Le Secret D'Aya

Chapitre 4 : Nouvelle Amie

3410 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:11

Les portes du jet s'ouvrirent et je descendis l'escalier dépliable, précédée par Yuki.


— J'espère que vous avez fait bon voyage, fit le major d'homme dans son impeccable costard.


Nous descendîmes alors de l'avion, chacun son bagage roulant derrière, tracté par une poignée. Devant nous, on reconnut dans le comité d'accueil la femme raide qui m'avait été envoyée quatre jours plus tôt avec l'invitation du groupe G.


— Bonjour, Madame Okada, heureuse que vous ayez répondu à notre invitation.

— Ne vous réjouissez pas trop vite, rien n'est encore fait, fis-je directement pour annoncer la couleur.


La représentante eut un sourire sceptique. Nous passâmes notre chemin et allâmes rejoindre notre taxi stationné directement près de la grille barbelée qui séparait la route de la piste de l'aéroport. Lorsque nous fûmes près de la berline noire, le chauffeur nous attendait, droit, les mains derrière le dos.


— Où dois-je vous conduire ?


Je demandai à Yuki si elle avait l'adresse. Elle la donna alors au chauffeur, puis nous embarquâmes. La portière claqua, et le chauffeur se mit derrière le volant et démarra le moteur.


— Direction centre-ville.


Le trajet fut bref. Le taxi s'arrêta bientôt devant un building vitré d'une trentaine d'étages. Yuki s'occupa du paiement avec ma carte de crédit, puis nous montâmes dans nos bureaux. Je marchais le long du couloir pour découvrir mon nouveau bureau, Yuki toujours à mes côtés. Pour ainsi dire, j'étais satisfaite de l'aménagement du building que nous fréquenterions désormais pour un bout de temps. La décoration était agréable, sans être tape-à-l'œil. Le lieu était bien construit, confortable et spacieux. Il avait suivi mes directives à la perfection. Lorsque nous fûmes dans le couloir où nous allions résider, Yuki me fit remarquer :


— Tu aurais pu t'habiller plus convenablement pour faire bonne impression.


Je tournai sur moi-même et m'arrêtai en secouant la tête.


— Je ne vois pas en quoi un débardeur, une veste courte en jean et un short sont si terribles que ça.


Yuki eut un rire et nous nous remîmes en route.


— Ils ne te prendront pas au sérieux, dit-elle en soupirant.


Je répondis alors, plus sèche que je ne l'aurais voulu :


— Je suis seulement en visite, je ne suis pas venue pour travailler, et encore moins pour me pavaner.


Nous nous arrêtâmes devant notre porte. Je la déverrouillai avec la clé que l'on m'avait remise à l'accueil, puis l'ouvris. J'eus alors un sourire à la vue de notre futur appartement.


Le coin habitation était grand, disposait de deux chambres séparées, un sanitaire, une salle de bain, une cuisine aménagée et spacieuse, et surtout un splendide espace bureautique. Partout, les murs étaient or, blancs ou jaunes pâles. Un peu partout, des motifs noirs bordaient les cloisons. Les lits étaient grands, la baignoire en fonte solidement fixée au sol… Tout était équipé, en somme, et à moindres frais. Le bureau était aéré. Je remarquai en m'y approchant que mes papiers avaient déjà été disposés sur un coin de celui-ci ainsi que mes affaires de travail. Je regardai autour de moi. Les tableaux de ma mère, représentant des portraits d'animaux sauvages, offraient un semblant d'ambiance bucolique. Je m'apaisais. Mais les piles de dossiers présents sur les étagères me redonnèrent mal à la tête. En face du bureau, il y avait une télé et plusieurs écrans d'ordinateurs, trois en tout, disposés sur le pupitre.


— Dis, Yuki, à quoi pourrait bien servir tout ce matériel ? Nous ne sommes pourtant pas censées travailler, demandai-je, perplexe.


