Recueil d'un vampire

Chapitre 5 : Vampires ?

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:11

Chapitre 5 : Vampires ?

Depuis plusieurs minutes je me débattais avec mon sac à dos qui refusait de rentrer dans la soute au-dessus de mon siège.

Avec un soupir je me laissais finalement glisser sur le siège de velours. Je me trouvais dans un bus à destination de Volterra et soixante-douze kilomètres me séparaient encore de la cité. Nous avions quitté Florence voilà dix minutes.

Quitter le groupe de touriste à Venise avait été plus dure que je ne l’avais crus. Tous m’avaient assommé de mille conseils de prudences et de recommandations en tous genres. Toutes ces marques de sympathies me touchèrent et c’est les larmes aux yeux que je montais dans l’avion pour rejoindre Florence.

J’apercevais au loin perchée sur une colline les remparts qui entouraient la ville. De hautes tours de pierres grises se détachaient sur le ciel bleu. Enfin nous empruntâmes la route serpentant jusqu’à la citée. Etrangement je me sentais fébrile.

 Je tentais pour la centièmes fois depuis que j’avais quittée le cimetière San Michèle, de me raisonner. Tout indiquait que j’avais découvert la tombe de l’écrivain du journal. Enfin plus exactement du recueil. Je ne pouvais toutefois pas m’enlever de la tête que quelque chose clochait. Depuis la découverte du caveau le malaise s’était installé.

Je n’étais pas d’un naturel superstitieux, mais je devais avouer que deux ou trois points metroublaient. Les dates. D’après l’année gravée sur la tablette, Arnaldo Gianni était décédé en quatre cents quarante-trois. Hors l’écrivain faisait état de plusieurs événements ayant eu lieu après cette date. Des batailles, des guerres, des faits politiques. En montant dans le bus ce jour-là je m’étais aussitôt saisi de mon ordinateur portable afin d’effectuer des recherches relatives aux événements mentionnés. Il s’avéra que certains s’étaient bel et bien produits.

Ces révélations avaient jeté de l’huile sur le feu de mon inquiétude grandissante. De deux choses l’une, soit la personne qui avait écrit le recueil avait usurpé le nom de Gianni, après tout, les écrivains aujourd’hui encore utilisaient des noms d’empreint, soit toute l’histoire était vraie et les vampires peuplaient notre monde sans que nous en ayons conscience. Je me mis à rire de moi, ce qui attira l’attention de mon voisin.

- Tu dérailles sacrement ma vielle ! Me morigénais-je à voix basse. Pendant un instant j’avais été prête à envisager l’existence réelle d’êtres mythiques.

 

Je décidais de me vider la tête de l’intrigue que représentait cette histoire et de me concentrer sur notre arrivée. Enfin au moins pour un temps. En effet ma passion pour l’histoire ne tarderait pas à reprendre le dessus. Je ne pouvais décemment pas laisser entre parenthèses une telle intrigue.

 

Je reportais mon attention sur les rues de Volterra qui défilaient devant mes yeux. Nous venions de passer la grande porte d’enceinte et nous dirigions vers le parking où le car devait stationner. Les bus n‘étaient pas autorisés à circuler dans la petite ville, ce qui me convenait. Je voulais parcourir les rues à pied pour mieux me repaitre de toutes les merveilles que j’entrapercevais déjà.

 

Pour cette dernière partie du voyage je ne devais me joindre à aucun groupe. Les instructions laissées par l’agence m’indiquaient les coins à découvrir, les monuments à ne pas rater et l’adresse de la pension de famille où je m’installais jusqu’à demain soir moment de mon retour à Phoenix.

 

 Sans perdre de temps je me mis en route. Il ne me restait que peu de temps à passer à Volterra et je ne voulais rater pour rien au monde tout ce qu’elle avait à offrir.

 

Le soleil, déjà haut dardait ses rayons implacables sur ma casquette et mes épaules nues quand je m’aventurais seul dans une ruelle à la recherche de la pension de famille. La venelle où je me trouvais était étrangement déserte je trouvais cela angoissant. La sensation de revivre mon rêve s’insinua en moi. Je fus tentée de me pincer pour m’assurer que je ne dormais pas avachis sur la fenêtre du bus mon sac comme repose tête.

 

Je jetais des regards furtifs à droite et à gauche à la découverte d’un indice prouvant que je ne rêvais pas.

 

Je tournais la tête à gauche du coin de l’œil à  ma droite je crus apercevoir un éclat de lumière.

