Petite Etincelle
Bonne lecture !
CHAPITRE 22
POV Normal
«Aie !»
«Arrête donc de te tortiller comme ça. C’est à peine si je te touche !»
Moonlight grimaça d’appréhension lorsque le laser à haute température se rabaissa une seconde fois vers sa jambe amochée. Automatiquement, ses mains s’agrippèrent au bord de la couchette qu’elle serra dans une poigne ferme, tandis que de petites étincelles jaunes jaillirent du contact entre le laser rouge et les plaques de métal de son mollet, que le mecha refermait minutieusement pour réparer les nombreuses déchirures à cet endroit précis. Foutue morsure… C’était à cause d’elle qu’elle se retrouvait une fois de plus dans l’infirmerie des Decepticons pour de nouvelles réparations importantes ! Déjà qu’elle ne supportait pas qu’on la touche, maintenant elle était servie avec cette énième blessure survenue depuis son enlèvement. Si ce n’était pas le scientifique fou à lier qui la manipulait dans son laboratoire lugubre, c’était le mecha de l’infirmerie… À croire qu’elle était vraiment destinée à devenir un cobaye expérimental.
«Est-ce que tous les Autobots sont aussi fragiles ?» S’interrogea soudainement le médecin rouge cerise avec une expression réfléchie, un doigt griffu recourbé sous son menton pointu. Il examina un instant le plafond de l’infirmerie avant d’hausser les épaules d’un sourire espiègle ; «J’imagine que oui.»
«Je ne suis pas fragile.» Rouspéta Moonlight d’une petite moue.
«Humpf, c’est pourtant la deuxième fois que tu me rends visite en si peu de temps ! À moins que ce ne soit mon charme ensorcelant qui t’attire ici ? C’est flatteur.» Roucoula le médecin en clignant de l’optique à la fembot immobile sur la couchette, le laser suspendu à quelques centimètres seulement au-dessus de sa jambe. Se rendant vite compte qu’il était distrait, Knockout s’empressa de reprendre son travail, au risque de s’attirer les foudres de ses supérieurs. Ne pas sympathiser avec l’ennemie ! Mais… Comment y résister ?
«Peut-être bien...» Amusée, Moonlight sourit, un éclat malicieux dans les optiques avant de croiser les bras sur son châssis. Toutefois, face au regard interrogateur du mecha séducteur, elle se corrigea avant qu’un quiproquo embarrassant ne s’installe ; «Ou plutôt parce que je n’ai pas vraiment le choix, et que vous êtes l’un des seuls médecins disponibles de la base…»
«Oh, tu me blesses profondément ! Je ne suis pas un simple médecin, mais LE médecin de la base !» S’exclama Knockout en posant une main sur son Spark d’un geste théâtral, ses optiques rouges faussement écarquillées d’indignation. Fidèle à lui-même, il était d’humeur taquine tant qu’il n’était ni surmené ni contrarié. Ce qui, avec les Decepticons, relevait presque de l’exploit. Sur la couchette devant lui, Moonlight haussa les crêtes optiques.
«Et sans doute le seul à avoir un minimum de considération pour les prisonniers. Ça fait du bien de discuter avec un Decepticon qui ne vous crache pas systématiquement au visage dès qu’il vous voit, ni ne souhaite votre mort dans d’atroces souffrances.» La petite fembot bleu ciel soupira de lassitude. Elle grimaça de dégoût en voyant l’émulsion du métal fondu dégouliner le long de sa jambe jusque sur le sol en de petites gouttes compactes. Puis le laser s’arrêta lorsque le médecin tourna la tête vers elle, toujours avec ce même petit sourire charmeur qui ne semblait jamais disparaître de son visage blanc.
«Détrompe-toi ! Ce n’est qu’une de mes nombreuses facettes. Je suis cruel, vil et diabolique ! J’aime voir mes victimes souffrir… Cela dit, je ne suis pas comme tous ces rustres qui ne prennent jamais soin d’eux et de leur carrosserie. J’aime briller en société, car l’image que tu renvoies est primordiale ! Même sur le terrain, être Decepticon ne nous empêche pas d’être civilisés, enfin, dans certains cas seulement.» Knockout haussa élégamment les épaules avant de replonger dans son travail de soudure, le laser vibrant légèrement sous ses doigts agiles.
«Oui, certains seulement…» Répéta Moonlight d’un léger grognement. Elle pensait notamment à Starscream ou à ce scientifique vicieux cloîtré au fin fond de son laboratoire à créer des horreurs toutes plus abominables les unes que les autres.
«Tu as eu de la chance pour cette fois. Cette vilaine morsure aurait pu causer des dégâts irréparables. Un peu plus et tu serais devenue unijambiste ! Beurk, tu aurais perdu tout ton charme… M’enfin, heureusement pour toi que tu es passée entre mes mains expertes, c’est pratiquement terminé ! La paralysie n’était que partielle. Le poison ne laissera aucune trace dans tes systèmes une fois que j’en aurai fini avec cette jambe très laide. Mes capacités m’épateront toujours !» Se loua le Decepticon d’un petit ricanement. Ne pouvant contenir plus longtemps son frisson de joie, il brandit triomphalement son appareil de soudure.
«On peut dire ça comme ça.» Moonlight perdit subitement son sourire tandis que son regard attristé tombait sur ses jambes étendues. De la chance… Était-ce réellement le bon mot pour décrire la situation ?
Plusieurs cycles déjà qu’elle avait été faite prisonnière de ces murs, et pourtant elle était loin d’avoir l’impression d’être chanceuse… Si ce n’était qu’au groon actuel, elle était encore en vie. Par combien de souffrances devra-t-elle encore passer avant d’être épargnée ? Ses amis, sa famille, viendront-ils à son secours ? Au secours de tous ces malheureux Autobots détenus depuis si longtemps dans cette prison et exploités à des fins politiques ou personnelles, nourris par un espoir éphémère qu’ils n’avaient pas été oubliés… Et plus elle y pensait, plus la réalité lui semblait douloureuse à admettre. Sa propre faction montrait à son tour des signes de cruauté qu’elle n’imaginait même pas possibles après tous ces cycles stellaires à rabâcher des discours sur l’unification des nations, l’humilité, la collectivité ou encore la loyauté. Des vérités qui faisaient lentement surface au fur et à mesure que son séjour se prolongeait… Malgré son refus d’y croire, un seul instant. Cependant, les doutes finissaient tout de même par germer dans son esprit constamment tourmenté par les paroles des Decepticons.
