La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)
Chapitre 22 : Le dur entraînement d'un ermite
2888 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 15/10/2025 22:59
Chapitre 22
Le dur entraînement d'un ermite
Ce qui semblait à des heures s’écoula, et le ciel fantasmagorique n’était plus qu’un souvenir, s’estompant dans un firmament redevant enfin le cosmos où le trou noir trônait, entouré par ses nombreux planètes et satellites.
Olivier se trouvait devant la tour, face à une colonne d’une dizaine de mètres de haut où l’ermite était assis sur le chapiteau, installé confortablement en position seiza et semblant méditer face à l’étendue du cosmos.
Le jeune humain s’entraînait à se déplacer le plus vite possible, à réagir aussi rapidement que possible, avec ses serres poignets d’une dizaine de kilos chacun. Il tenait son arme dans sa main droite et à chaque cible disposée autour de lui, il ouvrait le feu et les faisait voltiger. Il s’entraînait depuis la fin de ce cauchemar projeté dans le ciel et ne comptait pas s’arrêter avant d’arriver à trouver la véritable source du pouvoir dont l’ermite lui parlait sans arrêt. Il ne savait pas depuis combien de temps il était ici mais d’après les propos de l’ermite, le temps s’écoulait bien plus lentement ici qu’en Gensokyo. D’après la théorie de la personne en haut de la colonne, dans cet « entre-monde » que constituait Gensokyo, le centre de gravité se situait au fond du Lac Brumeux et que l’ensemble de cet univers tournait autour. En s’éloignant de ce centre, la gravité faiblissait, et comme le temps étant lié à la gravité, le temps ralentissait, d’autant que là où ils se trouvaient, ils étaient à la limite de l’attraction du centre de la Terre Illusoire et qu’ici les univers convergeaient à cette frontière où l’ensemble des règles se brouillaient. Quand Olivier l’avait interrogé sur l’intensité du ralentissement temporel, l’ermite lui répondit qu’il l’ignorait lui-même. Comme seule réponse, il put affirmer qu’il était probable d’une journée ici devait durer au maximum à une heure près du lac. Cette information, même qu’estimée, permettait à Olivier d’être plus serein quant à la durée de sa mission ici pour convaincre l’ermite de le suivre.
Ce fut alors qu’il eut une idée. Il continua ses mouvements et déplacements puis se plaça et ouvrit le feu. L’orbe violet grandit au fur et à mesure qu’il avançait de sa cible, l’ermite, visé dans son dos. Au moment de l’impact, il sentit une brusque bourrasque dans le sien qui le fit tomber vers l’avant. Immédiatement après, il tourna la tête afin de savoir ce qu’il s’était passé. Il ne s’étonna guère de voir l’ermite, le bras à demi tendu et le pointant de l’index. Olivier se releva, l’air légèrement renfrogné. Il avait espéré que cette attaque en traître lui aurait permis de le toucher. Là, l’autre lui parla.
– Un coup en traître comme ça n’est pas véritablement digne d’une bonne personne, répondit-il sèchement.
– Je suis déterminé à tout faire pour que vous veniez avec moi pour sauver la Terre des Illusions ! s’exclama Olivier avec force.
– À part que la question de l’honneur, ce comportement pose un autre souci.
– Ah bon ? Lequel ?
– La prévisibilité.
– Comment ça ?
– L’aura magique est perturbée par les émotions et ressentis des personnes. En voulant m’attaquer dans le dos, tu as provoqué un bref mais brusque changement dans ton aura, bien différent que quand tu tirais sur tes cibles.
– Vous allez me dire après que l’aura magique d’une personne c’est comme la Force ? demanda Olivier, l’air exaspéré par ces explications qu’il ne croyait qu’à demi.
– Ce n’est pas que ça.
– Mais… comment vous… c’est pas possible ! s’emporta Olivier, choqué que l’ermite ait pu comprendre sa référence.
– Je sais de quoi tu parles. Les rêves des Hommes du Monde Extérieur peuvent être visibles lors des « nuits ». Avec le temps, j’ai appris à discerner les songes entre eux, et j’ai découvert de nombreuses choses.
– C’est… pas croyable ça. Mais… concernant les auras ?
– La magie n’est ni bonne ni mauvaise. C’est comme le feu. Il n’est qu’un outil qu’on utilise. Mais la façon dont tu l’utilises fera comme si la flamme changeait de couleur. Et là, je l’ai senti. Un frisson, celle d’un brusque changement de ton aura.
– C’est incroyable. Cela me serait si pratique si je savais faire ça.
– Tu en es capable, jusqu’à un certain stade, que seul toi pourra découvrir en t’exerçant, comme la dernière fois.
– Si vous le pensez.
– Voyons voir les effets de ton entraînement, annonça l’ermite, surprenant Olivier qui ne s’attendait pas à cela.
