La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 21 : Entraînement onirique

2654 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/10/2025 21:16

Chapitre 21

Entraînement onirique

 

Il ne faisait ni jour ni nuit. Olivier ignorait depuis combien de temps il se trouvait auprès de cette tour. Il avait l’impression d’être là depuis une véritable éternité. Près de celle-ci, il comprit qu’il n’y avait pas d’alternance entre le jour et la nuit, et que les astres situés non loin de lui dans le cosmos se déplaçaient presque aléatoirement, accélérant puis ralentissant à un rythme inconnu. Cependant, il n’avait guère le loisir de comprendre comment fonctionnait l’espace et le temps ici.

Il était au pied de la tour, du moins, à l’endroit où celle-ci sortait du sable. Il s’entraînait. S’il comptait ramener l’ermite avec lui, il devait réussir à l’atteindre, et il savait très bien que cela ne serait pas une partie de plaisir, au vue de la puissance qu’il semblait posséder.

Olivier s’immobilisa, les jambes légèrement écartées, son revolver de conception particulière offert par Rika dans sa main droite. Il scruta à l’horizon ce qui ressemblait vaguement à une forme. Il se disait que si Yukari avait jeté sa puissance sur un lieu, celui-ci ressemblerait à cet endroit. Soudain, il vit le vent dégager le sommet de ce qui ressemblait à une colonne. Elle se trouvait à une trentaine de mètres de lui et un vent contraire se levait déjà. En moins d’une seconde, il releva son arme, la prit à deux mains et ouvrit le feu. L’orbe magique vint percuter le plein fouet l’arête qu’il visait. Fier de son tir, il s’arrêta quelques secondes, avant d’entendre une voix derrière lui.

 

– C’est un très beau tir.

– C’est vous ?! répondit Olivier en se retournant et en constant qu’il s’agissait de l’ermite portant son masque vert d’émeraudes.

– L’arête de la colonne est très fine. Face à une cible de taille humaine, ta précision aurait été encore meilleure.

– Vous en connaissez un rayon dans les attaques de magie ? questionna le jeune homme, intrigué par les propos de la personne qu’il était venu chercher.

– Je manipule aussi la magie des danmakus.

 

Cette affirmation choqua Olivier. Il se demandait comment cette personne, isolée depuis au moins des siècles ici, pouvait connaître et maîtriser cette forme de magie non-létale alors qu’elle n’était apparue que depuis quelques décennies. Soudain, il vit que l’ermite le regardait avec insistance, le rendant mal à l’aise.

 

– Tu parais bien perdu dans tes pensées, lui affirma celui-ci.

– Je réfléchissais à ce que vous avez dit.

– Si tu veux t’entraîner, je peux te proposer de renforcer ta vitesse de déplacement et d’action. Pour cela, contourne la tour par la gauche, au bout d’une dizaine de minutes, tu devrais tomber sur de quoi t’aider, dit l’ermite avant de repartir à l’intérieur de la structure, laissant Olivier dans l’incompréhension.

 

Le jeune homme s’exécuta et marcha donc en tournant autour du bâtiment. Au bout de dix minutes, qui paressèrent en durer une heure, il arriva face à d’étranges structures. Sur l’une d’elle, il y avait des serres poignets qui brillaient comme des diamants. Il vit ensuite de larges épaulettes dont l’aspect de loin les faisait ressembler à des morceaux de bois sombres taillés. Enfin, en arrivant en face des différents objets, il vit une paire de bottes dont l’intérieur semblait recouvert de laine alors que l’extérieur semblait être fait en métal. Il toucha l’une des serres poignets et fut étonné de sa texture. Malgré une solidité incroyable, il était aussi souple que l’on pourrait s’attendre de cet objet. Cependant, quand il la prit de pleines mains, il eut une grande difficulté à le bouger, et encore plus à le soulever. Après quelques essais, il se positionna comme s’il devait soulever un poids et réussit à le soulever. L’objet, malgré sa taille, était excessivement lourd.

En le regardant de plus près, il vit des chiffres romains cousus dessus. Il lit « vingt ». Dans le doute, il le reposa délicatement sur son support en pierre et regarda les autres. Il en prit un sur lequel était écrit « dix », toujours en chiffres romains. En le soulevant, il sentit que celui-ci était bien plus léger, malgré un poids toujours excessif par rapport à l’objet en question.

À cet instant, il eut une révélation. Ces objets lui firent beaucoup penser aux poids que l’on trouvait dans certains animes, qu’il adorait regarder. Il réfléchit, puis se disait qu’avec ces objets, similaires à ceux des êtres de fictions, il pourrait renforcer sa force physique, son endurance, et sa vitesse. Il ne s’attendait pas à un résultat extraordinaire mais il se disait qu’en gagnant un dixième de seconde en vitesse, cela pourrait lui permettre d’éviter les barrages de projectiles de ses adversaires et de prendre l’ascendance sur elles lors du tournois.