Son Opiluk n’abandonnerait jamais des Autobots, pas vrai ?
«Ne fais pas cette tête-là. Tu n’es pas mignonne quand tu fais ça, sache-le. En plus, j’ai pris la peine de déconnecter tes capteurs sensoriels pour que tu ne souffres pas ! Même si, je dois l’admettre, tes cris auraient mis un peu d’animation dans l’infirmerie. Mais je déteste le vacarme.» S’agaça Knockout pour rompre le silence maladroit qui s’était installé dans la pièce depuis quelques kliks. Ses optiques rouges ne quittant jamais son travail de soudure, il pouvait néanmoins sentir le changement d’humeur de la petite fembot qu’il soignait et avec qui il s’entendait plutôt bien. Étonnamment.
«Oh hum, merci, c’est gentil...» Bougonna Moonlight, faisant de son mieux pour ignorer cette insulte futile. Devenue mal à l’aise d’avoir été prise en train de rêvasser, elle passa inconsciemment ses doigts sous le collier métallique dans une vaine tentative de le desserrer un peu, une grimace d’inconfort apparaissant sur son visage chiffonné. Ce qui ne passa pas inaperçu au médecin attentif.
«Megatron a de grands projets pour toi. Tiens-toi à carreau et il assouplira les règles, c’est comme ça que ça marche. Fais en sorte d’avoir un comportement exemplaire, ne leur donne pas l’opportunité de te faire du mal, tu verras, ça change la vie ! Et qui sait ? Tu pourras peut-être même te pavaner comme bon te semble dans notre splendide base.» Lui conseilla-t-il gentiment, perdant tout à coup toutes traces de malice dans sa voix suave, alors qu’il lui jetait un coup d’optique oblique accompagné d’un petit sourire encourageant. Il avait presque pitié d’elle avec ce collier.
Oui, presque.
«Je vais essayer, mais je ne promets rien. Merci pour les conseils. Pourrai-je bientôt sortir ?» Demanda ensuite Moonlight avec espoir, lui esquissant un sourire en retour avant de se pencher pour observer le travail appliqué du médecin. Quasiment toutes les plaques de métal avaient été réparées, fusionnées entre elles avec beaucoup de finesse. Toutefois, sa jambe n’était plus très jolie à voir, esthétiquement parlant. La peinture bleue manquait à certains endroits et son armure était cabossée, de grosses lignes de réparation fermant les fissures causées par la morsure brutale du mutant. Mais dans l’ensemble, c’était du bon travail.
Pour un Decepticon.
«Eh bien, c’est terminé.» Soupira Knockout en se redressant, les mains sur les hanches, très satisfait de son exploit du cycle qu’il admira d’une optique extasiée. Décidément, il était le meilleur dans son domaine ! Il devrait non seulement monter en grade, mais aussi obtenir une infirmerie plus grande, pensa-t-il. Il était temps qu’il soit reconnu à sa juste valeur ! Il avait volontairement ignoré la question de la fembot, mais stoppa rapidement Moonlight avant qu’elle ne se redresse de la couchette pour quitter l’infirmerie. D’un index levé devant son visage dubitatif, il lui adressa lentement un sourire ; «Un instant, jolie Autobot. Tu imagines bien que mon travail n’est pas gratuit !»
«O-OK, très bien… Que voulez-vous en échange de ces services ?» La fembot déglutit nerveusement tandis que ses optiques méfiantes se posèrent dans celles, amusées, du mecha rouge cerise désormais très proche d’elle.
La tension devint pratiquement palpable entre eux. Elle avait longuement hésité à lui poser cette question, qu’elle estimait déplacée, mais elle n’avait pas vraiment le choix… Elle était prisonnière de cet endroit. Qu’allait-il lui demander en échange ? Moonlight redoutait la réponse, car même s’ils avaient fait connaissance et qu’elle avait développé une sorte d’affinité avec lui, elle ignorait tout de ses véritables intentions. Après tout, il restait un Decepticon… Au service de Megatron. Elle ne pouvait faire confiance à aucun d’entre eux. Peut-être cachait-il réellement son jeu, comme il aimait si souvent en plaisanter, ou peut-être avait-il reçu l’ordre de lui soutirer des informations d’une façon ou d’une autre ? Son Spark fit un violent bond dans son châssis lorsque le bot, plus grand qu’elle et soudainement plus menaçant, s’approcha jusqu’à se tenir à quelques centimètres de son bras droit, son doigt toujours levé faisant de petits cercles. Maintenant anxieuse en sa présence, la fembot bleu ciel fit de son mieux pour paraître calme alors qu’il reprenait d’un ton désinvolte.
«Il y a quelque chose que je chéris plus que tout au monde… Le polissage ! J’aimerais que tu me polisses le dos ! C’est un endroit tellement difficile d’accès, et comme mon partenaire n’est pas là pour le faire, tu serais une excellente remplaçante ! Avec tes petites mains, je suis sûr que tu pourras atteindre chaque recoin. Ouh, rien que d’y penser, ça me donne des frissons… C’en est presque sensuel.» Gémit Knockout en tressaillant d’anticipation.
«Sensuel ?!» S’exclama vivement Moonlight avec de grandes optiques, hébétée. C’était la seule chose qu’elle réussit à dire, après avoir envisagé mille scénarios… Et qu’absolument aucun d’entre eux ne correspondait à son imagination débordante.
Un massage… Tout ça pour ça.
