Cézanne peint

Chapitre 5 : Mon frère cet artiste

5478 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/10/2018 10:51

Mon frère, cet artiste...


La douche m'a fait le plus grand bien. Je descends et pour une fois depuis bien longtemps je me suis habillé avec une tenue détendue. Un bas de jogging souple et un tee-shirt blanc. Klaus va certainement trouver un moyen pour se moquer de moi. Il aime bien me charrier mais après tout, ce n'est pas bien méchant. C'est sa manière à lui de montrer qu'il s'intéresse à nous.


Je m'aperçois que ma sœur, Kol et Camille, l'amie de mon frère sont partis tôt ce matin. Je me demande comment ils ont fait pour réussir à se lever après la nuit que nous avons passée. Ils ne reviennent que dans 3 jours, d'après le message laissé sur le guéridon. Donc j'en tire la conclusion que je suis seul ici avec Klaus.


Je ne sais pas si ce dernier va apprécier de se retrouver avec le plus ennuyant de ses frères. Moi, je pense que c'est l'occasion de se trouver un peu en tête à tète pour discuter. Les mois qui ont précédés ont été compliqués pour nous tous, pour la famille, pour tous ceux qu'on a croisé. Nous avons du nous battre pour notre survie, encore une fois de plus. Chacun a eu des occupations, et des stratégies à mettre en place pour sauver la famille, pour empêcher que tout s'écroule. Notre vie quotidienne a été mise de côté. Nous avons été côté à côte pour cela, pas toujours en accord sur les solutions à apporter, Klaus et moi-même, mais maintenant, le plus dur semble être passé. Nous pouvons enfin aspirer à un semblant de paix.


Je pense à mon frère. Ce sont les premières fois que je le vois gérer les situations avec autant de pratiques et de contrôle. Il a muri, il s'emporte moins depuis quelque temps, je le sens plus enclin à laisser libre cours à sa bonté, car oui il a de la bonté en lui, je suis le seul à croire que cela mènera peu à peu à la rédemption de mon affreux petit frère. Je le sais, je le sens.


Camille a joué un rôle d'une importance cruciale dans ce processus. Elle a faire ressortir en lui ce qu'il y avait de plus tendre en quelques années, ce qui m'a fallu plus de 1000 ans pour réussir. Je suis un peu jaloux d'ailleurs que cette femme est pû pénétrer le cœur de mon frère avec autant d'aisance alors que je me suis tant sacrifier pour cela pendant ces longues décennies. Mais peu importe mes sentiments, je suis heureux pour Klaus et c'est tout ce qui compte.


Il m'arrive d'ailleurs de temps en temps de me sentir presque inutile auprès de lui. Il me sollicite moins qu'avant. Je me sens un peu mis à l'écart de ce fait. Toute ma vie entière, mon éternité presque a été tournée vers celui pour qui je pourrai m'arracher le cœur, pour qu'il puisse trouver un chemin qui lui convienne, moins empli de sang, de colère, de douleurs. On y arrive doucement. Rebecca m'a demandé l'autre jour, ce que je ferai quand Klaus aura trouvé sa voie, loin de moi…elle ne se doute pas à quel point ce mot, loin de moi…m'a blessé, m'a brisé. Je me rends compte que je ne peux pas avancer sans mon frère. Je n'ai mis mes pas que dans les siens depuis 1000 ans donc ce que je vais faire maintenant qu'il semble avancer seul…je n'en ai pas la moindre idée.


Rebecca et mes autres sœurs et frères semblent être parfaitement au clair avec leur avenir. Mon avenir pour ma part se résume à Klaus. S'il part, je ne sais pas comment je vais continuer. Je viens de me rendre compte avec une évidence sans faille que ce n'est peut être pas lui qui ait tant besoin de moi, mais que c'et moi qui ait tant besoin de lui. Je suis attiré par sa présence comme un aimant dont les pôles inverses ne peuvent s'empêcher de se rapprocher. La question de Rebecca me tracasse de plus en plus de jours en jours.


Allez, le soleil est au rendez vous. Et je dois être heureux que ma famille soit en paix, chose tellement rare que nous avons du mal d'ailleurs à combler les journées.

Bon en tous les cas, je sais malgré tout, que je ne pourrai pas compter sur lui pour les réparations que nécessite notre demeure, les barrières à couler, repeindre la grange, et quelques finitions dans la maison.


