Dark Claria : Dame rouge des Sith

Chapitre 25 : Chapitre 24 : Confrontations

9427 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/07/2016 00:12

Chapitre 24 : Confrontations

 

Vaisseau de Dark Claria, en transit vers Byss

 

Luke se réveilla doucement, son corps nu encore lové contre celui de Mara. Ils s'étaient endormis l'un contre l'autre, après avoir fait l'amour, dans la douce chaleur de leurs corps enlacés. En caressant doucement de sa main gauche la jeune femme encore endormie, il sentit sur sa peau de fines cicatrices qui étaient pratiquement invisibles à l'œil. Il savait de quoi il s'agissait car son propre corps portait depuis peu des marques similaires : c'étaient les traces laissées par les éclairs de Force de l'Empereur. Les marques sur la peau de Mara étaient anciennes puisqu'elles ne se sentaient qu'au toucher, sans doute les avaient-elle reçues au cours de son entraînement des années auparavant, mais il comprenait à présent la volonté farouche de la jeune femme de renforcer ses pouvoirs avant d'affronter son maître.

Alors que Mara, émergeant à son tour du sommeil, gémissait doucement au contact de sa main, Luke ressentit un autre contact, dans la Force cette fois, celui de sa sœur. Elle avait repris conscience et était prisonnière, elle l'appelait à l'aide.

– Leia ! répondit-il machinalement.

Mais il avait perdu le contact, elle avait peut-être senti qu'il n'était pas seul et s'était retirée. Luke se sentit un peu gêné, que penserait-elle de son frère prenant du bon temps alors qu'elle était en danger ? Mara, maintenant pleinement réveillée, se tourna vers lui en souriant. Ses yeux étaient jaunes à présent, signe du pouvoir qu'elle avait retiré de leur union passionnelle.

– Quelque chose ne va pas, mon beau Jedi ? lui demanda-t-elle.

– C'est Leia, elle m'a contacté dans la Force. Elle est prisonnière et a besoin de mon aide !

– Nous faisons aussi vite que possible, Luke. Ta sœur est retenue dans un complexe pénitentiaire que mon maître a fait construire sur la face cachée de la deuxième lune de Byss. Nous y serons d'ici deux heures, avant Sidious je l'espère.

– Mara, demanda Luke d'une voix douce, si nous réussissons à vaincre Palpatine, pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi ? Abandonne la voie des Sith et de l'Empire. Je t'enseignerai la voie des Jedi et ensemble, nous pourrions aider ma sœur à bâtir une nouvelle république.

– Tu me vois devenir une Jedi, Skywalker ? répondit Mara d'un ton acide. Tu es encore plein d'illusions. Sais-tu combien ton ordre Jedi était décadent et ton ancienne république corrompue ? Les anciens Jedi proscrivaient tout attachement et enlevaient les jeunes enfants à leurs parents comme je l'ai moi-même été. En quoi valent-ils mieux que les Sith ?

– C'est vrai, les anciens Jedi n'étaient pas parfaits et ont commis des erreurs ; mais ils agissaient par compassion et non par haine comme les Sith. L'Empire de Palpatine est maléfique, Mara, si tu poursuis sur le chemin du Côté Obscur, Dark Claria te consumera et tu finiras aussi froide et cruelle que ton maître.

– Non Luke, ce n'est pas inévitable. Il existe une troisième voie, un équilibre entre la lumière et l'obscurité. Si j'arrive à contrôler mes passions, je pourrai gouverner l'Empire avec sagesse et apporter à cette Galaxie l'ordre et la justice dont elle a tant besoin. C'est ma destinée, la voie que la Force a choisie pour moi et je dois la suivre seule.

– Alors, ces moments de bonheur que nous avons partagés resteront donc sans lendemain ?

– J'en suis désolée, Luke, mais c'est mieux ainsi. Je ne peux pas m'attacher, pas encore.

– Enfin, au moins j'aurai essayé. J'espère au moins que cela t'aidera vraiment contre Sidious, Claria.

– N'aies pas de regrets, Skywalker, Mara et Claria en avaient toutes deux besoin. Maintenant, il est temps de nous préparer pour la confrontation qui s'annonce.

Luke était quelque peu déçu mais il respectait néanmoins le choix de Mara. Elle devait suivre son intuition, comme lui lorsqu'il avait choisi d'épargner son père plutôt que de le tuer. Il avait eu raison, puisqu'Anakin Skywalker était revenu vers la lumière et l'avait sauvé des éclairs de Force de l'Empereur. Et pour l'instant, la priorité était de sauver Leia et non de convertir la jeune Sith à la voie des Jedi. Luke se leva et se rhabilla, puis il quitta la chambre de Claria. Il tomba bientôt sur R2-D2 qui le bombarda de questions, inquiet de ce qu'il avait fait pendant tout ce temps.

– Ne t'inquiète pas, R2, lui répondit-il, je vais bien. Quant à ce qui nous a pris si longtemps, je peux difficilement te l'expliquer, tu ne comprendrais pas. Mais nous sommes maintenant prêts à sauver Leia et c'est tout ce qui compte.

 

 

L'Ombre de l'Empereur, en approche de Byss

 

Palpatine et Zeneb LaChannelle avaient rejoint Jeng Droga dans le cockpit de l'Ombre lorsque la navette privée de l'Empereur sortit de l'hyperespace à proximité de Byss. Palpatine ordonna à son pilote d'activer le système de camouflage du vaisseau – un dispositif expérimental et secret dont seule sa navette privée disposait – et de se diriger vers la prison sur la face cachée de la deuxième lune.

– Tu vas te poser dans le hangar arrière du complexe, Jeng, afin que personne ne remarque mon arrivée. Je vais descendre seul et tu repartiras avec dame LaChannelle vers la citadelle impériale.

– Maître ! intervint Zeneb, nous ne pouvons vous abandonner ainsi !

