Le Secret D'Aya

Chapitre 22 : Révélation

3446 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/02/2017 00:47


— Regarde, dit soudainement Alisa en pointant une silhouette.


Nous attendîmes, le souffle suspendu, que la silhouette s’approche.

Un soulagement m’envahit en reconnaissant deux couettes voler au vent, accompagnées d’un sourire désolé.

Alisa courut vers elle et l’aida à marcher. Elle n’avait que quelques égratignures superficielles.


Rien de grave.


— Elle est… ?

— Vivante, Dieu merci, soupirai-je.


Son visage se détendit aussitôt.


Mais une vague, plus puissante que les précédentes, se leva soudain et nous projeta violemment en arrière.

Je serrai Aya de toutes mes forces, refusant de la lâcher… mais la pression était trop forte. Mes doigts glissèrent.

Je fus arraché du sol et projeté plus loin.

Par miracle, je réussis à m’agripper à une pierre encore debout et retrouvai l’équilibre.

Le vent finit par retomber, la poussière se dissipa.

Je me précipitai vers l’endroit où nous avions laissé Aya.


D’abord, je distinguai une masse allongée sur elle… un corps étendu, ses cheveux rouge-roux fouettés par la brise.

Il se redressa difficilement et posa son regard sur nous. Malgré les hématomes et le sang, il nous adressa un sourire rassurant. Xiaoyu ne put se retenir et le serra dans ses bras. Alisa, pragmatique, insista pour que nous nous éloignions du champ de bataille, où le duel titanesque faisait toujours rage.

Je pris Aya dans mes bras, une main soutenant sa nuque, l’autre glissée sous ses reins.

Hwoarang nous suivit de près, tandis qu’Alisa soutenait Xiaoyu, incapable de détacher ses yeux du jeune ténébreux blessé.


Nous trouvâmes refuge un peu plus loin.

J’envoyai rapidement un message à mes troupes, mais mon attention fut aussitôt happée par le combat.


Kazuya prenait l’avantage.

Le rouquin serra la mâchoire, l’air pessimiste, tandis que Xiaoyu restait figée d’angoisse. Jin était en mauvaise posture.

Je fermai les yeux, comme pour rassembler mon énergie. Non, je ne pouvais pas rester les bras croisés. J’étais prêt à intervenir quand un gémissement me coupa net.

Tous les regards se tournèrent vers elle.


Aya.


Xiaoyu s’élança vers elle, mais son cri de surprise nous glaça le sang. Aya ouvrait les yeux.

Nous reculâmes d’instinct. Elle était bel et bien vivante… mais quelque chose avait changé.

Ses pupilles, désormais rouges, brillaient d’une intensité surnaturelle.

Tout son corps était entouré d’une aura blanche, douce, presque céleste.

Une aura bienveillante… et pourtant terriblement puissante.


Sans un mot, elle se leva et, comme hypnotisée, commença à marcher vers la zone de combat.


— Aya ! hurla Xiaoyu en lui saisissant la main.


Aya s’arrêta net.


D’un geste brusque, elle libéra sa main et tourna son regard vers son amie… puis vers nous. Ses yeux semblaient vouloir nous transmettre un message muet.

Puis, lentement, un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Son regard croisa le mien. Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait, mais une certitude m’envahit : je devais lui faire confiance. Elle reprit sa marche.


— Alisa, appelle des renforts. On ignore ce qui peut se passer, ordonnai-je d’une voix ferme.

— Oui, répondit-elle aussitôt.

— Lars, pourquoi ne l’avez-vous pas retenue ? demanda Xiaoyu avec insistance.

— Il faudrait m’expliquer, renchérit Hwoarang.


Je pris une inspiration.


— Vous l’avez sûrement senti… Aya possède un pouvoir semblable à Devil. Mais elle n’a jamais appris à le maîtriser. Ce n’est pas elle qui agit en ce moment. C’est ce pouvoir qui a pris le contrôle.

— Vous étiez au courant ? demanda Alisa, abasourdie.


Je hochai la tête.


— Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? murmura Xiaoyu, interdite.

— Oui. J’en étais convaincu, et… il faut croire que c’est vrai, répondis-je sombrement.


