Contamination

Chapitre 2 : Réveil difficile

3292 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:08

Shane entra dans la chambre d'hôpital de Rick. Il tenait dans la main un immense bouquet d'iris roses et de roses blanches dans un vase en porcelaine bleue. Il se pencha vers son ami qui était allongé inerte dans son lit, les yeux grands ouverts.

- Salut mon pote. Tu es toujours des nôtres ? C'est bien continue de t'accrocher. Je suis désolé vieux. Je sais qu'à chaque fois que je viens te voir je te sors les mêmes conneries.

Il fit voir le bouquet à Rick avant de le poser sur la table de chevet.

- Les fleurs se sont de la part de tout le monde. Ils m'ont demandé de te les apporter et de te donner le bonjour. J'espère que tu seras bientôt de retour. Ce sont Diane et Linda du Central qui ont choisi les fleurs. Je vais les poser près de toi.

 

 

- Le vase n'est pas banal. Avoue-le, tu l'as piqué à ta grand-mère, dit Rick.

Allongé sur son lit d'hôpital, Rick se mit à rire doucement. Il avait des lunettes à oxygène dans le nez et des électrodes collés sur le torse reliées à un moniteur de contrôle.

- J'espère que tu n'en as pas profité pour prendre son stock de petites cuillères, rit-il une nouvelle fois.

Il se mit à tousser et tourna la tête vers l'endroit où avait disparu son ami. Il se rendit compte qu'il était tout seul dans la chambre.

- Shane, appela-t-il. Tu es aux chiottes ?

