Au secours d'Asuna

Allongé tranquillement sur un lit de paille assez rustique, au sein de l'auberge que nous venions de découvrir, je repensais tranquillement aux événements de la journée. Celle-ci avait commencée en fanfare avec notre rencontre accidentelle avec un groupe de fées salamandres lourdement équipé, aboutissant à la destruction de celui-ci, avant de se poursuivre plus avant avec une course poursuite vers l'Arbre Monde. Pour ensuite finir sur une longue traversée du marais, ainsi que le fait d'être pris dans une quête du jeu nous empêchant de sortir de cette zone. Du moins était ce maintenant ce que nous pensions, après avoir parlé un peu avec la patronne, et unique employée de l'Auberge.

Prénommée Etsuko, celle-ci avait tardé à venir à notre arrivée, et était arrivée ensuite en courant suivit d'un chaleureux "Ouai, ouai, il y a peu le feu. Et faites gaffe, ici on ne casse rien les blanc-becs. Enfin bref, vous désirez quelque chose à boire, monsieur, dame?". D'un caractère assez direct, et qui ne faisait pas de manières, la patronne était quelqu'un d'assez jeune, la vingtaine, avec une coiffure à la garçonne plutôt courte, quelques anneaux à l'oreille qui lui donnaient un air rebelle, et un équipement la désignant assurément comme une aventurière. Elle possédait ainsi un simple pantalon de cuir noir, un plastron en fer forgé, ainsi qu'une hache attachée à sa hanche. Assez étonnement, l'on avait appris qu'il n'y aurait pas besoin de payer pour séjourner ici, la gérante étant toujours heureuse d'avoir de la visite dans ce lieu perdu, quand bien même il s'agissait de deux "blancs becs" dans notre genre.

Finalement, après avoir commencé à dîner, et avoir échangé quelques mots avec Leafa nous avons commencé à décider de parler avec Etsuko, afin de savoir comment sortir d'ici. Après lui avoir posé quelques questions, l'on put juste apprendre que d'après elle il s'agirait d'un endroit normal un peu paumé, pas particulièrement impossible à sortir, mais qu'il est vrai qu'il y avait assez peu de client du fait de la location pas très bien choisie. Impossible pourtant qu'elle ne se soit pas rendu compte d'un bug... Après en avoir reparlé avec Leafa dans sa chambre plus tard, elle pense que c'est car il devrait sûrement s'agir d'un PNJ dont il faudrait réussir la quête pour partir d'ici. Pour preuve, celle-ci n'abordait aucunement les oreilles longues et pointues, caractéristiques des différentes races de fées disponibles à la création des personnages. Bref, donc notre mission pour maintenant, faire parler la PNJ pour découvrir la quête, finir la quête, partir d'ici. Et l'on se mit d'accord que nous pourrions finalement attendre jusqu’à la fin de la nuit prochaine pour essayer de réussir la quête, avant d'utiliser les cristaux de téléportation pour partir d'ici, quitte à perdre un temps précieux dans notre périple, en s'éloignant de l'Arbre Monde. A bout de force, je m’enfonça alors un peu plus dans mon lit et m'endormis.

***

Un soleil éblouissant brillait dans le ciel, tandis que je regardais le ciel bleu qui s'étendait à perte de vue. Le brouhaha d'une grande rue marchande résonnait autour de moi, et alors que je me demandais où j'étais, une voix féminine me demanda "Et alors Kirito, toujours perdu dans tes pensées ?". Je tourna alors la tête pour me retrouver devant une fille aux longs cheveux châtains, habillée d'une tunique rouge et blanche aux armoiries de la confrérie des chevaliers. Un insigne spécifique la désignait comme sous-chef de sa guilde. Je me rendis alors compte que j'étais de retour dans Sword Art Online, et que la personne devant moi était celle que j'essayais de sauver. Que j'essayais de sauver... mais de quoi exactement ? Et j'étais de retour par rapport à où déjà? Mince, on dirait que j'étais vraiment en train de rêvasser.