«Oh que oui. Il n’y a rien de plus relaxant qu’un bon polissage après un dur travail… Surtout en bonne compagnie.» Rêvassa le mecha tout en lorgnant le plafond de son infirmerie, l’exaltation se reflétant sur son visage séducteur. Mais face au regard incrédule de la petite fembot, il se ressaisit puis poursuivit d’une expression suspicieuse, la tête penchée sur le côté.
«Mhm, avec cette tête, j’en déduis que tu n’as pas de Sparkmate qui t’attend quelque part ? Ni de Sparkmate potentiel ?» Knockout plissa les optiques jusqu’à ce qu’elle secoue la tête, presque timidement. Il haussa les épaules ; «Bon. C’est mieux ainsi.»
«Et vous ? En tant que médecin attitré, vous devez bien voir défiler du monde dans votre infirmerie. Surtout depuis que l’arène est ouverte… Quelqu’un a-t-il su conquérir votre Spark ?» Interrogea Moonlight qui se détendait enfin sur la couchette, tout en scrutant le médecin dos à elle fouillant avec enthousiasme dans une armoire contre le mur. Mais à cette question, il cessa ses recherches pour se retourner dans sa direction d’un regard évasif.
«Non. Je suis libre et indomptable, comme le vent ! Quoi qu’il en soit, je ne dis jamais non à de nouvelles expériences…» Flirta-t-il suivi de l’un de ses fameux sourires charmeurs typiques de sa personnalité extravagante.
Moonlight se contenta de lui sourire en retour. À dire vrai, elle n’y connaissait pas grand-chose en termes de relations en dehors de ses amitiés, donc elle avait un peu de mal à s’imaginer où il voulait en venir quand il disait cela. Bon, au moins il la respectait… C’était déjà ça de gagné. Pas comme le reste des Decepticons qui avaient tous la haine contre elle juste parce qu’elle était de la faction Autobot. Mais après tout, ne réagissaient-ils pas de la même façon de son côté ? Haïssant profondément chaque Decepticon sans même apprendre à les connaître ? Ils n’étaient pas tous mauvais, Knockout en était la preuve. Alors que son emprisonnement s’éternisait, elle commençait peu à peu à comprendre que certaines choses n’étaient pas exactement comme elles se présentaient et que tout le monde n’était pas aussi innocent qu’il voulait le faire croire, finalement. Des révélations plutôt bouleversantes pour quelqu’un qui avait été élevé loin de toute la misère mais aussi bercé par des idéologies idylliques depuis l’âge étincelant. Des mensonges parmi des vérités troublantes…
Après que Knockout lui eut cédé sa précieuse polisseuse pour un instant massage des plus divertissants, il fallait bien le reconnaître, Moonlight fut ensuite escortée dehors de l’infirmerie par deux Véhicons armés. Ils marchèrent tous les trois dans le plus grand des silences, le tintement de leurs armures et de leurs pedes résonnant contre les murs métalliques de ce long couloir faiblement éclairé. Pendant qu’ils avançaient vers sa nouvelle destination inconnue, Moonlight devint vite maussade. Elle devait avouer qu’elle appréciait plutôt la compagnie du médecin Decepticon, car il lui permettait de se changer un peu les idées, loin des souffrances psychologiques et physiques… Et comme il affichait une personnalité plutôt originale, voire sympathique, elle se sentait par conséquent beaucoup plus à l’aise avec lui qu’avec n’importe qui d’autre dans cette base souterraine.
La fembot introspective soupira discrètement, puis laissa tomber son regard morne au sol quand les terribles souvenirs de l’arène lui revint. Elle n’arrivait pas à chasser le souvenir fugace mais terrifiant de ce pauvre Autobot se faisant déchiqueter la tête par cette création de Shockwave… C’était désormais à jamais gravé dans son processeur. Et tout cet energon… Il y en avait eu absolument partout. Déglutissant de peur, Moonlight se concentra plutôt sur le bruit que faisaient chacun de ses pas sur le métal alors qu’elle repensait à cet immense toit s’ouvrant sur la ville de Kaon, au quarante-sixième étage. Elle comprenait mieux maintenant pourquoi il n’y avait aucun Seeker parmi les prisonniers «cobayes». C’était prendre un trop grand risque, même sans T-Cog. Si seulement elle pouvait trouver un moyen d’envoyer un signal d’alerte… Peut-être que si le toit était ouvert, elle pourrait entrer en contact avec Optimus et les autres plus facilement ? Espérer que le brouilleur ne fonctionne pas à la surface de Cybertron ?
Cependant, Moonlight s’arrêta vite de réfléchir au moment où elle crut entendre des éclats de voix à l’autre extrémité du couloir. Dans un premier temps, il n’y avait rien d’autre que le cliquetis répétitif des armures. Mais après quelques nano-kliks de plus à écouter, une voix masculine, qui éveilla en elle un sentiment de déjà-vu, s’éleva à l’intersection se trouvant à environ vingt mètres plus loin. Intriguée, la fembot de nature curieuse tendit l’audio pour tenter d’intercepter la conversation en cours et ainsi découvrir l’identité de cette voix qui lui paraissait si étrangement familière. Elle pressa machinalement le pas, mettant de la distance avec les deux Véhicons sans même s’en rendre compte tellement elle désirait connaître le propriétaire de cette voix.
«Je ne peux encore rien vous promettre, mais soyez assuré que je déploie tous mes efforts pour que notre accord s’accomplisse comme prévu. Et ce, en toute discrétion. Dans la mesure du possible, bien entendu. J’ai la confiance des Autobots, certes, mais j’ai également besoin de la vôtre, ainsi que celle de votre chef si nous souhaitons véritablement œuvrer ensemble. Vous comprendrez que la confiance se construit dans les deux sens.»
«Personne ne vous suspecte ? Pas même le Prime ?»
«Impossible. J’assure toujours mes arrières avec de bonnes excuses. Personne n’a jamais rien vu ni entendu à propos de mes petites affaires. Mais puis-je en dire autant de vous ?»
