Recueil d'un vampire
Chapitre 24 : Chapitre 23: Une montagne peut en cacher une autre.
Catégorie: G
Dernière mise à jour 08/11/2016 21:37
Je me tenais raide, aux côtés de Corin, le menton levé dans le vain espoir de paraître forte et sûr de moi, mais intérieurement je me liquéfiais d’horreur.
Je percevais le cœur de Caïus battre douloureusement dans ma gorge, certainement pour que je n’oublie pas mon crime.
Dans un petit coin de ma tête, se rappela à moi la soif dévorante qui succédait généralement à une transformation, mais j’étais bien trop ébranlée pour la laisser s’exprimer pleinement-du moins pour le moment. Je me sentais anesthésiée à l’intérieur.
Puis l’épouvante succéda à l’inertie. J’avais le sentiment d’avoir usurpée des pouvoirs de Divin. Pendant un instant, je m’étais sentie toute puissante et investie d’une mission. Arrêter Caïus. Mais à quel prix ? La fin, justifiait-elle les moyens ? N’y avait-il pas eu une autre solution, moins radicale ? Incontestablement, seulement sur le coup, elle ne m’était pas apparue.
Néanmoins, continuer à me fustiger ne me mènerait nulle part, autant assumer et s’assurer qu’aucun mal ne serait fait à mon ange gardien.
Les vampires autour de moi s’étaient tus depuis quelques minutes, méditant les ressent événements.
La famille Cullen, légèrement à l’écart, s’entretenait sans bruit. Ces membres, étaient à ce point lié, que les mots n’étaient pas vraiment nécessaires. Ils se regardaient, les uns, les autres sans bouger le moindre cil. Pourtant, on pouvait presque suivre les méandres de leurs pensés. Seul Edward, qui n’avait pas besoin de contact visuel, surveillait les Volturri. Il était curieux et fascinant pour moi qui avais été « élevée » par les Volturri de les observer si uni.
Mais bientôt j’eus un sursaut d’indignation envers moi et mon ingratitude. Si, dans un premier temps les Volturri et Aro plus particulièrement, m’avait traité en objets fascinant et utile-enfin peut-être moins qu’il le croyait au vu des événements- ce n’était aujourd’hui, plus le cas. Sans que je m’en rende vraiment compte, j’avais pris auprès de cette royauté, une place, un rôle, important qui plus est. Je m’étais attaché à ces vampires et ils s’étaient attachés à moi d’une manière ou d’une autre.
Parfois avec amitié, comme la superbe Heidi ou même Gianna. Parfois d’une façon plus…particulière, comme Jane et Alec et bien d’autre.
Au bout du compte, je n’avais rien à envier au Cullen. Nous ne pouvions peut-être pas prétendre porter le nom de famille, mais nous étions une communauté, garante des lois des immortelles.
J’observais Aro à travers mes cilles et pris conscience d’autre chose. Vivre aussi longtemps, avec de si grandes responsabilités, occasionnaient forcement quelques dégâts collatéraux.
Il était raisonnable de penser, que parfois les objectifs qu’on s’était fixé, perdaient peu à peu de leurs nettetés aux files des siècles, pour finir par disparaitre. Comme cela avait été le cas de Caïus et comme je le devinais parfois d’Aro. Ce n’était pas par hasard, que trois immortels se partageaient l’autorité. Cela avait certainement évité pas mal de tentations du pouvoir absolu et beaucoup d’ennuis. Malheureusement cela n’était plus le cas aujourd’hui. J’étais l’instrument des derniers en dates.
Edward se tourna légèrement et me gratifia d’un demi-sourire, je grimaçais en retour, incapable de m’habituer à ne pas être seule avec mes pensées chaotiques.
Comme si, un signal avait été donné, tous, comme un seul homme, se retournèrent vers moi. A point nommé, Caïus choisi ce moment pour émettre une longue plainte douloureuse. Je ne soupirais pas de soulagement, mais pas loin.
Carlisle s’agenouilla de nouveau auprès de l’individu fraichement humanisé et vérifia ses fonctions vitales.
- Son pou est encore erratique, mais se stabilise, dit-il avec un hochement d’approbation.
Caïus grogna, tournant la tête de gauche et de droite pour se sortir, me semblait-il, de la torpeur dans laquelle je l’avais plongée.
Il devait être en effet déroutant, voir terrorisant, de se réveiller quand on ne s’était pas endormis depuis des siècles.
