Recueil d'un vampire

Chapitre 21 : Chapitre 20 : Tous humains ?

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 04:15

Je ne courus pas bien loin, mais me réfugiais dans le seul endroit qui pouvait me faire retrouver mon calme et m’apporter toutes les réponses à mes questions : la bibliothèque. Au moins ici pas de vampires en perdition, de nouveau-nés ou de maîtres trop ambitieux.

Les livres avaient toujours eu un effet bienfaiteur sur moi, ils m’apportaient la paix de l’esprit et encore une fois aujourd’hui leurs odeurs  m’apaisaient à la manière d’un baume régénérateur.

Je me mis à arpenter la grande pièce les yeux clos, m’imprégnant du calme qui y régnait. En faisant cela je m’ouvris involontairement aux essences des vampires qui vaquaient derrière les murs épais. Au lieu de me tendre et de fuir cette nouvelle intrusion, je me laissais pénétrer de toutes parts, les appelants, les attirants à moi.

Un calme étrange se déversa sur mon être, mes neurones se déconnectèrent pour laisser place au vide. Pas une pensée ne venait troubler cette plénitude bienheureuse. Les auras caressaient ma peau de leurs douces ondes. C’était moins une sensation, qu’une pensée, un état spirituel. Je les sentais, les entendais, les touchais avec mon esprit, elles m’apaisent comme si elles avaient partagé ma détresse, la comprenait, la soulageais.

Quelle était la nature exacte de mon don ? Était-il puissant au point de retransformer un vampire en humain ? Cela paraissait tellement impossible, ou fou. Pourtant, quelques mois auparavant je ne croyais pas aux vampires, je ne croyais pas que quiconque pouvait vivre pour l’éternité, je ne croyais pas davantage en l’existence de métamorphes il y avait à peine vingt-quatre heures. Alors, pourquoi avais-je tant de mal à envisager que je puisse détenir un tel pouvoir, même maintenant que je savais que tous cela existaient bel et bien ? La réponse en était simple, je ne me voyais encore que comme un simple rat de bibliothèque, insignifiant et sans aucun attrait.

Corin avait raison et tort, je ne me voyais pas plus comme un vampire que comme désirable ou digne de posséder un don. Il était temps d’accepter ce que j’étais devenue. J’étais désirable Corin m’aimait et je l’aimais aussi, j’étais un vampire, une immortelle et puissante de surcroit.

Je comprenais de mieux en mieux, ce que craignait Caïus. Je ne le mettais pas en rogne par ma seule existence comme j’avais pu le croire, il ne souhaitait pas s’opposer à la décision d’Aro de me transformer en l’une d’eux, non, il avait peur de moi. Il avait dû pressentir la puissance de mon don avant même que je ne sache que j’en avais un. Je me demandais tout de même si Aro était aussi confiant qu’il le montrait. Peut-être que lui aussi s’inquiétait. Se sentait-il menacé comme Caïus ? Et Marcus qui connaissait l’exact degré d’attraction que j’exerçais sur leurs vampires ?

Mes problèmes avaient tendance à se multiplier depuis mon arrivée à Volterra, mais je décidais de prendre les choses comme elles venaient. Je m’exhortais à la prudence cependant, les possibilités d’un tel don m’apparaissaient clairement maintenant et elles étaient à la fois terrifiantes et exaltantes.

 Je m’immobilisais devant la longue table à ma droite et ouvris les yeux. Comment avais-je su que la table se trouvait devant moi ? Mes sens de vampires me l’avait appris, à la seconde ou j’avais pénétré dans la pièce, le moindre obstacle s’était inscrit dans ma tête et j’avais pu errer les yeux clos, sans me prendre les pieds dans le tapis.

Je pris une inspiration inutile et partis comme une flèche. De retour dans ma chambre rien n’avait changé, les deux hommes levèrent la tête vers moi, l’air grave, ce qui me fit partir d’un grand rire.

