La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 39 : Porteuse d'espoir

5398 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/04/2021 17:39

Un doux silence régnait au sein du domaine Zora, alors que les eaux limpides du grand bassin principal reflétait la pleine lune trônant au milieu du ciel nocturne étoilé. Quelques gardes zoras, humains ou hyliens patrouillaient discrètement en veillant sur le peuple aquatique qui dormait paisiblement. En se fiant à une telle ambiance sereine, nul ne pouvait soupçonner l'ampleur de la menace planant sur le royaume d'Hyrule. Mais le peuple zora, ainsi que les soldats chargés de leur protection, demeuraient profondément inquiets. Tous avaient été mis au courant du retour d'Epon parmi eux. Mais celle-ci avait choisi de s'isoler au lieu de se montrer aux siens. Une telle décision avait laissé la plupart des individus dubitatifs, bien que certains d'entre eux se disaient que la perte de Rutella l'affectait probablement encore. Ce qui était vrai, mais ce n'était pas l'unique raison qui l'avait poussée à l'isolement.

Finiel le savait mieux que quiconque. Mais le fait que sa princesse ne s'était pas confiée à lui l'inquiétait. Au point où il n'arrivait pas à fermer l'oeil de la nuit. Le garde personnel de l'hybride, malgré l'heure tardive du soir, s'était rendu à la salle du trône. Celle-ci était vide même si quelques soldats montaient la garde à son entrée. Debout devant le siège royal, le zora poussa un profond soupir. La bienveillance de Rutella lui manquait. Si seulement elle était toujours parmi eux, Epon se sentirait bien mieux en cet instant. Hélas, c'était une chose impossible. La princesse aux cheveux bleus était à présent leur nouvelle reine. Et bien qu'une partie de son peuple l'avait acceptée en tant que tel, les aînés zoras se montraient toujours aussi réticents. En repensant à ces derniers, le jeune garde serra ses poings de frustration.

 

« Malgré son hybridité, je suis sûr qu'Epon sera une bonne souveraine pour nous tous... » pensa-t-il sans lâcher le trône royal du regard.

 

« Finiel ? » l'interpella une voix féminine. Ce n'était pas celle de sa protégée, mais il avait reconnu la voix de Loqa qui s'avançait vers lui.

 

« Bonsoir Loqa, la salua son semblable en se tournant vers elle. Je ne m'attendais pas à te retrouver ici.

– Moi, je savais que tu viendrais en ce lieu, confia la zora féminine. Tu arborais un air soucieux depuis le retour de notre reine. Cela se voit que tu t'inquiètes énormément pour elle. »

 

Le visage grave de Finiel avait laissé place à un léger mais tendre sourire. Son anxiété vis à vis d'Epon se voyait donc à ce point ? Se tournant de nouveau vers le siège suzerain, il répliqua:

 

« Depuis la disparition de notre précédente reine, Epon n'a jamais osé s'asseoir sur ce trône. Rien que le fait de l'approcher ou de le regarder lui semblait vraiment douloureux.

– C'est normal. Il y a quelques jours encore, Dame Rutella s'y asseyait. Ne plus la voir parmi nous nous a tous fait un choc, aussi bien pour sa fille que pour les autres. Certains des nôtres ont encore du mal à faire leur deuil. La réaction de Dame Epon face à toute cette tragédie est compréhensible. Je pense qu'il lui faut du temps pour s'en remettre.