– Il le faut, ma chère enfant, répondit Palpatine en s'approchant d'elle pour caresser son visage de sa main décharnée. Je dois affronter Claria seul. Si tout se passe comme je l'ai prévu, j'aurais bientôt une nouvelle apprentie, totalement dévouée au Côté Obscur. Et toi, mon adorable Zeneb, tu seras à la fois ma nouvelle Main et la reine de mon Empire des Ténèbres !

– Mais elle peut aussi vous tuer, vous l'avez-vu n'est-ce pas ? Que deviendrais-je sans vous pour me guider ?

– Je l'ai vue s'allier à Skywalker, ce pitoyable dernier Jedi, dans l'espoir insensé de me vaincre ; mais je lui réserve moi aussi quelques surprises. Et même si elle parvenait à triompher par quelque ruse inattendue...

Palpatine sortit une carte de données de sa robe qu'il mit dans la main de sa favorite avant de poursuivre.

– Cette carte contient des instructions que tu devras alors suivre à la lettre, mon enfant, afin que je puisse te revenir, plus jeune et plus puissant que jamais !

– Je vous obéirai, mon Seigneur, répondit Zeneb en se jetant à genoux devant lui. Que votre volonté soit faite !

Il s'adressa ensuite à son homme de confiance, Jeng Droga.

– Tu vas conduire dame LaChannelle auprès de Sedriss, Jeng. Qu'elle commence à suivre le programme d'entraînement des inquisiteurs. Et si l'un de mes guerriers d'élite devait faire une remarque déplacée, tu leur rappelleras le sort que Dark Claria a fait subir à cet imbécile de Stuxx Alvill pour l'avoir offensée.

– Oui, maître.

– Une dernière chose : dis bien à Sedriss que personne ne devra intervenir ici, quoi qu'il arrive, c'est bien compris ?

– Oui, Sire, il en sera fait selon votre volonté.

L'Ombre de l'Empereur se posa furtivement sur la plateforme arrière du complexe pénitentiaire, un hangar de petite taille ne pouvant accueillir qu'un seul vaisseau et dépourvu de toute holocaméra de surveillance. Palpatine en descendit, seul, tandis que le vaisseau occulté repartait vers la citadelle de Byss avec son homme de Main et sa favorite.

Il commença par cacher sa propre présence dans la Force et se mit ensuite à rechercher les autres personnes présentes. Lumiya et la princesse Leia Organa étaient bien là, mais Claria et Luke Skywalker n'étaient pas encore arrivés. Ils seraient bientôt là néanmoins et Dark Sidious se révélerait alors pour les surprendre et tenter de retourner Skywalker contre son apprentie félonne. Avec un peu de chance, il pourrait même avoir une nouvelle occasion de convertir le jeune Jedi au Côté Obscur.

 

Voyant sur les moniteurs de sécurité que la princesse Leia avait repris conscience, Lumiya quitta le poste de garde pour regagner la cellule et commencer à la travailler. Mais alors qu'elle marchait le long de la coursive, elle vit devant la porte de la cellule une grande forme fantomatique en armure et cape noire. Le visage de l'homme était découvert, montrant un crâne chauve et couvert de cicatrices et ses yeux bleus la regardaient en souriant. Elle reconnut immédiatement cette armure et ce visage qu'elle avait vu sept mois auparavant, dans sa chambre de méditation hyperbare à bord de l'Executor. Elle se mit immédiatement à genoux devant cette image de son ancien maître.

– Seigneur Vador ? s'étonna-t-elle. Par tous les Sith, comment est-ce possible ? Vous êtes mort, je l'ai senti sur Ziost !

– Oui Shira, répondit l'apparition d'une voix douce, Dark Vador est mort et à plus d'un titre. Grâce à mon fils Luke, je suis redevenu Anakin Skywalker avant de rejoindre la Force.

L'apparition sembla se brouiller et se modifia pour prendre la forme d'un jeune homme en robe de Jedi, ressemblant beaucoup à Luke Skywalker.

– Tu me vois maintenant tel que j'étais avant de sombrer dans le Côté Obscur, poursuivit le fantôme. Derrière cette porte se trouve ma fille ; tu t'apprêtes à lui faire du mal, comme je l'ai fait jadis à bord de l'Étoile de la Mort, aveuglée par ta haine, comme je l'ai été. Pourtant, toi aussi tu conserves une étincelle de lumière en toi, je l'ai sentie.

– Non, répondit Lumiya en se relevant, je suis toujours une servante du Côté Obscur. J'obéis à Dame Claria et au Seigneur Sidious en leur livrant une traîtresse rebelle. Je ne serai pas faible comme vous l'avez été !

– Pourtant, si tu laisses Sidious pervertir ma fille, tu mourras, Shira ! Regarde cet avenir dans la Force, tu ne verras que mort et destruction. Claria l'a bien compris, c'est pourquoi elle s'est alliée à Luke pour affronter Dark Sidious et rétablir l'équilibre dans la Force.

– Luke vient ici, avec Claria ?

– Oui, ils seront bientôt là, et Sidious également.

– Tant mieux, qu'il vienne ! J'aurai enfin ma revanche, je l'attends depuis si longtemps !

– Luke t'aime encore, Shira, il n'a jamais voulu ta mort contrairement à ce que tu crois. Et toi aussi, tu l'aimes, derrière cette haine que tu t'es fabriquée. Le choix t'appartient : si tu renonces à ta haine, vous pouvez encore être heureux ensemble. Que la Force te guide, ma jeune élève.

L'apparition se brouilla de nouveau avant de disparaître complètement. Lumiya réfléchit quelques instants à ce que lui avait dit son ancien maître. Non, se dit-elle, Luke ne l'avait jamais aimée et elle le haïssait. Enfin, elle allait avoir l'occasion de se venger et d'accomplir son destin de Dame Sith. Mais Vador avait prédit qu'elle mourrait si Leia sombrait dans le Côté Obscur et cela, elle ne pouvait le laisser arriver. Elle devait en avoir le cœur net et éliminer la princesse avant que cela ne se produise. Laissant sa haine l'envahir, elle ouvrit la porte de la cellule et entra à l'intérieur. Elle alluma la lumière et observa sa prisonnière, suspendue les membres écartés dans un champ de rétention et toujours vêtue du pantalon et de la veste militaire de couleur blanche qu'elle portait habituellement sur Arbra.

