Le Secret D'Aya

Chapitre 5 : Préparation

1781 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/11/2015 21:45

Ce matin-là, ce sont les rayons du soleil qui me réveillent en douceur. Après une bonne douche et un bon petit déjeuner, je retourne dans ma chambre et fouille dans mon armoire pour me préparer.


Ce soir aura lieu cette fameuse réception tant attendue. Je dois fouiller l'armoire entière avant de me rendre compte que je n'ai aucune robe adéquate à mettre pour ce soir.

Depuis quelques jours, c'est vrai que beaucoup de choses sont arrivées. La compagnie WWWC, qui se spécialise dans la protection de la nature, a souhaité notre aide pour avoir un domaine de recherche plus large concernant des malfrats ou des animaux en danger ainsi que pour avoir accès à de nouveaux équipements pour mener à bien leur tâche. Sachant que notre mère est attachée à cette cause, j'ai accepté de les aider contre un bénéfice très modeste. La cause en vaut bien la peine selon moi et je sais que cela jouera en faveur de la bonne réputation de l'entreprise.


Avant même que j'y pense, Yuki me conseille de prendre un bras droit pour me faciliter le travail ce soir et pour que mon entreprise soit représentée par un comité plus soutenu. J'avoue que je n'en avais pas réellement vu l'utilité jusque maintenant. Alors que Yuki me donne quelques informations utiles sur les firmes qui seront présentes, telles que leur domaine de recherche et leur rayon d'action, la personnalité dirigeante ou encore les affiliations, un nom m'intrigue immédiatement au plus haut point :

Mishima Zaïbatsu.


Malheureusement, je n'ai pas le temps d'accorder au document que Yuki me présente toute l'attention qu'il mérite.

Depuis mon arrivée, j'ai le vague sentiment d'être observée, mais qui depuis quelques jours commence à se faire de plus en plus pressant.

Je me dis au début que cela est normal, que le groupe G cherche sans doute à recueillir des informations sur chacun des groupes qu'il va rencontrer, mais plus le temps passe, plus j'ai l'impression qu'il s'agit là d'une affaire personnelle. Ce sentiment me hante tellement à présent que je regarde par-dessus mon épaule à chaque fois que je tourne à l'angle d'une rue ou d'un simple couloir. Pour ma part, je recommence à travailler comme avant, paperasse et réunions allant de pair pour un "oui" ou un "non" concernant une petite décision dans l'entreprise. Pour prendre en charge le groupe japonais, je nomme l'employée Kaori Ito au poste de chef de ce groupe. Elle m'aide ainsi à gérer certains chantiers d'étude et s'occupe parfois de me représenter dans les réunions quand je ne peux vraiment pas m'y rendre, Yuki étant déjà préposée à la paperasse !


Avec mon amie Xiao, nous remettons en ordre le vieux dojo de maman. Elle et moi nous entraînons désormais ensemble et cela contribue à nous rapprocher davantage malgré « qui » je suis et ce que je dirige. De plus, elle me parle beaucoup d'elle, de ses amis partis étudier à l'étranger, éparpillés aux quatre coins du monde, de son grand-père et de son animal domestique restés en Chine, et bien sûr de son ami, celui qui est là, au Japon et qui semble, à la vue de comment elle me l'a décrit, en proie à une maladie incurable imposée par le destin ou transmise par ses aïeux comme un héritage empoisonné. Mais elle n'a jamais mis de nom sur celui-ci. Elle se contente alors de le nommer « mon ami », « lui » ou encore « celui qui se erre ».


Quant à moi, je n'ose cependant pas lui dire que je suis une Kazama, mais je ne mens pas complètement en donnant le nom de Chihiro... Je lui ai cependant, après quelques verres, raconté quelques anecdotes avec ma mère, alors que nous étions toutes deux assises sur le tatami, la vue pas claire, en sueur après notre séance d'entraînement.

Une de ses phrases, en revanche, me tourmente un peu :


— Ça peut paraître stupide ce que je vais dire, mais tu as les mêmes prunelles que lui. J'ai parfois l'impression de le voir en te regardant… Après, ce n'est que physique, hein ?


Un bruit de coups frappés à la porte me tire de ma rêverie.


— Qui est-ce ? fis-je, les mains pleines de vêtements.

— C'est moi, répondit Yuki derrière la porte.

— Entre.


Elle ouvre la porte coulissante et la referme avant de se retourner vers moi, un sourire à la fois amusé et désespéré aux vues de ma situation.


— C'est pas drôle, couinais-je dans mon coin.

— Quel enfant, me taquine-t-elle. Avec tout ce qu'il y a dans cette armoire, il n'y a rien qui te va encore pour cette soirée…

— C'est que j'aimerais mettre quelque chose de convenable, enfin tu comprends, dis-je en rangeant les vêtements qui traînent sur le sol.

— Allez viens, dit-elle en faisant coulisser la porte à nouveau, on va faire les magasins, puisque c'est le plus urgent.


Je m'en réjouis. Nous allons alors vers la sortie quand, en passant devant le miroir de l'entrée, je me rends compte que je suis encore en pyjama et que ma tignasse part dans tous les sens. Je rebrousse alors chemin et soupire :


— Tu aurais pu me prévenir.

