La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 25 : Retour à Gensokyo

2431 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/10/2025 20:19

Chapitre 25

Retour à Gensokyo

 

Le ciel était d’un bleu étincelant. Le soleil brillait fort en cette journée au-dessus de la Terre des Illusions. Sur un piton rocheux, Olivier put contempler la Montagne Yokai, cachant partiellement le Lac Brumeux. Il était heureux de revoir une vision si familière, ravi de respirer cet air enivrant de senteurs diverses et naturelles. Non loin de lui, se tenait l’ermite, portant toujours sa tenue avec sa grande cape marron avec une tête de loup blanc et son masque en pierres précieuses qu’il portait constamment, dissimulant ses yeux et le haut de son visage. Il n’osait pas regarder en direction de la Terre des Illusions. Cela intrigua alors le jeune homme qui se retourna le voir et lui demanda la raison de son mal-être face à ce spectacle. Celui-ci resta muet quant aux demandes d’explications du jeune homme.

Olivier n’insista pas davantage, se disant que cela devait avoir un rapport avec son passé et qu’il devait s’inquiéter de tomber sur des dieux venus le punir d’avoir quitté sa terre d’exil. Il informa l’ermite qu’il allait descendre afin de voir les préparatifs du futur tournoi. De là où ils étaient, l’Humain pouvait voir des structures dépassées des eaux du lac ainsi qu’un grand nombre d’allées et venues entre celles-ci.

 

Il fallut quelques heures aux deux êtres revenants de la Plaine de sang pour rejoindre les abords du lac à pied. Malgré qu’il le cachât, son bras gauche était toujours défectueux et ne marchait plus du tout. Olivier avait le plus grand mal à le lever et à faire fonctionner l’articulation du coude, d’autant qu’avec les câbles de son membre mécanique étaient reliés aux nerfs situés dans son moignon, il ressentait une souffrance continue, particulièrement douloureuse et très étrange par rapports aux douleurs ordinaires, qu’il dissimula du mieux qu’il le pouvait, espérant que Rika parviendrait à le réparer le plus vite possible.

Sur les rives du Lac Brumeux, ils virent les Kappas, en nombre, travailler sur les structures qu’ils avaient purent voir au loin. Il s’agissait de gradins et d’un système mêlant mécanique et magie dont le but serait de protéger les spectateurs des attaques lors du tournoi. Olivier s’avança un peu vers la rive mais aussitôt, une masse sortie de l’eau, le prenant au dépourvu. Il s’agissait d’une Kappa. Elle portait une robe bleue étanche avec de très nombreuses poches tout autour de la jupe ainsi qu’une clé dorée attachée sur sa poitrine, par la sangle de son imposant sac. Elle avait les yeux bleu clair et des cheveux légèrement plus foncés. Dans sa main droite, elle tenait un panneau stop et elle s’écria de reculer et de ne pas venir perturber les travaux. Olivier s’excusa platement et recula. Cependant, la créature aquatique semblait particulièrement hostile et ne disparut dans les eaux que très lentement, les yeux toujours fixés sur Olivier, jusqu’à que ceux-ci disparaissent sous les flots. Le jeune homme vit bien que la situation s’était détériorée depuis son départ. Les créatures semblaient toujours plus agressives.

Soudain, on appela le jeune homme. La voix, féminine et qu’il reconnut, venait de derrière lui. Il se retourna mais à cet instant précis, on lui sauta dans les bras. Il serra alors contre lui ce qui venait de lui sauter dessus. C’était sa chère et tendre Rika, heureuse de le revoir. Il l’était également et la pressa fortement contre lui, ce qu’elle fit de même avant qu’il ne se relâche mutuellement. Elle observa alors l’étrange personne qui accompagnait son chéri. Celui-ci fit les présentations.

 

– Ma chérie, je te présente la personne qui va nous aider à sauver Gensokyo. Il s’agit d’un ermite extrêmement puissant.

– Et vous vous appelez comment ? lui demanda Rika suspicieuse.

– Je n’ai plus de nom. Mais vous pouvez m’appeler Ermite, c’est comme vous le voudrez.

– Vous me semblez bien étrange… c’est bizarre…

– Et elle, c’est Rika. Il s’agit de la personne avec qui je partage ma vie, amena Olivier afin de détendre l’atmosphère.

– Et surtout, ta future femme, ne l’oublie pas mon chéri, renchérit-elle.

– Je vous souhaite tout le bonheur du monde dans ce cas, répondit l’ermite en s’inclinant légèrement.

–Hmmm… je vous remercie… répondit la jeune femme surprise par la réponse de l’ermite masqué.