- Qu…qu’est…qu’est-ce qui…m’arrive, haleta l’ex vampire affolé, ses yeux roulant dans ses orbites.
Il ne manquait plus que ça, un ancien vampire en pleine crise d’angoisse. Flippant !!
- Calmez-vous, lui murmura Carlisle.
Je fus étonnée, du ton particulièrement doux que le docteur employa pour rassurer Caïus. Après tout, l’individu avait tenté, bien avant moi et de façon plus cruelle encore, de nuire à Carlisle et les siens. Visiblement, la réputation bienveillante du bon docteur n’était pas usurpée.
Un cri de rage étranglé fut la seule réponse de Caïus.
- C’est cette…sorcière, éructa-t-il.
- Essayez de rester calme Caïus, lui enjoignit Carlisle, vous allez finir par faire une attaque.
En effet, tout le monde pouvait entendre, les battements du seul cœur battant à des kilomètres, accélérer dans une folle course, puis cessé brutalement, puis reprendre. Caïus était certes malveillant, mais certainement pas idiot et surtout doté d’un solide instinct de survit. Il se recoucha prudemment sur le sol et entreprit de respirer, plus lentement et de façon plus régulière.
Mon agitation avait été détournée par le réveil de Caïus et les mains apaisantes que Corin avait passé autour de ma taille, mais elle ne tarda pas à remontrer le bout de son nez. Je jetais un coup d’œil circulaire, notant au passage qu’Aro affichait une mine impassible. Rien dans son expression ne me renseignait sur le sort qu’il me réservait.
Caïus à peu près remis, mais le teint encore verdâtre, se redressa pour s’asseoir. Il tenta bien de se lever, mais retomba fort peu élégamment sur son derrière, encore trop faible.
Il leva un doigt tremblant vers moi.
- Que m’as-tu fait ?
- Tu es désormais humain, le renseigna Aro, sans la moindre émotion.
Caïus le regarda, ses yeux, maintenant bleu pâle, remplis d’horreur.
- Humain…humain !
Aro, d’une façon inattendu, s’agenouilla à son tour et lui prit délicatement la main.
- Oui mon vieil ami, humain.
Puis son expression se fit triste.
- Nous savons, toi et moi, que tu l’as bien cherché.
Caïus lui arracha son membre tremblant, peu oublieux des dons d’Aro, mais l’expression d’Aro montrait assai, que le mal était déjà fait.
- Nous, nous connaissons depuis si longtemps Caïus, quel besoin, avais-tu de laver notre linge sale en public ?
Alors là, j’étais larguée. De quoi parlait Aro ? Je vis Edward murmurer rapidement et les autres, hocher la tête d’un air entendu. Moi, je nageais, mais je comprenais tous de même, que les implications de cette histoire étaient bien plus profondes qu’il n’y paraissait.
-C’est ton arrogance qui est la cause de tout ça ! Crachat Caïus.
Aro secoua la tête doucement un sourire désabusé aux lèvres.
- Non mon ami, au contraire, c’est la prise de conscience de mon arrogance qui nous a menés là. Tu ne l’as pas supporté voilà tout.
- Tu es devenu faible Aro, un an que tu pleurs sur cette ancienne histoire, nous avons agi dans l’intérêt de tous !
- En es-tu si sur Caïus ? Nous avons perdu de vu beaucoup de points important, n’est-ce pas Olivia ? Me demanda Aro sans se tourner vers moi.
Il faisait allusion au journal, écrit voilà des siècles, alors qu’il n’était qu’un jeune vampire ambitieux. A cette époque ses idéo avaient été louables, mais la méthode discutable. J’avais tenu entre mes mains d’humaine, ce journal relatant la passion profonde d’un immortel, d’élever les vampires à un rend plus civilisé. Avant de devenir à mon tour immortel, je n’avais pu mesurer les implications, des actes d’Aro. A travers mes yeux de vampire, le journal prenait une tout autre dimension. Aro était le père de notre culture, de nos lois. Il avait évité, la décadence et le déclin aux immortels. Malheureusement, on ne faissait pas d’omelette, sans casser des œufs.
Je comprenais qu’Aro, n’avait pas toujours choisi les bons œufs et le regrettait, ce que Caïus reprouvait totalement. Je n’étais, finalement, que l’arme qui avait permis à Caïus de se venger d’Aro.
- Je vois que tu comprends mieux, à présent ce que tu refusais de voir jusque là, dit Aro en hochant la tête satisfait. Puis il reprit pour Caïus.
