Recueil d'un vampire
En moins d'une seconde mon cerveau enregistra trois choses : la pièce circulaire au sol entièrement marbré dans laquelle nous pénétrâmes, comme si nous nous étions trouvés à l’intérieur d’une tour, ce qui devait être le cas. Les trois sièges richement sculptés qui trônaient en cercle de façon à épouser le mur qui nous faisait face. Mais surtout les trois personnages qui s’y tenaient debout. Ils portaient des capes ? Oui. Cela devait être des capes. De prime abord elles ressemblaient a celles d'Harry Potter, et l'homme au centre, en écartant les bras révéla au passage une tenue tout à fait commune.
- Bienvenus mes amis, entrez, entrez ! S'exclama-t-il d'une voix mélodieuse et voilée, en se frottant les mains.
C’est ce moment que choisit mon cerveau pour reprendre du service. J’assimilais enfin : la peau blanche et presque translucide, les yeux rouges et voilés comme ceux d’un aveugle, les longs cheveux d’ébène. Le jour se fit dans mon esprit quand une porte dérobée s’ouvrit sur notre gauche. Nous tournâmes tous, la tête comme mue par une même angoisse. Une assemblée d’êtres tous aussi beaux et fascinants que notre guide, passa le seuil semblant flotter au-dessus du sol. Ils étaient comme pétrifiés, statufiés. Des vampires !!! J’étais face à un rassemblement de vampires ! Tout le prouvait. Je ne pouvais pas me tromper.
Brusquement, sans qu’aucun des touristes et moi-même ne nous en rendions compte, tous se mirent en actions encerclant notre groupe. Mes yeux ne les virent pas bouger, celui qui avait les yeux laiteux, me ceignit le bras de sa main comme pour m’empêcher de fuir, ce dont je n’avais même pas eu l’idée. Son contact soudain et froid me fit tressaillir de terreur. Des tâches noires se mirent à danser devant mes yeux alors qu’il se penchait sur moi.
J’avais la tête emplie des hurlements qui raisonnaient autour de moi. « Mon dieu pensais-je, le destin et trop cruel. Mon cerveau trop rationnel avait repoussé toutes les preuves les unes après les autres. J’avais tant été fascinée par le monde d’Arnaldo Gianni. Je pouvais presque m’avouer, en cet instant final de ma vie, que j’avais cherché à prouver son existence. Mais quelle cruche ! J’aurais pu m’épargner une fin tragique ! ». Avant de sombrer dans une bienheureuse inconscience, je notais le silence revenu et l’immobilité soudaine du vampire penché sur mon cou ses dents à un millimètre de ma peau.
J’entendais des voix mais n’arrivais pas à interpréter un seul mot. Mon cerveau semblait enregistrer en avance rapide.
Je tentais de reprendre conscience ignorant les informations embrouillées qui tournoyaient. J’étais couchée sur un matelas confortable et moelleux.
Etais-je dans ma chambre, étais-je malade ? Je ne reconnaissais pas la voix de Susan. Un médecin ? Oui cela devait être ça un homme ou plutôt deux hommes discutaient à côté de moi, mais je n’arrivais pas à saisir ce qu’ils disaient.
Je bougeais la tête et un fulgurant éclair de douleur la traversa. Je portais la main à mon crâne douloureux quand tout me revint d’un coup. Ma boîte crânienne s’emplit d’informations toutes plus farfelues les unes que les autres, mais malheureusement vraies. Le doute n’était plus possible, tout était absolument vrai.
Mon cœur se mit à battre douloureusement contre mes cotes. Je n’osais faire un geste. Enfin je pris conscience du silence soudain. Et ouvris les yeux à demi.
Pour apercevoir deux vampires penchés au-dessus du lit le regard fixé sur moi. Mon corps eut un réflexe de survie conditionné. Il se rétracta violemment sur lui-même et je sautais aussi loin que possible des deux immortels. A mon geste ils se redressèrent.
J’étais tapie contre le mur, la respiration saccadée par l’effort que je venais de fournir. Une sueur glacée me dégoulinait dans le dos engendré par la terreur sans nom que je ressentais face aux monstres.