Il n'eut aucune réponse. Il regarda le bouquet posé près de lui. Les fleurs étaient complètement fanées. Il les toucha du bout des doigts et les pétales secs tombèrent sur le meuble. Paniqué, il se tourna de l'autre côté de son lit et vit l'horloge accrochée au mur qui était arrêtée. Il retira son tube à oxygène et se débarrassa des draps qui recouvraient son corps. Il prit appui sur le support de la perfusion et sortit ses jambes du lit. Il les posa par terre et se mit debout. N'ayant plus la force de le porter, ses jambes fléchirent et il s'écrasa au sol. Allongé sur le lino, il arracha sa perfusion et les électrodes recouvrant son torse tout en essayant d'appeler l'infirmière mais il ne put sortir qu'un mince filet de voix, sa bouche étant trop sèche. Il se releva en s'aidant de son lit et essaya de se calmer. Il contrôla le tremblement de ses jambes et s'avança à petits pas vers la porte de la salle de bains. Il l'ouvrit et se regarda un instant dans le miroir qui lui faisait face. Il eut du mal à se reconnaître avec sa barbe et ses cheveux longs frisés. Un bandage lui enserrait le ventre. Il ouvrit le robinet du lavabo et se mit à boire jusqu'à ce que l'assèchement de sa gorge se soit apaisé. Il sortit de sa chambre et poussa le lit qui en barrait l'accès. Aucune infirmière ni aucun médecin ne courraient dans le couloir. Seuls des papiers étaient éparpillés sur le sol. Les néons tressautaient en renvoyant leurs lumières blafardes. Il commença par marcher lentement le long du couloir désert. Il sentait la panique le gagner au fur et à mesure que ses pas l'entraînaient loin de sa chambre. Il jetait un œil dans les chambres dont les portes étaient grandes ouvertes. Personne dans les lits. Il arriva devant l'accueil des infirmières et attrapa le téléphone qui trônait sur le comptoir. Aucune tonalité. Il vit une blouse de médecin traînée sur le dossier d'un siège et l'enfila. Il farfouilla dans les tiroirs et trouva une boîte d'allumettes qu'il mit dans la poche de sa blouse. Il s'approcha lentement de la porte vitrée qui conduisait à un autre service. Le néon au-dessus de sa tête s'arrêta brutalement, le plongeant dans une semi-pénombre. Il s'approcha de la vitre et posa sa main dessus, prêt à pousser la porte. Ce qu'il vit de l'autre côté lui glaça le sang : un corps dont la peau avait été entièrement pelée et les boyaux éparpillés sur le sol. Il se focalisa sur le visage de la femme. Une blonde. Il la reconnut et retint un haut le cœur. Il partit à reculons vers l'autre bout du couloir qui plongeait plus profondément dans les ténèbres. Tout en marchant, il regardait les impacts de balles qui recouvraient les murs. Des traces de mains et de pieds ensanglantés jonchaient le sol devant lui. Il faillit glisser sur une flaque de sang et se retint à une poignée de porte. Plus il s'enfonçait dans le couloir, plus il découvrait un carnage. Des fils électriques pendaient du plafond. Des morceaux de béton étaient éparpillés sur le sol. Il arriva face à une porte cadenassée où était inscrit en gros et en rouge : « Ne pas ouvrir, mort à l'intérieur. ». Il resta planté devant la porte verrouillée, entendant du bruit de l'autre côté. La porte bougea légèrement. Des gémissements lui parvinrent. Il recula tout en ne quittant pas des yeux la barre métallique qui barrait le passage. La porte bougea de plus en plus violemment. Il vit des doigts sortir de l'interstice. Apeuré, il quitta le couloir par une autre issue et tomba sur les ascenseurs. Il appuya sur le bouton d'appel mais rien ne se passa. Il ouvrit la porte de l'escalier qui était plongé dans l'obscurité. Il chercha à tâtons dans sa poche la boîte d'allumettes. Il en grilla une et se mit à longer le mur. Elle lui brûla les doigts et il la jeta au loin. Il en alluma une seconde et commença à descendre doucement les marches. A la troisième allumette, il vit le panneau sortie au-dessus d'une porte. Il s'y dirigea et la poussa. La lumière de l'extérieur l'aveugla un instant. Il longea le mur, se protégeant les yeux du soleil. Il descendit les quelques marches métalliques et se retrouva dans la cour de l'hôpital. Devant lui se trouvait des centaines de cadavres enveloppés dans des linceuls blancs. Des mouches volaient autour d'eux. Il marcha au milieu des corps tout en les regardant. Il remarqua que les tâches de sang sur chaque linceul étaient au niveau de la tête. Il sentait la bile monter de son estomac. Il se dirigea aussi vite que ses jambes le pouvaient vers la sortie de l'hôpital. Il grimpa la pente herbeuse moitié debout, moitié à quatre pattes. Il tomba sur un camp militaire déserté. Un hélicoptère était posé en haut de la butte. Rick regarda tout autour de lui cherchant un être vivant mais il ne vit que des cadavres dans des sacs mortuaires. La façade du bâtiment était complètement éventrée comme si une bombe avait explosé juste devant. Il traversa le camp et se retrouva dans une petite rue avec des jolies maisons de chaque côté. Il repéra au loin un vélo jeté dans le parc. Il jeta un vague coup d’œil au corps coupé en deux qui se trouvait à proximité. Tout le bas avait disparu laissant les tripes et les boyaux traînés sur le sol. Rick releva le vélo et se mit à le faire rouler doucement. Le corps se retourna dans un gémissement guttural. Le policier tomba à la renverse avec la bicyclette. La femme s'aidait de ses mains pour avancer vers sa proie. Rick poussa un petit cri tout en la regardant se diriger vers lui. Affolé, il eut dû mal à se relever, empêtré comme il était dans les roues du vélo. Son pied était coincé entre deux rayons. L'abomination approchait de plus en plus de lui. Il dégagea enfin son pied et monta sur la bicyclette. Il se mit à pédaler aussi vite qu'il le pouvait mettant le maximum de distance entre elle et lui. Il roula jusqu'à sa maison qui se trouvait un peu plus loin. Il balança le vélo sur le trottoir et monta les marches qui conduisaient au perron. La porte d'entrée était grande ouverte. Il la poussa et pénétra à l'intérieur.

- Lori, hurla-t-il. Carl.

