I love you too

Chapitre 6 : Chapitre 6 - Canaan

2718 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/01/2017 21:57

Il faisait froid, sombre et l'atmosphère était étouffante. C'est ainsi que Lydia décrivit mentalement cette ville abandonnée. Après des recherches infructueuses pour retrouver Peter, la bande avait décidé de se mettre à la recherche de Canaan par ses propres moyens. Lydia avait réussi à convaincre Scott d'utiliser ses pouvoirs de loup garou pour pénétrer inégalement dans les archives privées de la bibliothèque trois jours avant. Et après quelques heures ils avaient dénichés une vieille carte poussiéreuse où la mystérieuse ville apparaissait toujours. Scott avait d'abord été un peu réticent lorsque Lydia lui avait raconté comment elle avait vu Stiles lorsqu'elle s'était trouvé seule dans la Jeep à l'hôpital psychiatrique. Mais il eut vite fait de se ranger de son côté devant son visage décomposé mais déterminé. Malia quant à elle ne cherchait même plus à comprendre. Elle se trouvait là, aux côtés de trois de ses amis pour une quête impossible dans une ville fantôme et bon, les aventures de la bande ça lui convenait. Tant qu'il n'y avait pas de dread doctors ou de mère meurtrière dans le coin. Liam quant à lui, était persuadé que Lydia avait raison à propos de Stiles. Il en avait trop vu pour ne pas la croire. L'histoire tenait debout, c'était certain.

  • Et maintenant quoi ? Demanda Malia.
  • Et maintenant on cherche un indice, une personne, n'importe quoi qui pourrait nous aider à comprendre.
  • Ok, Liam et moi on va de ce côté là, décida Malia en indiquant la direction d'un grande demeure victorienne abandonnée. Et puis vous... Ben allez où vous voulez.
  • Attends c'est un manoir ça non ? On va trouver des fantômes là dedans ? S'inquiéta Liam.
  • T'es un loup garou non ?
  • Je suppose...

Et ils s'éloignèrent tous les deux, laissant Lydia et Scott en plan, quelque peu désarçonnés par la décision de Malia. Scott traina un peu dans la rue, cherchant ici et là quelque chose, une odeur, un objet... Tout était poussiéreux, comme à l'intérieur d'une vieille maison dans laquelle personne n'aurait fait le ménage depuis un siècle. Tandis qu'elle marchait vers une des maisons, Lydia sentait une couche plus ou moins épaisse sous ses chaussures. A mesure qu'elle avançait, elle laissait derrière elle un petit nuage de poussière en suspension, comme si le temps s'était arrêté définitivement. Pas la peine d'essayer d'ouvrir la porte, celle ci n'en ayant plus. Elle entra donc et entreprit de fouiller, sans vraiment savoir ce qu'elle faisait. Elle trouva sur la table un vieux journal en décomposition. Sans y toucher, elle y lut la date : 1987.

  • Qu'est-ce que vous fabriquez dans ma maison ? S'éleva une voix derrière elle.

Lydia sursauta et se retourna brusquement. Une vieille dame se tenait dans l'encadrement de la porte, le dos vouté et l'expression dure.

  • Je suis désolée... Je pensais que plus personne n'habitait ici, je... Qui êtes-vous ?
  • C'est plutôt moi qui devrait poser cette question. Vous êtes quand même entré illégalement dans la maison de quelqu'un.
  • Il n'y avait pas de porte alors...
  • Comment ça pas de porte ? Il y a une porte vous dites n'importe quoi, s'emporta t-elle.
  • Je suis désolée... Répéta Lydia en reculant en même temps que la vieille dame avançait. Je vais m'en aller maintenant.
  • Vous allez d'abord me dire ce que vous faites ici.
  • Je cherchais quelqu'un, répondit Lydia. Je pensais le trouver ici mais je me suis trompé, donc je vais partir si vous voulez bien. Toutes mes excuses pour le...

Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que la vieille dame l'interrompit.

  • Qui cherchez-vous ?
  • Euh... Stiles.

