La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 42 : Un culte infortuné

4509 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/04/2021 15:11

On ne pouvait pas dire que le groupe de Link était dans une situation favorable en cet instant. Pris d'assaut de toutes parts par un étrange comité de faucheurs, le héros d'Hyrule et ses compagnons n'avaient pas d'autre choix que de se défendre. Étant en infériorité numérique, ils savaient d'avance que ce combat s'annoncerait rude. Bien plus que leur confrontation avec les quatre Gibdos précédemment. Mais s'ils voulaient retrouver Alvaro et Gilgamesh, ils devaient d'abord croiser le fer avec ces individus encapuchonnés.

Ces derniers étaient rapides et vifs, faisant danser leur faux de façon étonnamment gracieuse mais extrêmement dangereuse. Link usait de toute l'expérience au combat qu'il avait accumulé jusque là tantôt pour parer, tantôt pour esquiver les attaques. Mais lorsqu'il essayait de contre-attaquer, ses opposants parvenaient à éviter sa frappe en reculant de manière si fluide qu'ils donnaient l'impression de léviter en arrière.

Midona épaulait le héros d'Hyrule en utilisant ses pouvoirs des ombres pour le protéger ou affaiblir ses adversaires. Mais bien qu'étant dotée d'une magie puissante, la souveraine du Crépuscule n'était pas non plus une combattante hors-pair au corps à corps. Elle ne put donc anticiper l'attaque d'un faucheur qui s'apprêtait à abattre son arme dans son dos pour l'achever.

Heureusement pour la twili, Gray s'était téléporté derrière elle pour parer une telle attaque qui lui était destinée avec un sabre à la lame enflammée.

 

« Vous êtes plus nombreux que nous et vous avez le culot de faire de tels coups bas ? » grogna l'élu de Din avant de frapper l'individu qui lui faisait désormais face. Mais celui-ci disparut tout à coup au moment de l'impact pour laisser place à un nuage de sable, au grand étonnement de l'argenté.

 

« Bon sang ! C'est quoi ces trucs ? Des illusions de Gilgamesh ? » se demanda-t-il alors qu'il venait de se baisser pour esquiver l'attaque d'un autre faucheur qui aurait pu le décapiter s'il n'avait pas eu ce réflexe.

 

Un peu plus loin, Epon galérait tout autant que les trois autres alors qu'elle faisait tout son possible pour tenir tête face à trois personnes qui l'attaquaient simultanément. La demi-zora s'était vite rendue compte que la taille de ses armes n'était pas adaptée pour un tel combat. Elle fut donc obligée d'utiliser ses pouvoirs et se défendit à coup de jets d'eau. Tourbillonnant presque sur elle même, elle toucha chacun de ses trois assaillants avec ses sortilèges, les envoyant chacun valser contre la paroi la plus proche de la caverne. Mais tout comme le faucheur disparu suite à la frappe de Gray, les trois adversaires d'Epon se transformèrent en nuées de sable au moment de percuter le mur.

 

« C'est étrange... pensa alors l'hybride aux cheveux bleus en fronçant les sourcils. Ils ont disparu mais je ressens toujours leurs énergies.

– Epon, baisse-toi ! » lui ordonna soudain Link en fonçant droit vers elle, son épée légendaire levée. Prise au dépourvue, la benjamine du groupe choisit toutefois de lui obéir et de se baisser. Elle permit ainsi au blond de frapper de plein fouet un faucheur qui s'approchait d'elle par l'arrière. L'individu encapuchonné disparut comme les autres au moment où la lame le toucha.

 

« Je l'ai eu ? demanda l'homme en vert alors qu'il s'était mis dos à dos avec l'élue de Nayru pour faire face à d'autres adversaires qui s'approchaient d'eux.

– Je ne crois pas, répondit son interlocutrice. Son énergie n'a pas disparue et erre dans cette salle. J'ai plutôt l'impression qu'on est en train de perdre notre temps et notre énergie à les combattre de cette façon ! »

 

Comme pour appuyer ses dires, le quatuor remarqua que les nuages de sable, après être restés un moment en lévitation, firent réapparaître les faucheurs disparus.

 

« S'il reviennent à l'infini comme ça, c'est pas gagné, commenta Midona après avoir rejoint Link et Epon avec Gray. Qu'est-ce qu'on fait ?

