autre la connaissait assez bien pour tromper ainsi son père et sa mère ? Mais pourquoi avait-elle fait cela ? La part d'ombre qu'elle avait senti grandir en Shira durant leur séjour sur Carida l'avait-elle consumée au point que l'amitié n'ait plus aucune valeur pour elle ?

Myrette décida qu'elle devait en avoir le cœur net. Certes, le colonel Fel l'avait mise en garde contre toute tentative de rencontrer Lumiya mais elle était décidée à en prendre le risque. Si elle n'arrivait pas à dormir, elle risquait de toute façon de ne pas survivre à la prochaine bataille. Elle se leva donc, enfila son uniforme de cérémonie de l'escadron Sabre et se rendit à travers les couloirs et les turboascenseurs du super-croiseur jusqu'aux quartiers de la sombre dame. Après un ultime moment d'hésitation, elle se décida à sonner à la porte.

– Excusez-moi de vous déranger, dame Lumiya, dit-elle. Je suis le capitaine Davani de l'escadron Sabre et j'aurais besoin de vous parler.

Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit.

– Entrez, capitaine, lui répondit une voix familière aux accents coruscanti.

Myrette s'avança à l'intérieur de la suite VIP du Lusankya qui avait été attribuée à Lumiya et la porte se referma derrière elle. La vaste baie en transparacier donnant sur l'espace avait été obscurcie pour cacher le chatoiement irisé de l'hyperespace et dame Lumiya était assise confortablement sur un magnifique canapé en cuir de nerf, en train de boire une tasse de caf. Elle portait toujours la combinaison grise qu'elle avait en montant à bord mais elle avait retiré son voile et sa coiffe. Son visage découvert ne laissait plus aucun doute quant à son identité ; ses cheveux châtains-roux étaient un peu plus longs, lui arrivant aux épaules et son visage, marqué de cicatrices du côté gauche semblait plus dur mais c'était bien la Shira Brie qu'elle avait connue.

– Bonsoir Rette, lui dit-elle d'une voix plus douce, j'attendais ta visite. Assied-toi je t'en prie !

Myrette alla s'asseoir en face d'elle puis laissa éclater son émotion.

– Shira, c'est bien toi ! Par la robe de l'Empereur, je te croyais morte ! Que t'est-il donc arrivé ?

– Je le suis, d'un certain point de vue. Lorsque Luke Skywalker m'a abattue lors de la bataille de l'armada secrète, il me laissa pour morte. Mais ma foi en la Force m'a sauvée, le Seigneur Vador m'a trouvée et m'a arrachée à mon linceul glacé. Il m'a offert de nouveaux membres, un nouveau nom et une nouvelle raison de vivre : servir comme lui le Côté Obscur, devenir son élève Sith sous le nom de Lumiya. Quand mon maître est tombé à la bataille d'Endor et que l'Empereur a choisi Dame Claria pour lui succéder, je suis allée la défier pour le titre de Dame Sith mais j'ai échoué. Cependant, elle m'a laissée vivre et proposée de la servir comme j'ai servi Vador. C'est ce que je fais à présent. Et toi, tu voles maintenant avec le baron Fel dans l'escadron Sabre ; une vraie as de la chasse, dis donc ! Tes parents doivent être fiers de toi !

L'évocation de ses parents fit changer l'humeur de Myrette du tout au tout. Alors qu'elle était d'abord pleine de joie en revoyant Shira, elle fut prise de colère en repensant à la façon dont elle avait abusé de son amitié.

– C'est toi, n'est-ce pas, qui a piraté ma messagerie et envoyé ce faux message à mes parents ! Pourquoi as-tu fait cela, Shira ? Est-ce cela la voie du Côté Obscur ? Trahir ainsi notre amitié ?

– J'ai fait ce qui était nécessaire, Rette. L'attachement est une faiblesse indigne d'une Sith. Comment crois-tu que j'ai obtenu la localisation du quartier général de l'Alliance ? C'est grâce à la fausse rumeur répandue par ton père que les rebelles sont sortis de leur trou. Nous avons fait arrêter leur agent sur Beheboth et Jix a pu s'infiltrer parmi eux et nous permettre de localiser leur base.

– Jix est ton petit ami corellien dont tout le monde parle, n'est-ce pas ? Est-ce que c'est sérieux entre vous ou est-ce que tu abuse aussi de ses sentiments à ton égard ?