Oui, je comprenais enfin qu’Aro n’était pas aussi calculateur et manipulateur que je le croyais, ou plutôt si, il était bien tout ça et bien plus encore. Mais ses raisons n’était peut-être pas aussi intéressées, que je le croyais. Il m’apparut soudain, que la haine de Caïus était restée intacte devant moi, non pas parce qu’elle avait été immense, mais parce qu’elle était moins dirigée contre moi, que contre son comparse.
- Nous réglerons cela en privée, comme nous l’avons toujours fait. En attendant, tu seras retenu dans tes appartements. Pour ta sécurité, bien entendu.
Il avait ajouté cette dernière précision, du ton doucereux qu’il employait quand il mentait. Caïus le reconnu fort bien, car il blêmit et haleta plus encore.
Quand les gardes s’emparèrent de Caïus pour l’emmener au château, Aro se tourna vers les Cullen, que j’avais presque réussi à oublier.
- Carlisle, nous avons à parler. Je vous proposerais bien l’hospitalité de mes mures, mais je sais que le reste de ta petite famille t’attend. Me ferez-vous l’honneur d’accepter une humble invitation demain ?
Seul le silence lui répondit.
J’étais persuadée qu’il n’accepterait pas et cela m’agaça prodigieusement, parce que je savais la requête d’Aro, d’une sincérité absolu. Je le soupçonnais, de vouloir faire amande honorable. Bien entendu, l’humilité n’était pas sa tasse de thé, mais le message était clair.
Tous les membres de la famille Cullen étaient figés dans l’attente de…de quoi au juste ?
Puis Alice, posa une main délicate, sur l’épaule du docteur, qui acquiesça :
- Avec plaisir.
- Toute la famille ? Insista Aro.
Edward grimaça, mais hocha la tête, ce qui rendit Aro euphorique.
Mais, malgré cette acceptation, la famille dégageait des effluves d’inquiétudes. Visiblement, ils n’étaient pas complètement rassurés. Cela n’échappa pas à Aro, qui précisa :
- Il ne vous sera fait aucun mal, vous êtes mes invités.
Carlisle acquiesça, ainsi qu’Edward, qui était à même de juger, de la sincérité du vampire.
La tension qui me maintenait jusque là, retomba brutalement, lorsque je compris que rien de trop fâcheux n’était au programme, pour moi, dans l’immédiat.
Alors, l’enfer se déversa en moi. Ma gorge se mit à charrier de la lave en fusion. Corin resserra sa prise sur ma taille, mais j’étais, provisoirement, plus forte que lui et ma raison vacante, ne me permettait plus de réfléchir suffisamment, pour me rendre compte qu’il ne cherchait qu’à m’aider.
- Olivia stop ! Cria-t-il en vain.
Je parvins à lui échapper et une partie de moi jubilait, du court corps à corps, qui nous opposa. Mais bien trop tôt à mon gout, je me retrouvais écrasé sous un grand corps musclé.
Je grognais et feulais comme un animal, mi-horrifier, mi-exalté. Je tentais de me dégager de la prise d’ourse, en me contorsionnant violemment, mais ce n’était pas suffisant. J’entendis vaguement Corin grogner, contre le vampire, qui me retenait prisonnière, mais j’étais bien trop focalisé sur ma soif, pour que cela troue le voile rouge qui obstruait ma vue.
- Emmett ! Ne la regarde pas dans les yeux.
Cette mise en garde venait d’Alice. Je perçus également, les voix d’Aro et Corin, mais mes grognements et mes cries m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient.
Plusieurs personnes m’immobilisaient maintenant. Carliste joignait ses suppliques à celle de Corin, afin que je me calme, mais rien ne pouvais plus me raisonner, je n’étais qu’un nouveau né affamer, entièrement dirigée par mon besoin dévorant de sang.
- Edward, ne lui faite pas de mal, elle ne sait pas ce qu’elle fait.
La femme du docteur. Comment pouvaient-ils se faire encore du souci, devant le triste spectacle que j’offrais. D’autant que je n’aurais pas hésité un instant à mordre, si cela avait pu faire glisser, l’élixir écarlate, dans mon gosier enflammé.
- Jasper, fait quelque chose.
Alice.
Progressivement, un embryon de calme transperça, peu à peu, l’opacité du brouillard de douleur, qui m’empêchait de réfléchir. Finalement, je m’immobilisais. Pas parce que je me sentais mieux, mais parce que ma capacité à raisonné m’était revenu.
- Corin, gémis-je.