– Ce n'est pas la seule raison pour laquelle elle redoute son nouveau statut de reine. »

 

Face à cette phrase de la part de Finiel, Loqa afficha un air étonné. Le zora mâle reprit donc:

 

« Tu ne connais pas Epon comme je la connais. Elle espérait que le jour où sa mère céderait sa place arriverait le plus tard que possible. Elle a toujours voulu protéger les nôtres en combattant et non en gouvernant. Malgré son statut de princesse, elle n'a jamais réellement agi en tant que tel jusqu'à maintenant. À présent que sa mère n'est plus là pour nous guider, et étant l'unique enfant de Rutella, c'est à elle que revient la couronne de souveraine, ainsi que toutes les responsabilités qui vont avec. En plus, avec tout ce qu'elle traverse en ce moment à cause de ceux qui ont attaqué notre domaine récemment, ça tombe vraiment mal. »

 

Son interlocutrice ne releva pas. C'était un lourd fardeau qui pesait sur les épaules de leur nouvelle souveraine. D'autant plus que son hybridité n'arrangeait pas la chose. Finiel aurait tellement voulu réconforter Epon à ce sujet et la rassurer sur le fait qu'elle ferait une brillante reine pour le peuple zora ! Mais il devait respecter sa volonté de s'isoler temporairement. Tout ce qu'il pouvait faire pour sa protégée était de prier afin qu'elle aille moralement mieux.

 

 

 

Au même instant, dans la chambre de la demi-zora, celle-ci dormait profondément. Elle revoyait ses parents en rêve. Son père Ephron et sa mère Rutella qui lui manquaient tant. C'était comme si les deux étaient toujours vivants auprès d'elle. Tous deux souriaient, heureux. Et les voir ainsi rendait Epon joyeuse à un point où elle ne voulait pas que cet instant cesse. Mais un moment arriva où ses deux parents s'éloignèrent brusquement d'elle, comme happés par une force inconnue. Un doux sourire demeuraient néanmoins à leurs lèvres.

 

« Maman ? Papa ?! »

 

La jeune fille s'était mise à courir pour tenter de les rattraper. Mais les silhouettes d'Ephron et de Rutella s'éloignèrent de plus en plus au fur et à mesure que leur enfant tentait de s'en approcher. Puis, tout à coup, les deux disparurent en laissant la bleue seule.

 

« Papa ! Maman ! Où êtes-vous ?! Revenez ! »

 

Mais aucune réponse de leur part ne se fit entendre. Le couple avait disparu pour ne jamais revenir. En comprenant cela, Epon s'était effondrée à genoux au sol en larmes.

 

« Revenez... S'il vous plaît... » murmura-t-elle en espérant ne serait-ce qu'un signe témoignant de leur présence dans les environs. Mais rien ne se manifesta.

 

C'est alors qu'une voix féminine, à la fois douce et froide, se fit entendre derrière elle:

 

« Epon... Relève-toi. »

 

Celle-ci se surprenait à reconnaître cette voix. Elle l'avait déjà entendue auparavant. Il s'agissait de la même voix qui lui répétait de laisser le phénix bleu en elle se déchaîner lorsqu'il se manifestait. Balayant ses larmes d'un revers de sa main, elle se remit debout et se retourna. Mais elle se figea sur place: devant elle se tenait la silhouette d'une personne qu'elle ne connaissait pas. Celle-ci était tellement floue que l'élue de Nayru ne parvenait pas à distinguer son visage. Toutefois, cette mystérieuse apparition semblait avoir de très longs cheveux bleus, plus clairs que les siens, et portait des vêtements légers blancs. Epon n'arrivait pas à ressentir l'énergie habitant cette fille, mais le fait qu'elle possédait cette chevelure particulière la mit rapidement sur la voie:

 

« Kida ? »

 

Était-ce réellement elle qui se tenait devant l'hybride ? Légèrement méfiante d'abord, cette dernière se risqua toutefois de s'approcher doucement. Mais la dénommée Kida lui parla:

 

« Nous devons nous réunir... Rejoins-moi au sud de Latouane... Fais-vite ! »

 

Puis elle disparut, laissant place à une gemme bleue en forme de larme, similaire à celle qu'Epon avait vue la toute première fois qu'elle s'était retrouvée dans une psysalis.

 

« Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ? » murmura la demi-zora qui ne comprenait plus rien à ce qui se passait. Comme pour lui répondre, Alys apparut à côté d'elle, les yeux rivés sur le joyau et l'air penseur.

