La fille aux yeux rouges

Chapitre 18 : BIENVENUE DANS LA FAMILLE

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:17

Lorsque je revins chez Josh, il ne restait plus qu’Edward. 

_ « Où sont les autres ? »

_ « Ils sont partis. Il n’y avait plus de danger alors… » m’expliqua-t-il.

_ «J’en reviens pas qu’il t’est pris pour un loup garou. Quel idiot ! » s’exclama Josh en rigolant.

_ « Comment tu sais ça ? » m’étonnais-je.

_ « Edward a tout entendu. » me fit-il en se tapotant la tempe avec son index.

_ «A ce qu’il paraît tu lui as mis une sacrée rouste.  Carlisle était inquiet alors il t’a envoyé Emmett pour éviter que tu le massacres. »  Josh paraissait de bonne humeur. Il se retourna vers Edward . « Une fois, elle s’est battu avec une fille qui devait faire 20 kilos de plus qu’elle. Elle lui a mis une de ces dérouillées ! ! » raconta-t-il fièrement.

_ « Quelle fille ? » demandais-je étonnée de ne pas m’en souvenir.

_ « Eh ben, Amy Santoval ! Tu ne te souviens pas ? C’était en 3eme, tu lui avais presque cassé le nez parce qu’elle était allée dire à Eric Adams que tu avais embrassé Sam Garrett. »

Non, je ne m’en souvenais pas. Les noms me disaient bien quelque chose mais je n’arrivais plus à me souvenir. Tout était flou dans ma mémoire. Soudain, je me souvins de ce que Jasper m’avait raconté à propos des souvenirs de notre existence humaine.

_ « Oh mon dieu ! Je crois que je suis en train de perdre mes souvenirs ! » me lamentais-je.

Josh et Edward échangèrent un regard.

_ « Je vais rentrer au manoir, maintenant. » fit le vampire.

_ « Oui, moi je vais travailler. » dit Joshua « Tu devrais rentrer aussi, Lucy. » fit-il à mon attention.

J’acquiesçais. J’aurais aimé rester près de lui ce soir.

Je n’arrivais plus à le comprendre. D’un côté, il se mettait dans des états pas possibles quand je frôlais la mort et de l’autre, il semblait se désintéresser de moi quand j’étais disponible. Mes relations avec mon frère n’avaient jamais été aussi complexes. Je savais que j’aurais dû aborder ce sujet avec lui. Mais je n’en avais pas le courage. J’avais trop peur de ce qu’il pourrait me dire alors. Maintenant qu’il m’avait trouvé une famille d’adoption, j’avais l’impression qu’il voulait couper les ponts. Il faisait ça depuis que j’avais rencontré Jasper.

_ « Fais attention à toi. » dis-je résignée.

J’avais une boule dans la gorge.

_ « On se voit demain soir ? » me demanda-t-il.

_ « Si tu veux. » fis-je avec un faible sourire.

Lorsqu’Edward et moi arrivâmes dehors, la neige s’était remise à tomber. La nuit tomberait aussi bientôt. C’était incroyable que les jours soient aussi courts.

_ « Nous devrons rentrer à pied, les autres ont pris les voitures. »

_ « Pas grave. » fis-je la mine sombre.

Nous sortîmes de la ville en silence marchant comme des humains.

Je me doutais qu’Edward était rester exprès seul avec moi pour pouvoir continuer la conversation de tout à l’heure.

Je savais qu’il fallait que je leur dise. Ils avaient partagé avec moi leur secret, m’avaient accueilli dans leur famille, m’avaient soigné, avaient pris soin de Josh et avaient été prêt à le protéger parce que je leur avais demandé. Les Cullens méritaient que je leur dise la vérité sur moi, que je leur dise que j’étais un assassin. Carlisle serait déçu. Lui qui voyait en moi quelqu’un d’exceptionnel.

Une fois arrivé dans les bois, je m’arrêtais.

