La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 24 : Digne d’un ermite

2656 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2025 23:10

Chapitre 24

Digne d’un ermite

 

Au sommet de la tour, surplombant le cosmos comme les étendues infinies de sables, de ruines et de pierres, il était là, assis en seiza, les yeux fermés. Il contemplait l’immensité de la force de la magie. Il était calme, serein. Cela faisait des heures qu’il était là, méditant sur la magie, sur son potentiel et sur le moyen de l’utiliser à son maximum. Il se concentrait sur lui-même, sur son être intérieur. Il essayait de guider la magie en lui comme il le désirait. Minute après minute, il parvenait à sentir les plus petits canaux magiques circuler en lui très légèrement changer de direction. Il tentait de rediriger les flux vers ses bras, vers ses mains. Malgré la faiblesse du changement en lui, il pouvait déjà sentir à l’extrémité de ses doigts de sa main droite d’étranges picotements, semblable à celui de l’électricité statique.

Là, il sentit une présence derrière lui. C’était l’ermite, venu voir ce qu’il faisait. En le voyant, il comprit bien. Celui-ci s’approcha du jeune homme en état méditatif et lui posa sa main sur l’épaule. Il se rendit alors compte que l’Humain venu le chercher s’était endormi dans sa méditation. À cette découverte, il esquissa un léger sourire et pensa à haute voix.

 

– Je suis très impressionné. Je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse autant de progrès. Mais je n’attendais pas moins de lui. Olivier, tu as atteint une telle sérénité. Tu pourrais devenir ermite à ce rythme-là.

 

Après ces quelques pensées ayant franchi ses lèvres, il se retourna et marcha en direction de l’escalier. Soudain, une réponse se fit entendre dans son dos, là où se trouvait Olivier. Surpris, il ne se retourna pas mais fronça légèrement le visage et constata que l’aura du jeune homme était extrêmement active, malgré une dissimulation partielle dans sa méditation.

 

– Ce n’est pas beau de venir espionner quelqu’un en train de méditer, lui rétorqua le jeune homme.

– Je suis très impressionné par les résultats de ton travail. Je voulais savoir, est-ce que tu étais en train de méditer ou t’es-tu endormi lors de celle-ci ?

– J’étais dans les deux à la fois. Cela m’a permis de sonder encore plus en profondeur en moi. J’ai été réveillé car j’ai senti une aura, la vôtre. Mais… il avait quelque chose d’étrange… Votre aura me semblait étrangement familière, comme si je l’avais déjà ressenti auparavant.

           

Olivier savait qu’il avait surpris l’ermite avec cette remarque, par le silence que celui-ci imposa à leur échange, avant qu’il ne réponde sur un ton intrigué.

 

– C’est étrange ce que tu dis-là. Donne-moi plus de détails, cela m’a l’air intéressant.

– Pendant quelques instants, j’ai senti au plus profond de votre aura lorsque vous approchiez de moi. Là, j’ai senti… comme l’aura d’une personne qui m’était très chère. Mon meilleur ami… Tom. Votre aura est très similaire à la sienne malgré vos différences.

– Qui était-il ?

– C’était mon meilleur ami. Il a sauvé Gensokyo, la Grande Barrière, en se sacrifiant pour cela. Son corps et son aura se sont vaporisés dans les airs, à tout jamais…

– C’était il y a quelques mois de cela, non ?

– Comment vous le savez ?! questionna Olivier, surpris par la déclaration de l’ermite.

– Il y a environ quelques mois, j’ai senti une brutale monter de la puissance magique dans l’air. Je me disais bien qu’en Gensokyo, il s’était passé quelque chose de très puissant pour que cela arrive. J’ai donc profité de l’occasion pour m’ouvrir mes canaux de mon être afin de faire circuler le plus possible de ce regain de magie. Je pense que ce surplus de magie dans l’air devait être votre ami, Tom. En absorbant des particules de magie qui le constituait, j’ai dû donc absorber une fraction de son aura. Cela a dû arriver à l’ensemble des habitants Gensokyo, mais à des portions bien plus faibles.

– C’est quand même étrange… J’ai senti nettement plus qu’une fraction de son aura en vous. C’était particulièrement clair quand je l’ai senti !

– Est-ce que ton ami disposait de la puissance d’un dieu ?

 

Cette question surprit le jeune homme qui hésita quelques secondes avant de répondre.

 

– Il était… une sorte d’Humain doté par le dieu Ryūjin d’une puissance divine afin de le servir.

– Je vois. Il a été créé dans un but semblable au mien. Si durant son sacrifice pour sauver Gensokyo, il a utilisé tout ce qu’il pouvait être, il aurait pu devenir un dieu à ce moment-là. Un dieu doté d’une puissance presque supérieur à celles des autres divinités majeures de cette terre qu’il aimait. Dès lors, même une quantité négligeable suffit à ressentir sa présence en moi.