 

« J'avoue me poser exactement la même question que toi, jeune phénix.

– Encore toi ?

– Je sais que tu es très heureuse de me revoir, plaisanta sarcastiquement la rose, mais là n'est point le moment pour fêter nos charmantes retrouvailles. Cette Kida semble avoir perturbé cette psysalis. D'ailleurs, ce n'est pas que ça. Je n'arrive plus à contrôler mes pouvoirs à cause d'elle. »

 

Epon observa l'entité d'une air étonné. Que voulait-elle dire par là ? Que la présence de Kida l'empêchait d'utiliser les psysalis dans l'esprit de la princesse ?

 

« Voilà qui est très embêtant, affirma Alys en croisant les bras. Comment accomplir la tâche que les déesses m'ont confiée si celle en qui le phénix bleu est né m'en empêche ? Je suis curieuse de savoir pourquoi elle tient à ce que vous soyez réunies, d'ailleurs. »

 

La demi-zora, déjà dépassée par cette histoire, se retrouvait à présent encore plus larguée qu'auparavant. Pourquoi Kida s'était-elle montrée ? Qu'est-ce qu'elle lui voulait précisément ? Elle n'avait pas l'air hostile à l'égard de celle chez qui le phénix bleu s'était réincarné, mais tout cela ne présageait rien de bon. Epon réfléchit un instant avant de se tourner vers la gemme qui brillait devant elle. Au sud de Latouane... C'était la destination à laquelle Kida voulait qu'elle se rende. Devait-elle l'écouter ?

 

« Que comptes-tu faire, jeune princesse ? Penses-tu réellement pouvoir faire confiance à une silhouette aussi floue que la sienne ? Si ça se trouve, c'est peut-être un piège de Gilgamesh. »

 

Un sourire malicieux étirait les lèvres de la rose alors que la bleue pesait le pour et le contre. Si Kida souhaitait se réunir avec Epon, c'était qu'elle se trouvait forcément là-bas. Et en repensant au faucheur qui tenait tant à la ramener, la demi-zora en déduisit qu'il était également à cet endroit. Alvaro devait sans doute l'accompagner. La princesse des Zoras savait donc ce qu'elle devait faire. Mais avant, elle devait en parler à Link et à Gray. Sans même répondre à Alys, elle saisit le joyau lévitant qui la fit sortir de son songe, et la ramena à la réalité.

 

 

 

Allongée sur son lit dans sa chambre au domaine Zora, l'hybride sentit un poids au niveau de son ventre. En se redressant légèrement, elle remarqua Midona qui dormait à poing fermés à moitié couchée contre elle.

 

« Hum... grogna la souveraine du Crépuscule en sentant Epon se mouvoir en dessous d'elle. Tu es toujours aussi agitée quand tu dors... ? Link était bien plus calme... »

 

La plus jeune cligna des yeux à plusieurs reprises, stupéfaite.

 

« Je ne suis pas Link. Nous ne sommes pas tes oreillers. Et puis tu m'écrases, là ! » lui murmura la bleue suffisamment fort pour obliger la twili à se décoller d'elle et à se décaler légèrement sur le côté avant de se rallonger sur le matelas tout en lui tournant le dos.

 

« Dommage... parla Midona en baillant. Tu es bien plus confortable que lui. »

 

La demi-zora ne savait pas trop si elle devait être outrée ou amusée par une telle remarque à son égard. De toute manière, elle ne pouvait pas répondre quoi que ce soit étant donné que la princesse à la chevelure flamboyante s'était rendormie instantanément.