«Pour qui nous prenez-vous ?! Ce n’est pas nous qui avons des petits problèmes de discipline dans nos rangs, avec des fouineurs d’Autobots qui gâchent tous nos plans !»
«Un problème qui sera bientôt résolu. D’ici quelques groons, Optimus tiendra une réunion d’urgence. Je ne connais pas encore le motif, mais je soulèverai ce point et veillerai à ce que tous les civils soient confinés à l’intérieur de la ville. Ensuite, nous pourrons agir comme bon nous semble, sans éveiller de soupçons.»
Cette voix… Elle la connaissait ! Les pas de Moonlight s’accélérèrent, tout comme son Spark dans son châssis à ces paroles dignes d’un traître au sein même de leurs rangs. Cette voix… Pourquoi n’arrivait-elle pas à mettre un visage sur elle ?! Était-ce la crainte de le découvrir ou, tout simplement parce qu’elle était dévorée par un espoir irrationnel que peut-être, elle allait être sauvée ? Trop de suspense, trop de pression. Ignorant délibérément les deux Véhicons derrière elle qui lui ordonnaient de ralentir le pas, elle s’empressa d’atteindre la bifurcation de droite pour mettre un terme définitif à toutes ses interrogations au sujet de ce mystérieux bot. Elle déboula dans le hall, mais s’arrêta net dans sa course lorsqu’elle posa ses optiques écarquillées de surprise sur l’Autobot faisant actuellement face à Starscream et à une fembot ailée rouge, noire et orange.
«S-Sentinel ?» Articula-t-elle difficilement, sous le choc. Au son de son nom, l’ancien Prime et illustre mentor d’Optimus se tourna dans sa direction, feignant l’incrédulité, les crêtes optiques froncées. Le traître pris en flagrant délit. Ses optiques sages dévisagèrent la fille du Prime que les Véhicons venaient de saisir pour l’empêcher d’avancer plus loin dans le hall principal. La fembot se débattit légèrement contre leur emprise, mais elle était trop occupée à le regarder avec horreur, réussissant à peine à dire la chose suivante tant elle se sentait désemparée ; «Sentinel ! Mais, qu’est-ce que vous faites !»
«Voilà qui est fort regrettable. Je sais maintenant quel sujet nous allons aborder lors de cette réunion. »Soupira Sentinel tout en se massant le front, l’air irrité d’avoir été découvert.
«Qu’est-ce qu’elle fiche ici ?! Vous n’êtes même pas capables de surveiller une misérable petite fembot ?» S’exaspéra Starscream d’un cri aigu tout en croisant les bras sur son châssis, ses optiques rouges fusillant ses deux sous-fifres du regard. À côté de lui, la fembot s’exprima d’une voix grave mais harmonieuse.
«Ça doit être un malentendu. Véhicons, raccompagnez-la jusqu’à sa cellule. Elle y restera jusqu’à nouvel ordre.» Somma-t-elle froidement tout en positionnant une main à sa hanche, l’autre désignant vaguement la sortie du hall. La fembot Seeker élégante haussa une crête optique tandis que le chasseur aérien, son supérieur, émit un couinement de désapprobation en frappant le sol du talon.
«Tu n’as pas à donner des ordres ! JE commande ici. Raccompagnez-la jusqu’à sa cellule et assurez-vous qu’elle reste hors de ma vue jusqu’à nouvel ordre ! Et plus vite que ça, bande de fainéants !» Répéta aussitôt Starscream qui pointait furieusement son index griffu dans la même direction que la fembot, les ailes raides dans son dos. La Decepticon à sa gauche leva les optiques vers le plafond d’agacement, se retenant de justesse de faire un commentaire mordant sur sa réplique ridicule. Elle le haïssait avec passion, mais devait faire bonne figure par nécessité.
«Optimus avait confiance en vous… Les Autobots avaient confiance en vous ! Comment pouvez-vous nous faire ça ? Vous êtes l’un des nôtres !» Accusa férocement Moonlight qui se faisait entraîner par les Véhicons vers la sortie. Faisant à peine l’effort de suivre le mouvement, elle continua de regarder l’ancien Prime qui s’avérait être un traître avec choc et désespoir, essayant tant bien que mal de ralentir les gardes en enfonçant ses talons dans le sol. Elle répéta sans cesse les mêmes paroles tandis que les larmes remplissaient ses optiques épouvantées par cette découverte ; «C’est à cause de vous si je suis ici ! Il avait confiance en vous ! Optimus avait confiance en vous ! Vous le déshonorez, Sentinel ! Vous nous déshonorez tous !»
«Ça ne devait pas se passer comme ça…» Regretta Sentinel d’une secousse navrée de sa tête, semblant quelque peu perdu. Il n’avait pas prévu de croiser la petite fembot, ce qui pourrait nuire à ses plans dans le futur… Il attendit que les doubles portes se referment derrière les cris horrifiés de la fille du Prime pour se retourner vers ses deux interlocuteurs ailés, tous deux affichant une expression ennuyée. Le Seeker argenté reprit la parole après s’être libéré le vocaliser dans son poing.
«Nous allons couper court à la conversation. Faites en sorte qu’ils ne se doutent de rien avant que nous poursuivions notre plan ! Je ne veux plus de contretemps. Notre Seigneur va finir par s’impatienter, sinon… Ça serait dommage que nos petites affaires prennent subitement fin.» Starscream tourna lentement autour de Sentinel avec un sourire moqueur avant d’inspecter ses longues griffes pour lui mettre davantage la pression. Il jouissait de son pouvoir !
«Je vous apporterai le succès et la ville de Iacon sur un plateau d’argent en échange de mon titre de Commandant suprême des armées Decepticon. Vous avez ma parole. Starscream, Demonkill, une réunion de la plus haute importance m’attend à Iacon. J’ai encore des affaires à régler et des plans à peaufiner, alors si vous voulez bien m’excuser… Le devoir m’appelle.» Précisa Sentinel en hochant la tête poliment aux deux négociateurs Decepticons, puis il se retourna et se dirigea vers la sortie de la base souterraine en direction d’Iacon.
