Petite Etincelle

Chapitre 38

11002 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/08/2025 20:01

Après un certain temps d’absence, me voici avec la suite de mon histoire. Un retour en force avec ce gros chapitre !

CHAPITRE 38

{==Bains publics, 2 cycles plus tard==}

POV Normal

Les bains publics étaient un endroit très prisé par les Autobots lorsqu’il s’agissait de se détendre après un long cycle de travail. Situé au sud de Iacon, dans un quartier aisé de la ville, l’immense bâtiment se détachait parmi les autres grâce à sa forme ronde et à son vitrail central coloré, insolite. Son architecture singulière s’imposait avec élégance entre les tours résidentielles et les centres aux fonctions multiples. Certains y venaient pour se ressourcer en silence, tandis que d’autres préféraient échanger des récits de bataille ou méditer dans une atmosphère feutrée. À tout moment du cycle, des bruissements métalliques et des éclats de voix filtraient à travers les parois isolées, témoignant d’instants de relâche partagés entre compagnons d’armes. Des instants rares où chacun avait le droit de se relaxer, sans la pression constante d’une mission ni celle d’un devoir à accomplir.

L’intérieur du bâtiment, aux proportions colossales, abritait huit vastes bassins capables d’accueillir des dizaines de robots à la fois. Seuls les adultes y étaient autorisés, afin de préserver un environnement calme et sécurisé, propice à la détente. Des cristaux d’energon incrustés dans les murs dessinaient de délicats motifs, diffusant une lumière douce aux teintes bleutées changeantes. De fins piliers sculptés se dressaient jusqu’au plafond, lequel formait un large dôme central composé de vitres teintées filtrant la lumière naturelle des soleils, baignant la salle d’une clarté tamisée. Ces vitraux colorés projetaient des éclats chatoyants sur le sol et à la surface des bassins, composant un jeu de lumières apaisant. Presque hypnotique. Sur chacun des piliers, des dispositifs lumineux pulsaient lentement, modulant leur éclat pour apporter une touche supplémentaire de relaxation à leurs occupants. Une subtile odeur métallique mêlée à celle d’energon raffiné infusait l’atmosphère, renforçant l’impression de purification et de renouveau.

À ce moment-là du cycle, tous les bassins étaient fréquentés. Des robots de toutes tailles se mélangeaient, discutaient et riaient entre eux pendant que les bains à haute température détendaient leurs câbles et circuits. La chaleur y atteignait facilement les quatre-vingts degrés… Un mélange parfait d’huile et d’émulsion lustrante emplissait les cuves, très apprécié des Autobots pour ses vertus relaxantes et réparatrices sur le protoforme. Deux autres bassins, un peu plus petits et situés de part et d’autre de la salle, étaient encore plus chauds et agités de remous, offrant un remède idéal contre les crampes ou les câbles trop tendus. Des Autobots s’y étaient glissés jusqu’aux épaules pour profiter pleinement de ces installations alliant confort et efficacité. D’autres préféraient les bains d’huile aux bains à remous, ou encore les zones de polissage, où des jets puissants s’insinuaient dans les moindres recoins de leur armure. Chaque robot entrant dans ce sanctuaire mêlant luxe et détente devait obligatoirement passer par les douches avant d’accéder aux différentes installations.

Dans l’un des bassins à l’avant-gauche de l’entrée, abrité sous un pilier sculpté et orné d’un cristal luminescent, une douce lumière irisée se diffusait, caressant la surface de l’huile chaude d’une lueur apaisante. Là, un petit groupe d’Autobots se trouvait, s’échangeant paroles et rires dans une atmosphère à la fois détendue et complice. Arcee, Tailgate, Trailbreaker ainsi que Jazz se prélassaient dans cette huile bouillante, dont la chaleur enveloppante détendait leurs mécanismes. Leurs voix s’entremêlaient au doux clapotis du liquide, alors que leurs regards exprimaient autant de complicité que de sérieux face aux enjeux abordés. Leurs sourires, francs et sincères, révélaient une rare accalmie dans le tumulte de leurs existences. Leur Spark était réconforté. Dans ce lieu, les problèmes restaient à l’extérieur. Personne n’avait envie de laisser les tensions du quotidien assombrir ses pensées. Ici, c’était un sanctuaire de calme et de répit, où l’esprit pouvait enfin vagabonder vers des horizons plus lumineux. Sans tracas, sans haine ni rancœur. La seule fembot du groupe appréciait tout particulièrement ces séances de détente et de décrassage dans les bains publics, c’était l’une de ses activités favorites !

Riant aux éclats après une blague bien placée de la part de Trailbreaker, Arcee se laissa glisser dans l’huile jusqu’à ce que la substance visqueuse mais légère lui recouvre entièrement les épaules. Son parfum subtil, mêlant des notes métalliques aux composants synthétiques, éveillait les sens tout en apaisant les tensions. Chaque immersion dans ce liquide était un baume pour les châssis fatigués, un soin aussi bien pour la mécanique que pour l’esprit. La fembot bleue et rose poussa un profond soupir de satisfaction lorsque la chaleur se diffusa le long de chacune de ses articulations. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu l’occasion de revenir aux bains... Ce fut à ce moment-là qu’elle réalisa à quel point les dernières périodes avaient été éprouvantes. À quel point son protoforme était tendu. Glissant ses mains à la surface huileuse d’une belle couleur or, elle leva les bras pour déverser un peu de ce mélange sur son casque. De fines microparticules s’infiltrèrent entre les interstices de son armure. Elle frissonna de plaisir, ce qui sembla beaucoup amuser Jazz et Trailbreaker.

«Il n’y a décidément rien de mieux qu’un bon bain chaud après un dur cycle de travail !» Soupira finalement Arcee, complètement détendue. À sa gauche, le robot blanc et bleu nommé Tailgate hocha vivement la tête d’un large sourire conquis.

«Tu avais raison, Arcee. Ces bains… C’est exactement ce qu’il nous fallait. Je suis vraiment content de t’avoir suivie. Franchement, je crois que j’avais oublié ce que ça faisait de se détendre pour de vrai.» Ricana-t-il doucement en adoptant la même posture qu’Arcee, pratiquement submergé par l’huile chaude. En face des deux robots en pleine relaxation, Jazz prit la parole d’un ton détaché, le menton légèrement levé et les optiques fixées sur les vitraux colorés qui dominaient la salle. La lumière filtrée dansait doucement à la surface du bain, projetant sur son châssis des reflets mouvants aux teintes relaxantes.

«Vous avez entendu les résultats de la dernière mission sur les frontières ? Ces Decepticons deviennent de plus en plus rusés… On va devoir redoubler de vigilance.» Déclara-t-il d’un léger haussement d’épaules, ce qui alerta immédiatement Trailbreaker, le mecha noir, rouge et blanc.

«Je croyais qu’ils se faisaient discrets depuis leur dernière grosse défaite ?» S’étonna ce dernier, les crêtes optiques arquées par l’incompréhension. Trailbreaker était un imposant robot au tempérament jovial, souvent prompt à faire une remarque légère pour détendre l’atmosphère. Toutefois, derrière son humour constant se cachait un manque de confiance bien ancré, alimenté par une impression tenace d’être un poids pour les siens après un échec particulièrement douloureux. Une impression qu’aucun de ses compagnons ne partageait, mais qu’il peinait à chasser de ses circuits.

«C’est ce qu’on croyait tous. Mais ils n’ont jamais cessé de piller les mines d’energon. À croire qu’ils avaient un plan B sous le coude.» Regretta Jazz en secouant légèrement la tête, un brin d’amertume dans la voix. Jetant un coup d’optique à un bot qui passait non loin, il reprit d’un ton plus posé ; «Plusieurs de nos équipes ont déjà intercepté des groupes de Véhicons vers la Montagne de Cristal et proche des mines du Sud. On n’a peut-être plus de nouvelles de Megatron et de sa clique, mais ça ne veut pas dire qu’ils restent bien sagement derrière leurs remparts. Faut rester aux aguets et se méfier de l’huile qui dort.»