À cet instant, Jin reçut un nouveau coup qui l’envoya au sol. Aya atteignit la zone de combat.

Kazuya se tourna vers elle et, oubliant son fils, afficha un rictus cruel. Il ne la reconnut pas immédiatement : son aura rayonnait si fort qu’elle paraissait métamorphosée.


Un ange en plein champ de ruines.


Jin, lui, resta figé, les yeux écarquillés. Incapable de savoir si ce qu’il voyait… était bien réel.



Ses yeux rouges fixaient durement ceux de son père.

Sans un mot, Kazuya se lança vers elle avec toute la rage d’un démon. Mais Aya leva simplement son bras… et il s’arrêta net. Paralysé. L’incompréhension marqua son visage déformé par la colère. Aya, impassible, leva ce même bras vers le ciel. Le corps de Kazuya fut arraché du sol et projeté dans les airs comme une marionnette désarticulée.


Un hurlement déchira la nuit.


On aurait dit qu’il suffoquait, oppressé par une force invisible. Je demeurai figé.


De la télékinésie… ? Était-ce seulement possible ?


Et soudain, tout bascula.

Aya concentra son énergie dans son autre bras. Deux ailes immenses jaillirent de son dos dans un jaillissement de lumière. De fines plumes blanches se détachèrent et vinrent tourbillonner autour de nous, portées par le vent. Sa silhouette, auréolée de cette aura pure, avait désormais l’apparence d’un ange. Un ange dressé face à son opposé absolu. Elle s’éleva doucement dans le ciel, sereine, et s’arrêta devant Kazuya, toujours enchaîné dans son étau invisible. À cet instant, mes troupes déboulèrent, encerclant la zone. Deux hélicoptères se posèrent à quelques mètres, soulevant un nuage de poussière.


Mais je n’y prêtais plus attention. Tout mon être était absorbé par ce duel d’un autre monde.


Kazuya se débattait comme un fauve enragé. Aya ferma brièvement les yeux, ses pupilles rouge sang disparaissant un instant, avant de les rouvrir. Puis, dans un bruit sourd qui résonna comme une détonation, son poing s’écrasa sur le visage du démon. Kazuya fut propulsé en arrière, son corps traversant les nuages. Aya étendit ses ailes et projeta un rayon de lumière si intense que l’horizon entier en fut illuminé. Le cri de Kazuya se perdit dans le fracas… avant de disparaître.


Un silence irréel tomba sur le champ de ruines.


Personne n’osait y croire. Kazuya, l’invincible démon… anéanti par un seul coup.

Les ailes d’Aya s’éteignirent alors, plume après plume, comme une chandelle qui s’épuise.

Son aura protectrice se dissipa, et son corps, inanimé, commença à chuter.


— Aya !


Je bondis, courant de toutes mes forces, et réussis à l’attraper de justesse avant qu’elle ne s’écrase. Son souffle était faible, mais présent. Je soupirai, soulagé, avant de la serrer un instant contre moi. C’est alors que je remarquai une marque, fine mais nette, sur sa nuque.

Un tatouage. Une paire d’ailes d’ange.

Je levai la tête : Jin gisait au sol, inconscient.

Alisa se précipita pour le prendre dans ses bras sans difficulté, son visage marqué par l’inquiétude.

Le reste du groupe nous rejoignit, encore choqué par ce qu’ils venaient de voir.


— Eh bien… nous arrivons tout juste pour la fin de ce fabuleux spectacle, lança une voix familière.


Tous se tournèrent.

Lee.

Je ne pus m’empêcher de soupirer.


— Il serait temps de rentrer, Lee, dis-je .

— Nous n’attendions que vous, répondit-il avec son habituel sourire en coin.


Nous nous dirigeâmes tous vers les hélicoptères.

Je confiai Aya à Hwoarang pour qu’il l’emmène auprès des médecins déjà présents à bord.

Alors que je m’apprêtais à monter, Lee me retint par le bras et, baissant la voix, me glissa à l’oreille :


— Tu comptes le prendre aussi ? dit-il en jetant un regard lourd vers Jin.