«Bien sûr.» Le Seeker argent sourit faussement, intérieurement fou de rage que son chef lui ait proposé son titre en échange de son allégeance à leur cause. En plus d’être des traîtres, ils étaient aussi très stupides…
Car il ne fallait jamais faire confiance aux Decepticons.
«Tu penses qu’on peut se fier à lui ?» Demanda discrètement Starscream tout en se penchant vers la fembot à ses côtés, son regard inquisiteur ne quittant jamais l’Autobot rouge disparaissant dans le large couloir.
«Ils sont tous des traîtres entre eux. On ne peut faire confiance à aucun Autobot.» Répondit platement Demonkill d’un haussement d’épaules détaché.
«C’est bien ce que je me disais... Je vais te confier une nouvelle mission. Surveille cet Autobot et, si jamais il décide de se retourner contre nous ou de nous piéger, tue-le. Est-ce clair ? De toute façon il ne prendra jamais ma place. Je ferai tout en mon pouvoir pour que cela n’arrive jamais. Mais en attendant, nous allons profiter de sa naïveté et l’utiliser comme bon nous semble, jusqu’à ce qu’il devienne un parasite à son tour. Prêt à être supprimé…» Grogna haineusement Starscream entre ses dentas avant de se retourner vers la fembot pensive, partageant un sourire complice avec elle.
«Ça sera fait.»
{==Salle de réunion Autobots, 3 groons plus tard==}
«Autobots, la situation est grave.»
«Nos ennemis ont de nouveau frappé, et cette fois, leur attaque visait ce que j’ai de plus cher. Ma fille a été enlevée pour m’atteindre personnellement, dans l’espoir de me déstabiliser, de semer le doute parmi vous. Mais cette tentative ne fait que renforcer ma détermination. Nous sommes plongés dans une guerre qui s’éternise, mais en ce cycle, je me tiens à vos côtés. Plus fort. Plus résolu que jamais. Il est temps de riposter. De rappeler à nos ennemis ce que signifie l’unité. Ce que signifie être un Autobot.»
Optimus Prime balaya lentement la salle de réunion de son regard affaibli toutefois autoritaire, scrutant attentivement chaque Autobot silencieux dispersé un peu partout autour de l’immense table centrale en verre. Ratchet, Jazz, Ironhide, Elita-1, Springer, Inferno, Air Raid, Slingshot, Fireflight, Perceptor, Red Alert, Trailbreaker, Hound… Chacun semblait prêt à intervenir au moindre ordre, le poids de la responsabilité écrasant leurs épaules. Toute une panoplie de fervents soldats Autobots était réunie à ce cycle pour trouver une solution durable à ce problème de Decepticons, afin d’en finir une bonne fois pour toutes. Leur esprit était tendu, les souvenirs des batailles passées ressurgissant dans un mélange de crainte et de détermination. Car ils avaient franchi une limite qu’il ne fallait jamais dépasser sous la dynastie des Primes modernes. Le charismatique leader rouge et bleu, debout en bout de table se redressa dignement, les bras croisés dans son dos tandis qu’il reprenait son discours d’une voix barytonne empreinte de respect.
«Des cycles sombres nous attendent, et la guerre ne peut désormais plus se contenter de mots. Mes amis, vous me connaissez tous. J’ai toujours privilégié la tactique pacifiste, fait en sorte de trouver des solutions à nos problèmes avec diplomatie et bienveillance. Mais les temps ont changé. Il ne peut plus y avoir d’autre issue que de riposter avec fermeté pour reprendre l’avantage dans cette guerre qui a trop duré. Nos ennemis s’en sont pris à la mauvaise cible, car en s’attaquant à ma fille, ils s’en sont directement pris à moi. Et je ne peux tolérer cette douleur qui me ronge depuis lors.» Expliqua-t-il d’un calme légendaire, choisissant chacun de ses mots avec minutie pour que ses alliés comprennent la gravité de la situation, en complément de sa propre souffrance silencieuse. Levant les mains de chaque côté de son châssis, il poursuivit son monologue.
«C’est pourquoi nous sommes tous réunis en ce groon. J’aurai besoin de chacun d’entre vous pour mener à bien nos recherches, afin de nous extraire de ce conflit qui s’éternise depuis des cycles entiers. Nos ancêtres ont fait de nombreux sacrifices pour que nous puissions vivre en communauté et en paix. Désormais, c’est à nous de reprendre le flambeau. Veillons à ce que leur mémoire ne soit jamais oubliée, que leurs sacrifices ne soient pas vains. Redonnons à notre peuple sa gloire d’antan !» Déclara le Prime en serrant le poing avec conviction. Masquant au mieux sa douleur derrière le masque intransigeant du commandant aguerri, il galvanisait ses troupes pour qu’elles le suivent dans cette nouvelle page de leur histoire en train de s’écrire. Après quelques instants de silence contemplatif, il se rassit en bout de table, croisant les mains sous son menton.
«Je sais ce que je vous demande. J’en connais les conséquences, et je ne prendrai aucune décision sans avoir pris en compte vos différents avis sur la question. Mais j’ai besoin de vous, Autobots. Votre soutien est indispensable pour traverser cette épreuve… Qui me terrifie.» Admit-il avec une sincérité désarmante. À cette déclaration, il reçut des regards surpris et compatissants. Aucun, néanmoins, ne reflétait le dégoût ou la haine qu’il s’était pourtant préparé à affronter dans cette réunion. Il savait que par le passé, il avait commis des erreurs lourdes de conséquences, des fautes qui auraient pu rendre certains d’entre eux méfiants voire réticents à le suivre. Ses optiques fatiguées se posèrent alors sur son vieil ami Ratchet, celui qui l’avait encouragé à s’ouvrir davantage à ses troupes, à partager ses craintes pour mieux être compris dans sa démarche. Il lui adressa un discret signe de tête en guise de remerciement pour ses conseils avisés.