Il s’attacha des poids de « dix » sur ses poignets puis à ses chevilles. Les quarante kilogrammes qu’il devait supporter lui suffisaient largement pour le moment. Marcher fut un véritable supplice pour le jeune homme mais décida de continuer ainsi. Il se disait qu’il allait commencer par une épreuve de tir. Il se mit en position puis leva difficilement son bras gauche vers le ciel et tira une orbe rouge qui se déplaça lentement. Aussi vite que ses mouvements lui permirent, il visa et tira de nouveau. Le projectile bleu émis par son arme atteignit et fit exploser l’orbe. Olivier fut fier de sa réussite. Mais une voix désapprobatrice se fit entendre derrière lui.

 

– Je vois que tu n’as pas encore compris où résidait la véritable force, dit l’ermite sur un ton las.

– Ne venez pas me dire que la véritable puissance vient du cœur ou un autre truc du genre. C’est ce qu’on trouve dans les histoires et autres contes de fées, et non dans la réalité, répondit-il exaspéré par l’attitude de l’autre individu.

– Justement, dit-il avant de s’avancer très rapidement vers Olivier, la réalité n’existe plus vraiment ici. Dans ce lieu perdu de l’espace et du temps, tu peux faire des choses qui seraient impossibles normalement, affirma-t-il avant de disparaître.

– Encore ça ?!

– Je suis derrière toi, lui dit l’ermite, faisant retourner le jeune homme, qui surprit se fit tomber en arrière à cause des poids.

– Mais comment c’est possible ?! C’est de la téléportation ce truc ou quoi ?!

– Tu as tout juste.

– Mais… Comment ?!

– Je vais te l’expliquer. Dans ce monde, la notion de réalité n’a plus cours. De même que celui d’espace et de temps. Il est possible, après de nombreux efforts, et en sachant bien manipuler ce lieu, l’utiliser. Par exemple, je manipule l’espace pour me retrouver instantanément ailleurs.

– Mais si c’est à cause de ce lieu, dans un univers normal, cela serait impossible ?

– C’est le cas. C’est pour cela que tu dois me penser que je suis si puissant que cela, c’est parce qu’avec tout le temps passé ici, j’ai appris à domestiquer les non-règles présentes ici.

– Mais pour en revenir à la véritable force, commença Olivier tout en se relevant avec difficulté, qu’est-ce ? C’est quand même pas le pouvoir de l’amour ou de l’amitié ou un truc du genre ?

– Tu as raison, ce n’est pas cela. C’est bien plus profond.

– Comment ça ?

– Tu devras le trouver par toi-même. D’ailleurs, je suis venu voir comment cela se passait ton entraînement. Je vois que tu es du genre à te surpasser. J’apprécie cela. Mais… ce n’est pas de cette manière que tu vas réussir quoi que ce soit.

– Et c’est comment qu’il faut donc faire ?

 

À peine avait-il terminé la fin de sa question qu’il sentit une puissante onde de choc lui parcourir le corps du sommet du crâne jusqu’à ses orteils. L’instant suivant, il sentit une brutale montée de chaleur sur le sommet de son être. Enfin, il ressentit une vague d’air fouetté le sommet de sa tête. Quand il rouvrit les yeux, il vit, face à lui, l’ermite, le bras tendu, armé d’un sabre qui semblait avoir un âge bien trop avancé et complètement rouillé, pratiquement inutilisable, à quelques centimètres au-dessus de lui.

 

– Mais… comment… qu’est-ce… marmonna Olivier choqué par ce qu’il venait de se passer.

– Une vitesse incroyable, combinée à une force titanesque et ajoutée à une dextérité hors norme. En sachant manier ces trois bases à la perfection, tu peux parvenir à ton maximum.

– Je ne suis pourtant… qu’un simple humain.

– Je l’étais, il y a longtemps. Sache que quand j’étais dans la même phase de vie que toi, ma puissance était bien supérieure à la tienne. Tu as du potentiel. Sinon, tu n’aurais pas survécu jusqu’ici. Mais avoir du potentiel, c’est bien. Savoir l’utiliser, c’est mieux. Regarde la cible là-bas, dit-il en pointa son doigt vers un objet volant non-identifié dans le ciel.

– Qu’est-ce ?

– Ta cible.

– Mais c’est impossible de l’atteindre, elle doit être à au moins cent mètres !

– Deux cents je dirais.

– Je ne peux pas l’avoir comme ça ! Mon arme et ma magie ne me permettent pas un tir à aussi grande distance.

– Tu fais ce que tu veux avec ta magie. Autant ailleurs qu’ici. En ce lieu, c’est juste plus simple de le faire. Apprends donc à ne faire plus qu’un avec la magie. Assieds-toi !

 

Sans avoir pu protester, il s’exécuta, ne comprenant pas où l’ermite voulait en venir. Celui-ci posa ses mains sur les yeux d’Olivier et récita une très courte incantation. Quand celui-ci retira ses mains, le jeune humain s’écria. Il venait de perdre la vue. Cependant, l’ermite l’immobilisa, le tenant d’une main par l’épaule, en lui affirmant qu’il lui rendrait après cet entraînement.

 

– Maintenant, dis-moi ce que tu vois.

