Le cottage

Chapitre 11 : Je voulais simplement te dire

6542 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/09/2018 10:27

Chapitre 11 - Je voulais simplement te dire…


Camille partit se coucher la première bien plus ivre qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle allait finir alcoolique chronique à force de les fréquenter. Elle fut suivie rapidement par Freya, peut être encore plus saoul qu'elle et Rebecca, qui alla embrasser ses deux frères avant d'aller dormir.


- Bonne nuit, mes frères, et Klaus, évites de radoter à Elijah que tu es le plus malheureux, le plus incompris de tous …l'alcool te rend mélancolique


Klaus lui tira la langue d'un air mauvais tout en lui montrant ses crocs tandis qu'elle lui tendit un doigt d'honneur bien appuyé. ELijah secoua la tête.


- Tout dans la féminité, ma chère sœur


- Je dirai que tout est dans le doigté, mon grand frère adoré.


Elle l'attrapa par les épaules, colla ses lèvres dans son cou et l'embrassa tendrement, en le mordillant légèrement pour lui voler une petite goutte de sang.


- Eh ! Rebecca !


- Juste une goutte …


Klaus rigola


- C'est parce qu'il est tellement ennuyant à ses heures perdues que tu penses que son sang peut être soporifque et t'aider à dormir, avoue petite sœur.


Rebecca leva les yeux au ciel et ôta ses lèvres du cou de son grand frère qui cicatrisa immédiatement. Elle ignora Klaus.


- Bonne nuit Elijah


- Bonne nuit, Rebecca


- Et moi quedal, pas un baiser rien, nada, comme d'habitude, tu vois , Elijah, je suis vraiment …


Elijah continua pour lui :


- Le plus malheureux et incompris des hommes, je crois que Rebecca avait déjà suggéré ce genre d'allusions


- Ah , ah ah, ok vous vous liguez contre moi , comme d'habitude…


Elijah ne put s'empêcher de rire en voyant la moue boudeuse de son paranoïaque de frère.


Il regarda Rebecca entrer dans la maison de bois et se resservit un verre. A ce rythme là, ils allaient en effet finir comme de vieux vampires alcooliques. Il resservit son frère qui avala d'un trait le sien et s'en remit une dose.


- Ca , c'était pour passer l'amertume de vos commentaires désobligeants à mon égard…


L'hybride se rassit tranquillement auprès du brun sans un autre mot mais avec la sensation d'avoir le cœur un peu plus léger ce soir. Il avait remarqué que sa chère Camille les dévisageait tous. Il aurait bien aimé savoir ce qu'elle mijotait. Il avait eu un véritable coup de cœur pour cette femme comme jamais cela ne lui était arrivé depuis des siècles et la savoir là parmi eux le réjouissait plus qu'à l'accoutumée. Il se mit rêvasser d'un après midi qu'il pourrait passer avec elle. Il savait déjà ce qu'elle aimerait faire …il sourit à cette pensée et sirota doucement son verre satisfait de sa soirée.


Le calme était revenue autour de la table.


Il ne restait plus que Hayley endormie sur la chaise avec son enfant dans les bras, Klaus qui s'amusait à tourner le liquide dans son verre et Elijah qui s'était rapproché de son frère, sans pour autant entamer une quelconque discussion.


La nuit se faisait de plus en plus fraîche. Elijah se leva , débarrassa les derniers verres restés sur la table et revint quelques instants plus tard, la veste de Klaus dans les mains.


Sans un mot et sans un regard, il lui tendit du bout du bras pour que celui-ci s'en couvre. Puis il ôta la sienne et la déposa doucement sur Hayley et la petite Hope, déposant un passage un baiser sur le front de sa petit nièce adorée.


Klaus bailla plusieurs fois , le sommeil commençant à avoir raison de lui. Il sentait que ses paupières se fermaient peu à peu. Il regarda alors Elijah, prendre Hope des bras de sa mère, disparaître dans la maison, puis revenir pour porter délicatement Hayley jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec les filles en essayant de ne pas l'éveiller.


Klaus attendit seul dehors pendant un petit moment. Il scruta la noirceur de la forêt qui les entourait et s'étonna de ne pas entendre le moindre bruit d'insectes ou d'animaux. Etrange …le chant des insectes de nuit, les pas furtifs des renards à l'affut de leur proie, les biches qui traversaient les chemins…rien de tel dans ce coin reculé. Cela n'était pas ordinaire. La nuit était pourtant favorable aux bêtes pour aller se nourrir, se promener ou autre sans être dérangées d'ailleurs.