— Je ne vais pas le laisser dépérir ici. Il faut bien que je le ramène… et puis, il ne fera rien de grave, répondis-je sèchement en le laissant à ses pensées.

— À tes risques et périls, Lars… murmura-t-il, mécontent.






*** 





Mes paupières étaient lourdes, pesantes comme du plomb.

Mais je décidai malgré tout de les ouvrir.

Je clignai plusieurs fois des yeux, cherchant une lumière…


Rien.


Seulement du noir. Puis, peu à peu, mes pupilles s’habituèrent. Quelques rayons de lune transperçaient les volets, dessinant de pâles traits argentés sur le sol. La pièce m’apparut alors : vaste, trop vaste. Étrangement silencieuse. Et dans ce silence, une silhouette. Appuyée contre le mur, immobile.

Je me redressai faiblement contre le dossier du lit. Une toux m’échappa malgré moi, brisant l’air figé.


La silhouette frémit, réagissant enfin.


Ma tête tournait encore, mes bras tremblaient. Mon corps me rappelait que je n’étais pas remise du choc.

La silhouette s’avança, et mon cœur fit un bond.


— Qui es-tu…? demandai-je d’une petite voix, presque un murmure.


Pas de réponse.

Encore un pas, et son visage m’apparut.

Je suffoquai.


— Qu’est-ce que tu fais ici ?


Il soupira.


— Eh bien, voilà une belle façon de saluer ton frère.


Le temps s’arrêta. Mes yeux s’écarquillèrent, mon souffle se coupa.

Je levai un doigt tremblant vers lui.


— Comment… comment le sais-tu ?

— J’ai toujours trouvé étrange tous ces mystères autour de ta famille. Rien n’était cohérent. Alors j’ai cherché des réponses. Et… j’ai croisé Maître Wang. C’est lui qui m’a avoué qui tu étais vraiment. Après ça, je n’ai pas hésité. Je suis venu te retrouver.


Son regard se détourna, comme s’il portait lui-même le poids de cette vérité.


Alors… c’était fini.


Le secret était brisé.

Le mensonge n’avait plus lieu d’être.

Les larmes me montèrent aux yeux, brûlantes, impossibles à contenir. Elles jaillirent, dévalant mes joues comme une délivrance douloureuse.

Je ne pus résister davantage. Je le pris dans mes bras, le serrant de toutes mes forces, comme si j’avais peur qu’il disparaisse à nouveau.

Il resta figé un instant, surpris. Puis, lentement, il m’entoura à son tour de ses bras.


Une étreinte longue. Silencieuse.

Une étreinte pour rattraper le temps perdu.

Pour nous retrouver.

Pour remettre de l’ordre dans ce chaos.

Car désormais, plus rien ne serait pareil.

Mais sa voix brisa cette fragile bulle.


— Je suis désolé, Aya… mais je ne peux pas t’offrir ce que tu attends de moi.


Je levai les yeux, troublée.


— Comment ça ?


Il détourna le regard.


— Nous ne pourrons jamais avoir une vie paisible… encore moins ces instants simples que tu espères.


Je me reculai brusquement de son étreinte, blessée.


— Tu es de mauvaise foi ! Pourquoi penses-tu ça ? Parce que notre géniteur est un monstre ? Parce que tu n’arrives pas à trouver la paix à cause de ce sang maudit ? Jin… regarde autour de toi ! Tu as encore une famille, un oncle, une sœur, des amis. Tu as tout pour te battre et apprécier la vie. Alors pourquoi vois-tu tout en noir ? Tu as donc perdu le goût de vivre ? Tu es… méconnaissable.


Ses yeux flamboyèrent de colère.


— Tu ne peux pas comprendre ! rugit-il en se levant.


Ma poitrine se serra, mais je répliquai avec la même fureur :


— Oh, arrête ! Si tu refuses de t’ouvrir aux autres, comment veux-tu qu’on puisse te comprendre ?


Il serra les poings, glacé.


— Tu as grandi dans un monde différent du mien.


Je refusai de céder. Je rejetai brusquement la couverture qui enveloppait mon corps fragile et posai un pied au sol. Mais mes jambes cédèrent aussitôt, et je m’effondrai.


