La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)
Chapitre 4
Rika
Le jour se levait à peine. Olivier était resté toute la nuit dehors, discutant avec Mamizou sur la suite des événements, ainsi que sur la manière de procéder afin de résoudre cet incident. Désormais, il savait qu’il allait devoir mener une enquête. Cette perspective le rassurait, il n’avait pas l’intention d’affronter les êtres les plus puissants de la Montagne Yokai.
Cependant, il dut cependant affronter une menace bien plus grande une fois arrivée devant cette maison qu’il connaissait si bien et dont parfois, il en redoutait la propriétaire.
Il s’agissait d’une bâtisse d’une grande taille, à moitié cachée par les feuillages des arbres. Les murs étaient faits en briques rouges, partiellement noyées par les plantes grimpantes. Sur sa face principale, c’était une gigantesque porte de hangar qui dominait la vue. Celle-ci faisait plus de cinq mètres de haut et était composée de deux battants en fonte très légèrement travaillée. Sur le côté gauche de la façade sans fenêtre, il y avait la porte d’entrée, de taille normale et en bois, renforcée par du métal. Olivier, heureux d’être ici, s’approcha rapidement de la porte, saisit la poignée ronde en métal cuivré, mais au moment de la tournée, la porte s’ouvrit, dévoilant une jeune femme. Celle-ci affichait une certaine colère qu’elle tentait de renfermer mais qui fut visible à travers ses yeux marron. En la voyant, Olivier commença à balbutier, ne sachant pas quoi répondre. Elle le fixa d’un air encore plus sévère et contracta sa main, tenant une clé à molette.
– C’est maintenant que tu rentres ? demanda-t-elle sur un ton sec et froid.
– J’avais besoin… de sortir un peu.
– Toute la nuit ? demanda-t-elle sur un ton plus froid encore et davantage inquisiteur alors qu’elle croisa les bras.
– J’ai beaucoup discuté avec… quelqu’un…
– Tu as discuté ? Et avec qui ? questionna la jeune femme avec un ton encore plus inquiétant.
– J’étais en haut d’un arbre… avec Mamizou.
– Tu étais avec cette Tanuki ? demanda-t-elle en renfermant davantage son humeur.
– Oui… j’aurais dû te prévenir ma chérie… je suis désolé.
– Entre, tu dois avoir faim, dit-elle sur un ton neutre avant de rentrer dans la maison, suivit par Olivier.
L’intérieur du bâtiment était relativement mal éclairé. Les rares fenêtres ne pouvaient donner suffisamment de lumière et de nombreuses lampes illuminaient le vaste hangar. Elle posa sa clé à molette sur un établi encombré par de nombreux outils, matériaux en métal et une sorte de bloc-moteur d’une taille assez impressionnante, avant de prendre un petit escalier en métal blanc permettant d’accéder à une mezzanine surplombant un char à l’aspect atypique, création originale de cette femme. Elle redescendit rapidement avec un plateau. Sur celui-ci, il y avait deux tasses à café. Olivier en prit une et la remercia avant d’en boire une gorgée. Cependant, la jeune femme ne cessait pas de le fixer, l’air renfrognée. Le jeune homme, ne sachant plus quoi dire pour faire baisser la tension ambiante, la complimenta sur le café. Elle posa le plateau sur l’établi et s’en prit à lui.
– Tu ne m’avais pas prévenu que tu resterais toute la nuit dehors ! Tu sais pas, mais j’ai attendu jusqu’à tard ton retour ! Je me suis inquiétée. Mais monsieur-le-trappeur avait d’autres choses à faire, comme séduire un vulgaire chien viverrin.
– Rika, je suis sincèrement désolé pour cette nuit. Je ne pensais pas rentrer si tard. Elle est allée à ma rencontre et on a discuté, elle avait quelque chose d’important à me dire.
– Ah oui ? Et quoi ?!
À cet instant, il posa sa tasse et l’attrapa tendrement dans ses bras. Pendant un instant, elle voulut le repousser avant de le prendre à son tour dans ses bras, le serrant du plus fort qu’elle pouvait pendant qu’il lui caressait ses cheveux marron.
– Je suis heureux d’être avec toi.
– Moi aussi. Elle te voulait quoi ?
– Je vais devoir résoudre un incident.
– Quoi ?! Et pourquoi toi ? M’enfin, c’est pas plus mal, cela montre à quel point tu es devenu important, c’est déjà ça.
– Si elle a demandé à moi, c’est parce que les autres ont refusé.
– De la part de cette fichue prêtresse Hakurei, cela ne m’étonne guère. Même si le monde s’écroulait autour d’elle, elle bougerait pas le petit doigt.