Elle haussa les épaules et répondit :


— Ce doit être ça, le matériel de surveillance dont on m'a parlé avant d'embarquer. Tout ça sert à voir ce qui se passe. Ils sont reliés aux caméras de surveillance, conformément à vos directives. Au vu de qui nous allons rencontrer ici, je pense que ça peut être utile pour se faire une idée…


Elle et moi nous assîmes devant le bureau. Les trois écrans étaient déjà allumés, et il y défilait les images de douze caméras de surveillance en simultané, puis douze autres, puis douze autres… En tout, il y en avait cent onze. Elle examina vaguement l'écran avant d'insérer la clé USB contenant nos fichiers dans la tour de l'ordinateur. Je m'approchai alors pour voir les nouvelles fonctions du bureau. Une fenêtre s'ouvrit devant les images de surveillance, puis nous explorâmes nos dossiers.


— Je ne m'attendais pas à tant, fis-je à Yuki, qui me rendit mon sourire.


Elle s'enfonça confortablement dans le siège et ajouta :


— C'est sûr, cela facilitera notre travail mais ne résoudra pas tous nos problèmes. J'ai une petite idée de ce que je pourrais faire de tout cela…


Là, c'était comme si nous fûmes reliées l'une à l'autre par un lien télépathique.


— On pourrait s'en servir pour observer le groupe G, histoire d'avoir une petite idée de qui nous aurons affaire, fit Yuki en explorant les vidéos sur le second écran.

— De l'espionnage…

— On en aura sûrement besoin, plus tard…


Je réfléchis à mon tour. Espionner ou rechercher en espionnant, quelle différence ? De toute manière, je ne comptais ménager personne ici. Et puis on verra bien.

Derrière le bureau se trouvait la paroi vitrée de la structure. J'observai le magnifique coucher de soleil qui tombait sur la ville. Je fus prise d'une envie irrépressible de sortir visiter la ville.


— Vous devriez plutôt vous reposer, le voyage a été long, fit Yuki en posant une main sur mon épaule lorsque je lui fis part de ma récente aspiration.


Je fermai les yeux. Me reposer ? Il en était hors de question. Le temps passait vite et il fallait en profiter.


— Bien sûr, fis-je, mais après que je me sois vidée la tête.


Yuki haussa les épaules.


— Comme vous l'entendez, madame.


Je pris la direction de la porte, mais avant de sortir, j'appelai Yuki.


— Oui, madame ? fit-elle en accourant.


Je soupirai puis répondis :


— Tu sais, tu peux m'appeler par mon prénom et me tutoyer.


Décontenancée, Yuki acquiesça :


— Bien, mada… Heu… Aya.


Après un dernier sourire qui acheva de la déstabiliser, je sortis.

Arrivée en bas de l'immeuble, j'attrapai un taxi pour rejoindre l'avenue principale. Le trajet fut court, et déjà je descendis sur le trottoir bondé de passants. Des boutiques alignées le long de la rue éclairaient la ville en harmonie avec les lampadaires. Des milliers de Japonais se pressaient dans les deux sens. À présent, je marchais et regardais le monde qui m'entourait. J'avais un sourire accroché aux lèvres en voyant tous ces visages souriants, expressifs, plutôt que tous ceux, sérieux et vaniteux, avec lesquels je travaillais tous les jours. Seule Yuki n'était pas comme ça, ainsi que Chihiro à son époque.


Je quittai l'avenue. D'autres rues étaient brillamment éclairées de la sorte. Mais en passant devant l'entrée d'une ruelle sombre, j'entendis du bruit. Des voix, plus précisément. On aurait dit une petite assemblée d'hommes qui se concentraient sur le même sujet. Au milieu de tout cela, une autre voix criait, seule et féminine.

Je compris tout de suite.

Une femme avait des problèmes. Il était dingue de voir à quel point une rue chic bordée de magasins pouvait voisiner avec des lieux aussi mal famés. Sans hésiter, je m'engouffrai dans la ruelle jonchée d'ordures et bordée de bennes éventrées. Je ne tardai pas à trouver la source du vacarme. Une dizaine d'hommes encerclaient leur victime, tenant à la main des barres de fer ou de plastique. Au centre, je distinguai une forme allongée sur le sol. Autour de la scène, quatre d'entre eux étaient à terre, comme assommés à coups de marteaux. Tous étaient ivres.


