Brian Westhouse backstory
4 juillet 1933
Bureau de La Vanguardia – Barcelone - Espagne
Dans l’open-space où régnait un brouhaha, Brian se trouvait à son bureau et terminait un reportage sur les Inuits d’Alaska, d’où il revenait tout juste.
— Ah magnifique ! lança Ramon Godo avec enthousiasme en s’approchant. Content de te revoir parmi nous Brian.
— Salut Ramon, dit le reporter. Je suis aussi content d’être rentré.
À cette période de l’année, le soleil ne couchait jamais en Alaska et les températures frôlaient toujours zéro. Ainsi, Brian appréciait d’autant plus d’avoir retrouver le climat estival de Barcelone et l’obscurité des nuits.
— Est-ce que la vie parmi les Inuits a été intéressante ? demanda Ramon.
Brian se contenta de hocher la tête en continuant de travailler.
— Je termine ça ce soir et ce sera prêt demain à la première heure.
— Parfait mon ami ! Encore un reportage qui va faire un carton, je le sens, dit Ramon en tapotant son nez de son index.
Cela faisant presque dix ans que Brian travaillait pour lui à « La Vanguardia ». Après des débuts formateurs, ses reportages remportaient maintenant presque tous un franc succès auprès de leurs lecteurs. Il était même devenu une petite célébrité à Barcelone et on arrêtait parfois dans la rue pour un autographe. Ramon avait vu juste en lui proposant ce poste lors de leur rencontre. Le patron du journal avait du nez pour recruter les personnes dont il avait besoin. En dépit de la situation de crise politique que l’Espagne traversait actuellement et les risques de guerres civiles, « La Vanguardia » arrivait à se maintenir à flot, malgré quelques licenciements ses dernières années. Ainsi, Brian avait pu voyager à travers l’Europe, comme il le voulait au départ, puis sa soif d’exotisme le poussa jusqu’aux confins du monde, en Orient, en Afrique ou encore en Australie. Pourtant, Brian restait sur sa faim. Même les gourous les plus éloquents, les guérisseurs les plus loufoques ou les cultures les plus étranges laissaient en lui un vide intérieur qu’il n’expliquait pas. Il en voulait plus, mais il ne savait plus où chercher.
— Oui je suppose que cela plaira aux gens. La culture inuite est assez riche et diversifiée, soupira Brian avec lassitude.
Ramon prit un siège et s’assit à côté de lui :
— Caramba, que se passe-t-il mon ami ?
— Je ne sais pas… murmura Brian sur la réserve.
— Tu voyages dans les lieux les plus exotiques de la planète. Et ton travail rencontre un succès fou que bien d’autres t’envient ! C’est bien ce que tu voulais ?
— Et c’est toujours ce que je veux, mais…
Brian se mordilla les lèvres, cherchant ses mots.
— Tous ces gourous et leurs soi-disant pouvoirs de guérison, qu'ils ne sont jamais capables de démontrer. Je pensais découvrir des choses bien plus extraordinaires ! Où sont le surnaturel, la magie ?
— Ah tu n’es pas sérieux j’espère ! répondit Ramon avec un rire nerveux. Ces reportages amusent les gens par ce qu’on leur vend des histoires mystiques qui leur font oublier leur quotidien. Cela ne va pas plus loin que ça.
Brian le regarda avec une pointe de tristesse :
— Notre monde est tellement rationnel et rigide. Je pensais trouver quelque chose qui dépasse le cadre de la science. Quelque chose de concret, mais que personne ne peut expliquer. Et pas uniquement des hurluberlus incapables de fournir la moindre preuve de leurs supposés pouvoirs !
Ramon se leva et posa une main amicale sur son épaule.
— Ah caramba Brian ! Je sais que tu n’aimes pas prendre de vacances, mais tu devrais songer à te reposer.
— Non, il faut que je trouve ma prochaine destination ! lança le reporter avec obstination. Je sais qu’il y a quelque chose de plus... quelque part.
Ramon, qui s’était éloigné de quelques pas, se retourna et le regarda avec inquiétude :
— J’ai bien peur que tu ne sois en quête de l’impossible mon ami.