– On les abat tous en même temps ! » proposa alors l'élu de Din dont les armes flottantes étaient dispersées un peu partout dans la zone. Il claqua ensuite des doigts et tout son arsenal émit de puissantes explosions, provoquant un grand souffle dans toute la salle. Bien évidemment, il faisait en sorte que ces déflagrations ne les atteignent pas, lui et son groupe. Lorsque la fumée provoquée par cet assaut infernal se dissipa, il ne restait plus rien des faucheurs, sinon quelques traînées de sable éparpillées sur le carrelage.

 

« Plutôt barbare comme manière de procéder mais efficace, le félicita la princesse du Crépuscule.

– On ne les a pas encore vaincus, leur informa Epon aux aguets. Je ressens toujours leurs présences autour de nous.

– Ils sont increvables ou quoi ? » s'étonna Link qui ne voulait pas croire à la survie cette petite armée après une telle attaque. Il balaya du regard la salle faiblement éclairée par les armes enflammées de Gray et les motifs violacés luisants sur les murs. Il souhaitait demander à Midona de le transformer en loup afin d'activer sa vision nocturne pour y voir plus clair. Mais soudain, une bourrasque d'origine inconnue souffla, emportant avec elle la multitude de grains de sable déposée par terre pour former une brume autour du quatuor. La force de ce courant d'air était suffisante pour éteindre les flammes sur les armes de Gray.

 

« Faites attention ! » conseilla le blond à ses compagnons en sentant le danger. Mais brusquement, la puissance de ce mystérieux vent s'amplifia, et le groupe se retrouva au milieu de ce qui ressemblait à une tempête de sable.

 

« Un phénomène comme celui-ci dans un endroit pareil ?! demanda vivement Gray en portant son bras devant son visage pour protéger celui-ci.

– C'est sans doute cette ordure de Gilgamesh ! » supposa Midona en faisant de même tout comme Link et Epon. Cette dernière avait tenté de faire apparaître un dôme aqueux autour d'eux pour les prévenir d'une éventuelle attaque surprise de la part d'un faucheur. Mais la puissance du sortilège se déchaînant sur eux rendait cette manoeuvre impossible.

 

 

 

Alors que les quatre se demandaient comment s'en sortir, ils sentirent que cette tempête se calmaient petit à petit. Mais tandis qu'ils se remettaient de cette épreuve aussi effrayante qu'incompréhensible, tous remarquèrent que le décor autour deux s'était modifié. Ils ne se trouvaient plus dans une caverne souterraine, mais au milieu du désert Gerudo. Et plus précisément devant la tour du jugement.

Mais celle-ci arborait une allure différente de celle que connaissaient Link et les autres. Cette tour-ci était en bonne état, et la vie semblait y fourmiller aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Tous ceux circulant dans les environs étaient humains. Certains à la peau foncée comme Gilgamesh, d'autres à la peau plus claire. Ils semblaient de tous genres et de tous âges. Hommes, femmes, enfants, personnes âgés, il y avait de tout. Aucun d'eux n'avait l'air malveillant ou habité par de mauvaises intentions. C'était comme s'ils vivaient paisiblement comme le feraient les habitants de n'importe quel village d'Hyrule. La plupart de ces gens, tournés en direction du sommet de la tour, semblaient prier en arborant un air heureux. Une certaine spiritualité couplée à une ambiance pacifique et sereine se dégageait de cet endroit. Et cela déroutait quelque peu le quatuor qui semblait complètement dépaysé par ce changement soudain de paysage.

 

« C'est quoi ce délire ? demanda Epon, abasourdie.

– Probablement un coup de Gilgamesh, supposa Link. C'est peut-être un piège. Ne baissez pas votre garde.

– Ce que vous voyez là est effectivement une illusion de ce cher faucheur... ou plutôt, l'un de ses lointains souvenirs pour être plus précis ! résonna tout à coup la voix d'Alvaro qui fit sursauter le petit groupe.

– Montre toi, enfoiré ! » lui ordonna Gray.

 

Mais le violet ne se montra pas pour autant et se contentait de continuer à leur parler:

 

« Oh, j'aurais bien voulu, mais je n'ai pas envie de gâcher ce beau spectacle qui s'annonce ! »

 

Des hurlements s'élevèrent brusquement. Les quatre amis se retournèrent et firent face à une effroyable scène: Des soldats hyliens, chacun portant des armures aux couleurs d'Hyrule, surgissaient de partout pour attaquer ces personnes encapuchonnées. Quelque uns de ces derniers finissaient embrochés par des épées et des lances militaires pendant que d'autres, qui tentaient de prendre la fuite, se faisaient abattre par une multitude de flèches que des archers postés à des endroits stratégiques tiraient en rafales.

