Evan-escence

Chapitre 13 : Le piège se referme

Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/05/2009 19:37

 

Chapitre douze
 
Le piège se referme
 
 
 
 
- Les chevrons ! Docteur Weir, la porte s'est activée et le bouclier n'est pas opérationnel !
Le technicien est presque hystérique tant cette activation non programmée le surprend. Il en oublie même la phrase d'usage, ce qui n'étonne ni ses collaborateurs ni le docteur Weir présente au centre de contrôle. Elisabeth a les traits extrêmement tirés. Non seulement elle manque comme tout le monde de sommeil, mais sa récente expérience devant le bloc opératoire l'a quelque peu bousculée. Quand elle y repense, l'idée d'avoir été sauvé par McKay et son super sandwich volant la laisse perplexe.
Doit-elle en rire ou en pleurer ? Elle a pris le parti d'oublier cet incident, tout comme le docteur Beckett. Quant à McKay... et bien, McKay, c'est McKay. En d'autre terme, si le scientifique ne s'approfondit par sur la méthodologie employée, cela ne l'empêche pas de jubiler quant au résultat obtenu.
 
Elisabeth quitte ses songes pour se plonger dans le vortex bleu qui illumine le hall d'embarquement.
- Je pensais que nous ne pouvions pas désactiver le bouclier ?
- Nous non, mais la cité elle, ne s'en prive pas. Ce sont les codes d'identification du colonel Sheppard.
- Pourquoi cela ne m'étonne guère ? Et bien, puisque la porte leur est grande ouverte, nous n'avons plus qu'à les attendre. Rappelez-vous les instructions du colonel Caldwell. Allez, tout le monde en position !
Evidement l'invasion de la cité par la porte avait été envisagée. Plusieurs hommes sont prêts à tirer sur tous ce qui pourrait transiter par l'horizon des événements. Ils attendent le jumper, peut-être le major Lorne, sans doute le colonel Sheppard… Quoique soit l'ennemi, les hommes sont fins prêts, du moins autant que l'on puisse l'être après tant d'heures d'attente.
 
Cela fait vingt-six heures que le Daedale n'a pas donné de nouvelle. Vingt-six heures que les militaires sont à l'affût et presque autant que le docteur Beckett travaille sur les victimes de l'entité avec cette fois-ci de meilleurs résultats. Même le petit caporal a pu être sauvé du sandwich de dinde et de l'entité.
 
Soudain la vague se trouble et des hommes apparaissent, coupant court aux divagations d'esprit d'Elisabeth. Elle n'a pas le temps d'entamer la moindre discussion que les tirent fusent déjà de parts et d'autres. Des bruits métalliques se mêlent aux râles des blessés. Elisabeth regrette l'absence de chef militaire ; même le colonel Caldwell serait le bienvenu.
Pourtant le silence apparaît aussi rapidement qu'il avait disparu. Un nuage de fumée artificiel, parsemé de laser se dissipe lentement.
Il n'y a plus d'assaillants, plus l'ombre d'un ennemi menaçant.
Il ne règne plus que le silence mortel qui clos inlassablement tous les combats. Le silence et la mort.
 
 
 
***
 
 
 
Les dernières heures avaient été étranges, un peu comme tout le reste de toute façon. Le jumper avait franchi la porte vers une planète lambda que Sheppard et Lorne ne reconnaissaient pas. Il n'y avait aucune trace de vie, du moins à proximité de la porte. Le lieu avait en fait peu d'importance, son but étant exclusivement de décharger la cargaison, c'est-à-dire les hommes du peuple de feu « le monde ».
Le divin avait un plan bien précis et cela inquiétait le colonel Sheppard. Rien n'était laissé au hasard. Tout avait été calculé avec minutie et précision. Il était impératif pour ces hommes de pénétrer Atlantis par la porte, à pied. L'infanterie en première ligne et la cavalerie en retrait. Dans un premier temps, John et Evan n'en comprirent pas l'intérêt, mais quand ensemble, hommes/appâts et jumper, ils franchirent l'horizon bleuté, tout s'illumina.
 
