Battlespire

Chapitre 3 : Seule ?

4676 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:58

Cela faisait des heures qu'Agnès progressait pas à pas dans la citadelle. Qu'elle avançait salle par salle, couloir après couloir sans rencontrer l'ombre d'un daedra. Elle ne faisait rien non plus pour rechercher leur présence, ceci dit. A chaque tournant, chaque coin de mur, la légionnaire tendait attentivement l'oreille à la recherche d'un signe de ses ennemies, et se détournait vivement de sa direction au moindre bruit suspect.

La peur maintenait ses sens en alerte, mais Agnès ne pouvait ignorer plus longtemps les signaux de son ventre affamé. Merde... il y a bien trop de chose sur la liste de mes priorités pour y ça aussi. Elle n'avait pas l'impression d'avoir avancé dans son exploration. Toujours le même enchaînement répétitif de salles, de couloirs et de cages d'escaliers. La Bretonne craignait de tourner en rond.

Elle descendit un escalier, en monta un autre et s'enfila une longue série de couloirs. Sans remarquer aucun changement notable. La lumière de la lanterne dans sa main commençait à vaciller. Ce n'était pas vraiment un problème, et Agnès pouvait aisément y remédier. Les lanternes, et des pierres de Welkynd pour certaines zones étaient le mode d'éclairage principale de la Battlespire La légionnaire était certaine de pouvoir trouver de l'huile de rechange sans la moindre difficulté.

Il y avait un local de maintenance au bout d'un corridor. Agnès colla son oreille contre la porte sans capter le moindre son. Elle prit une profonde inspiration, appuya sur l'interrupteur actionnant l'ouverture et pénétra à l'intérieur, lanterne en avant et couteau brandit, prenant grand soin de vérifier d'abord les angles morts. Rien. La pression dans sa poitrine se relâcha.

— Zone nettoyée, murmura-t-elle à l'intention de frères d'armes imaginaires, ainsi qu'ils le faisaient lors des simulations d'assaut pendant l’entraînement. La Bretonne trouvait rassurant de se raccrocher à des choses qu'on lui avait apprise. Même si la situation actuelle ne correspondait à aucune des scénarios les plus fous inventées par ses instructeurs.

Elle fouilla les tiroirs d'une étagère à la recherche d'une bouteille d'huile qu'elle ne tarda pas à trouver. La flamme changeante de la lanterne laissa bientôt place à une vive lueur qui éclaira le bric-à-brac entreposé dans le local. Agnès eut une idée en remarquant entassé dans un coin la pile de registre de la maintenance de Mortecime. Il doit bien y avoir un indice sur l'emplacement des quartiers de l'artificier, là-dedans. N'importe quoi, une note de service, un ordre de transfert...

La Bretonne éplucha consciencieusement la pile de parchemins poussiéreux, et trouva après plusieurs minutes bien plus qu'elle ne l'espérait. Stendarr, loué sois-tu ! L'une des archives contenait un plan détaillé de l'aile où se trouvait la tour de l'artificier, destiné à l'enchanteur préposé à l'entretient des valves de mana. Nord-est. De l'autre côté du hall du portail. Agnès arracha la page et la fourra dans son armure.

Une fois sortie du cagibi, la légionnaire perçut de nouveau des sons se répercutant sur les murs de la Battlespire. Des bruits de pas. Mais pas le crissement des griffes des galopins sur le sol de pierre, ni le pas lent et traînant des vermaïs. C'était le pas sûr et chaussé de métal d'une troupe de soldats en marche. Des légionnaires! jubila Agnès en s'élançant dans leur direction. Peut-être même Josian!

Elle les entendit parler dans une langue étrange et métallique, mais réagit trop tard. La Bretonne comprit son erreur en trouvant face à elle un groupe de gigantesques  démons cornus, blindés d'armures d'un noir de nuit veinées de rouge luisant. Agnès poussa un cris et recula en lâchant sa lanterne, verte de terreur, au moment où le premier d'entre eux fit tournoyer une hache monumentale couverte de piques.

Merde, merde, MERDE ! Elle entendait dans sa fuite les lourdes bottes qui s'efforçaient de la rattraper, ainsi que les cris de ses poursuivants qui rameutaient à ses trousse toute les forces ennemies de la citadelle. Agnès perçut un choc sourd dans son dos et sentit un flot chaud et gluant de sang couler le long de son échine. Elle ralentit à peine sa course, mais un coup d’œil derrière son épaule lui montra l'un des démons réarmer une flèche sur son arc. Merde... Sa cuirasse l'avait protégée de dégâts trop sévères. Simple coup de chance. Les automatismes appris à l’entraînement refirent surface dans l'esprit de la légionnaire. Elle oublia un instant la peur et la douleur dans son dos et ses jambes pour concentrer son attention sur ses talents en matière d'altération.