D'ailleurs, en pensant à mon petit frère, c'est étrange. Je n'ai pas perçu la présence de Klaus dans sa chambre quand je suis passé au côté. Il doit déjà être debout. Je cherche un peu dans la maison et entend soudain du bruit à l'étage.


Rien qui ne semble avoir été cassé ou jeté contre un mur…c'est déjà ça. Je reprends l'escalier et monte doucement à l'étage.


Les bruits proviennent de son atelier. Il doit y être depuis le petit matin et j'espère surtout qu'il n'y s'y est pas réfugié pour évacuer les nombreux cauchemars dont il est en proie en ce moment. Je préfère quand il vient m'en parler ou finir sa nuit dans mon lit près de moi, ce qui permet de le rassurer et d'en parler ensemble. J'ai un peu l'impression que nous jouons à qui en ferait le plus entre lui et moi. Je crois que nous sommes encore touchés par ce qui nous est arrivé à La nouvelle Orléans l'an dernier.


Je suis passé devant les tableaux de notre famille. Ils sont vieux mais je les aime bien. Ce sont des œuvres crées par Klaus lui-même. Il a su parfaitement nous représenter il y a de cela plusieurs siècles. Les années ont passés et nous avons changé nos habitudes de vie et nous nous sommes comme à chaque fois réadapter au nouveau siècle que nous traversons. Ce sont un peu les vestiges de notre passé et une trace de notre immortalité qui se lit dans chacune des œuvres de mon frère.


Je vais demander à Klaus de repeindre des portraits de nous plus récents, et d'y ajouter celui de sa petite fille…et pourquoi pas d'Hayley même si je sais que je ne pourrai pas le regarder facilement sans me faire du mal.


Je regarde un portait de moi des années 20. Je me sens d'un coup ridicule avec mon chapeau haut de forme et ce costume en queue de pie mais c'était du dernier cri à cette époque. Niklaus a su recréer l'atmosphère de ce siècle à la perfection. C'est un génie ! J'aime particulièrement celui-ci. Même si Je crois que je me sens bien dans cette demeure moderne, je suis assez veux jeu et j'ai beaucoup apprécié les années 20 où nous pouvions aller danser et se balader aux bras des femmes bien plus romanesques que les femmes de notre époque.


Nous ressemblions à des dandy et pouvions nous prendre pour des gentlemen. Je crois que Klaus n'a jamais été d'une galanterie à toute épreuve, Il tire à vue et drague ensuite si je peux me permettre de parler ainsi.


Il m'a peint un jour en train de jouer du piano dans un bar que nous côtoyions régulièrement, jusqu'à à ce que nous soyons dans l'obligation de faire toute brûler, pour une histoire de mauvais paiement, et de mauvais compte. Enfin…une belle époque qui a tout de même fini dans le sang.


Je m'approche de la porte derrière laquelle je peux entendre d'un coup mon frère siffloter discrètement. Je me sens rassuré, il semble de très bonne humeur et je reconnais aisément l'air qu'il murmure. Je le joue régulièrement au piano, un adagio que j'adore. Je peux de derrière la porte aisément m'imaginer ce que fait mon frère. Il est en train de préparer ses mélanges de couleurs , je peux entendre le pots se cogner, les pinceaux tournoyer dans la peinture, mon frère malaxer, tester et recommencer en rajoutant des pigments plus ou moins foncés. J'ai ancré tous ces gestes et tous ces bruits dans mon esprit depuis que je viens le regarder faire. Je peux désormais devancer presque chacune de ces étapes pour commencer ses peintures.


C'est fou ce qu'il semble si normal, si humain quand il peint ou qu'il sculpte. Son regard est plus doux, son sourire plus détendu, et il ressemble au petit frère que j'aimerai qu'il soit toujours : heureux et libéré de tous les tracas que la vie nous apporte.


Je m'approche de la porte et fait tourné mon bracelet fin en argent autour de mon poignet. Je l'ai depuis de très nombreuses années. C'est Rebecca qui me l'a offert pour me rappeler que malgré ses absences quand elle part chercher une liberté qu'elle mérite, elle pense toujours à moi. C'est mon rayon de soleil et ce bracelet me permet de me rappeler que ces sourires ensoleilleront toujours ma vie. Ma petite sœur est la seconde personne que j'aime le plus.