- Si vous voyiez vos têtes !

Corin me souri content de constater que je me sentais mieux et je m’en voulu aussitôt de l’avoir inquiété ainsi.

Je l’embrassais tendrement et soufflais pour lui seul :

- Désolé de m’être comporté comme une idiote.

- Mon amour tu ne te comportes jamais comme une idiote, souffla-t-il à son tour.

Un raclement de gorge nous rappela à l’ordre, nous n’étions pas seuls.

- Désolé, mais avant que vous ne vous vautriez l’un sur l’autre, est-ce que tu as pris une décision Lumineusa ?

J’inspirais Profondément.

- Nous allons tenter l’expérience…

- …mais ?

- Mais je veux que tout cela reste entre nous, si cela marche tu disparaîtras, dans l’éventualité ou cela se produirait, personne ne saura jamais que tu es redevenu humain.

Des étoiles se mirent à briller dans ses yeux.

- Fred, as-tu vraiment réfléchit ? Nous avancerons à l’aveuglette, je n’aie aucune idée de ce qui pourrais se passer, je pourrais te tuer, ne prend surtout pas cela à la légère.

- Tu es bien placé pour savoir que je préfère mourir plutôt que de rester immortel, alors disons que je donne mon corps à la science, sourit-il confiant.

Trop confiant à mon gout.

- J’ai touché avec mon esprit ta souffrance, je ferais tout ce qui en mon pouvoir pour qu’elle cesse, lui promis-je.

Même si je ne lui redonnais pas ce qu’il désirait par-dessus tout, son humanité, je tenterais de lui donner gout en la vie en insufflant à son âme, l’envie de vivre malgré tout.

Fred prit ma main dans la sienne, pencha la tête dessus et toucha ma peau de son front en murmurant :

- Merci, Lumineusa.

Cette marque de déférence me gêna quelque peu, mais je ne dis rien me contentant d’accepter tout simplement.

Je mis tout de même fin à sa reconnaissance prématurée, car Corin et moi avions rendez-vous avec Capac dans quelques heures et le temps passait vite quand on sauvait le monde.

- Nous allons procéder comme tout à l’heure, Corin peux-tu t’assurer que personne ne traine dans les parages immédiat, je ne sais pas comment Fred pourrait réagir, je ne tiens pas trop à voir débarquer tout Volterra.

- Je reviens tout de suite.

A peine trente secondes plus tard il revenait avec un rapport complet de là où se trouvaient les vampires présents dans les murs.

- Très bien, alors allons-y.

Fred et moi primes une profonde inspiration qui nous fit sourire. Je lui pris les mains et aussitôt je me retrouvais dans un monde mystique fait de sensation et de lumière. Attiré par mon aura l’essence de Fred s’enroula avidement autour de moi, je l’ignorais et m’intéressais à la sphère qui scintillait doucement.

Niché en son sein, le petit cœur rouge m’évoquait un grain de grenade transparent et luisant de jus. Je relâchais l’air de mes poumons et l’effleurais pour la deuxième fois aujourd’hui.

La réaction ne se fit pas attendre, le grain se contracta violemment, provoquant une douleur sourde dans mon crâne. Un coup de tambour assourdissant raisonna puis un deuxième plus vigoureux lui succéda. Tentant d’ignorer la douleur qui me vrillait les tempes, j’attirais délicatement le globe dans mes mains rassemblées en coupes. Ma peau scintillait faiblement jusque-là, mais à son contact, elle se mit à flamboyer m’aveuglant dans la foulée.

Les battements redoublèrent alors d’énergie, la perle à l’intérieur se contractait de conserve. Je compris en notant leurs rythmes et leurs vigueurs que le noyau magenta était la représentation mystique du cœur de Fred. J’insufflais toujours plus de lumière qui s’enroulait en spiral autour du noyau contractiles ce qui eu pour effet de multiplier à la fois les battements du cœur qui pulsaient contre mes mains et les pulsations douloureuses à mes tempes. Ma vue se troubla brutalement me rendant aveugle à ce qui m’entourait. J’entendais confusément des gémissements contenus. Sortais-t-il de ma bouche ou de celle de Fred ? Je n’aurais su le dire.