Agnès parvint au terme d'un effort considérable à lancer sur elle un bouclier tout juste potable selon les critères de la Légion, mais qui était le mieux qu'elle puisse faire à cet instant. Et elle ressentit une certaine fierté en sentant la flèche suivante dévier le long de son corps. Agnès courait au hasard. Ses yeux distinguaient à peine le chemin devant elle dans l'obscurité. Paradoxalement, les daedras ne semblaient pas pressé de rattraper la Bretonne, et se contentaient seulement de maintenir une distante étroite entre eux et elle. Ils me baladent, comprit Agnès. Ils savent exactement où se situent leurs congénères. Ils cherchent à me conduire dans un piège, ou à me bloquer. Merde...

A la première intersection, elle stoppa et se retourna brutalement. Elle profita du bref laps de temps avant que les daedras n'empruntent le virage à leur tour pour incanter un sort. Cinq poursuivants, tous des drémora. Pas le temps d'avoir peur, ils étaient là. Imagine que ce sont les mannequins de pailles, comme à Fort Phalène... Le premier guerrier franchit le virage. Agnès lui plaqua la main sur la poitrine et lança un contact enflammé qui le carbonisa dans son armure avant qu'il n'ai eu le temps de se rendre compte que sa proie leur faisait face. Si je ne suis pas assez rapide pour les éliminer, d'autres viendront. Celui à l'arc comprit le premier la situation, et décocha son tir à bout portant dans le ventre de la légionnaire. Ni l'armure, ni le sort d'altération ne purent stopper le trait cette fois-ci. Agnès hoqueta. D'instinct, son bras serrant toujours sa dague se porta vers la face de son adversaire qu'elle poignarda en plein visage. Les drémoras sont les troupes d'élites des princes Daedras. Les autres daedras lui faisaient face, arme en mains.

La Bretonne se baissa pour esquiver une épée et tomba à la renverse, l'abdomen vrillé par la douleur. L'adrénaline avait pris le dessus. Elle était incapable de réfléchir convenablement, et réagissait par pur instinct. Les drémoras sont régis par un système de caste très rigoureux. Du coin de l’œil, elle aperçut sa première victime qui était parvenue à étouffer les flammes enveloppant son corps ramasser sa hache dans ses mains couvertes de cloques et se diriger vers elle. La caste la plus basse est celle des Churl. Dans un état second, Agnès parvint à invoquer une épée d''Oblivion juste à temps pour parer un coups qui s'abattait sur elle, et riposta de son autre main avec un éclair enflammé. Elle en relança un. Puis un autre, en visant différents adversaires. La Bretonne se releva en les voyant reculer prudemment. Ils ne lui laissèrent pas le temps de se réorganiser, et chargèrent derechef. Agnès les imita, en dépit de sa blessure au ventre qui empirait à chaque pas qu'elle faisait. La plus haute est celle des Valkynaz. Elle feinta en se glissant à côté d'un adversaire en évitant un coups puissant mais trop lent, et administra au drémora une profonde estafilade le long de la hanche. La Bretonne était passée dans leur dos. Son bras gauche était engourdi. Un coup qu'elle n'avait même pas sentie sur le moment l'avait touchée à l'épaule, fracassant sa spallière. Les drémora s’apprêtaient à riposter. C'est bien trop long.

Bien que garder un œil sur son potentiel magique était la première leçon transmise aux aspirnts mages de guerre, Agnès ignorait totalement quelle quantité de mana son corps pouvait encore puiser. Seul le désir de survivre en mettant un terme rapide à ce combat subsistait en elle. Elle incanta le sort le plus puissant qu'elle connaisse. Les drémoras étaient presque sur elle au moment où la tempête de glace les engloutit. Le hurlement du blizzard dans l'espace confiné du couloir étouffa les leurs. Le sort s'estompa après quelques secondes et le silence revint.

Agnès se tenait seule, ses jambes tremblantes peinant à la supporter, devant ses adversaires statufiés. Elle se traîna jusqu'à une alcôve où se dressait la statue de quelque illustre mage de bataille, et s'effondra dans l'espace entre le socle et le mur.

