Sans retour

Chapitre 16 : Retour à l'organisation

3575 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/01/2016 15:36

Me revoici ! C’est pas trop tôt, je sais, je sais… Mais… Je viens avec deux chapitres ! Alors je suis pardonnée pour cette fois-ci bien évidemment ! :3 Ils sont certes un peu plus courts que les précédents, mais je tiens à remarquer que ceux du début faisaient cette taille-là initialement ! ;) Bonne lecture à toutes et à tous !

« Salut maman, je vais dormir avec Azamie finalement. Désolée de te prévenir si tard. J’ai un peu peur de rentrer seule dans la nuit après coup. A demain

Message expédié je me tournai vers Flashy, qui regardait par-dessus mon épaule. Je fis un petit bond en arrière.

« Je te gêne pas trop j’espère ?

Il ne répondit pas, trop absorbé dans ses réflexions internes. Je laissai tomber et nous continuâmes d’avancer en silence.

- Pourquoi « maman » ?

- Pardon ? dis-je du tac-au-tac, prise au dépourvu.

- Je crois que tu as entendu.

Et merde. Ne sachant que trop répondre, je me tus. Il parla à ma place :

- Tu t’es faite adoptée ? Ça ne dérange pas tes parents de savoir que tu es une goule ?

- Que –

J’avalai ma salive, puis réalisai quelque chose.

- Comment sais-tu que mes parents ne sont pas des goules ?

Il me lança un bref regard surpris, puis détourna si vite les yeux que je ne fus pas certaine qu’il ait s’agit de mon imagination ou non. Il toucha son nez de son index.

- L’odeur. Ils sentent l’humain.

Mince, j’avais oublié ce détail. Je n’avais pas encore les réflexes de goule.

- Tu les as suivis ? me récriai-je, horrifiée à l’idée que mon père ou ma mère aient été espionnés par une goule.

- Bien sûr.

Je déglutis.

- Que sais-tu de moi exactement ?

Il lâcha un soupir.

- Aah, nous y venons enfin.

Il s’assit en tailleur sur un banc en bois, une main sous le menton, puis m’indiqua de prendre place. Je refusai, raide comme un piquet. Voyant que je ne me déciderai pas à parler, il commença donc :

- Tu as battu Kon.

Kon, la goule qui avait tenté de m’arrêter quand je m’étais enfuie de l’organisation Polly. Je me remémorai son long manteau bleu nuit et son masque kaki à petites cornes, ainsi que le sale coup qu’il m’avait envoyé.

- Oui.

- Je serai curieux de savoir comment tu y aies parvenue.

- Je ne sais pas trop. Il m’a frappée assez violemment et ça m’a mise un peu en colère, tentai-je de m’expliquer en m’emmêlant les pinceaux.

- Les personnes en rogne sont en général les plus simples à prévoir lors d’une bataille.

- En général, comme tu dis.

Il hocha une fois de la tête, lentement, comme s’il acceptait mon explication foireuse. Il avait donc décidé de me poser des questions jusqu’à ce que je ne puisse absolument plus me justifier.

- Tes parents ne sont pas des goules. Comment cela se fait-il ?

J’ouvris la bouche, la refermai. Il enchaîna :

- Tu les as embobinés et tu as prévu de les manger ?

- Qu – Non !

Il fronça les sourcils.

- Je me disais aussi. Tu as trop l’air d’être une enfant de chœur pour ça.

J’allai le prendre mal, mais en fin de compte il ne m’avait pas réellement insultée.

- Ils t’acceptent telle que tu es et ils te laissent tuer des leurs pour te nourrir ?

- N-non, absolument pas ! répondis-je tout de suite par impulsion.

- A moins… qu’ils ne savent pas que tu es une goule ?

Il me regarda avec curiosité, et en déduit la réponse tout seul :

- Non, ils ne le savent pas, fit-il avec assurance.

Je baissai la tête en serrant les dents. Pourquoi aucune excuse ne venait-elle sur le coup ? Il allait forcément découvrir quel était mon secret à ce rythme, et ça il n’en n’était pas question. Pourquoi en fait ? Je pourrai tout leur dire, ils me cuisineraient pendant un petit moment puis me foutraient la paix. Mais et si ça ne se passait pas comme ça ? Et s’ils me rejetaient ? Voudraient me tuer, croyant que je les espionnais pour le compte du CCG ? A moins que si la vérité vienne de ma bouche, ils aient moins de soupçons. Pas de prise de risque pour le moment, décidai-je.

