Skyrim

Chapitre 1 : La poursuite du Draugr

2323 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/09/2017 19:26

Cela devait faire une bonne vingtaine de minutes qu'Inga courrais avec Wulf. Il lui avait agrippé le poignet tellement fort qu'il commençait à lui brûler. Elle trébuchait parfois sur les pans de sa robe salie par la boue de la forêt qu'ils étaient en train de traverser. Un dédale d'arbres et de chemins tortueux, ils tentaient d'échapper à un Draugr. Il avait le visage décomposé par les millénaires passés enseveli sous terre, des bandes de momifications poisseuses parsemaient son corps rongé aux vers. 


Wulf aperçut un ravin. Il continua sa course effréné avec Inga, puis s'arrêta net devant. Elle le poussa avec la force de l'inertie. Le Draugr s'approcha, brandissant son épée rongée par le temps, il fendit l'air avec force devant Wulf, qui s'écarta en poussant Inga de l'autre côté. La jeune femme tomba dans les feuillages alors que le Draugr, emporté par son élan, fit une chute de quinze mètres dans le ravin. 


Essoufflés, ils regardèrent le corps démembré de la momie en contre-bas. Définitivement morte. Wulf et Inga échangèrent un regard de soulagement. La jeune nordique s'assit contre un arbre et l'homme face à elle. Son visage balafré, sa barbe grisonnante mal taillée, et ses cheveux poivre et sel étaient noués sur sa nuque. Ses marques brunes autour des yeux soulignaient son regard d'ambre, ce qui le rendait presque irréel au soleil. Il portait une vieille armure usée de cuir et d'acier, et à sa ceinture, une besace rapiécée et une dague nordique, gravée de runes occis. Une épée d'acier était solidement accrochée dans son dos, rangée dans son fourreau usé. Une chevalière surmontée d'une tête de loup entourait son index.


"Bon, dit-il d'une voix à la fois rauque et rassurante, dis-moi ce qu'il s'est passé."


Inga ne savais pas trop quoi répondre, tout était encore confus dans sa tête. Elle se mordit la lèvre, se passa une main dans ses cheveux roux en broussaille, dont seule une mèche était blonde comme les blés. Ses yeux noirs semblaient crier "A l'aide"; puis, après un instant de réflexion, et une profonde inspiration, elle dit d'une voix tremblante.


"Je rentrais chez moi, à Helgen, après quelques jours passés à Blancherive. Lorsque je suis arrivée, tout était en cendres. Il ne restait plus rien. Je suis allée là où je vivais avec mes parents et à la place, j'ai trouvé... Elle déglutit avec difficulté et des larmes perlaient sur ses joues. J'ai trouvé le corps de mon frère et de mes parents, calcinés."


Elle se mit à pleurer. L'homme, un peu bourru, la prit dans ses bras. Elle se laissa faire, cette accolade réchauffa son corps et son cœur. Elle le serra à son tour de toutes ses forces. 


"Et donc, cet incendie serait dû à ... une attaque de dragons, c'est bien ça? "


La jeune femme hocha la tête. 


"Yngsild, un ami à moi, l'a vu. Répondit-elle en s'essuyant les yeux. Il était presque mort lui aussi, quand je suis arrivée. Il a juste eu le temps de me dire ça, puis, il a succombé à ses blessures. "

"D'accord. Et le Draugr ? "


"Je suis partie d'Helgen, et de là, en arrivant près d'une grotte, j'ai entendu un bruit. Je suis allée voir, et il m'a suivie. Ensuite, en vous voyant sur la route, je vous ai appelé à l'aide, et vous avez répondu à mon appel. Vous connaissez la suite. "


Wulf regarda le poignet rouge vif d'Inga. Elle le massait pour essayer de faire partir la douleur. 


"Laisse-moi faire, petite. "


"Je m'appelle Inga. Et j'ai vingt et un ans." rétorqua-t-elle, presque vexée. 


"Et moi Wulf. Montre-moi ton poignet. Je vais essayer de réparer ce que j'ai causé."


Inga sourit. Elle savait bien que, sauf si il était une sorte de guerrier-mage, il n'arriverai pas à atténuer la douleur. Wulf prit alors sa main. Un craquement se fit entendre, et une longue plainte sortit de la gorge d'Inga.


"Ne cries pas! On pourrait attirer l'attention des bandits !" s'emporta Wulf.


"Tu as fini d'achever mon poignet ! " se plaignit la jeune femme. 


"Hé bien c'était le but ! Et maintenant, tiens-toi tranquille ! "


Une vive lueur jaune sortit de ses mains. La surprise d'Inga amusa l'homme. Il lui rendit sa main, et elle recommença à remuer ses doigts, et son poignet pû de nouveau bouger, comme si il n'avait jamais été cassé.

