La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 28 : Manifestation des ténèbres

2044 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2025 21:58

Chapitre 28

Manifestation des ténèbres

 

Il faisait presque nuit et dès le lendemain, le tournoi allait débuter. Olivier s’était retiré dans ce qui ressemblait le plus à son refuge, le plus haut arbre de la Terre des Illusions. Sur l’une des plus hautes branches de l’un des arbres les plus haut, il se reposait, tentant de méditer, de se concentrer sur son Qi, afin d’être prêt pour son premier affrontement qui pouvait débuter dès le prochain zénith.

Malgré une volonté certaine, il ne parvenait pas à extraire son esprit des brumes actuelles, autant mentales que physiques. Tout autour de lui, il voyait la Terre des Illusions être plongée dans une brume inhabituelle. Il avait l’impression que cette brume s’élevait lentement, et que, dans le même temps, celle-ci se concentrait autour de la forêt dans laquelle se trouvait l’imposant et majestueux arbre sur lequel se reposait le jeune homme.

Lentement, il voyait ce brouillard s’élever le long des troncs. Cependant, cela n’avait rien de naturel. Il n’y avait aucun vent, aucun souffle ne pouvant permettre l’élévation du banc qui devenait de plus en plus épais au fur et à mesure qu’il s’élevait vers les cimes des plus hauts arbres de la forêt.

Alors qu’il s’était relevé sur sa branche, inquiet quant à cet étrange phénomène, il put sentir une soudaine douleur lui traverser l’esprit. Au début, celle-ci fut faible mais plus la brume s’épaissit, plus elle s’élevait, plus la douleur devenait intense. Quand celle-ci le paralysa sur place, l’obligeant à s’asseoir sur la branche, il commença à entendre un léger murmure, qui s’amplifia progressivement, alors que le brouillard se mettait à l’entourer, devenant sans cesse plus audible. Ce bruit, cette voix, il l’entendit directement dans son esprit. D’un léger bruit de clapotis, celle-ci se changea en une voix, trop déformée, effrayante, passant de sons trop graves à trop aigus au sein d’une même phrase, pour qu’elle puisse être celle d’un Humain. Cette voix avait pénétré son esprit avec violence et désormais elle tentait de commander le jeune homme. Il essaya de se débattre de cette emprise mentale qui progressivement se refermait sur lui telles les griffes des ténèbres sur la lueur d’une faible bougie. Plus il tentait de résister, plus la douleur qu’il ressentait fut atroce. Il voulut crier, il ne le put. Il voulait fuir, il ne le pouvait. Il voulait alors combattre. Il ne le put.

Dans sa souffrance, il finit par entendre une voix distinguable. Une voix qu’il connaissait. Une voix qui lui rappelait d’horribles souvenirs. À cet instant, son bras gauche lui fit souffrir une douleur comme rarement il avait pu le ressentir, la dernière fois, c’était il y avait quelques mois, lors de l’expédition dans le futur, lors de sa confrontation avec un être terrifiant, qui était directement responsable de son bras artificiel, qui désormais, l’était encore plus : Corruption.

 

– Viens me voir, mon enfant, lui demanda la voix avec un ton particulièrement inquiétant et dérangeant.

– C’est toi ?! C’est toi qui fous le bordel en Gensokyo ?! s’emporta Olivier, paniqué par la situation.

– Qui voulais-tu que cela soit d’autre ? questionna l’être. Attends, ne réponds pas, je vais le deviner.

– Sors de ma tête !

– Je vois. Tu pensais que c’était possiblement ton ami qui était responsable de cela, pas vrai ?

– QUITTE MA TÊTE !

– Je suis impressionné que tu aies survécu. De même, tu as beaucoup progressé. Enfin, jusqu’ici. Cependant, cela ne te servira à rien. Tu as d’ores et déjà échoué. Je vais l’emporter cette fois-ci. La Terre des Illusions ne sera plus que le Monde des Cauchemars, et tu ne pourras rien faire contre cela. D’ailleurs, pour te féliciter de tes progrès, je compte te laisser capable de discerner les choses afin que tu voies à quoi ton univers ressemblera, et cela, sans que tu puisses quoi faire pour l’empêcher.