– Je vois que vous êtes réveillée, princesse, l'apostropha Lumiya. Bientôt l'Empereur sera ici ainsi que Dame Claria et votre frère Luke, dont je vais enfin pouvoir me venger !

Après que ses yeux se soient accommodés à la lumière, Leia observa sa geôlière. Lumiya tenait à la main son fouet, non activé, et Leia reconnut son propre sabre laser accroché à sa ceinture. Se rappelant les paroles de son père, elle tenta de la raisonner.

– Vous venger de quoi, Shira ? Luke vous aimait, il n'a jamais voulu vous faire du mal. Vous êtes seule responsable de ce qui vous est arrivée !

Piquée au vif, Lumiya laissa échapper sa colère. Elle fit claquer son fouet qui lacéra l'épaule gauche de Leia. La princesse lâcha un cri de douleur tandis qu'un filet de sang commença à tâcher sa veste blanche.

– Ne m'appelle pas ainsi, chienne de rebelle ! Shira est morte, ton salaud de frère l'a tuée !

– Il s'est fié à la Force, poursuivit Leia, il ne savait pas qu'il tirait sur vous. Vous vous prépariez à l'abattre et il a ressenti le danger. Faites appel à la Force, Lumiya, vous saurez que je vous dit la vérité.

– C'est sans importance de toute façon. Bientôt l'Empereur sera là et vous connaîtrez la toute puissance du Côté Obscur.

– Je ne céderai pas, Lumiya, et vous serez forcée de me tuer !

– Si tel est votre destin...

Lumiya hésita, sa colère maintenant calmée. Elle repensa à ce que lui avait dit Vador, que la mort et la destruction s'abattraient sur la Galaxie si sa fille succombait au Côté Obscur et qu'elle même n'y survivrait pas. Elle ferma alors les yeux et se concentra dans la Force sur cet avenir. Elle vit alors Leia en Dame Sith, avec les yeux jaunes, son regard et son rire dément, qui la bombardait d'éclairs de Force et la tuait dans d'atroces souffrances. Elle comprit alors quelles étaient les intentions de Sidious : s'il n'arrivait pas à la convaincre d'embrasser le Côté Obscur, il ne la tuerait pas comme elle le pensait, il détruirait son âme, mettant ainsi un pouvoir sans limites entre les mains d'une folle et libérant un fléau innommable sur la Galaxie. Elle ne pouvait permettre qu'une telle chose arrive : Leia devait mourir ! Elle alluma son fouet et le brandit au dessus de sa tête, se préparant à porter un coup fatal.

– Tout compte fait, princesse, reprit-elle, je crois que la meilleure chose à faire est encore de vous tuer tout de suite !

 

À son tour, le vaisseau de Claria émergea de l'hyperespace dans le système Byss. Elle mit le cap sur la seconde lune et la prison secrète sur la face cachée, posant son cargo dans le hangar principal à côté d'une navette impériale de classe lambda. Laissant K3 à bord, Claria, Luke et R2-D2 descendirent du vaisseau.

– Oui, dit Luke, ma sœur est bien ici. Je ressent sa présence.

– Ce doit être la navette avec laquelle Lumiya est arrivée, répondit Claria en montrant l'autre vaisseau. Restez derrière moi pendant que je vais aux nouvelles, Skywalker.

Elle s'approcha de la navette, suivie à distance par Luke et R2. Ayant vu l'arrivée du cargo, Jix descendit de la rampe abaissée et vint à leur rencontre.

– Heureux de vous revoir, Dame Claria, dit-il en s'inclinant devant elle. Nous vous attendions. Lumiya est allée conduire la prisonnière en cellule et m'a donné l'ordre de l'attendre ici.

– Merci Jix, répondit Claria, nous allons la rejoindre. Pouvez-vous aussi surveiller notre vaisseau en attendant ?

– Bien sûr, ma Dame. Si je puis me permettre, ajouta-t-il en désignant le jeune homme qu'il lui semblait reconnaître, n'est-ce pas Luke Skywalker qui vous accompagne ?

– C'est bien lui, en effet, mais cela ne vous concerne en rien, Jix !

– Oui, ma Dame, veuillez m'excuser, répondit-il avant de se diriger vers le cargo.

Claria, Luke et R2 continuèrent leur chemin dans le hangar jusqu'au turboascenseur qui conduisait au niveau inférieur de la prison. Arrivés devant la porte, Luke demanda à R2 de les laisser.

– Tu vas rester ici à surveiller le hangar, R2. Nous nous occupons de libérer Leia. Préviens-moi tout de suite si un autre vaisseau arrive, d'accord ?

Après quelques protestations d'usage, R2 finit pour accepter l'ordre de son maître. Luke et Claria descendirent au niveau inférieur. La porte s'ouvrit et ils pénétrèrent dans la vaste cour intérieure. Aussitôt, Claria ressentit un sentiment de danger ainsi qu'une présence qu'elle ne connaissait que trop bien.

– Nous sommes arrivés trop tard, dit-elle en empoignant son sabre laser. Il est déjà ici !

Ayant cessé de cacher sa présence dans la Force, Palpatine sortit du coin d'ombre où il était resté caché pour s'avancer vers eux, un sourire torve aux lèvres.

– Bien, ma jeune apprentie, caqueta-t-il, très bien ! Je vois que tu m'as amené le jeune Skywalker comme je te l'avais demandé. Tout se déroule à présent comme nous l'avions prévu !

Ayant à son tour empoigné son sabre, Luke dévisagea l'Empereur, puis Claria qui semblait pétrifiée de surprise. Faisant appel à la Force, il sentit néanmoins émaner de la jeune femme des sentiments bien différents, de duplicité et de satisfaction. Il comprit qu'elle l'avait manipulé pour l'attirer dans un piège, comme Ben le craignait. Se sentant abusé et trahi, il alluma son sabre.