«Les gars…» Intervint Arcee dans un petit grognement, visiblement agacée par la tournure qu’avait prise la conversation. Mais Trailbreaker ne s’en formalisa pas et poursuivit, sa voix grave résonnant doucement dans la vapeur environnante.

«C’est vraiment étrange… Ils sont pourtant rancuniers, non ? Je veux dire, s’ils préparaient quelque chose de gros, on aurait dû capter des signes, des mouvements suspects. Là, c’est comme s’ils restaient dans l’ombre juste pour nous faire cogiter. Et franchement, j’aime pas ça du tout. Ça ne me dit rien qui vaille.» Ajouta-t-il aussitôt d’une moue de dégoût, ce qui incita Jazz à aborder le sujet qui fâchait toute la population depuis quelques cycles.

«C’est peut-être parce qu’on a réussi à coincer l’un des plus gros traîtres de notre histoire.»

Jazz toussota dans son poing, jetant un regard discret autour de lui au cas où des audios indiscrètes traîneraient dans les bains voisins.

«Jazz !» Rouspéta la fembot en claquant ses mains dans l’huile.

«Quoi ? Que ça te plaise ou non, c’est un sujet d’actualité.» Se défendit le mecha d’un haussement d’épaules innocent, incapable de saisir pourquoi on lui interdirait d’en parler avec ses coéquipiers.

«On est venu ici pour se détendre et laisser nos problèmes dehors ! Tu t’en souviens ? Pas pour ressasser les trahisons et les complots. T’as vraiment envie de gâcher ce moment ?» Répliqua Arcee, les optiques rétrécies en signe d’avertissement au bot qui semblait sur le point de relancer le débat.

«T’inquiète, Arcee, je sais quand me taire. Mais tu sais aussi que j’ai du mal à garder le silence longtemps, surtout sur les sujets qui fâchent.» Jazz esquissa un petit sourire en coin, toujours un peu taquin même quand il fallait redevenir sérieux.

«Vous parlez de Sentinel ?» S’enquit Tailgate, un brin inquiet mais curieux.

«Moins fort !» Murmurèrent Arcee et Jazz en chœur, levant la main dans un geste instinctif pour le faire taire.

«Ben quoi ? Y’a pas de quoi avoir honte. On a le droit de s’exprimer. Je sais que c’est un sujet sensible, mais on est tous dans le même combat, non ? Faut bien qu’on puisse en parler, un cycle ou l’autre.» Tailgate ne comprenait pas pourquoi ce sujet en particulier était aussi tabou. Le mecha de taille moyenne leva les mains à ses côtés tandis que Jazz scrutait les alentours, un réflexe forgé par des cycles stellaires d’expérience en tant qu’espion. Alors, si même le saboteur d’ordinaire si loquace préférait rester discret, c’était que ce débat dépassait largement les simples rancunes personnelles. C’était une blessure profonde, un rappel douloureux de trahisons qui avaient failli coûter cher à leur cause. Jazz jeta un coup d’optique furtif autour d’eux, puis murmura d’une voix pleine de gravité.

«Sentinel n’est pas juste un traître parmi tant d’autres. Il constitue une fracture dans notre histoire, une menace qui pourrait ressurgir au pire moment. Il représentait l’espoir et la confiance pour beaucoup d’entre nous. Alors si l’ancien Prime tombe, notre peuple risque de se diviser et, de ce fait, de perdre toute cohésion face à l’ennemi. Ce serait le chaos, et Megatron n’aurait plus qu’à en profiter. Dans un tel contexte politique, même le dévouement d’Optimus ne suffira plus à empêcher l’effondrement. Et à ce moment-là, on pourra dire adieu à notre belle unité.» Répondit l’Autobot bleu et blanc d’une pointe d’ironie, s’appuyant tranquillement le long du bord du bassin avec les bras étirés de part et d’autre. Après avoir échangé un regard appuyé avec les autres, il reprit.

«Mais mon instinct et mon expérience me disent que ce n’est que le commencement des ennuis. Je ne serais pas surpris de voir un nouveau rebondissement dans cette affaire. Il est rusé, il sait comment attirer la sympathie des bots et influencer les esprits. Il a toujours été fort pour ça. Sentinel joue sa partie comme un vrai maître du jeu. Il manipule les failles, sème le doute, et revient plus fort quand on s’y attend le moins. Même s’il incarnait autrefois la grandeur et l’honneur, pour moi, il a toujours été un symbole de trahison et de danger latent. Je ne lui ai jamais fait confiance. J’ai toujours senti que quelque chose clochait. C’est un stratège impitoyable, capable de cacher ses véritables intentions derrière un masque de loyauté. Il ne faut jamais sous-estimer sa capacité à retourner la situation à son avantage, même quand tout semble perdu. J’te parierais même qu’il a réussi à embobiner les Decepticons ! Il fout le bazar sur tous les terrains, ce vieux rouillé.» Déclara sombrement le saboteur de l’équipe.

«Tu penses qu’il était avec eux depuis sa passation de pouvoir à Optimus Prime ?» Interrogea Trailbreaker, abandonnant son humour pour le troquer contre une inquiétude palpable.

«Je suis même persuadé qu’il est à l’origine de l’enlèvement de Moonlight. Et si je pousse encore plus loin mes suspicions, il pourrait bien avoir contribué à la chute de Trypican. On est plus sûr de rien. J’ai le pressentiment que ce gars-là est impliqué dans pas mal de magouilles. Il y a trop de zones d’ombre autour de lui pour ne pas le soupçonner de quelque chose. Il pue l’embrouille.» Pour animer ses paroles, il secoua sa main devant son visage exprimant un profond dégoût.

«Si Sentinel est vraiment un traître.» Arcee insista lourdement sur le mot est, sa voix chargée d’accusation alors que ses optiques s’assombrissaient.

Aucun Autobot ne prit la peine de réagir à sa dernière remarque. Pourtant, dans ce sanctuaire de sérénité, le silence pesant en disait plus long que tous les mots. Les opinions étaient partagées, divisées entre deux camps depuis la grande annonce d’Optimus Prime, faite sur la place centrale devant le Haut Conseil. Les rumeurs se répandaient dans les rues comme une traînée de poudre. Les habitants se posaient mille questions, et la plupart redoutaient qu’il s’agisse d’une erreur de jugement, d’une immense méprise survenue après le retour de leur grand guide derrière les lignes ennemies. Qui pouvait croire que ce mecha-là, après des cycles stellaires de loyaux services, avait soudainement choisi de rallier Megatron et son armée ? Une hypothèse difficile à accepter, presque impensable pour beaucoup. Leur peuple souffrait déjà d’un manque cruel de pièces de rechange, et voilà qu’ils frôlaient à présent une nouvelle crise ! Combien de temps encore tiendraient-ils avant qu’une guerre civile ne déchire leur société ? Que des rixes éclatent dans les rues à cause d’avis divergents ?

Si le but de Megatron était de semer la discorde parmi leurs rangs, alors il avait gagné.

«Hé, vous savez pourquoi les Decepticons évitent les bains d’huile ? Parce qu’ils préfèrent rester secs dans leurs plans foireux !» S’exclama soudainement Trailbreaker dans une vaine tentative de détendre l’atmosphère devenue lourde entre eux. Toutes les optiques sans exception se rivèrent sur lui, écarquillées et teintées de surprise. L’effet fut immédiat.

«C’est nul !» Rit Arcee avant d’éclabousser le grand mecha face à elle.