Il repensa à la réaction de son frère cet après midi. Et si il y avait vraiment eu quelque chose dans ces bois qui aurait fait fuir tout ce beau monde.


Klaus sentit l'angoisse enfin plutôt une certaine excitation le prendre : ce serait alors vraiment quelque chose de terrifiant ! Il tendit son ouie mais n'entendit rien, absolument rien, c'est peut être bien cela d'ailleurs qui le perturbait. Il sonda chaque ombre que faisaient les arbres, scruta la surface du lac plus loin pour détecter un mouvement inhabituel , mais rien, tout était sous contrôle, à part cette absence de toute vie animale aux alentours.


Peut être que tout simplement les bêtes avaient senti que le danger venait de ce cottage, qui abritait les trois plus terribles vampires que la Terre est engendrée. Son ego grossit d'un coup puis il soupira.


Des monstres que même les bêtes fuyaient.


Il aurait bien été tenté d'aller faire un tour là bas près du bois où ils avaient eu la sensation d'être observé mais il était lasse. Peut être la fatigue qu'il ressentait lui occultait les sens.


Il regarda vers la porte d'entrée pour voir si son frère revenait et rebut une gorgée d'alcool. Il n'aimait pas particulièrement rester seul, il avait besoin de sentit une présence autour de lui, d'entendre des bruits, des rires, des cris. La solitude lui faisait tellement peur.


Il bailla de nouveau, puis sentit un souffle. Son frère était de nouveau assis près de lui, silencieux. Soulagé que ce dernier soit revenu près de lui, il finit par détourner son regard des bois.


- C'était une soirée sympatique, non ?


- Oui, parfaite. Tu sais, Klaus, la journée aussi a été …parfaite.


Klaus sourit légèrement. L'entendre de la bouche de son frère si avare en compliment lui réchauffa le cœur. Il ne répondit pas et profita du silence pour écouter la respiration de son frère. Parfaitement calme, posée, reposante. Du mieux, vraiment du mieux. Le fait de se retrouver tous les seuls pour cette journée avait eu un effet bénéfique. Klaus avait ravalé son caractère explosif pour essayer d'être le plus zen possible, comme lui avait suggéré sa thérapeute.

Ils étaient à nouveau seuls, côté à côté, presque gênés de se retrouver ainsi.


Klaus laissa glisser sa main sur la table puis du bout des doigts toucha celle de son frère.


- Je…Je voulais simplement te dire que …Je…


Puis il se tut. Impossible de trouver les mots pour lui dire à quel point il s'en voulait. Ils restaient coincés dans sa gorge. Tous les deux n'avaient jamais vraiment su se dire les sentiments forts et fraternels qu' ils ressentaient l'un pour l'autre. Et encore moins demander pardon.


Klaus aurait tellement aimé que ce soit son frère qui fasse le premier pas, qu'il use même de la force pour l'obliger à lui faire demander pardon, pour l'obliger à s'abaisser devant son frère et admettre ses torts. Il l'aurait fait, il lui aurait demandé pardon et leur vie aurait repris le cours naturel des choses. Mais Elijah n'en avait rien fait, il avait subi et s'était tu. Il le sentait distant, un peu lointain…


Comme si il avait baissé les bras devant la rédemption où il voulait mener son frère. Klaus se sentait impuissant face aux silences de ce dernier. Il le sentait en souffrance, il le sentait s'éloigner de tout cela depuis quelque temps. Il eut peur d'un coup…et si à cause de lui, de Kol, de cette famille qui lui en demandait tant, il finissait par partir, par les abandonner, par l'abandonner lui…


Il attrapa la main de son frère, la serra très fortement au point de provoquer un gémissement de la part de son grand frère et relâcha sa prise. Jamais, jamais, Jamais…il ne le laisserait partir, dut-il le poignarder pour le garder près de lui et le garder dans un cercueil.


Klaus sentait la fatigue prendre de plus en plus possession de ses sens. Il garda sa main près de celle de son frère, toujours posée sur la table.


Elijah se sentait épuisé, tellement épuisé. Ces années de lutte pour sa famille avait-elle eu raison de lui et de son énergie ? Il baissait le regard vers la main de son frère et sans y réfléchir, posa ses doigts dessus pour y tracer des petites cercles. Il avait rêvé d'une autre vie, pour eux tous.


L'alcool ne faisait pas bon ménage avec son humeur maussade. Il aurait aimé que Klaus continue sa phrase. Il se doutait qu'il avait besoin de parler, de s'exprimer sur ses mois passés à se déchirer.


