Evan-escence

Chapitre 9 : Une vieille connaissance

Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 16:04

 

Chapitre huit
 
Une vieille connaissance
 
 
 
 
- Non, je ne vois vraiment pas pourquoi ! Oh, ça va, ne me regardez pas comme ça avec vos yeux comme des soucoupes ! Si ça perturbe Novak, moi ça me laisse de marbre !
- Heu… docteur McKay, vous devriez peut-être vous calmer un peu. Hermiod est assez susceptible et…
- Et rien du tout docteur Novak ! Je ne vais quand même pas le laisser étudier tout seul les données sous prétexte que je suis un être primitif et arrogant. D’ailleurs, je ne vois pas en quoi mon arrogance interfère dans la qualité de mes déductions ? 
Une main se pose sur l’épaule du docteur McKay.
- Quoi en-co-re ?! Oups, désolé Carson. J’ai un peu les nerfs à vif ! 
Un chuchotement entre deux hoquets.
- Un peu ? 
Carson sourit.
- Qu’est-ce qu’il se passe Rodney ? 
Le scientifique fait sa plus pitoyable grimace puis se tourne vers Hermiod.
- Monsieur je-suis-un-génie pense pouvoir trouver tout seul la solution et ne veux pas de notre aide.
- Tiens donc, et ça ne vous rappelle personne ?
- Je… Il est hors de question que je reste là à vous regarder travailler sans agir. 
La voix enrouée de l’Asgard prend aussitôt la suite, laissant Rodney au bord d’une crise d’apoplexie. Furieux, le scientifique quitte la salle.
Carson étonné se tourne vers le docteur Novak.
- Qu’a-t-il dit ?
- Hoc !… Le docteur McKay veut se rendre utile alors…hoc…Hermiod lui a suggéré de préparer le café. 
Le docteur Beckett regarde l’Asgard avec curiosité. Ce dernier penche légèrement sa tête de côté, fait clignoter deux fois ses yeux globuleux puis marmonne quelques mots Asgards avant de tourner le dos aux terriens.
Carson s’en détourne également pour susurrer quelques mots aux oreilles du docteur Novak, espérant bien naïvement ne pas être entendu de l’alien.
- On m’avait dit qu’Hermiod avait aussi mauvais caractère que Rodney mais franchement je ne croyais pas cela possible !
- Il plaisantait docteur Beckett, Hermiod n’aime pas le café ! 
 
 
 
***
 
 
 
Le soleil éblouit tout l’habitacle du jumper. Sheppard fronce les yeux pour se protéger de la luminosité.
- Où sommes-nous ? 
Sa voix, ainsi que son attitude prouve qu’il a repris un certain ascendant sur lui-même. L’entité par le biais du major Lorne fait mine de ne pas s’en rendre compte mais elle est pleinement consciente de son pouvoir sur autrui. En l’occurrence, elle ne perçoit quasiment plus les sensations du colonel Sheppard et sent bien qu’elle ne peut plus interférer dans sa façon de raisonner. Il faut agir vite.
Ses gestes sont lents pour ne pas montrer la moindre agressivité qui pourrait faire basculer le docile John dans une attitude défensive. Sheppard a un léger mouvement de recul lorsque Lorne s’approche de lui, mais sa conscience du danger s’arrête là.
Du moins pour le moment.
 
- Nous allons sortir, je suis sur que tu reconnaîtras l’endroit lorsque l’on sera dehors. 
Le major Lorne tend un bras secourable au colonel Sheppard pour l’aider à se relever. Grossière erreur de débutant. John lève ses mains qui se retrouvent aussitôt entravés par un fin cordon en plastique. Surpris, Sheppard regarde d’abord ses poignets, bêtement, comme s’il tardait à imprimer dans son esprit les conséquences d’une telle emprise, puis il fixe intensément le major. Son regard se fait braise et avec la colère qui monte resurgit les souvenirs et la conscience de soi.
Prudent, Lorne a fixé les menottes à une sorte de câble métallique de bonne longueur, comme une laisse qui lui permet de garder son prisonnier à porté d’action. Encore un peu hébété, John tarde à suivre le mouvement et la tension du câble le ramène violemment à la réalité. Propulsé en avant, il commence une pénible marche sur un haut plateau peu ombragé.
 
John Sheppard fait quelques pas sans broncher, suivant docilement celui qu’il considère comme un ami. Lorne quant à lui avance avec entrain, sans se soucier de ses plaies qui doivent souffrir du soleil et de la chaleur intense de cette matinée. Lorne est radieux, ou du moins l’entité, Dieu ou le Divin, l’est incontestablement. Dans quelques heures il trouvera enfin le chaînon manquant pour devenir maître de tous les univers, celui-ci et ceux qui sont sur d’autres plans d’existence. D’ici peu, les Anciens auront du souci à se faire !
 
