Le Secret D'Aya
Un employé, je suppose, est venu nous faire un rappel sur le but du groupe G, accompagné d'une séquence d'images pour preuves. Après ce petit exposé, je dirais, un buffet était dressé. Je pris juste une boisson et allai m'asseoir en attendant Yuki. Je ne parlais pas vraiment, c'était Yuki qui me présentait aux autres. Et à quoi bon parler avec des personnes qui aussitôt tournent le dos, vous critique ?
Alors que je reprenais une gorgée de ma boisson, un jeune homme prit place près de moi. Il devait être plus âgé que moi. Je ne dis rien et me contentai de détourner le regard.
— Vous êtes donc la présidente des Polyvalence Corporations de Chihiro ? demanda-t-il d'un ton charmeur.
Je soupirai.
— Pourquoi me demander si vous connaissez la réponse ? dis-je en le dévisageant.
— Votre prénom vous va comme un gant, dit-il avec un rictus aux lèvres.
— Merci, dis-je simplement avant de reprendre une gorgée de ma boisson.
Il se rapprocha de moi. Tout à coup, je sentis quelque chose sur ma jambe à moitié dénudée. Je lançai un coup d'œil et me crispa immédiatement.
— Enlevez votre main ! dis-je entre mes dents.
— Sinon quoi ? dit-il en s'approchant. Vous devriez vous détendre et en profiter.
— Retirez vos sales mains de moi, je ne répéterai pas ! dis-je en serrant les poings.
Il ne m'écouta pas et remonta doucement sa main. Je ne voulais pas me faire remarquer, mais je me rapprochai de lui et, bien évidemment, il pensa que je rentrais dans son jeu. Je souris et, aussi discrètement que je pus, je lui donnai un coup de poing dans l'abdomen. Il se retint de gémir de douleur et perdit connaissance. Je l'attrapai et posai doucement sa tête sur la table avant de repartir comme si rien ne s'était passé.
Je m'assis sur un fauteuil près de la vitre. Je trouvais cette réception assez ennuyeuse. Je m'attendais à voir le président en personne…
Yuki, elle, faisait le tour des invités pour « agrandir notre entourage diplomatique », disait-elle. Je m'en fichais pas mal, mais bon, elle ne faisait que son travail.
Je soupirai une énième fois avant de voir que les portes menant à l'avant du bateau étaient ouvertes. Un sourire illumina mon visage. Je me levai prudemment, faisant attention à ma robe, et me précipitai à l'extérieur.
— AHHHHHH, de l'air ! dis-je à haute voix alors que je venais d'atteindre les barreaux.
Un léger vent se leva, les quelques mèches qui trônaient devant mon visage s'envolèrent légèrement. Je fermai les yeux pour profiter de ce moment de paix. Mais les pas d'une personne se dirigeant vers moi me forcèrent à sortir de mon moment paisible et à rouvrir les yeux. La fameuse personne s'adossa aux barreaux, ce qui m'obligea à tourner mon regard vers elle.
— Je dérange ? dit-elle en prenant un air faussement désolé.
Bien sûr que NON, tu ne déranges pas ! Elle avait de la chance que je ne sois pas du genre à m'emporter pour un rien.
— Bien sûr que non, m'obstinai-je à répondre calmement.
C'était une femme blonde d'une trentaine d'années, voire moins, vu son visage. Ses yeux étaient de couleur azur, mais son regard était froid et ne montrait aucune émotion. J'arrêtai mon observation discrète et me reconcentré sur la magnifique pleine lune.
— Vous êtes… ? dit-elle soudainement.
Y'a pas plus directe, je vous assure.
— Je ne vois pas pourquoi je vous le dirais, dis-je en croisant mes bras et souriant légèrement.
— Hn, vous m'avez l'air jeune, et je ne vois pas pourquoi vous seriez ici, dit-elle en ayant un rictus au coin des lèvres. À moins que vous soyez une descendance d'un des invités, ajouta-t-elle en arquant un sourcil.
Je laissai échapper un rire léger et la regardai sérieusement.
— Pourquoi voulez-vous savoir qui je suis ? Ce n'est pas très compliqué à deviner, je pense, dis-je fièrement. Ou… bien vous cherchez à me questionner directement ? demandai-je.
Elle rigola à son tour.
— Crois-moi, ma petite, tu as du cran, dit-elle en souriant. Si tu fais partie de cette réception, c'est que la G-Corporation a fait appel à un allié, autrement dit… toi ! dit-elle en faisant semblant de déduire.
Je ne sais pas ce qui se passe, mais mon petit doigt me dit que cette réception va prendre une autre tournure.
— Vous êtes drôlement informée, dis-je en m'approchant d'elle. Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? dis-je en la regardant dans les yeux, d'un ton menaçant.
Elle me lança un regard glacial, qui ne me déstabilisa aucunement.
— T'as vraiment du cran pour m'affronter, à ce que je vois, dit-elle d'un ton moqueur.
— Je ne pense pas que ce soit le moment adéquat pour un combat, dis-je en la fixant. Dites-moi juste ce que je veux savoir, répétais-je.
Elle me regarda pendant quelques instants avant d'afficher un énorme sourire.
— Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques, dit-elle avant de partir dans la direction opposée.
J'allais répliquer, mais Yuki me devança en m'appelant. Je me mordis la lèvre pour me calmer et soupirai.