 

« Okay ? » pensa Epon en se laissant retomber sur son lit, les yeux rivés sur le plafond de la vaste pièce. Bien qu'elle trouvait la plus âgée singulière et sans gêne dans son attitude, l'élue de Nayru ne pouvait pas nier qu'elle était parvenu à apaiser en quelques secondes son anxiété. Elle comprenait mieux les raisons pour lesquelles Link appréciait Midona. Celle-ci, malgré son originalité et son excentricité, était un excellent soutien moral en plus d'être une personne franche et sensée. La bleue eut un léger sourire en repensant à cela. Mais elle n'oublia pas pour autant le rêve, ou plutôt la psysalis qu'elle venait de vivre. Elle avait à présent une idée d'où commencer les recherches pour retrouver leurs ennemis et les abattre. Il ne restait plus qu'à rejoindre ses compagnons le lendemain pour leur en parler.

 

Mais il y avait une chose qu'elle désirait faire avant de quitter son domaine une nouvelle fois.

 

 

 

La nuit fut plus courte qu'on ne l'aurait pensé, et les lueurs matinales du soleil baignaient déjà le village Zora d'une douce lumière. Tandis que les soldats continuaient leur tour de garde, la population zora se réveilla peu à peu. Certains plongeaient déjà dans les eaux claires du domaine, pendant que d'autres se contentaient de contempler ce paysage enchanteur tout en restant assis sur la terre ferme. C'était comme si la vie reprenait doucement son cours dans ce lieu qui avait connu récemment une terrible tragédie.

Mais quelques instants plus tard, à la surprise de tous ces zoras, une annonce solennelle avait été faite: Tous étaient conviés à la salle du trône sur la demande d'Epon. Sachant que celle-ci s'était faite discrète depuis son arrivée, ils étaient à la fois étonnés par cette requête soudaine de sa part, et curieux d'en connaître la raison.

Lentement, le lieu du rassemblement se remplit alors que l'élue de Nayru avait prit place sur le siège royal, l'air grave. Finiel se tenait debout à sa droite et la regardait sans oser lui adresser la parole. Lui aussi avait été pris de court par une telle décision et semblait stupéfait de voir sa protégée installée sur le trône de sa défunte mère. C'était pareil pour Midona qui, cachée dans l'ombre de l'hybride, attendait la suite des événements sans se faire remarquer.

La foule zora s'agrandissait au fil des minutes. Parmi eux se mélangeaient enfants, adolescents, adules et aînées. Ces tous derniers voyaient d'un mauvais oeil la princesse prendre la place de Rutella et Finiel l'avait remarqué. Des chuchotements au sein du peuple s'élevaient dans un premier temps. Mais ils se calmèrent aussitôt qu'Epon s'était levée du trône pour prendre la parole:

 

« Mes frères, mes soeurs, commença-t-elle après avoir inspiré un bon coup. Je sais que cela peut vous paraître étrange de ma part de m'exprimer devant vous de la sorte, mais j'ai besoin que vous m'écoutiez jusqu'au bout. »

 

Elle balaya ensuite rapidement toute la salle du regard, dévisageant les personnes présentes. Elle avait peur de flancher devant son peuple en cet instant et tourna quelques instants sa tête pour regarder Finiel, espérant que cela lui donnerait du courage. Son garde personnel, étonné d'abord, lui adressa un léger sourire tout en hochant la tête en signe de soutien. Voyant à travers ce simple geste que le zora la supportait dans sa démarche, elle lui rendit son sourire avant de reprendre un air sérieux et de se tourner vers les siens:

 

« Comme vous le savez tous, notre domaine a vécu un événement tragique qui a eu raison de la vie de beaucoup d'entre-nous... dont la précédente reine de notre peuple. »

 

Plusieurs zoras avaient tristement baissé la tête à la mention de Rutella. Sa disparition les affectait toujours autant malgré les nombreux jours écoulés depuis.

