La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 13 : Anciens amis, nouveaux ennemis

2154 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/09/2025 23:55

Chapitre 13

Anciens amis, nouveaux ennemis

 

Olivier se tenait, droit, dans le jardin de son ami disparu. Il faisait face à une étrange machine qui ressemblait vaguement à une machine à lancer des balles de tennis mais, en inutilement, bien plus compliquée, et imposante. Lorsqu’il l’activa, les rouages se mirent en branle et l’appareil produisit un bruit particulièrement désagréable pendant quelques secondes avant de se calmer. Suite à ce temps mort d’une dizaine de secondes, l’appareil projeta, par ses cinq canons, un gigantesque flot de projectiles de toutes les couleurs, très semblables aux vagues de danmakus que nombres de créatures projetaient lors des affrontements à Gensokyo.

Olivier remercia intérieurement sa chère et tendre Rika pour lui avoir conçu cette étrange mais très utile machine. Sans broncher, il fit face à un véritable « mur » de projectiles lui fonçant dessus à des vitesses, et directions, variables. Au moment où ils allaient l’atteindre, sa main, en une fraction de second, se saisit de son revolver qu’il portait dans son holster à sa jambe droite et le prit en pleine main avant de l’utiliser contre les projectiles, tout en faisant jouer ses jeux de jambes afin d’éviter chaque tir, ou, à défaut, de tirer pour neutraliser les danmakus lui fonçant dessus.

 

Sa séance d’entraînement dura plusieurs minutes durant lesquelles il ne reçut que peu d’impacts des billes de teintures concoctées par Rika. Malgré un résultat encourageant, cela ne suffit pas au jeune homme. À peine la séance terminée, il marcha vers la table posée contre le mur de la maison de Tom. Sur celle-ci, il y avait un livre, un grimoire, de très grande taille et d’apparence très ancienne. Sur cet ouvrage magique inestimable, il vit Houdini, le chat noir de Tom, en train de faire l’une de ses nombreuses siestes quotidiennes. En s’approchant du félin, celui-ci leva la tête et le fixa avec un regard intense, avant de bâiller aux corneilles et de reposer sa tête sur l’ouvrage. 

Olivier plaisanta à haute voix en se moquant du chat, affirmant que celui-ci finirait un jour par se transformer en bakeneko. Cela eut pour effet de faire lever le chat et de le faire partir, faisant se demander à Olivier si sa transformation n’était pas déjà en cours.

Cependant, il entendit du bruit derrière lui et se rendit compte de la véritable raison du départ du chat. Il faisait face à une jeune femme, toute vêtue de noir, portant un imposant chapeau pointu à la pointe brisée. Elle tenait dans sa main droite son balai en bambou et fixa Olivier de loin avant de rapidement marcher vers lui. Son expression inquiéta le jeune homme. Il pouvait y lire une colère profonde, presque viscérale se dégager des yeux jaunes de l’apprentie magicienne ordinaire. Elle s’arrêta à quelques pas de lui et détourna légèrement la tête sur le côté, masquant son visage avec les bords de son chapeau. Malgré qu’il ne le vît plus, il pouvait sentir la violence de son regard. Il décida alors de lui parler sans se rapprocher davantage.

 

« Bonjour Marisa, comment vas-tu ? demanda-t-il en forçant sur sa voix afin d’éviter qu’elle comprenne qu’il était inquiet. »

 

Elle ne répondit pas, se contenta de légèrement relever la tête, fixant alors Olivier avec un seul œil, particulièrement inquiétant. Il décida alors de lui parler de nouveau, malgré son inquiétude persistante et un sentiment de malaise, dut à la présence de cette personne qui semblait être Marisa Kirisame mais qui en même temps, n’agissait pas de manière habituelle.

 

– Alors, quoi de neuf aujourd’hui ? Le temps n’est pas terrible mais c’est mieux que quand il pleut, non ? annonça-t-il, tentant de détendre l’atmosphère dont l’ambiance était électrique.

– N’interviens pas dans ce tournoi où tu auras à faire à moi, cet objet est à moi ! dit-elle avec force en pointant son doigt vers lui et en relevant la tête, permettant au jeune homme de voir un visage déformé par une haine surnaturelle.

