Sans retour

Chapitre 15 : Un peu de Vin

6098 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 13:06

Et voilà pour vous ! Un grand chapitre 15 ! Avec un bonus légèrement plus long. Je mets du temps à écrire en ce moment et je m’en excuse, mais il me semble que c’est principalement parce que j’ai plus de mal à faire des chapitres sans action. Mais bon il fallait que je les fasse, c’est juste que j’ai un peu la flemme de m’y mettre parfois. Dans tous les cas vous allez voir à la fin de ce chapitre on comprend que l’action va revenir ! :3 Bonne lecture à toutes et à tous !

Je venais de reposer mon téléphone portable et restai inactive quelques minutes devant la télévision, qui diffusait la radio. Qu’allai-je bien pouvoir faire ? Mes pieds commencèrent à bouger au rythme de la musique, puis mes jambes et ma tête, et pour finir je me levai et dansai comme une folle, mêlant un peu de danse hip-hop, de classique et… Autre chose de sans doute non répertorié. En bref, un véritable charabia qui permet de se défouler et fait bien transpirer. En revanche pour la goule que j’étais, l’espace était trop étroit pour que je puisse me lâcher complètement, et donc faire un véritable sport. C’est à ce moment-là que je décidai de sautiller. D’abord gentiment, des petits bonds entraînant et saccadés ; puis je pris de la hauteur, touchant presque le plafond qui devait bien faire un mètre de plus que moi. Je pris pour but de l’atteindre, et me propulsai davantage… Inutile de préciser que j’entendis un craquement en rencontrant le plâtre un peu trop brutalement. Heureusement rien ne sembla cassé, il n’y avait aucune fissure. J’avais eu de la chance. Je me calmai avant d’avoir une autre idée stupide.

Azamie arrivait pour dix-neuf heures, et il n’était que dix-huit heures trente. Il restait encore un peu de temps devant moi. Je décidai de commencer à préparer un gâteau, tout simple, au yaourt avec un peu de citron. Faire de la pâtisserie ça permet de me faire décompresser. Je farfouillai dans les livres de cuisine de maman, pour finir par chercher la recette sur internet. Pratique. Je sortis tout ce dont j’avais besoin du frigo et des placards, c’est-à-dire citron, œufs, farine etc. Ma mère aimait changer les affaires de place régulièrement, prétextant que cela donnait « un coup de vie » à la maison. En revanche mon père et moi n’en étions pas si sûrs…

En allant me laver les mains dans l’évier de la cuisine je fis tomber un œuf. J’avais beau être une goule, donc plus forte et plus agile, je restai aussi maladroite que mon cher père. Après avoir nettoyé je jetai un coup d’œil à l’heure sur le four ; et zut Azamie arrivait dans sept minutes… Je n’aurai jamais terminé ! Je cassai rapidement les œufs dans un grand saladier, puis versai le sucre et la farine en même temps. Je ne sais pas comment je réussis à m’y prendre, mais le sachet se perça des deux côtés, et je me retrouvai avec un nuage de farine de blé dans la cuisine, avec moi éternuant à tout-va. La sonnerie retentit. Azamie et sa fichue ponctualité. J’ouvris la porte à la volée, laissant une traînée de poudre sur mon passage.

« Azamie j’ai besoin d’aide. »

Sans plus d’explication je l’empoignai par le bras et l’amenai dans la cuisine. Je savais que c’était elle, je l’avais – sans trop réussir comment à me l’expliquer – sentie. Par l’odeur qu’elle dégageait, en partie, mais également par son humeur. Depuis quand les humeurs avaient-elle des odeurs ? Nous parvînmes à la cuisine. Je la regardai, attendant quelque chose sans vraiment savoir quoi. Elle inspecta la pièce, puis se tourna vers moi, éberluée. Elle partit alors dans un fou rire incroyable. Je n’avais jamais entendu quelqu’un rire autant, c’était assez surprenant et… gênant. Quand elle remarqua que je la fixai elle toussa, se racla la gorge et repris un air sérieux. De mon côté je la regardai, décontenancée, et un peu vexée aussi.

« Je… J’ai fait quelque chose de drôle ? commençai-je.

