Evan-escence

Chapitre 8 : Petite explication

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:17

 

Chapitre sept
 
Petite explication
Toutes ressemblances avec un état biologiquement vraisemblable seraient une pure coïncidence !
 
 
 
Le soleil se lève sur Atlantis. Quelques rayons s’arrachent à l’océan et chassent les ténèbres de la nuit. Les tours d’Atlantis se dessinent en contre-jour. La découpe est sublimée par un ciel transformé en palette de couleurs ocres et orangées.
Evan tend la main à John.
- Viens !
- Où allons-nous ?
- C’est une surprise, tu verras.
- Non, je ne veux pas partir. Je veux rester ici, c’est paisible et ça fait si longtemps que je ne me suis senti aussi bien. Je voudrais rester seul encore un peu, c’est possible ?
Evan fait la grimace mais ne le montre pas. Plus Sheppard sera docile et plus ce sera facile de l’emmener.
- Viens, on va y aller tranquillement. Tu pourras encore admirer Atlantis.
Avec douceur il redresse John qui se laisse guider sans broncher. Ensemble ils progressent le long de la jetée. Après quelques mètres, ils disparaissent tous deux.
Un léger vrombissement de l’air les accompagne.
Atlantis étend sa magnificence dans l’océan Lantien. Sur la jetée de métal, pas l’ombre d’une âme, si tant est qu’il y en ait jamais eu.
 
 
 
***
 
 
 
Un calme relatif est revenu dans la cité. A l’infirmerie, les blessés sont canalisés et sédatés. Tant qu’ils sont endormis, ils ne présentent aucun danger pour eux comme pour les autres. Plusieurs soldats fraîchement débarqués du Daedale montent la garde. Ils avaient imaginé affronter des aliens, des peuples hostiles, mais jamais ils ne se seraient attendus à se retrouver surveillant d’anciens amis attachés et drogués.
Qu’importe. L’ennemi est là, tapi en eux et prêt à surgir.
 
Depuis plusieurs heures le docteur Beckett travaille sur les échantillons sanguins. Tous présentent des anomalies qui sont étrangement sensées être incompatibles.
La première constatation du docteur Beckett est l’augmentation du fer circulant. Aucune explication logique à cela. Ensuite, certaines personnes intoxiquées présentaient un taux plus important d’érythropoïétine. S’agirait-il d’une ingestion volontaire d’EPO ou d’un processus inconnu déclenché au contact d’un élément iatrogène ?
Quelque soit les hypothèses formulées par Carson, aucune ne trouve grâce à ses yeux. En revanche, elles confirment un point important, la présence d’un facteur déclenchant puis d’une propagation de victime en victime, un peu selon le mode opératoire d’un virus. Plusieurs individus semblent être à l’origine du mal. Tous étaient endormis lorsqu’ils ont commencé à développer des troubles puis rapidement ont agressé leurs amis. Les plaies trouvées par Carson au niveau des paumes et du cou présentent également une substance d’origine inconnue dont les propriétés sont très intrigantes.
En effet, isolée, cette substance disparaît, comme dissoute par l’air. Maintenue dans du sang, elle entraîne une étrange réaction sur les globules rouges. Carson s’attendait à voir une cytolyse mais la cellule n’est pas à proprement parlée détruite. Elle est plutôt purgée puis réorganisée. Certains de ses composants sont comme attirés à l’extérieur, passant la membrane cellulaire sans l’endommager outre mesure. Ces globules ainsi épurés sont cytolysés alors que d’autres se gorgent des substances « volées », boostant artificiellement leur composition. Il semble que ce qui est ainsi transféré d’hématies en hématies soit les ions ferriques.
D’un côté il y a donc une substance, l’EPO, qui augmente le volume des globules rouges et de l’autre un produit inconnu qui les désorganisent. Les ions ferriques sont extraits de ces « supers globules », attirés comme des aimants dans la circulation puis pénètrent dans d’autres cellules sanguines. Ce qui étonne le plus le docteur Beckett est la faculté pour les particules ferriques de s’organiser en amas ionique avec une certaine logique et autonomie…comme si…
 
