La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)
Chapitre 5
L'enquête commence
Dans le hangar de Rika, Olivier se préparait à partir. Il termina de se vêtir, installa son holster d’épaule et choisit l’une de ses armes qu’il collectionnait dans un tiroir lui étant réservé et fermé par clé. Sa main termina son hésitation sur son Colt python qu’il saisit avant de ranger dans son étui. Là, Rika vint le voir et lui caressa le bras gauche. Elle lui demanda si son bras lui faisait mal ou s’il avait du mal à l’utiliser. Olivier lui répondit deux fois par la négative avant de la féliciter pour le travail qu’elle avait pu faire pour lui, faisant grandir davantage encore la fierté de la jeune femme.
Il lui caressa la main posée sur son bras totalement bandé. Il croisa son regard. Elle souriait, presque naïvement, avant de retirer sa main pour la poser sur son visage. Elle s’approcha légèrement. Il la rejoignit. Ils s’embrassèrent tendrement. Le baiser dura de longues secondes avant que finalement, Rika ne le brise, le sourire aux lèvres. Elle demanda à son chéri de faire attention de résoudre cet incident au plus vite.
Finalement, Olivier quitta le lieu et se dirigea vers un endroit où il espérait que l’habitante se montrerait coopérative, le Sanctuaire Hakurei.
Il ne fallut guère longtemps pour Olivier avant d’arriver au dit-Sanctuaire, la « cache » de Rika étant assez proche de celui-ci afin de pouvoir l’attaquer n’importe quand. Une fois devant l’ensemble religieux, il put constater le calme qui y régnait. La maîtresse des lieux s’étirait dans un coin, bien à l’abri des regards, du moins, pour ceux d’une personne n’osant pas franchir l’impressionnant et majestueux torii. Surprise par la visite d’Olivier, elle ne montra que peu d’intérêt quant à sa venue. Elle maugréa sans cesse, agitant son gohei de gauche à droite en proférant des menaces en l’air envers une personne invisible.
– Je vois bien que je ne suis pas venu au bon moment, dit le jeune homme.
– C’est certain, ça, répondit nonchalamment la prêtresse en réduisant l’intensité de ses gestes.
– Et quelle est la raison de ton humeur d’aujourd’hui ?
– Ne te moque pas de moi, j’ai déjà bien à faire comme ça.
– Et c’est qui cette fois ?
– À ton avis ?
– Il y a tellement de personnes qui pourraient te mettre dans cet état pour un oui, pour un non, répondit le jeune homme avec un léger brin moqueur.
– C’est vrai. Mais bon, question alcool, tu vois bien de qui il s’agit ?
– Je vois bien, cette petite rousse cornue.
– Tu ne l’aurais pas vue ?
– Non, je viens d’arriver.
– D’ailleurs, tu es là pourquoi ? demanda enfin la prêtresse en lui faisant définitivement face.
– J’enquête sur ce qu’il se passe actuellement sur et aux alentours de la Montagne Yokai, et je voulais savoir si tu avais des informations.
– Mamizou est venue te voir, n’est-ce pas ? questionna Reimu avec une expression qui s’assombrit.
– Oui.
– Méfie-toi d’elle. Je sens qu’elle prépare quelque chose de pas net.
– Tu es sûre qu’elle fomente quelque chose ?
– Je ne sais pas.
– Cela ne m’aide pas des masses.
– En tout cas, je sais juste que les Tengus sont particulièrement agités en ce moment et qu’ils sont de moins en moins nombreux quitter la montagne, même pour peu de temps. Mais après, quan à dire qu’il s’agit d’un incident, c’est grandement exagérer. À ce rythme, on fera appel à moi quand Remilia se sera réveillée du pied gauche.
– Elle m’avait semblé convaincante quand… commença le Rôdeur de Gensokyo avant de se faire interrompre par la Prêtresse du Sanctuaire Hakurei.
– Elle est du même tonneau que Yukari, ne te laisse pas berner.
– Bah… dans ce cas… merci Reimu. Mais cela ne te dérange pas si j’enquête un peu partout, afin d’être sûr ?