- Non pas du tout ! s’écria-t-elle en rougissant. Je vais t’aider.

Elle s’empara d’une éponge et essuya la farine au sol, sur les carreaux blancs. Elle se mit d’ailleurs à éternuer, de la poudre blanche plein le nez. J’émis un petit grognement, une sorte de rire étouffé. Elle releva brusquement la tête vers moi, comme émerveillée, et des étoiles dansant dans ses pupilles. Je détournai les yeux rapidement, me renfrognant.

- Tu sais…, dis-je au bout d’un moment comme aucune de nous deux ne pipait mot. Si tu réagis aussi excessivement à chaque chose inhabituelle que je fais, je ne risque pas de le refaire.

Elle se mit à rougir violemment. Je sentis pratiquement la chaleur qui se dégageait de ses joues. Je cachai mon visage derrière mes cheveux pour qu’elle ne remarque pas mon sourire attendri.

- Je-je suis… Je suis désolée, c’est ma faute si tu –

Je la coupai avant qu’elle ne puisse dire quelque chose qui nous embarrasse toutes les deux.

- Arrêtons-nous là pour ce sujet.

- Ou-oui.

- Bon ! lançai-je quand nous eûmes terminé.

- Ah ! sursauta-t-elle. P-pardon.

- Pas de problème… »

Je regardai la recette pendant rinçait les deux éponges. Je dû relire la même phrase trois fois car je n’y portais aucune attention. Un nouveau silence gênant prit place. Je me tournai brusquement vers Azamie en ouvrant la bouche pour parler. Elle le remarqua car elle se tendit et ne bougea plus jusqu’à ce que je parle. Embarrassée, je me remis face à la recette affichée sur mon téléphone et replaçai une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je me lançai à l’eau :

« Tu sais, tu n’as pas à te comporter comme ça avec moi. J’ai cru comprendre que tu étais… intimidée. Mais n’agis pas comme si… Tu étais soumise.

Je me raclai la gorge, mal à l’aise. C’était le seul mot que j’avais trouvé qui convenait le plus. Je la vis pincer les lèvres, et sentis mn cœur se serrer. Azamie ne méritait pas de remarque, elle était adorable, un véritable petit ange.

- Tu as raison.

- Que-quoi ? bafouillai-je.

- Tu as raison… Toto. Je vais faire des efforts je te promets.

Une flamme s’alluma dans ses yeux, qui me fit hausser les sourcils.

- Parfait…

Je retournai face à mon plan de travail. J’avais besoin d’un petit remontant après cette avancée. Je farfouillai dans un placard, mais, ne trouvant pas ce que je cherchai, je descendis à la cave. Je remontai bien vite avec une bouteille de vin français venant de Château Beaulieu, année deux mille quatorze.

- On trinque après tout ça ? proposai-je.

Ses yeux s’agrandirent.

- T-tu crois ? En plus ça coûte plus de cinquante euros cette bouteille, c’est pas du n’importe quoi !

- Ah bon ? Tu t’y connais en vin toi ?

- Un peu oui… Je trouve ça intéressant.

- Mmh. Et bien on va voir s’il est aussi bon que ça, fis-je en débouchant la bouteille.

- M-m-mais attends ! Je n’ai que dix-huit ans moi ! Et puis… ton père risque de s’en apercevoir !

- Ça m’étonnerait, répliquai-je. Allez fais pas ta mijaurée !

- Bon. D’accord. Puisque c’est toi je veux bien. Mais juste un petit peu !

Je décidai d’ignorer son « puisque c’est toi », et lui servis un verre à pied à ras-bord. Elle ouvrit de grands yeux quand elle le remarqua mais n’ajouta rien. Je me servis la même chose et levai mon verre.

- Santé !

- Santé ! » dit-elle à son tour.

Vingt minutes plus tard nous avions terminé notre verre. Je sentais Azamie un peu pompette, mais ne dis rien. Nous terminâmes de préparer le gâteau, le mîmes au four, puis ce fut le moment de me couper les cheveux. Elle me fit asseoir sur une chaise, sortis une jolie paire de ciseaux de son sac, et commença le travail.