— Tu ne fais plus la fière, hein, ma jolie ? fit l'un d'eux, me tournant le dos.

— Et toi alors ? fis-je, et cinq d'entre eux se tournèrent vers moi.


Aussitôt, je l'assommai avec un coup de pied dans la mâchoire. Il alla s'écraser dans un groupe de partenaires tandis que les neuf autres se tournèrent vers moi.


— Hé, mec, tu la connais, celle-là ?


Pour toute réponse, il reçut mon poing dans la tête. Il recula, le nez en sang. Tout de suite après, je sentis quelqu'un dans mon dos, je lui sautai dessus, me retournai et lui envoyai un coup de pied dans les côtes, qui émirent un craquement sinistre. Lorsque je tournai le dos, deux d'entre eux se précipitèrent. J'utilisai mes compétences d'Aïkido pour les contrer. Je les repoussai chacun avec un bras pour pouvoir en assommer un troisième, puis saisis l'un des deux qui m'avait approché et le projetai contre son confrère. Il s'écrasa la tête contre une marche de perron. J'assommai le cinquième en lui écrasant la tête.


Lorsque je me retournai pour faire face aux cinq autres, je ne vis qu'une barre de fer qui s’écrasa sur mon crâne. J'avais trop baissé ma garde. Un second coup dans les jambes me fit tomber à plat ventre sur le sol dégueulasse. Je pris plusieurs coups de barre. Soudain, il y eut un mouvement sur la gauche et deux de mes assaillants tombèrent. La fille s'était relevée et m’avait aidée. Pour le coup, je ne m’en plaignis pas. Les trois derniers prirent la fuite à toute jambe.


— Ça va ? fit-elle d'une voix légèrement éteinte.


Elle me regardait, la tête penchée sur le côté, sur son épaule droite. Je me mis sur le dos et me redressai.


— Je crois, fis-je, en avisant des bleus sur mes bras et une forte douleur dans tout mon buste.


La fille, une jeune Chinoise d'environ un mètre soixante, les cheveux couleur ébène avec deux couettes à chaque coin de la tête qui mettaient en valeur ses yeux noisette, portait un corset blanc doté de fourrure sur la poitrine et les épaules, une minijupe blanche également retenue par une ceinture à smiley orange. Elle portait aussi des souliers noirs à semelles bruyantes. Malheureusement, son haut était à moitié déchiré et elle avait des écorchures sur les jambes, le visage et les mains. De gros hématomes commençaient d’ailleurs à se former.


Elle donna un coup de pied sur l'un des corps. Celui-ci émit un gémissement.


— Je crois qu'ils en ont eu pour leur compte… ajouta-t-elle alors.


Et là, dans une synchronie parfaite, nous éclatâmes de rire. Cela dura bien une bonne minute. Je pus me relever sans mal. Je constatai que mes vêtements étaient dans le même état que les siens.


— Allons-nous en, fis-je, et elle acquiesça.


Nous marchions dans la rue, accompagnées par le bruit de ses souliers noirs, bras dessus, bras dessous, telles deux collégiennes. Devant nos mines et nos égratignures, les passants se retournaient vers nous avec des yeux ronds et je sentais les regards nous accompagner jusqu'à ce que la foule nous dissimule à nouveau. Nous entrâmes alors dans un bar vide et nous nous asseyâmes au comptoir. On avait bien mérité une collation.


— Ha… Au fait, moi c'est Ling Xiaoyu, fit la Chinoise lorsque nous fûmes assises. Je viens de Pay-Yang, en Chine. Mon grand-père avait un dojo là-bas. Mais si tu veux, appelle moi Xiao.


Elle termina sa phrase avec un clin d’œil complice.


— Enchantée, fis-je, moi c’est Aya Okada, mais difficile de raccourcir « Aya »…

— Okada… médita Xiaoyu, ce ne serait pas une firme de développement d'armement ?