– Vous étiez de mèche avec lui dès le début, n'est-ce pas Claria ? lui lança-t-il. Vous vous êtes bien jouée de moi, espèce de sale petite garce ! Vous autres Sith êtes bien tous les mêmes.

Submergé par une vague de colère, Luke brandit son sabre pour frapper. Claria eut tout juste le temps d'empoigner son second sabre dans la main gauche et de les allumer tous deux pour parer le coup.

– Non Luke, dit-elle, ce n'est pas vrai, ne ressentez-vous pas qu'il vous ment ? Je ne savais pas qu'il serait déjà là, je pensais que nous aurions le temps de libérer votre sœur !

Claria sentit que quelque chose ne tournait pas rond. Elle essayait de joindre Luke dans la Force pour le raisonner mais n'y arrivait pas. La Force semblait se dérober à elle, comme si quelque chose inhibait ses pouvoirs. Avait-elle eu tort de coucher avec Luke ? Cela était pourtant censé renforcer ses pouvoirs et non les diminuer. C'est en croisant le regard de plaisir sadique de son maître qu'elle comprit ce qu'il se passait. Il se servait d'un ancien pouvoir Sith pour l'isoler de la Force, une aptitude qui avait été la spécialité de la Sith Iktotchi Dark Cognus il y a près de mille ans et qu'il avait sans doute réussi lui aussi à maîtriser. Dans le même temps, il diffusait subtilement vers Luke de fausses sensations pour lui faire croire qu'elle l'avait trompé. Elle avait gravement sous-estimé Dark Sidious et elle allait le payer très cher.

– Ne perdez pas votre temps en vains mensonges, Claria, poursuivit Luke. Gardez vos forces pour affronter ma colère !

Porté par sa rage d'avoir été trompé, Luke attaquait de plus belle. Incapable d'invoquer le Côté Obscur à cause de la chape de plomb que Sidious faisait peser sur elle, Claria ne pouvait que compter sur son habileté naturelle pour parer ou éviter les coups. Sans la Force, elle était incapable de contre-attaquer et ne pouvait que reculer peu à peu. Bientôt, elle fut acculée dans un coin de la cour sans aucune échappatoire possible. Le jeune Jedi n'allait pas tarder à tromper sa garde comme il l'avait fait avec Vador sur l'Étoile de la Mort. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher de se demander si Sidious avait alors utilisé le même pouvoir pour affaiblir son ancien apprenti. Luke l'avait vaincu si facilement !

Dans une ultime tentative de se dégager, elle projeta sa jambe gauche en avant pour repousser son adversaire. Mais celui-ci évita le coup et riposta en abaissant sa lame pointe vers le bas, transperçant la cuisse de Claria de part en part. Elle hurla sous la douleur atroce et sa main gauche lâcha son shoto rouge. Sa jambe droite se déroba sous elle et elle glissa le long du mur, dégageant du même coup sa cuisse gauche de la lame qui la brûlait. Son corps se couvrit d'une sueur glacée et la douleur, combinée à l'odeur écœurante de sa chair carbonisée, lui donnait la nausée. Elle essaya de se protéger avec son sabre magenta mais sa main droite tremblait tellement qu'elle finit par le lâcher également. Elle était en état de choc, incapable d'invoquer la Force pour se défendre ou reprendre le contrôle de son système nerveux, et le jeune Jedi déchaîné s'apprêtait à lui porter le coup fatal. Avec la douleur et le bourdonnement dans son crâne, elle entendit à peine l'Empereur exhorter le jeune homme à frapper.

– Bien, mon jeune ami, très bien ! Il semble que le destin t'offre une nouvelle opportunité de te joindre à moi. Tu sais ce qu'il te reste à faire, n'est-ce pas ?

Claria se remémora la vision dont lui avait parlé Sariss, celle où une lame verte lui perçait le cœur. Au moins, la mort allait-elle bientôt la délivrer de cette atroce douleur.

 

 

Cité impériale, Coruscant

 

Wynssa Starflare se promenait le long du vaste corridor intérieur du palais impérial, à la recherche de Roganda Ismaren. Bien que vêtue d'une robe toute ordinaire, sans maquillage et ses longs cheveux blonds laissés libres, elle attirait malgré tout le regard des nombreux passants qui reconnaissaient en elle la célèbre actrice de holodrames. C'était là la rançon de la célébrité et elle avait fini par s'y habituer au cours des années.

Dans une sacoche accrochée à la ceinture de sa robe, elle avait caché le brouilleur d'holocaméras que son mari, le colonel baron Soontir Fel, lui avait fourni. Il ne lui restait plus qu'à trouver une personne maîtrisant la Force qui puisse l'aider à détourner l'attention des gardes pendant qu'elle rendrait visite à son frère en prison. Elle trouva finalement Roganda à la croisée d'une allée latérale, en train de discuter avec le conseiller impérial Ars Dangor. Elle fut étonnée de la voir vêtue bien plus simplement qu'à son habitude et portant de plus de manière ostensible un sabre laser à sa ceinture. Par le passé, elle avait à plusieurs reprises aidé Roganda à rencontrer diverses personnalités des milieux du spectacle, dont un producteur influent et fort désagréable qui avait ensuite disparu corps et biens. Elle avait alors compris qu'à l'instar de son amie Mara Jade, Roganda Ismaren était bien plus qu'une simple courtisane et concubine impériale. Elle était elle aussi une agent sensible à la Force de l'Empereur ; le sabre laser qu'elle portait à présent n'en était que l'ultime confirmation. Wynssa rassembla tout son courage et alla l'aborder.

– Bonjour, conseiller Dangor, se présenta-t-elle. Excusez-moi de vous déranger ainsi, dame Ismaren, mais je souhaiterais vous entretenir d'une affaire importante en privé.