Il n'arrivait même plus à lui en vouloir, tout cela était de sa faute, à trop vouloir que tout soit parfait comme il le souhaitait pour sa famille, il avait juste oublier que son frère avait ce besoin de liberté et de sauvagerie qu'il ne pouvait pas restreindre. Il s'en voulut, peut être que tout cela était de sa faute tout compte fait il les avait certainement poussés tous bout avec ses conseils, ses traités de paix, ses manières de grand noble, sa volonté d'être un grand frère sans reproches…comme dirait Klaus, il les avait gavé et maintenant il en payait le prix.


Il devait tout simplement lui dire. Il regarda son frère avaler doucement son verre, les yeux au loin et murmura plus pour lui que pour Klaus :


- J'ai raté beaucoup de choses avec toi, Klaus et avec tes frères et tes sœurs. C'est moi qui…Je …je m'en excuse…je pensais pouvoir vous rendre un peu heureux dans ce monde destructeur, j'ai pas su voir je pense ce que vous aviez besoin…Quand nous étions encore des enfants, tout était tellement plus simple. Tu as toujours été un bébé adorable et un petit frère extraordinaire. Je pense que je n'ai pas voulu accepter que mère et père t'aient autant changé...Je me suis toujours battu à tes côtés. Peut être que quelque part, Je voulais être tellement le super héros que tu aurais pu voir en moi, en tant que grand frère. Finn lui ne m'a jamais donné cela, il a été un grand frère absent pour moi, il ne m'aimait pas. Il a toujours pensé que j'avais pris la place de Freya dans le cœur de notre mère. Et il me l'a fait souvent payé très cher. Je n'ai jamais su de ce fait comment devait se comporter un grand frère, j'ai du improviser… C'est pour cela que je m'excuse , de ne pas avoir su être…enfin tu vois…Je me suis longtemps vanté d'être celui qui donnait les bons conseils, mais je ne vaux pas plus que nous tous. Je suis encore peut être plus monstrueux que vous, Pour vous protéger, j'ai tué et massacré sans remords et sans me soucier de ce que je laissai derrière moi. Bien plus que tu ne peux l'imaginer et certainement avec encore plus de sauvagerie que n'importe lequel d'entre vous. Je l'ai fait pour notre famille, c'est tout…


Klaus avait la gorge trop nouée pour pouvoir émettre le moindre mot. Jamais son frère n'avait discuter de cela, n'avait fait cette sorte de coming out. Klaus détestait cela, Elijah était …parfait, il n'avait pas à s'excuser de les avoir gardés en vie toutes ces années, tous ces siècles…Ce n'était pas juste. Une larme glissa sur sa joue qu'il essuya rapidement. Ce n'était pas à Elijah d'excuser le comportement inadéquate de sa fratrie. Le pardon, ce n'était pas à lui de le demander…


Klaus pouvait discerner quelques cernes autour des yeux de son frère.


Comment réparer les fêlures qu'il pouvait lire sur le visage de son grand frère. Il attendit impuissant , incapable de trouver les mots pour le rassurer. Il aurait tellement eu besoin de Camille maintenant, pour lui dicter les gestes et les mots à donner dans ce genre de situation.


Devait-il partir, se lever, le prendre dans ses bras , l'étouffer en lui disant combien il l'aimait et que ses paroles n'avaient aucun sens. Il n'en fit rien, trop désemparé par les paroles murmurées de son grande frère. Si son ouie de vampire ne l'avait pas aidé , ils ne les auraient peut être même pas entendues.


Mais Pour rien au monde, Klaus n'aurait bouger. Il ne voulait pas que son frère se taise de nouveau. Il ferma les yeux.


Les doigts d'Elijah s'amusait à former des lettres désormais sur la main de son frère. Il sourit.


- C'est du passé, malheureusement , remonter le temps, je ne peux pas. J'aurai aimé, on aurait fait les choses différemment …


Elijah se tut un long moment puis reprit avec un petit sourire. Il semblait partit dans des souvenirs lointain, ses doigts courant toujours sur la main de son frère.

- Quand tu es né, tu étais tout petit, presque malingre…Mère te nourrissait deux fois plus qu'elle avait du le faire avec nous tous. Je pense qu'elle a su dès le début que tu demanderais bien plus d'attention que ses autres enfants, à cause du loup qui dormait en toi. Elle a su dès le début que tu n'étais pas le fils de Michael d'ailleurs, et c'est pour cela que tu étais unique à ses yeux.