 

« Ce que vous voyez là, reprit Alvaro d'un air un tantinet trop enjoué par rapport à cette vision tragique, c'est le massacre d'un peuple qui vouait un culte pour Lato, la déesse des morts. Ou la déesse oubliée des Hyruliens, si vous préférez. Inutile de vous préciser que Gilgamesh faisait partie de cette population. D'ailleurs, les faucheurs que vous avez affronté tout à l'heure, ce sont plus ou moins des répliques de certaines personnes que vous voyez autour de vous.

– Pardon ? » fit Epon alors que ses yeux horrifiés étaient tournés vers les cadavres qui s'accumulaient au fur et à mesure que les soldats continuaient leur avancée meurtrière en direction de la tour. La jeune fille ne comprenait pas: Pourquoi Gilgamesh et Alvaro leur faisaient-ils visionner une telle tuerie à un moment pareil ?

 

« Ce n'est pas en nous montrant le génocide de l'entourage de ce faucheur de pacotille que j'aurais de la pitié pour lui ! s'écria Midona. Arrêtez votre cirque et affrontez-nous en face !

– Chaque chose en son temps, chère créature du Crépuscule ! lui répliqua le violet. Nous ne sommes pas spécialement pressés de croiser le fer avec vous. Quoi que... Gilgamesh en serait certainement ravi, mais je pense qu'il serait plus judicieux que vous voyez la suite. »

 

Alors qu'il achevait sa phrase, Link, Epon, Gray et Midona furent à nouveau pris dans une tempête de sable identique à celle qui les avaient précédemment frappés. Mais comme pour la première, celle-ci se calma au bout de quelques dizaines de secondes, et le décor changea à nouveau.

Cette fois-ci, ils se retrouvaient dans ce qui ressemblait à la chambre du miroir, au dernier étage de la tour du jugement. Néanmoins, ni le miroir des ombres ni le portail reliant Hyrule au Crépuscule n'étaient visibles. Au centre de cette immense salle circulaire se dressait une statue représentant une entité féminine debout, autour de laquelle s'enroulait un grand serpent, un peu comme la statue que le quatuor avait rencontrée quelques instants plus tôt. Aussi, six grandes chaînes reliées aux colonnes qui s'élevaient au sommet du monument, plongeaient profondément dans le sol tout autour de cette sculpture. Link et Midona savaient que le miroir des ombres et le mur sombre dans lequel s'ouvrait la faille entre les deux mondes demeuraient enfouis dans le sol, et que cette statue face à eux représentait le mécanisme permettant de les faire apparaître.

Mais là n'était pas le détail le plus important en cet instant. Devant cette statue, plusieurs personnes, probablement des membres du culte de la déesse Lato, se mettaient en alerte en entendant les hurlements de leurs confrères se faisant tuer sans pitié par les soldats. Chacun d'entre eux était doté d'une faux similaire à celle que Gilgamesh maniait. L'un de ces individus, dont le visage était dissimulée sous l'ombre de sa capuche noire, s'adressa à un jeune homme à la tête découverte:

 

« Gilgamesh, lui parla-t-il sur un ton qui trahissait une certaine peine. Nous ne pouvons pas nous permettre de tous mourir ici. Enfuis-toi et va prévenir nos frères de Latouane. Vite ! »

 

Link et ses compagnons furent surpris à l'entente du nom de ce garçon. Le physique de ce dernier était bien différent de l'allure qu'arborait le Gilgamesh actuel. Sa version d'antan n'était pas aussi imposante. Son crâne était partiellement rasé, mais ses cheveux noirs subsistaient à l'avant en une frange sur le côté, ainsi qu'à l'arrière en une longue queue de cheval descendant jusqu'au milieu de son dos. Aussi, les deux yeux de cet homme étaient noirs. Son oeil gauche n'était pas doré et ne portait donc pas la marque de Lato.

 

« Gilgamesh ? s'étonna Epon qui n'en revenait pas.

– Il est hors de question que je vous abandonne ! répliqua alors celui-ci à l'adresse de son interlocuteur.

– Étant notre combattant le plus fort, toi seul est capable d'atteindre les terres bénies par notre divinité tout en survivant. Nous, les gardiens de cette tour, sommes condamnés. Mais ce n'est pas encore le cas de tous les croyants de la déesse Lato. Le peuple des humains et sa religion a encore un espoir de continuer à exister. Et cet espoir repose désormais sur tes épaules. »

 

De la colère mêlée au doute était visible sur le visage de Gilgamesh, alors qu'on pouvait entendre des entrechoquements d'épées se rapprochant de la chambre du miroir. Les soldats hyliens continuaient leur ascension de la tour de manière fulgurante.