Je me tournais brusquement vers ce qui avait attiré mon regard. Rien. Il y avait une autre ruelle sur la droite là où j’avais cru voir l’éclat lumineux. Je m’en approchais doucement, y jetais un coup d’œil. Il n’y avait rien. 

 

Je sursautais brusquement. Une dame d’un certain âge venait d’ouvrir la porte de chez elle. Elle m’avait surprise à moitié penché dans la ruelle les yeux écarquillés. Elle m’observa des pieds à la tête en notant ma posture inhabituelle.

 

- Je peux vous aider ? Me demanda-t-elle en italien sur ses gardes. Vous semblez perdu jeune fille.

Tandis que mon cœur reprenait un rythme normal je lui répondis dans la même langue.

- Oui s’il vous plait, je cherche la pension de madame Gallerini Arabella.

Elle se détendit d’un coup.

- Mais bien sûr vous êtes la petite américaine qu’Arabella attend ce matin. C’est bien ça ? Me demanda-t-elle en me souriant.

 

- Oui c’est bien ça madame. Olivia me présentais-je.

 

- Olivia répéta-t-elle ravi, c’est un prénom italien. Votre famille est peut-être originaire d’Italie ?

 

- Non, non m’empressais-je de la détromper. Ma mère aimait beaucoup la série sortie dans les années soixante dont un des personnages portait ce nom, ils les rediffusaient au moment de ma naissance.

 

- Eh bien elle à fort bien choisit. Je suis madame Baratti, Arabella est ma voisine je vais te conduire jusqu’à chez elle me proposa-t-elle.

 

- Ne vous donnez pas cette peine, je ne veux pas vous déranger, si vous m’indiquez la maison je devrais pouvoir trouver seul.

 

 

- Non, non, non fit-elle en secouant la tête, véhémente. Viens. Ordonna-t-elle.

 

Peut être c’était-elle sentie offensée par mon refus premier, car elle ne m’adressa plus la parole sur le chemin menant à la pension.

 

Elle se trouvait au bout de la ruelle que j’avais empruntée un peu plus tôt. La façade de pierre brute était fleurie de géraniums et de rosiers. De petites fenêtres où pendaient des rideaux orange bordés de dentelles rendaient le tout chaleureux. C’était pittoresque et charmant. La petite maison me plut immédiatement.

 

-Voilà me dit madame Baratti, tu es arrivé je te laisse sonner je vais faire mon marché, au plaisir jeune Olivia.

 

- Merci madame Baratti pour votre aide.

Elle balaya de la main mon remerciement et s’éloigna d’un pas  plutôt gracieux pour une dame de son âge.

Je me retournais vers la façade de la pension et appuyais sur la sonnette.  Au bout de quelques instants, la porte s’ouvrit sur une jeune femme. Elle devait avoir grosso modo le même âge que moi. Plus petit et plus brune. Ce qui surprenait de prime abord, c’était ses yeux. Ils étaient d’un beau bleu profond et tranchaient sur sa peau olivâtre.

Elle me dévisagea, curiosité incarnée.

- Tu dois être Olivia, me dit-elle sans sourire. L’Américaine ajouta-t-elle.

 

- Oui. Dis-je, prudente devant son peu d’enthousiasme.

 

- Mama !.. Cria-t-elle sans me quitter des yeux.

 

- Je viens entendis-je une voix criait de loin.

Une femme apparue dans l’encadrement de la porte s’essuyant les mains sur un torchon qui pendait à sa jupe longue.

 

- Carlie, combien de fois dois-je te dire de ne pas crier comme ça sermonna-t-elle sa fille en fronçant les sourcilles.

 Car c’était bien sa fille. Elles avaient les mêmes cheveux presque noirs, les mêmes yeux bleus. Peut-être moins soutenu en ce qui concernait la nouvelle venue, ce qui n’enlevait rien à leur ressemblance.

-Tu vas faire peur à cette pauvre petite rajouta-t-elle en se tournant vers moi souriante. Olivia je suppose.

 

- Oui, mais appelait moi Livie.

 

- Enchanté Livie, dans ce cas appelles moi Anita dit-elle en me serrant la main. Entre me pria-t-elle.

                Je la suivie à l’intérieur. Elle me montra ma chambre. Une petite pièce coquette avec salle de bain privée tandis que sa fille allait s’avachir devant la télé.

- Il y a une connexion Internet dans la maison, n’hésite pas à t’en servir.

 

- Merci Anita. Elle referma la porte et me laissa m’installer.

 

Je sortis mon ordinateur portable et rédigeais un mail à l’attention de Susan lui relatant le voyage jusqu’ici et l’accueil chaleureux reçu.