_ « Je suppose que tu veux terminer la conversation que nous avions commencé. » dis-je telle une condamnée à mort.

_ « Seulement si tu le veux. »

Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais qu’il me presserait de questions.

_ « J’étais intrigué. Mais j’ai eu tort de te parler de ça. Tu nous connais seulement depuis quelques jours, il serait stupide de s’attendre à ce que tu partages tous tes secrets avec nous. Quand tu seras prête, tu nous raconteras et nous t’écouterons. »

Tant de gentillesse. Je ne m’en sentais que plus honteuse, plus sale.

Je n’arrivais pas à trouver les mots. Comment lui expliquer que ce n’était qu’un accident alors que j’avais si ardemment désiré la mort de ce vampire ?

_ « Je vous ai menti. Comment peux-tu me faire confiance ? »

_ « Je me fis à l’instinct de Carlisle. » dit-il en haussant les épaules l’air décontracté.

_ « Tu as tort. Il se trompe sur moi. » assénai-je sombrement.

Il me regarda, l’air interrogateur et vaguement inquiet. Une boule obstruait ma gorge et m’empêchait de lui dire les mots que je pensais si fort. Il se rapprocha de moi doucement, comme un dresseur se rapprocherait d’une bête sauvage. Mes yeux me piquaient. J’en avais trop dit, il fallait que ça sorte.

_ « Peu importe. Nous ne sommes pas des anges non plus.» me rassura-t-il en me saisissant pas les épaules.

Des secousses remuèrent mon corps et je mis quelques secondes à comprendre qu’il s’agissait de sanglots. Je pleurais, sans qu’aucune larme ne coule sur mes joues.

Toute la scène de la forêt me revenait par vague. Ma détresse devant ces yeux rouges braqués sur moi. Sa main sur le cou de Josh. Puis la panique,  la colère et enfin la rage.  Je ressentais à nouveau la brûlure horrible qui vrillait mes entrailles. Je revoyais le vampire se tordre de douleur et se déchiqueter le torse. Des flammes bleutées lui dévoraient le visage tandis que le reste de son corps tombait en cendres. Je me revoyais, paralysée de terreur devant ce spectacle atroce.

Je regardais Edward et, à son expression de stupeur, je sus qu’il venait de voir les derniers instants de mon créateur dans mon esprit.

_ « Je… je l’ai tué  et … maintenant … ses yeux me regardent toujours » balbutiais-je.

Je m’effondrais. Je n’avais jamais avoué ça à qui que ce soit, même pas à mon frère. La honte, la culpabilité et la peur que j’avais enfouie au plus profond de moi même explosa comme un abcès. Plus je pleurais, plus je sentais que ces sentiments me libéraient.

Contre toute attente, Edward m’avait serré contre lui me tenant fermement dans ses bras et me berçant tout doucement.

_ « Avec le temps, ce sera moins douloureux. » me promit-il.

Je mis du temps à me calmer. La nuit était déjà tombée depuis longtemps quand mes sanglots commencèrent à s’estomper doucement.

Il desserra alors son étreinte.

_ « Ca va mieux ? »

Je secouais la tête, encore incapable de parler.

_ « Viens, rentrons maintenant. »

Je le suivais sans poser de question. J’étais complètement vidée.

Les fenêtres du manoir étaient toutes allumées. Bella nous attendait sur les marches de la porte d’entrée.

_ « Tout va bien ? » demanda-t-elle inquiète.

Nous étions très en retard.

_ « Oui. » répondit Edward.

Je ne regardais rien ni personne. Je gardais la tête baissée vers mes pieds. Je ne pouvais pas les regarder en face.

J’entrais dans le manoir, à la suite d’Edward et de Bella. Emmett et Jasper était assis devant un grand écran plat et regardait un match de Base Ball.