Ma perception du cœur battant contre ma peau disparue brutalement et je sentis revenir sous mes tibias la douceur de la couverture sur laquelle j’étais agenouillée.

J’ouvris les yeux, trop vite, les referma aussitôt lorsque un éclaire de douleur traversa ma tête comme la balle d’un révolver. Je gémis à l’unisson des plaintes qui n’avaient pas cessez.

- Mon amour ? Entendis-je la voix de Corin me parvenir de loin.

La tête enfouit dans mes genoux, je n’eus que la force de lever la main. La douleur m’arracha un petit cri quand je tentais d’ouvrir la bouche pour le rassurer, j’y renonçais finalement.

Petit à petit la souffrance déclina, mais fit place à une autre douleur plus familière, mais non moins intense, celle de la soif. Elle me déchirait la gorge pourtant, m’étais nourrie il y avait peu. Comment avait-elle pu se réveiller si tôt et avec autant d’intensité ? J’avais l’impression d’avoir avalé une gorgée d’or en fusion.

- Corin ? Gémis-je.

- Olivia !

Il y avait une note de panique dans sa voix, mais au moins ne l’entendais-je pas comme s’il s’était trouvé à l’autre bout du château.

- J’ai terriblement soif, haletais-je.

Seul le silence qui régnait à présent dans la pièce me répondit. La douleur reflua soudainement, complètement oublié, comme un mauvais rêve au réveille. Je me serais portée comme un charme si l’enfer n’avait pas été coincé dans mon œsophage.

En me redressant, j’aperçus Fred étendu inconscient sur le lit. Inconscient ?! Puis son odeur me monta à la tête, je me retrouvais penché sur lui sans avoir souvenir d’avoir amorcé le moindre geste. J’inspirais profondément me délectant de son parfum capiteux. L’enfer se déchaîna dans mon gosier aliénant toute autre idée que celle enivrante de me nourrir à ce corps chaud et humide. La douce symphonie de son cœur m’hypnotisais, son arôme que je sentais sur ma langue m’appelait, je n’étais plus moi, seulement une prédatrice en chasse. J’enfouissais le nez dans la chaleur de son cou pour me repaitre de son sang, quand la voix de Corin claqua comme un fouet :

- Olivia ! Ca suffit !

Cela eut pour effet de me faire redresser avant que mes dents ne s’enfoncent dans sa chaire si tentante. Je montrais les dents à Corin frustrée.

Il m’écarta du lit sans douceur et même si une partie de moi comprenait, une autre offusqua de sa brutalité.

- Désolé, mais tu ne peux pas le ramener à la vie et le manger dans la foulée, s’excusa-t-il.

Mon cerveau n’arrivait pas à se concentrer sur les mots qu’il prononçait. Je gémis pitoyablement en serrant les doigts sur ma gorge.

Sans que je sache comment et à vrai dire je m’en moquais, un verre de sang se matérialisa entre mes mains, j’en arrachais le couvercle et la paille et bus avidement tous son contenu.

- Encore, grognais-je peu élégamment, bien consciente de me comporter comme un animal, mais ne pouvant m’en empêcher.

Sans qu’aucune expression ne trouble son beau visage, Corin me fit passer les verres les un après les autres. Il avait dû assez bien évaluer la situation, car quand la brulure s’apaisa enfin, je dénombrais cinq verres jetés négligemment sur le sol.

- Comment te sens-tu ? Me demanda-t-il gravement s’attendant surement à une crise devant mon air renfrogné.

 - Pitoyable, mais en forme.

Il s’approcha de moi rassuré et essuya le sang qui me dégoulinait sur le menton et sourie.

- Tu as faillit manger ce pauvre Fred.