Au moins, elle dit une part de vérité, même si elle savait qu'elle ne trouverait pas Stiles ici. Mais elle espérait qu'avec ce demi mensonge, la vieille réussirait à déceler son honnêteté. Lydia se trouva acculée dans le coin de la salle à manger maintenant et la dame se rapprocha jusqu'à se trouver à 30 centimètres d'elle. Elle sonda son regard mais ne parla pas. Il se passa dix secondes interminable avant qu'elle se décide finalement à dire quelque chose.

  • Je ne connais pas de Stiles. Mais peut-être que vous pourriez aller au commissariat au coin de la rue, ils pourront peut-être vous aider.

Lydia ne comprit pas, il n'y avait pas de commissariat au coin de la rue, ils avaient tourné au moins une heure dans la ville avant de se garer dans cette rue. Et ils n'avait pas croisé âme qui vive ni commerce en activité et encore moins un commissariat en l'état.

  • Allez venez, je vais vous montrer le chemin, reprit la vieille dame.

Elle saisit le poignet de Lydia et tout ce qu'elle avait vu il y a une seconde changea. Le décor, l'atmosphère, les odeurs. ça n'avait rien à voir. Elle se trouvait à présent dans une salle à manger flambant neuve, avec ses tableaux aux couleurs vives et ses murs immaculés. La vieille dame continuait à la tirer par le poignet et elle se laissa faire, stupéfaite par ce changement soudain. Une fois devant la porte, la vieille dame déclara :

  • Vous voyez, j'ouvre ma porte...

Et en effet, à l'endroit où quelques minutes auparavant se trouvait un trou, il y avait maintenant une porte en bois rose pâle. Et puis elle se trouva dans la rue et elle eut le souffle coupé. Les maisons étaient colorées, les haies taillées, les fleurs écloses. Un enfant faisait du vélo sur un trottoir et un couple discutait sans son jardin. Elle se laissa traîna ainsi jusqu'en haut de la ruelle, et aperçut le commissariat. En face de celui-ci un brouhaha joyeux se fit entendre. Une fête devait avoir lieu dans le parc. Une grande banderole ornait l'entrée de celui-ci et il y avait un va-et-vient de personnes déguisées comme dans les années 80. Lydia se creusa la tête. Entre le journal et la façon dont ses personnes étaient habillées... Ne se trouvait-elle pas précisément dans les années 80 ? Et si la vieille dame faisait un lien entre les deux univers ? Décidément... En comprenant ceci Lydia s'arrêta et agrippa elle aussi le poignet de la vieille dame, elle ne pouvait pas lâcher maintenant.

  • Mais qu'est ce que vous...

Mais la vieille dame ne put terminer sa phrase. Un hurlement strident se fit entendre et le vent se leva, trainant un tas de feuilles mortes dans son sillage. C'est alors qu'elle les vit, les ghost riders, chevauchant de grands chevaux noirs. Elle eut un frisson mais ne bougea pas, observant impuissante la terreur que provoqua les chasseurs autour d'eux. Une jeune fille courut alors dans leur direction mais trop tard, un coup de feu se fit entendre et elle disparut dans un nuage de fumée verte. La vieille dame émit alors un terrible hurlement et essaya de se libérer de Lydia, en vain. Et ces coups de feux, incessants, réguliers, comme le tic tac d'une horloge... Lydia ferma les yeux et attendit quelques secondes. Puis elle se décida à lâcher la vieille dame. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se trouvait exactement au même endroit, mais tout était différent. Les rues étaient à nouveau sales et le quartier abandonné. Liam, Scott et Malia se trouvaient là, médusés. Il fallut quelques secondes à la vieille dame pour qu'elle se décide à parler, les yeux remplis de larmes.

  • Je me souviens maintenant... Chuchota t-elle. Tout le monde a été enlevé par ces chasseurs ! Et ils m'ont laissé derrière.

Liam, Malia et Scott s'avancèrent près de Lydia qui elle aussi avaient les larmes aux yeux.

  • Qu'est ce qui s'est passé ? Demanda Scott.
  • Ils enlèvent tout le monde. C'est ce que Stiles m'a dit dans la Jeep. Ils effacent aussi les villes.

Ils tournèrent le regard vers la vieille dame qui sanglotait toujours.

  • Alors pourquoi elle est ici ? S'étonna Malia.
  • Parce que...