 
 
***
 
 
 
- Colonel Caldwell, avez-vous retrouvé le major Lorne et le colonel Sheppard ?
- Non, mes hommes et tout ceux encore valides d’Atlantis ont passé la cité au peigne fin. Aucune trace de nos deux lascars, ni de quoi que ce soit d’étranger à Atlantis. Les scellées placées aux entrées des zones non encore explorées sont restées intactes.
- Mais alors où sont-ils ? Et que leur est-il arrivé ?
- Le docteur Beckett a confirmé la quarantaine jusqu’à nouvel ordre. D’après le docteur Novak il a peut-être une piste intéressante.
- Et Hermiod, il ne peut pas nous donner un coup de main ?
- Vous savez, les Asgards sont très…comment dire…fiers de leurs avancés technologiques qu’ils exhibent sans ménagement. Surtout Hermiod. Je crois qu’il n’apprécie guère son affectation auprès de terriens si primitifs.
- Oui, mais puisqu’il est là, il peut sans doute nous aider ?
- En fait, je pense qu’il faudrait lui envoyer McKay.
- McKay ? Mais il n’est pas médecin, il ne pourra rien y faire. Il est docteur en pleins de choses qu’il aime à répéter mais pas en médecine.
- Oui, je le sais parfaitement docteur Weir, mais le docteur McKay a une certaine prédisposition à titiller l’ego d’Hermiod, ce qui avouez-le, nous arrangerait bien.
- Ah, je vois oui… Bon, et bien je vais arranger ça.
Un appel du centre de contrôle interrompt leur discussion.
- Docteur Weir, activation non programmée de la porte des étoiles !
 
Un vague bleue émerge aussitôt de l’anneau, formant un vortex inattendu.
 
Le docteur Elisabeth Weir quitte précipitamment son bureau, suivi de près par le colonel Caldwell.
- Levez le bouclier. Qui a composé notre adresse ?
- C’est Atlantis, enfin, je veux dire que c’est la cité qui a enclenché la porte et entrée les coordonnées de la planète.
- Quelle est-elle ?
Le technicien est remplacé par le docteur McKay, toujours prompt à intervenir en cas de soucis d’ordre informatique. Il inspecte les données qui défilent sur son écran puis devient subitement très pale.
- Elisabeth, vous n’allez pas le croire.
Alors que le docteur Weir s’approche pour prendre connaissance de la destination du vortex, un bruit caractéristique signe l’utilisation de la porte. Aussitôt celle-ci s’éteint, plongeant le centre de contrôle dans un curieux état d’expectative.
 
Elisabeth fixe l’anneau sans vie, oubliant McKay et sa pâleur qui ne cesse de s’accentuer.
- Que s’est-il passé ?
Rodney quitte son ordinateur pour la rejoindre sur la passerelle.
- Je crains que notre ennemi n’ait franchi la porte.
- Comment ? Il serait invisible ?
- Franchement Elisabeth, ça ne m’étonnerait pas mais malheureusement je crois que c’est pire, bien pire…
- Bon sang ! Expliquez-vous Rodney.
- Regardez l’adresse Elisabeth. Si mes soupçons sont fondés, il y a fort à parier que notre adversaire a rejoint son antre en emportant avec elle ses hôtes ou ses proies, cela reste à définir.
- De quoi parlez-vous ?
- Pas de quoi Elisabeth, de qui ! Je pense que le colonel Sheppard et le major Lorne ont quitté Atlantis. Vérifiez, je suis certain qu’il manque un jumper. Rien de plus simple pour nos deux amis que de s’emparer discrètement d’un vaisseau et de se balader en mode furtif. C’est quelque chose que nous avons déjà fait au SGC, rappelez-vous. Quoique là, on essayait d’entrer, pas de sortir, mais bon…
- Montrez-moi la destination de Sheppard et Lorne.
Si le docteur McKay semblait pâle, ce qui en soit n’a rien de bien nouveau, la couleur du docteur Weir, en comparaison, est plus proche de l’ectoplasme. Elisabeth manque de perdre l’équilibre mais se rattrape à la rambarde de sécurité sans trop laisser paraître son trouble.
Le colonel Caldwell qui n’était pas bien loin a quant à lui parfaitement vu la stupeur naître sur le visage d’Elisabeth. Il s’approche mais se contente d’écouter le docteur Weir sans intervenir.
- Ce n’est pas possible Rodney. Cela ne va pas recommencer ?
 