Sheppard ferme les yeux, du moins se ferme virtuellement, au moment où ils pénètrent dans la cité. Il ne voit donc pas les quatre hommes ouvrir le feu, ni ses amis atlantes riposter. Il ne voit pas les corps tomber par terre et se protège au maximum des émotions de satisfaction de son entité.
A l'inverse, le major Lorne assiste à toute la scène. Les hommes du caillou tirant en tous sens dès leur sortie du vortex, ne laissant que peu de place à l'expectative. Puis la riposte et le calme qui revient rapidement. Encore un simulacre de bataille, un sacrifice pour divertir les entités et capter l'attention des terriens.
La cavalerie peut pénétrer les forces ennemies, sans résistance, sans lutte assassine.
Dans le jumper occulté, les deux possédés profitent pleinement du spectacle. Une horde d'hommes qui s'entretue, quelques scientifiques hébétés qui assistent au spectacle et celle que l'on nomme Elisabeth, prise de court... ah quelle jouissance. D'un autre côté, ils regrettent presque de ne pas être aux prises avec de plus féroces guerriers. Le spectacle est trop court, pas assez prenant et surtout manque singulièrement de suspens. Comme il sera facile de posséder Atlantis.
- Je ne le crois pas.  
Si John est toujours un peu en retrait, hésitant à affronter son ennemi si tôt après sa dernière remontrance, en revanche, le major Lorne est complètement d'attaque.
- Vous pensiez qu'il ne resterait que quelques hommes, une dizaine tout au plus, mais ouvrez vos yeux, enfin les miens, et regardez ! Ils sont tous là ! Nos soldats, nos scientifiques, nos amis. Vous n'entrez pas en terrain conquis, loin de là. Vous aviez miné le terrain, poser les bases d'un terrorisme interne, mais nos amis ont su déjouer vos plans et rester maître de la cité. Ce n'est pas le chaos qui nous accueille. Votre première attaque a échoué !
- Nous attendions cette riposte, d'où l'intérêt d'envoyer quelques amuse-gueules à vos soldats. Mais c'est exact que nous avons sans doute un peu sous-estimé vos capacités, mais au final cela ne change rien.
- Nous ?!
Cette fois, c'est le colonel Sheppard qui s'engouffre dans la brèche.
- Comment ça nous? Partagerez-vous votre victoire avec autant d'aisance que votre défaite ?
 
