Recueil d'un vampire
La bibliothèque était silencieuse. Certainement insonorisée, puisque je n’entendais plus les plaintes que Caïus faisait raisonner inlassablement. La culpabilité, ma meilleure amie depuis quelque temps, me talonnait sans répit. Tout le monde s’évertuait à me faire comprendre qu’Aro aurait réglé son compte à Caïus de toute façon et que finalement, je lui permettais de vivre là où Aro l’aurait exécuté simplement. Cela ne me consolait pas. Enfin, peut-être les paroles de soutiens de mon entourage aurait-elle plus de poids, si ne raisonnait pas en permanence les promesses de vengeances dont m’abreuvait Caïus à longueur de journée.
Le seul point positif résidait dans le fait qu’étant humain, le sommeil l’obligeait à remiser ses malédictions pour quelques heures. Alors tout le monde poussait un soupir général en me jetant de furtifs regards de pitié.
J’avais finalement résolu de m’enfermer dans la bibliothèque autant pour échapper à Caïus, qu’au bienveillant soutien de mes amis. Là, le nez plongé dans les livres, je me sentais renaître. Je parcourais les lignes à une vitesse, hallucinante. Pas un mot, pas un sens ne m’échappait. Souvent, j’avais dû étudier des semaines durant le même livre, voir le même chapitre, le temps de décrypter, de comprendre puis de synthétiser pour ne retenir que les dates, les points forts de l’histoire. Dorénavant les superbes aptitudes vampiriques dont je disposais me facilitaient le travail, mieux je ressentais à travers les lignes l’ambiance donnée au texte, le ressentie de la personne qui avait couché sur le papier des événements pleins d’émotions, ce que la concentration demandée avant m’empêchait de ressentir.
J’avalais les livres comme autant de litre de sang, ne me soucient de rien d’autre, ne consacrant mes pensées et mon ravissement qu’aux rois, chevaliers en armure, sanguinaires dictateurs et autre personnage.
Un léger tapotement, sur le bois de la gigantesque table que j’occupais, me fit lever les yeux du manuscrit que j’étudiais.
- Vous êtes là depuis longtemps, affirmais-je.
Un infime soubresaut agita la lèvre de Marcus, ce qu’on pouvait qualifier d’éclat de rire chez le vampire.
- Quelque temps, avoua-t-il de cette voix voilée.
Je refermais le volume devant moi et croisais les bras lui accordant toute mon attention. Marcus n’avais certainement pas quitté ses appartements qu’il désertait rarement, pour me regarder lire.
- Détrompe toi tu es…apaisante pour un vieux vampire comme moi, je pourrais rester assis là juste pour profiter de cette paix.
- Je pensais que c’était la prérogative d’Aro de s’introduire dans les pensées d’autrui, marmonnais-je.
- Un livre ouvert, murmura-t-il.
Oui, oui je sais, pas besoin d’être médium, chaque pensé se reflétait dans mes yeux.
- L’âme des autres n’a pas de secret pour toi, mais tu t’agaces de ta trop grande expressivité, s’étonna faussement Marcus.
Ce n’était un secret pour personne que je n’acceptais pas vraiment de gaité de cœur les dons dont j’avais été béni. Enfin aux dire d’Aro.
- Je sais, c’est un peu gonflé de ma part, je lui sourie. Que puis-je faire pour vous ?
Il me fixa un instant un sourire dans les yeux.
- Tout le monde semble marcher sur des œufs, ton entourage ne souhaite pas te déranger dans ta retraite, ou…fuite ?
Je me raidis sous l’insinuation.
- je ne fuis pas, je m’octroie simplement quelque heure de liberté, voilà tout.
- Cela fait vingt-quatre heures que tu caches entre les pages de vieux livre poussiéreux, m’informa le vampire.
- Tant que ça, je n’aie pas vu le temps passer, dis-je gênée soudain.
- Caïus a été transféré voilà il y a des heures et Aro t’a fait mander voilà déjà une heure.
Mes yeux s’agrandirent d’horreur.
- Mince ! Il va être furieux !
Je bondis de mon fauteuil, avec la ferme intention de me ruer chez Aro, mais Marcus me saisit le poignet m’arrêtant dans mon élan. Je faillis m’étaler de saisissement et croyez-moi pour qu’un vampire s’étale, il en faut !
- Un instant. Nous souhaitions te rencontrer tous deux, mais il n’est plus temps de palabrer.
Mince, mince, mince, là il allait me dire qu’un tel affront sera sévèrement puni, mince ! Pour le coup je l’aurais très certainement cherché.
- Comme tu le sais, nous recevons ce soir nos amis les Cullens, cela donnera lieu à un rassemblement, tu connaîtras les décisions prisent à ce moment là.
Alors là j’étais mal barré, j’allais me faire fustiger devant tout le monde, de mieux en mieux bravo ma fille ces derniers temps tu te surpasses, m’invectivais-je intérieurement.