L’ermite fit alors sortir du sable de gigantesques créatures de pierres qui lentement, se déployèrent et se redressèrent. Olivier comprit qu’il s’agissait de véritables golems. Il fut très impressionné par ces créatures dont il n’en avait vu que des versions réduites, mais n’eut pas le temps de rêvasser. Ils sortirent les uns après les autres et rapidement il fit face à trois géants presque aussi grands que la colonne sur laquelle l’ermite s’était de nouveau assis. L’une des créatures tira son bras vers l’arrière puis l’abattu vers le jeune homme. Celui-ci l’esquiva de peu. Se sentant bien trop alourdi par les serres poignets, il fit son possible pour les retirer alors que les deux autres géants soulevèrent chacun un pied afin de l’écraser. Il parvint à retirer celui de son poignet gauche et se jeta sur le côté. Le coup porté provoqua une onde de choc, faisant réagir le sable comme de l’eau et créant une vague de trois mètres de haut qui s’écrasa rapidement contre le sol, emportant Olivier qui se trouvait dessus. En voyant les trois créatures marcher lentement vers lui, il se dépêcha de retirer ce qui le gênait sur son poignet droit et il en eut juste le temps. À l’instant où le lourd objet tomba au sol, l’une des créatures était en train de balayer devant elle d’un puissant revers de sa main grande ouverte. Olivier sauta et s’accrocha aux « doigts » du géant qui se releva et qui tout en portant sa main plus près de sa tête la ferma lentement. Le jeune homme eut suffisamment de temps pour monter sur le poing de la créature avant de se faire écraser par sa poigne. Il comprit que ces choses étaient excessivement lentes. Il regarda autour de lui, un genou sur la main de la créature et se tenant sur les aspérités avec sa main gauche. Il vit un autre géant donner un puissant mais terriblement lent coup vers la main de son compagnon de pierre. Olivier se redressa et courut sur le bras du géant pendant que son collègue abattit son poing sur celui de l’autre, réduisant en miettes les deux membres respectifs.
Au niveau du coude, il vit la tête de son porteur lentement se tourner vers lui. Olivier dirigea son arme vers son visage et ouvrit le feu. Le nuage de projectiles magiques n’eut aucun effet sur cet être de pierres. Il décida d’encore remonter le bras qui lentement s’orienta vers le bas, le poussant à passer à l’escalade. Il grimpa aussi vite que possible sur le reste du membre du géant alors qu’un autre était en train de fondre son poing sur lui. Il accéléra autant qu’il pouvait son ascension mais ses poids aux pieds le gênaient considérablement. Finalement, le poing de l’autre géant s’écrasa juste en dessous de lui. Le coude rocheux vola en éclats et le reste de l’avant-bras tomba au sol, fragilisant considérablement la structure latérale du géant. Olivier en profita pour sauter sur le poing du géant et lui remonter le bras pendant que celui-ci n’était pas encore trop à la verticale. Lentement, la créature retira son poing et l’ascension devint de plus en plus raide pour Olivier qui parvint de justesse à atteindre l’épaule de la créature. Il souffla un coup mais déjà, le golem à moitié réduit en poussière contracta son poing restant et tira son bras vers l’arrière. Le jeune homme eut alors une idée. Il attendit quelques secondes, le temps qu’il finisse par propulser son membre vers droit sur lui avant qu’il ne grimpe sur la tête du géant. Il vit bien que son déplacement était lentement suivi par la direction du coup du géant. Au dernier moment, il sauta vers l’arrière, retombant sur l’épaule du géant. Dans le même temps, le coup légèrement circulaire de l’autre entra en collision avec la tête de celui sur lequel se trouvait Olivier. Le chef du golem vola en éclats, de même que le poing et l’avant-bras de l’autre qui contracta rapidement son moignon rocheux. Le golem sans tête commença alors lentement à s’affaisser sur lui-même, obligeant le jeune homme à s’accrocher pour se préparer à sauter dans le sable.
Les blocs de pierres se mirent alors à tomber de plus en plus nombreux, jusqu’à que l’une des jambes se déboîte du genou et que les restes de la créature ne s’affaisse vers l’avant. L’Humain tint bon sur l’épaule craquelée de la créature qui s’effondrait mais en voyant le golem lui faisant face tendre le cou légèrement vers l’arrière tout en bombant le torse, il s’inquiéta vraiment. La créature abattit alors sa tête vers l’avant alors que les restes de son camarade lui tombait dessus. Olivier profita pour descendre le long du dos de la créature avant que le terrible coup n’ait lieu. À la moitié du corps, il sentit un très violent choc qui pulvérisa une partie du golem chutant. De gigantesques crevasses se formèrent dans le dos de la créature et le jeune homme finit par sauter dans le sable où il roula sur plusieurs mètres avant de s’arrêter difficilement. En se levant, il vit les deux restes de golems collés l’un dans l’autre et en morceaux. Il en profita pour soupirer.
Mais il reçut un terrible coup qui le projeta au loin. Quand il cessa de rouler dans le sable, il se tint le côté droit tout en criant de douleur. Allongé au sol, il tourna la tête sur le côté et vit le troisième golem marcher lentement vers lui.