Il appelait sa femme et son fils tout en se déplaçant de pièces en pièces. Il vit des cartons remplis de vêtements, posés sur le lit. Il attrapa un des châles de sa femme qui traînait sur le montant de leur lit et entra dans la chambre de son fils qui était tout aussi vide. Il sentait de plus en plus la panique le gagner. Il s'écroula sur le parquet et se mit à pleurer. Sa famille avait disparu. Il ne sut combien de temps, il resta à pleurer sur le sol du salon. A appeler sa femme et son fils. Il se sentait tellement mal. Il ne comprenait rien à ce qu'il se passait.

- Ce n'est qu'un rêve. Je vais me réveiller.

Il se balança des gifles, se pinça jusqu'au sang le bras mais il était bel et bien là. Il se redressa et sortit à petits pas sur le perron. Il descendit les quelques marches et s'installa sur la dernière. Il n'y avait aucun bruit. Aucune voiture ne passait dans la rue. Aucune dispute de voisins. Rien. Le silence total. Il aperçut au loin, une silhouette qui déambulait sur la route zigzaguant légèrement. Rick leva le bras pour l'appeler mais suspendit son geste. Un garçon s'approcha du policier doucement par derrière. Ce dernier trop occupé à regarder la personne qui s'approchait lentement sur la route ne prêta pas attention à ce qu'il se passait dans son dos. Une branche craqua le faisant se retourner. Il n'eut pas le temps de réagir, se faisant assommer à coup de pelle.

- Papa, hurla le petit garçon.

- Carl, murmura Rick. Je t'ai enfin retrouvé.

- Papa, je l'ai eu cette saleté. Je vais lui éclater la tête.

La bouche et le nez en sang, Rick se tourna vers la silhouette au milieu de la rue. Un homme noir arriva en courant et tira une balle dans la tête de l'abomination qui s'écroula sur la route.

- Il a dit quelque chose, demanda-t-il à son fils. Je l'ai entendu parler.

- Il m'a appelé Carl.

- Tu sais très bien que ces choses ne parlent pas. Hey, monsieur, c'est quoi ce pansement ?

- Quoi ? bafouilla Rick.

- C'est quoi comme blessure ?

L'homme noir pointait le canon de son arme sur la tête du policier qui commençait à perdre conscience lentement.

- Vous allez répondre bon dieu, hurla l'homme. C'est quoi comme blessure ? Si vous ne répondez pas, je vous jure que je vous tue.

Il abaissa le chien de son arme tout en plongeant son regard dans celui de Rick. Sentant le froid du canon contre son front, le policier posa sa tête sur l'herbe et perdit connaissance.

 

 

Entendant la détonation, Amy lâcha la bouteille de lait qu'elle tenait dans la main. Le verre se brisa répandant le liquide blanc sur le carrelage de la cuisine. Elle se précipita dehors et vit Morgan tenant un revolver au-dessus d'un homme allongé sur le béton. Elle courut vers lui en lui indiquant du doigt les deux zombies qui arrivaient dans leur direction.

- C'est qui ? demanda-t-elle.

- Je ne sais pas, répondit Morgan. Duane l'a trouvé assis devant cette maison.

- On va l'emmener avec nous. Ce n'est pas sûr pour lui dehors.

Morgan la regarda, les sourcils froncés, tout en lui indiquant du canon de son arme le bandage qui entourait le ventre de Rick. Amy prit un des bras du policier et commença à le redresser. Ses yeux noirs ne quittaient pas le regard sévère de Morgan. Elle savait ce qu'il se passait dans la tête de son ami. Il avait peur que l'inconnu se transforme en mort-vivant et s'en prenne à son fils. Il la regarda une dernière fois en soupirant et l'aida à porter Rick jusqu'à la grande maison au bout de la rue. Duane courrait devant eux, armé de sa pelle. Ils installèrent le policier sur un lit et Amy s'assit près de lui.

- Apportez-moi de l'eau et ma trousse, dit-elle.