Cette remarque me ramena instantanément à nos moutons.

- Il est vraiment redevenu humain ? Lui demandais-je médusé.

Il acquiesça n’en revenant pas lui aussi.

- C’était terrifiant à voir, crois-moi, mais tout aussi fascinant.

Maintenant que la crise était passée, il semblait ébahi lui aussi par ce qu’il s’était passé dans cette chambre. Je jetais un œil au corps sur le lit et m’approchait doucement. Corin me suivi comme mon ombre, on ne sait jamais !

Le cœur du jeune homme qui m’avait attiré irrésistiblement un peu plus tôt battait vigoureusement. Il attisa la brulure toujours présente dans mon gosier, mais c’était tout à fait supportable. Rassurée je pus l’observais plus détendu.

Ce qui frappait de prime abord, s’était la couleur de sa peau. Elle irradiait la chaleur. Le fin réseau de veines apparaissaient à travers, je voyais, j’entendais le sang rugir à l’intérieur. A travers ses paupières bleutés on voyait bougeaient ses globes oculaires, mouvement incontrôlé tellement humain. Ses cheveux blonds me paraissaient légèrement plus foncés. Le changement physique n’était pas si spectaculaire, il était toujours très grand et beau, mais d’une tout autre manière. Son parfum par contre avait changé du tout au tout. Une légère fragrance dans le fond me rappelait celui qu’il avait été, mais cela s’arrêtait là. Je tendis la main et lui caressais le bras. Le touché également avait changé, chaud presque brulant, souple, pas tout à fait moue.

- Mon dieu, murmurais-je.

- Comme tu dis !

Je n’en revenais pas, j’avais changé un vampire en humain, cette fois je ne pouvais pas ignorer mes dons, Fred en était la preuve vivante, dans le vrai sens du terme. Qu’allais-je faire ? Cette nouvelle allait faire l’effet d’une bombe atomique sur notre monde.

- Nous ne pouvons pas le laisser là, si quelqu’un le sent, je suis perdue.

Corin me transperça du regard.

- Tu es terrorisé, constata-t-il.

- Parce qu’à ma place tu ne le serais pas ? Corin je viens de faire la chose la plus folle qui m’aie été donnée de faire et Dieu sait que ces derniers mois j’en aie fait !

- Oui c’est terrifiant, je ne vais pas te dire le contraire. Je suis un vampire depuis tellement longtemps que je me souviens à peine de ce qu’est être humain et la perspective de changer cela et bouleversante…

Je le regardais à présent horrifié, je n’avais pas songé un instant que mon ange déchut pouvait lui aussi vouloir retrouver son humanité. Dans mon esprit Corin et moi étions voués à passer l’éternité ensemble et même après la découverte de ce nouveau don, j’étais encore assez vaine et égoïste pour  croire que Corin resterait à mes côtés, à m’aimer, à me soutenir. J’avais tellement besoin de lui. Envisager de vivre sans lui m’étais insupportable et un instant l’imaginé me pétrifia sur place, je me retrouverais comme une coquille vide, une nuit sans fin, sans étoiles.

Corin s’était interrompu en me voyant figée. Il plissa les paupières une expression suspicieuse sur le visage. J’affichais un visage aussi neutre que possible alors qu’à l’intérieur une tempête monstrueuse faisait rage.

- Olivia ?

- Oui ?

Je fus contente d’avoir insufflé à ma voix une neutralité et une assurance ferme.

- Qui a-t-il ?

Il me connaissait trop bien pour ne pas avoir remarqué mon manège, je ne tenais pourtant pas à le mettre face à mon désarroi, cela aurais été déloyale. Il était en droit de me demander son humanité et ce qui me terrorisait le plus c’est que mon amour pour lui m’empêchait de lui refuser cela. Je l’aimais au point d’accepter de le perdre à jamais.

- Absolument rien, répondis-je.