Olivier pouvait à peine bouger tant il souffrait alors que la créature avançait. Il tendit son bras et pressa la détente de son arme. Les projectiles magiques percutèrent le golem sans que celui-ci ne semblât broncher. Il essaya de fuir mais ses côtes lui faisaient trop mal. Il avait le souffle coupé et commença à cracher du sang. Le golem continua d’avancer lentement vers lui. Il avait compris que cette créature était encore plus lente que les autres mais probablement bien plus puissante et résistante. Pas après pas, la chose de pierre et de magie avança. Constamment, Olivier tira sur la créature, espérant que cela fasse effet. Ce fut alors que la créature fut suffisamment proche pour qu’il se sente menacé d’être écrasé s’il ne bougeait pas. Malgré les vives douleurs, il rampa sur le sol sablonneux, tirant difficilement son corps endolori. Son déplacement lui permit d’éviter d’être écrasé mais la vague de sable l’emporta sur une dizaine de mètres. Il se hissa jusqu’à un morceau de pierre dépassant du sol et s’y adossa, faisant face au golem. Olivier respirait avec difficulté et son corps tremblait de plus en plus.
Ce fut alors qu’il sentit une bourrasque à côté de lui. Il tourna légèrement le regard et vit l’ermite, silencieux.
– Pourquoi… commença difficilement le jeune homme.
– De ?
– Vouloir me tuer ?
– Je ne veux pas te tuer. Je t’aide à atteindre ce que tu dois. Tu dois devenir plus fort. Pour cela, il te faut de puissants adversaires qui te permettent de découvrir la véritable force que tu disposes.
– Je suis épuisé… je crois que j’ai le poumon…
– Tout se décidera dans ces trente prochaines secondes, lui répondit-il en regardant le golem devant eux et lever le pied afin de les écraser, veux-tu sauver Gensokyo ? Veux-tu honorer ton ami ?
À ces mots, les pupilles d’Olivier se contractèrent. Il prit son arme à deux mains. Dans une de ses poches, une puissante lueur se fit voir. Il pensa à cette parole « honorer ton ami ». Il mit tout son cœur dans les souvenirs qu’il avait de Tom. Son corps émit une légère aura bleuté alors qu’il récita avec force le nom de l’une de ses cartes de sort : Atlantis’s Warhead.
Il pressa la détente de son revolver. L’extrémité de son canon s’illumina. Celle-ci, d’une lueur rougeâtre, ne cessa de croître. Lorsque le pied du géant de pierres allait les écraser, il s’écria la dernière partie du nom de l’incantation tout en relâchant la détente. Une très légère lueur verte entoura l’aura bleutée d’Olivier. Du canon de l’arme, un projectile d’une taille gigantesque en sortit et bloqua le pied du géant. La dépression provoqua un puissant coup de vent. Les cheveux blonds du jeune homme et la tenue de l’ermite volèrent à ce souffle. Lentement, l’ogive tournoyante sur lui-même repoussa le pied du golem tout en le fissurant de plus en plus jusqu’au point de rupture : son pied se pulvérisa. Le projectile continua sa course, traversant de part en part la jambe de pierre de la créature avant de lui transpercer le torse.
Pendant une poignée de secondes, la créature se tint immobile. Puis, des fragments tombèrent, toujours plus nombreux, avant que la carcasse du monstre ne tombe vers l’arrière et ne se transforme en un tas de gravats.
Olivier resta quelques instants debout, avant d’esquisser un sourire de victoire. Cependant, il se figea, tombé dans l’inconscience alors qu’il était encore bien appuyé sur ses deux pieds. Mais la main de l’ermite se posa sur son flanc et il récita un sort. Quand il le termina, le jeune humain sursauta. Malgré une douleur sévère, il se sentit mieux. Il regarda l’ermite à côté de lui et lui demanda ce qu’il avait fait. Le concerné lui répondit qu’il ne lui avait appliqué qu’un simple sort de réparations des tissus, auquel il avait ajouté un sort de réanimation. Il lui affirma qu’il avait réussi à trouver ce qu’était cette force primordiale.
Olivier le regarda d’un air perplexe, affirmant qu’il ne voyait pas ce que cela pouvait être. Amusé, l’ermite masqué lui demanda à quoi il avait pensé quand il avait mentionné sa volonté de sauver Gensokyo. Là, les yeux de l’Humain s’écarquillèrent. Il avait compris. Il demanda si cette force, à l’origine de toutes les autres, était celle de la volonté. L’ermite fit un léger signe affirmatif de la tête. À cela, le jeune homme comprit ce qu’il voulait dire par toutes ses étranges phrases depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Là, l’ermite lui tourna le dos et lui conseilla d’aller se reposer.
Cependant, Olivier vit là une occasion en or d’atteindre ce qu’il voulait. Il tendit le bras et pressa la détente de son arme en moins d’un instant. Le projectile fusa à toute allure ver l’ermite. Cependant, au dernier moment, il se retourna et tendit le bras. L’orbe se figea dans le creux de sa main alors que progressivement, il absorba l’énergie de l’attaque jusqu’à la faire disparaître.
Impressionné, Olivier lui demanda comment il avait fait pour réaliser cela. L’ermite mystérieux se retourna et lui dit que s’il voulait apprendre une chose comme cela, il devait l’apprendre par lui-même, comme l’ensemble des choses pour qu’il devienne plus fort par lui-même.