Le Secret D'Aya
Je regarde Yuki, incrédule, qui affiche la même réaction.
— Ce n’est pas nécessaire, dis-je poliment. Ce n’est pas grave.
— J’insiste, dit-elle en souriant. Et puis, ne soyez pas gênée, ajoute-t-elle en s’approchant de moi.
Je regarde à nouveau Yuki et soupire. Je me retourne pour répondre, mais son visage est bien trop près.
Je sursaute en reculant, une main sur ma poitrine. Elle se penche légèrement, puis se redresse, les mains sur les hanches.
— Désolée si je vous ai effrayée, dit-elle en souriant.
Je peux entendre les rires des soldats.
Je croise les bras et souris.
— Ce n’est pas drôle, dis-je calmement.
Soudain, un bruit sourd retentit : un hélicoptère se pose non loin de nous. Si j’ai bien compris, c’est notre moyen de transport. On ne lésine pas sur les moyens.
***
Nous arrivons devant un énorme manoir, sombre à mon goût. L’hélicoptère se pose sur le toit et nous descendons.
— Voilà votre chambre, dit-elle en ouvrant la porte. Celle de votre amie est juste à côté.
— Vous pensez que je pourrais avoir une entrevue avec votre patron ? demandai-je subitement.
— C’en est fort possible, sourit-elle. Bonne nuit, finit-elle par dire avant de disparaître.
***
Je me réveille en sueur, les mains agrippant les draps. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine. Je n’arrive pas à dormir et fais des cauchemars incohérents. Je regarde la pendule accrochée près de la porte : 3h30.
Je me lève doucement et enfile mon short de pyjama, sans chaussons, c'est inutile.
Je sors de ma chambre délicatement pour ne réveiller personne.
Je marche sans savoir où aller, cherchant simplement un moyen de respirer. J’ai l’impression d’étouffer.
À une intersection, je vois une porte-fenêtre. Sans hésiter, je l’ouvre et tends mes bras vers l’air frais. Un frisson de bien-être me parcourt. C’est un immense balcon qui s’étend sur plusieurs mètres. Je décide de l’explorer, découvrant sa forme ovale. Au bout, je m’arrête pour contempler le ciel étoilé. Mes coudes posés sur la barrière, je laisse ma tête tomber dans mes mains. Une brise légère caresse ma chevelure, que je laisse flotter doucement.
Soudain, une aura négative, non… démoniaque, me saisit.
Elle approche, je le sens. Malgré mon instinct de reculer, mon corps reste figé. Je ne peux que me redresser et laisser tomber mes bras le long de mon corps, les yeux rivés au ciel. L’aura s’intensifie. "Je dois rester calme", me répète-je.
Elle est derrière moi.
Je me retourne subitement et croise le regard d’un homme à la carrure imposante. Son œil gauche est rouge sang, l’autre noir comme mes cheveux. Il paraît surpris, mais quelque chose dans ses traits glacés laisse deviner un danger latent. L’aura maléfique disparaît aussi vite qu’elle est apparue, laissant derrière elle un silence presque oppressant. Mais je sens que ce calme est trompeur, comme si un grondement invisible bouillonnait sous sa peau. Je baisse les yeux, honteuse de mon comportement.
Il s’avance jusqu’à la barrière, croise ses bras et m’examine intensément. Ses yeux semblent scruter mon âme, débusquant chaque pensée. Puis il détourne le regard.
— Que fais-tu ici en pleine nuit ? demande-t-il froidement.
— J… je n’arrivais pas à dormir, réponds-je timidement.
Il me tutoie ? Sa carrure et son regard à la fois calme et glacé m’intimident.
— Et vous ? demandai-je à mon tour.
Il soupire légèrement, puis me regarde à nouveau, son expression impénétrable.
— Je n’ai pas à me justifier, mais disons que le sommeil ne vient pas, dit-il d’un ton ennuyé.
Je n’ose plus parler. Je ne sais pas qui il est.
— Dis-moi… as-tu un lien avec la famille Kazama ? demande-t-il en arquant un sourcil.
À l’instant où il prononce ce nom, je le regarde, perdue. Il attend une réponse dans ses yeux. Je ne peux pas me dévoiler à un inconnu.
Je lui souris simplement. Cela semble le surprendre.
— Je suis désolée, mais je n’en ai jamais entendu parler, dis-je en levant les yeux au ciel.
— Hn… soupire-t-il. Tu ferais mieux de rentrer avant d’attraper froid, dit-il en marchant vers la sortie.
Alors que je le regarde partir, il ôte soudain sa veste et me la lance de dos. Je l’attrape au vol et la pose sur mes épaules. Au moment où je veux le remercier… il a disparu.
Quelle froideur.
Le seul instant où j’ai senti un semblant de gentillesse, c’était quand il s’était inquiété de ma famille. Je bâille et rebrousse chemin, la fatigue reprenant le dessus.
Mais son regard, son aura… quelque chose en lui ne me semble pas humain. Une ombre de mystère plane autour de lui, comme si ce manoir, cette organisation et lui-même cachaient des secrets plus sombres que je n’aurais pu imaginer. Chaque mouvement de son corps semble calculé, comme si la nuit entière était sous son contrôle.
Une tension invisible flotte dans l’air, et je sens, au fond de moi, que ce calme apparent pourrait basculer en un instant… dans quelque chose de terrifiant.
Une rencontre étrange… qui est-il vraiment ?
Que cache Kazuya derrière cette froideur et cette aura qui semble presque vivante ?
Et si le danger se cachait là, juste derrière le voile de son calme implacable ?