Je suis exclusif. Je vénère Klaus, j'adore Rebecca, j'aime beaucoup Freya et Kol , j'apprécie Camille et Vincent malgré que celui me déteste selon ses dires mais il nous a aidé quand nous étions au plus mal, et je tolère Davina. Je hais Marcel pour ce qu'il nous a fait à mon frère et moi. Tout est en régression chez moi.

Hope et Hayley joue dans une autre catégorie dans mon cœur.


C'est certainement pour cela que je n'ai pas d'ami. Le seul ami et confident que j'ai c'est l'artiste qui se tient derrière cette pore.


Et de nouveau, je retrouve mon bracelet, geste que je fais machinalement, quand je me sens stressé. J'espère que Klaus est réellement d'humeur ce matin et que son sifflotement n'est pas là pour cacher une de ces détresses régulières.


Je frappe doucement 3 fois comme à mon habitude. A croire que j'ai développé ces tocs au fil des années.


J'attends patiemment qu'il m'autorise à entrer.


Au bout de quelques secondes, sa voix résonne et je pousse la porte de l'antre de mon frère.


Je reste figé, c'est un bazar de partout dans toute la pièce, des pinceaux sont au sol, de la peinture m'accule par endroits le sol et les murs, ses toiles sont éparpillées dans toute la pièce. Le sweat de mon frère tee est entaché de couleurs diverses.


Je souris en le voyant. Il a de la peinture verte sur le bout du nez et de la jaune sur les joues. Je vois que ses cheveux sont aussi teintés de bleu. Il a du certainement passé ses mains dans ses boucles blondes.


Je lui ai offert pourtant une blouse blanche de peintre pour éviter qu'il ne se salisse de trop mais je crois qu'il ne l'a jamais porté. Il se tourne vers moi et me sourit d'un air malicieux


- Tu tombes bien mon frère. J'ai l'esprit en couleur aujourd'hui


Je souris à mon tour. Quand j'entre dans cette pièce, je me sens bien. Elle possède l'odeur de mon frère, est teintée de sa présence et me rappelle combien je suis rassuré dans cet endroit.


Je ne suis pas du genre à avoir peur de quoi que ce soit, je suis d'ailleurs quelqu'un de froid et de distant et laisse rarement paraitre mes sentiments. Mais ici, je sens que je peux sourire et me laisser porter par les œuvres de mon frère. Je me sens souvent envahis par tout un tas de sentiments, parfois contradictoires, parfois nouveaux pour moi.


Je m'approche doucement de mon adorable hybride. Il a une allure de petit garçon ce matin. Il bouge dans tous les sens, ramasse ses pinceaux, pousse un peu ses toiles blanches pour que je puisse venir à lui. Il me sourit encore gentiment. Je ne sais pas trop si c'est pour se moquer de la soirée enivrante où je n'ai semble t-il par tenu le choc ou juste parce qu'il a l'âme vagabonde.


Je souhaite que ce soit la seconde solution.


Mon frère tend un pinceau rempli de jaune vers moi. La peinture tombe au sol sans qu'il s'ne soucie alors que j'écarquille les yeux. J'ai un peu de mal avec la saleté. Je suis souvent en train de repasser derrière mes frères et sœurs pour nettoyer leurs dégâts.

Mais là je crois qu'il n'y a rien à faire. Le sol est taché de partout par des centaines de petites gouttes de toutes les couleurs qui se sont ancrées peu à peu dans les rainures du bois.


C'est sa pièce, il en fait ce qu'il veut. Je vois que mon frère me regarde fixer le sol et secoue la tête.


- Approche, que penses-tu de cette couleur, je viens de la créer !


Je regarde dans le pot. C'est un bleu teinté d'un autre couleur que je ne peux définir. C'est étrange on dirait des touche d'argent dedans. Je prends un des pinceaux propre de mon frère et plonge celui ci à l'intérieur. Puis je pose les poils du pinceau sur une feuille d'essai. Le bleu est vraiment chatoyant et semble reflété. J'adore …

Klaus me regarde très fier de lui et attend mon approbation mais je ne parle pas. Je reprends un peu de couleur délicatement et en repose sur la feuille. C'est vrai que la texture de la peinture est agréable à manier. Je regarde de nouveau l'effet que fait ce bleu sur le papier et souris. Klaus s'est penché sur ma feuille pour voir ce que je fais toujours dans l'attente de ma réponse. J'aime le faire mariner car je sais qu'il attend que je sois en extase devant son talent.