Mon dieu pourquoi n’étais-je pas déjà morte ? Pourquoi m’avoir mise dans un lit ? Pourquoi n’avoir pas fini la besogne alors que j’étais inconsciente ? Mon cerveau fourmillait de questions sans réponse.
- N’aie pas peur jeune Olivia, nous ne te voulons pas de mal, me dit le vampire dans les bras duquel je m’étais évanoui plus tôt.
A ces mots j’eus un fou rire hystérique. Alors que je pensais que j’allais mourir de rire, il se raclât la gorge bruyamment me ramenant à la réalité.
- Vous étiez prêt à me vider de mon sang…av… avant que je ne perde connaissance et… maintenant vous me dite que vous ne me voulez aucun…ma…mal ! M’exclamais-je d’une voix tremblante montant dans les aigus.
Il m’adressa un sourire charmeur. Cet homme dégoulinait de charisme. J’étais presque tentée de lui sourire en retour. Presque !
- Je vais faire les présentations, cela te détendra peut-être. J’eus un reniflement de mépris.
Comme si le fait de connaître leurs noms pouvait m’aider à me détendre. Je me trouvais en présence de cauchemars ambulant bon sang !
- Je me nomme Aro, je suis un des chefs Volturri. Et voici Marcus. Me dit-il, toujours souriant sans se tourner vers son comparse.
Je me concentrais sur le personnage que je n’avais pas observé jusque là. Il était l’un des trois personnages que j’avais aperçus en entrant dans la tour.
Aussi brun qu’Aro avec la même peau blanche et fine comme du papier à cigarette, mais légèrement poudrée. J’apercevais à travers, de petites veinules bleutées.
Marcus n’exprimait aucune expression contrairement à Aro qui était charmant, ses yeux rouges laiteux parfaitement immobiles dans leurs orbites.
-Tu feras la connaissance du troisième chef Volturri Caïus. Une légère mésentente est à l’origine de son absence, il voulait…comment le dire sans te terroriser ? Il fit mine de s’interroger se tapotant le menton comme s’il cherchait l’expression adéquate : te tuer.
J’eus un hoquet en l’entendant discourir de ma mort potentielle comme s’il parlait du mauvais temps.
-Mais, ne t’inquiète pas de cela jeune Olivia, je me porte garant de ta vie. Déclara-t-il en réponse à ma réaction.
Bien voyons ! Comme si cela devait me rassurer ! Je devais d’être vivante au vampire même qui voulait me déguster un moment plus tôt.
- Comment connaissez-vous mon nom ? Je ne vous l’aie pas dis. Vous avez fouillé dans mon sac ?
Il eut une moue chagrine, écarta les bras paume en l’air :
- Tu me vexes Olivia, je n’aurais jamais recours à de telles bassesses. Je sais beaucoup de choses à ton sujet, comme mon compagnon ici présent. Disons que nous possédons quelques talents forts utiles.
Mon dieu tout étaient véridique absolument tout ce qu’il y avait dans le recueil.
- Des pouvoirs. Murmurais-je.
- Oui des pouvoirs, mais nous en discuterons à un moment mieux choisi. Dit-il en frappant des mains me faisant sursauter.
- Tu es mon invitée et ceci est ta chambre me dit-il en englobant la pièce que je n’avais pas pensé à découvrir jusque là. Tu y es comme chez toi, ton sac est dans ce placard ajouta-t-il en me désignant le meuble. J’enverrais quelqu’un te chercher quand tu auras pris un peu de repos, tu ne tiens plus sur tes jambes déclara-t-il avec une sollicitude qui semblait sincère.
Je me redressais pleine de hargne. Non mais pour qui se prenait-il ? Comme si mon confort lui importait. Ma réaction le fit rire tandis que son acolyte restait quant à lui parfaitement immobile. J’en avais la chair de poule.
- A plus tard dit-il en s’inclinant légèrement. La seconde d’après la pièce était vide.
Je savais que les vampires étaient rapides, mais le voir était vraiment quelque chose.
Je m’effondrais sur le lit, tremblante et vidée.
Je n’osais pas m’attarder sur le fait que tous les braves gens qui m’accompagnaient, avaient péri sous les dents de ces monstres. Qu’avais-je bien pus faire pour mériter de vivre il devait bien y avoir quelque chose qui intéressait Aro en particulier, les autres dirigeants ne semblaient pas plus emballés que cela. Qu’allais-je devenir ?