"Qui êtes-vous ? " demanda-t-elle, méfiante.


"Wulf Regard d'Ambre. Je suis un ancien Compagnon, et j'ai quelques notions de soin, ce qui est nécessaire lorsqu'on est constamment confronté aux dangers du combat. "


Inga resta bouche bée. Un Compagnon. Elle avait déjà entendu ce nom, c'était de mythiques guerriers sans peur et sans reproches aux ordres du plus offrant. Des mercenaires en quelque sorte. Les plus vaillants et courageux faisaient parti du "cercle"; mais personne ne savait réellement ce que c'était. 


"Je vais t'escorter à la ville la plus proche, gamine. Tu seras en sécurité."


"Et vous ? Qu'allez-vous faire ?"


"Me rendre à Solitude, je vais me présenter au Commandant Caïus Maro."


"Mais je n'ai plus de famille!!! Prenez-moi avec vous!!" supplia Inga.


"Non. Le monde réel n'est pas comme dans les contes des bardes! C'est bien trop dangereux pour une jeune femme de ton âge. Face à un Draugr, tu n'as pas sû t'en tirer seule, je n'ai même pas envie de t'avoir dans les pattes si je venais à en croiser plusieurs ! "


"Si je n'ai pas sû m'en tirer seule, alors, pourquoi n'avez vous ni sorti votre épée, ni votre dague ? Ça aurait été bien plus vite et plus facile. Et puis, vous m'avez sauvée! Vous devez me subir! Formez-moi Wulf ! " ne cessa d'argumenter la jeune nordique.


Wulf se sentit mal à l'aise. Son épée d'acier était tellement émoussée qu'elle coupait à peine le beurre, et il se refusait de l'attaquer à la dague. Il plissa les yeux, se leva et tendit sa main crevassée et salie à la jeune femme pour l'aider à se lever. Elle se releva en s'appuyant sur le tronc de l'arbre et frotta la boue de sa robe. 


"Je sais quand même faire des choses seule ! "


"Très bien. Il sortit de sa besace un morceau de vélin. On est ici, entre Rivebois et Blancherive. Il balaya la carte d'un regard vif, puis, jeta un œil sur sa gauche. Le Tertre des chutes Tourmentées... C'est de là que le Draugr vient !"


"Mais non ! Il vient d'une grotte !! " répéta Inga.


"Il est sorti du Tertre pour aller dans cette grotte. Pourquoi ? Qu'est ce qui l'a fait se réveiller et venir aussi loin... Il avait complètement ignoré la jeune femme et semblait réfléchir à haute voix. Il revint enfin sur Terre. Je vais te mener jusqu'à Blancherive. Je dois aller à la Forgeciel avant de partir."


La Forgeciel, la légendaire forge de Blancherive, où le Maître forgeron Eorlund Grisetoison exerce son art depuis des années. Une forge qui surplombe toute la ville, ornée d'un immense aigle de granit. Eorlund Grisetoison est aussi le principal fournisseur d'armes des Compagnons. 

Wulf pensais encore au Draugr, puis, se demandait si Eorlund accepterai de lui forger une nouvelle lame. Il fit signe à Inga de sortir de la fôret et de le suivre. Elle s'executa sans mot dire. Ils étaient enfin arrivés sur une route digne de ce nom. des plaines et des montagnes s'étalaient à perte de vue. Et la ville se dressait un peu plus loin.


"Voilà Blancherive. On doit d'abord passer devant l'hydromellerie Roncenoir et la ferme de Pélagia." 


C'est Inga qui ne l'écoutait pas cette fois-ci. Elle regardait l'épée de son sauveur et, en regardant d'un peu plus près, elle constata la vétusté de l'équipement. La lame était couverte de sang, de rouille et semblait ne jamais avoir été affûtée. 


"Je comprends mieux pourquoi vous n'avez pas sorti votre arme. Elle n'est pas plus dangereuse qu'une épée en bois."


"Je ne crois pas t'avoir demandé ton avis. Je t'escorte simplement jusque Blancherive."


"Vous auriez besoin d'un nouvel équipement, votre épée, vos épaulières, votre fourreau et vos bottes sont ..."


"FERMES-LA!"


A peine eut-il fini qu'il y eut un bruit similaire à un coup de tonnerre suivi d'une forte secousse. 


"UN GÉANT!!! TU L'AS RÉVEILLÉ WULF!!!"


"JE NE T'AI RIEN DEMANDE!!!"


Wulf attrapa le bras d'Inga et se mit à courrir.

Aller, c'est reparti, pensa Inga.

Le géant les suivait de près. Il mesurait près de trois mètres, les muscles saillants sous une peau presque putride. il avait des cheveux longs et gras, et une barbe d'environ un mètre. Il avait un gigantesque os de mammouth en guise de gourdin qu'il brandissait au dessus de sa tête. Seul un pagne de cuir épais, probablement lui aussi fait à partir de mammouth, l'habillait. Soudain, un sifflement parvint aux oreilles des deux nordiques. 