 

Puis en écrivis un autre à l’attention de mes amies. Elles tenaient à avoir tous les détails de chaque minute de mon voyage. Je me contentais de quelque ligne passionnée et envoyais le tout, puis je pris une douche fraîche.

 

Je venais de finir de m’habiller quand on frappa à la porte.

- Entrez.

 

C’était Carlie toujours aussi peu souriante.

 

-Mama te demande si tu manges à la pension ou si tu préfères qu’elle te prépare un pique-nique ? Demanda-t-elle en tournant dans la pièce.

 

-Je pensais partir tout de suite visiter la citée et ne rentrer que ce soir.

 

-Très bien je vais lui dire de te préparer un pique-nique dans ce cas-là, dit-elle.

 

-Merci lui dis-je avant qu’elle ne referme la porte.

 

Mon pique-nique rangé au fond de mon sac à dos, je commençais mon tour de la ville tachant de ne pas trop m’attarder dans les venelles. La frayeur de tout à l’heure m’avait amplement suffit.

 

Je finis par oublier celle-ci me traitant de sotte. Je n’allais pas passer à côté de la visite du siècle pour un peu d’anxiété.

La journée se déroula comme je lavais prévu. Je passais par la Porta all’arco-la porte à l’arc-qui fermait la muraille étrusque, la piazza del Priori-la place des prieurs- et sa tour crénelé et le palais épiscopal qui était l’ancien grenier municipal.

Au moment de visiter la place des prieurs j’eus un temps d’arrêt. En son centre trônait une fontaine identique à celle  de mon rêve. Plus loin de l’autre côté, un porche pareil à celui où se tenait le vampire.

Cela faisait décidément beaucoup de coïncidence.

Depuis cette découverte j’étais nerveuse je regardais par-dessus mon épaule très régulièrement. J’avais l’impression d’avoir quelqu’un dans mon dos. Cela devenait ridicule ! Je tentais de me persuader que tout étaient le fruit de mon imagination, mais je ne parvenais pas à me détendre suffisamment pour en être convaincu.

Pour m’aider à me calmer je m’installais dans un café et commandais un coca. La boisson me fit du bien et je réussis même à rire de moi-même. Le livre trouvé des semaines plus tôt à la bibliothèque de Phoenix  avait une étrange emprise sur moi. Je fus prise d’un fou rire quand je réalisais que j’avais cru être suivi par des vampires. Quelle idiote !

Voyant quelque passant se retourner sur moi, je cessais de rire. Je pris quelques pièces dans mon porte-monnaie, les laissait sur la table et repartie.

Le soleil déclinais et je n’avais pas vraiment envie de rentrer tout de suite je voulais profiter de la fraîcheur nocturne qui ne tarderait pas.

Je retournais donc sur la place quittée plus tôt et m’asseyais sur un banc. J’observais les passants. Il y avait encore dans les rues beaucoup de mondes, essentiellement des touristes qui mitraillaient les façades des maisons et de la cathédrale. Les prises de photos étaient rarement autorisées dans les musés ce qui expliquait le crépitement des flashs une fois dans la rue.

Je commençais à m’ennuyer quand je remarquais une jeune femme qui se dirigeait vers un groupe de touriste. Normalement je n’y aurais pas fait attention. Sauf qu’elle n’était pour le moins, pas ordinaire.

Tous la regardaient, y compris moi. Elle était la créature la plus belle que je n’avais jamais vue. Même les tops modèles fessaient pâle figure à côté de cette beauté. Toutefois, elle avait un petit quelque chose qui touchait à l’étrange, mais je n’arrivais pas à déterminer quoi en particulier.

Elle était grande plus d’un mètre soixante-quinze, certainement. Son opulente chevelure acajou brillait comme s’ils avaient été touchés directement par un rayon de soleil malgré la pénombre qui commençait à envahir la place. Elle portait un chemisier bleu cintré sur une taille fine par-dessus une petite jupe courte en peaux de pêche noire. De longue jambe au galbe parafait à verdir de jalousie et arborer de jolis escarpins à brides.

Mais plus que sa beauté époustouflante, c’était sa peau qui captivait. Elle paraissait lisse et sans défaut. Pas un grain de beauté pas une tache de naissance pour autant que l’on pouvait en juger. Je doutais que les petites parties non visibles de sa peau portaient la moindre marque.

Elle tenait à la main des tracs ou plus exactement des programmes. Je m’approchais curieuse.

Elle s’adressait à une vingtaine de touristes. Elle proposait la visite, guidée, d’une tour médiévale. Elle avait la particularité d’être dissimulée au cœur d’un bâtiment plus récent. Intéressant.