Mon visage était maintenu contre le sol dur. Ce qui aurait aussi bien pu être un oreiller bien moelleux, ma peau de marbre, bien plus solide que le sol sous ma joue.
- Lâchez-là, grogna Corin.
Mes geôliers n’obtempérèrent pas assai vite.
- Immédiatement ! Aboya-t-il.
Ils me libérèrent, mais ne bougeais pas de peur de reperdre la tête. Je me contentais de geindre son nom, encore et encore, respirant bruyamment.
Très vite, ses bras m’enserrèrent fermement, mais tendrement.
- Chut, je suis là mon cœur, me murmura-t-il à l’oreille.
Je ne pus m’empêcher de grogner et son emprise se resserra encore sur moi. Je gémis de plus bel la douleur dans ma gorge de plus en plus insupportable.
- Ils vont lui chercher un humain, cracha la blonde sculptural, me lançant un regard écœuré.
Un feulement sourd s’échappa de la poitrine de mon ange gardien, en réponse à son fiel.
- Calmez-vous, tempéra Aro.
- Olivia ne boit pas sur des humains, intervint la voix mélodieuse d’Heidi.
En l’entendant, je me mis à ruer de nouveau, parfaitement consciente, que le chargement transportée par la vampire, pouvait faire cesser le brasier qui me torturait.
- Que tout le monde recule, Corin lâche-là, elle va te blesser, (puis à mon intention), Olivia, je vais poser les gobelets près de toi, du calme, ok ?
Je grognais une vague approbation. Mais si elle ne se décidait pas à agir, j’allais lui arracher la main qui tenait le sang, dont l’arôme envoutant me montait aux narines, malgré le couvercle hermétique qui le recouvrait.
Tout se passa en un quart de seconde. Corin relâcha brutalement son étreinte et se jeta en arrière, en même temps un verre en plastique effleura ma main. Je le pris fermement tout en pivotant prête à protéger ma proie. Enfin je portais le sang savoureux à mes lèvres, en grognant de satisfaction.
Un récipient identique atterri à mes pieds. Je m’en emparais avidement et lui fit subir le même sort qu’au le précédant. Un bien-être bienfaiteur m’envahi, en même temps que le précieux liquide glissait dans ma gorge, doux comme du miel. Les yeux fermé je me détournais de mon public, à nouveau honteuse de mon comportement inhumain.
- Nous ne sommes pas humains, dit doucement Edward.
- Vous, un peu plus que nous, n’est-ce pas ? Murmurais-je sans me retourner.
Il était bien plus humain, de se nourrir d’animaux, que de sang humain.
Corin s’approcha de moi. M’enveloppant de son grand corps aimant, il tenta d’adoucir mon malaise.
- Tu es la plus humaine de nous tous. Mon amour, tu m’as rendu mon humanité…avec les désagréments en moins, sourit-il embrassant mes cheveux soyeux.
Je me tournais dans ses bras et me serrais contre sa tiédeur.
- Je t’aime, mimais-je pour lui seul.
- Pas autant que moi, lumière de ma vie.
Un raclement de gorge nous obligea à remettre à plus tard, les déclarions enflammées.
- Je suis désolée, m’excusais-je simplement.
Bien entendu, je ne m’excusais pas du petit intermède affectueux.
- Je t’en pris, ne t’excuse pas. Nous comprenons parfaitement, pour avoir fait face aux mêmes accès incontrôlables, me rassura Carlisle souriant.
Je lui souris, en remerciement de son indulgence. Je notais, dans la foulé, que nous étions seuls Corin, Heidi et moi en Compagni des Cullen.
- c’est Aro qui a prévenu Heidi, m’expliqua Edward.
- Merci Heidi, une fois de plus tu m’évites le pire.
- Je suis toujours prête. Avec deux nouveau nées et deux bébés à sustenter, le centre tourne à plein régime, rassure toi, nous n’auront aucun problème de pénurie, rit-elle.
- Des bébés ?
La blonde Rosalie s’était exclamée, une expression mi-fasciné, mi-horrifié inscrit sur son visage de Barbie.
Je savais pertinemment ce qu’elle imaginait. Qu’Aro avait tenté des expériences répugnantes en laboratoire, pour créer une nouvelle espèce surpuissante, façons Frankenstein. Ok, il en était certainement capable, mais je savais que sa moralité c’était considérablement amélioré et si seulement la très parfaite famille Cullen voulait bien s’en rendre compte, nous ferions un grand pas.