«Oui, j’ai besoin de vous tous pour mener à bien cette nouvelle mission.» Répéta doucement Optimus, convaincu d’avoir trouvé les mots justes pour les motiver. Mais il tenait encore à connaître l’opinion de ses fidèles Autobots même si au fond, aucun avis ne pourrait altérer sa détermination à retrouver sa fille.
«Optimus, une fois engagés, nous ne pourrons plus faire machine arrière. J’espère que tu en as pleinement conscience.» S’exprima Fireflight après un temps de réflexion.
«C’est pourquoi je n’obligerai personne à y prendre part. Mais souvenez-vous de ceci : la guerre est à nos portes, et si nous refusons de nous battre, alors nous courrons inexorablement à la catastrophe. Nous savions que nos ennemis reviendraient plus forts, et qu’ils ne reculeraient devant rien pour prendre possession de la ville… Et du Allspark. Combien de vies allons-nous encore devoir sacrifier ?» Optimus se pencha légèrement vers l’Aerialbot rouge et blanc encore sceptique mais pas totalement fermé à la discussion.
«Retarder la guerre ne ferait que retarder l’inévitable. Je te suivrai, Optimus.» Springer se leva d’un hochement de tête motivé. Sur le siège à côté de lui, Hound se prononça.
«Cette petite n’a jamais rien fait de mal à personne… Et elle ne mérite certainement pas qu’on l’abandonne ! Surtout pas aux mains de ces assassins sans scrupules. Je t’apporterai mon soutien, Optimus. Ça fait si longtemps que mes poings attendent cette occasion de mettre une raclée à certains Decepticons !» S’enchanta-t-il tout en brandissant son poing droit d’un rire enflammé, se levant à son tour pour rejoindre son camarade et ami Springer.
«Et tu auras aussi le mien ! J’ai envie d’exploser quelques têtes !» La brute épaisse Ironhide se leva également. Cependant, l’unique fembot à sa droite secoua rapidement la tête en signe de négation, ses optiques soucieuses rivées sur le datapad devant elle qui affichait des clichés récents de Decepticons.
«Optimus, il faut aussi penser à la partie civile. Personne ne leur demande leur avis, alors qu’ils font tout autant partie de notre faction. C’est même grâce à eux que nous existons. Peut-être ne veulent-ils pas retourner dans la base souterraine et revivre cette peur de ne jamais revoir la lumière d’un nouveau cycle.» Rappela Elita-1 d’un haussement d’épaules incertain, ne souhaitant pas se jeter aveuglément dans cette nouvelle guerre sans explorer toutes les options. Il fallait absolument qu’ils apprennent de leurs erreurs passées avant de se lancer dans quoi que ce soit, car le résultat serait inévitablement le même… Des morts et de la désolation.
Victoire ou non.
«Les civils seront protégés par un groupe de valeureux soldats, placés sous le commandement d’un officier expérimenté en qui j’ai une confiance absolue. Nous allons élaborer une stratégie militaire pour frapper directement au cœur de Kaon, les prendre par surprise et détruire leur arsenal afin d’empêcher toute réplique. Nous neutraliserons le problème à sa source !» Optimus frappa son poing sur la table, ses optiques se plissant de colère. Son expression était implacable tandis qu’il s’imaginait déjà débarrasser son peuple de la tyrannie de son rival de toujours, Megatron.
«Nous pourrons apporter un soutien aérien lors de la mission de sauvetage, mais il faudra faire diversion au sol, car la ville de Kaon est immense et semée d’embûches… Et nous ne connaissons pas sa configuration exacte. De plus, je ne pense pas que les Decepticons ne se doutent de rien. Ça me paraît trop facile. Ils se préparent certainement à notre réplique. Sans parler de leur système de surveillance à la pointe de la technologie, sous le commandement de Soundwave. Ne l’oublions pas.» Indiqua Air Raid en jetant un coup d’optique aux deux autres Aerialbots présents dans la salle, en attente d’une confirmation visuelle.
«Nous disposons de bombardiers. Il suffit d’ouvrir un passage ! Détruire leurs remparts pour faire diversion.» Lança aussitôt Inferno. Il déplaça ensuite ses optiques irritées vers l’Autobot Trailbreaker lorsque celui-ci prit la parole.
«Oui, mais mettre tous nos bombardiers sur Kaon risquerait de rendre notre propre ville vulnérable aux contre-attaques des Seekers ! Je ne suis pas certain que les canons à plasma suffiraient à les repousser s’ils coordonnaient une attaque simultanée. Nous ne pouvons pas simplement déployer tout notre arsenal sans assurer une protection optimale derrière ! C’est mathématiquement impossible et moralement intolérable.» Objecta-t-il vivement en s’enfonçant dans sa chaise, les bras croisés sur son châssis noir mastoc, agacé.
«Il faudrait déjà réussir à neutraliser cet abruti de Starscream… Sans commandant, les Seekers seraient désorientés.» Ironhide grimaça après s’être rassit sur sa propre chaise, la mine renfrognée avant de tourner la tête vers Jazz quand ce dernier s’exclama à son tour.
«Ça peut s’arranger. Je peux prendre contact avec l’espion sur le terrain pour qu’il nous négocie une rencontre. Il faudra juste trouver des arguments convaincants pour le faire sortir de son trou… Parce qu’il est méfiant, le bougre. Peut-être lui promettre un rang plus élevé que ce qu’il a actuellement ou un truc dans le genre… De toute façon, il est aussi fidèle à Megatron que l’intelligence de Bulkhead.» Plaisanta-t-il tout en posant ses pedes sur la table pour pouvoir se balancer d’avant en arrière sur sa chaise, sa visière bleue masquant ses optiques amusées.
«Je crois que j’ai une bien meilleure idée.» Perceptor secoua son index puis se tourna vers Optimus pour lui faire part de sa fameuse proposition ; «Et si nous utilisions l’espion pour pirater la salle des commandes ? C’est Soundwave qui dirige toutes les opérations à distance, non ? Alors si nous privons les Decepticons de leurs optiques, ils seront aveugles et désarçonnés ! Ce qui nous permettrait d’avoir un avantage considérable sur le terrain tout en assurant nos arrières. Plus de drones de surveillance, plus de caméras ! L’infiltration deviendrait beaucoup plus facile.»