— Arrête de t’apitoyer sur ton sort, merde ! criai-je, frappant le sol de toutes mes forces malgré ma faiblesse.


Jin soupira. Son masque de dureté se fissura un instant.

Il se pencha, me prit délicatement dans ses bras et me remit au lit. Comme une enfant brisée qu’on recouche.

Il rabattit la couverture sur moi, sans me regarder. Puis, sans un mot de plus, il s’éloigna.

Sa voix s’éteignit dans l’ombre, presque lasse :


— On en reparlera plus tard. Dors. Il fait encore nuit… tu risques de réveiller les autres.


Et il quitta la pièce, me laissant seule avec mon souffle haché et mes larmes.

Je soupirai, abattue.

Qu’il pouvait être cruel.

Qu’il pouvait être lointain.

Alors mes paupières se refermèrent, alourdies de tristesse.

Et je glissai à nouveau dans le sommeil… un sommeil chargé de larmes et de rêves brisés.





 ***                                    

                                    



Ce sont des voix qui me réveillent finalement. Je n’ouvre pas les yeux tout de suite. Je n’ai pas la force de faire face à un interrogatoire. Pourtant, j’en reconnais certaines… Xiao, Alisa… mais d’autres m’échappent encore, plus froides, plus lointaines. Après un moment, je finis par entrouvrir mes paupières. Xiao, Alisa et un homme aux cheveux gris, au charme certain, se tiennent à mes côtés. Je n’ai pas le temps de prononcer le moindre mot que Xiao se jette sur moi, m’enserrant de ses bras tremblants, des larmes roulant déjà sur ses joues. Alisa s’éclipse aussitôt, courant prévenir les autres.


L’inconnu, lui, esquisse un sourire presque rassurant avant d’ordonner aux médecins de vérifier mon état.


— Tu ne sais pas à quel point j’ai eu peur de te perdre…sanglote Xiao en me serrant davantage.


Je sens ses épaules secouées par l’émotion. Je l’accompagne d’un geste doux, frottant son dos pour tenter de la calmer. Puis je romps doucement l’étreinte, posant mes mains sur ses épaules pour croiser son regard embué.


— Merci… Merci beaucoup, Xiao. Merci d’être là — dis-je avec un sourire fragile.


Son sourire, timide mais éclatant, me réchauffe le cœur. C’est alors que surgissent Hworang, Lars et Alisa.

Hworang m’adresse un sourire fier, ponctué d’une tape amicale à l’épaule. Lars, lui, m’ébouriffe rapidement les cheveux, comme s’il voulait me ramener un instant à une normalité qui n’existe plus.


C’était leur façon à eux de dire qu’ils tenaient à moi.

Une façon maladroite, mais sincère.


Après une série d’examens, je peux enfin quitter cette espèce de laboratoire.

J’apprends que l’homme aperçu à mon réveil n’est autre que Lee Chaolan.

Il nous installe tous dans un vaste salon, chaleureux, presque irréel après tant d’horreurs.


Mais je n’ai ni le temps de souffler, ni celui de me changer.


Tous attendent, suspendus à mes lèvres, envieux de connaître la vérité.

Je regarde chaque visage, l’un après l’autre. Un sourire triste naît sur mes lèvres.

Il n’est pas là.


— Comme vous le savez, j’ai un lien particulier avec Jin. Si je suis revenue vivre au Japon, c’était pour le retrouver. Mais… j’ai découvert bien plus que prévu. Des vérités que je n’étais pas prête à entendre. Jin… est mon frère. Mon frère jumeau.


Un murmure, un « Oh… », parcourt la pièce.

Les regards se font lourds de compassion. Certains peinent à masquer leur tristesse.

Je reprends, malgré la douleur dans ma gorge.


— Quand ma mère a su qu’elle attendait deux enfants, elle a voulu nous protéger. Elle savait qu’un danger rôdait. Alors elle a tout mis en place… Elle a fait croire au monde que j’étais une Okada. Elle a caché la vérité à mon frère, mais pas à moi. Elle a voulu que je porte ce fardeau. Et je l’ai porté, seule.