– Il se passe quoi de nouveau ici ? je sens que la situation empire.

– J’allais oublier ! Chéri, tu dois te dépêcher de t’inscrire ! Les inscriptions seront closes ce soir !

– Quoi ?! Déjà ?! Ermite, on y va ! C’est par où ma chérie ?!

– On a le temps, c’est un peu plus loin sur le Lac, on ira tous ensemble tranquillement, tu pourras ainsi me raconter comment cela s’est passé là-bas.

– Ne t’inquiète pas, je te le raconterai mais dépêchons-nous quand même de nous inscrire.

 

Le groupe marcha d’un pas rapide jusqu’à un petit stand. Celui-ci était tenu par Reimu Hakurei. En voyant le jeune homme, le regard de la prêtresse s’emplit de médisance. Elle ne prononça pas un mot et détourna la tête en donnant la fiche d’inscription et la plume à Olivier qui la remplit en vitesse avant de céder sa place à l’ermite. La prêtresse jeta un œil à celui-ci, l’inspectant des pieds à la tête avant de se moquer de lui.

 

– Je ne sais pas d’où tu le sors « Olive », mais je ne crois pas qu’il dépassera le premier tour, et encore.

– Vous me semblez bien inquiète à mon propos cependant, lui rétorqua l’ermite.

– Hmm… je vois, vous voyez dans les auras, c’est cela ?

– Cela changerait quelque chose ?

– Non, juste que vous pourrez bientôt voir votre propre aura anéanti durant ce tournoi, répondit-elle en prenant nonchalamment la fiche d’inscription de l’ermite avant de faire un geste du bras, indiquant aux trois personnes qu’elles devaient partir.

 

Le groupe s’éloigna alors rapidement du stand d’inscription alors qu’Olivier questionna Rika sur l’état actuel de la Terre des Illusions. Celle-ci se mura dans le silence pendant quelques instants, hésitant à répondre à l’interrogation de son amant. Ne voyant pas de réponse et constatant son expression attristée, il soupira avant de dire qu’il avait bien compris que la situation s’était encore aggravée depuis son départ pour la Plaine de Sang.

 

– Durant ton absence, les choses se sont considérablement dégradées, finit par avouer la jeune mécanicienne.

– À quel point ? lui demanda-t-il inquiet.

– Les clans sont parfaitement constitués. Chaque jour, ils se menacent, s’insultent et sans ce futur tournoi, cela aurait été une boucherie pour obtenir cet objet. Mon chéri, il faut que tu sauves la situation !

– C’est ce que je vais faire. Mais c’est surprenant ça, tu veux absolument que je m’occupe de ça maintenant.

– Je ne vois pas d’autres solutions. Je ne suis même pas certaine que la présence de ton nouvel ami soit suffisante.

– On fera en sorte que cela suffise. Ma chérie, est-ce que mon nouvel ami pourrait dormir chez nous un certain temps ?

– Tu as dit… « chez nous » ? lui demanda la femme amoureuse alors que la passion se lisait dans ses yeux.

– Évidemment. Tu sais bien que je désire vivre avec toi, et quand tout cela se sera amélioré, tu deviendras ma femme.

– Tout ce que tu voudras mon chéri, dit-elle alors qu’elle se décomposait presque sur place, dévorée par sa passion pour lui.

 

Elle manqua de tomber alors qu’Olivier l’aida à se maintenir debout, sous le regard neutre de l’ermite. En route pour le domicile des amoureux, Rika expliqua qu’avec les tensions actuelles, il n’était pas rare de se faire attaquer par n’importe qui pour n’importe quoi, ce à quoi Olivier rétorqua avec un léger sourire que c’était déjà comme cela avant. Cela l’amusa un peu avant qu’elle ne précise que ces attaques étaient motivées par une soif de violence qui n’existait pas habituellement chez ces créatures, notamment les Fées. Rika continua en affirmant qu’avant cet incident, elles étaient des créatures qui passaient leur temps à s’amuser et à faire des farces. De plus, elle ajouta que ces êtres de la nature, d’un naturel joyeux, curieux et joviaux, passaient souvent près de chez elle et tentaient régulièrement de lui prendre des outils. Afin d’être tranquille, la jeune femme avoua, d’un air à la fois amusé et légèrement honteuse, qu’elle les avait bernées avec de faux outils en bois peints en gris pour qu’ils ressemblent à des vrais. Cette anecdote fit très légèrement sourire l’ermite qui détourna immédiatement la tête afin qu’on ne voie pas l’expression qu’il affichait.