« Essaye de me garder la longueur, lui indiquai-je.

- Oui chef ! s’exclama-t-elle.

Je soupirai. Il lui en fallait vraiment peu. Voilà qu’elle se dévergondait maintenant. Elle me coupa les cheveux en une symétrie parfaite, la longueur de chacune de mes mèches à égale distance.

- Azamie…

- Oui ? Ca ne te plait pas ?

- J’ai trop l’air d’une fille de bonne famille, marmonnai-je. Arrange-moi ça.

- Oh ! Très bien. Je vais te faire une coupe… en rapport avec ta personnalité.

- Ouais ouais, te la pète pas trop hein surtout !

Elle rit, et le silence reprit place, uniquement trahi par le bruit des lames de ciseaux s’entrechoquant.

- Tu sais…, reprit-elle, laissant sa phrase en suspens.

- Oui ?

- Tu es vachement autoritaire comme fille.

Elle ne vit heureusement pas mes joues se colorer.

- Tu trouves ? la poussai-je.

- Oui ! Mais j’aime bien, reprit-elle. Tu es franche aussi, j’aime beaucoup.

- Tu en as bientôt terminé avec mes cheveux ? changeai-je de sujet.

- Oui, presque ! Encore deux minutes et ça devrait être bon.

- Ok.

Elle eut fini très vite.

- Voilà ! Tu es prête pour sortir ! s’exclama-t-elle avec enthousiasme.

J’allai me regarder dans le miroir du salon, qui se trouvait au-dessus du buffet. Elle avait gardé ma longueur, mais certaines mèches avaient été très dégradées, ce qui donnait du volume. D’autant plus que j’avais pas mal de mouvement dans mes cheveux, ce qui faisait que certains rebiquaient, et ondulaient sur le bout. Ouais, ça me convenait bien.

- Merci Azamie, c’est parfait.

Je continuai avant qu’elle n’ouvre la bouche pour me faire une remarque.

- Il va falloir t’habituer à ce que je t’appelle par ton prénom.

Je la vis trépigner de contentement.

- Génial !

- Quelle heure est-il ? lui demandai-je.

Elle regarda sa montre, et la panique la saisit :

- Il va être vingt heures quarante ! Mon dieu ! J’avais donné rendez-vous aux autres à vingt et une heure !

- Eh oh ! Calme-toi, c’est pas grave si on est un peu en retard.

- Moi je n’aime pas ça, se renfrogna-t-elle. Je ne le suis jamais d’habitude.

Je lui fis un clin d’œil.

- C’est parce que tu es avec moi.

Je voulus la mettre un peu dans la gêne, mais sa réponse me surprit tout de même.

- Sans doute.

Il y eut un petit silence embarrassé.

- Bon, allons-y.

Azamie sembla reprendre vie.

- Oui ! Allons-y !

- Par contre…

Je pointai la bouteille de vin sur la table de la cuisine.

- Je ne peux pas la laisser comme ça, on va devoir la finir puis la jeter. Ça serait dommage de la gaspiller.

- Que-qu’est-ce qu’on fait du coup ?

- On la prend pardi !

- Ah… Oui, ça paraît évident.

Je lui souris et enfournai la bouteille dans mon sac.

- Comme ça je décoincerai tes potes.

- On verra s’ils oseront en boire.

- Y a intérêt, répliquai-je.

Je ne comptais pas passer une soirée ennuyante, et qui plus est le nez dans une grenadine.

Deux bonnes heures plus tard nous étions arrivés et discutions tous ensemble dans un parc plutôt charmant, éclairé par de petites loupiotes éparses, ce qui nous permettait de boire en toute tranquillité. Nous étions neuf. Six filles et trois garçons. Le regard de deux d’entre eux divaguait vers moi de temps à autre, mais je les ignorais complètement. Le brun aux yeux noirs, celui avec des lunettes un peu à la Harry Potter, vint s’asseoir à côtés de moi. Il avait sifflé une bonne partie du vin – j’avais en fin de compte pris une deuxième bouteille.

« Salut, s’avança-t-il en me soufflant son haleine alcoolisée au visage.

- Salut, répondis-je en levant les yeux au ciel.