 
 
***
 
 
 
- Rodney ? Je ne vous attendais pas de si tôt dans la cité.
- Moi non plus Elisabeth, mais je suis persona non grata sur le Daedale.
- Vous exagérez sûrement.
- Ah non, Elisabeth, je n’exagère pas du tout. Même Carson trouve que j’émets de mauvaises ondes. Enfin, Carson et Hermiod ont analysé le fonctionnement de la substance alienne… ils sont contents. Quant à moi, je retourne à la base de données pour essayer de trouver le satané code d’accès.
- Très bien Rodney. 
Elisabeth quitte McKay des yeux pour retourner à ses occupations de chef. McKay quant à lui ne la lâche pas du regard. Un regard fulminant.
- Et c’est tout ? Vous n’avez rien d’autre à me dire ?
- Quoi ?
- Du style… préparez vous, une équipe part sur le champ secourir le colonel Sheppard et le major Lorne !
- Je me demandais aussi quand est-ce que vous alliez aborder ce sujet. Ecoutez Rodney, je souhaite autant que vous retrouver John et Evan en bonne santé mais… et d’une, je n’enverrai aucune équipe affronter cette chose sans savoir comment la combattre et de deux… 
Les épaules d’Elisabeth s’affaissent brutalement et elle laisse enfin son vrai visage, celui qui est exténué, prendre le dessus.
- En fait, le colonel Caldwell a déjà tenté d’y envoyer une équipe… Attendez avant de vous mettre en rogne Rodney… Ce n’était pas mon idée, mais il voulait agir de suite, sans attendre d’en savoir davantage. D’une certaine façon, il avait raison, rien ne nous assure qu’ils ne vont pas reprendre la porte pour une destination inconnue. Mais de toute façon, cela s’est terminé avant même de commencer.
- Comment cela ?
- Nous n’avons pas réussi à entrer les coordonnées de la porte.
- Comment cela ?
- Et bien la porte ne s’est pas activée.
- Comment cela ?
- Quoi comment cela ?! Elle est restée close. « Votre correspondant est momentanément occupé, veuillez recomposer cette adresse ultérieurement. » Visiblement notre ennemi maîtrise parfaitement l’art de bloquer une porte.
- Evidement, elle a eu accès aux dossiers des Anciens, ne l’oublions pas ! Donc il est impératif que l’on reprenne le contrôle total d’Atlantis. Qu’est-ce qui ne marche plus, à part la porte ?
- En fait, je n’en sais rien.
- Comment cela ?
- Rodney ! Je ne sais pas parce que tout fonctionne normalement et subitement une donnée disparaît ou une action nous est interdite.
- Oui, c’est bien le principe de l’I.A, nous enquiquiner au maximum en anticipant les actions qui pourraient nuire à son concepteur. Visiblement l’alien qui s’est emparé de Lorne ne veut pas détruire la cité. Vous pouvez être certain qu’elle va revenir. 
 
 
 
***
 
 
 
Le colonel Sheppard marche lentement derrière le major Lorne. Malgré ce que lui a annoncé Evan, il ne reconnaît absolument pas ce monde.
- Je ne sais pas où nous sommes, ni pourquoi nous y sommes. Qui êtes-vous ? 
Lorne le regarde amusé.
- Je suis Evan, voyons. Evan Lorne. Major sur Atlantis.
- Je ne parle pas du major Lorne. Je voudrais savoir qui est celui qui a pris possession de son corps. 
Lorne s’arrête, séparé de Sheppard par la longueur du câble, soit moins de deux mètres. Ses yeux s’illuminent et sa voix devient caverneuse et enrouée.
- Je suis le Divin, votre nouveau Dieu et bientôt celui de tout l’univers ! 
Sheppard fait une moue qu’il aimerait plus décontractée.
- Super, encore un mégalo !
- Ne faites pas semblant de ne pas vous souciez des autres, colonel. N’oubliez pas que j’ai été dans votre corps. Lorsque le major Lorne est venu se poser sur le caillou où les Lantiens nous avaient banni, j’ai senti un vent de renouveau, un espoir de reconquête.
J’ai une notion toute relative du temps et j’avoue que je ne m’attendais pas à découvrir votre peuple et l’absence des Lantiens. Mais qu’importe quelques millénaires de perdu. Je suis de retour ! Imaginez ma surprise en découvrant ce que renfermait la base de donnée de la cité… que de technologie misent à ma disposition.
- Et que comptez-vous faire ?
- D’abord trouvez ici le moyen d’accéder aux Lantiens. Ensuite, nous retournerons sur Atlantis. Tous les membres de votre expédition, excepté ceux ayant naturellement le gène des anciens, seront morts ou en passe de l’être. Les quelques survivants seront nos esclaves et nos otages. Votre cité sera notre.
- Qu’importe la génothérapie ? Sans ceux qui possèdent les gènes, vous ne pouvez pas utiliser toutes ces fameuses merveilles.
- Vous êtes naïf John Sheppard ! Qu’importe le gène. Vous, Lorne et un ou deux suffisent amplement. Quant à utiliser Atlantis…mais dès mon retour ce joujou s’envolera vers d’autres horizons. Je peux créer la matière et l’énergie nécessaire pour vos ZPM et je contrôle le réseau informatique de la cité. Quelques mains me seront utiles, pas plus. Non, colonel Sheppard, ce que je recherche, ce n’est pas le gène qui est en vous. Vous êtes les descendants de ceux qui nous ont détruits. Vous détruire, vous, sera une douce vengeance… et peut-être que vos aïeux auront pitié et se manifesterons.
-Tous les terriens descendent des Anciens, à différents niveaux. Quant à leur intervention, vous vous fourrez carrément le doigt dans l’œil !
- La encore, vous vous sous-estimez. Les Anciens n’interviennent pas, certes, mais ils observent. Par la présence du gène vous êtes plus proche d’eux que vos congénères. Et c’est grâce à vous, leur évolution, leurs enfants, que nous allons les détruire. Il n’existe pas plus jubilatoire que de faire tuer un père par son propre fils. 
L’entité à travers Lorne, regarde ses mains puis rit à gorge déployée. Un rire guttural, effrayant.
- Si, peut-être faire mourir une femme de la main de celui qui l’aime. 
 