 

« Étant son unique enfant, reprit Epon en serrant ses poings, j'hérite de sa couronne et deviens donc votre nouvelle reine. Je dois vous avouer que je ne m'étais pas du tout préparée à cette éventualité, surtout en sachant que l'idée d'avoir une hybride comme moi en tant que souveraine ne plaît pas à tous ici. »

 

Elle avait automatiquement tourné sa tête en direction des aînés en prononçant cette dernière phrase, à leur étonnement et à celui de Finiel. Ils étaient surpris de constater que la jeune fille était au courant de l'antagonisme que lui vouaient encore certains zoras à cause de ses origines. Mais Epon était loin d'être dupe ou naïve à ce sujet: Elle avait déjà remarqué les regards insistants des aînés lorsqu'elle les croisaient et entendu les murmures méprisants qu'ils s'échangeaient à son égard. Cependant, la bleue ne les blâmait pas pour cela. Même si se savoir discriminée de cette manière ne lui faisait pas plaisir, elle avait trouvé la force de passer outre désormais. Surtout que là n'était point le plus grand de ses soucis.

 

« Malgré tout, me voilà aujourd'hui devant vous, à vous parler en tant que reine et non en tant que princesse. Mais mon statut royal n'est pas la raison de ce rassemblement. »

 

Fermant les yeux et se concentrant un instant, elle autorisa le phénix bleu en elle à apparaître temporairement. Les yeux de tous s'écarquillèrent de stupeur en apercevant l'aura de cette créature entourer son corps.

 

« Ce que vous voyez là n'est pas une illusion, affirma-t-elle d'une voix qui sonnait moins humaine que d'habitude. Le phénix bleu... Cette créature légendaire que nombreux d'entre vous connaissent, et dont certains m'en ont attribué le surnom... Elle existe bel et bien. Et elle se trouve en moi. C'est d'ailleurs ce que ceux qui ont attaqué notre domaine recherchent. »

 

Sous les yeux choqués des zoras, jeunes comme moins jeunes, l'aura du phénix disparut alors que l'élue de Nayru haletait légèrement. Durant quelques secondes de silence, elle reprit son souffle et retrouva sa voix normale. Sa marque divine bleue brillait sur sa cuisse à un point qu'on pouvait en voir la forme à travers le tissus de son short blanc. Elle se tourna donc de profil, afin de révéler ce glyphe à son assemblée.

 

« Quant à cette marque qui a attisé ma curiosité depuis mon plus jeune âge, au point de récemment entreprendre un voyage pour en savoir plus sur elle, je sais à présent pourquoi je la possède. »

 

Elle se repositionna face à son peuple et lâcha la terrible vérité:

 

« La déesse Nayru, celle que nous vénérons depuis la nuit des temps, m'a choisie comme élue pour semer le chaos à Hyrule aux côtés de trois autres personnes, chacun élu par une divinité d'Hyrule. »

 

La terreur et l'incompréhension se lisait chez quasiment tous les zoras. Seul Finiel qui connaissait déjà tout cela n'était pas surpris. Mais il avait détourné son regard de tout le monde, l'air peiné. Il ne s'attendait pas vraiment à ce que sa souveraine dévoile cette réalité en ce jour, et encore moins de cette façon. Il redoutait à présent la réaction de ses confrères.

 

« Alors, c'est à cause de cette marque et du phénix bleu si notre domaine a été attaqué ?! s'indigna un aîné mâle en s'avançant de deux pas.

– C'est en effet lié, confirma Epon en le regardant franchement.

– Vous vous rendez compte de ce que vous nous dites ? bougonna une aînée femelle cette fois. De nombreux zoras sont morts lors de cet assaut ! Notre reine a également péri ! Tout cela par votre faute !

– Comment pouvons nous avoir confiance en vous en tant que reine en sachant tout cela ? s'emporta une autre zora aînée. Cela tient du miracle si notre peuple ne s'est pas encore éteint à cause de cette histoire !

– C'est une honte ! vociféra le premier aîné qui s'était prononcé. Vous êtes une honte pour notre peuple ! »

 

Plusieurs voix, principalement du côté des aînés mais également chez quelques zoras un peu plus jeunes, s'élevèrent contre l'hybride. Les autres demeuraient silencieux, soit parce qu'ils étaient toujours sous le choc de ces révélations, soit parce qu'ils ne savait pas comment réagir vis à vis de leur nouvelle reine.