– Tu devrais te calmer un peu, on n’agresse pas les gens comme ça, d’autant plus les Humains.

– Je n’en ai que faire, Humains, Yokais, Fantômes, dieux, bientôt, ils seront tous inférieurs à moi !

– Mais est-ce que tu t’entends-là ?! Normalement, tu ne parlerais pas comme ça ! Tu es manipulée par l’aura maléfique de cet objet !

– Bien au contraire, triple crétin ! Je suis parfaitement maître de moi-même ! Et cet objet me donnera tout ce que je peux désirer !

– Je ne pense pas que Tom aurait apprécié… commença-t-il avant de se faire brutalement interrompre.

– J’en ai rien à cirer de Tom ! Je suis même mieux qu’il soit mort maintenant !

 

Cette dernière phrase choqua Olivier au point qu’il ne put plus répondre à Marisa. Celle-ci se retourna, s’éloignant un peu, enfourcha son balai, se retourna une dernière fois, jetant un regard noir au jeune homme, avant de prendre son envol et de s’en aller. Le comportement de Marisa était particulièrement étrange, pour ne pas dire malsain. Il voyait bien la présence de l’aura maléfique de l’objet. Son hypothèse sur son origine semblait être de plus en plus fondée.

Il s’assit et resta de longues minutes dans cet état, alors que Houdini était revenu et s’était assis sur ses genoux, semblant tenter de lui remonter le moral. Finalement, après que l’état de choc soit passé, il commença à caresser la tête du félin noir qui apprécia considérablement cela, se mettant à ronronner. En regardant dans le vide, il se demandait s’il n’y avait pas un moyen pour tenter de faire revenir Marisa dans le droit chemin. Il eut alors une idée. Il savait que les deux personnes les plus proches de Marisa était Tom, aujourd’hui mort, et une autre personne, qu’Olivier rencontrait occasionnellement, notamment quand il était à la recherche d’objets du Monde extérieur, Rinnosuke Morichika. Après avoir fait partir le chat noir, il se releva et commença lentement à se concentrer pour s’élever dans les airs avant de se diriger vers la boutique de Rinnosuke, espérant pouvoir l’utiliser afin de convaincre Marisa de revenir du bon côté.

 

Il lui fallut de nombreuses minutes avant d’arriver devant la boutique de cet homme. En se posant, il constata que les abords de sa maison, d’ordinaire relativement en désordre, étaient bien rangés. Mais tout cela donnait une allure inquiétante. Les divers objets étaient amassés de tels sortes qu’ils formaient plusieurs « choses » effrayantes, composées de jambes en parapluie, d’une colonne en panneau de signalisation ou avec d’anciennes télévision en guise de ventres ou de têtes.

Olivier, inquiet quant à ce qu’il s’était passé ici, marcha d’un pas rapide vers la porte et tourna la poignée. En entrant, il fit sonner une petite clochette attachée sur la porte. L’intérieur du bâtiment était sombre mais les minces traits de lumière passant les stores lui permettaient de découvrir la salle. Celle-ci était extraordinairement bien rangée, beaucoup mieux qu’habituellement. Mais ce qu’il le dérangeait le plus, était le silence total depuis son arrivée devant la maison. Il pouvait sentir une très légère odeur. Celle-ci ne lui était pas totalement inconnue. C’était une senteur de fleur de cerisiers, mais assez particulière. Cette odeur entourait toujours une personne qui venait souvent ici, Yukari. Perdu dans cette pensée, il sursauta en entendant le plancher craqué. Là, au fond de la pièce, il vit une silhouette se relever de ce qui semblait être un fauteuil à bascule. Retrouvant son sang-froid, il s’avança vers la personne, dont il connaissait l’identité.

 

– Rinnosuke Morichika.

– Qu’es-tu venu chercher, Olivier Marc ? répondit-il avec un ton particulièrement froid et inhospitalier.

– Je suis venu chercher l’ami d’une amie.

– C’est une chose rare que ceci.