– Si cela te chante, fais-le, c’est pas mes oignons. Mais ne vient pas te plaire si tu as perdu ton temps.
À ces mots, la miko du Sanctuaire se retourna et marcha vers l’entrepôt du lieu afin d’opérer un rangement des dernières provisions en alcool restant, laissant le jeune humain songeur. D’après Reimu, la Tanuki essayait de le manipuler, mais il ne parvenait pas à en trouver la raison. De plus, il savait bien que cette aura inquiétante était purement maléfique. Il ne pouvait donc pas s’agir d’une manifestation quelconque de Mamizou. Cependant, il savait désormais que l’agitation régnait sur le perchoir des Tengus. Il pensa que cela pouvait autant être, que ne pas être, un indice d’un potentiel incident. Il se décida alors de continuer son enquête afin d’en savoir plus sur les évènements se passant sur la montagne. Cependant, il devait s’assurer que le foyer de cette hypothétique menace venait bien de la montagne, et non du Lac Brumeux à ses pieds. Pour cela, il décida qu’il allait devoir interroger des habitants locaux du lac.
Il fallut un certain temps avant que ces pas ne l’amènent au bord du vaste lac. Une brume, légère mais persistante régnait au-dessus de celui-ci, lui donnait son célèbre nom. Le lac était calme, beau, réfléchissant les quelques rayons qui passaient la brume légère. Il se rapprocha encore du lac et descendit sur son rivage, mélange de sable grossier et de galets arrondis. L’air était frais. Il n’y avait presque aucun mouvement sur ce lac qui pouvait ressembler à un miroir les jours sans brume et par beau temps. Olivier scruta l’horizon du lac de gauche à droite. Il n’y avait personne à qui parler. Il inspira profondément et poussa un cri, un appel à quiconque se trouverait au-dessus, dans et sous le lac. Son cri lancé, aucune réponse ne se fit entendre, aucune ombre visible à l’horizon. Il s’assit alors que la plage, se saisit d’un galet, l’observa quelques instants puis le lança à la surface de l’eau, ne laissant que pour traces, quelques ronds dans l’eau qui s’estompèrent rapidement. Mais il vit alors que non loin de là où son galet avait fait le grand plongeon, une nouvelle série de cercles fut visible. Olivier se releva et appela la présence qui devait se cacher sous l’eau. Lentement, il vit quelque chose, semblables à de cheveux bleus sortir de l’eau, suivit par d’une paire de petites nageoires à la place d’oreilles. La créature s’arrêta de remonter à la surface, laissant désormais dépasser ses deux yeux bleu foncé. Olivier l’appela avec un ton calme et amical. Elle se renfonça légèrement dans l’eau et sembla hésiter.
– Ne t’inquiète pas, je ne te veux aucun mal, lui annonça l’Humain.
– Tu es Olivier ? demanda la créature aquatique en s’élevant très légèrement de l’eau afin que sa bouche émerge.
– Oui. Comment tu sais comment je m’appelle ?
– Je l’ai lu dans le journal des Tengus. Et mes amies parlent un peu de toi.
– Qui sont tes amies ?
– Kagerou…
– Ce nom me dit quelque chose…
– C’est une louve-garou.
– Dans la Forêt des Bambous.
– Oui… répondit timidement l’être aquatique.
– Et toi ? Tu es la Sirène qui habite ce lac ? J’ai entendu parler de toi.
– Oui. Je m’appelle Wakasagihime.
– Cela te dérangerait si je te posais quelques questions ?
– Est-ce que vous êtes gentil ?
– Quoi ? questionna Olivier, surpris par l’interrogation de l’habitante de ces eaux.
– Est-ce que vous faites du mal aux autres ? Aux Yokais ?
– S’ils ne s’attaquent pas aux Humains, non.
– D’accord…
– Je n’agis pas comme d’autres Humains. Je n’attaque pas les Yokais à vue. J’essaie même de sympathiser avec certains. Même si c’est loin d’être facile, dit-il avec un léger brin de plaisanterie afin de détendre l’atmosphère.