Jazz et Tailgate se mirent à rire aussi, alors que Trailbreaker se couvrait les optiques pour empêcher l’huile de l’aveugler temporairement, feignant d’avoir été gravement touché d’un gémissement théâtral. Ce qui sembla beaucoup amuser la petite fembot qui continua de lui envoyer des projectiles jusqu’à ce qu’il capitule sous ses jets d’huile moqueurs, éclatant finalement de rire à son tour. Il n’aimait pas voir ses amis divisés, leurs opinions s’opposant parfois avec trop de véhémence, surtout lorsque cela créait des tensions là où il préférait voir de la solidarité. De la complicité. Celle qu’ils partageaient avant la réapparition soudaine de Sentinel Prime. Il refusait que ce vieillard manipulateur détruise ce qu’ils avaient mis des vorns à bâtir au fil des conflits. Cette force unique qui les avait toujours maintenus soudés. Leur unicité, même dans l’adversité. Il ne fallait pas que leurs valeurs disparaissent soudainement, englouties par des circonstances qui déchiraient leur peuple… Cela l’angoissait.

Divertie et à nouveau détendue, Arcee dirigea son regard vers l’entrée où défilaient quelques bots lorsqu’elle crut entrevoir une silhouette familière. Clignant des optiques de perplexité, elle fixa le robot aux teintes orange, jaune et rouge qu’elle finit par reconnaître après quelques nano-kliks à l’observer. Non, elle ne rêvait pas. Les crêtes optiques légèrement froncées, elle s’attarda un instant de plus sur le jeune Hot Rod qui venait tout juste d’apparaître dans les bains publics. Voilà qui était pour le moins inattendu… Personne ne l’avait jamais vu traîner dans ce genre d’endroit. Planté au milieu de l’allée principale, le mecha semblait hésitant, presque perdu, ses optiques ternes balayant les coins et recoins comme s’il cherchait quelque chose… Ou plutôt quelqu’un. Ses épaules s’affaissèrent et son regard glissa vers le sol lisse, laissant deviner une certaine déception. Ce qui frappa le plus Arcee, ce fut cette mélancolie silencieuse qui émanait de son cadre. Rien à voir avec le Hot Rod téméraire et impulsif qu’elle avait appris à connaître lors de leur petite escapade sur les ruines de Trypican.

«Hey ! Hot Rod ! Par ici ! Joins-toi donc à nous.» Lança la fembot en souriant, tendant le bras dans un geste amical pour inviter le mecha abattu à se joindre au groupe. À l’appel de son nom, Hot Rod redressa la tête vers le bain actuellement occupé par quatre robots de différentes corpulences. Jetant d’abord quelques coups d’optique à gauche puis à droite, Hot Rod s’empressa de rejoindre Arcee et les autres en passant entre deux grands mechas recouverts d’huile, se sentant ridiculement petit tout à coup.

«Mon petit Hot Rod, que nous vaut ce plaisir ?» Salua Jazz d’un hochement de tête poli lorsque le plus jeune hésita à entrer dans le bain avec eux, avant de finalement franchir le pas.

«Tu as perdu ta dani ?» Ricana Trailbreaker.

«C’est peut-être sa dignité, qu’il cherche.» Lâcha spontanément Tailgate avec un petit sourire moqueur, ses optiques suivant les mouvements de Hot Rod étrangement silencieux pour une fois. Face à lui, Jazz renchérit.

«Bah alors, c’est quoi cette mine de dépité ?» Le saboteur était curieux de savoir ce qui rendait Hot Rod aussi mal à l’aise et rigide si soudainement. Il leva les optiques vers Tailgate à côté d’Arcee quand il se décala un peu pour laisser passer Hot Rod, toujours muet. Sa curiosité grandit.

«Ta petite copine te fait des misères ? Tu n’as pas réussi à avoir le dernier mot ? Remarque, ça serait marrant.» Déclara-t-il d’un petit rire à la fin de sa phrase en imaginant la fille du Prime malmener un mecha comme lui, aussi impulsif que têtu. Le scénario qu’il s’imaginait était plutôt drôle !

«Regarde-le ! Il fait son petit timide.» Taquina le plus grand mecha du groupe d’un coup de coude à Jazz à sa droite qui pouffa de rire en réponse. Effectivement, malgré leurs nombreuses plaisanteries, Hot Rod demeurait étonnamment tranquille et taciturne.

«C’est vrai qu’on à pas l’habitude de le voir comme ça.» Gloussa Jazz.

«Où est l’autre comique de Sideswipe ? Tu sais, celui que tu traînes partout avec toi…» Trailbreaker haussa les épaules d’un geste blasé de sa main, en l’absence du robot rouge connu pour faire l’imbécile dans toutes les situations. La figure rebelle que les plus vieux trouvaient ennuyeuse et agaçante, tout autant qu’Hot Rod.

«J’avais presque réussi à l’oublier, celui-là…» Grogna Tailgate qui soupira de lassitude tout en se frottant les optiques. Le mecha noir, rouge et blanc eut soudain une idée pour tenter une nouvelle fois de détendre l’atmosphère, comme en témoignait son petit sourire malicieux.

«J’ai une devinette pour vous. Pourquoi Hot Rod aime-t-il tant les courses ?» Trailbreaker marqua un temps de pause, ses optiques passant de robot en robot, surexcité par sa future blague. Tous les regards se braquèrent sur lui, à l’exception du principal concerné ; «Parce que c’est le seul moment où il peut vraiment essayer d’échapper à ses responsabilités !»

«Elle est bonne, celle-là !» Rit Jazz en secouant son index à Trailbreaker d’une humeur espiègle ce cycle. Cependant, leurs rires furent brusquement coupés par l’intervention de l’unique fembot dans le bain.

«Roh les gars, ça va, arrêtez. Vous n’êtes vraiment pas sympas. Vous vous comportez comme des étincelants. Vous voyez bien qu’il n’est pas en forme !» Railla Arcee en levant les optiques au plafond. Décidément, ils n’en rataient pas une… Plus agacée qu’amusée par leur comportement, elle fit une petite place au plus jeune mecha pour qu’il s’installe auprès d’elle. La fembot n’avait pas vraiment de problème avec Hot Rod. Elle avait un peu appris à le connaître lors de leur mission avec Bumblebee et avait découvert une autre facette chez lui, bien différente du mecha blagueur et décontracté qu’il passait son temps à afficher. Celle d’un allié redoutable, en qui l’on pouvait placer toute sa confiance pendant les combats.

«Qu’est-ce qui t’arrive, Hot Rod ? Il y a un problème ?» Lui demanda-t-elle, soucieuse.

«Maintenant que tu le dis, on ne te voit pas souvent aussi calme et discret. Tu es toujours le premier à faire les quatre cents coups avec Sideswipe.» Dénonça Trailbreaker, ce qui lui valut un regard noir de la part de la fembot. Offusqué, il leva les bras en signe de reddition.

«Ouais, toujours à faire des conneries.» Insista Jazz d’un soupir audible, connaissant trop bien la situation. Il ne comptait même plus le nombre de fois où ces deux-là avaient fichu la pagaille, provoquant des embrouilles à n’en plus finir…

«Je cherchais Moonlight. Elle et moi… On s’est disputés.» Finit par s’exprimer le plus jeune à la tête basse, suscitant un soupir collectif.

«Mais c’est qu’il a de la repartie, le p’tit !» S’esclaffa Trailbreaker en frappant ses grandes mains dans l’huile, ce qui eut pour conséquence d’éclabousser tout le monde.

«Elle n’est pas là !» Ironique, Jazz fit remarquer l’évidence en levant la main pour empêcher l’huile de toucher ses optiques plissées. Puis ce fut au tour de Tailgate de prendre la parole.

«Je ne l’ai pas recroisée depuis sa sortie. Elle est peut-être dans les ruines avec le grand chef ? En général, à ce moment du cycle, elle se trouverait plutôt sous le métal que dans un endroit comme celui-ci. Tu aurais sans doute plus de chance si tu concentrais tes recherches là-bas.» Proposa-t-il en haussant légèrement les épaules, mais sa partenaire Arcee décida d’intervenir.

«Qu’est-ce qui s’est passé, exactement ?» La fembot bleue et rose se tourna vers Hot Rod d’une tranquillité surprenante, tandis qu’il se redressait pour la regarder d’un air embarrassé.