Elle se réveilla bien plus tard, torturée par les élancements de sa blessure au ventre. Sa main serrait toujours le souvenir de la poignée de l'épée conjurée, depuis longtemps dissipée dans l'Oblivion. La légionnaire échoua à se relever. Jamais elle ne s'était sentie aussi faible et vulnérable. Ça fait combien de temps? Merde. Il faut que je trouve un truc à manger. Toute cette magie l'avait épuisé. Elle se savait en hypoglycémie. Et blessée par-dessus le marché...

La flèche dans son dos n'avait fait que traverser la plate, le cuir et la maille pour égratigner la chair. Simple blessure superficielle. Agnès l'arracha aisément et la jeta au loin sans plus y penser. Celle au ventre, en revanche... Elle pouvait sentir le fer caresser ses intestin. Ses mains tremblaient quand elle l'empoigna. Elle essaya de la tirer un coups, pour se faire stopper par une vague de souffrance indescriptible. Merde... La Bretonne finit par briser la partie dépassant de son ventre. Puis elle s'affala dans son recoin, en sécurité derrière la statue et ferma les yeux. Juste un instant. Je me repose juste un instant, et je retourne chercher la tour de l'artificier.

Elle avait dormi bien plus longtemps que prévu. La douleur dans son ventre était toujours insoutenable. Blessure et faim irradiaient partout dans son corps. Et si j’essayai un sort de soin ? La magie de guérison était loin d'être sa spécialité, mais elle se savait capable d'atténuer la douleur, de stopper l’hémorragie et de favoriser la cicatrisation. S'il me reste assez de forces pour ça. La Bretonne appliqua ses mains par-dessus le moignon de flèche dépassant de son ventre. Après quelques secondes de concentration, une sensation ténue de bien-être chassa la douleur. Le sort s'arrêta. La blessure n'était pas résorbée,  loin de là. Juste calmée. Il lui faudrait des semaines de séances de soin au temple de Kynareth pour guérir.

Agnès resta encore un moment couchée sur le sol de pierre, à écouter comme dans un rêve les bruits trouant l'obscurité de Mortecime. Le cliquetis régulier d'un engrenage. Un hurlement au loin lui parvenant faiblement. Celui plus proche de griffes sur le dallage. La Bretonne pris conscience après l'avoir écouté de longues minutes que ce dernier son provenait du couloir où elle se trouvait. Elle retrouvat brutalement ses esprits. Merde...

Lentement, Agnès se traîna derrière la statue pour jeter un bref coup d’œil  qui lui révéla un galopin affairé à fouiner dans les affaires laissées par les drémoras morts. Il soulevait tantôt une chemise, tantôt une bague ornée de runes ou tout autre babiole avant de les jeter au loin et de passer à une autre pièce de butin. Il est seul, à priori.  Elle tendit la main pour prendre d'une hache abandonnée sur le sol. Au terme d'un effort considérable qui la fit grimacer, Agnès parvint à se lever silencieusement. Lentement, en tâchant de ne pas faire de faux pas risquant d'aggraver sa santé, elle s'approcha du dos de la créature penchée sur les restes d'un drémora. Le galopin se retourna alors qu'il ne restait à la légionnaire que trois pas à faire pour l'atteindre.

Elle vit à travers la pénombre une expression de surprise tordre le visage démoniaque du daedra.

— Vous êtes Josian ? articula-t-il d'une voix suraiguë.

Ce fut au tour d'Agnès d'être surprise.

— Tu parle le tamrielien ?

— Vous êtes Josian ? répéta le galopin.

— Josian est un mâle. Est-ce que je ressemble à un mâle ?

La créature s'approcha et dévisagea la légionnaire.

—  Vous lui ressemblez.

—  C'est mon frère. Tu l'as vu ? Comment se fait-il que tu le connaisse ?

—  Il m'a attrapé. Menacé de me tuer si je ne répondais pas à ses questions. J'ai répondu. Il m'a laissé partir.

—  C'était il y a longtemps ? Où est-il allé ? Quelles questions t'as t-il posé ?

— Il m'a demandé qui nous a envoyé. Comment nous sommes entré. Quel était notre objectif. Je lui ai dit combien nous étions. Comment nous sommes armés. Il m'a laissé partir.

— Dis-moi ce que tu lui a répondu, et peut-être... que j'épargnerais ta misérable vie.

Le daedra se balança d'une jambe sur l'autre. Agnès vit ses crocs luire dans l'obscurité.

—  Pour  épargner ma vie, il faut être en mesure de la prendre.