Une odeur familière attira mon attention. La couverture qui avait enveloppé Josh la nuit dernière était posée non loin de là. J’allais la chercher puis m’installais sur un des canapés confortables. J’enroulais la couverture autour de moi et m’allongeais, les yeux clos.

Je sentais qu’ils me regardaient. Mon attitude devait être étrange pour eux. Je m’en fichais.

Je voulais rester dans ma bulle avec ma douleur comme seule compagne. Je voulais que les yeux rouges cessent de me regarder, que les loups garous et les vampires retournent dans leur film d’horreur. Et je voulais mon frère. Comme avant.

Tant que je n’aurais pas ça, je ne rouvrirais pas les yeux, décrétais-je.

_ « Qu’est ce qu’elle a ? » demanda Carlisle.

Il n’y eut pas de réponse. Puis je les entendis sortir de la pièce un à un. Edward allait leur raconter ma terrible confession. Peut-être me demanderait-il alors de partir ? Peu importait.

Je perdis la notion du temps. Pendant un moment, le manoir fut totalement silencieux. Les Cullens avaient dû partir. Je les imaginais, épouvantés par le récit d’Edward. Ils avaient fui. Ils m’avaient fui. J’étais trop monstrueuse pour eux.

Puis, ils revinrent réduisant toutes mes théories en poussière.  J’entendais leurs allées et venues dans le manoir. Ils murmuraient et se disputaient. Emmett, surtout.

_ « Voyons, bébé, on ne s’en sert même pas ! » râla-t-il.

Je ne savais pas ce qu’ils faisaient. Bizarrement, ça m’intriguait. Je me fis violence. Les vampires et les loups garous étaient toujours là, je ne devais donc pas rouvrir les yeux.

Mais est-ce que je voulais vraiment qu’ils disparaissent ?

J’aimais bien Emmett. Carlisle et Esmée aussi. Et Bella et Edward, bien sûr. Même Desmond.

Cet idiot m’avait pris pour un loup garou. Je n’en revenais toujours pas. Je me souvenais de son sourire, franc et triste. Triste comme moi probablement.

J’imaginais l’horreur que ça avait dû être lors de sa première transformation, ne sachant pas ce qu’il lui arrivait. Abandonné à son sort, ça avait dû être terrible.

Je me dis qu’il allait falloir que je lui rende visite. Pour le soutenir. Et puis, lui non plus, il ne sentait pas si mauvais.

Je soupirais. Il allait donc falloir que j’ouvre les yeux au final.

Brisant ma résolution, je regardais autour de moi. L’aube pointait le bout de son nez.

J’entendais toujours les Cullens à l’étage. Je me décidais pour voir ce qu’ils fabriquaient. Tout en gardant la couverture de Josh sur mes épaules, je montais les escaliers discrètement afin de ne pas les alerter de ma présence.

_ « Elle arrive ! » entendis-je Alice me dénoncer aux autres.

Je soupirais et me dirigeait sans plus aucune précaution vers la porte derrière laquelle il y avait eu tout le tapage. Je m’apprêtais à frapper quand elle s’ouvrit brusquement dévoilant le visage fin d’Alice.

_ « Pas la peine de frapper ! » me fit-elle.

Elle me fit signe de rentrer.

Ils étaient tous là dans une pièce lumineuse et confortable.

_ « Comme ta maison a été détruite, nous t’avons aménagé une chambre ici afin que tu puisses avoir un endroit à toi » me dit Esmée en souriant.

Je regardais la chambre en question. Au fond, une liseuse avait été disposée devant une fenêtre coulissante qui donnait sur un balcon. A droite, une porte s’ouvrait sur ce qui devait être une salle de bains. A ma gauche, un énorme écran plat était installé sur un meuble télé où Emmett rangeait des DVDs. Un fauteuil faisait face à l’énorme télé et derrière Alice et Rosalie rangeait des vêtements dans une penderie. Le mur de droite était recouvert d’étagère où Jasper et Bella installait des livres.