Azamie nous jeta un coup d’œil en haussant un sourcil. Mignon.

- Tu… Tu connais bien Azamie nan ? Elle nous avait jamais parlé de toi avant.

- Ah bon ? Ouais je la connais un peu, sans plus.

Il sortit la deuxième bouteille de derrière son dos et bu une longue gorgée.

- Ah ! Ca fait du bien ! s’exclama-t-il.

Honami vint se mêler un peu à la conversation.

- Tu devrais ralentir un peu sur la bouteille mon vieux. Elle est même pas à toi en plus.

Il se mit debout en chancelant. Je me pris la tête dans ma main.

- Je fais c’que j’veux ! Pour une fois que y a de l’alcool !

Vous savez ces personnes qui, dans leurs premières soirées arrosées, commencent à se croire la personne la plus importante du monde et se mettent à gueuler juste pour qu’on s’intéresse à eux. Je me levai également.

- Gueule pas si fort, on est pas tout seul.

- Ouais ouais, je sais. Y a aussi ces putains de goules !

- Ce n’est pas exactement à elles que je pensais, mais oui, en effet, il y en a peut-être.

Il baissa la voix et s’accroupit près d’Azamie pour venir lui chuchoter dans l’oreille.

- Qui sait, l’un de nous en est peut-être une.

Je sentis la noiraude se crisper. Non par ce qu’il avait dit, mais plutôt du fait de sa proximité. Il se la jouait un peu trop là, pas vrai ? Je me mis derrière lui et le redressai gentiment.

- Allons, arrête de dire n’importe quoi et retournons à notre conversation initiale.

Je ne me souvenais d’ailleurs même pas de quoi il s’agissait, n’écoutant qu’à moitié. Il obtempéra sans discutailler. Je regardai l’heure sur mon portable : minuit. Je m’étirai et fis semblant de bailler.

- Bon, et bien moi je vais rentrer. Passez une bonne soirée.

Ils parurent étonnés de me voir partir si vite, mais je reçu finalement un au revoir de chacun. Je me détournai en levant la main.

- Attends ! Toto !

Je stoppai en soupirant, et me retournai sur Azamie.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Heu… Il est tard, tu es sûre de ne pas vouloir dormir avec Sae et moi chez Honami ? Elle habite tout près.

- Non vraiment, ça va. Et puis une petite marche nocturne ne me fera pas de mal !

-  Une petite marche nocturne ? Comment ça ? Tu ne comptes pas rentrer à pieds j’espère ! C’est super dangereux ! Allons, je vais t’accompagner au métro.

J’agitai les mains devant elle.

- Du calme ! Je ne vais pas rentrer à pieds bien évidemment !

- Ah bon. Alors me fais pas peur comme ça, rouspéta-t-elle en fronçant les sourcils.

Je lui fis un sourire attendri malgré moi, et je la vis rougir un peu en dépit du noir.

- Ne t’inquiète pas. On se revoit lundi ! »

Je partis avant qu’elle ne puisse me faire une remarque. Elle me lança un petit au revoir au bout de quelques secondes, ce qui me fit doucement rire. Je m’éloignai rapidement, passai sous la branche d’un sapin et arrivai à la grille du parc. Une voiture de patrouille de police me passa juste devant. Tout était plus dangereux la nuit, cela ne provenait bien évidemment pas que des goules, mais en grande partie tout de même. La lumière clignotante de la bouche du métro clignota au bout de la rue, et je me dirigeai vers celle-ci. Cependant, juste avant que j’y parvienne, un bras me saisit et me plaqua contre la grille, puis une main vint se poser sur ma bouche ce qui étouffa mon cri de surprise. Mes omoplates rencontrèrent les barreaux de fer douloureusement. Je remarquai que mon agresseur ne portait pas de masque, mais seulement un sweet à capuche, il s’agissait donc sans doute d’un humain. Dans un geste vif je mis son visage à découvert, et quelle ne fut pas ma surprise quand je constatai qu’il s’agissait de Flashy !

« T-Toi ? Qu’est-ce que tu fais là ?!

Il fronça le nez. Il avait l’air très, très en colère.