— C’est cela même, confirmai-je.


Xiao écarquilla les yeux.


— Alors c'est toi, la « grande patronne » ?


J’eus un rire. Nous entamâmes la conversation. Je sortis de mon sac à main de quoi panser nos plaies sur mon visage. Je mis machinalement un pansement sur sa joue, aux vues de la plaie béante, et elle fut surprise de mon geste.


— Bah, vu les dégâts, faut bien penser à réparer tout ça !

— C’est si grave que ça ? fit-elle. Je ne sens presque rien…


Dans la foulée, j’en profitai pour lui poser la question :


— Mais… je me demande… que pouvais-tu avoir à faire dans cette ruelle pleine d'abrutis ?

— J’aidais un vieillard à rentrer chez lui quand ils me sont tombés dessus.


Elle avait répondu d’une voix tout à fait normale, comme si c’était quelque chose d’anodin.


— Tu devrais faire attention, à l’avenir… lui conseillai je, autoritaire malgré moi.

— Oui, maman, fit-elle en imitant une voix geignarde.


Le serveur arriva enfin et nous montra la carte située sur le mur en face. Nous allâmes la voir, puis quelque chose attira mon attention.


— Des dangos !! Ça fait si longtemps !


Nous nous regardâmes de façon presque théâtrale, cette fois encore, nous étions tout à fait synchrones. Il se passait quelque chose avec Xiaoyu. Je me sentais presque moi-même pour la première fois depuis que je suis à la tête des firmes et j’avais une affection certaine pour elle. Peu après, tandis qu'on mangeait nos dangos accompagnés de thé vert, je lui demandai tout en avalant une gorgée de thé :


— Donc, tu es chinoise, mais tu parles japonais. Et tes parents, ils sont avec toi ?

— C’est ça, répondit-elle après avoir avalé d’un seul coup un dango de très grande taille. Mes parents sont décédés, j’étais encore dans le couffin. C’est mon grand-père et maître qui m’ont élevée… Wang Jinrey, il s’appelle. Rappelle-moi quel âge as-tu ?


Je fis un instant de silence, le temps de méditer à tout cela.


— Vingt, bientôt vingt et un. Et toi, dix-huit, si j’ai bien compris.


Elle acquiesça de nouveau.


— Parle-moi de ta famille, fit-elle alors.


Je soupirai sans le vouloir.


— Je n’en ai plus, moi aussi. Mon père, c’est un parfait inconnu, jamais nous n’avions su qui il était, et ma mère a disparu il y a cinq ans, quand j’étais encore en Amérique.


Et lui ? Mais ça fait plus de dix ans que je ne l’ai pas revue, peut-être quinze… Je n’ai jamais pu lui dire au revoir.

Je restai la tête basse, soudain envahie par la culpabilité. Et Chihiro ? Rien que d’y penser, je me sentis ravoir le bourdon.


— « Nous », fit Xiaoyu, intriguée.

— J’ai aussi un frère, mais lui aussi s’est volatilisé et j’ai bon espoir de le retrouver ici même. Il est tout ce qui me reste.


Je serrai les dents. Penser à Jin m’était tout aussi douloureux. Sans que je m’y attende, Xiaoyu se leva et m’enlaça fortement, si fort que je faillis étouffer.


— Je suis désolée pour ce qui t’est arrivé, je t’aiderai à le trouver, promis ! fit-elle.


J’étais émue et gênée, tellement que des larmes, les premières depuis bien longtemps, me montèrent. Je n’avais plus rencontré quelqu’un comme elle depuis… Chihiro. La gêne venait du fait que c’était moi qui devais être désolée pour elle, car sa famille est morte, et il n’y a vraiment plus d’espoir tandis que moi. Elle se détacha de moi. Quand elle s’aperçut que j’avais les larmes aux yeux, elle sortit un mouchoir de sa poche et les effaça. Les rôles s’inversèrent.


— Tu peux y aller, tu sais. Nous sommes amies maintenant ! fit-elle, enjouée.


Je lui souris.