- Vous avez des bébés ? Sont-ils en bonne santé ? Demanda Carlisle en fronçant les sourcilles.
Personne ne lui répondit, chacun tentant d’évaluer, s’il s’agissait d’une réelle inquiétude ou de curiosité. Si c’était de la curiosité, nous n’étions pas prêts à la satisfaire. Même si, nous savions-pour avoir utilisé les fruits de leur expérience- que les Cullen avaient été les pionniers à mettre au monde, un enfant hybride sans que l’humaine ne meure et je me sentais mal à l’aise de devoir discuter d’enfants qui n’étaient pas les miens.
- Ils vont bien, répondit simplement Corin.
Je lui pris la main et murmurais dans son oreille :
- Allons voir comment va Fred.
- Allons-y.
J’allais m’élancer quand Carlisle posa une main blanche sur mon bras.
- Vous aurez peut-être besoin de moi, pour l’examiner.
Ce n’était pas une mauvaise idée. Je pourrais ainsi vérifier que rien de fâcheux ne lui arriverais. Après tout, qui pouvait deviner comment les choses allaient tourner ? Le garder en observation quelque temps ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire et si un vrai médecin voulait s’en charger c’était encore mieux.
- Allons-y, répéta Corin.
Une partie de la famille s’en alla, très certainement retrouver Bella et l’enfant, tendis qu’Edward et Carlisle nous suivait jusqu’au petit hôtel où nous avions loué une chambre.
Je frappais doucement à la porte. Personne ne répondit. Inquiète, j’ouvris le battant à toute volée. Le lit était vide.
- Fred ?
Un bruit sourd retenti en réponse suivit de près par un grognement de douleur. Nous nous précipitâmes dans la pièce attenante et nous figeâmes.
Fred se tenait le tibia en dansant d’un pied sur l’autre, une simple serviette de bain minuscule enroulé autour des hanches. Visiblement nous avions interrompus ses ablutions.
- Bon sang ! Je ne m’y ferais jamais ! Pesta-t-il.
Je me retins de pouffer, ce qui ne fut pas le cas de Corin. Fred s’arracha vivement de sa jambe douloureuse pour le fusiller du regard. Son air féroce fit remonter un peu du vampire qu’il était encore la veille.
- Vous étiez obligé, d’arracher la porte de ses gonds ? Demanda-t-il essoufflé. J’ai crus que la cavalerie revenait.
Il devait faire allusion à Aro qui avait (je ne savais comment) trouvé notre ami ex-vampire.
- Comment te sens-tu ? Lui demanda Corin.
Fred poussa un gros soupir. J’avais la sensation que l’euphorie, avait place à la réalité et qu’elle n’était pas très marrante.
- C’est moins facile que je le pensais, mon corps n’a pas bonne mémoire.
Remarquant enfin nos invités, il recula d’un pas en se redressant, comme pour paraitre moins fragile. Je devinais qu’entouré ainsi de force de la nature, il devait se sentir considérablement affaibli. Fred était passé de la force sans limite des immortels, à la vulnérabilité d’un corps humain et cela sans transition.
- Carlisle, Edward, les salua-t-il un peu tendu.
- Bonjour Fred, le salua chaleureusement le bon docteur.
Edward se contenta d’un hochement de tête amical.
- Carlisle et Edward sont au courant de tout, Carlisle a proposé de t’examiner et très franchement ça me rassurerais infiniment si tu acceptais.
- Tout le monde est au courant visiblement. Où avions-nous la tête ? On ne peut pas cacher un si gros secret, lâchât-il désabusé, en se laissant tomber sur le canapé.
- Tu pourrais nous raconter ce qu’il s’est passé pendant que le docteur t’examine, proposa Corin.
- Ok ok, vous ne vous détendrez pas tant que je ne serais pas passé dans les mains de Carlisle, pas vrai.
Je lui adressais un sourire contrit et il s’allongea sur le divan à la demande du vampire qui lui posa tout un tas de questions. Comment se tentait-il ? Avait-il mal ? Avait-il essayé de manger ? Quand les questions se dirigèrent vers un terrain plus intime, Corin, Edward et moi nous éclipsâmes afin de lui donner l’impression d’un semblant d’intimité.
A la fin de l’examen, Carlisle nous rassura. Les battements de son cœur se stabilisaient nettement, ses poumons fonctionnaient très bien, surement nous assura-t-il parce que Fred avait gardé le réflexe de la respiration quand il était immortel.