 

Olivier resta à une certaine distance de cet être particulièrement étrange. Celui-ci était plongé dans la pénombre. Ses deux yeux couleur or brillaient d’un éclat inquiétant derrière ses petites lunettes. En s’arrêtant à quelques mètres du jeune homme, il posa sa main sur une étagère et sembla caresser quelque chose caché par les ténèbres de la pièce.

 

– Je devine que toi aussi, tu es à la recherche de cet objet mystique ? Ou je me trompe ? lui demanda le jeune homme en essayant de garder son sang-froid.

– Il est normal pour quelqu’un d’aussi puissant que toi convoite cet artefact. Moi-même je souhaiterais l’avoir en ma possession. On verra qui en sera digne lors du tournoi.

– Tu travailles pour quel clan ? s’insurgea Olivier.

– Un clan ? Je ne travaille pour aucun clan. Je suis juste un simple marchand.

– Tu l’étais, jusqu’à que ton esprit n’ait été corrompu à son tour ! s’emporta Olivier en haussant le ton.

 

La pièce tomba alors dans le silence le plus total. Seul était perceptible le bruit de la respiration d’Olivier qui s’était accéléré. Il voyait toujours, face à lui, cette personne, anciennement l’ami de Marisa, et désormais, une créature corrompue par un objet perfide, contenant une essence sinistre, Corruption. Seuls les yeux couleurs or donnaient du relief à la masse noire qui lui faisait face et qui ne cessait de caresser une chose sur l’étagère qui s’était mise depuis peu à bouger. Il s’arrêta soudainement de le faire, et l’étagère cessa de bouger immédiatement.

 

– Je me demande ce que tu as à cacher, dit annonça Olivier sur un ton sec.

– Je n’ai rien à cacher. Si tu veux, viens voir par toi-même ce qui s’y trouve.

– Je n’en n’ai pas l’intention.

– C’est bien dommage. Tu sais, il te manque quelque chose. C’est si rare. Cela pourrait t’intéresser.

– T’essaies de me tenter, n’est-ce pas ? Tu n’as jamais été un bon commerçant, et là, tu tentes de m’avoir comme un vendeur d’assurance. Rinnosuke, tu es contrôlé par le mal en personne, réveille-toi !

– Je te l’ai déjà dit, je suis bien moi-même. Si tu continues de la sorte, il va falloir que je m’occupe de ton cas.

– Tu n’oserais pas ?!

– Demi-humain, demi-yokai, totalement incontrôlable si je me déchaîne.

– Je préfère partir.

– C’est dommage, j’aurais aimé qu’on fasse des affaires, comme avant.

– On n’a jamais fait d’affaires.

 

Suite à cette dernière phrase, Olivier se dirigea vers la porte et saisit la poignée. À cet instant, Rinnosuke se déplaça à toute vitesse vers le jeune homme et lui saisit le bras. Alors qu’il allait commencer se débattre, l’inquiétante personnage lui parla.

 

– Je sais bien que tu vas participer à ce tournoi. Sache que tu vas perdre. Tu es bien trop faible pour gagner, Olivier.

– Rinnosuke, tu vas me lâcher… Tu n’es pas lui… n’est-ce pas, Corruption ?

– Sache que si tu participes à ce tournoi, tu n’y échapperas pas, répondit froidement le « propriétaire des lieux », alors que sa main se resserra.

– N’oublie pas qu’il sera régi par les règles des cartes de sorts et que le tueur sera disqualifié ?

– Ce n’est pas grave de perdre deux participants, tu sais ? affirma-t-il avec un sourire inquiétant, glaçant le sang d’Olivier.

– Tu n’es qu’un monstre !

 

D’un geste violent du bras, il se libéra de l’emprise de son agresseur et put enfin quitter la bâtisse. Après s’être éloigné de quelques mètres, il se retourna et vit Rinnosuke lui faire de grands signes avec le bras avant de refermer la porte. Son sourire inhumain n’avait pas cessé. Il se rendit alors compte que son bras tremblait encore et que la main du marchand était sinistrement froide.

Suite à cet événement, Olivier fut déterminé plus que jamais à gagner ce concours afin de sauver ses amis, les habitants de Gensokyo et de mettre un terme à la menace que représente Corruption sur cette terre.  


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