New Orleans Haunted Tour

Chapitre 7 : Morts ou vifs

3782 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/11/2017 13:58

MORTS OU VIFS

sSs

New Orleans, Cimetière Saint Louis n°1

Le portable de Sam géolocalisant précisément leur position, ce dernier fut bientôt en mesure de lui indiquer une très modeste crypte que Dean éclaira à la lampe torche en fronçant les sourcils. C'était si petit qu'il doutait sérieusement qu'un cercueil entier puisse tenir à l'intérieur. Pourtant une plaque assez défraîchie, gravée en lettres cursives indiquait en français :

Madame Delphine Lalaurie, née Marie Delphine Maccarthy, décédée à Paris le 7 décembre 1842, à l'âge de 66 ans.

A côté de lui, son frère résuma à mi-voix ses propres inquiétudes tout en y apportant une plausible explication. C'était ça d'avoir fait des études…

— Un cercueil ne tiendrait pas là-dedans. Tu crois qu'ils ne l'ont pas rapatriée ici tout de suite ? Ou dans un... euh… réceptacle plus petit qu'ils ont réenterré ici ?

Dean hocha lentement une seule fois la tête de côté. En fait, il n'en avait pas la moindre idée. Un instant, il avait même eu peur qu'il ne s'agisse que d'une simple plaque commémorative et qu'il n'y ait rien de plus qu'une simple « tombe symbolique ». Malgré sa triste réputation d'esclavagiste tortionnaire, justifiée par les perquisitions de l'époque, cette « bonne » Delphine était la cousine du Maire de la ville et Sam lui avait raconté qu'elle avait passé son temps à épouser des types pleins aux as… D'une certaine façon, dans l'esprit tordu de ce siècle, c'était une « notable » et un genre de célébrité. Peut-être que l'office du Tourisme estimait bon pour les affaires qu'il y ait une tombe, quitte à en monter une de toutes pièces ?

— C'est exactement ce que j'étais en train de me dire… mentit-il éhontément.

Agenouillé près de la petite construction, la lampe torche entre les dents, Sam essayait de voir à tâtons si une partie de cette stèle n'aurait pas été amovible. Dean fit bientôt la même chose de l'autre côté et ne tarda pas à trouver sur l'arrière, un panneau de pierre plus friable dont il attaqua l'un des coins déjà abîmé à l'aide du pied de biche. Le son dur du métal sur la pierre résonna avec fracas ce qui le fit s'arrêter instantanément avec un regard d'excuse.

— Ça sonne creux ! lança Sam réjoui. Bonne piste. Mais enveloppe le bout avec ça, sinon on va rameuter tout le quartier…

Son cadet lui tendit un chiffon qu'il avait dans la trousse à outils et pendant qu'il fourrageait dedans une minute, Dean lui demanda entre deux coups dont le clang abrupt était à peine étouffé :

— Qu'est-ce que tu cherches ?

— Faudrait un truc pour fragiliser cette vieille pierre parce que l'angle d'attaque n'est pas terrible ici tout en bas et tu vas y passer une plombe… Qu'est-ce qui pourrait faire une micro-explosion ?

Au loin, des aboiements de chiens hurlant à la mort, très certainement à cause d'eux, vinrent leur offrir une aide inattendue pour masquer leur intervention, car Dean tapait en cadence, et entre deux, poussait les débris de pierre. Il s'arrêta un moment avant de s'aplatir par terre en approchant sa lampe de poche.

— Il y a bien un truc rectangulaire, une sorte de boîte, confirma-t-il en scrutant par le trou qu'il avait réussi à élargir.

— Fais voir ?

Sam s'était approché et inspectait à son tour l'arrière de la stèle. Il tendit la main pour avoir le pied de biche et il engagea la partie crochue dans le trou et se mit à tirer vers lui au lieu d'essayer de défoncer la pierre. Dean était bien entendu assez soupçonneux sur le procédé mais quand il vit le sourire de triomphe de son frangin, il dut se rendre à l'évidence.

— Oui ! faisait-il en lui adressant un éblouissant sourire. Ça coulisse en fait !

Le plus jeune retira la portion de pierre plate qui s'encastrait en réalité dans deux rainures et sans perdre de temps, pendant qu'il faisait ça, Dean tendit les mains en avant dans l'ouverture pour attraper un petit coffre en bois.

— Aïe ! fit-il en les retirant instinctivement. Y a un truc qui m'a piqué… expliqua-t-il en levant la main où une épine noire était restée enfichée.

Il fit mine de la retirer et de porter la blessure à sa bouche pour sucer le sang mais son frère l'arrêta.