- J’ai su me débrouiller très vite toute seule pour chasser les humains.

Puis j’ajoutai avec précipitation :

- Avec l’aide de mon petit frère bien entendu.

- Bien entendu, répéta-t-il.

Je me dandinai sur place. Depuis quand étais-je aussi mauvaise menteuse ? Cela ne me ressemblait pas.

- Je croyais que tes parents n’étaient morts qu’assez récemment ?

Il prit un air triomphant, content de m’avoir mise dans une impasse.

- C’était des foutaises.

- Tient donc, étonnant, ironisa-t-il.

- Ecoute, je voulais juste que vous me fichiez la paix, d’accord ?

- Ca me semble clair. Mais tu n’aurais pas dû fuir. Tu te doutais bien qu’on n’allait pas te laisser tranquille après ça.

- Je pensais avoir plus de temps…

- Avant quoi ? Qu’on te retrouve ? Tu es entrée dans la mauvaise organisation dans ce cas.

- Je sais, je sais, vous êtes l’organisation Polly, la plus redoutable de toute la région.

- Parfaitement ! »

Nous passâmes par-dessus un pont que je n’empruntais jamais, ne me rendant que très rarement dans la banlieue, et encore moins dans cette partie-là. De plus, la ville paraissait différente la nuit, alors pour retrouver mon chemin… Ça allait être compliqué. Nous parvînmes de l’autre côté de la passerelle, et je remarquai que le pont que nous avions emprunté était celui juste à côté de l’autre, celui de la dernière fois, où Mlle Mukai et le Docteur Kano avaient péri. Je pris quelques repères. Nous escaladâmes ensuite un bâtiment, pour nous retrouver face à une rangée d’entrepôts, et nous pouvions donc aisément passer de l’un à l’autre sans trop de problème. Il fallut tout de même faire un petit saut périlleux à un moment. Ne calculant pas très bien la distance, et ayant surtout peur de me rater, je pris une profonde inspiration et me projetai dans les airs. J’atterris cinq bons mètres plus loin que Flashy. Je me sentis fière jusqu’à ce qu’il prenne la parole :

« Tu n’as pas l’air de mesurer très bien ta force.

Puis voyant que je ne disais rien :

- Je pourrai t’aider à t’améliorer si tu veux.

Pourquoi pas après tout. Sauf si cela mettait trop mon secret en péril. Il faudrait que je réfléchisse là-dessus, sa proposition pouvait être sympathique, surtout l’idée de le mettre au tapis.

- Tu es moins bavarde d’habitude, remarqua-t-il.

- D-désolée, c’est sans doute que je suis un peu nerveuse.

Ce qui était vrai.

- Tu as de quoi.

- Merci de me rassurer !

Je soupirai, puis demandai d’une petite voix :

- Qu’est-ce qu’il va m’arriver au juste ?

- Et bien je suppose que nous allons tous en décider lors d’une réunion. Je ferai mon rapport et nous verrons bien. Je ne peux rien te dire de plus pour l’instant.

- Mais et mes parents ? paniquai-je. Qu’allez-vous leur faire ?

- Rien. Ce sont des humains sans grand intérêt. Ils vont être surveillés un petit moment et s’ils ne font rien de suspect on les laissera tranquille.

- Tu… Tu pourrais éviter de parler d’eux ? Je veux dire… Ils-ils sont humains et j’ai peur qu’il se passe quelque chose de stupide.

- Par stupide tu veux dire les tuer ? Les bouffer ?

- Oui.

- Si tu te montres coopérative et que tu ne refais plus un coup de ce genre rien de malheureux ne devrait arriver.

- D’accord, soufflai-je.

- En revanche pour ce qui est du rapport je ne peux rien pour toi. L’organisation fonctionne sur des bases honnêtes.

Je me doutais bien dès le début que c’était peine perdue.

- Oui.