– Comment vous en savez autant sur l’absorption d’une partie de la puissance de mon ami ? lui demanda le jeune homme, toujours dans la même position mais les yeux désormais ouverts et avec un ton intrigué.

– J’ai déjà fait cela, à une plus grande échelle, il y a longtemps. J’avais absorbé une aura entière. C’était il y a des siècles et des siècles.

– Dis-moi en plus.

– Non ! répondit l’ermite avec fermeté, surprenant Olivier.

– Pour quelle raison ?

– Les dieux eux-mêmes le refusent. Je connais trop bien cela. J’ai été capable de l’utiliser avant mon exil ici. Je risque de m’attirer leur colère si j’en parle trop. Et je risque de mettre les mondes en danger si l’on apprenait à absorber les auras des autres.

– Je… comprends.

– Bien.

 

À ces mots, l’ermite marcha vers l’escalier, silencieusement. Mais Olivier se releva et se retourna vers lui en le pointant du doigt.

 

– Tu m’avais promis qu’aujourd’hui, je pourrais t’affronter ! J’exige de te combattre pour que tu viennes en aide à Gensokyo.

 

L’ermite s’arrêta et sourit légèrement avant de légèrement tourner la tête vers le jeune humain.

 

– Tu te crois capable de me toucher une fois, comme je te l’avais dit ?

– Je ne saurais jamais si je n’essayais pas. Je me connais mieux et maintenant je sais comment fonctionne la magie et les auras des gens. Je peux te battre.

– Si c’est ce que tu veux, prépare-toi.

 

Olivier se mit alors en garde, prêt à dégainer son arme avec sa main droite et à projeter un grand nombre de projectiles avec sa main gauche. L’ermite, toujours de dos, ne bougeait pas. Le jeune homme ne quitta pas son adversaire des yeux. Les secondes qui semblèrent durer une éternité se succédèrent. Son cœur battait la chamade mais progressivement, celui-ci se calmait. Sa respiration devint alors presque intangible. Il se concentrait au maximum de ses capacités, prêt à lancer la première attaque contre l’ermite. Son cœur s’arrêta de battre pendant une demi-seconde.

À cet instant, à une vitesse incroyable, qu’il n’avait jamais encore atteinte, il dégaina son revolver, visa et pressa la détente. Le projectile, animé par la même énergie que celui qui l’avait tiré, fusa à une vitesse extraordinaire vers son adversaire. Cependant, celui-ci sembla se déphaser et se retrouva à quelques pas de là où il se trouvait. Le projectile rata alors sa cible. Olivier prit alors son arme à deux mains et ouvrit le feu à maintes reprises. À chaque projectile, l’ermite se déphasait, esquivant le tir et se rapprocha sans cesse de lui et avant de lui faire face. Alors qu’il n’était plus qu’à une poignée de mètres de lui, le jeune homme projeta son bras gauche vers l’avant, faisant déferler un tir de barrage continue d’orbes de plusieurs couleurs différentes fusant à grande vitesse. Son adversaire échappa de peu à ce déluge de danmaku en se déphasant. Pendant moins d’un instant, Olivier le perdit de vue avant de sentir son aura au-dessus de lui. Il sauta en arrière esquivant ainsi le coup descendant de l’ermite qui lui fit de nouveau face. L’Humain se rendit compte qu’il avait sous-estimé la vitesse de son adversaire. Il vit celui-ci alors inspirer profondément. Ce fut alors qu’il comprit. Il se souvint des longs moments durant lesquels il avait parlé de la nature de la magie et de ce lieu. L’ermite tirait une grande partie de sa puissance de l’environnement en faisant circuler en lui un maximum de magie concentrée dans ce lieu perdu. Olivier pensa qu’en étant plus proche du cosmos qui se trouvait dans son dos, plus la magie devait être concentrée dans l’air. Il recula lentement, gardant en joue son adversaire. Il recula jusqu’à sentir le sol sous ses pieds devenir meuble. Ce fut là qu’il prit appui le plus fort possible sur ses jambes, qu’il se concentra puis qu’il bondit. Le jeune homme se reprocha alors à quelques mètres au-dessus de son adversaire. Même Si Olivier ne pouvait pas voler dans ce lieu, il se doutait bien que la proximité avec le cosmos lui permettrait d’essayer quelque chose. Prenant l’avantage ascendant, il retira une carte de sort de sa poche et l’accrocha sur le canon de son arme avant de s’écrier le nom de son attaque : Canon Sign « Atlantis’s Warhead »

En pressant la détente de son arme, une gigantesque orbe de magie se forma à l’extrémité du revolver et ne cessa de grossir. Face à cela, l’ermite ne broncha pas, alors qu’Olivier,lentement, chuta vers le sol. À l’instant où le jeune humain relâcha la détente, le projectile s’élança à une vitesse incroyable contre l’ermite et la tour. Alors que celui-ci disparu, l’attaque, d’une rare puissance, traversa rapidement la tour de part en part dans un vrombissement assourdissant mêlé aux bruits des pierres qui éclataient sous l’effet de l’énergie cosmique qu’il venait d’envoyer sur la structure aussi ancienne que le monde.