A ce nom, Klaus se tendit. Elijah posa sa main chaude sur celle de son frère et continua :


- Mais je crois qu'elle t'a aimé d'un véritable amour, peut être plus que nous, car tu étais né d'un véritable amour entre deux êtres. Je pense qu'elle a aimé ton vrai père de toutes ses forces… Je me souviens de ces cris de souffrance quand tu es né. Je n'avais jamais vu la naissance d'un enfant alors je m'étais caché derrière les tensures, pour voir ce qu'il allait sortir de ce ventre, ce que j'avais attendu pendant 9 mois. Finn m'a trouvé et m'a dénoncé à père. Il m'a jeté dehors comme un malpropre. J'ai vu des femmes qui entraient et sortaient de la tente avec des linges remplis de sang …j'entendais qu'elle disait que mère ne passerait pas la nuit, que tu ne venais pas normalement… Finn me disait que tu allais tuer mère, j'étais terrifiée car à mon âge je ne savais pas trop ce que signifiait mourir.. ll me répétait que c'était parce que je voulais ce petit frère trop fort, je te voulais trop fort que Mère se forçait à te faire venir au monde…il avait pleuré mais j'étais trop jeune pour comprendre qu'il avait tout aussi peur que moi, je pensais juste qu'il voulait me culpabiliser d'avoir tant attendu ta venue… mais moi, je savais que tu ne ferai jamais cela, que tu ne tuerais jamais Mère en venant au monde, tu voulais juste faire comprendre que tu arrivais…tu avais déjà un sacré caractère. Père faisait les 100 pas devant la tente, tenant Finn dans ses bras pour le rassurer des cris qu'il entendait. C'était injuste car il était grand lui. J'aurai voulu que ce soit moi qu'il prenne ainsi et me rassure. Il allait avoir 10 ans…Je venais tout juste d'en avoir 5. Je me souviens de son regard. Il m'a sourit et a serré son père…notre père avec ses bras. Père a attendu que les cris de Mère se calme pour pénétrer avec son fils dans la tente. Il m'avait oublié dehors. Il faisait très noir ce soir là , la nuit était tombé depuis déjà plusieurs heures. Je me suis réfugié sous un arbre parce que j'avais peur d'être tout seul et j'ai pris notre petit chat dans les bras.

Klaus ne se rappela pas avoir eu un animal.


- Il s'appelait « Guis des bois ». Je l'avais trouvé quelques semaines auparavant. Il était tout blanc et je l'adorais. C'est la première et dernière fois où j'ai eu une bête à moi d'ailleurs.


Elijah soupira et ne parla plus de ce chaton qui semblait avoir été un compagnon pour son frère. Klaus ne parlait plus, restant à imaginer ce que son frère lui décrivait. Sa naissance, des moments dont il n'avait jamais rien su…L'entendre se dévoiler ainsi le perturbait tellement fort.


ELijah continua son histoire :

- Puis d'un coup, il y a eu ce cri strident , qui a perçé la nuit comme un éclair. Tu étais arrivé. J'ai couru avec mon chat dans les bras. Il fallait que je te vois, que je sache à quoi tu ressemblais, comment c'était un …petit frère . Je suis rentrée dans la tente sans permission, j'ai bousculé père, et je me suis arrêté devant la couche de Maman. Il y avait du sang partout, mais elle n'était pas morte, non elle te dévorait des yeux, avec tellement d'amour que j'ai su ce jour là que je t'aimerai encore plus fort qu'elle. Et puis elle m'a dit de m'approcher. Je me suis assise contre elle et elle t'a déposé dans mes bras. Tu étais … parfait…


Elijah se tut, le regard pointé vers les bois, un sourire tendre et doux sur le visage.


- Tu as été dès le début une plaie pour Finn et père parce que justement tu avais du caractère,mais ce qui déplaisait à Michael c'est que Tu pleurais beaucoup et tu demandais beaucoup d'attention…Finn était très jaloux et comme il ne pouvait pas te faire du mal au risque de déplaire à Mère, il s'en prenait à moi. Il dénonçait toutes mes erreurs à père …mais bon, ce n'était rien car je t'avais, Finn n'avait plus de place dans mon cœur…comme je n'avais pas eu de place dans le sien depuis la disparition de Freya…Soit passons…Mère avait du mal à te calmer quand tu pleurais, elle essayait de te bercer, te parler, mettait parfois des plantes dans ton biberon pour essayer de sécher tes pleurs. Puis quand elle n'en pouvait plus, elle te collait sans un mot dans mes bras…je savais pas très bien m'y prendre, je te serrai parfois trop fort contre moi te faisant pousser des cris encore plus forts mais tu finissais toujours par te calmer avec moi. Je mettais mon doigt dans ta bouche et tu le tétais jusqu'à t'endormir. Je te chantais des chansons que j'avais appris auprès du maître viking qui nous instruisait, je t'emmenai partout dans une sorte de toute petite charrette en ballade dans les bois, avec « Bui des bois » à tes côtés… Puis, Une fois, alors que je montai un talus, la charrette m'a échappé des mains et tu as dévalé toute la pente. C'est père qui t'a rattrapé.