 

« Va-t-en Gilgamesh ! lui ordonna l'encapuchonné en position d'attaque après s'être tourné vers l'entrée de la salle. Puisse les divinités Hyruliennes te préserver de ces fanatiques ! »

 

Le faucheur à la peau foncée n'avait pas l'air de vouloir partir. Mais en voyant que son entourage s'était préparé à affronter leur funeste sort tout en comptant sur la survie de Gilgamesh, celui-ci se résigna. S'inclinant de respect face aux siens, il s'adressa une dernière fois à eux:

 

« Que la divinité des morts vous accompagne jusqu'au bout. »

 

Puis, toujours armé de sa faux, il quitta précipitamment la chambre du miroir par un passage se trouvant à l'opposé de l'entrée principale. Entrée par laquelle venait de débarquer une multitude de soldats. Ces militaires hyliens ne perdirent pas de temps et foncèrent droit vers les fidèles de Lato. Une bataille acharnée s'ensuivit, sous les yeux impuissants et ahuris de Link, Midona, Epon et Gray.

 

« Je pense qu'il est inutile de vous préciser qui ont été les vainqueurs de cette querelle ! » résonna la voix d'Alvaro alors que les faucheurs, malgré leur talent au combat, tombaient un à un sous la supériorité numérique écrasante de l'armée d'Hyrule.

« Que signifie tout ceci ? » demanda Link qui ne comprenait pas où leurs ennemis voulaient en venir en leur faisant visualiser cet événement qui avait probablement marqué l'histoire Hyrulienne. Mais aucune réponse ne lui parvint alors que l'illusion disparaissait peu à peu autour du groupe, qui était à présent revenu dans la crypte cachée de Latouane. Les glyphes lumineux sur les murs avaient cessés de luire et les torches, dont les flammes avaient retrouvé une couleur normale, s'étaient rallumées. Néanmoins, Alvaro ainsi que tous les faucheurs que l'équipe de Link affrontaient plus tôt avaient complètement disparu. Epon ne ressentait plus la moindre présence mystique dans les parages.

 

« Okay... fit Midona, quelque peu perdue. Je ne comprends pas tout mais cette vision est vraiment perturbante.

– Je partage ton avis, répliqua l'élue de Nayru en observant ses compagnons. Cela voudrait dire que Gilgamesh n'a pas toujours été quelqu'un de mauvais et qu'il a souffert à cause de l'armée d'Hyrule ?

– C'est ce que j'ai supposé aussi, affirma Link, plus que confus. Mais pourquoi les défenseurs du royaume s'abaisseraient-ils à massacrer tout un peuple qui ne semblait pas hostile à qui que ce soit ?

– J'ai ma petite idée, réfléchit Gray en observant un point précis de la salle. Mais je n'ai pas envie de m'avancer trop vite et de raconter des conneries. Regardez plutôt là-bas. Ce passage n'était pas là tout à l'heure. »

 

Il leur montra une ouverture apparue au fond de la zone. La route continuait par-là. Sans perdre de temps, le groupe s'y engagea, pénétrant ainsi dans un couloir étroit tout juste éclairé par quelques bougies disposées dans plusieurs trous alignés le long de la paroi. La luminosité était si faible que Link et Epon durent allumer leurs lanternes pour y voir plus clair.

 

« Pendant combien de temps on va devoir encore s'enfoncer dans cette montagne avant d'atteindre les deux idiots qui nous servent d'adversaires ? s'impatienta la souveraine du Crépuscule qui commençait à en avoir marre de ce lieu.

– Je vous avouerai que je n'aime pas ça, confia Link en arborant un air plus grave que d'habitude. Cet endroit ne me rassurait déjà pas, mais la possibilité de découvrir une terrible vérité à son sujet m'enchante encore moins. »

 

Les trois autres observèrent Link suite à cette phrase de sa part.

 

« Tu pense que la vision qu'on a eu reflète réellement ce qui s'est passé ? lui demanda la demi-zora.