– Jix est mon amant, en effet, la passion est une force. Serais-tu jalouse, Rette ? Je ne suis pas idiote, tu sais ; j'ai fini par comprendre que tes sentiments à mon égard allaient au delà de la simple amitié. Mais nous n'avons pas couché ensemble et ce n'est pas à toi de me juger.

– C'est une question de point de vue, reprit Myrette avec un rire nerveux. Tu te souviens de cette nuit à l'académie où tu es rentrée tellement crevée de ton entraînement particulier que tu t'es trompée de couchette ? Tu t'es écroulée comme une pierre à côté de moi sans même avoir pris une vapodouche !

– Oui, ça me revient, il m'a fallu un certain temps le lendemain matin pour comprendre comment j'étais arrivée dans ton lit. Attends, ne me dis pas que tu en a profité pour...

– Non, rassure-toi, je n'ai pas abusé de ta petite personne pendant ton sommeil. Mais j'étais si bien, serrée contre toi, à m'enivrer de ton odeur. C'est là que j'ai compris que j'aimais les femmes et que j'étais amoureuse de toi !

– Allons Rette, continua Lumiya en souriant, ça n'aurait jamais marché nous deux ! Tu sais bien que j'aime les hommes !

– C'est pourquoi je ne te l'ai jamais avoué, j'avais trop peur de perdre ton amitié. Mais j'ai longtemps continué à penser à toi, Shira, même après avoir appris ta mort officielle. Jusqu'à ce que je rencontre Tarania en fait...

A nouveau, des larmes se mirent à couler le long des joues de Myrette qu'elle essuya du revers de la main.

– Je suis désolée Rette, repris Lumiya. J'ai appris ce qui s'est passé à Endor, je t'adresse toutes mes condoléances et je te promet que cette fois nous écraserons cette pitoyable rébellion.

– Merci, je crois que je ferais bien de retourner dormir un peu, on aura une rude journée demain.

– Une dernière chose : tu ne dois en aucun cas parler de moi à tes parents ni à qui que ce soit d'autre, c'est bien compris ? Mon identité doit rester secrète.

– Oui, répondit Myrette d'un ton triste, je comprends que la Shira que j'ai aimée est vraiment morte. Bonne nuit, dame Lumiya, et que la Force soit avec vous !

– Bonne nuit, capitaine Davani, et que la volonté de l'Empereur soit faite !

Myrette se leva et sortit pour regagner ses quartiers. De nouveau seule, Lumiya laissa une larme couler le long de sa joue. Oui, Shira Brie était bien morte, celle qui fut sa meilleure amie lui tournait le dos à présent. Mais Lumiya avait fait ce qu'elle devait faire pour servir l'Empire et le Côté Obscur de la Force. Et elle continuerait à les servir en menant l'assaut contre le quartier général rebelle et en capturant la princesse Organa, comme Dame Claria le lui avait ordonné.

Une fois revenue dans ses quartiers, Myrette retourna se coucher et cette fois, l'esprit libéré, elle sombra presque aussitôt dans un sommeil sans rêves.

Lumiya alla se coucher elle aussi mais son sommeil ne fut pas aussi serein. Elle eut à nouveau une vision de cette ancienne Dame Sith, Githany, qui lui parla dans ses rêves :

L'instant décisif approche ; Claria va très bientôt défier son maître. Qu'elle réussisse ou qu'elle échoue, tu dois te tenir prête, Lumiya, car ton destin va lui aussi se jouer. Continue à suivre ses ordres, mais prend garde à la fille de Vador : elle n'est pas faite pour le pouvoir du Côté Obscur, il la conduira à la folie et la Galaxie à la ruine !

Elle se réveilla à nouveau à la fin de son rêve, mais cette fois elle n'en fut pas perturbée. Elle avait décidé d'être forte et d'affronter son destin, quel qu'il soit. Elle s'endormit à nouveau et son sommeil fut cette fois parfaitement serein.

 

Notes : La serveuse de nuit de la cantina de Chalmun, Ackmena, est tirée du téléfilm Au temps de la guerre des étoiles (Star Wars Holiday Special en VO).La prophétesse est initialement une figurante de Mos Eisley qui apparaît brièvement dans Un Nouvel Espoir et qui a ensuite été identifiée à Sariss, l'apprentie de Jerec dans le jeu vidéo Jedi Knight: Dark Forces II.

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