— Pourquoi ça ? rit Yuki.




***




Il tourne en rond depuis un quart d'heure, l'esprit rudement échauffé dans son bureau de travail. Soudain, une femme entre et referme délicatement la porte. Il relève soudainement la tête, l'œil brillant, le regard prédateur. Il va peut-être enfin avoir des réponses.


— Alors, fit-il en scrutant la première page du dernier rapport qui lui est apporté.

— Son hôte est arrivé depuis près d'une semaine. Pour tout vous dire, je ne vois même pas ce qu'elle peut avoir qui l'intéresse à ce point, si bien qu'il compte la rallier à lui, elle et ses firmes, dit-elle en s'arrêtant devant son bureau. Il est vrai que ses firmes touchent des domaines avancés, mais il n'y a pas de quoi ameuter quelqu'un d'aussi puissant que Kazuya Mishima.


Il réfléchit un instant. Cela ne peut être que…


— À mon avis, ce serait plutôt… l'hôte lui-même qu'il compte rallier, fit-il une fois parvenu au bout de ses réflexions, tenant machinalement le dossier dans sa main droite.

— Tu penses vraiment que cette fille-là recèle quelque chose… fit-elle en le regardant fixement, les bras croisés, adossée contre un mur.


Il réfléchit encore. Décidément, ils sont bien lents à comprendre. Il doit prendre une décision… Et elle est vite prise.


— Tu es au courant qu'il y a une réception ce soir, au siège même de la G-Corporation ?


La femme acquiesce en silence.


— Elle y sera. Je veux que tu y ailles, que tu t'introduises parmi les invités et que tu en saches un peu plus sur elle.

— Mais si l'ennemi nous découvrait ? Je pense qu'il serait préférable d'enquêter au préalable avant de…


Il relève la tête et lui lance son regard le plus froid :


— Tu as peur, Nina ?


Il eut un sourire en coin.


— Ne te moque pas de moi, Jin. Je n'ai plus cinq ans et je ne crois plus à ces vieilles histoires de peur.

— Très bien, assez parlé. Si Kazuya veut faire alliance avec ces firmes, dit-il en se levant pour aller vers la sortie avec elle, c'est qu'il a un plan malsain derrière son crâne chevelu. Je veux un rapport ce soir, ou demain matin au plus tard.


Après un salut militaire, elle s'éclipse. Jin passe lui aussi la porte et se tourne vers la droite pour contempler le coucher de soleil.


Jin se demande sérieusement ce que peut bien préparer Kazuya, surtout depuis la disparition d'Heihachi et la capture récente du Dr. Bosconovitch. Kazuya est resté discret depuis ces événements, mais voilà qu'il refait surface avec la volonté d'absorber des firmes ne venant même pas du Japon. Et cette fille, qui est-elle ? Que lui veut-il réellement ? Qu'a-t-elle qui puisse bien l'attirer à ce point ? Comment pourrait-elle alors l'aider à reprendre le contrôle de la Mishima Zaïbatsu si telle est son ambition ?

Sur le coup de l'impuissance, Jin frappe dans le mur à deux reprises.


Soudain, une forme d'énergie s'éveille en lui, brutale, implacable, et il court se réfugier dans son sous-sol, là où il ne pourra faire de mal à personne…

Pourquoi, bon dieu, a-t-il une famille aussi anormale ?

Pourquoi faut-il qu'il soit hanté par toutes ces questions ?




***




On passe la fin de l'après-midi à me choisir une robe et tout ce qui va avec. J'opte pour un complet de soirée blanc, une robe légèrement ouverte sur le côté, laissant voir ma jambe, un décolleté droit fini par deux bretelles et l'arrière de la robe ouvert jusqu'en bas du dos. Des motifs en forme d'oiseaux noirs ornent ma robe. J'aime beaucoup ce contraste. Mes cheveux étant très longs, je me fais une natte noire qui descend jusqu'en bas du dos.


Yuki, quant à elle, renonce à se mettre en valeur malgré mes protestations et mes tentatives pour la convaincre. Elle se contente d'une robe courte qui reste au-dessus des genoux et n'a même pas renoncé à sa queue de cheval habituelle. La nuit tombe. J'apprends au dernier moment, tout comme les chefs d'entreprises, que la réception aura lieu sur le « Colon Noir », un yacht amarré dans la ville voisine près de la côte. Yuki est très rapide, en un instant elle trouve une voiture à louer, et elle fait preuve de bon goût : non pas une grosse berline pompeuse, mais un coupé GTR-35, parfait pour les sportives que nous sommes. Je laisse à Yuki le plaisir de la conduire.


Le yacht n'est pas difficile à trouver : c'est le plus long, le plus gros, le mieux éclairé et celui devant lequel s'amassent le plus de voitures de luxe. Un parking a même été aménagé et un major d'homme assez jeune, ses cheveux coupés en carré, attend les derniers conviés à la réception, accompagné d'un videur de boîte. Le hall de réception est bondé. Étrangement, lorsque j'arrive, bon nombre de regards convergent dans notre direction. Je reste droite malgré tout, adoptant ma conduite « mature » au possible.


Je les ignore et prends aussi mon air fier.

Déjà, la soirée promet.

 

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