La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 16 : Assistance paradoxale

2458 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/10/2025 21:44

Chapitre 16

Assistance paradoxale

 

Au cœur de la nuit, partout en Gensokyo, on entendait des explosions. Ceux levant les yeux vers le ciel pouvaient voir un magnifique spectacle, un véritable feu d’artifice. Certaines créatures, intriguées, voire fascinées par ce magnifique usage de la magie, se pressèrent pour se rapprocher de leur point d’origine, le manoir de Tom.

Dans le jardin de celui-ci, il se tenait là, debout, sa dernière acquisition en main. Sur l’extrémité de celle-ci était accrochée une série de cartes de sorts. Soudain, il pointa de nouveau le ciel, concentra son énergie magique en lui et pressa la détente en s’écria le nom de sa carte de sort : Atlantis’s Warhead.

L’instant suivant, une gigantesque gerbe de lumière bleu ciel fut émise de l’arme et l’éleva rapidement dans le firmament. Ce fut alors qu’il s’écria « Shrapnel ». À ce moment-là, l’orbe explosa en ce qui ressemblait de loin à un feu d’artifice. L’attaque puissante d’Olivier se transforma en des centaines d’orbes plus petites et très rapides partant du tir initial qui venait d’exploser.

 

Au sol, Olivier tomba à genoux. Il était épuisé. Sa blessure lui faisait encore mal et il s’était entraîné des heures durant afin d’améliorer la vitesse, la puissance et le nombre de ses projectiles. Cependant, il n’était pas satisfait, il frappa le sol de son poing fermé. Il avait le visage en sueur, malgré la fraîcheur de la nuit. Dans un sursaut de rage, il redressa son buste, tint son arme à deux mains, se concentra profondément puis pressa la détente en s’écriant le nom de son attaque une nouvelle fois, avec une force et une détermination plus grande heure. Face à la puissance du tir, il ne put compter sur ses dernières forces physiques pour résister. La violence du coup le fit basculer sur le dos.

Allongé au sol, il vit son attaque, bien plus grosse que la précédente, fuser dans le ciel nocturne avant qu’il ne murmure l’ultime mot de son attaque. À cet instant, l’orbe dorée comme le blé explosa, projetant des centaines d’orbes bien plus petites dans toutes les directions. Malgré les douleurs lui transperçant le corps, il était enfin satisfait par ce dernier coup.

 

Il se releva difficilement et marcha lentement avant de s’asseoir sur une chaise installée dans le jardin, juste à côté de la table sur laquelle il avait posé de très nombreux objets. Il était essoufflé. Sa respiration était rapide, presque sifflante. Il rengaina son arme dans son holster d’épaule tout en retirant les cartes de sorts attachées à son revolver. Il les observa quelques instants, pensant aux moments de leurs créations puis les jeta sans faire attention dans une boîte posée sur la table. Il put enfin soupirer quelques instants.

 

En entendant un bruit derrière l’angle de la maison, il se releva brutalement, manquant de retomber au sol. De sa voix intimidante, il exigea à la personne présente de sortir de sa cachette. Une petite voix féminine lui répondit avec hésitation. Cette voix le surprit. Il avait l’impression qu’il la reconnaissait. La jeune femme sortit alors de l’angle du bâtiment et se dévoila. Elle avait les cheveux bruns noués de chaque côté de son visage, tombant sur ses épaules. Sur sa tête, elle portait un chapeau noir orné d’un nœud blanc et des lunettes arrondis, à la monture rouge devant ses yeux bruns. Comme vêtement, elle portait un étrange uniforme composé d'une jupe violette et par-dessous, un chemisier blanc à manches longues, ainsi qu’une grande et mystérieuse cape noire. En voyant cette mystérieuse personne, il se sentit mal à l’aise. Il voyait bien que l’individu devant lui n’était pas normal. Il resta sur ses gardes et jeta un regard insistant sur elle, la mettant à son tour mal à l’aise. D’un ton autoritaire, il la questionna.

 

– Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous faites ici ?

– Excusez-moi de vous déranger mais j’ai vu ce magnifique feu d’artifice et je voulais savoir qui en était à l’origine, lui répondit la jeune femme sur un ton hasardeux qui s’avéra être au final une adolescente.

– C’est moi mais le but n’était pas de me donner en spectacle. Je m’entraînais. Mais vous n’avez pas répondu à ma question.

– Veuillez me pardonner. Je m’appelle Sumireko Usami.

 

À ce nom, Olivier se figea sur place. Elle ressemblait beaucoup à la femme qui les avait aidés lors de leur voyage dans le futur. Il comprit qu’il s’agissait d’elle-même mais dans un présent qui restait indéterminé. La découverte de son identité laissa le jeune homme sans voix.