— Surtout pas ! Regarde ces symboles vaudous ! Attends, attends… Merde… Qu'est-ce que j'en ai fait ? dit-il pour lui-même en fouillant les poches de sa canadienne.

Il sortit une petite fiole ronde qu'il déboucha aussitôt.

— File-moi ta main, vite…

— Qu'est-ce que tu vas me faire ?

— C'est de l'huile sainte, je vais l'enflammer pour purifier ta main car je suis presque sûr que c'est un dispositif de sécurité placé ici contre les pilleurs…

— Eh bah, vas-y mets en une bonne dose, car cette main-là, mon vieux, c'est pas la plus innocen…

— La ferme, Dean, c'est pas drôle. Regarde ta paume… ça gagne vite !

Force était de constater que le frérot ne s'alarmait pas pour rien. De vilaines nervures noires recoupant sans doute son réseau veineux commençaient à apparaître et à s'étendre graduellement pendant que la peau prenait une teinte violacée assez inquiétante. Sans marquer la moindre hésitation, Sam versa l'huile sur la main tendue et alluma son Zippo qu'il avait préparé.

— Ah ouais quand même… Mais… t'es sûr de ce que tu fais ? s'inquiéta Dean. A la base, j'avais pas prévu de finir au barbecue…

— J'ai trouvé ça dans le journal de papa… et pour être très honnête, c'est du jamais testé, mais faut pas traîner. Si ça gagne ton bras…

Il n'eut pas besoin de finir sa phrase. L'expression franche de l'aîné, inquiet de voir son poignet noircir, signifiait très clairement « on s'en fout, fais-le ». Sam venait de découper petit morceau de sa chemise pour l'enflammer et l'approcha de la main de son frère. Dean siffla et serra les dents mais tint bon car de toute évidence l'opération fonctionnait plutôt bien, même si ça faisait un mal de chien. Encaisser la douleur, il avait fait ça bien plus longtemps en Enfer.

Quand toutes les veinures noires furent chauffées à blanc et comme désagrégées, Sam éteignit tout et accepta le regard de reconnaissance de son frère en recommençant à respirer largement. Il n'était pas sûr que ce truc leur resserve jamais un jour, mais c'était efficace[1]. Ça tombait plutôt bien qu'il vienne de le relire récemment car il avait totalement oublié.

— Qu'est-ce qu'on fait pour cette boîte finalement, on essaie de l'ouvrir ? s'enquit Dean en faisant jouer des doigts en faisant la grimace.

— Si tout le coffret est piégé, ça pourrait être dangereux. Imagine qu'elle se mette à cracher plusieurs de ces épines. On n' aurait pas assez d'huile... Non pas le temps de finasser. On la crame sans l'ouvrir, tant pis.

— J'adore ce plan ! répliqua Dean en approuvant vigoureusement du chef.

— Hein, un peu que tu l'aimes… fit le cadet en arrosant la boîte d'essence avec sa recharge à briquet. Mais deux précautions valent mieux qu'une. On va le faire à distance et à couvert. Je connais un peu la bourgeoise et elle était vicieuse…

— Qu'est-ce que tu veux faire ?

— Juste mettre la stèle, ici présente, entre la boîte qui flambe et nous…

Sam le tira par la manche et s'accroupit derrière le petit monument avant de balancer des petits morceaux de papiers enflammés lestés par des cailloux. Le résultat ne se fit pas attendre, un whoosh chuintant se fit entendre très vite suivi d'un crépitement timide. Le bois était certes vieux, mais la cassette posée à même le sol humide ne s'enflammait pas aussi vite que prévu... Une longue plainte glaçante résonna soudain dans l'air. Un souffle de vent assez violent se leva.

— C'est toi Sammy qui a fait ça ? interrogea Dean en plissant les paupières pour mieux voir.

— Non Scooby-Doo, c'est pas moi, mais plutôt celui-là ! dit-il en désignant une courte petite silhouette endimanchée au visage effrayant qui venait d'apparaître à côté de la boîte.

Elle s'effaça aussitôt pour réapparaître juste derrière Sam brandissant haut un poignard assez large, maculé de rouille. Dean prit appui et leva la jambe, il tapa dans le poignet solide du spectre qui gronda en tournant son visage atroce vers lui. Sa ligne de défense sournoise consista vite à disparaître et réapparaître juste derrière eux pour essayer de les poignarder. Jamais il ne leur offrait de prise et il tentait systématiquement de les avoir dans le dos.

— Occupe-le pendant que j'accélère le bûcher… ordonna Dean.