– Je n'exclue pas l'éventualité d'un coup monté de Gilgamesh ou d'Alvaro, répondit le blond. Mais en repensant aux paroles qu'on a entendu au sujet des frères de Latouane, du culte que vouaient tous ces gens à Lato, et au fait que Gilgamesh soit l'élu de cette déesse en particulier, je suis forcé de constater que le tout concorde assez bien avec cette crypte dans laquelle nous nous trouvons. »

 

Le héros vêtu de vert avait raison. Même s'ils gardaient une part de méfiance vis à vis de l'illusion à laquelle ils avaient fait face, ils ne devaient pas perdre de vue que tout ceci pouvait s'avérer être vrai. Et si tel était le cas...

 

La petite troupe finit par apercevoir le bout de ce tunnel, qui n'était pas aussi long que les couloirs qu'ils avaient traversé jusque là. Sortant de là, ils accédèrent dans une section encore plus vaste que celle qu'ils avaient visitée juste avant. Contrairement au reste de la crypte, cette zone était plutôt humide et la température avait baissé. Plusieurs flaques d'eau étaient dispersées un peu partout alors que des fines gouttelettes les alimentant naissaient du plafond avant d'y chuter dans des clapotements qui résonnaient de manière angoissante. Quelques chauves-souris volaient par-ci par-là, rendant l'atmosphère encore plus sinistre. Mais le pire, c'était le gigantesque pilier décoré de crânes humains qui se dressait au centre de la salle, ainsi que la dizaine de statues armées qui ornementaient les murs. En observant plus attentivement ces dernières, Epon et Gray eurent un frisson de terreur car ce n'était pas la première fois qu'ils les voyaient.

 

« Les gardiens des psysalis... murmura Gray en serrant nerveusement ses dents alors qu'Epon s'était accrochée à son bras, peu rassurée.

– Cet endroit est encore plus flippant que le temple abyssal et la tour du jugement réunis, commenta Midona qui avait de plus en plus de mal à dissimuler son anxiété.

– Quelque chose me dit que le pire nous attend plus loin... » répliqua Link en s'avançant lentement à travers cet étrange sanctuaire, suivi de près par les trois autres. Il n'était pas impossible de croiser à nouveau des faucheurs, des gibdos, ou même d'autres créatures qu'ils n'avaient jamais vu. Ils devaient donc redoubler de prudence et ne pas s'éloigner les uns des autres.

 

Midona ne lâchait pas le pilier du regard. Quelque chose vis à vis de cette colonne ornée de crânes l'inquiétait. Epon et Gray, eux, observait les statues des gardiens avec méfiance. Le fait qu'ils ne soient pas dans une psysalis et que ces sculptures armées demeuraient inertes devrait les rassurer. Mais ce n'était visiblement pas le cas. Les élus de Nayru et de Din craignaient que ces gardiens se mettent à bouger pour tenter de les tuer. D'ailleurs, la demi-zora, en croyant entendre un bruit provenant de l'une d'entre-elles, sursauta vivement et fit apparaître son cryo-canon par dessus son épaule pour le pointer en direction de la statue suspecte.

 

« Epon ? Qu'est-ce qu'il y a ?! demanda vivement Gray en faisant inconsciemment apparaître son sabre dans sa main sous l'effet de la panique.

– Je l'ai entendue bouger ! s'affola la bleue.

– Calmez-vous. » les apaisa Link avant d'observer la statue en question pendant quelques secondes, s'attendant à la voir mouvoir d'une quelconque façon. Mais rien ne se produisit. Peut-être que tout cela n'était que le fruit de l'imagination de l'hybride. Mais histoire d'écarter les doutes, le détenteur de la Triforce du courage demanda à Midona de détruire cette statue avec ses pouvoirs, chose que la souveraine du Crépuscule fit aussitôt en faisant apparaître une main en pierre noire décorée de motifs fluorescents azurs. Celle-ci, fermée en un poing, fonça droit vers la statue et la brisa violemment en mille morceaux.

 

« Si cette statue a vraiment bougé, elle ne peut plus le faire, désormais. » affirma la twili aux cheveux flamboyants. Mais cela ne suffisait pas à détendre Epon, ni même Gray. Certes, il n'y avait plus de quoi s'inquiéter au sujet de cette sculpture de gardien. Mais qu'en était-il de toutes les autres ?

 

« Je ne suis pas sûr que la déesse Lato apprécierait ce que vous venez de faire. » retentit la voix d'Alvaro qui ne se montrait toujours pas, mais qui semblait prendre un malin plaisir à jouer avec les nerfs du quatuor.

 

« Qu'est-ce que tu cherches à faire, Alvaro ? lui demanda Link en scrutant les alentours pour tenter de le repérer, les sourcils froncés. Ça t'amuse tant que ça de nous narguer en te cachant comme un lâche ?