Je courais jusqu’au placard où se trouvait mon sac à dos bien décidé à faire quelque chose pour me sortir de ce mauvais rêve. Si j’arrivais à envoyer un mail de détresse à Susan ou à une de mes amies elles enverraient la police ou l’armée ou n’importe qui susceptible de me sortir de ce nid de vampires ! J’allumais l’engin, tapais le code en récitant comme une litanie :
- Pitié, pitié, pitié.
Mais en vain. Il n’y avait pas de connexion. La chambre très moderne et richement meublée ne contenait pas de connexion internet, de dépit je jetais violemment l’ordinateur sur le lit.
La chambre ne devait pas se trouver dans la tour, mais dans le bâtiment moderne qui entourait celle-ci. Tout dans la chambre était récent. Le lit blanc et le chevet assorti, les peintures de différentes teintes mauves, apaisant malgré la situation stressante, les tapis de chaque côté du lit, jusqu’aux parquets flottants blancs. En face du lit une porte blanche perçait le mur. Je me levais et la poussais. C’était une magnifique salle de bain. De belle proportion, moderne elle aussi. La baignoire donnait envie de se glisser dans un bain bien chaud et parfumé des flacons de senteurs qui ornaient la tablette. Un peignoir et des serviettes de bain molletonnées étaient posés près du lavabo, au-dessus duquel était accroché un grand miroir. Je me mirais en passant. J’étais affreuse. Les cheveux en bataille, le regard hagard, des cernes mauves le soulignait.
Je ressortis de la salle de bain en trombe. Je n’allais pas me laisser faire ainsi. J’actionnais la poignée de porte et tirais de toutes mes forces, mais elle ne bougea pas d’un millimètre.
Je me mis à tambouriner comme une forcenée. Il m’était bien égale qu’un vampire assoiffé de sang franchisse le seuil pour me tuer, du moment que je ne restais pas là enfermée dans cette magnifique chambre à broger sur un sort plus qu’incertain. Je continuais à marteler le battant de toutes mes forces, en criant à qui voulait entendre de me laisser sortir, les menaçants de toutes sortes de châtiments aussi irréalisables que ridicules.
Puis je m’effondrais enfin sur le lit, vidée de toutes mes forces, de toute ma colère et m’endormis.
Un courant d’air froid me fit ouvrir les yeux. Je regardais autour de moi. Une chose étrange se déplaçait très vite provoquant le courant d’air ou plutôt le cataclysme. Les rideaux devant la fenêtre à barreaux s’agitaient furieusement, comme les couvertures sur lesquelles j’étais allongée. Je me redressais tout doucement pour ne pas attirer son attention. Peine perdue. Au moment où j’esquissais un geste, il se mit à ralentir progressivement comme s’il ne pouvait s’empêcher de faire les cents pas devant mon lit qu’à grande peine.
Je le fixais plus éberluée qu’apeurée. Qu’allait-il encore me tomber sur la tête ?
Je finis par apercevoir des cheveux châtains dressés en épines sur un crâne, puis un visage somptueux. Je fus surprise par les yeux du vampire. Ils n’étaient pas laiteux comme ceux d’Aro et de Marcus, mais rouges profond, presque rouges sang.
Il mesurait environ un mètre quarte vingt-cinq. Malgré la distance qui nous séparait et ma posture semi allongée je devais me dévisser la tête pour voir son visage.
Le corps aux longs membres déliés et musculeux. Il avait l’air d’un ange. Bon, certes déchu, mais d’un ange tout de même.
Je parcourais lentement son corps de bas en haut. Surprise que la peur fasse place à la fascination. Mon regard rencontrât le sien. Je sursautais en rougissant. « Qu’est-ce qui te prends de reluquer un tueur en puissance comme une affamée » me morigénais-je intérieurement.
- Bonjour. Au son de la voix de l’ange, mon cœur fit une pirouette dans ma poitrine. Elle était profonde, un tantinet grave, chaleureuse et provoquait en moi de délicieux frissons « Livie ma vielle reprend toi ! C’est un vampire, un tueur ! »
Je me serais giflée, je devais avoir sur le visage une expression extatique débile. Je lui lançais un regard hargneux, sourcils froncés.