Elijah fronça les sourcils, et trembla légèrement. Elijah avait cessé de caresser la main de Klaus et serrait les lèvres sans un mot. Puis il se détendit


- Je crois que je me suis juré ce jour là que jamais plus je ne te ferai de mal…


Klaus resta silencieux aussi, respectant les pauses d'Elijah. Puis au bout d'un moment, voyant que son frère ne continuait pas, ne sachant pas comment le faire continuer lui posa la première question qui lui vint à l'esprit:


- Le chat « Bui des bois », il lui est arrivé quoi ?


Elijah leva la main en signe de « sans importance » mais poursuivi tout de même :


- J'ai du faire un choix entre lui et toi. Père estimait que je ne pouvais pas m'occuper de deux compagnons à la fois et que la chute en charrette aurait pu coûter la vie à l'un des deux. Il m'a demandé de choisir lequel j'aurai préféré voir mort écrasé sous les débris de la charrette. J'ai choisi le chat alors il a tué mon chat en lui brisant le corps contre un arbre.


- Je detesterai cet homme jusqu' à ma mort.


Elijah ne répondit pas. Il ne lui raconta pas le reste de la punition. Cela n'en valait pas la peine, les douleurs enfouies devaient restées enfouies !


- Tu me racontes encore des anecdotes de notre enfance …


Klaus avait remis sa main dans celle de son frère pour qu'il puisse continuer ses petites caresses.


- Si tu veux…Je me rappelle quand Rebecca et toi vous étiez chamaillés fortement pour une sorte de bout de bâton que vous pensiez magique…Mère l'avait coupé en deux et vous avait faire croire qu'en l'utilisant ensemble en vous tenant la main pendant longtemps, vous pourriez en sortir de la magie…Je ne vous a jamais vu aussi tétus et aussi complices pour y arriver jusqu' à ce que Finn vous dise que ce n'était que des mensonges.


- Je me rappelle de ca, tu t'es battu avec lui parce que ca nous avait fait pleurer mais il était plus grand et plus fort que toi et tu t'es fait mettre la tête dans la boue plusieurs fois, il te forçait à l'avaler et nous, on ne savait plus quoi faire pour t'aider


- Oui jusqu'à ce que toi, en colère tu lui sautes sur le dos pendant que Rebecca le frappait avec les deux bouts de bois…en hurlant, magie fait ton œuvre, transformes le en grenouille puante.


Elijah sourit. Quel moment ce jour là !


- Lijah, j'adorais t'appeler Lijah..je crois que j'étais le seul à le faire, père détestait…


- Et moi j'adorais…


- Parfois j'aurai aimé naître avant toi. Je t'aurai vu bébé moi aussi


- Tu veux que je te racontes encore quel affreux marmot tu étais, de ce que j'arrive à me souvenir ?


Klaus secoua la tête, posa celle-ci entre ses bras et attendit la suite du récit de son frère, totalement sous le charme que son mentor puisse se rappeler le moindre détail à une époque si lointaine.


Elijah se mit à lui parler, lui parler de quoi, il n'en sut rien. Son attention restait focaliser sur les mouvements qu'il percevait sur sa main, doux, tendres, sans méchanceté. Juste un réconfort…ce n'était pas logique, c'est lui qui aurait du réconforter son frère, lui…

Berçé par la voix de son frère, il sentait le sommeil l'emmener doucement, tout doucement.


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Niklaus s' éveilla en pleine nuit dans un hurlement. Il dut prendre quelques instants pour se repérer. Il était dans son lit, vêtu d'un simple caleçon, en sueur. Comment s'était il retrouvé là ?


Le cauchemar avait été terrible, terrifiant. Il sentait sa respiration de plus en plus saccadée, dans l'impossibilité totale de se calmer, son esprit toujours plongé dans ce rêve terrible.


Il regarda autour de lui, essayant de se repérer dans l'obscurité de la chambre et aperçut le visage de son frère, qui se tenait debout à hauteur de son étage, inquiet.

- NiKlaus, tu as fait un cauchemar…


Klaus respirait encore mal, les images sombres et noires hantant encore son esprit. Elijah lui prit la main.