Vif comme l'éclair, il bondit sur le côté et s'enfuit dans les couloirs avant qu'Agnès n'ait eu le temps de faire le moindre geste.

— Merde !

D'autres envahisseurs rappliqueraient sûrement. Il fallait décamper. La Bretonne tâcha de trouver un point de repère pour identifier sa position et trouver les quartiers de l'artificier. Elle avançait aussi vite que le lui permettait sa blessure, boitillant en s'appuyant sur la hache comme sur une canne. Le nord-est. Les quartiers de l'artificier sont au nord-est.

Josian était vivant, et il avait des réponses. Ou du moins, il l'était dans un passé proche, lui souffla une petite voix chassée aussi sec par son optimisme. Il est vivant, et il va trouver un moyen de nous sortir d'ici. Il faut juste que je le retrouve.

La tour de l’artificier était en haut de cet escalier, si Agnès ne s'était pas trompée en lisant la carte. Elle venait de traverser une salle commune remplit de légionnaires brûlés, écorchés et pendus au plafond par des crochets plantés dans leur cheville. La vue, tout comme l'odeur, était insupportable. La Bretonne dut prendre sur elle pour traverser l'unique accès à son objectif  sans fixer les yeux vides des cadavres, le cœur au bord des lèvres malgré son estomac vide. Par Akatosh ! Ces daedras sont... des...  Elle se reposa un instant sur une marche, une fois cette épreuve franchie, et entreprit l'ascension de la tour de l'artificier.

Une lourde porte de fer forgé barrait l'accès aux quartiers privés. Elle gisait renversée, défonçée sur le sol. Seul quelques lambeaux de métal pendouillaient encore aux gonds. Les daedras n'étaient plus là, constata Agnès après avoir passer la tête par l'ouverture. Tant mieux. Elle entra.

Les quartiers personnels de l’artificier contrastaient avec le reste de Mortecime par son éclairage vif offert par des orbes en lévitation et la richesse de ses décors de pur style cyrodiiléen. Le mur du fond était en fait une vaste baie vitrée qui donnaient une vue impressionnante sur le vide de l'Oblivion. Agnès ne put s’empêcher de s'attarder sur ce panorama, même dans l'urgence de sa situation. Aucune étoile n'était visible, mais tout au loin, minuscule et  à moitié voilée par la nébuleuse de mana dans laquelle flottait la Battlespire, elle aperçu la planète Nirn flanquée de ses deux lunes Masser et Secunda. Si proche et si loin.

Elle se détourna de la baie vitrée en secouant la tête et poursuivit son exploration de la tour. Rien. Ni portail, ni indice. Les meubles avaient été agencés en arc de cercle autour de la porte, commeune barricade improvisée. Les lieus avaient été organisés pour être défendus, mais il n'y avait pas l'air d'avoir eu de massacre. Des reliefs de provision, des bandages ensanglantés, des réserves de flèches et de cordes... tout indiquait qu'il y avait eu ici le campement improvisé d'une troupe de soldats. Mais où sont ils? Il y avait un rideau, dans une salle plus au fond. La Brtonne le tira et découvrit un lit encastré dans une niche, sur lequel était  allongé un vieillard pâle à l'air souffrant. Un lourd médaillon passé autour de son cou attira le regard d'Agnès, qui reconnu là l'insigne du commandement impérial. C'est l'artificier Valisius! La légionnaire se mis immédiatement au garde à vous, et plaqua son poing contre son cœur.

— Légat Agnès Kaid de la XXXIIIème légion, au rapport ! J'ai été envoyée ici sous vos ordres ! La citadelle de Mortecime est assiégée, monsieur l'artificier ! Les pertes sont catastrophiques ! Je me mets sous vous ordres dans l'attente des mesures de contre-offensive, monsieur l'artificier !

L'artificier resta un instant interdit, les yeux écarquillés par la surprise.

— Ça va, ça va. Laissez tomber ça, voulez-vous ? Ce n'est pas exactement le moment pour ces bêtises, répondit-il en secouant négligement sa main en direction d'Agnès qui ne bougea pas d'un pouce. Repos, légionnaire, ajouta-t-il pour la calmer.

Agnès se détendit.

— Vous êtes blessé ? demanda la Bretonne en remarquant du sang perler sur la couverture.

Il désigna le morceau flèche dépassant de la cuirasse de la légionnaire.