Je me redresse et secoua la tête en signe d'approbation


- J'aime, j'aime beaucoup


Klaus est ravi. Il plonge son doigt directement dans le pot et le pose sans que j'ai le temps de réagir sur le bout de mon nez.


- Tiens un passe droit pour entrer ici…


Je fais la moue. Je déteste ça et Niklaus le sait bien.


Il attrape le pinceau dont je me sers et commence à poser des touches de ce bleu argenté sur sa toile vierge. Je le regarde faire. Il a dessiné en fond quelques traits mais je n'arrive pas à deviner ce qu'il compte bien peindre.


Je reste derrière lui pour pouvoir observer ses gestes rapide ou scrupuleux, selon ce qu'il dessine.


Puis d'un coup, comme à son habitude, il se recule pour observer sa toile et me fonce dedans. Je crois qu'il me fait le coup à chaque fois. Je pense qu'il veut peut être me signifier par là que je suis trop prêt de lui. Je recule d'un pas pour ne pas le gêner même si j'avoue que ce contact me plait. Nous nous touchons que rarement, je ne prends Klaus dans mes bras que lorsqu'il est en détresse ou qu'il ne peut contenir le surplus d'émotions négatives qui parfois le submergent. Il ne vient jamais non plus spontanément. Montrer notre amour fraternel de cette manière n'est pas chose aisée chez les Mikaelson et pourtant à chaque fois ce contact me fait du bien. Peut être parce que je n'ai pas grand monde vers qui me tourner quand j'ai besoin de trouver du réconfort alors sentir juste la présence physique de mon frère me permet de me sentit plus vivant, moins esseulé.


Klaus se retourne vers moi contrarié.


- Tu peux rien voir de là, approche un peu


Je reviens donc sur mon pas et me penche sur son épaule. J'aurai à ce moment envie de lui déposer un baiser sur la joue car il est mon petit frère et que j'en meure d'envie mais je me retiens. Je ne sais pas trop comment Klaus le prendrait et je ne voudrais pas qu'il me rejette en me montrant qu'il n'est plus un enfant et qu'il n'a pas besoin de cela. Moi, j'en aurai bien besoin.


En me concentrant de nouveau sur la toile, Je ne vois que du bleu alors que Klaus voit certainement se dessiner tout un monde que je n'ai pas encore perçu. Je n'ai pas l'âme artistique et tant que son dessin ne se profile pas plus, je vais devoir attendre patiemment pour commencer à apprécier et voir la vie se dessiner sur les toiles de mon frère. Sa vie, en vrai …car mon frère peint pas seulement avec ses mains mais avec son cœur et son âme. Ses sentiments sont jetés sur ce tableau blanc comme une vague qui viendrait se jeter sur le bord d'une plage isolée.


Il peint avec toute son âme, tout ce qu'il a en lui et qu'il va raconter dans son œuvre. Je suis bluffé par la capacité de mon frère à externaliser ses craintes, ses inquiétudes, ses peines, mais aussi ses joies, ses triomphes sur ces dessins.


Cet homme est un véritable artiste et c'est mon frère, je suis tellement fier.


Nous en avons rencontré des tas d'artistes dans nos nombreuses parcours, des peintres de génie mais personnellement, le seul qui me puisse me faire frissonner est Niklaus. Ces peintures reflètent tellement de sa vraie personnalité, celle qu'il cache à tous, celle qu'il ne veut que personne ne puisse percevoir de lui.


Je suis intrigué. Que va t-il peindre ? il n'a aucun modèle face à lui, il n'est même pas tourné vers la fenêtre pour observer la campagne. D'ailleurs, j'en profite pour admirer ce paysage que j'adore. C'est de cette pièce que nous avons la plus belle vue sur cette Terre qui nous offre de si belles couleurs. Orangé l'automne, blanc immaculé l'hiver et festoyant l'été. Mais ma préférence va aux couleurs du printemps, avec l'éclosion des bourgeons.