- Tu trembles…C'est fini, regarde moi, tu es à dans la chambre


Klaus déglutit péniblement. Tout avait eu l'air tellement réel, son père, sa mère, ce sang partout, son sang, sa peau déchirée, ses membres écartelés, cette créature qui le déchiquetait pour jeter ses restes au loin, et puis Elijah qui voulait lui faire tant de mal…Elijah qui partait en le laissant dans les bras de ses bourreaux...

Il regarda de nouveau son frère, affolé, toucha son visage à plusieurs endroits. Le contact de sa peau lui fit comprendre qu'il était revenu à la réalité et il respira avec plus de calme. Jamais son frère ne lui ferait de mal…ce n'était qu'un mauvais rêve, très mauvais rêve…


- Viens t'assoir sur mon lit pour te calmer.


La voix d'Eljah le rassurait malgré l'image qu'il avait eu de lui dans ses songes. Il descendit de sa couche, s'assit sur le matelas aux côté de son frère non sans vérifier autour de lui que tout soit normal et posa sa tête sur l'épaule de ce dernier. Ce rêve l'avait exténué comme si il lui avait volé une partie de son énergie. Il se sentait faible et à la merci de cette faiblesse. Il prit une inspiration pofonde et entama d'une traite :


- C'était tellement…réaliste…j'ai cru que Père nous avait trouvé et puis il m'avait offert en offrande à cette chose, ca me faisait tellement mal et toi tu regardais mais tu venais pas, tu me regardais comme si tu voulais que je souffre encore plus…J'ai cru que tu voulais me faire du mal, tellement de mal…puis tu partais sans te retourner en riant, tu riais tellement fort que j'ai cru que tu étais devenu fou, je t'appelais mais …


- Ce n'est qu'un cauchemar, ne t'inquiète plus, petit frère.


Elijah passa un bras autour des épaules de son frère et le serra un peu plus contre lui.


- Je ne te ferai jamais de mal, tu le sais !


Klaus retrouva une respiration plus saine, les images s'éloignaient de son esprit. Il sentait désormais la chaleur réconfortante des bras de son frère. Sans réfléchir, il enfouit son visage dans le cou de ce dernier et murmura :


- Mais moi, je t'en ai fait du mal, beaucoup de mal…et depuis tellement longtemps…


- Ce n'est rien , Klaus, ce n'est rien… n'y pense pas


Elijah berça doucement son frère contre lui. Il était tellement rare de le voir dans un état d'impuissance tel que celui-ci et de le sentir si fragilisé . Son jeune frère ne se rendait pas compte de son instabilité. Elijah savait très bien ce que ce genre de cauchemar intense pouvait ressortir comme peurs enfouies au fond d'eux et leur condition de vampire ne faisait qu'amplifier cette sensation. Lui aussi cauchemardait toutes les nuits et la noirceur de ces rêves le laissait bien souvent dans le même état que son petit frère actuellement, en sueur , tremblant, perdu.


- Tu veux t'allonger avec moi ?


Klaus fit un oui timide de la tête et se blottit sous les couvertures de son frère.


- Ne Bouge pas de là, reste au chaud, je vais aller te chercher de l'eau


- Non reste, ca va aller.


Klaus ouvrit les couvertures pour qu'Elijah s'y glisse à son tour et vint se coller contre les reins et le dos de son grand frère. Il passa son bras autour des hanches d'Elijah et la tête contre son dos, puis laissa sa main pendante caresser le ventre plat et chaud de son grand frère, et enfin, rassuré par la chaleur que dégageait ce dernier s'endormit très rapidement.


Elijah resserra l'étreinte de son cadet contre lui. Il réajusta les couvertures pour qu'elles les couvre bien et essaya de fermer les yeux.


Il ressentait la chaleur du corps de son frère contre lui, les caresses de ce dernier l'avait apaisé aussi. Cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient été si proches.

Il ne s'était même pas rendu compte s'être confié ainsi sur leur enfance.


Quelque part, il ressentait un certain soulagement en lui.


Avoir pu reparler avec Niklaus, l'avoir près de lui, ne plus sentir cette animosité entre eux, lui avait ôter un peu le poids qui pesait sur son esprit. Il savait qu'il devait lutter contre les idées noires qui l'envahissaient de plus en plus, les souvenirs de tous ces méfaits revenant de plus en plus à la surface, la solitude qui lui pesait dessus l'entrainant parfois à désirer que tout s'arrête, fermer les yeux, s'endormir, partir peut être vers un au-delà …non l'idée de laisser Klaus derrière lui était encore plus insupportable que de mourir. Il devait lutter contre la facilité d'abandonner…


Mais comment lutter quand on a pas les armes en soi pour le faire ? Camille …c'était son métier, peut être que…Il soupira. Jamais il ne s'abaisserait à demander de l'aide, jamais…c'est lui qui offrait et non les autres qui devaient offrir !