– Tu n’y arriveras jamais ! Monstre !

– Ce n’est pas la peine de crier comme ça. Je suis avec toi, dans ton esprit, comme je le serai bientôt, avec tous les habitants de ce monde formidable à corrompre.

 

À cet instant, Olivier ouvrit les yeux. Il était noyé dans le banc de brouillard et ne savait pas s’il était conscient ou non. Cependant, cette brume changea lentement de couleur et devint lentement de plus en plus noir, d’un noir aussi profond que les entrailles des ténèbres. L’atmosphère gazeux se changea lentement en une sorte de liquide extrêmement visqueux et noir. Olivier se mit à courir afin d’échapper à ce fluide qui semblait se mouvoir de sa propre volonté. Malgré les centaines de pas qu’il pouvait faire dans une direction comme une autre, partout autour de lui était en train de se transformer en ce liquide. Quand il se retourna, il vit un tourbillon se former dans cette substance. De celle-ci, une main en sortit, extrêmement lentement. Le jeune homme avait beau vouloir reculer, il ne pouvait. Désormais, c’était un bras qui émergeait de bouillon noirâtre qui commençait légèrement à s’agiter. Le bras de la créature était blanc recouvert de taches noires qui se mouvaient dessus. Le membre ne semblait jamais se finir tant il sortait du liquide. Progressivement, les doigts de la main commencèrent à se contracter et le bras s'arc-bouta terriblement doucement en direction d’Olivier qui était tétanisé par la peur. Avec une lenteur effrayante, le membre se dirigea vers lui.

Alors que la main grande ouverte n’était plus qu’un mètre du visage du jeune homme, un faciès se forma lentement dans le creux de celle-ci avant de se mettre à parler.

 

– Je te retrouve enfin, Olivier, annonça la créature qui ne pouvait qu’être Corruption.

– On te vaincra ! Je ne suis pas seul ! lui lança le jeune homme incapable de bouger, paralysé par la vision d’horreur face à lui.

– Ne compte pas sur ton nouvel ami. Cet Ermite ne pourra rien contre ce que je prépare. Il sera bientôt vaincu et cela fait, il pourra à son tour être corrompu. Nul être n’est capable de résister quand on est affaibli.

– C’est comme cela que tu as pris le contrôle ! En corrompant les personnes ayant perdu aux combats de danmakus et ayant été sonnées par leurs défaites !

– C’est cela. Tu comprends vite.

– Comment Reimu et Marisa ont…

– CE N’EST PAS MA SEULE MÉTHODE ! Mais de toute façon, cela ne t’intéresse pas. Tu as perdu.

– Non…

– Au fond de toi, tu le sais, lui dit le visage qui se rapprochait de plus en plus de lui alors que les flots de corruption commençaient à remonter le long des pieds d’Olivier.

– Je ne vais… je vais…

 

Alors qu’il allait se faire dévorer par les ténèbres, il sentit quelque chose se poser sur son épaule. Cette chose produisit comme une énergie qui traversa Olivier et qui fit refluer les ombres et reculer le bras de la créature qui finit par être aspiré dans le tourbillon d’où il en sortait tout en pousser un terrible cri de douleur avant que cela ne s’estompe. Olivier ne voyait plus rien. Tout était noir. Ce n’était plus la corruption mais le néant désormais. Au loin, il entendait une voix. C’était un écho qui se rapprochait. Plus celle-ci devenait claire, plus les ténèbres firent place à une douce lueur jaune. On l’appela alors derrière lui. Il se retourna et vit une forme étrangement familière qui lui tendit le bras. Olivier tendit alors le bras à son tour avant de s’évanouir.