«Je n’ai pas été un très bon ami… Je n’ai pas assuré quand elle avait le plus besoin de moi. J’ai… Été idiot, et je m’en veux. Je lui ai dis des choses que je regrette, j’ai aussi mal agi, et maintenant je suis sûr qu’elle ne voudra plus me parler. Je ne sais pas quoi faire, Arcee… Je ne suis pas très doué pour les excuses, ni pour exprimer ce que je ressens. J’ai l’impression de tout gâcher à chaque fois.» Admit Hot Rod en laissant tomber son menton, ses optiques bleues fixées sur ses mains serrées en poings posées sur ses genoux.

«Ne dis pas de bêtises. Tu as déjà essayé la communication privée ?» Suggéra Arcee, son ton calme contrastant avec l’intensité de son regard. Elle savait reconnaître un bot au bord du découragement.

«Oui, et elle refuse tout contact ! C’est comme si je n’existais plus à ses optiques ! Qu’est-ce que je dois faire ?» S’agaça le jeune mecha en fronçant ses crêtes optiques sous l’effet de la douleur contenue dans son Spark. Ce sentiment de culpabilité ne le lâchait plus, et ses confessions ne faisaient qu’amplifier son mal-être.

«Honnêtement ? C’est mal parti !» Plaisanta Trailbreaker en riant, avant de se faire fusiller du regard par Arcee.

«Ne les écoute pas. Pour le combat, ils assurent. Mais dès qu’il s’agit de faire preuve d’un minimum d’intelligence émotionnelle, il n’y a plus personne !» Commenta-t-elle, la voix teintée d’exaspération face au manque de finesse de ses camarades. Heureusement, les autres enchaînèrent aussitôt sur un débat houleux à propos de la sensibilité masculine, qui dévia rapidement vers la meilleure méthode pour démonter un Decepticon en moins de dix astrosecondes. Cela permit de détourner l’attention générale, épargnant à Trailbreaker un commentaire plus corrosif.

«Au fond, il n’a pas tort… Je crois qu’elle ne me pardonnera jamais. Et le pire, c’est que je ne peux même pas lui en vouloir.» Reconnut Hot Rod d’une secousse navrée de sa tête, ce qui peina la fembot à ses côtés. Pour le soutenir, elle posa doucement sa main sur son épaule avant de reprendre la parole.

«N’abandonne pas aussi vite. Je suis sûre que ça finira par s’arranger, entre vous. On fait tous des erreurs. Tu sais, il m’arrive aussi d’en vouloir à mon coéquipier, mais je finis toujours par lui reparler… Après lui avoir fait regretter chacune de ses erreurs, bien sûr.» Maugréa Arcee en lançant un regard appuyé à Tailgate, trop occupé à argumenter avec Trailbreaker et Jazz pour s’en rendre compte. Lorsqu’une autre idée lui vint, elle reprit aussitôt.

«Et si tu lui offrais une fleur de cristal en guise d’excuses ? Il n’y a pas plus symbolique comme geste. Et la plupart des fembots apprécient les fleurs de cristal, non ? Enfin, je suppose. Je suis pratiquement certaine qu’elle ne pourra pas rester insensible à ça.» Elle-même n’était pas très friande de ce genre de petites attentions, mais elle savait que Chromia aimait quand Ironhide lui en offrait une après une dispute. Ces fleurs, assez rares, ne poussaient que dans les zones où affleuraient des filons d’energon, ce qui en faisait un cadeau parfait pour les occasions spéciales. Arcee supposait que Moonlight serait plutôt réceptive à ce genre d’attention, au vu de ce qu’elle connaissait de la fille du Prime.

«C’est vrai que je n’y avais pas pensé.» Hot Rod hocha lentement la tête alors que son regard se perdait sur les bots qui passaient à côté d’eux pour rejoindre la sortie ou d’autres bains, désormais perdu dans ses pensées. Et si, après ça, elle continuait de le détester ? Si elle se mettait à rire de sa piètre tentative d’excuse ? Si elle ne voulait plus jamais le revoir ? Beaucoup de questions tourbillonnaient dans son processeur en surchauffe, mêlant peur et doutes. Mais au fond, il savait qu’il devait tenter le coup, même si le risque d’échec lui serrait le châssis.

Parce que ne rien faire, c’était déjà abandonner.

{==Centre de Iacon==}

Moonlight se sentait vraiment mal à l’aise.

Perchée en hauteur sur une immense structure à ciel ouvert, elle faisait face à Niltrex, le mecha qui refusait de lui parler depuis peu après un fâcheux incident survenu dans des circonstances assez troubles. Il évitait volontairement de croiser son regard, les bras repliés sur son châssis noir d’une moue résignée. Assis à table l’un en face de l’autre, les voix des autres robots présents résonnaient autour d’eux, étouffées par la tension pesante qui s’était installée. Aucun d’eux ne disait un mot, prisonnier d’un silence plus lourd que n’importe quel reproche. Ils se trouvaient dans l’une des tours du centre de Iacon, sur une plateforme gigantesque surplombant une partie de la ville. Celle-ci tournait très lentement, à la vitesse d’un groon pour effectuer un tour complet. Ouverte, c’était un lieu incontournable pour son originalité et pour remplir son réservoir tout en admirant une splendide vue sur le paysage ici-bas. Plusieurs tables étaient disposées sur ce plateau tournant, accueillant plusieurs centaines de visiteurs par cycle, tous désireux de se changer les idées.

La jambe bougeant nerveusement sous la table, Moonlight réfléchissait à ses prochaines paroles qui pourraient s’avérer décisives pour l’issue de leur grande et belle amitié. Un cube d’energon entier posé devant elle, elle le fixait du regard tandis que Niltrex refusait toujours de faire le moindre mouvement. C’était déjà une chance qu’il ait accepté de la rejoindre ici ! Après ce qui s’était passé entre eux, et leur dispute. Cette idée venait de son Opiluk. C’était lui qui avait proposé ce rendez-vous dans ce lieu atypique, convaincu que le jeune mecha, malgré sa nature réservée, accepterait. Et il avait eu raison, comme à chaque fois. À cette pensée fugace, les coins des lèvres de Moonlight s’étirèrent en un doux sourire alors qu’elle puisait son courage dans le lien créateur, inondé de soutien. C’était tout ce dont elle avait besoin, et Optimus était toujours prêt à lui venir en aide. Prenant un souffle par ses évents, la jeune fembot leva les optiques vers l’un des deux soleils qui commençaient lentement, mais sûrement, leur descente vers les tours argentées. Éblouie un court instant, elle reporta son regard sur le mecha svelte qui n’avait toujours pas bougé d’un boulon.

«Niltrex, s’il te plaît, parle-moi… J’ai besoin que tu me parles.» Supplia Moonlight d’une petite voix affectée par la tristesse et le désespoir, cherchant en vain un moyen de renouer le dialogue entre eux.

Mais au lieu de lui répondre verbalement, le bot leva son regard accusateur vers elle. Les bras toujours croisés d’une manière rigide, comme pour se protéger du monde extérieur, il étudia longuement la fembot bleu ciel assise avec nervosité. À la table voisine, deux mechas se mirent à rire à vocaliser déployé, ce qui eut pour effet d’effrayer Niltrex puis de tendre Moonlight. Il n’avait jamais été très à l’aise avec la foule, et ce lieu public n’aidait pas ses mécanismes à se détendre. Pourquoi, par Primus, avait-il accepté cette invitation ? Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Se demanda Niltrex en faisant de son mieux pour ne pas montrer son malaise grandissant. Il cligna des optiques lorsque les rayons des soleils se reflétèrent dans ses lentilles bleues, l’aveuglant un instant avant de croiser l’expression tombante de Moonlight. Elle était déçue. Au fond, il se sentait coupable de la faire se sentir ainsi… Certes, il avait été blessé ce cycle-là, mais avec le recul et un peu de réflexion, sa colère finissait par s’estomper pour ne laisser qu’une douleur sourde dans son Spark.