Voilà qui remet nettement les choses à leur place, rendant tout plus limpide, au grand dam de l'entité qui se pensait intimement supérieur à un esprit humain. Comment un être aussi primitif, pour ne pas dire primaire, peut-il le défier ainsi de ses mots ?!
La colère bien plus encore que le sentiment d'être mis à nu devant son associé, lui fait momentanément perdre sa prestance. Oubliant l'usage télépathique pourtant plus simple et autrement plus rapide, il commente son action à voix haute, faisant de la réalité de ses mots une base solide pour assurer sa puissance. A moins que la vérité soit tout autre…
La voix du major Lorne est étonnamment douce et maîtrisée.
L'humain prendrait-il de l'ascendant sur l'entité ? Ou celle-ci finirait-elle simplement par se perdre dans cette nouvelle humanité qu'est la sienne ?
- Qu'importe ce que vous pensez colonel Sheppard, vous et le major Lorne n'êtes pas là pour m'imposer des choix et des actions mais pour nous servir d'hôtes. Méfiez-vous car nous pourrions vous expédiez dans des recoins de vos âmes si reculés que la lumière n'y pénètre jamais.
Si le divin croyait s'adresser aux humains, c'est l'entité psychique qui lui répond, prenant à son tour la voix du colonel Sheppard comme support pour ses doutes et suspicions.
- Quel est réellement ton plan ? Comment venir à bout d'une cité, si elle n'est pas un tant soit peu soumise à nos désirs. J'attendais l'apparition de nos adeptes. Où sont-ils?
- Qu'importe ce qui a, ou n'a pas marché. La cité est quand même sous notre contrôle via son réseau informatique, et certains de ses membres le sont encore... quoique j’obtienne peu de contact. Ils ont du tous être tuer... cela fait tout de même des humains en moins, me semble-t-il.
- Et une fois que nous aurons décimé ces humains. Que comptes-tu réellement faire ?
- Envahir la galaxie, la notre et la leur. Reprendre ce qui nous revient de plein droit. Le pouvoir absolu.
- Le pouvoir absolu ne se partage pas. Où ai-je ma place dans ton tableau idyllique ? Où est mon accès au plan des Anciens ?
- Mais il est là, partout autour de toi. Sheppard a été à deux doigts de l'ascension. Je l'ai lu dans le major Lorne, tu dois le voir mieux que moi. Faites votre ascension ensemble !
- Je vois mal comment l'y obliger.
- De la même façon que tu as fait ton ascension, en lui donnant envie d'abandonner son corps comme on quitte une prison de chair et d'os. 
Voyant la controverse mal tourner et s'éloigner de son but final, le colonel Sheppard reprend la parole, entamant avec son entité un tout autre débat, psychique, et par là-même intime, du moins il l’espérait.
- Ne vois-tu pas qu'il cherche à t'éloigner de cette galaxie ? Quel sera ton pouvoir lorsque je serai aussi immatériel que toi ? Nous serons tous deux piégés, au choix dans le monde des anciens, mais sans aucun pouvoir d'action sous peine de sanction, ou dans ton monde actuel, celui de la frustration physique et de l'enfermement psychique.
-Tu cherches encore à m'embrouiller et à me détourner de ma vengeance.
- La cité est le joyau des Anciens. La posséder est sans l'ombre d'un doute ce qui leur ferait le plus de mal. Ils sont là, au-dessus de nous et nous observent. Ne les imagines-tu pas rageant de savoir leur enfant entre tes mains perverses ? Le fruit de leur travail et de leur savoir soumis aux lubies de deux grands enfants capricieux ?!
 
Comment rendre fou furieux des êtres dénués de tout sens communs et de modestie, en trois leçons.
1) Agiter pour bien décoller la pulpe ou savoir décanter leur perfide personnalité.
2) Renverser lentement pour remplir la coupe ou comment approcher du point de non-retour. Attention à tout débordement... renversant!
3) Boire jusqu'à la lie ou assumer ses actes et ceux qui en découlent avec l'espoir que l'effet soit celui escompté !
Et finalement retourner les deux entités l'une contre l'autre en les mettant face à leurs propres exigences d'omnipotences !
 
 
***
 
 
 
Elisabeth se penche au-dessus de l'épaule du docteur McKay.
- Alors ?
-  Alors je cherche mais l'ordinateur me met des bâtons dans les roues. En tout cas cela confirme mes soupçons.
- Soyez plus explicite Rodney !
- Depuis le départ du colonel et du major le réseau informatique d'Atlantis est parasité par une sorte de virus, assez proche d'une intelligence artificiel pour qu'il s'adapte à nos efforts pour l'enrayer. Idem d'ailleurs quand il s'agit de fouiller la base de données des anciens... données inaccessibles ! Raz le Bol ! Enfin, depuis l'attaque à la porte, il y a du changement. Non seulement le virus anticipe mes actions, mais j'ai même l'impression qu'il agit en interaction avec mes neurones, c'est à se demander si je ne suis pas infecté !
- McKay !
- Regardez par vous même. 
Elisabeth regarde l'écran d'ordinateur sans vraiment savoir ce qu'elle doit rechercher. Mais alors que le scientifique commence à expliquer de quoi il en retourne, l'écran s'anime.
- Regardez Elisabeth.  Voyons…je pense qu'il serait bien d’aborder le problème en cherchant tout ce qui est relatif aux croyances athosiennes. Peut-être y a-t-il des infos à piocher dans toutes ces fadaises ?
Sur l'écran une image rouge clignotante apparaît.
 