Il fallut à Lydia toutes sa force mentale pour réussir à prononcer ces quelques mots. Cette vérité terrifiante qui s'imposait d'elle même...

  • Parce qu'elle est une banshee.
  • Comment le sais-tu ? Demanda alors Liam.
  • Je l'ai entendu crier.

Tout le monde s'arrêta de parler et même de bouger. Il fallait digérer la nouvelle. Scott fit un pas vers Lydia et la prit par l'épaule.

  • Je sais ce que tu penses Lydia, mais ça n'arrivera pas, on va trouver la solution.
  • Vous ne pourrez rien y faire, dit alors la vieille dame. C'est comme ça, si des gens ont commencé à disparaitre dans votre ville, alors tout le monde finira par se faire capturer par les ghost riders, c'est comme ça. Ils ont marqué votre ville et ils sont inarrêtables. Je me souviens de tout maintenant. J'ai fait des recherches moi aussi, je suis allé de villes en villes sur les conseils de mon petit garçon qui avait été enlevé. J'arrivais à le voir de temps en temps... Et puis j'ai fini par oublier moi aussi...

Puis elle se remit à pleurer. Liam et Malia rejoignirent Scott pour être au plus près de Lydia. Tous les quatre savaient que le temps était compté et qu'il fallait absolument avancer.

  • Allons-y, décréta Lydia. Est-ce que vous voulez venir avec nous ?

Elle avait posé la question à la vieille dame, dans l'espoir qu'elle les suivrait pour ne plus être seule ici. Mais celle-ci remuait la tête de droite à gauche et s'éloigna vers sa maison. Ils la regardèrent pendant un instant et se mirent aussi en marche direction la voiture.

Lydia les déposa chacun chez eux. Elle n'avait pas prononcé un mot depuis qu'ils étaient partis de Canaan, trop occupée à se perdre dans ses pensées. Déjà il y avait cette histoire de Ghost Riders, puis le fait qu'ils effaçaient les villes en plus des gens; ensuite elle avait appris qu'ils n'enlevaient pas les banshee et donc qu'il y avait la possibilité effrayante qu'elle soit abandonnée, à jamais seule. Et puis il y avait Stiles et ses sentiments pour lui. Elle finirait par l'oublier lui aussi, il disparaitrait définitivement, comme sa mère et ses amis. S'il y avait bien une chose que Stiles avait fait ressortir en elle c'est toutes ces émotions qui avaient enlevé l’égoïsme et l'arrogance derrière lesquels elle essayait de se cacher. Et maintenant quoi, on allait tout lui enlever ? Pas question, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Il fallait qu'elle revoit Stiles pour debriefer avec lui de ce qu'elle avait appris. Peut-être que lui aussi avait découvert quelque chose de son côté ? Elle se gara dans l'allée devant sa maison, à côté de la Jeep qu'elle, Malia et Scott avait ramené après l'épisode de l'hôpital psychiatrique. Elle sortit et effleura la portière gelée et aperçut un reflet dans la vitre. Stiles se tenait derrière elle, il souriait. Elle se retourna vivement, pleine d'espoir mais personne ne se trouvait là. Personne d'autre qu'elle même et son amertume. Elle s'attarda quelques minutes, scrutant les alentours et au moins une dizaine de fois toutes les vitres de la Jeep et finit par rentrer chez elle, vaincue. Elle était en train de monter les escaliers lorsqu'elle entendit un grésillement venant du salon.

  • Qu'est ce que...

Elle revint sur ses pas et se rapprocha de la source du bruit. Étrangement, le son sortait de la vieille radio de son grand-père, posée sur la cheminée depuis au moins un siècle. Elle resta plantée là à observer la radio s'affoler toute seule, émettant toutes sortes de sons inaudibles.

  • ...quelqu'un ? Vous m'entendez ?
  • STILES ?

Elle saisit le micro attaché sur le côté de la radio.

  • Tu m'entends ? Stiles ?
  • Oh mon dieu Lydia tu es là.
  • Oui, je t'entends ? Est-ce que ça va ?
  • Oui t'en fais pas pour moi. Est-ce que tu as trouvé Peter ?
  • Non, impossible. On a vraiment cherché partout dans Beacon Hills, il est introuvable. Mais on a trouvé Canaan !
  • C'est vrai ? Vous y êtes allé ?
  • Oui... Répondit-elle d'une petite voix.
  • Tu vas bien ?