– Il est vrai qu'une telle situation m'amuse, répondit le violet en rigolant légèrement. Sinon, chers amis, souhaitez-vous connaître le chapitre suivant concernant le passé de Gilgamesh ? Celui-ci s'intitule: L'infortune continue pour les fidèles de Lato. Quoi que ça fait un peu long pour un titre. Avez-vous une idée d'un nom plus court, par hasard ? »

 

Aucun des quatre autres ne répondit. Ils étaient sidérés par le comportement de cet homme qui avait plus l'air de vouloir se moquer d'eux plutôt que de les affronter en face. Devant cette absence de réponse, Alvaro poussa un léger soupir:

 

« Vous n'êtes vraiment pas marrants. Et dire que j'essayais de détendre l'atmosphère, étant donné que je vois ce charmant phénix bleu et l'homme en noir qui l'accompagne trembler comme des feuilles d'ici.

– La ferme ! » s'écria Epon à son adresse, plus qu'agacée par cette mascarade. Mais soudain, la demi-zora ressentit une vive douleur au niveau de sa cuisse gauche, pile là où se trouvait sa marque. Il en était de même pour Gray qui grimaçait de souffrance alors qu'il se tenait l'épaule droite. Leurs marques divines respectives luisaient de toute leur splendeur, et quelques secondes plus tard, tous deux s'effondrèrent au sol, inconscients.

 

« Epon ? Gray ? fit Midona d'un air horrifié en les voyant dans cet état.

– Oh, fit simplement la voix d'Alvaro devant un tel retournement de situation. Voilà qui tombe plutôt mal si vous n'êtes plus que deux. Mais je suppose que les élus maudits des déesses ont à faire. Soit ! Ce n'est pas grave ! En attendant leur réveil, si les deux daignent se réveiller un jour, j'ai de quoi vous occuper ! »

 

Sans laisser le temps à Link ou à Midona de répliquer quoi que ce soit, une lueur sanglante illumina les orbites vides des nombreux crânes incrustés dans le pilier central. En voyant cela, le duo encore debout recula de quelques pas. Mais leur surprise fut grande et désagréable lors qu'ils virent tous ces crânes se décoller de la colonne et léviter un peu partout dans la salle, comme s'ils se préparaient à les attaquer. Et c'était le cas.

 

« Merde... grogna le blond en dégainant ses armes.

– Promis, si vous parvenez à survivre, je vous raconterais la suite de la fabuleuse histoire de Gilgamesh ! fit le violet d'une voix moqueuse.

– Va te faire voir, pauvre fou ! » lui lança la princesse twili après s'être mise en garde en se demandant comment ils allaient se sortir de cette situation désavantageuse.

 

 

 

Du côté d'Epon et de Gray, aucun des deux n'avaient conscience qu'ils venaient de s'évanouir devant Link et Midona. En vérité, ces deux derniers avaient disparu à leur yeux et le paysage, resté identique, avait pris une teinte bleutée. Gray tenta de faire apparaître ses armes, mais il n'y parvenait pas. Epon avait constaté de son côté que ses tonfas n'étaient plus à sa ceinture, et qu'elle avait été privé de ses pouvoirs:

 

« Oh non... »

 

C'est alors que la silhouette d'Alys apparut à quelques mètres devant eux. Mais contre toute attente, celle-ci demeura silencieuse et arborait un visage froid qui contrastait avec l'air malicieux qu'elle avait l'habitude d'adopter.

 

« Pourquoi nous faire venir dans une psysalis ? lui demanda Gray. Et à un moment pareil, en plus ! »

 

La rose ne répondit pas et s'était contentée de pointer son sceptre étrange en l'air. Le visage incrusté sur l'extrémité de cette arme hurla, réveillant les statues des gardiens disposées sur les murs de la salle. Une fois ces sculptures réveillées, Alys s'en alla comme elle était venue, sans rien dire.

 

« C'est pas vrai ! » s'écria l'élu de Din en découvrant la situation critique dans laquelle lui et Epon se retrouvaient. Enfermés dans cette nouvelle psysalis, il n'y avait ni échappatoire, ni une quelconque larme de déesses qui leur permettrait de se réveiller. Et pour ne rien arranger, c'était une bonne dizaine de gardiens qui les encerclaient dans un espace plutôt restreint. La souveraine des zoras était tétanisée. Comment allaient-ils survivre à un tel assaut en étant privés de tous leurs moyens de défense ?

 


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