– Rien, tu m’as rendu aveugle ! répondit-il, complètement paniqué.

– Calme-toi ! Et concentre-toi. Ta cible possède une aura. Alors, détecte-la.

– Je ne sais pas faire ça !

– Chaque être manipulant la magie peut percevoir les auras magiques. La magie est partout autour de nous. Elle se concentre dans les êtres vivants, de la plus petite brindille jusqu’aux plus grandes divinités. De plus, même des objets qui ne vivent pas peuvent devenir un récepteur de magie. Quand tu sais manipuler la magie, tu as la possibilité de voir leurs auras. Il est évident que plus celle-ci est imposante, plus il sera facile de la détecter. Alors, concentre-toi et dis-moi ce que tu vois.

– Je ne vois que du noir… dit-il en hésitant avant de se concentrer. Il y a comme… un flash… un crépitement. C’est bleuté…

– Dans quelle direction ? demanda l’ermite avec une voix calme et posée.

– En face de nous. Et cela devient plus gros, cela flash plus.

– C’est bien. Et maintenant ?

– C’est… une sorte de tache bleue… cela a des contours informes.

– Poursuis.

– C’est plus net… c’est étrange… cela a un gros corps… et des ailes, je crois.

 

L’ermite posa sa main devant les yeux d’Olivier et récita une incantation. Quand il la retira, le jeune homme rouvrit les yeux et vit une abomination faite d’un mélange de boue, de roche et de sable qui volait surplace devant lui. Surpris par cette horreur indescriptible, il recula mais, oubliant qu’il avait quarante de kilos en plus sur lui, retomba au sol, alors qu’il essayait de s’éloigner de cette créature.

 

– Tu vois, c’est possible pour toi aussi.

– Mais… qu’est-ce cette chose ?

– Ça ? Rien, dit-il en plaquant des doigts, faisant disparaître la créature.

– Vous l’avez créé ?

– Pas vraiment. C’est une chose qui vit ici. J’ai pris son contrôle et l’ai conduit jusqu’à toi. Cet amas de minéraux est un concentré de magie. Pour quelqu’un ne voyant pas la magie, c’est un bon début. Bien. Maintenant que tu commences à voir au-delà de ta vue, il est temps que tu te remettes à tes entraînements. Gagner en force, vitesse et dextérité ne te permettra pas d’atteindre la vraie force, mais cela ne peut que te faire du bien, dit-il en s’éloignant d’Olivier.

– Attendez ! Pourquoi vous m’aidez autant ? C’est comme si vous avez décidé de me prendre comme un élève, comme dans les histoires. Je ne comprends pas.

– Même si je te suis pour t’aider à sauver Gensokyo, tu devras te battre aussi. Avant de te dire si oui ou non je t’accompagne, je peux t’aider à gagner en véritable force. Et puis, là où nous nous trouvons, c’est tellement anarchique, qu’une histoire à dormir debout pourrait être vraie.

– Je… vous remercie.

– Ce n’est pas la peine.

– Vous pourriez me parler de vous ? Je vous entends beaucoup pour m’aider mais vous ne parlez pas de vous.

– Ma vie est sans importance. Retourne t’entraîner, dit-il en s’apprêtant à partir.

– Je pourrais essayer de vous affronter là, maintenant ?

 

Suite à la demande du jeune homme, debout, les poings serrés, le silence s’imposa à cet endroit de la tour. L’ermite lui tourna alors le dos, énervant Olivier.

 

– Non. Pour le moment, entraîne-toi tout aujourd’hui. Et demain, on s’affrontera si tu le désires.

– Bien, murmura-t-il en grinçant des dents, n’appréciant pas la réponse de l’ermite.

 

Suite à sa réponse, il marcha vers l’entrée de la tour, laissant Olivier seul. Celui-ci retourna s’entraîner durant des heures, repoussant constamment ses limites physiques, magiques et mentales jusqu’à s’effondrer et s’évanouir dans le sable brûlant de cet étrange désert.

 

Soudain, Olivier se réveilla en sueur. Il respira avec force avant de se rendre compte qu’il était installé dans un lit dans la tour. Il se souvint qu’il s’était évanoui à l’extérieur. Il supposa que l’ermite l’avait ramené. Cependant, il fut rapidement sorti de sa torpeur par d’étranges lueurs venant des meurtrières. Il s’approcha et regarda à l’extérieur. Il fut choqué par ce qu’il voyait. Le ciel était désormais envahi par des images légèrement en mouvements, semblables à des tableaux particulièrement étranges qui semblaient avoir été peints à partir de rêves. C’est alors que l’ermite arriva derrière lui, le faisant sursauter. Il s’installa à côté de lui et ils regardèrent par la meurtrière.

 

– Il s’agit à la fois de rêves, de cauchemars et de la réalité, venant à la fois du passé, du présent et du futur. Le tout est mélangé et donne cette chimère onirique. Il s’agit de la nuit dans ce monde.

 

Olivier médusé par ce qu’il venait de voir resta bouche bée alors qu’il regardait ce spectacle dépassant l’imagination la plus folle.


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