- Je viens te chercher bien sûr ! Suis-moi.

Il me saisit le poignet avec force et m’entraîna à sa suite. Je me dégageai tant bien que mal de son emprise et reculai d’un pas.

- Non !

- Pardon ? grinça-t-il.

- Non…, répétai-je plus doucement.

Il se pinça l’arête du nez.

- Ecoute, j’en ai bien chié avec toi, donc tu vas faire ton petit toutou et me suivre bien gentiment.

Je reculai d’un second pas.

- Pas encore. Je rentrerai quand je l’aurai décidé !

Sans comprendre comment je me retrouvai par terre sur le dos. Immédiatement cela m’inquiéta : mes pouvoirs auraient-ils diminué ? Flashy s’assit tranquillement en tailleur à côté de moi.

- J’en ai bavé pour que ce soit moi qui te ramène, c’est-à-dire dans le calme, et sans violence. Donc s’il-te-plaît, suis moi maintenant.

- Pourquoi ? braillai-je.

Je le savais très bien.

- Fais pas la con. Fuir comme ça, ça paraît plus que suspect non ?

- Je sais mais… Je ne peux pas partir ainsi, je dois trouver une excuse et –

- Il y a des choses beaucoup plus importantes que ta petite famille d’humain ! Merde Hide ! Ferme ta gueule et viens !

J’ouvris de grands yeux. Je ne pensais pas qu’il pouvait perdre son sang-froid comme ça.

- Seulement si tu me promets que ça ne prendra pas toute la journée de dimanche.

- Ta petite vie de lycéenne j’en ai rien à –

- Tant pis alors, le coupai-je.

- Très bien ! grogna-t-il.

Il partit d’un pas furibond. Vexée et ennuyée de lui causer autant de soucis, je le rejoins et marchai à sa hauteur.

- Désolée, tentai-je.

- Tch.

- Je… On ne connait rien de l’un l’autre, mais c’est important d’accord ?

Il me fit face brusquement.

- Juste : tais-toi.

Je déglutis. Il reprit sa marche rapide, mais il semblait bien moins tendu que tout à l’heure.

- Par-là, m’indiqua-t-il.

Et je compris que j’étais pardonnée. Au bout d’un moment, où je pris enfin le temps de réfléchir, je lui demandai :

- Flashy, répond-moi franchement. Comment tu sais pour ma vie de lycéenne ?

- Qu’est-ce que tu crois ? grinça-t-il. Depuis que t’es partie tu as été suivie H vingt-quatre. Evidemment qu’on sait pour ta vie de lycéenne.

- Ce qui signifie… Que depuis le début vous me suiviez ? Même quand j’étais en train de m’enfuir ?

- Bien sûr, soupira-t-il. On a des hommes un peu partout. Ils ont réussi à te choper à la sortie du pont. Tu ne sais rien de rien.

Il continua avant que je n’ouvre la bouche :

- Toi t’es juste une petite ignorante qui pense qu’à sa gueule, et avec qui je m’efforce de prendre des pincettes.

- Je –

- Nous ne sommes pas n’importe qui ! me coupa-t-il. Nous sommes l’organisation Polly, l’organisation la plus crainte et la plus respectée de toute la région.

Très bien, je l’avoue. Il me sembla très classe sur le coup, et ne sembla pas exagérer non plus. Il me prit par le col.

- Alors arrête de faire ta princesse.

Je me dégageai. Je savais qu’il avait raison.

- Ca va j’ai compris. »

Je ne voulais pas retourner là-bas. Ils étaient violents, et dangereux. Mais surtout, j’avais honte du comportement que j’avais adopté. Je m’étais laissée diriger par ma faim, et j’étais devenue une autre. J’allai maintenant leur montrer qui j’étais vraiment. Qui était vraiment la goule Hide.

/SUITE PSEUDO BONUS/

Comme à son habitude, la jeune Toto mangeait seule, dans le couloir. De temps à autre elle regardait par la fenêtre, contemplant l’horizon d’un air morne. Cela faisait maintenant deux bons mois qu’elle était arrivée dans ce lycée, et elle s’ennuyait toujours autant. Encore davantage du fait qu’elle voyait beaucoup moins ses amis.