«Niltrex…» Poursuivit la fembot face à lui, s’inclinant légèrement pour poser sa main devant lui en signe de réconciliation.

«Je ne sais pas quoi te dire, Moonlight. Ce qui est fait, est fait. On ne peut pas revenir en arrière, la vie est ainsi faite. Elle est injuste.» Défaitiste, Niltrex secoua doucement la tête en refusant la main tendue d’un petit rictus. Toutefois, Moonlight ne se laissa pas abattre par ce refus.

«Oui, elle est parfois injuste, mais elle nous offre aussi des moments merveilleux. Des rencontres qui nous changent, qui laissent une trace indélébile dans notre Spark. On ne peut pas effacer le passé, Niltrex… Je le sais bien, et j’en suis profondément navrée. Mais on peut choisir ce qu’on fait du présent. Moi, je choisis de tendre la main.» Déclara-t-elle avec une sincérité touchante tout en gardant sa main ouverte vers le mecha réticent, un sourire encourageant adoucissant ses traits. Puis, à son regard hésitant, elle laissa échapper un léger rire.

«Je commence sérieusement à avoir une crampe ! Allez, Niltrex, tu sais que je suis vraiment désolée pour ce qui s’est passé ! Je t’assure que je n’ai plus aucun souvenir… Jamais je ne vous aurais fait du mal intentionnellement ! Mais je refuse de te perdre à cause d’une bêtise. Tu es l’un de mes amis les plus précieux… Un véritable ami. » Insista-t-elle, la gorge nouée par une attente devenue insoutenable. Anxieuse et pleine d’appréhension, elle guetta le moindre mouvement de Niltrex, pour finalement sentir un poids se libérer lorsqu’il accepta enfin sa main tendue.

«Merci.» Soupira-t-elle en se détendant complétement sur la table quand le soulagement la balaya.

«Ne me fait pas regretter ma décision.» Averti Niltrex, les optiques plissées, toujours méfiant même s’il avait accepté ses excuses.

«Jamais de la vie ! Je serai beaucoup plus prudente à l’avenir ! Tu peux compter sur moi, camarade !» Certifia Moonlight d’un grand hochement de tête déterminé au moment où elle sentit les doigts de son ami se serrer autour des siens. Avec une force insoupçonnée.

«C’est dans ton intérêt.» Déclara-t-il d’un demi-sourire satisfait, légèrement amusé par le comportement de la fembot infiniment reconnaissante pour sa décision. Une décision qu’il avait longuement hésité à prendre, mais il estimait que sa punition avait assez duré.

«Je te promets que tu ne le regretteras pas, mon Seigneur !» S’exclama Moonlight en posant son casque sur la table, les coudes appuyés avec les mains jointes en signe de gratitude.

«Arrête de faire l’imbécile, tu attires tous les regards !» Prévint Niltrex à voix basse alors que les deux mechas assis à quelques mètres de là tournaient la tête vers eux, intrigués par la scène. Gêné, il posa sa main près de ses optiques puis s’enfonça dans son siège, disparaissant presque sous la table.

Malgré tout, il devait reconnaître que cette réconciliation lui apportait un apaisement inattendu.

«C’est bon, range ton mode théâtral, ça suffit comme ça ! Je te pardonne. Allez, relève-toi !» Grogna-t-il dans un chuchotement désespéré, exaspéré mais attendri par la scène grotesque de la fembot étalée comme si elle recevait un prix galactique. Il la reconnaissait bien là ! Toujours à faire son petit numéro.

«Jamais ! Je savoure ce moment solennel !» Répliqua-t-elle avec une intensité feinte, les optiques mi-closes et un sourire espiègle aux lèvres. Niltrex roula des optiques en soupirant bruyamment, cependant un coin de sa bouche trahissait un sourire discret.

Elle n’avait pas vraiment changé, au fond... C’était pour ça qu’il l’appréciait autant, et qu’il lui pardonnait aussi facilement. Elle avait toujours su l’attendrir, même lorsqu’il était en colère ou submergé par le pessimisme. C’était l’une de ses plus grandes qualités. Même si, parfois, il avait un peu honte… Mais n’est-ce pas à cela que servaient les amis ? À vivre des moments intenses ? Les deux retombèrent dans un silence cette fois beaucoup moins électrique, moins gênant, comme si les tensions s’étaient évaporées pour laisser place à une complicité retrouvée. Ils prirent leur cube d’energon et, après les avoir entrechoqués pour clore cette parenthèse, l’avalèrent d’une traite en basculant la tête en arrière. Le sourire de Moonlight était inestimable, rempli de reconnaissance tandis que celui de Niltrex reflétait un mélange d’amusement et de tendresse qu’il n’aurait jamais su exprimer autrement. Les voix autour d’eux n’étaient plus qu’un bourdonnement, donnant l’impression que le reste du monde avait momentanément disparu. Jusqu’à ce que la fembot rompe finalement le silence, les bras croisés.

«Niltrex, quelque chose me trotte dans la tête depuis un bon moment déjà…» Commença-t-elle prudemment, son ton devenant soudain plus sérieux. Dès qu’elle eut toute l’attention de Niltrex, elle poursuivit.

«Tu ne m’as jamais parlé de ton passé, ni de l’époque où tu étais un étincelant. Je ne sais pratiquement rien de toi ! C’est vrai, on s’est rencontré par hasard à Iacon, mais… Avant ça ? Où vivais-tu ? Est-ce que tu étais dans une autre cité ? Dans une base ? Avec qui tu as grandi ? Avais-tu des amis ? Une fratrie, peut-être ? Est-ce que tes créateurs sont encore en vie ? Comment s’appellent-ils ? Vivent-ils sur Cybertron ? Tu les vois parfois ?» Moonlight le bombardait de questions, se penchant à nouveau sur la table pour se rapprocher de son interlocuteur un peu désemparé par cet assaut de curiosité. Elle pourrait presque rivaliser avec Blurr ! Remarqua Niltrex.

«Ça fait beaucoup de questions en une fois !» S’étonna ce dernier, les optiques écarquillées.

«Oui c’est vrai, tu as raison, pardon. C’est juste que je m’interroge sur tes origines. J’aimerais en connaître un peu plus sur toi.» Admit gentiment Moonlight d’un faible haussement d’épaules, les ailettes tombantes dans son dos. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle l’étouffait avec toutes ses questions… Mais depuis cette course qui avait conduit à sa captivité, elle ne cessait de se demander qui était véritablement son ami. Elle pensait que c’était le moment idéal pour mettre le sujet sur la table.

«Je ne suis pas sûr d’être très à l’aise avec tout ça… Je… J’aime pas parler de mon passé. Et je crois que je n’en ai jamais parlé, à personne.» Niltrex haussa les épaules à la manière de Moonlight, puis se recroquevilla légèrement en croisant les bras autour de lui pour exprimer son malaise. Il s’interrogeait s’il devait s’ouvrir ou non. Après un moment de silence, il reprit avec hésitation ; «Peut-être que j’avais peur que personne ne comprenne… Ou que ça change la façon dont on me regarde. Et à force, j’ai fini par enfouir tout ça. Ça fait des cycles stellaires que je n’y avais plus vraiment pensé… Je n’ai plus trop de souvenirs de mes cycles étincelant, car ils étaient toujours rythmés par la guerre. Il n’y a que mon arrivée ici, à Iacon, que j’aime me remémorer.»