«Ce n’est pas une mauvaise idée. Même si j’ai quelques doutes quant à la réussite de ce plan, avec Soundwave. Il est difficilement neutralisable. Mais peut-être que désactiver la console de commande couperait aussi le brouilleur… Ce qui nous permettrait d’avoir la localisation exacte de la fembot.» Accorda Slingshot d’un hochement de tête songeur, un doigt tapotant la table en verre tandis qu’il levait ses optiques vers le Prime impassible pour avoir son avis.
Optimus se contenta de réfléchir pour le moment. Plusieurs manœuvres avaient été évoquées autour de cette table, toutes intéressantes certes, mais aucune ne le satisfaisait pleinement. Il avait l’impression que c’était exactement ce que leurs ennemis attendaient, une réponse prévisible. Lui voulait au contraire agir dans la surprise, coûte que coûte, pour assurer le sauvetage de sa fille et, si possible, récupérer les Autobots retenus en otage. Il était crucial d’éviter toute prévisibilité, afin que Megatron ne puisse ni anticiper leurs actions, ni déployer ses Véhicons. Ces paramètres étaient essentiels, car il n’y aurait pas de seconde chance. Il en était persuadé. Surtout, il ne concevait pas de prendre une décision qui mettrait Moonlight en péril ou offrirait à Megatron une ouverture de contre-attaque. Les conséquences en seraient désastreuses... S’adossant au dossier de sa chaise et posant une main sous son menton, le Prime dirigea son regard vers le seul Autobot à la table qui ne s’était pas encore exprimé de toute la réunion.
«Sentinel, vous êtes bien silencieux…» Lui dit-il, interrompant toute interaction entre les bots pour imposer un silence alors que l’Autobot rouge redressait la tête pour regarder le commandant intrigué par son abstinence.
«Eh bien, je réfléchissais aux éventualités. Ces propositions ne sont pas complètement dépourvues de sens, mais nous en oublions les fondamentaux. Les Decepticons sont des êtres maléfiques. Ils savent que nous préparons une offensive, cela ne fait plus aucun doute.» Déclara gravement ce dernier, d’un calme presque dérangeant.
«Alors, que proposez-vous ?» Encouragea Optimus qui faisait entièrement confiance en la sagesse innée de son mentor et guide de toujours.
«Je pense que la meilleure chose à faire est de diviser pour mieux régner. Tendons-leur des pièges, réalisons des guets-apens dès que l’occasion se présentera. Faisons des prisonniers de guerre pour les obliger à négocier un traité de paix.» Proposa Sentinel pour commencer, mais il fut rapidement coupé par un Ironhide survolté.
«Ça prendrait beaucoup trop de temps ! Nous ignorons ce qu’ils sont en train de manigancer à l’intérieur de cette ville moisie ! Ce qu’ils ont prévu de faire avec la gamine pour arriver à leurs fins… C’est bien ça, le problème. Nous ne savons rien du tout !» S’écria sèchement le mecha noir qui se laissa mollement retomber sur son siège, laissant échapper un soupir consterné. À cette vive déclaration, les autres robots autour de la table approuvèrent ses propos d’un hochement de tête. L’Autobot le plus âgé de la salle rétorqua sans attendre.
«C’est pour cette raison que je propose que nous déployions nos meilleurs espions pour dénicher un maximum d’informations. Optons pour la discrétion pour le moment. Ensuite, nous pourrons envoyer une équipe infiltrer la ville en passant par le réseau de tunnels sous la base souterraine… En espérant qu’ils soient encore libres d’accès à ce cycle.» Indiqua Sentinel en jouant sur les mots pour que personne ici ne découvre ses réelles intentions, prenant aussi garde de ne pas trop en dire sur la disposition de la base Decepticon. Il restait volontairement vague.
«Autobots, nous reprendrons cette conversation plus tard. J’aimerais m’entretenir seul avec Sentinel, si vous voulez bien m’accorder quelques instants…» Sollicita Optimus d’un regard d’excuse aux robots qui se levaient et chuchotaient entre eux tandis qu’ils rejoignaient tous la sortie de la salle de réunion.
Enfin, presque tous.
Sentinel, ayant accepté la requête, attendait patiemment sur sa chaise d’être enfin seul avec son ancien élève rongé par les doutes et les remords. Ce dernier avait besoin de se confier en tête-à-tête, et Sentinel ne pouvait rêver mieux pour atteindre son objectif. Le piège se refermait. Se levant lentement d’un soupir de fatigue, il rejoignit la baie vitrée au fond de la pièce en invitant Optimus à le suivre pour contempler la vue incomparable sur la ville de Iacon en pleine activité à ce moment du cycle. Des jets fondaient dans les cieux, le bruit des moteurs à plein régime des véhicules terrestres leur parvenait aux audios. Un silence s’installa naturellement entre les deux grands mechas, plongés dans une rétrospection silencieuse sur l’avenir, jusqu’à ce que le plus ancien ne se tourne vers le Prime actuellement au pouvoir. Son expression autoritaire avait laissé place à une incertitude mêlée d’un soupçon de peur, alors qu’il s’exprimait avec une profonde mélancolie.
«Ma fille est en danger de mort. Elle risque sa vie à chaque instant de plus passé dans cet endroit, je le sens, ici.» Optimus posa sa main au-dessus de son Spark constamment malmené et douloureux. Sa douleur se mêlait parfois à celle de sa création lorsqu’elle traversait des moments difficiles chez leurs ennemis, ce qui augmentait toujours un peu plus sa culpabilité de ne pas avoir réussi à la protéger. Se penchant vers l’Autobot qu’il considérait comme le plus sage de tous, il poursuivit avec empressement, la voix toujours empreinte d’affliction ; «Et cette douleur insoutenable ne disparaîtra pas tant que je ne l’aurai pas arrachée à cet enfer, Sentinel. Si cela ne tenait qu’à moi, je serais déjà là-bas. J’aurais renoncé à mon titre pour la ramener saine et sauve. C’est pourquoi j’ai besoin de vous, de votre clairvoyance, en ce cycle plus que jamais. Aidez-moi à traverser cette épreuve.»