Ma voix tremble. Les larmes me menacent.


— J’ai grandi loin de lui. Je me suis sentie abandonnée, perdue. Chihiro était à mes côtés, mais… la solitude est restée ma seule amie. Quand je suis revenue ici, j’ai appris sa mort, et celle de ma mère adoptive, presque en même temps. Ce jour-là… j’ai cru que tout s’effondrait.


Je baisse le regard. Mes mains tremblent.


— J’ai gardé la tête haute trop longtemps. J’ai obéi aux dernières volontés de Chihiro. J’ai voulu retrouver ma famille, coûte que coûte. Mais ce que j’ai découvert… Un frère craint et brisé, un père démoniaque, un grand-père consumé par le pouvoir… Mon rêve d’une vie simple s’est réduit en cendres.


Un rire nerveux m’échappe, brisant un instant le silence pesant.


— Mais désormais, plus rien ne sera pareil. Je sais qui je suis. Je sais ce que je dois affronter. Je suis fière d’être la fille de Jun Kazama… et de Chihiro Okada.


Mon cœur se serre.


Un silence solennel s’installe, interrompu par la voix de Lee.


— Sais-tu, jeune fille… que tu as une grande famille ? dit-il en s’approchant.


Je le fixe, incrédule.


— Je suis le demi-frère de Kazuya. Adopté par ton grand-père.


Le mot résonne en moi comme un coup de tonnerre. « Grand-père. » Un mot qui m’était inconnu, étranger.


— Ce qui fait de vous… mon oncle ?

— Ce qui fait de moi un nouvel allié, ma chère nièce ! sourit-il en me tendant la main.


Je la saisis, une chaleur inattendue m’envahissant.

Je ne pensais pas retrouver autant de monde.

Je croyais que je resterais seule. Mais aujourd’hui, je vois une famille se dessiner.

Une famille cabossée, mais une famille quand même.


Lee propose de profiter de la journée pour se reposer, et tout le monde approuve à demi-mot.

Lars et lui m’accompagnent jusqu’à ma chambre. Je me sens vulnérable, comme mise à nu.

Arrivée devant la porte, Lars hésite.


— Aya… dit-il doucement.


Je me tourne vers lui.


— Oui ?

— Te souviens-tu… de ce qu’il s’est passé au temple ? me demande-t-il, anxieux.


Mon cœur se serre.

Je ne réponds pas. Le silence vaut aveu.

Lee finit par briser ce moment étouffant.


— Voici ta chambre. J’espère qu’elle te plaira ! dit-il avec un sourire.


Je lui rends un sourire bref, mais mon esprit est ailleurs.

Alors qu’ils s’apprêtent à me laisser seule, je saisis le poignet de Lars.

Il se retourne, surpris, puis un sourire rassurant se dessine sur ses lèvres.

Lee s’éclipse aussitôt, comme s’il avait anticipé ma réaction.


— Dis-moi ce qu’il s’est passé… et tout ce que tu sais. dis-je, le regard brûlant.


Lars soupire, puis accepte d’un signe de tête. Nous nous installons dans la chambre, sur un sofa.

Son expression devient grave, presque douloureuse. L’air se fige entre nous, lourd et austère.


— Alors que tu étais inconsciente… tu t’es transformée. Une créature à l’allure d’un ange...dit-il, la gorge serrée.


Je reste pétrifiée. Il poursuit :


— Tout s’est passé en un instant. Tu as combattu Kazuya avec une puissance… que personne n’avait jamais vue. Puis, aussi vite, tu es redevenue humaine. Et tu t’es effondrée. Tu as dormi trois jours entiers.


Mon esprit chavire.

Une seule question m’étrangle.


« Ai-je… le gène démoniaque ? »


Les doutes s’entrechoquent en moi, mélange de peur et d’incrédulité.

Je sens ma gorge se nouer. Aucun son ne sort. Lars me secoue légèrement.

Je bredouille enfin, d’une voix brisée :


— Je… suis…


Mais il m’interrompt, posant une main ferme sur mon épaule.


— Non. Tu n’as rien de démoniaque en toi. Laisse-moi t’expliquer.


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