Accès interdit
 
- Vous voyez ce que je voulais dire Elisabeth ?
- Heu, non, pas vraiment. Vous avez voulu faire quelque chose qui vous est encore interdit, mais en dehors de cela, je ne vois rien de nouveau.
- Ce qu'il y a de nouveau, c'est que je n'avais encore rien fait. Je l'avais juste suggéré. Cela confirme l'idée que la personne qui dirige le dit virus doit être présente dans la cité. En d'autres termes, je suis certain que le colonel Sheppard et le major Lorne, ainsi probablement que leurs charmants parasites, ont investi la cité pendant que nos hommes se concentraient sur la porte.
- Comment ?... évidement... avec le jumper en mode occulté. Est-ce que vous pouvez les localiser ?
- Je m'y atèle depuis la fin de l'attaque mais macache, rien, toujours le même message clignotant. Mais je pense que l'on pourrait contourner le problème en se passant de l'informatique. 
Le docteur Weir jette un regard neuf et tout surpris sur l'informaticien. Celui-ci voit de suite de quoi il en retourne.
- Je sais ce à quoi vous pensez Elisabeth, mais je suis capable d'agir aussi sans l'aide de microprocesseurs...Vous ne vous souvenez pas d'un certain sandwich de dinde ?
- Ce n'est pas votre volaille lyophilisée qui nous aidera à retrouver nos amis vivants.
- Détrompez-vous. J'ai une idée. 
 
 
 
***
 
 
Le jumper ne progresse plus. Il flotte, statique et invisible dans un couloir proche de l'infirmerie.
L'idée de base était de sillonner les principales artères de la cité à la recherche des alliés puis de contaminer ou tuer les derniers survivants. Mais il fallait bien aux entités se rendent compte de l'évidence. Il n'y avait aucun allié, personne sur qui compter en dehors d'eux-mêmes. Voilà qui contrariait bien les plans si parfaitement orchestrés. Il ne leur restait plus qu'une seule solution, sortir du jumper et tout recommencer.
- Pour une fois, je crois que vous nous surestimés !
John aurait bien aimé dire cela avec une voix sarcastique, mais même en se concentrant sur Rodney pour y puiser de l'énergie, seul un petit chuintement ridicule et à peine audible sortit de sa bouche. Cela suffit pour se faire entendre, mais surtout comprendre.
- Il a raison. Nos hôtes sont périssables et nous avons négligé cette donnée dans notre équation.
- Que m'importe. 
L'entité s'ouvre un peu plus à Evan, canalisant un peu de son être, juste assez pour le percevoir en tant qu’individu de chair, et s’en délecter encore et encore… mais pas suffisamment pour le laisser s’immiscer en lui. L’entité se veut prudente. Surtout maintenant qu’elle est si proche du but.
- Oui, il n'est pas au mieux de sa forme, mais cela me suffit pour agir.
- Non, je ne le crois pas. Leurs amis sont forts et lourdement armés.
- Et alors ? Ils ne tireront pas sur deux des leurs !
- Je crois que tu te trompes ! 
 
Flash
 
Elle le regarde avec beaucoup de tendresse.
- Je suis désolée John !
- Non, Teyla, ne tirez pas !   
 
C'est le souffle coupé que l'entité en Sheppard revit et commente cette expérience.
- Ok, je vois ce que tu veux dire. Il nous faut donc les remettre d'aplomb si l'on veut pouvoir les exploiter encore un peu... 
L'entité est davantage bouleversée par ce souvenir court et intense que son propriétaire. Pour une fois, John revit ce moment comme quelque chose de normal. Il aurait agit de même si la cité et tous ses habitants avaient été en danger. En revanche, il est relativement ravi que le souvenir se cantonne à cet ultime instant. Il n'aurait pas aimé revivre sa rencontre avec Ronon. En y pensant davantage, John se demande si l'entité aurait été jusqu'à lui donner la chance de ressentir encore la chaleur des lèvres d'Elisabeth. A cette évocation, John retient difficilement un fou rire, aussitôt partagé par Evan.
- Tu n'aurais pas préféré te souvenir des lèvres de Carson ? Au fait, y'en a d'autres que tu as embrassés ? Rodney ?
- Ah, pitié ! Pourquoi gâcher ce moment de béatitude ?! 
 