Finiel, de son côté, faisait un effort colossal pour ne pas se précipiter vers toutes ces personnes en leur lâchant une réplique cinglante. Loqa, qui s'était mêlée à la foule, n'en était pas moins énervée vis à vis de ceux qui médisaient Epon à ce point. Les deux zoras avaient conscience que la jeune fille n'était pas responsable du drame dont avait été victime leur domaine. Mais une partie du peuple aquatique semblait convaincue du contraire.

Midona, toujours cachée dans l'ombre de la bleue, avait de la peine pour celle-ci. Elle trouvait le comportement de ce peuple injuste à son égard. Hélas, elle ne pouvait pas se permettre de se montrer, même si elle aurait souhaiter les remettre tous à leur place.

Epon, quant à elle, observait tous ces gens l'accuser, la rabaisser, ou lui répéter à quel point une bâtarde comme elle était indigne de succéder à Rutella. Voilà donc ce que son peuple, ceux qu'elle chérissait tant et qu'elle désirait protéger de toutes ses forces, pensaient d'elle... Elle trouvait cela assez ironique, mais se refusait de qualifier ce genre d'attitude de pathétique. Elle estimait que ce n'était pas à eux de se calmer.

C'était à elle de leur prouver le contraire de ce qu'ils pensaient.

 

« Avez-vous terminé ? » prononça-t-elle d'une voix forte et sèche qui provoqua un silence général au sein de la foule. Puis, doucement, elle délaissa le trône afin de se rapprocher des siens, et plus particulièrement des aînés qui avaient failli reculer.

 

« Selon vous, entre une princesse qui fait tout pour sauver son peuple et celui d'Hyrule d'une menace imminente, et des citoyens qui se contentent de critiquer ceux qui sont différents d'eux tout en rester cloîtrés chez eux lorsqu'un danger se présente, qu'est-ce qui est le plus honteux ? »

 

Personne n'osa répondre à cette question, pas même les aînés qui se contentaient d'observer leur cadette.

 

« Il est vrai que j'ai commis de nombreuses erreurs. Mais ce n'est pas en m'accusant de tous les maux qu'elles se répareront. Ce n'est pas démontrant votre hostilité à mon égard que ma mère reviendra. Et ce ne sont pas vos affronts qui arrêteront nos véritables ennemis. »

 

Elle pivota ensuite sur elle même pour observer les autres zoras, avant de continuer:

 

« Avec mes amis et alliés, nous sommes parvenus à affaiblir ce fléau qui plane sur ce royaume depuis trop longtemps. Mais la bataille n'est pas finie. Elle s'est même corsée. »

 

Tournant le dos à tous, elle se redirigea lentement vers le siège royal:

 

« Le combat que je suis sur le point de livrer avec mes compagnons et frères d'armes sera décisif. Soit nous réussirons et Hyrule sera sauvé, soit nous échouerons et Hyrule sera condamné. Malgré que la déesse Nayru m'ait choisi pour assurer la destruction de nos terres, j'ai choisi de faire l'inverse. J'ai refusé de me plier à une volonté divine pour vous protéger, vous et les autres peuples Hyruliens. Et si on rajoute à cela le phénix bleu dont je perds peu à peu le contrôle à l'heure où je vous parle, il est possible que mon prochain voyage soit sans retour. »

 

Si la première partie de sa tirade avait fait naître un certain respect à son égard de la part de quelques zoras, sa dernière phrase avait jeté un froid à l'assemblée. Loqa s'était même approchée de la bleue, l'air terrifié:

 

« Dame Epon...