"Tu vas crever!!" s'écria une voix féminine, mais dure. La femme décocha une nouvelle flèche qui fendit l'air et qui alla se ficher dans l’œil du géant, ce qui le déstabilisa. 

"RIA! A GAUCHE! FARKAS! A DROITE!! JE M'OCCUPE DE SA TÈTE!!"


Une petite femme au teint mat courut vers l'immense bête, et entailla son flanc gauche dans un bond avec une vitesse et une dextérité impressionnante. Elle portait un casque de cuir et une armure cloutée, qui paraissait gênante, mais qui, pourtant, n'avait pas l'air de la gêner, bien au contraire. Un flot de sang se déversait sur l'herbe boueuse. Le géant s'égosilla, et tenta d'écraser "Ria" à l'aide de sa masse. Elle avait presque l'air grâcieuse à l'esquiver dans une danse mortelle. Farkas était un homme qui semblai taillé pour le combat. Il avait une armure d'acier et de cuir, très similaire à celle de Wulf, sauf qu'elle avait l'air bien moins usée. Il arracha presque la jambe droite du géant. Il avait de longs cheveux noirs, et des marques de guerre tout autour des yeux, comme si on lui avait brûlés. 

Le géant s’effondra. L'archère continua de viser ses yeux, puis, rangea son arc dans son dos, à la vitesse de l'éclair, tout en sortant sa dague. Elle sauta sur le torse du géant, ce qui le fit basculer vers l'arrière, et finit par l'égorger comme on égorge un cochon. Une véritable mare de sang entourait le groupe de personne. L'archère était rousse flamboyante, et avait de larges traits vert bouteille qui lui balafrait le visage. Elle ne portai pas vraiment d'armure. Plus une tenue de peau avec de grosses épaulières de style nordique. Elle portait aussi une sorte de torque ornée de pierres verte sur trois parties. Mais ce qui troubla le plus Inga, c'était que le trio avait la même chevalière surmontée de la tête de loup que Wulf. 


"Bravo, vous avez bien travaillé. dit l'archère en essuyant sa dague pleine de sang. Allons à La Jument Pavoisée boire une pinte en votre honneur."


Farkas tapa chaleureusement les épaules de Ria et de l'archère avant de se tourner vers Wulf et Inga.


"Aller, viens avec nous Wulf!!" Cria Farkas. 


"J'arrive, je dois mener cette fille à l'auberge!" 


Il avait dit ça d'un ton fébrile. L'archère espérait visiblement avoir mal vu, et semblait même ne pas faire attention à Wulf. Ria le regarda avec un sourire, dévoilant des dents étonnamment blanches. 


"Dépêche-toi! Ça fait si longtemps!"


Wulf rejoint le groupe à grandes enjambées et fit signe à Inga de venir. La femme rousse continua de faire comme si il n'était pas là. Ce qui avait pour effet d'agacer l'homme. 


"Salut Aela"


"Je ne salue pas les traîtres"


"Oh! Hé! Aela! C'est bon! Ca fait plus de dix ans!" tonna Farkas. 


"Allez à l'auberge sans moi. Je rentre à Jorrvaskr. Elle fouilla dans sa besace et en tira une bourse d'où elle sortit une poignée de pièces d'or qu'elle donna à Ria. Buvez à ma santé, et à celle de Skjor."


Puis, elle se retourna et partit dans une sorte de fureur rancunière.

Le groupe passa devant la ferme de Pélagia et l'hydromellerie. Ils passèrent un pont sous lequel coulait un petit ruisseau. Inga chercha du regard des poissons un bref instant avant de retrouver Wulf. Ce dernier se sentait toujours coupable de ce qui s'était passé avec Aela. Ils passèrent sur un chemin de pavés, bordé de mauvaises herbes, de chardons et de pissenlits. Puis, ils passèrent sur le pont-levis de la ville, voûté de pierres taillées, quand l'un des deux gardes postés à l'entrée demanda à Ria et Farkas:


"Halte! Qui est cette jeune femme? Nous avons ordre de ne laisser entrer personne à cause de l'attaque des dragons!"


Il avait un heaume qui cachait toute sa tête, une sorte de cuirasse molletonnée jaune sale, une épée de fer et un bouclier rond en bois avec le symbole de la ville. Une tête de jument. il avait des gants en peau, et des bottes à peine plus lourdes. 


"C'est une mission d'escorte de Wulf. Il doit mener cette femme à La Jument Pavoisée." 


Le garde hocha la tête, visiblement dubitatif. Il poussa, avec son collègue, les deux énormes panneaux en bois qui fermaient la ville. 


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