« Vous me manquez les gars. » chuchota-t-elle.

Prise d’une tristesse soudaine, elle rangea son sandwich dans son sac et descendit fumer une cigarette dans la cour. Alors qu’elle se dirigeait vers le fond de celle-ci, elle entendit des bruits étranges provenant du local de sport. Elle comprit qu’il s’agissait de quelqu’un qui pleurait. Elle continua son chemin sans même un regard en direction du bruit, s’assit dans sa cachette, qu’elle avait déniché il y a pas de cela deux semaines, et alluma sa cigarette. Elle entendit cependant la personne pleurnicher tout le long de sa pause, dans le local, juste derrière son dos. Elle écrasa son mégot avec frustration, le balança par-dessus les grilles du lycée et partit d’un pas raide. C’est pas possible de chialer aussi fort, à moins qu’on veuille se faire entendre, grinça-t-elle intérieurement. Elle entendit à ce moment-là un reniflement vraiment pas très ragoûtant. Elle fit un angle à quatre-vingt-dix degrés brusquement et fonça vers la porte du local de sport. Cette dernière heurta le bois du mur en un claquement sonore, coupant court aux gémissements de la personne inconnue.

« Qu-qui est l-là ? bredouilla une voix féminine.

Toto claqua de la langue avec irritation lorsqu’elle reconnut la pleurnicharde.

- Ah c’est toi.

- Yun-Ji ?

- Ouais.

La châtain sortit un sachet de chewing-gums de sa poche et s’en prit un. Elle jeta ensuite un coup d’œil au visage d’Azamie, qui était encore tout larmoyant. Celle-ci s’essuya d’ailleurs rapidement les joues du revers de sa manche.

- T’en veux un ? proposa Toto avec brusquerie comme si chacun de ces mots « gentils » lui écorchaient la bouche.

- Oui s’il te plaît.

Elle releva la tête avec surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que la noiraude accepte sa proposition alors qu’elle était agressive sans arrêt.

- J’adore la menthe…, sembla vouloir se justifier Azamie.

- Moi aussi, marmonna-t-elle.

C’est à ce moment-là qu’elle eut un déclic. Elle n’avait pas tenu une conversation avec quelqu’un depuis si longtemps, et ça lui manquait. C’est pour cela qu’elle décida de rester avec un peu avec Azamie. Elle s’assit lourdement sur le sol en béton, s’appuya nonchalamment contre le mur, et envoya un chewing-gum dans les mains de la noiraude.

- Bon alors, qu’est-ce que t’as ?

Ne s’attendant absolument à ce que Toto reste, car cela ne faisait pas du tout partie de son caractère, la jeune fille rougit jusqu’aux oreilles.

- Oh, et bien, c’est… C’est une fille que tu ne connais pas, elle m’a encore… posé un lapin on va dire, fit-elle en se grattant l’arrière de la tête.

- Tu veux parler de ta nana ? demanda Toto en arquant un sourcil.

- C-comment tu sais que –

- Je ne suis d’une, pas sourde, je t’ai entendue en parler avec tes deux potes ; et de deux, je ne suis pas aveugle. Ça se comprend rapidement que t’es gay.

- Que-quoi ?! Comment ?!

- Suffit par exemple de voir la manière dont tu m’as matée à mon premier jour.

Elle toussa pour étouffer un rire. Azamie ne riait pas, elle, mais était plutôt devenue encore plus rouge, et dans ses yeux se mélangeaient surprise, tristesse et colère. Elle avait déjà trop pleuré, et ça l’avait épuisé et mise à bout de nerf. Ce qui par ailleurs était chose extrêmement rare, chez elle.

- Tu-t’es obligée de toujours mettre les gens dans la gêne ? demanda-t-elle d’un ton calme.

Toto ne répondit pas et baissa les yeux. Elle était à la fois surprise de la question d’Azamie, cela était étonnant de sa part, et à la fois elle savait que cette dernière avait raison. Elle-même se trouvait incroyablement chiante, c’est pour dire !

- Bah répond ! la brusqua Azamie, qui avait été vexée par le comportement de Toto depuis le moment où elle l’avait rencontrée.