Je regarde la plaine au loin, notre grange est un peu gauche, j'imagine parfaitement ces lieux avec des moutons, dans la pré en face, et puis la petite écurie un peu plus bas que nous pouvons apercevoir me rappelle que nous pourrions faire un pique nique charmant près de la rivière qui coule en contrebas.


Je préfère taire mes envies notamment à Niklaus qui ne partage pas du tout, mais alors pas du tout , mon amour profond pour cet endroit. Je m'y sens bien, en sécurité loin de toute agitation. Ici je peux me reposer, reposer mon corps et mon esprit et profitez pleinement de mon petit frère sans songer à devoir veiller que rien ne puisse venir nous faire du mal.


Je me retourne de nouveau vers Klaus. Il est très concentré. Il ajoute un peu de jaune mais pour le moment rien ne me laisse le plaisir de deviner ce qu'il peint. J'ai juste le plaisir de le regarder faire.


Il a tiré un bout de langue dans sa concentration. J'adore cette petit mimique. Il retrousse de temps en temps son nez comme pour réfléchir encore plous profondément et d'un coup satisfait, se pince les lèvres pour recommencer le même manège quelques instants après.


Ce sont des moments comme cela que je grave dans mon esprit, comme lui grave ses envies sur cette peinture. Mon œuvre à moi est là devant moi, et malgré tout ce qu'il me fait subir au quotidien, cette oeuvre sera la plus précieuse à jamais à mes yeux.


J'aime ce petit frère certainement de trop . Je le sais car je sacrifie tout pour lui. Mais c'est la vie que j'ai choisi et malgré les protestations et les découragements de mes frères et sœurs concernant ma dévotion, je sais que sans Niklaus à mes côtés, je ne pourrai pas continuer.


Vincent dit de moi que je suis un monstre sans âme. Mais l'amour que je ressens pour Niklaus me prouve chaque jour le contraire. Je le vois changer, je le vois s'humaniser au fil du temps, je le vois tomber amoureux de la belle Camille, tout cela suffit à mon bonheur.


Vincent aurait pu être mon ami mais ses mots m'ont blessé et je le laisse croire à ma monstruosité. Le seul qui sait que je suis différent c'est Nilkaus et je crois que c'est pour cela qu'il me laisse pénétrer dans son antre, dans son cœur.


- Elijah, Lijah ?


- Oui, excuses moi je rêvais


- Je vois…apporte moi le carmin que j'ai posé là bas


Je pars rapidement vers l'endroit que m'a désigné mon frère. Du carmin…du carmin…c'est une sorte de rouge mais lequel. .I pots avec 4 nuances différentes de rouge à l'intérieur. Je reste un peu déstabilisé devant ces couleurs si vives et prend un des pots que j'amène à mon frère


Il le prend, plisse les yeux et repart l'échanger tranquillement. Il ne me dit rien, ne fait pas de mauvaise blague et plonge son pinceau dans ce carmin si profond.

Il peint par petite touche délicate sur le bas de la toile. On dirait des pétales de fleurs qui volent vers le ciel…je souris. Me voilà bien romantique…


Je regarde mon frère qui se fait tellement tendre quand il pose ce rouge précieux sur sa toile. Son regard va de droite à gauche de haut en bas, il recule, il se rapproche, il essuie un petit surplus de peinture et recommence.


- Le jaune là bas …


Je m'exécute et ne me trompe pas cette dois ci. Ce serait tout de même le comble de ne pas reconnaitre du jaune, une des couleurs avec le bleu que je préfère. Comme le jaune parfait du soleil et le bleu du ciel….


Je le laisse un peu seul près de sa toile et m'approche des autres toiles qu'il a peintes. Je pose mon doigt sur l'une d'elle très délicatement pour être certain qu'elle soit sèche et laisse glisser mon regard sur les formes dessinées sur sa toile.


Elle est magnifique, elle représente le corps d'une femme enceinte. Le bleu du fond me rappelle la nuit étoilée, et cette lune parfaite et si ronde un peu orangé …je repasse mon doigt sur les formes de cette femme qui porte un enfant…je ne vois en fait que son ombre mais elle semble nue sur la toile, je peux y voir la forme de ses seins , de son ventre, de ses jambes lisses, mais elle dégage tellement d'instinct maternel, telle une louve qui couve sa progéniture. Elle a sa main posée sur son ventre arrondie comme pour le protéger.