Il se serra plus près de Klaus. Il savait que cette proximité entre eux étaient uniques et n'y voyait rien de malsain. Cela lui avait manqué, son frère souvent trop fier pour venir chercher ce genre de réconfort qu'il avait pourtant besoin. Il songea de nouveau à leur enfance, à ces innombrables années où ils avaient marché côte à côté, pas toujours en bons termes mais jamais séparés.


Il sentit son cœur se serrer et sa gorge se nouer. Il n'était rien sans son petit frère. C'était pour cela qu'il avait accepté toutes les brimades, les coups bas , les trahisons et les mots acerbes et brisants que Klaus s'était permis de lui faire. Il soupira, ferma les yeux en posant sa main sur celle de son frère posée sur son ventre. Klaus respirait fort, parfois par saccade. Il sentait que son dos humide. Il ne réveilla pas son frère et laissa les larmes de ce dernier couler contre lui. Peut être que c'était sa façon, à cet hybride, de lui demander pardon…Il attendit que le corps de son frère soit moins secoué de sanglots, vérifia que son frère était retombé dans un sommeil profond et se resserra contre lui, collant presque son petit frère contre le mur contre lequel était poussé le lit.


Impossible de se rendormir, de dormir tout simplement. Il écouta le rythme régulier du battement de cœur son frère, sentit la respiration de ce dernier contre lui. Klaus semblait s'être apaisé. C'était tout ce qui comptait pour le moment. C'était tout ce qui avait toujours compté pour lui.


Il essaya de focaliser son attention sur la soirée , sur ce moment agréable qu'il avait passer avec sa famille, il repensa d'un coup à son petit chat…désormais les chats les détestaient et hérissaient le poil quand les vampires, s'approchaient d'eux …il essaya de penser à tout ce qu'il avait pu voir de beau dans sa longue vie, ses rencontres improbables avec Freud, Mozart, Louis 16 avant d'être décapité comme un vulgaire pantin, la tzarine de Russie avec qui il avait entretenue une relation très…elle aussi morte sous un coup d'état. Il en avait fait des rencontres, vu des inventions se mettre en place, rencontrés des génies et des monstres bien humains…longer des camps où ils avaient vu la vraie nature humaine et ses pires excès…


Il refocalisa son esprit sur le sourire de Hope. Là il était en sécurité devant cette image. Il enviait Klaus quelque part d'avoir pu créer un tel être, un enfant. Il aurait été un bon père lui aussi peut être. Il ne le sera jamais et comme toujours, il était relégué à la seconde place, celle du tonton aimant et protecteur…


Puis son esprit se perdit ailleurs. Les images des nuits précédentes et de cette nuit aussi le hantaient. Lui aussi avait fait un cauchemar terrifiant, récurrent.


Il avait caché à son frère la frayeur qu'il en avait ressenti. Quand il avait entendu son frère hurler, cela l'avait éveillé totalement et ca avait été presque un soulagement pour lui.


Il avait trop chaud d'un coup. Il lui fallait de l'eau pour se rafraîchir. Il écarta doucement le bras de son frère, se leva et se promena un peu dans le cottage avant d'aller se servir de l'eau. Il regarda l'heure. 3 heures du matin…la nuit allait lui sembler longue.


Il eut envie de rire en se rendant compte du ridicule de la situation. Les deux vampires les plus craint de la planète en proie a des frayeurs nocturnes !

Il regarda par la fenêtre qui donnait vers la grange, impossible à apercevoir par le noir de la nuit. Et dire que les toilettes étaient là bas…Il s'en passerait pour ce soir. Il scruta longuement la nuit sans étoile, écouta si tout allait bien dans les chambres voisines, si rien n'était venu perturber leur nuit. Il sourit en percevant la respiration de sa sœur et celle de Hope qui semblait avoir garder sa tétine pour dormir. Toutes les filles semblaient sereines.


Lui n'y était pas serein. Il devait s'occuper en attendant de retrouver un semblant de contrôle.