— Vous aussi. Mais si vous êtes toujours debout, c'est que vous avez eu de la chance. L’artificier souleva la couverture, montrant une plaie hideuse à sa cuisse, nécrosée et entourée de veinules noires s'étendant jusqu'aux côtes. Une horrible odeur,  celle d'un fromage d'Elsweyr trop coulant s'en échappait.

— Que Mara nous protège ! laissa échapper Agnès, révulsée.

— Une flèche, moi aussi. Mais empoisonnée, celle-là. Je ne peut rien faire d'autre que de rester ici en attendant ma mort.

— Je pourrais essayer de vous guérir, non ? La magie de soin pourrait repousser l'infection.

— Sans vouloir paraître condescendant, mais si ma magie à échouée, je ne voit pas comment la votre pourrait y parvenir. Le poison est bien trop puissant pour que quiconque puisse le stopper. J'aurais dut couper ma jambe tant qu'il était encore temps, mais je n'en ai pas eu la force. Laissez tranquille ma blessure, il y a d'autres chose que vous devez faire. J'ai chargé le commandant Kaid de s'en occuper mais il n'est pas revenu depuis bien trop longtemps. Je crains qu'il ne soit mort lui aussi.

— Vous avez vu Josian ? s’exclama la Bretonne, la voix pleine d'espoir.

— Oui. Vous êtes sa soeur, je crois? Il m'a parlé de vous. Bienvenue sur Mortecime ! J'espère que votre séjour vous sera agréable ! Enfin, bref. Après que j'ai été blessé, lui et ses hommes m'ont évacués des zones de combat pour me mettre ici, en sécurité. Ils se sont servi de mes quartiers comme poste de commandement. L'endroit est sûr. Le commandant Kaid sortait régulièrement  rechercher des survivant, tenter de reprendre le portail ou d'autres broutilles du même genre. Chaque fois qu'il revenait, il ramenait moins d'hommes avec lui. Finalement, il n'est resté que lui. Puis il n'est plus revenu.

Josian est mort, lui susurra la petite voix insupportable dans sa tête. Tu as trop traîné en route. Agnès ne voulait pas prendre le temps de réfléchir à ça. Elle força son esprit à se concentrer sur les questions plus terre à terre pour chasser ces pensées de sa tête. Tu ne pourras pas ignorer la mort de Josian très longtemps, la prévint la voix avant de disparaître. Tu ne sais même pas s'il est vraiment mort ! se dit-elle si fort qu'elle crût l'avoir murmurer. La voix ne répondit rien.

— Comment les daedras sont entrés ? Et pourquoi ?

— Je ne sais pas. Tout allait très bien, et d'un coup on viens me dire que c'est la panique autour du hall d'entrée. Tout plein de rapports contradictoires se sont succédé. Le temps que j'aille voir en personne ce qu'il se passe, les portiers et toutes les équipes de sécurité dépêchées sur place avaient été submergées. Comment voulez-vous organiser une résistance décente dans ces conditions ? Mortecime est prévu pour résister aux assauts extérieurs, nom d'Oblivion! Envoyez-nous cinquante Sunbirds du Thalmor, et vous verrez de quoi on est capable!  Une armée de daedras apparu de nulle part au milieu de nos défenses ! Il y a forcément eu une trahison quelque part. Et un mage puissant doit être dans le coup, pour avoir réussi à détourner le portail d'entrée vers un plan de l'Oblivion.

Lui aussi penche pour la trahison. Mais à quel niveau a-t-elle eu lieu ?

L'artificier continua:

— D'après le dernier rapport que le commandant Kaid m'ait fait avant de disparaître, les troupes de daedras se sont repliées dans les niveaux inférieurs de la Battlespire. Il ignorait ce qu'ils vont faire précisément en bas, mais ce n'est pas compliqué à deviner. Et il ne faut pas les laisser faire. Ils n'ont laissé en haut qu'une garnison symbolique pour traquer les derniers survivants. Ils sont venus ici, il y a une heure ou deux. Vous avez vu en arrivant le foutoir qu'ils fait à la porte en entrant. Je suis peut-être blessé, mais pas stupide. J'ai réussi à leur faire croire que j'étais un des leurs. Sort d'illusion. Il m'a pompé toute ma magie, mais ça valait le coup. Il sont ressortis aussi sec sans poser plus de question!  Je suis trop faible pour guérir moi-même votre blessure, du coup. Mais vous trouverez un établie d'alchimie dans mon laboratoire, juste là, dans la salle derrière mon bureau. Prenez de quoi manger, aussi. Reposez vous un peu. Je vous expliquez ensuite en détail comment vous devrez agir.

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