 
 
***
 
 
 
Le jumper pénètre la cité par le plafond ouvert sur le ciel Lantien. Dans la tourmente de ces dernières heures, les esprits se sont tournés vers l’intérieur, oubliant ce qui se tramait dehors. Il se glisse sans difficulté jusqu’à la porte puis s’immobilise quelques instants devant l’horizon des évènements. Personne ne semble se douter de leur présence. Sheppard est scotché devant la vague bleue, l’admirant avec des yeux d’enfant.
- Que c’est beau ! Waaaaaaaou. Est-ce que c’est vivant ?
 
Lorne le regarde un peu amusé, partageant avec son ami la vision qui avait été la sienne plusieurs années auparavant. Un regard de connivence entre les deux humains. Un échange visuel porteur de bien plus qu’il n’y paraît.
Comme attiré par un aimant, John quitte le vortex des yeux pour se fondre dans ceux du major. Une attraction hypnotique, faussement accueillante, qui finalement plonge le colonel dans une attitude de replis et de crainte.
 
Si l’entité n’en avait pas encore pris conscience, alors que la béatitude onirique est brutalement rompue, elle réalise que l’homme dont elle dispose à sa guise, caresse la liberté de sa présence. Un rien suffirait à lui redonner tous les moyens dont il a besoin pour reprendre possession de son propre corps. Ces humains sont vraiment extrêmement curieux. Fragile et facilement manipulable, physiquement assez simple et primaire mais psychiquement…c’est une autre paire de manche !
Le major Lorne a cédé relativement facilement. Quoiqu’en réalité sa lutte n’a jamais vraiment cessée. Mais l’entité en a fait une quantité insignifiante, quelques brindilles sur lesquelles il n’a pas de pouvoir d’action, quelques refuges pour l’être possédé. Non seulement le Dieu en a cure, mais en plus il trouvait cela plutôt gratifiant et jouissif. Grave erreur ? Aurait-il sous estimé le terrien ? Après avoir pris le contrôle informatique de la cité et celui bien plus agréable de ses membres, l’entité se rend compte qu’elle a trop négligé Lorne et son désir de survie.
Il est partout.
Normal, puisque c’est son corps et son esprit. Sauf qu’il est vraiment partout, infiniment petit, à peine décelable, mais effleurant Dieu de toute sa présence. Une aura incroyablement lumineuse. Dans un premier temps, l’entité a fait fi de cette sensation pas plus intense qu’un fourmillement. Mais maintenant que le jumper s’apprête à quitter la cité, le Dieu sent la révolte et la crainte qui booste l’être emprisonné.
L’espace d’une seconde, Dieu a peur.
Et si l’homme refaisait surface et le chassait ? Non, cela est impossible. Il fait partie intégrante de son être et lui est nécessaire aussi sûrement que le sang qui transporte l’oxygène vital.
Oui mais…
Dieu se reprend. Les yeux de Lorne s’illuminent et il se redresse, hautain, sur de lui.
- Assez tergiversé, on y va !
Si Lorne avait daigné garder un œil sur Sheppard il aurait vu une petite lumière s’allumer quelque part, loin, très loin dans son regard. Une petite étincelle, comme une réminiscence de ce qu’il est. Une petite lumière, pas si éloignée finalement !
 