Nous continuâmes notre chemin. Il me sembla que nous arrivions bientôt, au vue d’un immeuble familier – car particulièrement délabré.

- J’ai l’impression que…, commença Flashy.

- Oui ?

Il me jeta un coup d’œil rempli d’incompréhension.

- J’ai l’impression que tu ne saisis pas réellement l’ampleur de ce dans quoi tu as mis les pieds. Tu devrais pourtant connaître le monde des goules et savoir que tout n’est pas si facile.

- Sans doute.

- Il va dans tous les cas falloir t’y habituer. »

J’hochai la tête sans bruit, ce qui clôt la discussion. Nous arrivâmes à l’entrepôt. Je reconnus sans peine la goule de la dernière fois qui montait la garde, celle possédant une musculature assez impressionnante. Elle me jeta d’ailleurs un regard mauvais.

« Regardez voir qui s’est faite attrapée, grogna-t-il.

- J’ai eu son consentement pour l’emmener ici, Fisher, soupira Flashy.

Il émit un petit son méprisant, puis se tourna vers moi, semblant lâcher l’affaire :

- En tout cas tu cours drôlement vite.

- Merci, dis-je, gênée.

- Tu es quoi, une goule ailée ?

- Une – Quoi ?

- On verra ça plus tard, nous coupa Flashy.

Puis il nous tourna le dos et s’avança vers la trappe.

- Hide, viens. »

Je le suivis. Il s’aventura dans la fosse, et je m’y enfonçai à sa suite. Au beau milieu de l’échelle il se laissa tomber jusqu’en bas, moi en revanche, je préférai ne pas m’y risquer. J’entendis des éclats de voix qui se rapprochaient – sans doute à la vue de Flashy qui rentrait – et mon ventre se noua. Des picotements désagréables longèrent ma colonne vertébrale, puis de mes coudes jusqu’au bout de mes doigts. Une sensation de malaise s’insinua lentement dans mon estomac. Je regrettai presque d’être venue. La descente par l’échelle se faisait dans un noir presque total, nous voyions uniquement la lumière d’en bas, et chaque personne descendant devait la regarder avec envie, pressée de parvenir sur le sol ferme. Cependant, au vu de ma situation actuelle, je m’arrêtai trois mètres avant, et contemplai le béton éclairé par les lampes artificielles avec crainte. Mon rythme cardiaque s’accéléra, pour venir battre contre mes tempes. Ressaisis-toi un peu merde ! Je serrai fort les paupières, puis rouvris les yeux et descendis.

Je ne sais pas exactement ce à quoi je m’attendais, mais certainement pas ça. Les goules s’étaient regroupées, formant un arc autour de l’entrée de l’échelle. Flashy était resté tout près, et m’attendait en position défensive, me tournant le dos à demi. Comment étais-je censée interpréter son comportement ? Il n’y avait pas cinquante possibilités. Certaines goules apeurées, méfiantes ou en colère risquaient peut-être de s’en prendre à moi. Je m’insultai intérieurement d’avoir été aussi idiote à prendre la fuite d’une telle manière, sans tenter de leur expliquer. Le goût âpre de la peur et l’amertume du rejet me parvinrent jusqu’au bout de la langue. Un brouhaha s’était élevé, puis le silence tomba. La foule se fendit en deux, laissant place à une personne que je reconnus immédiatement : Gin. Je ne sentis aucune émotion émaner de son corps. Elle s’arrêta à deux mètres de moi et me toisa de toute sa hauteur, puis brisa le silence en une voix étonnamment douce :

« Bon retour parmi nous, Hide.

J’hochai le menton. Elle se tourna vers Flashy.

- Ton rapport s’il-te-plaît.

Il prit la parole, s’exprimant telle une machine :

- Lycéenne. Aucune présence de goule détectée. Amis humains. Vie ordinaire, danger évalué à 0/5. Vie familiale…

Il eut un instant de pause, et me jeta un coup d’œil, ce qui n’échappa pas à Gin.

- Continue, commandant, s’impatienta-t-elle.

- Vie familiale : père et mère, vie ordinaire. Parents… humains.

Des exclamations s’élevèrent dans la salle. Gin se dirigea vers moi à grand pas, et me prit par le col.

- Toi ! Sors ton kagune !