— Compris !

Dean s'approcha de la petite caisse qui crachotait en dégageant une épaisse fumée noire. Il sortit sa propre recharge d'essence et laissa tomber son briquet allumé dessus d'un geste théâtral. Et pendant qu'il contemplait le spectacle fascinant des flammes, il vit arriver au-devant d'eux, de l'autre côté du rideau de chaleur dégagé par les flammes plus hautes, un autre gars blond inconnu, en jean et blouson bombers, tout mince avec une casquette et une queue de cheval.

— Tirez-vous de là tout de suite ! ordonna Dean avec un regard terrible et de grands gestes.

— La police arrive, les gars ! déclara l'inopiné maigrichon. Quoi que vous fassiez, vous feriez mieux de laisser tomber et de partir tout de suite.

— Cassez-vous je vous dis, avant d'être blessé ! réitéra Dean.

— Blessé par quoi ?

Une courte silhouette spectrale apparut juste devant lui, leva son vieux poignard rubigineux et avec une grimace mauvaise l'enfonça dans le ventre de l'intrus jusqu'à la garde. Il s'effondra avec un hoquet surpris. Sam se précipita vers l'homme à terre tandis que Dean attrapait le pied de biche dans l'intention manifeste de défoncer le coffret.

Plus loin dans la rue, le son d'un freinage sportif et de la gomme arrachée signala l'arrivée d'une voiture. Des bruits de pas et de voix commençaient à se faire entendre de l'autre côté du grillage.

— Il faut comprimer votre blessure, vous m'entendez ? Ne vous inquiétez pas, la police va vous emmener tout de suite à l'hôpital… Mettez vos mains là et comprimez… insista Sam.

Le jeune homme au sol, grimaçant de douleur ou de peur, luttait pour rester conscient.

— Alors vous êtes de vrais chasseurs finalement ? dit-il à mi-voix d'un ton incrédule.

— Sam, le coupa Dean. Faut qu'on parte, tout de suite !

Avec un regard navré pour le malchanceux, le plus jeune des Winchester se releva et courut à la suite de son aîné sur ses longues jambes élastiques à l'intérieur des allées du cimetière sur quelques mètres. Puis, les deux frères coupèrent à quatre-vingt-dix degrés à travers les cryptes et se firent la courte échelle pour escalader le mur. La voiture était à quelques pas de là et ils s'y engouffrèrent avant de démarrer tous feux éteints.

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xXx

Chicago, la même nuit de novembre, au Comic Con

Mulder avait regardé avec un rien de désespoir la file d'attente invraisemblable des gens déguisés qui attendaient l'ouverture du Comic Con. Des nuées de participants jeunes ou moins jeunes, le sourire extatique aux lèvres, se regroupaient et bavardaient avec animation en admirant leurs costumes. Par force, il se sentait vraiment étranger au phénomène et regrettait vraiment d'être venu là tout seul. Mais avec les Lone Gunmen en train de pister les Winchester, il n'avait pas trop le choix. Juste au cas où, il consulta son téléphone et y lut un texto laconique de Byers qui disait seulement : « Ils sont de retour à Nola. Sur écoute. L'un d'eux parle de Scully au grand dam de Melvin ». L'ancien agent du FBI rempocha son téléphone en souriant. Frohike faisait un ange gardien parfait.

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En parlant d'ange gardien, une belle fille aux longs cheveux bruns détachés entra dans son champ de vision parce qu'elle portait, entre autres choses, une paire de fausses ailes dans le dos. Elle avait aussi un pantalon noir très moulant, un blouson de cuir sur un tee-shirt gris à tête de mort. En le frôlant, elle dérida son visage grave aux yeux très sombres quand elle lui adressa un sourire en coin. Son air indéfinissable lui rappelait la victime d'une ancienne enquête à Los Angeles qui datait bien de quinze ans. Kristen, la femme désespérée qui voulait devenir vampire… C'était l'ombre dans son regard qui la rendait attirante. L'ombre et une sorte de grâce distante et désabusée semblant chuchoter insidieusement quelque chose de prometteur qui ressemblait à « pas maintenant, mais bientôt ». Il ne savait pas qu'il avait exactement le même air désenchanté qu'elle, aujourd'hui.

Pourtant, alors qu'il relevait les yeux un peu machinalement, par-dessus son épaule emplumée une vision l'arrêta instantanément en le clouant sur place, oblitérant instantanément toute autre considération. Là, à quelques mètres de lui se dressait la silhouette maussade de quelqu'un qu'il croyait mort depuis au moins douze ans : l'insondable … M. X ! Cette présence improbable dont tout le portait à douter, chassa aussitôt toute décontraction de son organisme. En état d'alerte, il oublia la fille canon quand il croisa le regard dur et méprisant du grand homme noir qui avait été son informateur réticent et peu fiable après la mort de Gorge Profonde.