– Ne vous en faites pas, la coupa celle-ci se retournant vers eux alors qu'elle était arrivé près du trône. Je n'ai pas l'intention de me faire tuer aussi facilement, que ce soit par nos opposants ou par cette créature ancienne en moi. Vous tous ici présents êtes ma raison de vivre. Me laisser mourir signifierait vous abandonner et c'est une chose que je refuse de faire. Si ma mère était encore parmi nous, je sais qu'elle m'aurait soutenue et encouragée. »

 

Sa mère... Et dire qu'elle avait rêvé de ses parents la nuit dernière. Repenser à cela et au reste rendait Epon à la fois triste et mélancolique. Et assumer ses responsabilités de nouvelle reine zora lui rajoutait une certaine pression. Mais ce qui arriva suite à cela la surprit au plus haut point:

 

« Nous sommes avec vous, votre Majesté ! s'écria un zora mâle adulte.

– Je suis sûre que vous y arriverez ! enrichit une femelle adolescente.

– Mettez leur une raclée à ces idiots qui nous veulent du mal ! » fit vivement un troisième zora. Puis au fur et à mesure, de plus en plus de voix s'élevèrent. Mais cette fois, c'était des paroles d'encouragement et de soutien. Même les aînés semblaient résignés face à un tel retournement de situation.

 

L'hybride aux cheveux bleus en fut extrêmement touchée. Son peuple, dans une grande majorité, se montrait compréhensif et compatissant vis à vis d'elle. Ils avaient compris les enjeux qu'impliquaient les actions de leur jeune dirigeante et du combat qu'elle menait pour les préserver malgré sa différence raciale. Ils voulaient la soutenir et témoigner de leur respect envers elle:

 

« Gloire à notre reine ! » finirent-ils par s'exclamer à l'unisson à plusieurs reprises, ce qui fit sourire Epon qui semblait émue par leur réaction. Son peuple était devenu une source de motivation et de courage. Toutes les craintes qu'elle avait accumulé jusqu'à maintenant s'étaient apaisée grâce aux siens.

 

« Eh bien, pensa Midona depuis sa cachette avec un sourire en coin. Vu comment c'était parti, je ne m'attendais pas du tout à un tel revirement. Cette petite me surprendra toujours ! Elle me rappelle un peu Link. »

 

Finiel, quant à lui, était tout aussi ému que sa protégée. Au point qu'il avait laissé quelques larmes couler le long de ses joues. Malgré son inquiétude vis à vis de la dernière bataille que devaient livrer Epon et ses amis, il était à la fois fier d'elle et heureux de voir que son peuple acceptait enfin la jeune fille en tant que nouvelle souveraine.

« Dame Rutella, Sir Ephron, votre fille a bien grandi... » songea le garde personnel de l'élue de Nayru en essuyant ses larmes avant d'afficher un grand sourire, les yeux rivés sur la concernée.

 

 

 

Suite à ce rassemblement qui avait apporté force et espoir au peuple Zora, Epon s'était rendue dans sa chambre afin de se préparer pour son départ. Tandis qu'elle accrochait sa besace au niveau de sa ceinture, Midona, assise sur le bord du lit, lui adressa un sourire:

 

« C'était impressionnant de te voir parler ainsi devant ton peuple. Je ne te pensais vraiment pas de cette trempe. J'en ai presque eu des frissons, pour te dire !

– Je t'avouerai que je me suis surprise moi-même sur le moment, confia la plus jeune. C'était comme si mon corps avait bougé tout seul, et que certaines paroles que je retenais depuis longtemps avaient besoin de sortir. Parler à coeur ouvert envers mon peuple m'a soulagé, d'une certaine manière. Maintenant, je sais que je peux partir l'esprit plus serein. »

 

La twili était bien contente de voir la demi-Zora retrouver l'enthousiasme qu'elle semblait avoir perdu depuis quelques temps. Une interrogation lui brûlait toutefois les lèvres. Mais elle hésitait à la poser par peur de faire renaître l'angoisse chez la bleue. Celle-ci avait remarqué son blocage:

 

« Qu'est-ce qu'il y a, Midona ?

– Tout à l'heure, lorsque tu disais que tu ne te laisserais pas tuer par le phénix bleu en toi... Tu le pensais vraiment ? Ou tu as dit ça juste pour rassurer les tiens ?