 

Soudain, Olivier revint à lui. Il manqua de tomber de la branche sur laquelle il était allongé. Il regarda rapidement autour de lui, les pupilles se dilatant et se contactant rapidement avant de progressivement retrouver son calme et sa respiration. Tout autour de lui était calme. Il n’y avait nul brouillard à l’horizon. Il se demanda s’il ne s’était pas endormi. Cependant, une voix lui répondit.

Il se retourna rapidement vers celle-ci et vit l’Ermite, assit de manière décontractée sur une branche voisine, les yeux fermés, méditant à moitié.

 

– Que… qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Olivier à son ami.

– Tu le sais déjà.

– C’était réel ?

– Oui.

– Et… c’est vous qui m’avez sauvé.

– Je ne t’ai aidé qu’à reprendre le contrôle de ton esprit.

– Mais… c’était… bizarre…

– Que veux-tu dire ?

– La présence qui m’a aidé… ce n’était pas tellement la vôtre. C’était… c’est idiot. J’avais l’impression que c’était…

– Ton ami ? Tom ?

– Oui, c’est ça. Comment vous le savez ?

– Je l’ai senti aussi. Sa forme physique a été dispersée aux quatre vents mais l’essence même semble ne pas avoir totalement disparu. Il fait désormais partie de la magie. De plus, il veille sur toi.

– Et il m’a sauvé de Corruption…

– Il a échoué à le détruire. Il refuse que Corruption ne te prenne.

– Mais si vous m’avez aidé, pourquoi j’ai ressenti Tom à votre place ?

– Je l’ai senti passer en moi, dans mes canaux. Une source d’énergie inhabituelle qui avait sa propre volonté, dirigée vers mon esprit afin de se projeter dans le tien via un lien mental que j’ai créé en voulant te sauver. Même réduit à l’état d’essence magique, sa puissance demeure incroyable, divine.

– Je vous remercie de m’avoir aidé.

– Corruption, il a décidé de te considérer comme un véritable adversaire pour vouloir prendre le contrôle de ton esprit. Vois cela comme une preuve de la menace que tu représentes à ses yeux.

– Oui, je le sais. Je suis une menace pour lui. Et cela ne se fera que plus grande à chaque étape du tournoi.

– On devrait rentrer chez Rika, la nuit tombe déjà. Tu es resté inconscient bien trop longtemps.

– Oui, faisons ça.

 

Il ne fallut qu’une poignée de minutes avant que le duo arrive chez Rika. Olivier frappa à la porte métallique et très rapidement, la propriétaire des lieux leur ouvrit. Elle accueillit avec grande affection son amour et se contenta d’une grimace guère sympathique à l’Ermite. Celui-ci, durant leur voyage de retour, avait demandé à Olivier ne pas parler de cette histoire à Rika, notamment son intervention dans son esprit. Il ne comprenait pas pourquoi cela le gênait tellement qu’elle sache qu’il soit venu l’aider. Il ne le quitta pas des yeux alors qu’il se dirigea vers le fond du hangar, disparaissant derrière les chars afin de se coucher dans sa paillasse. Le soleil n’était pas encore couché.

Rika vit très bien que quelque chose n’allait pas. Le regard d’Olivier était marqué par une grande inquiétude, et malgré les tentatives du jeune homme, la mécanicienne amoureuse ne cessa pas ses sollicitations. Il cachait autant qu’il le pouvait cette expérience traumatisante. Corruption n’avait plus de forme, il n’était plus qu’une masse de son fluide corruptif. Il en était sûr, l’apparence actuelle de la divinité de la Corruption le rendait bien plus dangereux car insaisissable.

Face aux manques de réactions de son futur époux, Rika s’emballa. Elle le prit par la main avec force et le tira vers sa chambre, affirmant qu’un grand guerrier comme lui devait et se vider l’esprit de toutes mauvaises pensées et de se reposer afin d’être prêt pour la journée du lendemain, le début du tournoi.


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