Toujours à la lisière de l'ami et de l'ennemi, l'ambigu X se livrait si peu que Mulder n'avait jamais su ce qui guidait ses choix, ni pourquoi il décidait de l'aider ou pas. Cet homme aux loyautés partagées avait tué impunément des gens pour le seul motif d'empêcher Mulder de leur parler et d'accéder à certaines informations cruciales. Une énigme totale. Et c'était très désagréable à dire pour un profiler de son acabit.

Aussi étrange que cela paraisse et malgré les années, X était encore vêtu d'un long pardessus noir, assez similaire aux costumes dans lesquels il l'avait toujours vu, et qui hurlaient toujours « FBI » à qui avait des yeux pour voir. Ses cheveux crépus n'étaient pas plus blancs mais ses traits au teint le plus sombre étaient vraiment incroyablement plus durs que dans son souvenir. Un tour de force…

Mulder n'était pas un sanguin. Intuitif et cérébral, il se faisait fort de rester cool face aux nombreux cas que sa carrière avait jeté en travers de sa route. Mais là, son sang n'avait fait qu'un tour. Une colère froide venait de s'emparer de lui et pour la première fois il se prit à considérer avec recul que Scully avait peut-être raison : son nouveau traitement semblait désinhiber la plupart des émotions pénibles auxquelles il avait dû serrer la bride, depuis le traumatisme foncier de son enfance : l'abduction de sa sœur Samantha. Sa dernière séance de psy l'avait conduit à reconnaître qu'il n'avait fait qu'enterrer tout ça et penser qu'il en triomphait de la sorte. Mais rien n'était réglé. Loin de là.

X était debout. Et il n'avait pas l'air d'un spectre… Ce séide de l'Homme à la Cigarette l'avait simplement mystifié… A l'époque, il avait cru à sa mort. Cru au message qu'il lui avait mélodramatiquement laissé en lettres de sang. Tout était-il donc toujours faux et mensonger ? Il pencha la tête avec un rictus presque sauvage, oubliant une seconde à cause du choc, le credo qu'il avait fait sien des années et des années auparavant, en rejoignant le service des Affaires Non-Classées : la vérité est ailleurs. Oubliant qu'avec l'Homme à la Cigarette, dont il était à la fois le pion et le pantin, X n'avait peut-être pas eu d'autre choix que simuler sa mort comme seule solution de survie.

Un homme beaucoup plus petit venait de le rejoindre. Caucasien, large comme un tonneau, châtain clair et barbu, il l'air totalement revêche et épuisé. Ils faisaient bien la paire tous les deux. Bien qu'ils soient loin et se parlassent à mi-voix, leurs postures suintaient le désaccord. Fox qui faisait un effort pour observer au lieu de courir vers eux et le sommer de s'expliquer, surprit leur regard insistant et relativement malveillant sur la fille brune. La part la plus chevaleresque de lui (elle existait finalement) avait envie de s'interposer pour la défendre : deux vieux types louches et armés contre une jeune femme ? Mais la part analytique qui ne dormait que rarement lui soufflait que la beauté était peut-être une criminelle d'un autre genre. Une hackeuse ? Dieu savait que le FBI tenait à ses putains de secrets nauséabonds…

Semblant prendre enfin conscience qu'il était épié, X se retourna vivement et lui adressa un regard furibond qui n'impressionna pas Mulder. Il pouvait bien fulminer de devoir reconnaître qu'il avait encore menti ! Il se sépara de son petit acolyte qui le considérait d'un drôle de regard curieux tandis que Mulder y vit un signal. D'eux-mêmes ses pieds se mirent en mouvement et il fendit la foule pour se diriger doit vers la grande silhouette de l'ancien informateur en fendant la foule. Ce dernier restait là, comme stoïque et drapé dans son plus profond mépris.

— Espèce de fils de pute ! déclara Fox sans autre forme de politesse. Vous n'étiez pas mort ? Toutes ces années, vous vous étiez planqué ?

— Que voulez-vous ? rocailla la voix de son vis-à-vis d'un ton brusque.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? Est-ce que vous me suiviez ?… rétorqua Mulder tendu et méfiant.

— Le monde ne tourne pas autour de vous et de vos obsessions ordinaires, agent Mulder. Ce que je fais ici ne vous regarde pas. Et pour votre gouverne, je vous déconseille fortement de dire à quiconque que vous m'avez vu, c'est clair ?