- Wow ! Je vois qu’on n’est pas de bonne humeur, me dit-il en souriant (un sourire à faire damner un saint).
J’étais de plus en plus ahurie. Il souriait comme si la situation était somme toute normale. Mon désarroi dut s’inscrire sur mon visage, car son sourire vacilla quelque peu.
Il fini par lâcher en perdant le sourire :
- Aro souhaite te rencontrer dans ses appartements.
Alors qu’il parlait je remarquais que seule sa bouche bougeait. Il était aussi figé qu’une statue. Cette immobilité me mettait mal à l’aise. Il le remarqua et s’anima soudain il mit une main dans sa poche de jean et de l’autre il se gratta le menton. J’étais pourtant persuadée que celui-ci ne le démangeait pas.
Pourquoi voulait-il me mettre à l’aise ? Je ne caressais pas ma bouteille de lait du matin avant de la vider sur mes céréales.
- J’ai besoin de faire un brin de toilette. Dis-je.
- Je t’attends dehors. A peine avait-il prononcé le dernier mot qu’il n’était plus devant mon lit.
Je ronchonnais en me dirigeant vers la salle de bain et attrapais au passage mon sac laissé sur le lit la veille. Si tous se déplaçaient de cette façon j’allais finir cardiaque.
Je décidais de prendre mon temps, de m’octroyais une longue douche bien chaude. Après tout si mon heure était arrivée quelques minutes de plus ou de moins n’y changeraient rien. Peut-être m’avaient-ils épargnés hier pour me garder au petit déjeuner.
Je frissonnais malgré la température de l’eau.
- Courage Livie tu mourras avec dignité. M’encourageais-je.
Une fois prête je rejoignis l’ange dans le couloir. J’étais sûr qu’il n’avait pas bougé d’un pouce en m’attendant.
Nous parcourions les couloirs depuis deux bonnes minutes quand la voix de l’ange se fit entendre.
- Corin.
- Pardon ?
- Je m’appels Corin. Me dit-il en tournant la tête vers moi.
Pourquoi me disait-il cela ? Certes je venais de me poser la question mais…ce pouvait-il qu’il lise dans les pensées ?
- Non. Assena-t-il.
-Non, quoi ? Le questionnais-je agacée.
- Non je ne lis pas dans tes pensées.
Je le fixais ébahi. Cela en avait pourtant tout l’air.
- Vous, les humains avez besoin de connaitre le nom des personnes que vous rencontrez, expliqua-t-il, donc je savais que tu te posais la question. Quant à la question : Est-ce qu’il lit dans mes pensées ? Elle été écrite sur ton visage. Tu es extrêmement expressive. Dit-il en lâchant un de ses sourires comme une bombe sur mon cœur.
Les battements de celui-ci devinrent erratiques et désordonnés.
- Ton cœur s’emballe. Ca ne va pas ? Demanda Corin en fronçant les sourcilles.
Ma réaction et la question du dieu à mes côtés m’énervèrent et je m’emballais :
- Comment est-ce que cela pourrait allait bien alors que je vais sûrement finir comme la boisson fortifiante d’Aro, que je me retrouve prisonnière dans un nid de vampires assoiffés de sang, que je ne reverrais certainement plus jamais les gens que j’aime et…et…Puff ! Laisse tomber. Dis-je finalement essoufflée par ma tirade, toute colère retombée.
Il s’était arrêté au début de mon discours enflammé et me regardait à présent comme s’il m’était poussé une deuxième tête. Il soupira et assena sèchement mâchoires serrées.
- D’une, si tu avais due mourir ce serait déjà fait hier, sans que tu aies même le temps de t’en rendre compte. Deux, tu as sans doute raison, tu ne reverras plus jamais tes parents et amis c’est le lot de tous ici, tu t’y feras. Et trois, nous ne sommes pas tous les monstres que tu crois et tu ne tarderas pas à t’en rendre compte. Maintenant il ne serait pas sage de faire attendre Aro plus longtemps.
J’avais l’impression de l’avoir froissé, mais je ne voyais absolument pas comment après tout c’était moi qui était la victime dans l’histoire pensais-je boudeuse.