– Bien sûr, madame la baronne Fel, répondit Ars Dangor sur un ton obséquieux avant de prendre congé. Je vous laisse entre dames, au plaisir de vous revoir !

– Ah, ma chère Wynssa, lui demanda Roganda tout sourire. Le tournage de votre nouvel holofilm se passe-t-il bien ? J'ai entendu dire que la production avait eu beaucoup de mal à trouver un remplaçant à Garik Loran. Quelle tragédie, n'est-ce pas ? Un si charmant garçon, tué si jeune lors d'une prise d'otage par des terroristes rebelles ! Mais vous vouliez m'entretenir d'une affaire importante ? Je vous écoute !

– Par le passé, Roganda, je vous ai à plusieurs reprises fait profiter de mes relations dans le milieu du spectacle, n'est-ce pas ? Aujourd'hui c'est moi qui aurais besoin de vos services, de vos talents particuliers de persuasion plus exactement.

– Oui, je comprends de quoi vous voulez parler, ma chère. Mais allons plutôt discuter dans mes quartiers, ici il y a trop d'oreilles indiscrètes qui pourraient nous entendre.

Roganda jeta un regard suspicieux vers les nombreux arbres ch'hala qui bordaient le grand corridor et qui avaient la particularité fort appréciée de changer de couleur en fonction de l'ambiance sonore environnante. Elle avait remarqué depuis longtemps que ce qui se disait dans le grand corridor arrivait assez rapidement aux oreilles de l'Empereur ou de la directrice Isard. Elle soupçonnait les arbres ch'hala de cacher un système d'écoute sophistiqué qui exploitait leur sensibilité aux ondes sonores, un système purement organique qui échappait ainsi à tous les détecteurs.

Consciente des risques qu'elle prenait et du fait que leur conversation ne devait pas tomber dans des oreilles indiscrètes, Wynssa suivit Roganda dans les étages supérieurs du palais jusqu'à ses quartiers privés. Elles y entrèrent toutes deux et Roganda referma la porte derrière elle avant de reprendre la conversation.

– Ici nous pouvons discuter sans crainte, Wynssa. Je m'assure personnellement et régulièrement de l'absence de tout dispositif d'écoute. De quoi s'agit-il exactement ?

– Vous avez certainement entendu parler de ce célèbre pilote rebelle qui a été capturé récemment et enfermé dans la prison du palais, Wedge Antilles ? Il paraît qu'il est trop beau gosse ; j'aimerais lui rendre une petite visite discrète, sans que Cœur de glace ou mon mari ne puissent l'apprendre, si vous voyez ce que je veux dire. J'ai pu me procurer un brouilleur pour les holocaméras de surveillance, mais pour détourner l'attention des gardes, j'ai besoin de quelqu'un comme vous, Roganda, quelqu'un qui maîtrise la Force.

– Oh, mais c'est que tout cela est terriblement excitant, ma chère, je ne vous savais pas si coquine ! C'est d'accord, je vous dois bien ça. Il me semble d'ailleurs que c'est l'agent Ivak qui est de service aujourd'hui ; ce sera facile, il est incapable de me résister. Oh oui, je sens que nous allons bien nous amuser, toutes les deux ! Mais d'abord, nous devons nous rendre irrésistibles ! Regardez dans la commode à côté du lit, Wynssa, vous y trouverez sûrement de quoi vous maquiller un peu pendant que je me change pour une tenue plus sexy.

Roganda s'isola dans le dressing pour se changer et Wynssa alla regarder parmi les produits de maquillage de la courtisane. Elle trouva facilement tout ce qu'il lui fallait pour se donner une allure plus séduisante. Roganda ressortit bientôt avec une robe bien plus légère, fendue sur les côtés et avec un décolleté plongeant sur le devant, et des chaussures à talons hauts qui mettaient en valeurs ses pieds délicats, mais gardait toujours son sabre à la ceinture. Elle tenait à la main une autre robe provocante qu'elle tendit à Wynssa.

– Ah, vous êtes déjà beaucoup mieux ma chère. Tenez, mettez cette robe et vous serez aussi irrésistible que moi. Deux femmes fatales partant en chasse ensemble !

Wynssa s'isola à son tour pour se changer. La robe que lui avait trouvée Roganda lui allait parfaitement et en se regardant dans le miroir, elle eut l'impression de s'habiller pour le tournage d'un de ces holofeuilletons affriolants où elle avait fait ses débuts comme actrice il y a quinze ans. Elle remit la ceinture avec la sacoche qui contenait le brouilleur et rejoignit Roganda qui l'attendait. toutes deux partirent ensuite en direction de la prison dans les sous-sol du palais.

 

Enfermé dans sa cellule de la prison du palais impérial depuis la veille, Wedge Antilles s'ennuyait ferme. Il ne pouvait néanmoins pas se plaindre car jusqu'à présent, il avait été relativement bien traité. On lui amenait régulièrement à manger et il n'avait encore subi aucune séance de torture, ce qui n'était pas le cas de tous les autres prisonniers, dont il entendait parfois les cris. Quand la porte de sa cellule s'ouvrit à nouveau, à une heure qui ne lui semblait pas être celle du prochain repas, il se demanda si sa chance n'était pas en train de tourner. Mais le garde se contenta de pousser une jeune femme en tenue de prisonnière dans sa cellule avant de refermer la porte.

– Tiens, salopard de rebelle, l'apostropha le garde. Puisque nous avons l'ordre formel de bien te traiter, on t'envoie un peu de compagnie !

Le jeune femme aux cheveux châtains-roux qui devait avoir entre vingt-cinq et trente ans tomba au sol devant lui. Elle n'avait pas l'air en forme, son visage était blême et elle semblait avoir beaucoup de difficulté à se relever. Wedge s'empressa de l'aider.

– Ça ne va pas madame ? lui demanda-t-il, vous n'avez pas l'air bien.

– Non, répondit-elle faiblement, je me sens très mal.

– Ils vont ont torturée, n'est-ce pas ?