 
 
***
 
 
 
Le docteur Beckett est si accaparé par ses recherches qu’il n’entend pas Elisabeth entrer dans l’infirmerie.
- Docteur Beckett ?
- Elisabeth ! Entrez. J’ai peut-être du nouveau. Je pense que Rodney avait raison en comparant le virus à une intelligence artificielle.
- Des nanites, encore ?
- Non, non, pas du tout. Ne vous moquez pas Elisabeth, mais je pense que l’on a à faire à une entité constituée d’ions ferriques. Elle contamine ses hôtes en se propageant dans le système sanguin.
- J’ai peur de ne pas vous suivre Carson.
- En réalité Elisabeth, je crains d’avoir du mal à me suivre moi-même. J’ai examiné tous les échantillons sanguins et ma conclusion est qu’ils comportent une substance qui interagit sur les ions ferriques.
- Il provient d’où ce fer ?
- 70% est synthétisé par le foie puis stocké dans les hépatocytes avant de…
- Carson ! On dirait Rodney. Parlez-moi Hébreux, Ancien ou Javanais si cela vous chante, mais là, je ne comprends rien !
- En gros je pense que l’ennemi dont parlait Rodney est une entité alien minérale qui utilise les ions ferriques comme support. Ne me demandez pas comment elle pense et agit, je n’en sais rien du tout, mais le fait est là. Les patients présentent tous des augmentations du fer circulant dans des zones bien délimitées, ce qui sous-entendant une certaine intelligence. Il y a d’autres troubles sanguins associés dont certains pourraient être dangereux, voire mortels.
- Pouvons-nous faire quelque chose ?
- A vrai dire, je n’en suis pas certain. J’ai bien des idées, mais il y a encore des substances iatrogènes que je n’arrive pas à analyser.
- Je vais m’arranger pour qu’Hermiod vous donne un coup de pouce.
- Ils ont des pouces les Asgards ?
- …
- Je plaisantais Elisabeth.
- Ah ah ah …
Elisabeth tente un sourire. Echec cuisant. En face d’elle, Carson exprime également ses inquiétudes par des traits enfoncés et crispés. Ce ne sont pas ses attendrissantes tentatives d’humour qui effaceront les heures d’angoisse passées et à venir.
- On a des nouvelles de Sheppard et Lorne ?
- Il semblerait qu’ils soient partis en jumper…
Le docteur Weir semble soudain comme illuminé par une vision divine.
- Docteur Beckett, si nos amis sont partis en emportant avec eux l’entité à l’origine de tout ce chaos, est-il possible que les particules ioniques se désorganisent et libèrent l’emprise qu’elles ont sur nos hommes ?
- Je ne le pense pas. J’ai l’impression qu’elles sont autonomes, sans lien direct d’un individu à l’autre. On rejoint encore une fois la notion de virus, informatique cette fois. Je pense que l’unité d’origine a programmé ses « enfants » pour agir d’une façon prédéfinie. L’idée étant de tous nous détruire, ou plus probablement, de préparer le terrain pour une attaque de plus grande envergure. Par contre, je ne comprends pas pourquoi sauver ceux ayant le gène. Nous sommes au contraire les plus aptes à nous défendre avec la cité et la technologie des Anciens.
- Oui, mais une fois sous contrôle, vous êtes des hôtes de choix. D’ailleurs, je ne m’explique pas bien pourquoi le virus ou l’entité, bref l’ennemi, ne préserve pas ceux ayant subit la génothérapie. Serait-il possible qu’il y ait quelque chose dans le traitement qui leurs soit nuisible ?
- C’est une des pistes à explorer.
- Préparez tout votre matériel et vos échantillons. Je contacte le colonel Caldwell pour que l’on vous téléporte sur le Daedale. Débrouillez-vous avec McKay et Hermiod, que ce soit génétique, scientifique, informatique, qu’importe, trouvez-moi une solution et vite.
Le docteur Carson voit parfaitement le visage d’Elisabeth se décomposer au fur et à mesure de sa diatribe.
- Elisabeth, vous ne me dites pas tout. Qu’y a-t-il ? Que savez-vous que j’ignore ?
- Vous avez parlé d’une attaque de plus grande envergure…hors je crains de savoir où l’ennemi est parti chercher du renfort, et cela ne présage que du mauvais.
- Où sont-ils allés docteur Weir ?
Elisabeth se contente d’un regard effrayé. Bizarrement, étrangement, cela suffit. Comme s’il s’y attendait, comme si la réponse était là, sur le bout de sa langue, Carson a su… et maintenant il a peur, vraiment peur !

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