Il avait reprit sa marche sans m’attendre. Je me mis à courir derrière lui peu désireuse de me retrouver à la merci de vampires inconnus. Malgré l’affirmation d’apollons. Il avait dit « nous ne sommes pas tous les monstres que tu crois » ce qui voulait bien dire qu’il y en avait parmi eux. Mes pas lourds et bruyants raisonnaient dans le couloir que nous venions d’emprunter, Corin, quant à lui, était aussi silencieux qu’une ombre.
Il fini par s’arrêter devant une imposante porte de bois. Nous étions apparemment de nouveau dans la tour. Il attendit que je le rejoigne pour toquer doucement sur le battant. Il dut entendre une invitation à entrer que je ne perçu pas, car il entra et s’effaça pour me faire entrer à mon tour.
Je passais le seuil d’un somptueux bureau. Les rayonnages tapissaient les murs que remplissaient des tonnes de livres. Les ouvrages anciens côtoyaient les livres de poche. Mes yeux se mirent à briller à leurs vu, mais je me repris bientôt en apercevant Aro assit derrière un imposant bureau de merisier.
Me fixant, une note d’incertitude dans le regard, il semblait peu sur de la marche à suivre il ne semblait pourtant pas homme à douter.
Malgré les allégations de Corin, je n’étais pas persuadée qu’Aro ne voulait pas faire de moi son petit déjeuner. Voilà pourquoi j’hésitais sur le seuil quand il me demanda d’approcher, affable.
Corin ne me laissa pas le choix. Il me poussa vers Aro. Il devait avoir une force incroyable car il avait donné l’impression de ne faire aucun effort et je me retrouvais, sous sa poussée, devant le bureau, pourtant éloigné de la porte.
Je me retournais mauvaise et le fusillais du regard. Il n’en fit peu de cas et referma la porte silencieusement.
Je ne pouvais plus retarder l’échéance. Je pris une grande inspiration pour me donner du courage et me tournais vers Aro qui attendait patiemment les doigts croisés sur son bureau.
- Bonjour Olivia. As-tu bien dormis ? Ta chambre te conviens-t-elle ? Demanda-t-il gentiment.
- Euh oui. Merci. Dis-je hésitante. J’aurais certainement étais bien mieux dans la pension de famille où j’aurais dû passer la nuit, Arabella allait s’inquiéter. Je soupirais.
- Qu’est-ce qui te cause tant de souci jeune Olivia ? Demanda-t-il de sa voix trop douce.
Il avait décidément de drôles de questions. Il agissait comme si le fait de me retrouver ici était normal. Comme si je n’étais pas sa prisonnière. C’était pourtant belle et bien le cas.
-Je devais passer la nuit dans une pension de famille et reprend un avion ce soir. Tout le monde va se faire un sang d’encre, si vous me passez l’expression. Cela lui arracha un sourire amusé.
- Ne te fait plus de souci pour ces…détails, il avait hésité sur le dernier mot en grimaçant. Nous nous en somme occupés personne ne te cherchera.
A ces mots je paniquais carrément.
- Qu’avez-vous fait ?! M’écriais-je en repoussant le siège sur lequel j’étais assise.
Aro ne sembla pas impressionné par mon éclat.
- Assis toi et calme toi. Exigea-t-il toujours souriant, mais celui-ci n’atteignait pas ses yeux. Je devais faire attention à mes coups d’éclats, je n’étais pas en présence de parents injustes, mais bien de créatures dangereuses.
-Je n’aie fait de mal à personne, reprit-il. J’ai simplement orchestré ta mort. Il va de soit comme te l’a expliqué Corin que tu ne peux plus revenir à ta vie d’entant pour plusieurs raisons. Je ne t’en donnerais qu’une pour le moment : l’anonymat. Elle est la clé de notre survie. Tu sais qui nous sommes. Nous ne pouvons plus te laisser partir.
J’étais terrifiée par sa tirade. J’étais donc morte pour tous les gens que je connaissais. En ce moment Susan pleurait sur ma supposé mort. Mes amies, mes camarades tous allaient commémorer mon décès sur une tombe vide.
Les larmes se mirent à couler le long de mes joues sans que je cherche à les essuyer.