«Je comprends ta douleur, Optimus. Je l’entends. Aucun créateur ne devrait avoir à subir un tel fardeau imposé par le destin… C’est pourquoi je rejoins ton avis. Mais il ne faut pas non plus se précipiter et enchaîner les erreurs comme autrefois. Des erreurs qui ont coûté la vie à bon nombre de nos frères parce que tu étais trop aveuglé par tes émotions. Ne répétons pas cela. Monte une équipe de braves Autobots pour cette mission. Moi, je m’occuperai de la ville pendant ton absence. Accorde-moi simplement un peu de temps pour que je puisse m’organiser. Nous ferons tout pour la récupérer et la ramener en sécurité, tu as ma parole.» Sentinel sourit doucement à Optimus puis posa sa main sur son épaule, intérieurement soulagé en voyant son soupir d’abattement.
«J’ai appris à porter le poids de mes erreurs, mais la culpabilité ne s’estompe pas avec le temps. Je crois que l’idée de Perceptor est une bonne solution à court terme. Utiliser l’espion nous donnerait un avantage certain et nous permettrait d’obtenir des informations cruciales sur l’emplacement de Moonlight, nous habilitant ainsi à cibler nos attaques…» Le mecha rouge et bleu hocha pensivement la tête, ses optiques ternes s’égarant sur les édifices de la ville derrière la vitre, une douleur sourde au Spark qui ne voulait plus disparaître. Les remords en étaient la principale cause.
«Nous ignorons si nous pouvons lui faire confiance ! Et si ce… Bot n’était pas l’un d’entre eux, infiltré sous couverture ? D’ailleurs, qui est-ce ?» Questionna subtilement Sentinel, désireux de connaître l’identité de cet espion pour pouvoir l’offrir aux Decepticons. Une aubaine pour lui !
«Secret confidentiel. Pardonnez-moi, mais pour le bien de la mission, je suis dans l’interdiction de divulguer son identité. À personne, tel est le souhait de Jazz.» S’excusa Optimus d’une touche d’embarras dans sa voix, ne voulant surtout pas froisser son mentor qu’il respectait profondément.
«Je comprends.» Sentinel cacha sa déception.
«Merci… Je ne sais pas ce que nous ferions sans vous dans des moments pareils. J’espère être à la hauteur, comme vous l’avez toujours été. Et qu’un cycle prochain, je serai enfin digne de porter ce titre.» Avoua le Prime se sous-estimant, partageant ses plus profondes craintes avec l’ancien détenteur de la Matrice. Pour lui, tant que ses erreurs passées ne seraient pas entièrement réparées, il ne méritait pas ce statut honorable de Prime. Ce que Sentinel s’empressa de défendre.
«La sagesse et l’humilité se gagnent avec le temps et par nos actes. On ne naît pas Prime, on le devient. C’est la population qui juge si nous sommes dignes de porter ce titre, ce lourd fardeau qu’est celui de dirigeant d’un peuple divisé par les idéologies. Il y aura toujours des choix à faire pour le bien de tous, même si cela signifie parfois mettre en péril ceux que nous aimons plus que tout. Sans sacrifice, il n’y a pas de victoire. Souviens-t’en. Tu dois encore apprendre à avoir confiance en toi, Optimus. À écouter ton Spark plutôt que ta tête. Ne laisse personne se mettre en travers de ta route, comprends-tu ?» Sentinel scruta les optiques d’Optimus, cherchant la moindre trace de doute, mais il n’y trouva que cette confiance aveugle.
«Oui. Mais si l’idée d’abandonner ma fille devient une réalité, alors je m’y opposerai, quitte à perdre mon titre si nécessaire. Rien n’a plus de valeur qu’elle, Sentinel, gardez-le à l’esprit.» Prévint l’Autobot.
«Évidemment ! C’est ce que n’importe quel créateur ferait. Je suis si fier de toi. Maintenant, nous allons établir un plan pour récupérer Moonlight et la sortir des griffes de ces monstres ! Ne t’en fais pas, nous trouverons un moyen.» Sentinel laissa le Prime encore perdu dans ses pensées puis se dirigea vers la porte pour rappeler tout le monde à l’intérieur, présumant que la conversation privée était terminée.
Mais alors qu’il s’éloignait, Optimus fut envahi par un violent sentiment de suspicion, comme si un sixième sens venait de s’éveiller en lui. Il avait l’impression que quelque chose clochait avec son ancien mentor… Qu’il ne lui disait pas toute la vérité, qu’il essayait de le manipuler, de lui cacher des choses importantes. Les souvenirs de missions passées et d’erreurs évitées de justesse affluaient dans son esprit, amplifiant son malaise dans ses circuits. Pourtant, aussitôt que ce sentiment désagréable apparut dans son Spark, il l’écarta rapidement, attribuant cette sensation à de la paranoïa. Juste de la paranoïa. Il secoua mentalement les images et pensées parasites, tentant de se recentrer sur les priorités immédiates plutôt que sur ses drôles d’intuitions. C’était sans doute toute cette souffrance morale et ses doutes sur ses propres capacités qui fragilisaient sa confiance, même envers ses amitiés les plus loyales. Il ne devait surtout pas céder. Il devait rester lucide, prudent et prévoyant en toutes circonstances. Chaque décision pouvait influencer le destin de milliers d’Autobots et de Cybertron lui-même. Sa fille avait besoin de lui, alors il ne pouvait pas se permettre de remettre en question ses relations à un moment aussi crucial où toute sa concentration et toutes ses capacités étaient indispensables.
Tiens bon. Optimus retrouva sa dignité tandis qu’il se retournait vers ses Autobots pour finir cette réunion d’urgence.
Plus déterminé que jamais.
À suivre…
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