«Ce cycle où nous nous sommes tout de suite lié d’amitié.» Rappela doucement Moonlight d’un sourire émotif en se remémorant cette drôle de rencontre dans un centre accueillant les nouveaux arrivants à Iacon, fraîchement transférés depuis les zones de conflit. Cela remontait à loin, maintenant…

«Oui, quand je suis arrivé avec des rescapés, c’est exact. Je pense que mon esprit trie délibérément les mauvais souvenirs, pour m’épargner. Mais je crois que tu mérites de savoir.» Se raclant nerveusement le vocaliser, Niltrex se pencha pour croiser les mains sur la table devant lui, se préparant mentalement à aborder cette partie sombre de sa vie. Ses optiques bleues affligées se baissèrent sur le cube vide, cherchant ses mots, réfléchissant à la meilleure manière d’en parler avec elle. Il reprit courage lorsque Moonlight posa instinctivement sa main sur les siennes pour le rassurer, à l’écoute.

«Avant mon arrivée, je ne connaissais ni la paix, ni la bienveillance. Tout ce que je connaissais, c’était la peur. Le froid des décombres, les sirènes, les cris, l’odeur de la mort… Et ce sentiment d’être de trop. Ce sont les habitants de Iacon, les Autobots, qui m’ont montré une autre voie que celle de la destruction et de la violence.» Révéla Niltrex, non sans une touche de nostalgie dans sa voix fébrile. Après mûre réflexion et beaucoup de courage, il poursuivit, levant un peu plus le voile sur les cicatrices invisibles qui marquaient son âme.

«Mes créateurs sont morts après un bombardement sur ma ville natale. Je me suis retrouvé sans lien, sans rien ni personne d’un cycle à l’autre. Je ne me souviens pas de leur visage, ni de leur nom. Mes créateurs… Je ne sais même pas s’ils m’aimaient. Leur souvenir s’est effacé avec les cendres de notre cité. Ce bombardement a tout emporté. Absolument tout.» Sa voix se brisa sur les derniers mots trop lourds à porter. Il détourna les optiques, incapable de soutenir le regard de Moonlight.

«C’est affreux…» S’horrifia la fembot.

«J’ai vécu dans les rues pendant très longtemps… Des deca cycles dans la misère, à tenter de survivre parmi la vermine, jusqu’à ce que j’atteigne enfin l’âge adulte. Une libération. Ma libération. J’ai travaillé dans les centres de tri, puis j’ai été transféré ici, à Iacon. Là où nous nous sommes rencontrés.» Dévoila enfin le mecha tout de noir peint alors que la bouche de Moonlight s’ouvrait sous le choc, ses optiques grandes ouvertes à toutes ces révélations. Un sourire penaud se dessina sur son visage fin face à cette expression qu’il ne s’attendait pas à recevoir en racontant son histoire. Une histoire qu’il préférait enfouir dans le passé tant elle était douloureuse à porter. Ne lui laissant pas le temps de répondre, il reprit d’un ton plus sombre frôlant le reproche.

«J’ai cette haine qui me ronge… Cette colère, vive et brûlante en moi. Elle est parfois si forte que je ne sais pas comment la contrôler, ni même comment la faire disparaître. Mais j’en veux tellement, tellement aux responsables.» Grogna-t-il entre ses dentas, les poings serrés devant lui. Il sentit alors les mains de Moonlight se resserrer doucement autour des siennes, comme pour lui transmettre un peu de réconfort.

«Tu n’es pas le seul. Je ressens exactement la même chose. Mais cette colère n’amène rien de bon, crois-moi. Sache que je te comprends, et que je suis désolée, Niltrex… Si tu savais.» Émue aux larmes, Moonlight se pencha vers le robot en voyant l’ombre qui traversa son visage. Une expression qu’elle avait déjà croisée plusieurs fois sans vraiment comprendre ce qui la déclenchait, jusqu’à présent.

«Je ne sais pas comment la faire disparaître.» Avoua Niltrex, les optiques larmoyantes.

«Moi non plus… Mais on peut essayer de la combattre, ensemble.» La fembot tendit une main devant son ami en détresse émotionnelle, l’invitant à prendre cette décision importante avec elle.

Le vocaliser serré dans un étau, le jeune mecha fixa longuement la main tendue sans bouger. Il hésitait. Comment pardonner ? Comment oublier ? Comment effacer cette tragédie gravée dans son esprit ? C’était cela qui faisait de lui ce qu’il était : un bot renfermé, façonné par la dureté des événements, dont la vie n’avait jamais fait de cadeau. Les larmes finirent par dévaler ses joues argentées, submergé par des émotions qu’il avait longtemps refoulées au plus profond de lui. Pourtant, dans ce regard sincère et cette main tendue, il perçut une lueur d’espoir. Fragile, mais réelle. Lentement, il saisit la main de Moonlight, s’accrochant à cette promesse silencieuse de ne plus affronter seul ses démons. Un souffle nouveau semblait s’immiscer entre eux, comme si cette simple connexion pouvait alléger le poids du passé et ouvrir la voie à un futur moins sombre. C’était la toute première fois de sa vie qu’il s’ouvrait ainsi à quelqu’un, dévoilant une petite partie de son histoire qu’il essayait en vain d’oublier. Cependant, cette petite fembot avec qui il avait noué un lien très spécial, avait réussi à briser les barrières qu’il avait longtemps maintenues en place pour faire face à ce monde cruel.

Ses larmes s’effacèrent brusquement, remplacées par un sourire timide, marque d’une étincelle naissante au fond de son être.

«J’aimerais au moins essayer.» Finit-il par dire en serrant sa main dans la sienne. Bouleversés, les deux amis se regardèrent un instant en silence jusqu’à ce que Niltrex se racle le vocaliser pour briser ce moment.

«Voilà, tu sais tout de moi !» Dit-il avec une légèreté nouvelle, presque avec empressement. Comme s’il craignait un jugement…

«Je ne sais pas quoi dire… À part que je suis sincèrement désolée, Niltrex. Pour tout ce que tu as dû traverser, pour toutes ces épreuves…» Moonlight, encore en état de choc, était à court de mots. Qui aurait cru qu’un petit mecha aussi réservé pouvait cacher un secret si lourd et profond ?

«Ouep, c’est des choses qui arrivent. Il faut apprendre à vivre avec.» Répondit-il avec un petit soupir suivi d’un sourire triste et un peu distant.

«Mais je veux que tu saches que tu ne seras plus jamais seul. Je suis là, et je serai toujours avec toi.» Promit Moonlight en fixant ses optiques avec une grande sincérité.

«Jusqu’à ce que la mort nous sépare.» Prononça Niltrex d’un hochement de tête ferme, plus sérieux que jamais.

Les deux amis glissèrent peu à peu vers une conversation bien moins importante, tandis que les groons défilaient à toute vitesse. Installés sur cette plateforme surélevée, plusieurs cubes d’energon partagés entre eux, ils tissaient de nouveaux liens. Plus solides, plus profonds. Affectée par toutes ces révélations qui l’avaient glacée, Moonlight écoutait Niltrex avec une attention nouvelle, le regardant sous un cycle différent à présent. Elle comprenait enfin pourquoi ce mecha restait si énigmatique, pourquoi il alternait entre timidité et ombres soudaines. Son passé social, marqué par la douleur et la solitude, avait sculpté ses silences, ses retraits, ses blessures invisibles... Mais désormais, Moonlight percevait aussi la force cachée derrière cette façade fragile, et elle se sentait plus proche que jamais de ce compagnon mystérieux. Il était d’une grande résilience. Toutes ces révélations lui serraient le Spark d’une tendre émotion, la rapprochant de lui comme jamais auparavant. Dans un sens, elle se sentait connectée. Elle avait l’impression qu’ils étaient semblables, que leurs peurs et leurs souffrances étaient similaires, en dépit de leurs chemins de vie différents.

Liés par l’épreuve, comme des âmes sœurs fraternelles.