Ma vie s’était arrêtée hier lors d’une visite. J’eus un peu honte de m’apitoyer ainsi sur mon sort, les touristes qui m’accompagnaient, eux, n’avaient pas eu cette chance.
Je relevais la tête en reniflant effaçant les dernières traces de larmes sur ma peau.
- Pourquoi ne pas m’avoir tué hier ? Demandais-je.
- Ha Livie je savais que tu étais une battante et que tu reprendrais vite le déçus ! S’exclama-t-il euphorique.
- Ne m’appelez pas Livie dis-je entre mes dents serrées. Seul les gens qui me croient morte maintenant ont le droit de m’appeler ainsi. Livie est morte.
- Il sera fait selon tes désirs. S’inclinât-il. « Si seulement » pensais-je malheureuse.
- Quant à pourquoi je t’aie épargné ? La question est difficile. Nous en discuterons plus tard. Dis-moi, je sais que tu faits presque chaque nuit un cauchemar assai terrifiant. Pourrais-tu m’en parler ?
-Pardon ?
Je ne voyais pas en quoi mes rêves pouvaient bien l’intéresser. Il était décidément très étrange et puis comment savait-il cela ? Se pouvait-il que lui, lise dans les pensées.
Troublée. Je lui demandais.
- Comment êtes-vous au courant pour mes cauchemars ? Il se contenta de me regarder comme une enfant récalcitrante. Je soupirais. La question devrait sûrement être : que ne savez-vous pas à mon sujet ? Je me trompe ?
- Je te l’aie dis Olivia nous savons beaucoup de choses sur toi. Me parleras-tu de tes rêves ? Me redemanda-t-il.
- Ils n’ont pas grand intérêt commençais-je. Je lui relatais mon cauchemar, les différences qui s’étaient produites, mais ne lui parlais pas de l’influence du recueil. Je ne tenais pas à m’étendre sur la fascination morbide que j’éprouvais toujours pour Arnaldo, même depuis les récents événements.
- Fascinant. Murmura-t-il.
Il se leva lentement (pour un vampire) et contourna le bureau et le siège sur lequel j’étais assise. Je n’osais pas faire un geste. Il posa une de ses mains froides et dures comme du marbre sur mon épaule sans dire mot. Elle était étrangement lourde.
Puis il revint à son bureau à vitesse vampirique. Décidément je ne m’y faisais pas !
- Fascinant. Répéta-t-il.
Je ne voyais pas ce qu’il y avait de fascinant. Troublant, peut-être, mais fascinant. Je haussais finalement les épaules.
- Je vais te raconter une histoire, jeune Olivia. Me dit-il en enfouissant ses mains dans les larges manches de sa tunique noire. Un jour, commença-t-il de sa voix voilée et basse, un jeune homme se présenta aux portes de Volterra. Il voulait mourir. Et venait nous demander notre aide. Vois-tu Olivia il est presque impossible pour un vampire de se donner la mort, nous sommes presque invincible. Ajouta-t-il avec un sourire qui me fit reculer au fond de mon siège.
Aro était toujours affable, mais en ce moment il ressemblait plus que jamais à un vampire. Il n’avait apparemment pas l’intention de me tuer, mais ses yeux rouges braqués sur moi semblaient m’avertir que rien ne l’empêchait de changer d’avis.
- Il se présenta animé d’une profonde colère, d’une tristesse sans nom. Il venait de perdre l’être pour lequel il s’était épris et s’en voulait beaucoup de n’avoir su éviter cela. Ce garçon possédait un grand pouvoir. Il lisait dans les pensées de toute personne qui se trouvait en sa présence et même à des kilomètres pour les personnes dont il était proche.
- Fascinant. Murmurais-je à mon tour, j’ignorais que de tels pouvoirs existaient.
- Oui fascinant, nous nous sommes réunis en conseil Marcus, Caïus et moi et somme arrivés à la conclusion que cela aurait été du gâchis. En revanche, intégrer une telle personne au sain de notre garde aurait été un atout considérable. Lorsqu’il revint nous tentâmes de le convaincre de nous rejoindre, mais il ne voulu rien entendre. Il ne désirait rien d’autre que rejoindre son âme sœur disparut. Il connaissait mon penchant pour les pouvoirs, il l’avait lu dans ma tête. J’étais proprement fasciné par ce jeune homme, il était si humain !