- Peut-être bien que je suis obligée de mettre les gens dans la gêne ouais, dit-elle platement.

- Et… C’est tout ?

La noiraude était étonnée qu’elle capitule si vite, ça ne lui ressemblait pas.

- Comment ça c’est tout ?

- C’est tout ce que tu as à dire ? s’exclama-t-elle un peu trop fort. Tu as été désagréable dès le jour où on s’est rencontrée !

Elle remarqua alors Toto se crisper et se renfermer comme une coquille. Oh non…qu’est-ce que j’ai fait ? pensa-t-elle.

- Je… Désolée. Je ne voulais pas te crier dessus.

Elle s’approcha timidement de la châtain, s’accroupit à côté d’elle et posa sa main sur son avant-bras.

- Je suis désolée, répéta-t-elle.

- T’inquiète, je l’ai mérité, répondit Toto.

La belle avait besoin de parler, alors elle continua :

- J’ai pris l’habitude de me comporter comme ça avec mes potes. Et je sais qu’on n’est pas l’exemple à suivre ! M’enfin bon… En plus ils me manquent, mais je ne peux pas les voir.

- Pourquoi ? demanda doucement Azamie.

Toto balaya l’air de la main.

- Bof, ils sont pas une bonne influence d’après ma mère, et ils peuvent déteindre sur mon avenir.

- Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?

- Je sais qu’elle a raison, soupira-t-elle. Mais je peux pas m’empêcher de lui en vouloir atrocement pour tout ça.

La noiraude haussa les sourcils.

- Tout ça ? Il y a eu autre chose ?

- Bah ! Tu sais bien ! Me changer de lycée, me priver de voir mes amis. C’est suffisant non ?

- C’est sûr…

- Ce n’est pas que ça.

- Quoi d’autre ? s’empressa de demander Azamie, un peu trop rapidement.

- T’es une curieuse toi, hein ! C’est une histoire avec ma tante et – Bref, enchaîna-t-elle en regardant son portable. On va devoir y aller il est tard.

- Ah… Oui, en effet. »

Elles se pressèrent vers leur salle de cours. Quelle ne fut pas la surprise d’Honami et Sae lorsqu’elles virent leur chère Azamie revenir avec Toto. Elles se ruèrent d’ailleurs sur elle pour la questionner – surtout Honami – mais la noiraude leur passa devant en leur jetant un petit coup d’œil signifiant : plus tard pour les questions.

Elle suivit Toto jusqu’au fond du rang des élèves, qui discutaient tranquillement avant d’entrer en classe.

« Alors, que s’est-il passé avec ta tante ?

La châtain s’étonna de voir qu’elle n’était pas avec ses amies. Bien que ça soit sans doute par curiosité qu’elle soit restée avec elle, elle décida de la remercier en lui donnant une réponse. Une réponse cependant incomplète, seulement constituée de l’information principale.

- Ma tante et moi étions dehors un soir. Elle s’est faite attaquée et tuée par une goule, j’ai faillis y passer aussi. »

Elle la planta là, car il était temps de rentrer en cours.

Intéressante cette Azamie Otomo, pensa-t-elle.

Et zut, j’ai encore plus envie de la connaître maintenant, pensa Azamie.

Alors qu’en pensez-vous ?? Toto va enfin retourner dans l’organisation Polly !! Je promets un peu de sang :P et sans doute des larmes ! Pour ce qui est du bonus je vais le couper là. On est parvenus aux deux buts que je m’étais fixée, c’est-à-dire l’information sur la mort de la tante de Toto par une attaque de goule, et le début du rapprochement avec Azamie.

Je remercie Shuneki pour tes vœux de noël :3 et j’espère que tu continueras d’aimer mon histoire. C’est fou comme au fur et à mesure que je l’écris je m’y suis vraiment attachée !

Merci aussi à Looka (fanfic.fr), en plus j’ai eu deux commentaires d’un coup :33 ! Comme tu peux le voir – si tu as lu tout mon commentaire de fin de chapitre – j’ai plus de facilité avec l’action moi également !

A la Prochaine !!

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