– Vous êtes donc un gentil Humain, dit-elle en sortant davantage de l’eau et en s’approchant, dévoilant son kimono aux motifs de feuilles vertes et avec des froufrous.
– Donc, je vais pouvoir vous poser quelques questions ?
– Oui.
Olivier sortit alors un petit calepin de sa poche et un crayon, s’assit sur la grève, sous le regard légèrement amusé de la sirène. Une fois bien installé et prêt à écrire, Olivier vit la créature s’approcher lentement du rivage et s’échouer sur le rebord du lac, permettant au jeune homme de voir la queue de poisson bleu-gris de la jeune créature qui lui affichait un sourire bienveillant.
– J’ai pas beaucoup l’habitude parler à des Humains. Souvent, ils essayent de me battre ou de me pêcher, lui répondit la Yokai aquatique.
– C’est vrai que Reimu n’est pas du style à beaucoup discuter, quoique, cela dépend du moment. Mais bref, passons. Wakasa…
– …gihime.
– Merci. Alors, Wakasagihime, est-ce que tu sais ce qu’il se passe sur la Montagne Yokai ? demanda-t-il en pointant du doigt l’immense montagne qui se trouvait de l’autre côté du lac, légèrement cachée par la brume.
– Heu… non… je ne pense pas.
– Il doit bien y avoir quelque chose que tu puisses me dire. Même près de la rive de l’autre côté.
– Et bien… parfois, de l’autre côté, près des rivières où je remontais, les Kappas s’amusaient ou travaillaient. Mais maintenant, elles sont bien plus agressives.
– Ah ? Tu peux m’expliquer un peu plus ?
– Avant, je remontais parfois les rivières descendant de la montagne. L’eau y est bonne et agréable, et les algues y sont succulentes. Et parfois, je rencontrais et discutais avec des Kappas. Mais maintenant, je n’y vais plus. Les Kappas sont devenus violents et m’attaquent dès qu’ils me voient.
– C’est intéressant ça. Tu sais pourquoi ils sont comme ça ?
– Non, je ne sais pas.
– Est-ce que tu as senti si l’air était différent d’avant ?
– Je ne sais pas trop. Je passe l’essentiel de mon temps sous l’eau. Mais la dernière fois que j’y suis allée, j’ai senti que l’endroit était plus effrayant, comme s’il était hanté. Comme proche du manoir de la petite démone mais en pire.
– Le manoir de la petite démone ? demanda Olivier devinant l’identité de cette personne.
– Oui, la petite fille démone qui vit dans le manoir près du lac, dit-elle en montrant le Manoir du Démon Écarlate au loin.
– Je vois. Donc, une atmosphère effrayante, qu’il n’y avait pas avant ?
– C’est bien ça.
– Je te remercie pour tes informations, cela va m’aider.
– Ah bon ? Et pourquoi ?
– Je vais résoudre cet incident.
– C’est formidable ! s’exclama la sirène avec joie en applaudissant.
– Maintenant, je vais… commença-t-il à dire pendant qu’il se levait avant que la Sirène ne lui attrape la main.
– Olivier, on peut discuter un peu ? Cela fait longtemps que j’ai discuté avec personne et je m’ennuie un peu. Et puis, vous êtes un bon Humain et j’ai envie de discuter avec vous.
– Si tu veux, je veux bien rester quelques minutes encore avec toi.
Il lui fallut plus d’une heure de conversation supplémentaire avec elle avant qu’ils puissent enfin se quitter, elle pour rejoindre le fond profond lac, lui pour se diriger vers la montagne. Plus il se rapprochait de celle-ci plus il pouvait ressentir cette présence maléfique imbibée la magie entoure de lui. Il connaissait cette aura néfaste mais n’arrivait pas à parfaitement l’identifier. Cependant, il savait que la source des problèmes se trouvaient sur cette montagne. Mais il n’avait pas encore suffisamment d’éléments qui permettrait de convaincre Remilia, Yuyuko ou Eirin de libérer leur servante pour aller affronter l’incident qui couvait au sommet de la montagne et qui pourrait atteindre un degré de gravité extrême si rien n’était fait à temps.