Quelque part ce qu’il reste d’Evan se recroqueville sur sa souffrance.
 
Sheppard n’est pas sur d’avoir tout saisi mais la puissance de l’entité semble phénoménale. John examine autour de lui, mais rien à faire, il ne reconnaît pas l’endroit. Pourtant, au creux de son estomac, une boule est en train de se nouer. Un sentiment d’urgence et de stress. De ces instincts qui vous alertent quand une catastrophe est en marche.
- Qui venons-nous chercher ? 
Comme s’il n’avait pas vraiment envie d’entendre la réponse, à moins que se ne soit pour mettre de la distance entre lui et la réponse, Sheppard traînent les pieds et ralentit la marche.
Lorne n’est pas dupe du stratagème et donne un violent coup à la bride, propulsant Sheppard à ses pieds. Vraiment cette entité décuple les forces mais pas pour en faire un meilleur usage !
- Je peux posséder vos corps et vos esprits par le biais du fer qui est en vous. Je suis capable de créer ce que je veux tant que cela contient un minimum de minéraux. Je peux générer l’énergie et l’électricité, mais je suis incapable d’être entièrement immatériel. Alors que nous étions cloîtrés sur notre rocher, riche en minéraux, merci les Lantiens pour cette charité, certains des nôtres ont réussi à évoluer pour briser leurs entraves. Ils ont…comment diriez-vous ? Ah ! Quelle ironie ! Ils ont évolué ! C’est l’un d’eux que je suis venu chercher. 
 
Immatériel.
Voila peut-être le mot qui comme un code secret déclenche les souvenirs de Sheppard. Des souvenirs très désagréables, de ceux que l’on range dans la case « à oublier absolument » !
Sans s’en rendre compte le militaire se met à trembler. Son corps incontrôlable exprime ce que son esprit refuse. La peur.
- Ah non, c’est hors de question. Je ne vous suivrai pas là-bas !
-Vous n’avez guère le choix colonel ! 
Le dernier mot, accentué, paraît s’enrailler dans la gorge de Lorne. Depuis leur arrivée sur la planète que Sheppard identifie maintenant parfaitement, Evan n’existe plus vraiment et l’entité n’hésite plus à se montrer sous son vrai jour. Arrogant, compulsif et brutal.
A l’image de l’enfant qui s’accroche à sa couette pour ne pas sortir du lit, le colonel s’agrippe à l’herbe haute et verdoyante.
- C’est hors de question ! 
Sur ces mots, John Sheppard prend complètement l’entité à contre-pied, passant de l’accablement, blotti dans l’herbe, à l’attaque purement et simplement. D’un bond John se jette sur le major Lorne et lui assène quelques bons coups bien placés. Ses deux poings liés en une arme peu maniable mais redoutable. Si l’entité décuple les forces de l’humain, elle ne peut totalement annihiler sa souffrance physique. Le cri du Dieu est terriblement strident et déclenche aussitôt la chair de poule tant sur la peau de John que sur celle d’Evan lui-même.
Ne se laissant pas pour autant distraire, Sheppard poursuit sa bagarre, bien décidé à en finir ici et surtout pas là-bas !
- John… arrête, je t’en supplie! 
La voix est celle d’Evan. La lumière dans les yeux a disparu et le corps du major se laisse labourer de coups sans en rendre un seul. Surpris, Sheppard retient ses poings en l’air.
Une seconde.
Une seconde de trop !
Reprenant son rire sadique, celui de l’enfant heureux de sa ruse, l’entité attrape fermement le câble le liant à Sheppard et induit psychiquement une impulsion électrique. Celle-ci se répercute aussitôt aux poignets du malheureux prisonnier puis à tout son corps.
Si cela n’était pas encore évidant, cela le devient maintenant. Quoiqu’il fasse, c’est dans sa tombe que cela se finira.
 
Quelques centaines de mètres en aval. Une autre entité a senti leur présence et elle en jubile d’avance.

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