 

– Vous allez bien ? lui demanda Sumireko en s’approchant légèrement de lui.

– Je vais très bien. C’est juste que j’ai… entendu parler de vous… dit-il en tentant de mentir nerveusement.

– Ah bon ? Cela ne m’étonne pas trop. Mokou m’a parlé de vous. Il est vrai que vous vous ressemblez un peu.

– Vraiment très peu alors, rétorqua Olivier avec présence d’esprit.

– Alors, vous vous entraîniez ? C’est bien ça ?

– Oui, c’est bien ça… commença-t-il avant de remarquer que la silhouette de la jeune femme semblait déformée. Pourquoi votre apparence est si… étrange ?

– Ah oui, vous ne le savez pas. Je ne suis pas vraiment ici en fait. Je suis une projection spectrale de moi-même que je réalise lorsque je dors.

– C’est assez étrange cela.

– Pour ceux n’ayant pas l’habitude, c’est le cas.

 

Olivier marcha alors vers elle, lui demandant si elle voulait s’installer confortablement dans la maison pour discuter un peu. Elle accepta volontiers et les deux personnes se dirigèrent vers l’entrée de la demeure. Olivier sortit une clé de sa poche et l’introduisit dans la belle serrure du manoir de Tom et ils entrèrent tous les deux. Une fois à l’intérieur, Olivier et Sumireko se dirigèrent vers le salon. C’était une belle salle ayant une légère inspiration victorienne. Il s’assit dans un confortable fauteuil alors que la jeune femme s’assit face à lui, sur un canapé tout aussi cosy.

Elle jeta son regard partout dans la pièce, observant la bibliothèque remplie de livres et de divers objets, le tableau situé sur le mur, près de la fenêtre. Il s’agissait d’une peinture dont le sujet était une jeune femme blonde avec de vêtements noir et blanc et portant un imposant chapeau couleur corbeau, tenu sur sa tête par l’une de ses mains tandis que l’autre tenait un balai. Elle reconnut sans mal qu’il s’agissait de Marisa Kirisame. Son regard finit de se poser sur la grande cheminée. Aucun feu n’était allumé mais elle vit un chat noir dormir sur les quelques bûches installées dedans. Elle semblait apprécier l’atmosphère que dégageait la pièce, bien qu’elle avoua qu’elle sentit que ce lieu était terriblement vide de présence humaine. Sans avoir à le dire, Olivier sut que Sumireko savait que Tom n’était plus de ce monde.

Il avait entendu parler de cette personne. Autant par Mokou que par Reimu. Dans un sens, il savait qu’elle et lui, ils étaient très semblables. Deux Humains, venant du monde extérieurs et dotés de pouvoirs magiques. Cependant, malgré ses similitudes, les différences étaient extrêmement nombreuses.

 

– Olivier, qu’est-ce que vous faites dans la vie ? demanda la jeune rêveuse.

– Mokou ne vous a pas parlé de moi ? lui répondit le jeune homme toujours concentré sur cette jeune personne.

– Si. Mais je voudrais le savoir par vous-même.

– Dans ce cas… je m’occupe d’aider les Humains, notamment ceux vivants au village. Je les protège, les sauve. Aussi, il m’arrive de secourir des Humains du Monde extérieur qui se sont retrouvés ici, avant de les amener à Reimu.

– Cela ne doit pas être de tout repos.

– Oui, c’est le cas. J’affronte souvent des Yokais. Mais encore plus souvent, ils ne sont pas particulièrement puissants, en comparaison de certains autres, que vous devez connaître en partie.

– Je vois ce que vous voulez dire. Pour un simple Humain, le moindre Yokai est une menace mortelle.

– C’est cela.

– Vous aimez faire ça ? L’aventure ?

– Si vous saviez…

– C’est-à-dire ?

– Je ne fais pas ça par passion. Ni par travail, cela ne me rapporte pas grand-chose d’ailleurs. Je le fais car c’est pour moi, une obligation.

– Une obligation ?

– Je ne préfère pas trop en parler…

 

À cette réponse d’Olivier, le silence s’imposa dans le salon. Le cliquetis d’une horloge dans le couloir fut le seul bruit qui se fit entendre. Cette ambiance lourde fut particulièrement oppressante pour Sumireko. La jeune femme finit par briser ce silence qui finissait par devenir beaucoup trop pesant pour elle.

 

– Vous savez, je viens régulièrement en Gensokyo, et depuis un certain temps, les choses sont de plus en plus bizarres.

– Je sais de quoi vous voulez parler. J’y travaille dessus, répondit froidement Olivier, sans même la regarder.

– Comment ça ?

– C’est un nouvel incident. Et personne ne peut le résoudre car celles qui devraient s’en occuper sont également victimes de cet incident.