Dans ma tête remplie d’a prioris, les vampires ne pouvaient ni être humains ni gentils, ni même amoureux. Les films de vampires avaient faut sur toute la ligne, leur monde semblait bien plus complexe et varié que le mort-vivant de cinéma.
- Il repartit plein de hargne. Reprit-il. Bien décidé à arriver à ses fins par lui-même. Il existe plusieurs lois dans notre communauté, mais elles sont toutes intimement liées à la seule vraiment importante, c’est la raison même de notre existence à nous, Volturi. Garder le secret de notre existence et un devoir pour chaque immortel qui peuple notre monde. Sachant cela à midi lors de la fête de St Marcus, il projetait de s’exposait aux yeux des humains afin de nous forcer à l’exécuter.
Je me souvins de ce que racontait Arnaldo dans le recueil à propos du soleil miroitant sur sa peau tel des milliers de minuscules diamants, comme le vampire de mon rêve.
« C’était certainement la meilleure façon d’attirer l’attention de tous », songeais-je.
- Ce jour-là a été des plus divertissants dit-il en souriant. Et les choses prirent une tournure imprévue. Alors que le jeune homme s’avançait en plein soleil, une jeune fille traversait la place le plus vite quelle le put afin de le stopper dans sa folie. Cette jeune fille était l’âme sœur du vampire. Elle n’était finalement pas morte. Les malentendus s’étaient enchaînés les menant là. Cette jeune fille était humaine.
Je restais bouche bée. De mieux en mieux. Comment une humaine avait-elle put tomber amoureuse d’un monstre. Tout humain qu’il était, il se nourrissait de ses semblables tout de même. J’étais écœurée. Aro reprit :
- Nous ne pouvions pas les laisser partir ainsi, elle était humaine, connaissait notre existence elle devait soit être transformé soit mourir. Je les fis ramener dans la tour. Une personne inattendue s’était jointe à eux : la sœur du jeune homme. Une charmante jeune fille au talent très particulier bien plus extraordinaire que le jeune homme.
Qu’est-ce qui pouvait être mieux que de lires dans la tête de n’importe qui ? Me demandais-je.
- Le jeune homme refusait de transformer sa dulcinée, il pensait que nous n’avions pas d’âme et refusait de prendre celle de sa bien-aimée. Son entêtement ne nous laissait pas le choix, elle devait mourir.
Sa façon de parler de la mort froidement comme si cela n’était qu’une formalité pas plus déplaisante que ça me fit froid dans le dos.
- La jeune sœur du garçon récalcitrant s’interposa au dernier moment, me jurant que la jeune humaine serait l’une des notre prochainement, qu’il le veuille ou non. Je lui en demandais la preuve. Cette personne prédisait l’avenir Lâcha-t-il. Mon regard ahuri en disait long. Elle avait des visions de l’avenir. Elles lui venaient de façon inattendue, elle pouvait aussi voir là où elle cherchait.
Mais ses visions n’étaient pas infaillibles. Pour peu que la personne qui y détenait un rôle prenne une décision celle-ci se modifiait.
Il s’interrompit me jaugea un long moment. Il dû trouver ce qu’il cherchait sur mon visage aux yeux légèrement écarquillés, à la bouche entrouverte, car il reprit :
- Je me suis beaucoup demandé si je devais te faire cette confidence, jeune Olivia. Vois-tu je détiens un pouvoir. (Ca je m’en serais douté)
- Qui est ?
- Un don très utile. Il suffit que j’effleure une personne pour que la moindre pensée qui ait un jour traversé sa tête me revienne.
Je le fixais mortifié. Cela ne pouvait pas être une coïncidence, depuis la veille au soir je n’y croyais plus. Ainsi je me trouvais en présence d’Arnaldo Gianni en personne. J’allais de surprise en surprise. Pourtant, cela prenait tout son sens. Oui maintenant toutes les pièces du puzzle étaient réunies et toutes s’imbriquaient les unes aux autres.