— Vous me menacez ?

X afficha pour la première fois ce qui pouvait ressembler à un sourire. Il fallait bien se rendre à l'évidence, c'était passablement effrayant.

— Je n'ai vraiment pas le temps pour ça. Dégagez d'ici et… si vous tenez à la vie, restez loin de cette fille.

— Elle est suspecte ? Dans quoi trempe-t-elle ?

— Vous n'avez pas idée. Mon collègue et moi on s'en occupe. Faites ce que vous avez à faire. Vous cherchiez quoi ?

— Un écrivain. Edlund.

— Parfait, c'est au fond et à l'autre bout, ça me va.

X lui tourna le dos sans autre forme de procès probablement pour aller rejoindre son collègue.

Sous les spots crus qui lui faisaient cligner des yeux, Mulder le suivit longtemps des yeux, à peu près certain que c'était important… Il partit à reculons pendant quelques pas pour essayer de voir où il allait, puis se dit qu'il devrait lâcher prise. Tout ça c'était du passé. Il n'était pas venu pour chasser de vieux fantômes et puisqu'il était seul, il fallait qu'il se concentre juste sur ce qu'il était venu faire. Il ne pouvait pas dire à Scully de faire profil bas et se comporter comme une tête brûlée…

Avec un effort de volonté, il inspira profondément et parcourut la signalétique des yeux pour essayer de trouver où se passaient les signatures et autographes. Il suffisait de suivre le flot, il emboîta le pas des autres participants qui ouvraient la voie en riant.

Les rouages de son esprit étaient ainsi faits : l'idée le frappa deux minutes plus tard avec force lorsqu'elle se présenta à lui dans toute sa glorieuse simplicité. Et si X était celui qui avait renseigné Carver Edlund sur certains fonctionnements du FBI qui apparaissait dans ses romans ?

Il haussa une épaule. Matériellement peut-être possible, mais un peu invraisemblable. X étant foncièrement égoïste la seule raison aurait été qu'il y trouve un avantage quelconque. Lequel exactement, il ne saurait pas lequel avant d'avoir rencontré l'écrivain en personne.

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sSs

Bobby Singer revint docilement vers son acolyte qui avait la gueule de travers comme jamais. Il était à deux doigts de dire « comme s'il avait vu un fantôme » mais il savait bien que ce n'était pas de nature à inquiéter son vieil ami. Par contre, quelqu'un capable de le faire sortir comme ça de ses gonds… c'était intéressant. A la longue, Bobby avait fini par comprendre que Rufus faisait la tronche presque trois cent soixante-cinq jours par an tout en étant adepte de la plus éclatante mauvaise foi. Il avait l'air furieux quand il voulait qu'on lui flanque la paix, ce qui signifiait qu'il était vraiment mal. Il cligna des yeux et fit suivre d'un mouvement de tête impatienté. [2]

— Un problème avec lui ?

— Non. Où est Ruby en ce moment ?

— Derrière toi. D'où tu le connais ce type ?

— Je le connais pas. Ne la quitte pas des yeux.

— Rufus, tu fais chier. Je sais que tu le connais. Je vois que tu le connais. Lui s'est comporté comme s'il te connaissait. Donc maintenant, tu me dis comment ça se fait ou pas ?

Étonnamment, le géant noir soupira prenant l'air… embarrassé. Sa grande moustache tombante frémit à peine lorsqu'il dit à mi-voix :

— J'ai pas toujours été chasseur, tu sais ? J'avais un autre boulot avant.

— Un boulot où tu fréquentais des gars du FBI ? s'enquit Bobby avec une moue pincée bien sarcastique. Je me disais que t'avais l'air bien trop naturel dans ce costume…

— La ferme. C'est pas le moment d'en parler. Tu as toujours Ruby en visuel ?

— Oui, qu'est-ce que tu crois ? Elle sait qu'elle ne craint rien dans un lieu public comme celui-ci.

— C'est bien. Qu'elle continue à le croire ! Si on peut la choper, ton petit protégé Winchester sera débarrassé de sa mauvaise influence et tout ce qu'elle peut manigancer avec les Sceaux sera sérieusement retardé… T'es partant ou pas ?

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(à suivre)

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[1] Par exemple au début de la saison 12, qui sait ?

[2] Eh oui, il n'y a pas que Mitch Pileggi à faire partie des deux séries pour jouer Sam Campbell / Walter Skinner. Il y a aussi Steven Williams qui incarne Rufus Turner / Monsieur X.

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