Peu de temps après, ils arrivèrent tous les trois devant le hangar de la fabricante de chars. Là, elle les arrêta et se plaça devant Olivier. Il fut surpris de sa réaction et en demanda les raisons. Elle lui demanda de bien lui faire la faveur d’accepter le prochain cadeau qu’elle lui ferait, cela, sans condition. En échange, ajouta-t-elle, l’ermite pourrait rester dormir chez elle. Le jeune humain ne comprit pas où elle voulait en venir mais accepta. Elle fut alors ravie de cela et les invita tous les deux à entrer dans la structure métallique.

 

Ensemble, ils passèrent le reste de la journée à discuter, même si l’ermite resta peu bavard quant à son passé. Rika voyant qu’il portait un sabre lui demanda s’il voulait bien lui montrer. Celui-ci le sortit et le posa sur la table autour de laquelle ils étaient assis. La mécanicienne fut presque choquée par l’état de délabrement de son arme. Elle lui demanda s’il utilisait encore son sabre, complètement en ruine, rouillée par endroit avec une lame qui semblait sur le point de se fendre au moindre coup. Il répondit qu’il n’en avait guère besoin là-bas mais qu’il le gardait pour lui-même. Là, elle trouva un moyen de taquiner son invité. La malicieuse constructrice de chars lui demanda si cela était approprié, pour un ermite d’être autant attaché à un objet si matériel, au lieu de réciter des sutras à chaque lever et coucher du soleil. Alors qu’Olivier soupirait face à cette question, le concerné esquissa un léger sourire.

 

– Je possède bel et bien des objets. Il est vrai que ce sabre ne me sert à rien, tout juste à me décorer. Cependant, il est important de ne rien gâcher. Quand j’ai trouvé cette arme, dans ce triste état, je me suis dit que je ne pouvais le laisser ainsi.

– Et quand l’avez-vous trouvée ? questionna l’humaine.

– Je l’ai extrait du sable, là où je m’étais installé, il y a de cela bien longtemps. Jamais je ne l’avais sorti pour un affrontement. Jusqu’à que toi, Olivier Marc, vous ne veniez.

– C’est pas tout ça, mais ranger votre quincaillerie, on va s’amuser un peu, dit-elle en se levant avant de se diriger vers ce qui ressemblait vaguement à une cuisine dans un coin du lieu.

 

Rika revint rapidement, portant un plateau sur lequel se trouvait des coupelles à boire et trois bouteilles de saké. Elle le posa sur la table et servit à chacun une coupe et une jarre remplit. Elle s’assit et fut la première à prendre la bouteille et à en verser un peu dans sa coupelle qu’elle prit en même temps dans son autre main. Quand celle-ci fut remplie, elle la leva bien haut avant de la boire cul-sec. Après cela, elle remarqua qu’aucun des deux autres n’avaient commencé à boire et le fit remarquer de manière particulièrement explicite. Olivier ne tarda pas à se verser un peu de ce liquide et à le boire tranquillement. Son voisin, l’ermite, se refusa de boire, affirmant qu’avec sa condition, il ne pouvait s’enivrer. Cela vexa complètement Rika qui commença à le critiquer sur ses manières de vivre. Olivier prit alors la défense de celui-ci. Elle rétorqua que depuis qu’il l’avait vu, elle ne l’appréciait pas, qu’elle ne lui inspirait pas confiance, qu’elle ignorait pourquoi mais elle se méfiait de lui. Le jeune homme tenta de calmer sa future femme mais celle-ci venait de boire sa troisième coupelle et sortit sa clé à molette.

« Tu es chez moi, et comme tu es chez moi, tu fais ce que je dis ! Mon chéri, je veux que tu m’épouses tout de suite ! » affirma la jeune femme qui semblait commencer à être ivre, surprenant Olivier quant à la vitesse de son état, avant de se rendre compte qu’en sortant sa clé à molette, elle fit tomber une petite gourde métallique qui sentait fort l’alcool. Il ne lui fallut guère de temps pour comprendre que Rika s’était mise à beaucoup boire durant la période où il était absent, car elle s’inquiétait pour lui. Mais il savait que désormais, après avoir sauvé la Terre des Illusions, il devrait sauver sa future femme de son alcoolisme naissant, et connaissant son caractère, il savait bien que cela allait être bien difficile à réaliser.

En les voyant se chamailler, l’Ermite esquissa un large sourire sincère. Il regarda le jeune couple d’un air amusé, caché derrière son masque de pierres précieuses dissimulant le haut de son visage et ses yeux. Il pensa alors à haute voix, marmonnant des paroles que personne n’entendit.

« Pour notre bien… »


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