- Certain d’entre nous doivent réfléchir pour respirer, pour d’autre le réflex et maintenu par le corps, même après la transformation, qu’ils n’en aient pas un besoin vital ne change rien, nous expliqua-t-il.
En effet Corin et moi ne respirions pas, tendis que Carlisle et Edward si.
- Nous respirons par mimétisme, précisa Edward, nous côtoyons des humains tous les jours, ils trouveraient étrange de ne pas nous voir respirer. De même, nous bougeons toutes les trente secondes environ. Les humains sont constamment en mouvement, contrairement à nous.
A la seule pensé de côtoyer des humains à longueur de temps, ma gorge s’embrasa sur le champ.
- Ca va ? Me demanda Edward.
- Ca va, je ne vais pas manger Fred, le rassurais-je en me massant doucement la gorge.
- Je pense que tu ne le trouverais pas à ton goût, me fit remarquer Carlisle.
- Pourquoi ça ? L’interrogea Corin.
- Vous ne remarquez rien de particulier dans son odeur ?
J’inhalais l’air autour de moi et saisis où il voulait en venir. L’odeur de Fred c’était altéré. Il exhalait parfum, pas tout à fait humain, pas tout à fait vampire. Ça me faisait penser…
- Les bébés.
- Renesmé.
Corin et Edward c’était exprimé simultanément. Oui c’était bien ça, les bébés dégageaient un parfum ni tout à fait humain, ni tout à fait vampire, en plus de leurs fragrances naturel, celle qui définissait chaque individu, humain, vampire ou hybride, une empreinte olfactive unique.
- Je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives. Déclara Carlisle. J’ai besoin de faire des examens complémentaires pour savoir s’il y a une progression quelconque dans son métabolisme, à qu’elle point il est humain ou non. Pratiquer une prise de sang serait bien pour commencer, puis un IRM par la suite.
- Voilà que je me transforme en cobaye maintenant, râla Fred.
- Rappel-toi que tu as accepté d’être mon cobaye dès l’instant où tu m’as demandé de tenter l’expérience sur toi, lui rappelais-je impitoyable.
- Fred, le docteur a raison, nous devons savoir ce qu’il se passe exactement. De toute façon tu ne peux pas reprendre une vie normale, sans savoir ce que tu es exactement, que ce soit humain, vampire, hybride ou même autre chose, qui sait ?
- Je ne suis pas mort, je suppose que c’est l’essentiel, se résigna Fred. Bon, comment procède t’ont je suppose que tu n’as pas tous ce matériel dans ta sacoche en cuire ?
- Il y a un grand hôpital universitaire à Florence, nous ferons les examens sur place, je vais contacter quelques connaissances. Quand tous sera prêt, Edward t’y conduira.
Edward et Carlisle s’éclipsèrent. Je me tournais vers Fred pour lui demander de me raconter sa rencontre avec Aro.
- Ha Olivia, croyais-tu sincèrement qu’Aro ne te faisait pas surveiller ?
Je m’en doutais un peu, mais j’avais mis ça de côté quand les ennuis s’étaient accumulés à ma porte. Donc Aro savait parfaitement ce que j’avais fait c’est dernières semaines.
- Il est au courant de tout ?
- Non pas tout. Il savait que des choses se passaient derrière son dos, mais il n’en connaissait pas les détails et quand il m’a trouvé et qu’il a vu…moi (il eut un geste l’englobant de la tête aux pieds) il en est resté comme deux ronds de flan. Je vous assure ça valais le détour ! Le grand Aro, le plus habile des fouilleurs de tête, rester bouche bée devant un pauvre humain ! Il s’esclaffa bruyamment, ce tapant la cuisse du plat de la main. Puis ajouta sérieux, J’en menais pas large, je me suis demandé si j’allais fermer la boucle de la chaîne alimentaire.
J’imaginais avec humour, la tête qu’avait pu avoir Aro en découvrant son soldat à nouveau humain. Un truc du genre- je ne t’avais pas déjà mangé, toi ? -ça devait valoir son pesant d’or ! Nous nous esclaffâmes tous en l’imaginant. Fred reprit son sérieux le premier.
- Bien entendu un seul contact a suffi à lui raconter toute l’histoire.
Et maintenant que devions-nous faire, au juste ? Fred allait aussi bien qu’on pouvait l’espérer dans ces circonstances. Caïus était enfermé et je ne tenais pas vraiment à savoir ce qu’Aro et Marcus allait en faire. Finalement il n’y avait qu’une chose à faire : Aller parler à Aro.