– Ne pense pas à elle, lui dit-il en lui embrassant le front.
– Idiot, dit-elle sur un ton amical en se séparant de son emprise et en lui donnant un petit coup de clé à molette qu’elle sortit d’une ceinture à sa taille sur laquelle il y avait de nombreux outils avant de se rapprocher du bloc-moteur et de l’examiner.
– Ma chérie, j’aurais besoin de ton aide.
– Besoin de mon aide ? Comment ? demanda-t-elle, surprise par l’affirmation d’Olivier.
– J’ai besoin d’objets afin d’enquêter.
– Enquêter ? Je croyais que tu allais résoudre l’incident ?
– Je dois d’abord enquêter avant de pouvoir faire cela.
– D’ac. C’est quoi ta liste ?
Olivier lui tendit une petite feuille sur laquelle il avait noté tout le matériel dont il avait besoin pour réaliser sa mission confiée par Mamizou. La liste comprenait un appareil photo, des pellicules pour celui-ci, de quoi prendre des notes en quantité et de quoi attacher quelqu’un. Le contenu de la liste surprit légèrement la mécanicienne des lieux avant qu’elle n’affiche un tendre sourire adressé à Olivier. Elle s’approcha doucement de lui, gardant son sourire, faisant dire au jeune homme qu’elle avait une idée derrière la tête.
- Si tu veux jouer les enquêteurs, tu pourrais venir avec moi et « m’interroger » dans un endroit plus approprié, murmura-t-elle langoureusement.
- Rika, soit un peu plus sérieuse. Gensokyo est en danger, et je dois m’occuper de cet incident.
- Et t’occuper un peu de moi, c’est pas important ?! demanda-t-elle avec force, mécontent par la réaction de son amant. Et pourquoi cela devrait à toi de le faire ?
- Je dois le faire car c’est ce que mon ami aurait fait.
À cet instant, Rika s’emplit à la fois de colère et de tristesse. Elle se retourna et monta d’un pas décidé à la mezzanine. Sur celle-ci, Olivier lui demanda ce qui n’allait pas. Là, elle explosa de colère, exprimant son exaspération sur la « mission » de son petit copain qui était de continuer les œuvres de son meilleur ami disparu. Elle exprima le fond de sa pensée, son désespoir de ne pas pouvoir être un peu plus souvent avec l’homme qu’elle aimait, et d’espérer qu’un jour, ils seraient eux deux mariés l’un à l’autre. Olivier tenta de calmer sa chérie mais n’y parvint pas. Tel un volcan, elle cracha sa colère contre Tom qui avait, selon elle, « influencé de manière négative son chéri ».
Cependant, elle se calma rapidement et descendit tout aussi vite de là où elle était. Elle vit Olivier assit sur un bidon, le regard attristé. Elle se rendit compte qu’elle était allée trop loin, malgré sa colère et sa détresse qui l’animait. Elle savait très bien que Tom était un ami qui comptait fort pour lui. Elle l’avait apprise dès qu’elle avait travaillé pour cette personne, quand celui-ci avait opéré la conquête de la Terre des Illusions. Elle se souvenait des discussions qu’elle avait eues avec lui, notamment lorsqu’il parlait de son meilleur ami, Olivier. Elle se souvenait aussi des nombreuses discussions qu’elle avait eues avec lui, quand il lui parlait de son ami, Tom. Le sacrifice de celui-ci avait laissé un arrière-goût dans la vie de celui qu’elle aimait. Après son sacrifice, Olivier s’était vu comme la personne qui devait perpétuer l’œuvre de son ami. C’était la raison principale pour laquelle ils ne s’étaient pas encore mariés, malgré la volonté forte de Rika de le faire. Olivier était davantage préoccupé par la sécurité des Humains de Gensokyo que par sa vie de couple avec elle. Elle s’approcha de lui, regardant dans le vide, et le prit dans ses bras.
– Je suis désolé de m’être emportée, mon chéri.
– Ce n’est rien. Cela fait des mois qu’il a disparu… qu’il est mort.
– Je vais m’occuper de ce que tu as besoin.
– Tu es la meilleure de toute.
– N’exagère pas, pour faire des tanks, c’est le cas, pour le reste, pas vraiment, dit-elle avait un léger sourire amusé alors qu’elle se tourna vers une caisse qu’elle ouvrit et qu’elle chercha dedans.
Olivier se releva lentement et attrapa sa chérie dans le dos, l’enlaçant tendrement, posant sa tête sur l’épaule de celle qu’il aimait, avant de lui embrasser la nuque tendrement, puis lui dit qu’il allait s’occuper et prendre soin d’elle ce jour-là.