Depuis le début de leurs mésaventures, jamais les deux terriens ne s'étaient sentis aussi détendus. Ils assistent à la discussion des entités avec un réel plaisir. Tant qu'ils peuvent les troubler, ils ont l'espoir de perturber leurs funestes projets. D'un autre côté, se voir à travers la conscience de leur parasite est particulièrement désagréable. Le colonel Sheppard tente, comme à son accoutumer, d'adoucir la vision par une boutade.
- Je suis en bien meilleur forme que toi Evan. Je tiendrai sûrement un round de plus.
- Ne te vante pas. N'en déplaise à ton ego presque aussi surdimensionné que celui de ton Goa'uld pégasien, je ne suis pas si mal que cela. Admire avec quelle aisance je me mouvois dans le jumper. Trois pas et je titube, deux et je me retiens discrètement aux sièges avant.
- C'est une nouvelle chorégraphie ?
- Cela suffit ! 
Le cri est si puissant qu'il semble avoir fait trembler tout le jumper. Décidément l'humour n'est pas le fort des entités. Etrangement, celles-ci paraissent de plus en plus soumises à leur enveloppe humaine, usant de leurs cordes vocales pour s'exprimer alors que paradoxalement John et Evan n'ont jamais été en aussi parfaite symbiose que maintenant.
- Puisqu'il doit en être ainsi, nous allons vous ravitailler... ou du moins reconstituer un peu le corps du major Lorne. Quant au colonel Sheppard... je pense que le plus court chemin vers l'ascension reste l'approche de la mort. Je serai vous colonel, je commencerai ma méditation. Rappelez-vous Teer ! 
 
 
 
***
 
 
 
- Rodney, je pense que vous exagérez. A part vous, je ne vois vraiment pas qui se laisserait prendre à un tel piège.
- Chut ! On voit que vous n'avez jamais été à la chasse vous !
- Non pourquoi, vous oui ? A la chasse à l'orignal ? 
McKay est sidéré par les propos du docteur Weir. A croire qu'en l'absence de Sheppard et de Ronon, il faut impérativement que quelqu'un le taquine.
- Ecoutez Elisabeth, je suis persuadé que l'attaque devant la porte était une diversion. Maintenant avant de nous attaquer il leur faut faire des réserves.
- En armes oui, pas en sandwich de dinde !
- Oh, cela suffit avec cette histoire de sandwich ! Je croyais que vous ne vouliez plus en entendre parler ?
- Oui, je... 
Il faut avouer que pour une fois le docteur McKay est dans le vrai et le docteur Weir, légèrement à côté des réalités. Rodney en vient même à se demander si tout cela n'est pas un cauchemar ou un rêve comique, avec erreur de scénario.
- Je suis navrée Rodney, mais je me sens étrangement impuissante. Les militaires s'autogèrent comme ils peuvent et ma foi, je dois avouer qu'ils mettent parfaitement en pratique les dernières consignes du colonel Caldwell. Les médecins quant à eux, ont terminé de soigner les contaminés et attendent de pieds fermes qu'on leur expédie les deux colis... quant à moi, je suis là et je vous regarde tendre un filet...
- De bœuf !
- Pardon ?
- Tendre un filet de bœuf ! Je plaisantais Elisabeth. Puisque vous vous comporter comme Sheppard, j'en fais autant. Chut... écoutez ! 
 
Un léger vrombissement puis un cri, suivit aussitôt d'un autre. Aucun doute, le jumper est dans la salle de restauration. Elisabeth et McKay portent leur regard tous azimuts, s’attendant à voir apparaître leurs amis en quête de victuailles. L’attente est de courte durée, mais le résultat n’est pas celui espéré et la panique gagne les deux terriens lorsque résonne dans le jumper et dans toute la salle le bruit d'une arme à feu puis d'une alarme, immédiatement suivit par la fermeture automatique des portes de la cité.
 