– C’est donc vous qui allez-vous occuper de l’incident ? demanda la lycéenne avant que son interlocuteur ne sombre de nouveau dans un long silence, rompu par un profond soupir.

– En théorie. Dans les faits, je m’entraîne encore pour pouvoir atteindre un niveau suffisant pour leur faire face.

– Je vais vous aider ! s’exclama avec force l’adolescente.

– Que veux-tu dire ?

– Si Gensokyo est en danger, il faut la sauver ! Et je vous aiderai à cela !

– Tu es bien gentille. Mais je ne vois pas comment tu pourrais m’aider.

– Je trouverai un moyen !

– Je t’en remercie.

– Mais qu’est-ce ? demanda la jeune fille en voyant quelque chose dépasser de sous son épaule.

 

Olivier se rendit alors compte qu’elle voyait la crosse du revolver de Rika. Pris de court, il tenta tant bien que mal de dissimuler l’arme en croisant les bras. Cependant, la jeune fille s’était levée et rapprochée, afin de mieux discerner l’objet. Elle poussa un léger cri de surprise en comprenant ce qu’elle avait vu. Le jeune homme hésita alors sur le moyen pour ramener la situation à la normale. Il pensa l’espace d’un instant à la Sumireko qu’il avait rencontré dans le futur, espérant se souvenir d’un moyen de la distraire. Soudain, elle alla se rasseoir tranquillement, surprenant le jeune homme.

 

– Excusez-moi de mon comportement. J’avais l’impression de reconnaître ce que vous portez. Cela m’arrive depuis un certain temps.

– Que voulez-vous dire ?

– Cela va vous paraître étrange mais depuis une certaine nuit, j’ai comme des flashes, comme si j’avais vécu quelque chose avant que cela n’arrive.

– Des impressions de déjà-vu ?

– C’est exactement ça.

– Depuis quand ? Cette nuit étrange que vous parlez ?

– Oui… C’était particulièrement… étrange. Cela remonte à plusieurs mois. J’étais chez moi et … c’est difficile à dire…

– Votre projection astrale se ballade tranquillement dans un univers détaché du votre lors de votre sommeil. Qu’est-ce qui pourrait être plus étrange que cela ?

– Dans un miroir, je me suis vue… non… rencontrée… j’ai rencontré mon moi mais du futur !

– C’est pas banal, c’est certains.

– Je lui ai parlée quelques instants. Je savais que c’était moi dans le futur.

– C’est effectivement étrange. Mais avec la Terre des Illusions, rien n’est impossible. C’est peut-être une déformation temporelle ou un truc du genre.

– Je le pense aussi.

– Bien. Dans ce cas…

– Olivier, c’était bien une arme que vous avez sous votre bras, je me trompe ?

– Qu’est-ce qui te faire dire ça ?! s’étonna le jeune homme, essayant de la dissimuler.

 

Elle se leva et sortit d’une poche son arme, un pistolet lance-fusées bleu. Cela surprit Olivier qui ne s’attendait pas à ce genre de réaction. La jeune adolescente prit la pose avec son arme. Il était légèrement gêné par le comportement de fierté de la jeune adolescente. Rapidement, elle s’en rendit compte et le rangea.

 

– Cela m’aide à tenir les Yokais à distance, affirma-t-elle tout en tentant de contenir sa fierté.

– À cause de la lumière que cela produit ?

– C’est cela !

– Je vois alors pourquoi tu portes cela avec toi. En soi, c’est une bonne idée.

– Et votre arme ?

– Un revolver réalisé par les soins de ma petite amie.

– Elle doit être douée alors.

– C’est bien le cas.

– Elle s’appelle comment ?

– Rika.

– Je ne connais pas.

– C’est pas étonnant, elle est très discrète, en général.

– Olivier, je vais vous aider ! Je trouverai le moyen et comptez sur mon aide !

 

Il pouvait voir la détermination dans le regard de Sumireko, et il l’appréciait. Cette détermination le réconfortait dans sa quête pour délivrer la Terre des Illusions du mal qui la frappait. Il retrouvait le sourire et inspirait à davantage se battre. Ils discutèrent ainsi durant de nombreuses heures durant la nuit avant qu’au petit matin, où le corps de la jeune femme ne commençait lentement à se désagréger, signe de son réveil prochain et de son retour dans le Monde extérieur. Olivier regarda par la fenêtre, voyant un magnifique soleil se levant. Il admira quelques minutes ce beau spectacle, l’esprit libéré pour le moment. Il se dirigea alors vers le couloir, monta l’escalier, traversa le couloir du premier étage et ouvrit une porte, dévoilant une petite chambre bien accueillante. Il marcha vers le lit, s’allongea dessus, retira ses chaussures et posa sa tête sur les oreillers. En quelques instants, il s’endormit, l’esprit apaisé et prêt à se battre.

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