A côté de cette femme qui semble regarder les étoiles, se tient un loup qui hurle vers cette lune orangée et dans le fond de la toile, une ombre d'un homme debout plus loin qui se confond presque avec la nuit tombée. Ce tableau dégage une aura que je n'ai jamais connu dans le toiles de mon frère. Il me parle presque instantanément.


Je recule d'un coup et cesse de respirer. Tout mon corps est envahi par une sensation de désir. Je désire cette femme, je désire être le père de cet enfant, mais plus que tout je désire chacun des membres de cette toile. Puis je comprends ce qu'à voulu dessiner mon frère.


Ce n'est pas un simple tableau, … Le tableau de mon frère représente l'espoir, l'amour, le désir, la vie…c'est un choc pour mon esprit, une onde de choc qui me traverse. Klaus a représenté Hayley, la louve, et son loup hurle sa paternité et je me reconnais comme celui qui reste dans l'ombre pour protéger sa meute. Ce tableau me transcende. Je désire le corps d'Hayley, je désire caresser ce loup qui va devenir père et qui montre toute la crainte que ceci lui provoque…je regarde cette lune et cette nuit, union parfaite de ce qu'est mon frère et ce que sera sa fille : un hybride.


Mon frère au travers de cette toile me dit qu'il a pris conscience de l'importance de cette famille, l'importance de ce bébé et de ce qu'il représente pour nous tous. Je sens les larmes me monter aux yeux . Je reste quelques minutes sans bouger à caresser de ma main les formes parfaites représentées sur cette toile et essuye discrètement les larmes qui viennent de couler sur mes joues.


Je sais que Klaus a peint ce tableau pour moi. Je n'ose plus tourner mon visage plus me retourner je ne veux pas que mon frère puisse voir à quel point je suis touché par cette toile. Je la tiens dans mes mains et n'arrive pas à la reposer.


- Elle serait bien dans ta chambre non ?


Je sursaute. Klaus est prêt de moi, du bleu maintenant parsemé sur ses joues et ses mains. Il approche sa main rempli de peinture de mon visage et passe ses doigts sur mon visage humide pour essuyer le reste de mes larmes. Je suis touché, bien plus que je ne le pensais être. Puis je sens sa main dans ma nuque et son visage s'enfouir dans mon cou. Lui aussi vient certainement de comprendre pourquoi je suis si ému et je le sens dans le même état que moi.


- Ce n'était pas le but de te rendre nostalgique, mon pauvre Elijha, tu seras toujours trop romantique


Il fait exprès de se moquer de moi pour ne pas monter qu'il est submergé aussi. Je me sens honteux et baisse le regard. Il me tape gentiment dans le dos et me fit signe de poursuivre au travers de ces toiles.


Je le regard partir et se replonger dans ses couleurs. Je ne suis pas dupe. Je le vois pencher souvent sa tête pour m'observer. Je sais qu'il aime quand je pénètre dans ce monde qui est le sien.

Je me sens heureux ici. Je pose le tableau près de la porte et reprend mon chemin. Je fouine au travers des toiles, certaines ne sont pas terminées, d'autres sont coupées en leur milieu, certainement sous le coup d'une colère de mon frère…


Pui au fond de la pièce, une toile attire mon attention. Elle est cachée derrière deux autres toiles , comme si elle avait été cachée. Mais celle celle-ci m'appelle comme si ces couleurs avaient transpercées mon corps. Je pousse les autres toiles et me figent.


J'entend Klaus qui murmure un petit non. Je sais qu'il ne veut pas que je la prenne mais la curiosité l'emporte et je ne lui laisse pas le temps de protester.

Autant la toile que je vais amener dans ma chambre m'a réchauffé le cœur, autant celle-ci est est terrifiante. C'est le contraste total avec la précédente. Elle représente la mort, le sang, l'horreur que nous vivons chaque jour. Je me tourne vers mon petit frère qui baisse rapidement le regard.