- Hum ? Oh juste un peu, Asuna. De toute façon il ne peut rien nous arriver en ville, autant en profiter pour se détendre un peu.

- Ah la, la. Il faut toujours que tu sois insouciant n'importe où, en ville ou pas, ce n'est pas cela qui change grand chose. Heureusement que les membres de la guilde ne sont pas comme cela, où je n'aurai pas fini de me faire du mouron. Enfin bref, n'oublie pas d'ouvrir l'oreille, et d'essayer de repérer un informateur. La mission du jour étant cruciale.

- Oui bien sur. Et sur quoi on doit l'interroger déjà?

Asuna pris alors un air étonnée, et finalement haussa les épaules en soufflant de dépit. Cela ne devrait même plus la surprendre après tout ce temps passé avec lui. Elle décida donc de laisser passer, et lui répondit calmement.

- L'on cherche des informations sur le boss du palier, pour pouvoir préparer une stratégie avant de l'attaquer avec une coalition de plusieurs guildes. On n'est qu'au palier 30, et déjà 4000 joueurs sont morts, autant ne pas augmenter ce nombre en fonçant sans stratégie. Normalement, on y aurait de toute façon été obligé, mais ici des traces de pas, puis de fuite ont été trouvées près de la chambre du boss. Donc les informateurs sont ceux qui ont le plus de chances de connaître ces personnes, ou d'avoir acheté des informations sur le boss du palier à celles-ci.

Ah oui, je me rappelais. Sword Art Online, les joueurs morts en masses après avoir été emprisonnés, et la mission donnée par le programmeur du jeu de finir les 100 paliers du jeu pour pouvoir permettre à tous les joueurs survivants de sortir d'ici. Quoique, après 7 mois, l'espoir des gens de partir d'ici diminuait peu à peu, et nombreux étaient ceux à considérer ce monde virtuel comme leur monde maintenant. Ainsi, l'on voyait de plus en plus de gens abandonner la vie d'aventurier, et essayer d'ouvrir des magasins, créer un système politique, devenir troubadour...

Finalement, après avoir questionné plusieurs personnes au marché, impossible d'y trouver des informateurs aujourd'hui. Cela aurait été plus pratique s'il y avait eu un lieu précis pour les trouver, mais les informateurs avaient tendance à beaucoup voyager pour récolter des informations, et l'on finissait invariablement donc à ne jamais savoir où les chercher. Au moins, restaient ils souvent dans les grandes villes quelque temps pour pouvoir vendre leurs informations.

- Eh, regarder Kirito. De la viande d'hydre !! Je n'en avais encore jamais vu dans le jeu. Il faut absolument que j'en achète, je vais pouvoir débloquer de nouvelles recettes avec cela.

- De la viande d'hydre ? L'on devrait en profiter pour inviter les autres à manger du coup, un petit repas, puis une petite sortie à un des bals de la ville pourrait être sympathique. L'on voit des affiches partout pour cela depuis tout à l'heure.

- Eh, ça serait une super idée. Par contre tu imagines la tête de Silica si je cuisine de la viande d'hydre ? Avec sa peur des serpents, cela serait amusant à voir. Ah, ah, ah. Enfin bref, cherchons quelques ingrédients pour pouvoir faire d'autres plats également du coup.

Soudain, alors que j'allais répondre, une sorte de langueur me saisit comme ci je n'arrivais plus à bouger. J’eus juste le temps de me dire "Tiens, je me rappelle avoir déjà vécu cette scène", avant de revenir à mes esprits.