Il attendit un peu que son esprit lui fasse reprendre la raison et revint vers la chambre. Cette sensation de danger ne le quittait pas depuis la veille. Il sentait régulièrement des frissons glacés le traverser…


Tout compte fait, ce séjour n'allait pouvoir que leur faire du bien. Il devait décompresser un peu, lâcher les tensions qu'il le parcourait tout le temps, oublier les désaccords, les trahisons, les failles qu'il ne réussissait pas à colmater et pourquoi pas, essayer de se réparer seul. Il avait toujours cru que quelque chose de brisé pouvait être réparé. Sa théorie devrait s'appliquer à lui aussi …


Il entra dans la chambre silencieusement, sans allumer la lumière et se rapprocha du lit. L'hybride ronronnait presque désormais. Il sourit. Sacré frangin !

Elijah avait froid désormais.


Il regarda par la petite lucarne ouverte qui servait de fenêtre.


Il se figea d'un coup. Une ombre …il était persuadé d'avoir vu une ombre passée. Il s'approcha de l'ouverture et focalisa son regard sur l'extérieur mais ce qu'il vit refléter en tout premier sur la petite vitre n'était que son propre reflet.


Il aurait pu sortir pour vérifier mais savait déjà que son esprit lui avait de nouveau jouer un mauvais tour. Il se sentit lasse d'un coup et frissonna sous l'effet du froid qui venait de glacer son corps. Il referma la fenêtre et sourit bêtement mais pensa que demain il fermerait les volets.


Il se réchauffa rapidement sous les couvertures, se recolla contre son frère et ferma les yeux.


Il se serait presque surpris à regarder sous le lit cependant.


Le corps chaud de Klaus contre le sien finit par lui faire oublier l'absurdité de son comportement. Il se serra un peu plus contre son frère qui grogna un peu, presque mécontent de ne pas avoir toute la place pour lui désormais. Tout n'était pas si différent tout compte fait , le caractère égoïste de son frère se manifestant de nouveau. Il reprit la main de son frère, la reposa sur son propre ventre et essaya de retrouver le sommeil.


Heureusement, il avait pensé à fermer la porte à clé. Cela aurait vraiment craint qu'on les retrouve au petit matin endormi l'un contre l'autre.


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Elle s'était tenu si près du cottage mais s'était vite cachée quand elle avait vu la lumière s'allumer dans le salon. Elle s'était éloigné de la fenêtre et avait fait le tour de la cabane.


Une petite fenêtre était ouverte. Elle avait regardé à l'intérieur, désormais suffisamment grande pour le faire. Il faisait noir mais elle avait perçu le souffle régulier d'un homme. Le loup dormait là !


Elle avait été attirée par sa frayeur et son cri. Cela l'avait réveillée dans la foret et l'avait directement attirée ici. Elle aurait aimé lui voler l'énergie si négative qui avait jailli de ce monstre quand il s'était éveillé dans la nuit. Elle avait pu en prendre une partie mais son loup le protégeait. Elle n'était pas assez nourri.

Puis la porte s'était ouverte. Il était celui là qu'elle avait aperçu dans le salon. Elle avait pu se gorger un peu de lui quand il était venu dans cette pièce. Elle avait ressenti sa faiblesse juste au bon moment.


Il regardait désormais par la fenêtre. Elle était persuadée qu'il l'avait aperçue, sentie. Elle aurait aimé faire face à lui, allongée ses doigts au travers de la lucarne pour toucher son visage…sonder son esprit, prendre sa force vitale, s'en gorger. Il était en état de faiblesse intérieure. Il cachait bien son jeu mais elle, la bête, savait qu'il y était, ce qu'il ressentait, ce qui allait lui permettre de détruire tout ceux qui se trouvaient ici. La colère, la fureur, les ténèbres se tenaient face à elle.


Elle ne le savait que trop bien, Elijah…elle connaissait son nom, elle l'avait lu dans son esprit. Elle aurait pu le faire sien désormais.


Elijah…son prénom résonnait en elle désormais, c'était bien lui, elle n'avait plus de doute, …celui qui lui avait permis d'être là ce soir, cette nuit, qui l'avait fait naître…son créateur…


Il l'avait appelé sans le savoir, l'avait fait grandir au fil des mois, avait refoulé toutes ses douleurs au plus profond de lui pour ne pas sombrer…et lui avait ainsi ouvert la porte de ce monde.



La bête recula au plus profond de la forêt, elle était encore faible très faible, son créateur ne lâchait pas les armes facilement malgré la détresse qui avait en lui, elle allait devoir encore se nourrir de la douleur et de la souffrance, avant de pouvoir prendre tout ce qui avait rendu son maître faible et vulnérable et entraînerait la chute de ceux qu'il aimait, entrainerait sa chute et la laisserait libre de dominer le monde qu'il avait construit pour eux.


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