- Justement, il n’y a rien sur ton beau visage, tu affiches cette expression des vieux vampires qui en on vu d’autre, que me caches-tu ?

Incapable de lui mentir, je choisis de changer de sujet :

- Il faut déplacer Fred au plus vite.

Il m’observait toujours, suspicieux, il avait compris que quelque chose de la plus grande importance m’avait traversé l’esprit et ma brusque volte face n’arrangeait rien.

Je me détournais de lui l’air de rien et m’approchais de Fred que j’attrapais sous les aisselles pour le hisser sur mon épaule. Je m’émerveillais de la facilité que j’avais à le porter, pour moi il ne pesait pas plus lourd qu’un paquet de kleenex. Une exclamation indignée me fit me retourner précipitamment, mon fardeau dans les bras.

 - Comment peux-tu imaginer une seule seconde que je te demanderais une chose pareille ? Me demanda Corin courroucé.

Je fus choqué par son regard, il était glacial. Sous le coup de l’émotion son âme recouvrit toute la partie visible entre ses paupières. Au-delà de la colère froide, je percevais sa profonde tristesse. Mon cœur se fendilla remplit de culpabilité.

- Corin je…

- Tu as cru que je t’abonnerais, lâcha-t-il.

Un masque de froideur remplaça la colère et son âme se retira au point que je pouvais apercevoir le disque écarlate de ses iris. Je l’avais blessé, profondément.

- Corin ne fait pas ça.

- Ne fais pas quoi ?

- Ne te ferme pas à moi, j’ai juste pris conscience que tu pouvais vouloir redevenir humain toi aussi et que je n’avais pas le droit de te le refuser, je t’aime trop pour ça.

- Olivia, bien sûr que cette éventualité m’a traversé l’esprit, soupira-t-il. C’est tellement dingue comme possibilité, ne me dis pas que même toi tu n’as pas imaginé redevenir humaine.

Il avait raison, mais tout de suite m’étais apparu le fait que tous les vampires était immunisé contre leur propre pouvoir.

- Corin tu ne peux faire courir sur ta peau des flammèches de chaleur comme tu le fais sur la mien, il en va de même pour nous tous, nous sommes immunisé. Je resterais une immortelle pour l’éternité, même si tous les vampires du monde redevenaient humains.

Je reposais Fred, toujours évanouie, sur le lit. Dans un coin de ma tête, je me demandais quand même s’il était bien normal qu’il soit toujours inconscient.

- Olivia, je serais l’humain le plus malheureux du monde, pour moi ce ne serait pas une délivrance comme cela le sera pour Fred, ce serais simplement ma mort, n’en doute pas.

Je n’osais croire complètement en ses paroles même si mon cœur mort en rêvait.

- En es-tu sur ? Retrouver des choses oubliées comme, respirer et sentir ton corps se gorger d’oxygène, sentir à nouveau ton cœur battre dans ta poitrine, fermer les yeux et t’abandonner à un sommeil peuplé de rêves, sentir à nouveau le gout des aliments sur ta langue…avoir des enfants, murmurais-je enfin.

Ce dernier argument était à mes yeux le plus important. Tous les hommes étaient conçus pour procréer et même chez les immortel c’était un sujet douloureux, nous avions tous été humain c’était encore écrit dans nos gènes et il fallait être humain pour avoir un enfant.

- Tu ne comprends pas, je pensais que tu avais enfin mesuré la portée de mes sentiments pour toi. Mon amour, mon âme t’a reconnu comme sa moitié, comme son alter ego, nous formons deux moitiés d’un tout. Tu vis, je vis, tu meurs, je meurs, ce n’est pas plus compliqué que cela, à quoi me servirait-il d’être humain puisque je ne pourrais plus être avec toi ?

Ses paroles trouvèrent un éco en moi, j’aurais pu lui adresser ses phrases mot pour mots, je n’en aurais pas dit moins, ni plus.