***

Argh... Le mal de tête en me réveillant. J'avais vu des jours meilleurs déjà, mais bon au moins je n'avais pas fait de cauchemars, même si cela me surprenait de rêver d'un de mes anciens souvenirs de Sword Art Online. Le soleil qui filtrait des rideaux au style artisanal, m'indiquait qu'il était déjà tard, j’alla donc réveiller Leafa à sa chambre pour descendre prendre le déjeuner. Lorsque l'on descendit l'escalier, la vieille horloge indiquait 8h49, et une musique au violon se faisait entendre depuis le hall. Curieux, on s'arrêta, et l'on écouta un peu, avant d'en déduire qu'elle semblait venir de la partie bar de l'auberge. En ouvrant la porte, l'on vit Etsuko dans une tenue un peu plus décontractée qu'avant, cette fois-ci sans hache et plastron, mais avec une chemise ouverte sur un t-shirt, qui lui donnait un certain style. Elle était en train de jouer du violon, et même après nous avoir remarqués, elle continua un peu cette musique triste et mélancolique, avant de s'arrêter au bout d'une dizaine de minutes.

- Alors ? Belle musique, n'est ce pas?

- C'était magnifique. Tu l'as apprise d'où ? Je lui répondis en souriant.

- C'est une chanson assez méconnue, que j'ai entendue à la ville de Lindheart. Je pourrai vous en jouer quelques autres dans le futur si cela vous dit. Mais en attendant je pense que vous devez être plus intéressés par un bon petit déjeuner, non?

Mon ventre ayant répondu par l'affirmative avec un gargouillement, Etsuko eu un petit rire, avant de prendre place derrière le comptoir, et de se mettre à préparer le petit déjeuner. Au menu, soupe miso, poisson, et quelques tranches d'omelette roulée à la crème fraîche. Bien décidé à essayer encore une fois de découvrir des éléments pour une quête éventuelle pour partir d'ici, je proposai à Etsuko de manger également avec nous si cela lui disait, qu'un peu de compagnie ne faisait jamais de mal.

- Bien sur, cela sera de toute façon plus sympa pour moi aussi de manger à plusieurs. Il y a tellement peu de monde dans le coin en plus. Oh, et au passage, vous pouvez m'appeler Etsu comme mes amis. Pas la peine de faire de formalités. Enfin bref, vous êtes sûrs que cela ne vous dérangera pas dans votre repas romantique, les tourtereaux ?

- QUOI ? Moi avec lui ? Non, mais pas du tout, c'est juste un malentendu, bafouilla Leafa, dont le rouge montait rapidement aux joues.

- Ah bon ? Il faut dire que l'on voit rarement un garçon et une fille voyager seuls dans le coin. Vous êtes frères et sœur du coup?

- Ah non, rien à voir. Je suis sa guide jusqu’à Alne, la ville qui entoure l'Arbre Monde. Même si là on est un peu perdus. Vous ne sauriez pas quelle direction prendre par hasard ?

- Hum... Pas vraiment. Je n'ai que quelques cartes d'autres villes, mais pas vraiment de cartes pour ici malheureusement. Tout ce que je peux vous dire c'est que vous êtes au beau milieu d'un marais, et c'est déjà pas mal, ah, ah, ah. Oh, et je dois encore avoir une boussole quelque part.

Finalement, après encore pas mal de bavardage, l'on ne découvrit pas d'autres choses qui pourrait aider pour une éventuelle quête permettant de partir d'ici. L'on accepta donc avec plaisir la boussole de Etsu, et j'en profita alors que l'on était de retour dans nos chambres, pour voir avec ma guide, ce que l'on faisait maintenant. Déjà, si avec la boussole une quête avait démarrée, est ce que dans ce monde l'on aurait eu une entrée dans l'un de nos menus?

Quelques minutes plus tard, je savais donc que dans Alfheim Online, les quêtes apparaissaient dans un journal de quête, journal qui était resté vide. Et elle pensait que le mieux serait de fouiller un peu la zone aujourd'hui, au cas où, puis de reparler à Etsuko ce soir, avant de partir comme prévu avec nos cristaux de téléportation si l'on n'avait toujours rien trouvé. Après tout, j'étais toujours pressé, et il valait mieux arriver avec du retard que jamais, non? Arf, je voyais personnellement tout cela mal se poursuivre... Enfin bref, en soupirant je poussa malgré tout la porte qui nous ramenait à nouveau vers le marais extérieur.