— Alors écoute-moi, la plupart des invités sont…
Je ne l'écoutais plus, je réfléchissais à la discussion de cette étrange personne. Elle a un caractère bien mystérieux et froid. Elle cache sûrement quelque chose. Comment sait-elle cela ?
— EH, tu m'écoutes ! clame-t-elle.
Je me reconcentrai sur elle et finis par dire :
— Fais-moi un dossier que je lirai au bureau, soupirai-je simplement avant de m'accouder sur la rambarde.
— T'es pas en forme, dit-elle avant de me rejoindre.
Alors que le yacht s'approchait du port, une énorme explosion eut lieu au sommet de la tour. Des débris de verre tombèrent du ciel et un tapis de poussière se forma. Les invités à l'intérieur criaient à en perdre la voix. Puis une seconde explosion retentit à notre niveau. Le bateau tangua énormément et la poussière envahit tout notre compartiment.
Je toussai légèrement et me dirigeai avec Yuki à l'intérieur. Nous nous tenions aux murs pour avancer et essayer de trouver la sortie, vu que le yacht était arrivé à bon port, je présume, puisque les invités couraient tous dans la même direction. Alors que nous essayions de rejoindre la sortie, je me baissai de justesse pour éviter un couteau. Je regardai dans la direction du projectile et m'aperçus qu'une dizaine de couteaux se dirigeaient sur nous.
— COURT ! hurlais-je à Yuki en la poussant pour éviter les couteaux.
Elle savait que si j'avais ce genre de réaction, ce n'était pas une blague. Je suivis du mieux que je pus Yuki. Les explosions redoublèrent comme si on avait prévu de couler le yacht.
— Dépêche-toi ! dit-elle en arrivant aux marches des escaliers menant à la sortie.
— Vas-y, je te rejoins, dis-je en regardant autour de moi.
Elle n'insista pas et partit. Je me retournai et vis deux silhouettes se battre. J'attendis quelques minutes, la poussière se dissipa et je pus remarquer que c'était l'étrangère de tout à l'heure. Je savais qu'elle n'était pas une invitée normale. La deuxième personne n'était autre que celle qui nous avait accueillies à l'entrée. Si j'ai bien compris ce que m'avait dit Yuki, c'est le bras droit et le garde du corps du président de la G-Corporation. Les apparences sont vraiment trompeuses. Malgré sa tenue aussi provocatrice que son comportement, elle se battait avec rage et une force incroyable. J'étais surprise.
Le combat entre elles était explosif, et c'est le cas de le dire. Malheureusement, après une tentative de la brune, la blonde lui donna un coup de pied au ventre, ce qui la propulsa assez loin. Elle garda l'équilibre et fit un signe de main. Alors que les soldats de la G-Corporation arrivaient pour prêter main-forte, l'étrangère leva les bras, cherchant quelque chose des yeux, et son regard tomba sur moi. Un sourire s'étira sur ses lèvres avant de courir et sauter par-dessus les soldats avec une agilité surprenante, arrivant derrière moi à une rapidité déconcertante. Je sentis un métal froid contre ma gorge et avalai difficilement ma salive.
— Relâche-la immédiatement ! cria la femme à la coupe carré.
— Hn, je sais pas si j'en ai envie, dit-elle en me regardant.
Je décidai de tenter quelque chose. Je bougeai légèrement ma jambe, lui faisant croire que je tenterais quelque chose, puis lui donnai un coup de tête qui l'assomma, l'affaire de quelques secondes. J'en profitai pour lui faire une clé de bras, mais elle répliqua en me donnant un coup de talon en pleine figure. Je reculai, mais elle se baissa et voulut me blesser à la jambe à l'aide de ses couteaux. Je sautai à temps.
C'est avec effroi que je constatai que ma robe en avait payé le prix. Je serrai mon poing de toute ma force et remis les pieds sur terre pour lui donner un coup au niveau du bassin qui la propulsa sur un mur. Elle réussit à me planter son couteau au niveau de mon avant-bras avant de traverser le mur.
Les gardes tirèrent, mais elle les évita et fit un signe à notre attention avant de sauter dans l'eau, enfin je suppose.
— Retrouvez-la ! dit-elle à ses soldats. Et toi, préviens-le de ce qui s'est passé, dit-elle à un autre.
Je m'agenouillai et retirai d'un coup sec le couteau, laissant échapper un petit gémissement de douleur.
— Désolée, dit-elle en me tendant la main.
Je la pris et la remerciai poliment.
— Vous êtes… ? dis-je en essayant de remettre ma robe.
— Anna William, dit-elle en souriant.
Je lui souris à mon tour et c'est à ce moment-là que Yuki fit son apparition. Elle me regarda d'abord, surprise de mon état, puis une étincelle de colère prit place dans ses yeux.
— Tu t'es battue ou quoi ? chuchota-t-elle alors qu'Anna parlait avec un soldat. J'ai cru que tu avais arrêté de t'entraîner, dit-elle.
— Et bien, tu es la seule à le croire, dis-je en constatant que la garce m'avait frappée au visage et que je saignais à la joue.
Nous sortîmes enfin de ce bateau, et alors que Yuki tentait d'appeler un chauffeur pour récupérer la voiture, Anna prit la parole :
— Pour se faire pardonner de cet incident, le président vous invite pour la nuit, dit-elle en soupirant.
Il regrette à ce point de nous inviter pour la nuit, ce cher président ?
Cela devient de plus en plus intéressant…