- Je suis désolée, dis-je en me jetant dans ses bras, j’au paniqué un instant, je ne peux pas vivre sans toi mais je t’aime assez pour te donner une humanité si c’est ce que tu désirs.

- Je ne désir qu’être avec toi, dans tes bras, dans ton âme, baigné de ton amour, ne doute plus de moi Olivia, me dit-il en prenant mon visage doucement, mais fermement, mon amour pour toi est incommensurable, arrête de guetter le moment où j’ouvrirais les yeux en m’écriant que je me suis trompé de personne, il n’y aura que toi pour l’éternité, comprend que je ne fais aucun sacrifies en restant immortel, par contre en redevenant humain j’aurais sacrifié ma vie.

Je ne trouvais rien à dire pour répondre à une telle déclaration d’amour, sinon lui retourner ses mots. J’étais complètement noyée par les sentiments, les sien, les miens, transformé en tempête des sens. Je me rendais compte que j’avais attendu, en effet, qu’il ouvre les yeux refusant de croire inconsciemment qu’il pouvait m’aimer à ce point, pourtant je connaissais son âme, intimement, comment pouvais-je douter ? Mon cœur fut délesté d’un poids considérable et me laissa légère et confiante.

- Pardonne moi, plus jamais je ne douterais de toi, tu es ma raison de vivre, mon âme, mon amour.

- Je l’espère bien.

Je l’embrassais fougueusement, insufflant à ce baiser ce qui ne pouvait être dit avec des mots. Corin s’arracha à mes lèvres à contrecœur et désigna notre ami inconscient.

- Il faut vraiment nous occuper de lui.

Je soupirais, le devoir nous attendait. Corin prit Fred sur son épaule et nous nous élançâmes prudemment dans le dédale de couloir. Tous le monde savaient que nous buvions du sang dans des verres, personne ne croira que nous avions fait un dîné aux chandelles en tête-à-tête.

Je marchais trois mètres devant Corin pour assurer la voie libre. Au détour d’un couloir, Démétri, que je n’avais pas vu depuis mes premiers pas à Volterra, s’avança dans ma direction. J’étais encore humaine à ce moment-là et je ne reconnue donc pas son odeur avant de le voir. Je fis signe discrètement à Corin de stopper avant qu’il ne tourne au coin.

- Olivia ! Rit Démétri, tu es magnifique, le papillon a enfin été autorisé à sortir de sa chrysalide ?

- Papillon, tu parles.

Démétri était un vrai boute en train, mais je ne m’y laissais pas prendre, il émanait de lui des choses en contradiction avec ce qu’il montrait, il ne pouvait pas me tromper là-dessus.

- Ca faisait longtemps, dis-je, parlant pour laisser le temps à Corin de disparaitre avec notre fardeau.

- C’est vrai, j’étais en mission comme toujours. Alors, comme ça tu as réussi à émerveiller tout Volterra ?

- Je doute que « émerveiller » soit le bon mot, disons que vous n’avez pas plus le choix que moi et que cela ne plait pas à certain, dis-je en haussant les épaules.

Il me sourit de toutes ses dents.

- Moi je suis le plus heureux des vampires, être attaché à une beauté pareille c’est le rêve.

Les sentiments qui l’agitaient et l’âme plus foncé dans ses yeux démentaient ses mots, mais je n’en fis pas grand cas, j’avais d’autre chat à fouetter. Notamment retrouver mon apollon pour la mission sauvetage (sauvons Fred l’humain). Il fallait admettre qu’il était dommage de survire à une retransformassions et de servir de petit déjeuner à un vampire.

- Bon, ce fut un plaisir de te revoir, je dois y aller.

Je lui fis un signe de main et détalais comme un lapin avant qu’il ne me retienne. Je me concentrais sur Corin pour le retrouver il n’était pas trop loin. Je le rejoignis et nous sortîmes enfin de la tour sans être vu.