- Qu-quoi ? Non !

Son emprise sur moi se resserra.

- Maintenant ! cria-t-elle.

Je retins un frisson de peur. Ses pupilles noir d’encre me scrutaient, me faisant perdre pied. Que pouvais-je bien faire ? J’étais acculée. D’après ma connaissance je ne possédais pas de kagune, et si par miracle c’était le cas il ne s’était pas encore manifesté, et je savais donc encore moins le contrôler. Gin me lâcha subitement, me faisant tomber sur les fesses. Je remarquai ensuite que ce n’était pas elle qui avait causé ma chute, mais mes jambes, qui tremblaient avec frénésie. Elle se tourna face à la foule.

- Mes amis, commença-t-elle d’une voix tranchante, ramenant le silence. Voici une HM3G de notre cher Docteur Kano et Docteur Mukai.

Le silence parut à ce moment-là encore plus lourd, et les mots de Gin résonnèrent dans l’espace de la salle telle une sentence irrévocable. Je sus qu’ils avaient compris la vérité à mon sujet, sans que je n’aie pu le leur avouer avant. Comme quoi un secret ne reste pas forcément caché bien longtemps.

- Que signifie HM3G ?

Les mots étaient sortis de ma gorge asséchée automatiquement. La chef se tourna vers moi.

- HGMGG. HM3G : Humain Génétiquement Modifié par Gène de Goule.

Elle fit un petit signe de tête en regardant derrière moi, et deux goules se saisirent de mes bras.

- Que – qu’est-ce que vous faites ?! m’exclamai-je.

Deux goules de plus vinrent m’encadrer. Gin se planta devant moi. J’eus la soudaine impression de tout entendre. Les murmures, les respirations, la salive que l’on avale, et même les battements des cœurs.

- Je suis désolée de ce qui t’arrive, Hide, mais… Tu comprendras que vue l’importance de notre organisation, nous ne pouvons pas te laisser partir.

- Je – je ne comprends pas, le Docteur Kano et Mukai sont morts, vous n’avez plus de raison de vous inquiéter !

- Tu ne comprends pas en effet. Tu coopères avec le CCG, ce qui fait de toi une ennemie.

- Je ne coopère pas avec eux ! me défendis-je. Je n’étais pas consentante pour cette opération !

Elle fronça les sourcils.

- Bien sûr que si. Les cobayes sont soit des condamnés, soit des volontaires travaillant pour le CCG.

- M-mais vous avez bien vu que je suis une lycéenne, je –

- C’est facile de jouer une petite mascarade, mais ça ne prend pas avec moi. Surtout quand tes vœux scolaires sont de faire partie du labo de recherche médicale du CCG !

C’est vrai. Je voulais entrer au CCG. J’avais tellement la haine contre les goules après ce qui était arrivé à ma tante, et j’étais à la fois si curieuse à leur sujet que j’avais décidé de travailler là-bas pour mes projets futures. Mais cela ne voulait absolument pas dire que je comptais les tuer. Je voulais simplement les étudier, et par là je veux dire vivantes.

- C’est parce-que –

- Ça suffit ! Je ne veux pas en entendre plus ! Emmenez-là dans le bâtiment arrière. » ordonna-t-elle.

Je regardai Flashy avec panique, mais celui-ci détourna les yeux sans émotion. Il savait que ça allait se passer comme ça. Je me sentis étrangement trahie. Les goules me poussèrent jusque dans une petite maisonnette, s’y engouffrèrent, puis poussèrent une seconde porte. Elle nous mena à une salle spacieuse, sans doute de cinq-cents mètres carré. Les goules me poussèrent en avant. Je remarquai trois grandes cages dans un coin, toutes vides. En revanche ce ne fut pas ça qui attira mon attention, mais plutôt une trace de flaque de sang qui avait été mal nettoyée, ainsi que quelques éclaboussures sur les murs.

« Je vais mourir. » murmurai-je.

 

Petite note avant le prochain chapitre… J’espère que vous prononcez le nom de Mademoiselle Mukai : « Mou – k – aïe ». En fait je viens d’essayer de le dire un peu mixé à la française « Moukè », et j’aime pô XD

Go pour la suite !

Laisser un commentaire ?