Duane se précipita dans une autre pièce et revint avec une sacoche en cuir. Morgan ramena un pichet d'eau qu'il vida dans une cuvette qu'il posa près de la jeune femme. Elle retirait doucement le bandage tout en décollant le pansement.

- Ce n'est pas une morsure, dit-elle.

Elle déchira un morceau du drap qu'elle trempa dans l'eau. Elle l'essora et nettoya délicatement la plaie. Elle refit un pansement propre et se leva tout en regardant l'homme assoupi. Sa tête lui disait quelque chose mais elle n'arrivait pas à le remettre. Elle descendit rejoindre Morgan qui faisait le guet à l'une des fenêtres du rez-de-chaussée. Duane, s'étant assoupi sur le canapé, elle le recouvrit d'un plaid pour ne pas qu'il attrape froid dans son sommeil. Morgan lui indiqua d'un signe de tête l'assiette posée sur la table. Elle s'y installa et regarda la bouillie d'avoine.

- Il faut vraiment faire les courses, rit-elle.

- Je suis comme toi. Je n'en peux plus de cette bouffe infâme.

Elle vida le contenu de son assiette et se posta près de lui. Elle jeta un œil au-dehors. Une dizaine de zombies s'étaient rassemblés devant la maison. Ils faisaient les cent pas lentement. Une femme noire en décomposition se posta devant la porte.

- Pourvu que Duane ne la voit pas comme ça, murmura Morgan.

 

 

Rick se réveilla dans un lit confortable avec des draps à fleurs. Il regarda tout autour de lui et vit une jeune femme entrer dans la chambre.

- Je viens de changer votre pansement, lui dit-elle. Il en avait grandement besoin. Je m'appelle Amy et eux se sont Morgan et Duane, son fils.

Il essaya de se redresser mais sa tête lui tournait et il retomba sur l'oreiller. Il tourna la tête et croisa le regard noir de Morgan qui tenait dans les mains un fusil à pompe. Il aperçut le petit garçon, assis sur une chaise, qui lisait une bande dessinée.

- C'était quoi votre blessure ?

- Je me suis pris une balle, articula difficilement Rick.

Amy approcha un verre d'eau des lèvres sèches du policier qu'elle aida à boire doucement.

- Quoi d'autre ? demanda Morgan.

- Comment ça quoi d'autre ? Ce n'est pas suffisant une balle ?

- Répondez à mes questions. Avez-vous été mordu ?

- Mordu ?

Rick écarquilla les yeux d'incompréhension. Amy posa une main sur le bras de Morgan.

- Je te l'ai dit, il n'a pas été mordu.

- Peut-être griffé ou autre chose, s'exclama-t-il.

- Il n'a aucune trace sur le corps.

Rick suivait l'échange des deux personnes devant lui. Il essaya une nouvelle fois de se redresser. Amy s'approcha de lui et lui cala un oreiller dans le dos.

- On m'a tiré dessus. J'ai seulement reçu une balle, murmura Rick. C'est tout ce que je sais.

Amy poussa Morgan vers la porte de la chambre.

- Rejoignez-nous quand vous vous en sentirez la force, lui dit-elle. Je vous préparerais à manger.

Rick les regarda sortir le laissant seul avec Duane, absorbé par sa lecture. Il entendait au loin la voix de la jeune femme qui se disputait avec Morgan.

- Fais-moi confiance, Morgan, lui disait-elle. Tu sais très bien que je ne mettrai jamais la vie de ton fils en danger. Cet homme n'a pas été mordu, ni griffé ni quoi que ce soit d'autre. Je pense, vu sa tenue, qu'il sort de l'hôpital. Et si ma mémoire est bonne, il doit sortir du coma. Avant tout ce désastre, un flic a été grièvement blessé et je pense que c'est lui.

- Tu te rends compte de ce que tu racontes, Amy, explosa Morgan. Comment veux-tu qu'il s'en soit sorti vivant ? Surtout s'il était dans le coma.

- Je ne sais pas, Morgan. Mais, je suis sûre que j'ai raison.

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