Elle s'agrippa au microphone et inspira un grand coup. C'était pas le moment de l'inquiéter encore plus.

  • Oui, on a découvert une ville abandonnée depuis les années 80, apparemment tout le monde a été enlevé.
  • Oh non...
  • Mais il restait quelqu'un. Une dame. Elle nous a raconté comment ça s'est passé.
  • Comment ça ?
  • Eh bien, les ghost riders sont arrivés et ils ont enlevés tout le monde, les uns après les autres. Elle a bien essayé de comprendre après ça, mais elle a aussi finit par oublier, c'est moi qui lui ai fait revenir tous ses souvenirs. Je ne sais pas comment, en la touchant.
  • Toi et tes supers pouvoirs de Banshee.
  • Ouais...
  • Mais je comprends pas, pourquoi elle n'a pas été enlevée comme les autres ?
  • C'est aussi une banshee, je l'ai entendu hurler.
  • Oh... Donc les banshees sont comme immunisés ?
  • Je pense que oui.

Elle n'en dit pas plus. Elle ne voulait pas qu'il sache à quel point cette nouvelle l'affectait. Le fait de perdre tout le monde et de se retrouver seule. Après tout, c'était lui qui se trouvait dans un endroit effrayant. Il fallait qu'elle tienne le coup pour lui.

  • Et toi tu as découvert quelque chose de ton côté ? Enchaîna t-elle.
  • Lydia, tu ne seras jamais seule dans un Beacon Hills abandonné, je te le promets. Je ferais tout pour être avec toi.

Il avait deviné.

  • Après tout, je suis celui qui résout tout non ?
  • Oui c'est vrai, répondit-elle.

Et rien que cette phrase l'avait réconforté. Elle avait confiance en lui.

  • Stiles, as-tu découvert quelque chose ? Répéta t-elle.
  • Pas grand chose... Il y a cette pièce qui émet des annonces dans la gare. J'y ai trafiqué la radio et je t'ai trouvé. Les ghost riders vont et viennent, emportant ou laissant des personnes. Je fais en sorte de me cacher à chaque fois. Je n'en peux plus d'être ici, j'aimerai être à vos côtés et vous aider. Qu'est ce qu'on va pouvoir faire ?
  • Ne t'inquiète pas, on va trouver Peter, il nous mènera peut-être au portail d'où viennent les cavaliers.

Il ne répondit pas tout de suite, et pendant un instant Lydia se demanda si la connexion n'avait pas été interrompue. Mais elle entendit son souffle et ne dit rien d'autre. La souffrance de ne pas l'avoir près d'elle aussi vivace qu'un coup de couteau.

  • Est-ce que les autres se rappellent de moi ? Demanda Stiles, rompant le silence.
  • Pas précisément, ils n'ont pas de souvenirs de toi. Il y a juste moi. Parce que je t'ai vu je pense.
  • Je vois.

Il avait l'air blessé.

  • Je donnerai n'importe quoi pour te voir là maintenant, dit-elle sans réfléchir.

Ce n'était pas le genre de chose que Lydia disait facilement. Le romantisme, les sentiments amoureux, elle n'y connaissait rien. Elle s'était bien attaché à des anciens copains mais rien de comparable avec Stiles. C'était inexplicable, bien trop fort pour être décrit. Et le fait qu'il soit inatteignable avait révélé et décuplé ses sentiments pour lui.

  • Moi aussi... Tu n'as pas fait ton truc de banshee cette fois, je préfère quand tu cries, au moins je me trouve au même endroit que t...

Il s'interrompit et Lydia fut assez intelligente pour ne rien dire. Elle resta là, le souffle court et le coeur battant à tout rompre. Quelque chose n'allait pas.

  • Je dois y aller, ils arrivent.
  • D'accord. Je...
  • Je t'aime.
  • Je t'aime aussi.

Et puis, le silence. Lydia saisit la radio et l'emmena avec elle dans sa chambre. Cette nuit là, elle dormit d'un sommeil agité de cauchemar, la radio tout près d'elle.




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