Sa voix était mélodieuse, envoûtante. Plusieurs badauds s’étaient arrêtés, dans le seul intérêt de l’écouter. Maintenant que je me tenais derrière le groupe, en face de la naïade, je pus apercevoir son visage. Emprunt de perfection ses yeux étaient d’un étrange violet elle devait porter des lentilles sans aucun doute. Je me fis la réflexion qu’une beauté pareille devait avoir de magnifique yeux et n’avait pas besoin de recourir aux lentilles de contactes. Je me sentis fade et négligée tout à coup.

Je me concentrais sur les paroles de la sirène que buvait le groupe de vacancier. La visite m’intéressait une tour cachée dans un bâtiment cela avait le mérite de ne pas être banal.

Elle distribua les tracs, avec des gestes gracieux, à tout le groupe et s’approcha de moi. Elle eut un sourire en coin et m’en tendit un exemplaire.

- Cela vous intéresse ? Questionna-t-elle. Je n’arrivais pas à détacher mon regard d’elle. Je répondis en bégayant ce qui eut pour effet d’agrandir son sourire et d’allumer une étincelle dans son regard froid.

 

- Heu…je…bin… Je finis par pousser un soupire exaspéré et lâchais un –oui- en attrapant le papier qu’elle me tendait toujours.

 

Son regard me mettait mal à l’aise elle posait sur notre petit groupe un regard comme le loup sur un troupeau de mouton. Je semblais être la seule à m’en rendre compte. Mes camarades devisaient gaiement sur cette visite inopinée.

 

Le groupe se mit en branle et nous fûmes menés par notre charmant guide jusqu’à la fameuse bâtisse.

 

Pendant le trajet j’observais la singulière façon qu’avait la sirène de se mouvoir on aurait dit qu’elle glissait plus qu’elle ne marchait. Nous avions l’air d’un troupeau d’hippopotames en comparaison. Disparate et bruyant.

 

Nous marchions depuis cinq minutes et arrivions en vue du bâtiment. Je fus prise de la même nervosité que plus tôt.

 

La façade grise était plutôt quelconque. On pouvait douter qu’elle cache en son sein une tour médiéval.

 

Les flashs se déchaînèrent. Je fus éblouie un instant et continuais d’avancer. Je me trouvais au milieu du groupe. Nous passâmes un porche et débouchèrent sur une cour pavée. Elle semblait plus ancienne que la façade de l’immeuble.

 

La naïade nous guida vers le bâtiment au fond de la cour. Ma nervosité grimpa d’un cran sans raison alors que je passais la porte surmontée d’un arc de pierre sculpté.

 

Des pensées paranoïaques commencèrent à envahir ma tête me renvoyant à mes interrogations concernant  Arnaldo Gianni. Après tout si on alignait les coïncidences et les incohérences, des dates, des lieux, des événements, jusqu’à cette légende sur les immortels à Volterra éradiqués par St Marcus, en ajoutant le lieu, la situation dans laquelle je me trouvais maintenant, il y avait franchement de quoi paniquer. Mon cœur palpitait douloureusement contre mes côtes. J’avais l’impression que tous pouvaient l’entendre. Comme pour me donner raison la jeune femme en tête du groupe se retourna et me gratifia d’un sourire carnassier.

 

Son attitude changeait de façon subtile. Elle semblait se statufier progressivement, comme si, elle portait un masque qui se fissurait au fil de notre progression dans le couloir de plus en plus sombre.

 

La tension qui m’habitait parue s’étendre au groupe entier. Les uns et les autres jetaient de petits coups d’œil furtif autour d’eux scrutant le moindre coin d’ombre à la recherche de ce qui avait pu la déclencher. J’étais quant à moi carrément paniquée j’avais la nausée mes mains étaient moites. Il fallait que je me reprenne. Rien ne justifiait mon sentiment.

 

J’avais la sensation d’évoluer dans des souterrains. De l’humidité suintait des murs de chaque côté. Heureusement je n’étais pas claustrophobe ce qui ne devait pas être le cas de tout le monde, si j’en croyais les respirations haletantes de mes compagnons.

 

Enfin j’aperçus de la lumière. En soupirant de soulagement, nous débouchâmes dans une vaste pièce lumineuse. De l’autre côté se trouvait un lourd battant en bois. La naïade nous demanda d’approcher en faisant de grands gestes.

 

Je fus dans les premières à franchir la grande porte au côté de la jeune femme. Me trouver si prêt d’elle me donnais des sueurs froides. Mon regard s’ajusta à la lumière ambiante et engloba la scène qui me fessait face.

 

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