– Je ne sais pas, je ne me souviens de rien, Ohhh !

Prise de nausées, la jeune femme se pencha pour vomir contre le mur. Wedge se dirigea vers le recoin au fond de la cellule qui servait de rafraîchisseur et en revint avec une lingette humide pour lui éponger le visage.

– Merci, dit-elle, je m'appelle Darial Anglethorn.

– L'amie de Luke Skywalker ? Enchanté, je suis Wedge Antilles de l'escadron Rogue, il vous a sans doute parlé de moi.

– Oui, je croyais que Luke était mon ami, mais il n'a pas répondu à mon appel. Il me laisse mourir ici à petit feu. Tous les matins, ils viennent me chercher pour me conduire à la directrice Isard. Elle m'injecte des drogues et me fait d'autres choses dont je n'arrive pas à me souvenir. Et chaque soir, ils me ramènent dans ma cellule, malade à en crever. Je veux que cela s'arrête, Wedge, je préfère encore mourir.

– Ne dites pas cela, Darial. Luke a d'autres priorités, c'est tout. Nous avons été attaqués et sa sœur, la princesse Leia Organa, est elle aussi prisonnière quelque part de l'Empire. Il doit être en train d'essayer de la retrouver.

– Il me reste si peu d'espoir, Wedge. Et j'ai froid, si froid...

Darial se blottit dans ses bras, en sueur et grelottant à la fois. Wedge prit la couverture de sa couchette et en enveloppa la jeune femme. Il l'aida ensuite à s'étendre et se serra contre elle pour la réchauffer. Darial était originaire de Beheboth, une planète désertique et elle avait l'habitude des fortes chaleurs. Sa cellule était plutôt fraîche en comparaison et combiné aux expériences que Cœur de glace menait sur elle, il n'avait pas de mal à comprendre qu'elle puisse se sentir complètement gelée. Il resta ainsi couché contre elle jusqu'à ce qu'elle finisse par s'endormir.

 

Alors qu'elle et Roganda approchaient de la porte de la prison du palais, Wynssa activa discrètement le brouilleur qu'elle portait. Elle s'enquit ensuite de ce que Roganda comptait faire avec les gardes.

– Comment allez-vous faire pour que les gardiens ne me reconnaissent pas Roganda ?

– Oh, je ne compte pas les empêcher de vous reconnaître, ma chère. Je vais simplement les occuper pendant que vous rendrez visite à votre pilote rebelle et ensuite, je ferais en sorte qu'ils n'en gardent aucun souvenir.

– Vous pouvez faire cela ? Avec la Force ? C'est fascinant !

– Croyez-moi Wynssa, je suis une femme pleine de surprises.

Au poste de contrôle du quartier pénitentiaire, l'écran montrant le couloir d'accès se brouilla subitement sous les yeux de l'agent Ivak et du technicien Tal Burren qui étaient de garde ce jour là.

– Stang ! Qu'est-ce qui ne va pas encore avec cette caméra ? se plaignit Ivak.

– Je n'y comprends rien, chef, répondit Burren, je l'ai encore vérifiée pas plus tard qu'hier. C'est vraiment de la camelote ce matériel. Bon, je vais aller voir.

Il s'était à peine levé de son siège que la porte d'entrée s'ouvrit sur deux femmes d'une trentaine d'années – une brune et une blonde – aussi séduisantes l'une que l'autre et qu'ils n'eurent pas de mal à reconnaître.

– Dites-moi que je rêve, chef ! s'extasia Burren. C'est Wynssa Starflare, la célèbre actrice de holodrames !

– Vous voulez dire la baronne Fel, technicien Burren, rectifia Ivak, ainsi que dame Ismaren. Que nous vaut l'honneur de votre visite, mesdames ?

– Oh, trois fois rien, agent Ivak, répondit Roganda d'un ton enjoué. Je voulais juste montrer la prison à mon amie Wynssa, et profiter aussi de votre charmante compagnie.

– Bon, c'est pas tout ça, reprit Tal Burren d'un ton gêné, mais il faut que j'aille vérifier cette caméra. Si vous voulez bien m'excuser, mesdames...

– Oh bien sûr, jeune homme, poursuivit Roganda. Pouvez-vous juste me rappeler votre nom ?

– Tal Burren, madame, technicien de maintenance de grade quatre.

Sondant le jeune technicien avec la Force, Roganda sentit qu'il était impatient d'aller dîner. Elle se saisit de cette opportunité de se débarrasser de lui.

– Vous m'avez l'air affamé, Tal ! Vous devriez aller dîner, cette caméra peut bien attendre un peu n'est-ce pas ? ajouta-t-elle en appuyant sa suggestion avec la Force.

– Oui, allez-y, technicien Burren, confirma Ivak. Vous vous occuperez de cette caméra plus tard.

– Merci chef, à plus tard alors !

Tal Burren sortit et se dirigea vers le réfectoire, tout heureux d'avoir été autorisé à aller manger. La porte d'entrée se referma derrière lui, laissant les deux femmes seules avec l'agent Ivak. Wynssa Starflare s'avança à son tour vers lui en déployant tout son charme d'actrice.

– En fait, agent Ivak, j'ai appris par mon mari qu'on vous avait transféré un prisonnier rebelle capturé sur Arbra, le commandant Antilles de l'escadron Rogue. On dit qu'il est beau comme un dieu et ma chère amie Roganda a suggéré que je pourrais peut-être aller le voir d'un peu plus près. En toute discrétion, bien sûr !

– Si cela ne tenait qu'à moi, madame la baronne, répondit Ivak, je serais ravi de vous accorder cette faveur. Malheureusement, la directrice Isard a donné des ordres stricts : ce prisonnier est maintenu au secret et aucune visite n'est autorisée, j'en suis désolé !

Roganda s'avança et vint s'asseoir dans le siège qu'occupait précédemment Tal Burren. Elle étendit ses jambes et posa ses pieds sur la console sous le nez de l'agent Ivak. Elle se concentra ensuite dans la Force pour déployer tous ses talents de persuasion.