Moonlight aurait voulu lui poser d’autres questions, apprendre à le connaître plus en détail, mais elle sentait sa fragilité et décida donc de ne pas insister pour le moment. Le mecha était vulnérable, tiraillé par un passé traumatique… Jamais elle n’aurait cru qu’il portait un tel fardeau sur les épaules. Elle avait pitié, elle éprouvait de la compassion. Se reconnaissant en lui, parfois. Elle voulait tant lui dire que tout irait bien maintenant, qu’il n’aurait plus jamais besoin d’avoir peur, mais elle se résigna à se contenter de l’écouter. Un peu comme son Opiluk l’avait fait deux cycles plus tôt, elle garda ses émotions sous contrôle pour profiter de cet instant de complicité avec Niltrex. Un ami, un confident. Une audio vers qui se tourner dans les pires moments. Faisant de son mieux pour l’écouter parler de son nouveau travail en tant que bénévole, Moonlight rejouait cette conversation dans un coin de son esprit. Tourmentée, profondément touchée.

Mais malgré tout, elle avait ce sentiment qu’une part de lui restait encore enfouie.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Après un peu plus de trois groons à discuter de tout et de rien, Moonlight quitta Niltrex au pied de la tour pour le laisser reprendre son travail, tandis qu’elle prenait la route pour aller retrouver Isis. Elle tenait absolument à lui présenter des excuses, car elle n’avait pas encore eu l’occasion de la voir depuis l’incident. Étant donné qu’Hot Rod refusait catégoriquement qu’elles se croisent… Maintenant qu’elle y pensait, cela faisait quelques cycles qu’elle ne lui avait plus adressé la parole non plus. Le mecha avait pourtant tenté de prendre contact avec elle par communication privée, mais elle ne s’était pas sentie prête à lui pardonner ce qu’il lui avait fait. Toutefois, grâce à sa réconciliation avec Niltrex, elle estimait qu’il était enfin temps de renouer avec tous ses amis. Elle ne supportait plus toute cette froideur et cette distance. Elle avait besoin de leur présence, de se sentir aimée puis de rire à nouveau à leurs côtés. Surtout que ces derniers temps, les choses étaient particulièrement difficiles pour elle, avec ses cauchemars de plus en plus violents au point d’altérer sa perception de la réalité.

Elle devait aussi penser à remercier son Opiluk pour l’avoir si bien conseillé, parce que c’était en partie grâce à lui si, en ce cycle, elle se sentait nettement plus légère. L’impression d’avoir déposé une partie de son fardeau. Son altruisme profond et son humilité sincère avaient toujours été d’excellents guides dans ses choix, sans jamais trahir ses valeurs. Elle lui en était plus que reconnaissante et ne se priverait pas de le lui montrer lorsqu’ils se recroiseraient plus tard dans leurs quartiers. Animée par un tout nouvel espoir, la fembot bleu ciel ouvrit en grand ses bras pour accueillir la chaleur des soleils sur sa carrosserie brillante, les éclats de voix de la foule s’élevant autour d’elle comme une douce mélodie. L’espace d’un instant, elle laissa son Spark s’imprégner de cette paix éphémère. Oubliant les ombres, les doutes, et les blessures. Il y avait encore tant à faire, tant à réparer… Tant de choses à changer. Mais en ce cycle, elle choisit simplement d’exister.

Moonlight laissa retomber ses bras le long de son cadre avant de descendre les quelques marches menant à la grande place pour rejoindre le flot de passants. Personne ne faisait attention à elle, chacun étant trop occupé à vaquer à ses occupations ou à ses tâches quotidiennes en tant qu’habitants de Iacon. C’était exactement ce dont elle avait besoin : passer inaperçue, être comme tout le monde. Un sourire heureux aux lèvres, elle s’engouffra dans la foule en direction de sa prochaine destination. La station d’entraînement de vol, située à quelques kilomètres plus au nord. Isis s’y exerçait quotidiennement, donc elle supposait qu’à ce moment précis du cycle, elle pourrait la croiser sans la présence d’Hot Rod. Elle grimaça à cette pensée amère. Cela lui faisait mal de penser ainsi de son ami, mais elle préférait les voir l’un après l’autre avant de reformer leur groupe. Pour être sûre de comprendre les points de vue et les ressentis de chacun. C’était devenu son nouvel objectif, réparer toutes ses erreurs afin de repartir sur de bonnes bases.

Arrivée au centre de l’immense place du quartier de l’Innovation, Moonlight s’excusa auprès de deux bots qu’elle avait bousculés par inadvertance. C’est alors qu’un phénomène étrange se produisit. Sa communication privée s’activa sans son autorisation, et des sons indistincts résonnèrent à l’autre bout de la ligne.

.:Frrrrzz…Zzzz…Prrrr:.

Plutôt une série d’interférences.

:Est-ce qu’il y a quelqu’un ?:. Demanda Moonlight en pressant son audio droit pour ouvrir la communication, les crêtes optiques froncées d’incrédulité. Elle s’était figée au milieu de la place animée, noyée dans une foule qui ne lui prêtait aucune attention. Le silence qui suivit de l’autre côté de la ligne avait quelque chose d’angoissant… Au point de lui faire se demander si elle n’avait pas simplement imaginé ces interférences, qui n’avaient duré que quelques nano-kliks. Le doigt toujours appuyé contre son audio, elle sursauta lorsqu’enfin, une voix retentit dans sa tête.

.:Bonjour, Moonlight. Enfin, nous nous rencontrons.:. Cette voix n’avait rien de naturel. Elle était grave, déformée, elle semblait passer par un modulateur ou un logiciel de synthèse.

«Qui êtes-vous ?» Moonlight décida d’abandonner la communication privée alors que son bras retombait lentement à ses côtés, les optiques sondant avec précaution les alentours.

.:Question pas très pertinente, quand toi-même tu ignores qui tu es. Mais pour toi, je serai cette petite voix dans ta tête. Celle qui analysera chacun de tes faits et gestes. Celle qui jugera tes actions, qui verra à travers tes optiques. Un peu comme un guide spirituel, si tu préfères.:. Ricana la grosse voix.

«Et c’est censé me rassurer ?» Demanda Moonlight, pas du tout amusée par cette intrusion.

.:Rassurée ou non, la vérité finit toujours par éclater. Cela fait un moment que je t’observe dans l’ombre. Que nous t’observons. Que nous t’entendons.:. Moonlight devina un sourire cynique derrière ces mots.

«Que veux-tu dire ?» Anxieuse, la fembot pivota lentement sur elle-même, scrutant les alentours à la recherche de l’origine de cette manifestation. À sa gauche près d’une fontaine, trois robots discutaient calmement mais aucun d’eux ne semblait être en communication privée. À sa droite, une fembot était assise sur un banc, absorbée par un datapad. Partout où ses optiques balayaient frénétiquement, une multitude de suspects potentiels semblaient se fondre dans la foule.

.:Ça ne sert à rien de me chercher, tu ne me trouveras pas. Tu te crois plus intelligente, mais tu n’es rien sans nous. Rien d’autre qu’un malheureux pion, utile uniquement tant que tu sers nos intérêts. Une aberration de plus dans le système. Remplaçable. Oubliable. Insignifiante. Une illusion pathétique de grandeur dans un monde que tu ne comprends même pas. Un monde que nous façonnerons à notre image, purgé des faibles et des imperfections, pour bâtir enfin un ordre parfait. Un idéal, n’est-ce pas ?:. Se moqua la voix de l’autre côté de la communication, ne mâchant pas ses mots.

«Dis celui qui se cache. Et si nous en discutions entre quatre optiques ?» Rétorqua-t-elle sèchement.

.:Mhm, je préfère l’ombre… Elle me permet d’observer tes failles avant de les briser une à une.:.

«Je n’ai pas peur de vous. Je ne sais pas ce que vous voulez, mais je ne me laisserai pas faire. Je me battrai. Je vous trouverai, et je vous arrêterai. Ce n’est qu’une question de temps.» Elle défia ouvertement le prétendu hacker, mais il accueillit ses mots avec un calme troublant, comme s’il savait déjà qu’elle échouerait.

.:Le temps n’a plus aucune importance. Seul compte le choix que tu feras. Et bientôt, tu verras que le tien se résumera à te soumettre… Ou à cesser d’exister. Tout est déjà entre mes mains, et je vais t’en montrer la preuve.:.