- Il faudrait lui prendre une chambre quelque part, nous ne pouvons pas prendre le risque qu’un d’entre nous lui tombe dessus, il y a un petit hôtel dans le centre, je l’aie vu en visitant un musée. Crois-tu que nous pourrions lui prendre une chambre ?

- Oui pas de souci, mais toi ça va ? Tu ne vas pas sauter sur un pauvre humain.

Je le regardais de travers :

- Non, je me suis nourrie pour un bon moment, la crise a certes été violente, mais je me suis reprise et puis notre amie ne me donne pas trop soif en tout cas pas plus qu’à toi donc pas de souci.

Il me souri moqueur et me tira la langue taquin, mais dans ses yeux je voyais briller une flamme : l’admiration.

Nous fîmes le reste du trajet en silence, savourant le plaisir de marcher simplement côte à côte. Nous ne croisâmes personne. J’entendais les humains remuer dans leur lit agité par leurs rêves. Il était tôt et il bruinait doucement, nous assurant la discrétion nécessaire

- Nous allons prendre Fred chacun par un bras et le soutenir comme s’il était ivre, pour ne pas éveiller les soupçons de la réception.

Je n’avais pas pensé que nous ne pouvions décemment nous promener avec un corps sur l’épaule devant des humains. Quand était-il devenu « les humains » ? Me demandais-je.  Avant j’aurais utilisé les mots « personne » ou « gens », à présent ils étaient les humains, « eux », « nous ». J’avais décidément fait beaucoup de chemin en peu de temps !

Dans le hall de l’hôtel, un homme somnolent leva la tête vers nous. Dès qu’il nous vit, ses yeux s’écarquillèrent et je savais que ce n’était pas Fred inconscient qui provoquait sa stupeur, mais le spectacle que nous offrions Corin et moi. Nous devions paraitre parfait, beau d’une façon surnaturelle pour cet humain, il se redressa, droit comme un piquet et bégaya :

- Bonsoir…que…que puis-je pour vous ? Il paru soulagé d’être arrivé au bout de sa phrase.

- Une chambre pour notre amie, il a un peu trop arrosé son enterrement de vie garçon, expliqua Corin avec un sourire goguenard.

L’homme au costume bleu marine et aux cheveux rare, souri à son tour rassuré d’entendre d’aussi banales paroles sortir de la bouche, de ce qu’il avait surement prit pour un dieu de prime abord. C’était marrant de voir comme quelques paroles et un sourire nous avez fait sortir d’une catégorie pour nous faire enter dans une autre. Il tourna la tête vers moi, en resta bouche bée. Je n’avais pas l’habitude de susciter une telle admiration chez autrui, humaine j’avais été plus que banales, quant à Volterra nous rivalisions tous de beauté et nous démarquions par d’autre aspect de nos personnalités, les pouvoirs surtout, mais aussi la cruauté pour certain.

L’homme nous décrocha une clé pendue à croché doré derrière lui, il hésita à tendre la clé à Corin et la posa finalement sur le comptoir bien ciré. Corin régla et nous nous dirigeâmes vers les escaliers, il y avait un ascenseur, mais cela aurait été trop lent.

Dans la chambre Corin se dirigea directement vers le lit où il déposa Fred, elle était confortable et spartiate, des lignes épuré, les mures et le mobilier blanc et gris anthracite très modernes.

- Eh maintenant ? Demandais-je.

- Je ne sais pas trop, il est resté inconscient une heure déjà et il ne semble pas vouloir reprendre connaissance, son cœur bat régulièrement, il respire bien, ne t’inquiète pas je pense que tout ira bien pour lui.

Il avait compris que je me faisais du souci après tout nous ne savions rien d’une retransformassions, pour ce que j’en savais peut-être était-il dans le coma et n’en sortirait jamais, peut-être était-il en train de mourir.

- Il va très bien, répéta Corin.

- Hum …hum…Marmonnais-je septique.

- Viens par là, il me tendait les bras.