– La directrice Isard n'a pas besoin de le savoir, Ivak. Faites-le pour moi, voulez-vous ? Donnez-moi juste votre passe et le numéro de la cellule. Je vous promet que personne n'en saura rien !

– Oui, bien sûr, dame Ismaren, répondit Ivak en lui tendant son passe d'accès. Cellule 24-B. Vous ais-je déjà dit, Roganda, à quel point vous aviez de jolis pieds ?

– Non, Ivak, mais votre regard parlait pour vous. Je sais combien vous brûlez d'envie de les caresser, et vous méritez bien cette petite récompense, n'est-ce pas ?

Tandis qu'Ivak lui ôtait l'une de ses chaussures, Roganda lança le passe d'accès à Wynssa en lui jetant un clin d'œil. La sœur aînée de Wedge s'empressa de s'éloigner avec dans le couloir d'accès aux cellules. Elle trouva assez rapidement la cellule numérotée 24-B. Elle inséra le passe d'Ivak dans le panneau de contrôle et la porte s'ouvrit. Elle entra et se retrouva face à son jeune frère. Il était assis sur le bord de sa couchette et derrière lui, une jeune femme emmitouflée dans une couverture dormait paisiblement.

– Bonjour, petit frère, commença-t-elle. Cela fait si longtemps n'est-ce pas ? Te voilà un homme à présent, tu as bien grandi depuis tes sept ans, sauf en sagesse bien sûr.

– Syal ? interrogea Wedge surpris. Que fais-tu ici ? Tu es folle de venir me voir ! Il y a des caméras qui enregistrent tout !

– Ne t'inquiètes pas pour les caméras, répondit-elle en ouvrant la sacoche à sa ceinture, montrant l'appareil qui s'y trouvait. Mon mari m'a fourni un brouilleur, et pour les gardes, Roganda Ismaren se charge de les distraire, avec beaucoup de talent je dois dire. Elle ferait une bonne actrice !

– Pourquoi es-tu venue, Syal ? Pour t'assurer que je suis bien traité ? Oui, pour l'instant, je suis correctement nourri et on ne m'a pas encore torturé. Je suppose que c'est à toi et à ton mari que je dois ce traitement de faveur ?

– A mon mari et à Dame Claria qui est une amie de longue date. Et je vois qu'on te fournit même de la compagnie ! ajouta-t-elle en désignant la jeune femme sur la couchette que la conversation commençait à réveiller.

– Ce n'est pas ce que tu crois, répondit Wedge. Cette jeune femme, Darial Anglethorn, est une rebelle comme moi. Mais elle n'a pas de protecteur haut placé, Cœur de glace s'en sert de cobaye pour ses expériences. Ils ne l'ont probablement mise avec moi dans cette cellule que pour que je l'empêche de mettre fin à ses jours.

Darial, maintenant réveillée et se sentant mieux, n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait.

– Vous... vous êtes Wynssa Starflare ! s'étonna-t-elle. La célèbre actrice de holodrames, l'épouse du baron Fel !

– De son vrai nom Syal Antilles, confirma Wedge, ma sœur aînée qui s'est enfuie de Corellia à dix-sept ans pour aller vivre sa vie et ne nous a donné aucune nouvelle depuis lors. Sais-tu au moins que nos parents sont morts depuis huit ans, Syal ?

– J'ai entendu parler de l'explosion du dépôt de carburant, oui. Je t'ai même cru mort toi aussi, Wedge, ce n'est que lorsque j'ai commencé à fréquenter Soontir que j'ai appris que tu étais vivant, et un as de l'Alliance rebelle. Qu'a-t-il bien pu se passer pour que tu rejoignes une telle bande de terroristes ?

– Des terroristes ? Et si on parlait plutôt des nombreuses exactions impériales ? Le bombardement de Gus Talon où ma petite amie a été tuée, la destruction d'Alderaan pour le seul motif de répandre la peur !

– Ainsi tu as rejoint la rébellion à cause d'une femme, j'aurais dû m'en douter. Tarkin était un extrémiste, oui, et la destruction d'Alderaan une erreur tragique. Mais vous autres rebelles n'avez pas de leçon à donner, avec cet attentat odieux et lâche sur Coruscant.

– l'Alliance n'est pour rien dans cette affaire, je te l'assure. Si tu veux savoir la vérité, tu ferais mieux de demander à ton amie Dark Claria comment elle s'est procurée son nouveau super-croiseur !

– Oh, je t'en prie, Wedge, ne me ressors pas cette ridicule théorie complotiste. Cette histoire de super-croiseur caché sous la cité impériale inventée par quelque journaliste en manque de sensations ne tient pas la route une seconde. Je veux bien croire que tu n'aies pas été personnellement impliqué, mais tu ne peux nier qu'il y a aussi des fanatiques parmi vous, comme ceux qui ont enlevé et exécuté le jeune acteur Garik Loran il y a quelques mois.

– Ceux qui se livrent à ce genre d'exactions le font sans l'aval de nos chefs, Mon Mothma et Leia Organa condamnent le terrorisme, je peux te l'assurer. Mais Palpatine est un tyran et doit être arrêté !

– Enfin, je vois qu'il est vain d'espérer te raisonner, Wedge. Je ne peux rien vous promettre, à toi et Darial, mais j'essaierai de convaincre Dame Claria, quand je la reverrai, de vous inclure dans un échange de prisonniers contre le grand amiral Teshik. C'est tout ce que je peux faire. Une dernière chose encore : J'ai raconté à l'agent Ivak que je voulais voir de près le célèbre héros rebelle Wedge Antilles et même si Roganda affirme pouvoir lui faire oublier notre visite, je préfère prendre mes précautions, juste au cas où...