 

Pendant quelques secondes, le monde lui semblait en suspension mais il se rendit compte que la tour, frappée par la puissance de son attaque, était en train de s’effondrer sur elle-même, alors que lui-même chutait de plus en plus vite. Il piqua alors du nez vers un débris de la taille d’une petite voiture afin de s’accrocher dessus. Quand il y arriva avec difficulté, il vit que la tour s’effondrait en des milliers de morceaux de toute taille qui commencèrent à pleuvoir et à chuter tout autour de lui. Difficilement, il se redressa sur son morceau de caillou et vit face à lui, sur une pierre différente, l’ermite, les bras croisés, le fixant du regard. Tous les deux, ils chutèrent. Olivier savait qu’il n’avait pas encore réussi à l’atteindre mais il espérait qu’en chutant, la concentration de magie serait moindre, et que la puissance de celui en face de lui en serait réduite. Cependant, il n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. L’ermite tendit son bras et projeta une orbe unique vers lui. Juste avant l’impact, le jeune homme sauta sur une autre pierre chutant. Il entendit le bruit d’une explosion et pressentit que la dernière surface sur laquelle il s’était posé n’était plus que gravats. L’ermite recommença son geste. Olivier bondit alors plus tôt et avec davantage d’élan vers une autre roche chutant. Prenant appui dessus, il rebondit une nouvelle fois, puis une autre fois, et encore, se rapprochant sans cesse de son adversaire qui à chaque fois le visait et projetait une orbe d’une grande puissance. Olivier porta son bras gauche loin vers l’arrière et contracta son poing. Il effectua un ultime sauta et se dirigea droit vers l’ermite. À la bonne distance, il projeta son poing vers l’avant afin de frapper son adversaire. Cependant, celui-ci se déplaça légèrement sur le côté du rocher en chute, faisant manquer son coup au jeune homme. Il atterrit sur le bloc de l’ermite et dut esquiver une attaque en revers de celui-ci. La surface sur laquelle ils se trouvaient était extrêmement réduite et les mouvements difficiles à réaliser. Suite à son esquive, Olivier, contracta de nouveau son bras gauche emmailloté et le projeta contre sa cible. Celle-ci l’esquiva de peu et répondit par une contre-attaque, un puissant coup de poing que le jeune humain esquiva de peu à son tour. Il répondit par une nouvelle attaque qui comme les précédentes fut esquivée par son adversaire, celui-ci répondant à celle-ci. Gêné par la promiscuité qu’il existait sur le rocher en chute libre, il eut bien du mal à se déplacer et à esquiver. D’un coup, il ne vit que trop tardivement une nouvelle contre-attaque de l’ermite, répondant à une attaque de sa part. Dans l’impossibilité d’esquiver, il para avec son bras gauche. Quand le poing de l’ermite frappa le membre du jeune homme, celui-ci ressentit une violente douleur, malgré le fait que son bras n’était plus fait de chair et de sang. Il pouvait sentir que le choc fut si violent que les mécanismes du bras furent ébranlés. Alors qu’il attendait un nouveau coup de l’ermite, il décida d’utiliser ses dernières forces et se projeta, le poing droit en avant, vers lui. Au même moment, le rocher percuta violemment le sable qui se trouvait à la base de la tour, explosant dans un fracas assourdissant.

 

Alors que les débris de la tour pleuvaient autour de lui, Olivier rouvrit les yeux. Partout où il observait, tout n’était plus que débris ayant ou en cours de chuter. Il était noyé dans un nuage de poussière et tentait tant bien que mal de s’extraire de la zone. Son bras gauche pendant le long de son corps, les bandages le recouvrant étant déchirés et la surface du bras mécanique ouverte. Il pouvait voir l’intérieur du mécanisme de son membre et constata que ceux-ci avaient été bien secoués. Il marcha d’un pas lourd et hésitant vers l’extérieur du nuage de poussières. Soudain, il vit face à lui, l’ermite. Olivier tenta de cacher son expression de rage mêlée à la tristesse. Il tomba à genoux et commença à pleurer.

 

– J’ai mis tout ce que j’avais dans ce combat ! Je devais te toucher pour que tu viennes m’aider mais j’ai échoué ! J’ai échoué à protéger la Terre des Illusions !

– En es-tu vraiment certain ? Lui demanda-t-il alors qu’il lui montrait son pectoral gauche.

 

L’ermite enleva rapidement le haut de sa tenue et laissa voir une blessure qui ne pouvait être donnée que par un coup de poing. En voyant cela, Olivier sourit tout en continuant de pleurer, sachant que maintenant, l’ermite viendrait avec lui pour sauver Gensokyo.


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