- Oui tu as bien compris Olivia, je me demande comment ce recueil est arrivé dans tes mains ? J’étais persuadé hier encore de l’avoir en ma possession. Quelle ne fut pas ma surprise quand, à ton contact les mots de mon journal se mirent à défiler dans ma tête. En règle générale je ne fais pas attention aux pensées de mes victimes. Aux files des siècles je m’en suis lassé. Elles sont toujours les mêmes. Les humains sont si… limités.
Pas de doute c’était bien lui, je me souvins de m’être offusquée de sa vision de mon monde. De toute évidence il était au courant maintenant. Son sourire taquin me le confirma.
Savoir qu’il était au courant de mes moindres pensées me mettait franchement mal à l’aise. J’éviterais à l’avenir de le toucher.
- Tu connais désormais bien plus de choses sur moi que je ne l’aurais souhaité, jeune Olivia.
- Chaque personne qui croise votre route n’est plus le garant de ses pensées, je ne pense pas en savoir tant que ça, je ne suis pas arrivée au bout de ma lecture.
- Ha ha ha tu marques un point. Dit-il riant de ma répartie. Mettons cela de côté pour le moment et revenons à nos trois jeunes gens. Notre médium me tendit sa main et je pus voir toutes les visions qu’elle avait eut. Bien évidemment elle me prouva que la jeune humaine serait transformée d’une façon ou d’une autre, tout menait vers ce moment. Je les aie, laissés partir.
Je nageais en plaine confusion, certes l’histoire était incroyable et belle d’une certaine façon, mais pourquoi me la conter ? Où était le rapport avec moi ?
- Je ne comprends pas. Qu’elle est le lien avec moi ? Lui demandais-je.
- J’y viens. Vois tu lors de cet échange j’ai pu voir les prédictions fabuleuses du jeune vampire. Celles passées, mais aussi celles à venir. A l’époque je n’ai pas compris l’une d’elle, maintenant que tu es là devant moi elle prend tout son sens.
Hein ! Ce vampire avait prévu ma venue. Mais comment je n’avais pas décidé d’atterrir là.
- Cette vision te concernait, elle montrait une scène, celle là même que tu vois toutes les nuits depuis des mois en rêves.
Tout ça dépassait ma compréhension. Je savais que ce rêve avait quelques choses d’étrange. Personne ne rêve de la même chose chaque nuit cela se saurait et puis tout étaient liés à Volterra depuis le début avant même que je ne lise le journal d’Aro. J’en avais la conviction, mais de là a imaginer qu’une personne que je ne connaissais absolument pas avait eu une vision de moi mettant en scène mon rêve, c’était plus difficile à avaler cela donnait beaucoup trop de réalité au songe qui m’avait tant terrifié.
- Elle n’a pas compris la signification de sa vision à l’époque elle a renoncée à lui donner un sens. Elle lui est revenue régulièrement, des années durant, avant même qu’elle te soit révélé en songe. Le vampire qui avait cette vision ta donnée un nom. Me révéla-t-il.
-Un…nom ?
- Oui elle t’a appelé la Fille de lumière.
« Bien sûr », songeais-je, en référence à cette aura de lumières blanches qui émanait de moi. Bizarrement je trouvais que cela m’allait bien. La porte du bureau s’ouvrit, je n’avais pas entendu frapper, de toute évidence j’étais la seule.
- Entre Corin. Autorisa Aro sans élever la voix. Olivia, Corin va t’accompagner dans ta visite des lieux te présenter à tous, n’hésite pas à le questionner, nous n’avons rien à cacher. Tu fais dorénavant parties des nôtres. Un dialogue s’ensuivit entre Corin et lui. Ils débitaient à une vitesse telle que je ne compris absolument rien.
De toute évidence il n’avait pas confiance en moi. J’allais me lever de mon siège pour regagner le couloir, quand Aro me tendit la main comme pour m’aider. Je fis un bon en arrière. Les mains derrières le dos.
- Je ne souhaitais que t’aider, simple galanterie de ma part. Expliqua-t-il tout sourire.
-Je préfère me débrouiller seule, si cela ne vous dérange pas. Répondis-je. Je n’avais pas l’intention de le laisser lire en moi. Enfin pas si j’avais mon mot à dire.
- Je comprends. Dit-il mains en l’air, pas de contact.
Je rejoignis Corin qui attendait dans le couloir aussi vite que mes pauvres jambes humaines me le permettaient.