– Un peu des deux, avoua Epon en préparant ses armes. Il est vrai que ce phénix me fait peur et que je crains d'en perdre le contrôle d'ici peu. Mais d'un autre côté, je n'ai pas envie d'être aussi fataliste. Peut-être que je parviendrai à garder son contrôle malgré tout ? Au final, rien n'est sûr. Je n'avais pas spécialement envie d'inquiéter les zoras à ce sujet. Surtout que je veux réellement survivre à cette bataille pour enfin endosser le rôle de reine zora.

– Et ce statut de reine ? Tu le désires réellement ? »

 

Pour l'hybride, répondre oui à cette question serait mentir. Si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait préféré voyager à travers Hyrule aux côtés de Link et de Gray. Seulement, étant donné que sa mère n'était plus de ce monde, elle sentait qu'il était de son devoir de veiller sur les zoras.

 

« Et puis, être reine ne m'empêchera pas de partir à l'aventure de temps en temps, je suppose ! » affirma-t-elle en adressant un sourire à la souveraine du Crépuscule. Face à une telle réponse, celle-ci ne put s'empêcher de rigoler légèrement. Mais tout à coup, quelqu'un frappa à la porte.

 

« Epon ? Tu es là ? C'est moi ! » fit la voix de Finiel derrière la porte. Midona s'était brusquement levée et s'apprêtait à se cacher dans l'ombre de la demi-zora. Mais cette dernière lui fit signe que ce n'était pas utile et ordonna à son garde d'entrer.

 

Une fois la porte ouverte, Finiel constata sans réelle surprise que sa reine n'était pas seule.

 

« Oh... C'est donc toi qui tenait compagnie à Epon depuis hier ? » demanda-t-il alors que Midona affichait un sourire gêné. La bleue, un peu amusée par cette situation, fit rapidement les présentations avant de demander au zora la raison de sa venue.

 

« Je viens avec toi, lui proposa-t-il. Je veux combattre à tes côtés.

– Quoi ? fit l'hybride qui ne s'y attendait pas. Mais si tu viens, qui va veiller sur notre peuple à ma pl...

– J'ai demandé à Loqa de s'en charger, la coupa Finiel en affichant un léger sourire. Et j'ai déjà prévenu pas mal de personnes de mon départ. Ils comptent tous sur moi pour veiller sur toi et te ramener en un seul morceau au domaine une fois tout cela fini, tu sais ? »

 

Epon n'arrivait pas à croire que son soldat personnel l'avait prise de court de cette manière, ne lui laissant pas d'autre choix que de le laisser l'accompagner.

 

« C'est vraiment un voyage dangereux qui nous attend, la prévint sa protégée. Sans compter Gilgamesh et Alvaro, j'ignore le nombre d'ennemis qu'on devra affronter au total. Tu es vraiment sûr de vouloir venir ? Je n'ai pas spécialement envie qu'il t'arrive quoi que ce soit.

– Depuis que tu maîtrises l'art du combat, nous nous sommes affrontés à plusieurs reprises. Et je ne compte pas le nombre de fois où je t'ai mis une branlée monumentale. Donc, je pense pouvoir me débrouiller. Ne t'inquiète pas pour moi, répondit Finiel en lui faisait un clin d'oeil pour la taquiner.

– Pour les branlées, tu as juste eu de la chance... » répliqua la plus jeune en faisant la moue alors que Finiel se retenait de rigoler en se remémorant ces instants. Mais le zora fut ravi de voir que l'hybride acceptait tout de même sa proposition de l'accompagner dans son dernier périple.

 

Une fois prêts, et après que Midona se soit cachée une nouvelle fois dans l'ombre d'Epon, la reine et son garde personnel saluèrent une dernière fois les zoras avant de quitter le domaine. Le duo était déterminé à revenir vainqueur de la future joute qu'ils allaient vivre.

 


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