— Merci beaucoup, mais dis-moi, que fais-tu donc là ?


Xiao eut un regard vague, puis sa voix se fit lointaine.


— J’ai un ami à aider et à retrouver, avant qu’il ne sombre dans les ténèbres et ne cède à la haine.


Son ton était clair. Je compris qu’elle ne voulait pas en parler. Pleine de compassion, je lui mis une main sur l’épaule et lui dis :


— À partir d’aujourd’hui, nous sommes liées… je t’aiderai à le retrouver, promis !


Après que nous eûmes échangé notre vie, une complicité plus forte encore nous lia l’une à l’autre. Décidément, j’aimais vraiment beaucoup Ling Xiaoyu, cette jeune fille innocente et bonne enfant, quoique plus mature qu’elle ne le laisse penser… Nous échangeâmes même nos numéros. Vers neuf heures, je lui proposai :


— Tu veux que je t’accompagne en taxi ? Je vais justement…

— Volontiers, fit-elle, enchantée. Tu habites où ?


Je lui expliquai alors que j’étais dans le siège de mon entreprise implantée ici, mais que sinon, j’habitais aux États-Unis et possédais un dojo non loin d’ici.


— Le siège de la PCC ? fit Xiaoyu en sautillant sur sa chaise. Je suis tout près ! On pourra se voir vraiment souvent, c’est merveilleux !


Nous réglâmes l’addition, ou plutôt, j’insistai pour la prendre à ma charge sous les protestations de Xiaoyu. Dans la rue, je fis signe à un taxi de nous prendre et il s’arrêta juste à côté. Lorsque nous passâmes dans une rue bordée de grands appartements tout près du siège de la PCC, Xiaoyu descendit. Je ris une dernière fois devant son comportement enfantin et la saluai une dernière fois avant de la voir gravir les marches du perron au pied du bâtiment.


Le taxi se retourna sur son siège et demanda :


— Et vous, mademoiselle, où je vous dépose ?


Je répondis :


— Au dojo, dans le quartier inhabité.

— Ce n’est pas à côté.

— Vous pouvez y aller ?

— Bien sûr, bien sûr…


La décision s’était prise lorsque j’en avais parlé avec Ling, au bar. Le dojo possédait un petit coin habitation que j’avais rajouté et les portes coulissantes n’étaient plus de toute fraîcheur, mais c’était là que je voulais me rendre. J’appelai alors Yuki pour la prévenir.


— Mais, madame, le conseil débutera demain à la première heure…

— Je me débrouillerai… Sors en attendant, prends un peu l’air. On n’est pas au travail ici, lui fis-je alors.


Une fois sur place, le taxi repartit après que j’eus réglé le trajet. J’ouvris le portail en bois et découvris une étendue d’herbe sauvage laissée à l’abandon et un dojo traditionnel autrefois abandonné. Il fallait bien que j’y fasse quelque chose, ce serait dommage de le laisser perdre.


J’entrai. J’arrivai sur un sol de bois souple et me dirigeai vers le fond de la salle d’entraînement tout en évitant de marcher sur le tatami encore en bon état avec mes chaussures dégueulasses depuis la bataille dans les ruelles. Les lieux étaient traversés de courants d’air. Sur les murs, des proverbes japonais étaient écrits sur des bannières dorées, illisibles dans cette pénombre. Il n’y avait pas de lumière, mais je savais que personne ne venait jamais ici à cause du dispositif de surveillance que ma mère avait installé à l'époque où elle vivait encore ici… Elle était redoutée par quiconque osait s’approcher de ce dojo sans autorisation. J’ouvris une porte coulissante, celle qui faisait face à l’entrée. Mes affaires étant encore au siège, dans les appartements, il n’y avait qu’un lit, une commode, et une fenêtre donnant sur la cour de derrière bordée d’une mare et de cerisiers japonais magnifiques.


Je m’allongeai sur le lit après m’être déshabillée et m’enfonçai dans les couvertures humides. Malgré tout, je reconnus un doux parfum d’enfance…

 

 

 

 

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