 
***
 
 
Le jumper a repris son avance lente, méthodique.
- Je ne suis plus certain que cela soit une bonne idée.
- De quoi parles-tu ?
- Si je l'accompagne aux portes de la mort dès maintenant, lui et moi ne pourront t'être utile au moment de l'assaut. Pourquoi dans ce cas m'avoir fait venir ici?  Peut-être pour se débarrasser d'un concurrent.
- Bien au contraire. Quand vous serez ascensionnés, tu pourras m'aider et détruire toute vie humaine qui ne me soit utile. Et te tuer toi aussi !
-Et s’il meure. Je mourrais soit en certain. Je ne m'élèverai pas en t'entraînant avec moi. Ma chute sera la tienne !
- Alors tu prendras possession de qui tu veux. La cité regorge de vie et d'eau. Et s'il prenait possession de ton corps, de ton hôte ? Avoue que tu jubilerais d'en faire autant !
- Oui, j'aurai le choix et pleins de nouvelles expériences à vivre. Pas une fois que tu les auras toutes détruites. Et après, une fois que la cité sera notre ? Sera sienne !
- Alors nous serons de nouveau les maîtres de l'univers. Les humains seront nos esclaves. Je régnerai sur le monde réel et toi sur le plan des anciens. Tu en feras tes propres esclaves.
- J'aimerai... Et ça se prétend égal de Dieu ! Mais quel naïf. Il sera maître sur Pégase mais toi tu ne seras rien. Crois-tu que les Anciens se soumettront ? Et par quels miracles comptes-tu les assouvir ? Ah ça, il t'a bien eu. Tu vas agir sur notre plan d'existence car là sera ton pouvoir mais ailleurs, tu ne seras rien ! ... Mais si je ne quitte pas Pégase ?
- Alors nous partagerons ce pouvoir. Des miettes ! Il ne te laissera que des mondes tout aussi caillouteux que ceux des Anciens ! Il va te berner !
- Prouves-le et laisses-moi envahir complètement ce corps. Si nous devons partager la galaxie, nous pouvons partager cet hôte.
- C'est hors de question !
- Pourquoi ? Oui, bonne question ça, pourquoi ?
- ... Tu es fait comme un rat ! Tu veux voir l'image ? Un petit rat pris dans la souricière avec le fromage tendre et olfactif juste sous ses moustaches !
 
John et Evan titillent avec finesse l’animosité latente qui existe entre les deux entités.
Le désir pour celle de Sheppard de ne pas régresser et d'assouvir pleinement sa vengeance contre les Anciens. Hors de question de se retrouver de nouveau auprès de ces êtres qu'il méprise plus que tout, s'il ne peut en être le maître absolu. Hors de question également de quitter ce plan d'existence si le prochain ne lui apporte pas davantage d'emprise... ce qui tout d'un coup semble beaucoup moins évidant.
Quant à l'entité de Lorne, elle se vit comme unique détenteur du savoir et de la connaissance. Elle voit son homologue psychique comme une version altérée et inculte. Un ami que l'on exploite et jette quand il n'est plus utile, ce qu'en définitive elle avait bien l'intention de faire. Mais maintenant, elle s'interroge. Le pourra-t-elle aussi facilement ? Ses pouvoirs seront-ils toujours supérieurs à ceux de l'autre entité, une fois celle-ci ascensionnée. Quand elle avait vu en Lorne l'existence de cet autre entité, de ce passé qu'elle croyait disparu, elle avait cru y lire du pouvoir, l'occasion d'associer ses forces et de décupler son génie. Mais finalement elle avait pris le risque de le diviser au contraire. Et maintenant elle allait en payer le prix. Mais ce ne serait pas sans entraîner avec elle le colonel Sheppard, le major Lorne et la cité toute entière.
 
 

Laisser un commentaire ?