La peur paralysa Moonlight sur place. Ces mots… Ressemblaient typiquement à un discours Decepticon. Son cadre se mit à trembler lorsque l’un des grands écrans holographiques sur la façade d’une tour se mit à grésiller, avant qu’une vidéo en temps réel ne s’affiche. Ses optiques s’écarquillèrent d’effroi. C’était un gros plan sur elle, immobile au milieu de la place, son visage horrifié tourné vers cet écran qui venait d’être piraté. Sans doute de la même manière que le hacker avait pris possession de sa communication privée. Mais qui ? Qui serait capable d’agir ainsi, sans que personne ne s’en aperçoive ? Un nom se forma rapidement dans son esprit, et il était loin d’être rassurant. Elle ne connaissait qu’un bot capable de pirater à distance avec autant de facilité, malgré les défenses renforcées depuis son retour à Iacon. Soundwave. Pourtant, elle avait le sentiment que ce n’était pas lui. Que quelque chose clochait. Ce style, ce ton, cette provocation… Cela ne lui ressemblait pas. C’était trop personnel, trop théâtral. Soundwave était redoutable, froid, précis et mécanique. Ce message-là en revanche, transpirait la haine et l’obsession.

«Qui êtes-vous ?» Insista Moonlight entre ses dentas, sa peur mêlée à une colère naissante d’être une fois de plus la cible des Decepticons. Au lieu de répondre, la voix éclata d’un rire dégoulinant de malice.

.:Qui suis-je ? Je te l’ai dit, je suis ton guide spirituel. Celui qui t’évaluera, qui te conduira jusqu’à ton jugement dernier. Tu ne sais pas qui je suis, mais moi, je sais qui tu es. Qui tu prétends être. J’ai vu à travers toi. Tu crois que tu pourras maintenir cette illusion encore combien de temps ? Que crois-tu qu’il se passera lorsque la vérité éclatera ?:. Prévint son interlocuteur alors que la caméra sur le pilier braquée sur elle zooma un peu plus sur sa silhouette.

«Qu’est-ce que vous attendez de moi ! Je n’ai rien à vous donner, rien !» Siffla rudement Moonlight, sa colère ayant finalement remplacé sa terreur. Elle ne pouvait cependant décrocher ses optiques de son image sur l’hologramme géant, se rendant compte que certains robots avaient remarqué cette soudaine apparition. Ils chuchotaient entre eux tout en la pointant du doigt.

.:Ce que je veux ? La gloire. Que ma vengeance aboutisse enfin. Tu ne pourras pas te cacher indéfiniment…:.

«Et si je refuse de servir vos intérêts ? Que se passera-t-il, exactement ?» Provoqua Moonlight en plissant suspicieusement les optiques vers son propre reflet dans l’hologramme plus haut. Pendant plusieurs nano-kliks, un silence entrecoupé de quelques petites interférences s’installa, avant que la voix mystérieuse ne reprenne d’un ton menaçant.

.:Tu n’es plus en mesure de le décider.:.

Le vocaliser de Moonlight se serra à cette phrase qui sonnait plus comme une condamnation que comme un simple avertissement. Regardant calmement autour d’elle, elle se sentait jugée, vulnérable. À la merci de cette mystérieuse voix. Son monde s’effondrait à mesure que sa paranoïa se renforçait.

.:Tu as été dans la cour des grands. Tu as connu le confort, la sécurité, les regards admiratifs. Tu n’as jamais goûté à la misère, ni effleuré la véritable douleur. Tu n’as connu que la lumière des projecteurs, les quartiers dorés et les promesses faciles. Une existence façonnée dans la luxure et l’illusion de liberté… Tu ignores ce qu’est la lutte pour exister, la morsure du néant, le poids de l’injustice gravé dans chaque circuit. Tu n’as jamais rampé dans les ombres, jamais saigné pour une cause. Tu n’es qu’un produit de leur monde décadent, Moonlight… Et ce monde touchera bientôt à sa fin. Le compte à rebours est lancé.:. Récita l’inconnu d’une voix étrangement calme, presque solennelle, comme s’il annonçait une prophétie inévitable.

L’écran grésilla à nouveau, et le sigle Decepticon y apparut brièvement avant de s’éteindre complètement, laissant Moonlight pétrifiée au milieu de la place.

.:Tu ne seras plus jamais seule…:.

Tu ne seras plus jamais seule…

Seule…

Plus jamais seule !

Les optiques de la fembot s’agrandirent d’horreur au moment où cette phrase la replongea tout droit dans un souvenir.

Megatron, assis sur son trône, la regardait d’une optique malveillante et arborait un sourire glaçant.

«Tu ne seras plus jamais seule…»

Elle voulait courir, s’enfuir… Mettre le plus de distance possible entre elle et ce cauchemar éveillé. Mais la peur la clouait sur place, et ce sentiment de familiarité refusait de quitter ses circuits sous tension. Face au chef tyrannique des Decepticons, elle se sentait à la fois impuissante et piégée. Son Spark pulsait à tout rompre, un mélange d’effroi et de colère brûlait dans ses câbles contractés. Pourquoi se retrouvait-elle ici ? Pourquoi ne pouvait-elle pas fuir ? Son corps refusait de bouger, ses optiques bleues horrifiées fixées dans celles rougeoyantes de Megatron. Son sourire prédateur, cette promesse silencieuse, ce ton qui ne présageait jamais rien de bon... Elle avait l’impression de lui parler directement à travers cette communication piratée, comme s’il se matérialisait dans son esprit, prenait possession de ses membres. De ses pensées. Autour d’elle, un rire grave et dégoulinant résonnait dans ses audios tandis que le sourire de Megatron s’élargissait encore, dévoilant ses rangées de dentas pointues.

.:Moonlight !:.

Moonlight rouvrit brusquement les optiques.

Elle était de retour sur la place au milieu des passants.

Son Spark menaçait de sortir de son châssis devenu trop étroit. Elle posa sa main tremblante dessus en poussant un faible soupir, les circuits frémissants sous le poids de l’effroi. Elle n’entendait pratiquement rien, les bruits autour d’elle s’étaient amenuisés au rythme effréné de son Spark. Les bords de sa vision étaient troubles, elle était sur le point de faire un malaise. Des alertes à la surchauffe clignotaient dans sa vision périphérique, mais elle était encore engourdie par l’horreur qu’elle venait de vivre. Désormais bien consciente de son environnement, elle lutta pour ne pas céder à la panique. Chaque pulsation de son Spark lui rappelait la gravité de la menace, mais aussi la nécessité de rester forte. Les optiques toujours grandes ouvertes, elle mit quelques kliks à se remettre de ses émotions pour se concentrer sur la voix qui l’appelait à travers la communication. Ce n’était plus la voix trafiquée qui s’adressait à elle, mais celle du médecin des Autobots, à priori très nerveux. D’une brève secousse de sa tête, Moonlight se redressa enfin après s’être raclée le vocaliser pour retrouver une voix stable. Calmement, elle leva sa main droite pour presser son audio et enfin entrer en contact avec Ratchet, qui continuait de l’appeler.

.:J-je suis là, Ratchet.:. Dit-elle avec hésitation, encore désorientée.

.:C’est pas trop tôt ! C’est au sujet de Bumblebee…:. La voix de Ratchet s’interrompit brusquement, laissant un suspense insupportable.

Le Spark de Moonlight s’arrêta.

Bumblebee.

À suivre…

Je vous remercie pour votre soutien et tous vos commentaires ! Oui, on termine sur un beau cliffhanger, mais vous y êtes habitués, non ?  

Sinon à votre avis, que se passe-t-il ? Vous avez de nouvelles hypothèses ?

N’oubliez pas que vous pouvez faire apparaître vos OC’s dans mon histoire ! N’hésitez pas à me les proposer, je serai ravie de les intégrer.

À bientôt,

VP


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