_ « C’est… c’est très gentil. » réussis-je à dire.

Carlisle et Esmée, au centre de la pièce, échangèrent un sourire complice.

_ « Elle est géniale ! » rajoutais-je en retrouvant un peu ma lucidité.

_ « Pardon ! » m’interpella Edward qui arrivait derrière moi un carton dans les bras.

Je m’écartais aussitôt pour le laisser passer. Il s’avança vers un pan d’étagère encore libre.

_ « Qu’est ce que tu aimes comme musique ? »

_ « Euh, un peu de tout. Du rock. »

Il acquiesça visiblement satisfait de ma réponse.

Esmée se rapprocha de moi.

_ « Viens, entres ma chérie. » me dit-elle en me passant un bras derrière les épaules.

Nous allâmes ainsi jusqu’à la grande baie vitrée.

_ « Ta chambre est exposée plein Est. Comme ça, tous les matins, tu verras le soleil se lever. »

_ « C’est .. c’est génial ! » fis-je à nouveau.

Les yeux me piquaient à nouveau. Quelle chialeuse !

Carlisle vint vers nous.

_ « Chaque membre de cette famille a sa propre chambre. »

Je lui souris. Alors, c’était officiel. J’étais un membre de la famille Cullen. Quelques instants plus tôt j’étais en train de m’imaginer qu’ils m’avaient abandonnées.  J’étais vraiment une idiote.

_ « Est-ce que tu es sûre que tu veux garder ça ? » me demanda Alice en désignant un petit débardeur troué où était inscrit un slogan écologiste.

Il me disait quelque chose. Je m’approchais et le pris dans mes mains.

_ « Mais il est à moi ! » m’exclamais-je.

_ « Nous sommes allés récupérer tes affaires dans ta maison. » m’expliqua Alice.

_ « Enfin tout ce qui était récupérable ! » intervint Emmett.

_ « Oui, certain était imprégné d’une odeur tellement immonde qu’on a préféré les laisser. » précisa Rosalie.

J’étais touchée par tant de bonté.

_ « Merci beaucoup. » fis-je.

Mais Alice attendait toujours une réponse.

_ « Euh, je vais le garder même s’il est un peu démodé. Ca sert toujours un vieux tee-shirt, pour faire du bricolage ou des choses comme ça. »

Elle haussa les épaules, me reprit le tee shirt et le rangea dans la penderie.

Je me retournais et mes yeux se posèrent sur une console en bois. Des photos de mon frère et moi étaient posés dessus.

_ « Vous les avez retrouvé ! » m’écriais-je.

Ces photos étaient sur la commode de ma chambre. Il y en avait une en particulier qui me fendit le cœur. Celle de mon grand père et nous. Je la pris et la caressais doucement.

_ « Je n’étais pas sûre de me rappeler son visage. » fis-je émue à Esmée.

_ « Qui est-ce ? » me demanda-t-elle.

_ « Mon grand père. C’est lui qui nous a élevé pour ainsi dire. Il est mort il y a longtemps maintenant. »

Je remis la photo à sa place.

_ « Je ne sais pas comment vous remercier pour tout ce vous avez fait pour moi. »

_ « Ne nous remercie pas. C’est un grand bonheur de t’avoir avec nous. » me fit Carlisle.

J’acquiesçais, incapable d’exprimer ma gratitude avec autant de force que je la ressentais.

_ « Oui !! » fit soudain Alice.

Devant nos regards interrogateurs, elle s’expliqua.

_ « Rosalie, Lucy, Bella et moi allons faire du shopping aujourd’hui. » déclara-t-elle.

A mine déconfite de Bella, je crus comprendre que le shopping n’était pas la chose dont elle raffolait le plus.

Cependant, ne voulant pas vexer Alice et Rosalie qui avaient l’air super enthousiaste, j’acceptais. Après tout, moi aussi, j’aimais bien le shopping.

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