Je peux y lire tout l'angoisse et la peur de l'abandon. Une ombre noire, seule est au milieu du tableau perdu dans cette immensité de rouge sanglant, rouge carmin, rouge vermillon, rouge sang, rouge noir…je reste suspicieux et m'approche car je perçois quelque chose qui cloche avec ce rouge là. Il ne ressemble pas à de la peinture. Je pose mon doigt dessus et comprend immédiatement que la peinture a été mélangée à ce liquide dont nous nous nourrissons. Sa peinture sent le sang, elle sent mon sang, celui de Klaus…et cet être seul de dos, dont je ne perçois que l'ombre mais les épaules si basses, c'est mon frère. Je me souviens alors de notre bagarre dans cet atelier.


Je respire un grand coup. Mon frère s'est arrêté de peindre et se cacher derrière sa toile , penaud et effrayé.


Je prends la toile et l'amène à mon frère, retire du chevalet celle qu'il est en train de peindre, et pose celle-ci face à lui. Klaus garde le regard baissé mais essaye de se justifier, la voix brisée. Je sais qu'il se sent mal, très mal.


Je me sentais tellement honteux après ce que je t'ai fait ici, tellement en colère contre moi…



- Tu as fait une erreur dans cette toile


Klaus me dévisage étonnée et presque vexé que je juge une de ces toiles. Je le sens prêt à me défier mais il laisse son bras tomber près de son corps et son pinceau goutte sur son pantalon.


Je lui montre alors son ombre noire qu'il a peinte au milieu de tout ce chaos, lui prend le pinceau des mains, le nettoie et plonge celui-ci dans de la peinture noire, puis je reviens derrière mon frère, collé à son dos, et met mes bras autour de ses épaules. Puis Klaus collé contre mon torse, je lève ma main et lui montre du doigt son dessin.


Je devrai être à tes côtés juste là sur cette toile… tu as oublié que jamais , jamais je ne te laisserai affronter tout cela seul…jamais. Vas –y , tiens prend ton pinceau et dessine moi là


Klaus tourne sa tête vers mon bras qui a attrapé le sien et dépose un baiser sur celui-ci puis il prend le pinceau, obéissant, et en tremblant légèrement faire apparaitre une autre forme près de lui. Plus carré, aux épaules plus fortes, un brin légèrement plus grand. Il manque quelque chose à cette forme qui se tient désormais à ses côtés. Je prends un peu de peinture noire à mon tour et d'un doigt très peu assuré je fais un trait qui part de mon épaule pour aller encercler les épaules de mon petit frère si esseulé dans ce tableau.


- Always and Forever


Niklaus sourit. Il a les yeux humides. Il réajuste un peu ma tentative et donne forme à l'enlacement de ce bras contre lui.


- Always and Forever


Nous restons à observer ce tableau maintenant prenant toute son importance puis Klaus le pose à ses pieds et réajuste sa toile. Elle me semble bien plus colorée que la précédente et j'en suis ravi.


Je prends le tableau rouge sang avec moi et le pose près de celui que Klaus m'a donnée. Je ne lui demande pas son autorisation mais ces deux tableaux sont ancrés à ma vie désormais et je les veux.


Klaus ne semble pas protester et reprend sa peinture doucement. Il tremble un peu, fait tomber deux ou trois fois son pinceau puis au bout de quelques minutes, je vois que son esprit est de nouveau plonger dans sa passion.


- Elijah, tu peux aller nous préparer un bon déjeuner, œufs bacon comme la dernière fois et deux bons cafés noir ?


Je n'ai pas besoin de poser de question pour comprendre que Klaus a besoin d'être désormais seul pour continuer sa nouvelle oeuvre. Il me réinvitera tout à l'heure pour venir l'admirer, j'en suis certain. Je ne vois pas ce qu'il peint et décide de partir sans voler cet intimité . Je sais que Klaus ne souhaite pas que j'en vois plus pour le moment. Je respecte ce choix et emporte mes deux tableaux précieux avec moi.


Quand je sors de la pièce, je me sens vide. L'absence de mon frère me pèse déjà. J'étais bien dans cet endroit avec lui. Je suis impatient d'y retourner.

Je pars dans ma chambre où je dépose près de mon bureau les deux toiles. Je dois leur trouver une place particulière.



Puis je descends pour nous préparer un succulent déjeuner. Je vais dresser la table au dehors, il fait tellement beau que j'ai envie de profiter du paysage t de ce soleil qui va me réchauffer.


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