Se jetant au cou de son jeune frère, Syal l'embrassa sur la bouche. Un baiser d'actrice, sans la langue, mais qui le laissa néanmoins passablement gêné et hébété, et avec des traces de rouge à lèvres bien visibles. Mais Wedge comprenait pourquoi elle avait fait cela, elle voulait se couvrir au cas où Ysanne Isard apprendrait qu'elle était venue le voir. Elle préférait encore passer pour une dévergondée plutôt que pour une potentielle traîtresse.

– Bonne chance, petit frère, et que la Force soit avec toi ! ajouta-t-elle encore avant de ressortir de la cellule dont la porte était restée ouverte.

Après avoir retiré le passe du panneau de contrôle, ce qui entraîna la fermeture de la porte de la cellule, Wynssa repartit en sens inverse. En chemin, elle froissa sa robe et ses cheveux histoire qu'on puisse croire qu'elle venait de prendre du bon temps. Arrivée devant le poste de garde, elle jeta un coup d'œil à l'intérieur et vit qu'Ivak était toujours occupé à caresser et embrasser les pieds de Roganda qui semblait trouver cela fort agréable. Elle lui fit un signe pour lui indiquer qu'elle avait fini de son côté. Roganda répondit en lui faisant signe d'entrer, puis dégagea ses pieds à la grande surprise d'Ivak. Elle se concentra alors de nouveau dans la Force pour une dernière démonstration de ses talents.

– Merci pour ce moment, Ivak, dit-elle d'une voix suave, quel dommage que vous deviez n'en garder aucun souvenir. Vous êtes fatigué à présent, un petit somme vous ferait le plus grand bien !

Ivak fut aussitôt pris de bâillements et il ne fallut que quelques secondes du regard insistant de Roganda pour qu'il dorme à poings fermés. Wynssa rendit le passe à Roganda qui le glissa dans la ceinture d'Ivak avant de remettre ses chaussures.

– Alors, demanda-t-elle à Wynssa, vous vous êtes bien amusée avec le bel Antilles ?

– Oui, il est vraiment aussi mignon qu'on le dit, et qu'est-ce qu'il embrasse bien. Dommage que j'ai dû laisser la porte ouverte, sinon je serais bien allée plus loin. Et vous ne sembliez pas vous ennuyer non plus avec Ivak, Roganda !

– Certes non, il masse les pieds comme personne, et de manière très érotique qui plus est ! Bon, nous ferions mieux de filer avant que Tal Burren ne revienne. Et n'oubliez pas d'arrêter votre brouilleur une fois que nous serons hors de la zone des caméras de surveillance, Wynssa.

 

Dès que la porte de la cellule se fut refermée, Darial, que les paroles de Syal avaient ragaillardie, continua la conversation avec son nouveau compagnon.

– Et bien, votre sœur a une sacrée personnalité, Wedge ! Pas étonnant qu'elle ait autant de succès comme actrice.

– Une digne fille de Corellia, en effet. Dommage cependant qu'elle soit incapable de voir la réalité au delà de la propagande impériale.

– Pensez-vous que cet échange de prisonniers dont elle a parlé ait une chance de se réaliser ?

– Si elle est aussi proche de Dark Claria qu'elle le dit, peut-être. Elle m'a semblée plutôt raisonnable, pour une Sith. Mais Palpatine, c'est une autre paire de manches : Teshik était plutôt en disgrâce avant la bataille d'Endor. Même s'il est faible, cela reste un espoir néanmoins. Vous ne mourrez pas ici, Darial, nos amis ne nous abandonneront pas.

– Cela me redonne un peu d'espoir, mais je ne sais pas pour combien du temps.

– Reposez-vous, et ne parlons plus de cela. Les holocaméras de surveillance ne vont pas tarder à fonctionner de nouveau.

Darial se recoucha, face contre le mur, et Wedge fit de même à côté d'elle. Il avait sommeil lui aussi à présent et de toute manière, il n'avait rien de mieux à faire.

 

Quand Tal Burren reprit son poste au quartier pénitentiaire, il fut surpris de trouver son supérieur en train de dormir devant la console. Il s'empressa de le réveiller.

– Eh ! Chef ! Réveillez-vous !

– Hein, quoi ? Bon sang, qu'est-ce qui s'est passé ? Je me souviens de l'arrivée de la baronne Fel avec dame Ismaren, que vous êtes ensuite aller dîner et puis... plus rien !

– Ce n'est pas moi qui vais vous le dire, chef ! En tout cas, nos deux charmantes visiteuses semblent être reparties et la caméra du couloir d'accès à l'air de fonctionner à nouveau. Vous devriez aller vous restaurer aussi, chef, pendant que je vérifie les enregistrements.

– Vous avez raison, Tal, à plus tard.

Une fois Ivak parti, Tal Burren vérifia les enregistrements de sécurité. Pour le moment, tout semblait normal dans les cellules, les deux prisonniers rebelles que la directrice Isard avait demandé de surveiller plus particulièrement, dans la cellule 24-B, semblaient dormir paisiblement l'un contre l'autre. Repassant les enregistrements en arrière, il ne vit trace nulle part de Wynssa Starflare et Roganda Ismaren, comme si elles n'étaient jamais venues à la prison. Plus étrange encore, toutes les caméras n'avaient enregistré que des parasites pendant près d'un quart d'heure. Il se demanda un moment s'il devait consigner ces faits troublants par écrit dans son rapport de la journée mais n'en fit finalement rien. Cela ne pourrait que leur causer des ennuis, à lui et à son chef. En l'absence d'éléments tangibles, il valait mieux faire comme s'il ne s'était rien passé.

 

Notes : L'enlèvement de Garik "Face" Loran par un commando rebelle, à la suite duquel il s'est fait passer pour mort avant de rejoindre l'Alliance n'est pas daté de manière précise dans la chronologie Légendes. J'ai choisi de le placer peu de temps avant la bataille d'Endor de façon à ce que Wynssa et Roganda puissent y faire référence comme à un évènement récent.

L'agent Ivak et le technicien Tal Burren sont tirés de la bande dessinée Le Côté Obscur : Mara Jade (By the Emperor's Hand en VO).

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