Je m’y réfugiais et le laissais me bercer pour me rassurer. Tout de suite je me sentis mieux, il avait le don de me calmer de me réchauffer, oui tout irais bien je ne pouvais pas l’avoir tué, n’est-ce pas ?

Un bref cri nous fit lever la tête brusquement. Fred c’était redressé tout droit, tel un zombie hors de sa tombe. Il haletait, son cœur se précipita dans sa poitrine, s’il continuait ainsi il allait hyper ventiler.

- Calme toi Fred, lui dis-je doucement, tu vas tomber dans les pommes, chut… respire lentement.

Il avait du mal à trouver un rythme de respiration régulier et son cœur tressauté contre ses côtes trop sollicité, il n’allait pas me faire le coup de la crise cardiaque quand même !

- Fred ! Criais-je pour attirer son attention sur moi alors qu’il paniquait littéralement, concentre toi, regarde-moi.

Il leva de magnifique yeux vert remplit de terreur, sur moi. Je lui pris la main la posait en haut de ma poitrine et inspirais lentement et profondément.

- Suis moi, inspire, profondément, expire.

Son souffle se fit laborieux encore quelque minute, mais je ne lâchais pas l’affaire et le contraint à garder un rythme régulier. Cependant, dès que je faisais mine de ne plus respirer, il stoppait également et recommençais à paniquer, alors je recommençais inlassablement.

- Il ne sait plus respirer, nous n’en avons pas besoin et il en a pris l’habitude il faut qu’il se réhabitue à être humain sinon il risque d’y passer.

Les effets secondaires de ce que j’avais fait étaient en train de nous tomber dessus et je refusais de penser qu’il pouvait « y passer ». Enfin la respiration de Fred se stabilisa et  suivi son propre rythme.

- Ca va ? Lui demanda Corin plein de sollicitudes.

Il hochât la tête maladroitement, il ne semblait pas très à l’aise dans son corps, maladroit un peu à la manière des nouveau-né.

- Ca va, dit-il d’une voix enrouée.

Il sursauta presque en s’entendant.

- Tu te sens comment ?

 Il grimaça :

- Horriblement mal, j’ai mal de partout. Il s’étrangla en oubliant d’inspirer. Il faut que je réfléchisse pour ne pas oublier de respirer, j’ai l’impression d’être en patte à modelé.

Après sa tirade il se tut épuisé d’avoir parlé.

- Il va te falloir réapprendre à être humain Fred.

 Un son étranglé sortie de sa gorge, je compris qu’il riait, mais sa respiration laborieuse ne lui permettait pas de s’esclaffer pleinement.

 - Je suis faible comme un nouveau-né, je ne sens plus grand-chose, j’ai un goût affreux dans la bouche, mais je suis heureux…

Une larme perla au coin de ses paupières puis une autre. Bientôt ses joues ruisselèrent d’eau salée.

- Je pleure, dit-il émerveillé en ramassant une larme du bout du doigt, il la lécha et ferma les yeux, resplendissant malgré son tient devenu cireux.

Corin ne me quittait pas des yeux.

- Regarde le bonheur de cet homme nouveau. Il était habité par le désespoir, aujourd’hui, malgré le chemin qu’il aura à parcourir pour reconstruire sa vie, il est heureux aux larmes grâce à toi. Tu lui as donné la lumière.

Pour moi c’était normal, pour eux, admiratif. Un vampire souffrait et moi avec lui, je n’avais fait que lui donner ce dont il avait besoin, je l’avais guéri en quelque sorte. J’étais heureuse pour lui, je ne sentais plus de lien, mais je ne sentais plus non plus son âme tourmenté. A présent elle resplendissait de lumière.

Ne sachant quoi dire je me contentais de hausser les épaules, mais mon amour ne s’y laissa pas prendre, il savait que j’étais heureuse de l’avoir sauvé.

- Dors, ordonnais-je à Fred, nous veillions sur toi.

Sur ceux il s’endormit confiant.

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