Marcus m’avait laissé seule depuis quelques minutes quand je m’obligais à bouger. Je retournais dans mes appartements où j’espérais trouver Corin.
- Ca va ? Demanda-t-il dès que j’eus refermé la porte derrière moi.
Visiblement, je lui avais causé du souci, comme d’habitude. Je plaquais donc un sourire serein sur mes lèvres et me jetais dans c’est bras pour un long baisé.
- On dirait que ça ne va pas trop mal, rit-il.
- Tu allais prendre une douche ? Une serviette de bain lui ceignait les hanches mais sa peau était sèche.
- Oui tu veux te joindre à moi ? Proposa-t-il malicieux.
- Hum…
Je fis mine de réfléchir longuement.
- Avec plaisir roucoulais-je.
Après la douche j’enfilais à la va vite un jean et une chemise rouge, quand Corin dodelina de la tête marquant sa désapprobation.
- Quoi ?
Il disparue dans le dressing et en revint avec une grosse boite en carton doré. Je m’approchais du carton avec précaution, comme si un monstre allait en jaillir et me sauter à la gorge.
- Qu’est- ce que c’est ?
- Ouvre.
Quand j’eus soulevé le couvercle, je restais bouche bée devant le trésor qui s’offrait à mes yeux. Dans son écrin de carton doré, était plié ce qui semblait être une robe de soie. Je la dépliais et la tien à bout de bras, devant mes yeux émerveillés. Je n’avais jamais possédé de choses aussi belle. Elle était confectionné de la soie la plus fine, même à travers mes yeux de vampire, j’apercevais avec difficulté les entrelacs de fils brillant.
La coupe en était simple, mais élégante. Elle avait des bretelles tressés et un décolleté en forme de v qui ne devait pas dévoiler plus que la naissance de la poitrine, une large ceinture argenté ceignait les côtes tandis que la jupe droite descendait jusqu’à mi-cuisses, une fine bordure de fils argentés courait le long de l’ourlé.
- Elle est magnifique, murmurais-je.
- Pas autant que toi mon amour, quand je l’ai vu j’ai su qu’elle était pour toi.
Je détournais mes yeux de la merveille que je tenais contre moi pour fixer une autre merveille de ma vie celle-là. Je reposais la robe délicatement sur le lit et me jeter dans c’est bras.
- Merci de m’aimer autant, murmurais-je contre ses lèvres, mais je n’aie pas de chaussure pour aller avec.
Il éclata de rire devant mon accès de frivolité.
- Elles sont dans le paquet, puis il m’embrassa à son tour.
A contrecœur nous nous séparâmes. Un cri de plaisir à la découverte des escarpins argents plus loin et un peu d’huile de coude et j’étais fin prête. La robe m’allait comme un gant, elle drapait mon corps svelte et pâle à la perfection et les escarpins allongeaient joliment mes jambes galbées et j’avais relevé me cheveux en un fouillis de boucles souples, chose qui n’aurait jamais été possible quand j’étais humain mes cheveux étaient mes pires ennemies à ce moment-là refusant de se mettre où je voulais et surtout d’y rester.
- Tu es resplendissante, me complimenta Corin.
Il s’était placé derrière moi alors que je m’étais la dernière touche à un léger maquillage. Je notais son élégant costume crème à fine rayure argent assorti à la robe, ses cheveux coiffés vers l’arrière dégageaient son beau visage duquel je n’arrivais pas à détourner le regard. Son âme s’agita dans ses yeux en réponse à mon regard ouvertement appréciateur, projetant sa lumière sur la courbe de ses pommettes.
- Tu n’es pas mal non plus.
Il déposa délicatement un baissé à la base de mon cou puis avec son doigt il effleura ma peau faisant courir de petits ondes tièdes le long de ma colonne vertébral. Je poussais un soupire de plaisir m’abandonnant contre son torse.
- Si nous avions le temps… susurra-t-il suavement.
Tout mon être ce mit à trembler d’anticipation, mon âme s’étira comme un gros chat au contacte de la sienne.
- tu es diabolique, l’accusais-je.
Il eut se rire de gorge que je trouvais si sexy.
- Aller nous devons y aller, mais il te manque une petite chose, ajouta-t-il en tapotant sa lèvre charnue du doigt.
-A bon ?
Je me retournais de nouveau vers le miroir. Pour une fois je me trouvais jolie, séduisante même. Fini l’ados mal dans sa peau, je regardais dorénavant dans le miroir une vraie femme, une belle femme aux courbes douces, au regard assuré…une vampire.
L’espace d’un instant j’avais tout oublié, Caïus, Aro, Marcus et la menace d’une punition publique qui pesait sur moi. Seul Corin avait le pouvoir de tout effacer, de me faire tout oublier. Prenant le parti de vivre le moment présent, je me vidais l’esprit et me tournais vers mon ange qui revint avec la cape qu’Aro m’avait fait parvenir et que je n’avais jamais porté. Trop de choses c’étaient passé depuis ma transformation et je n’avais assisté à aucun des rassemblements qui avaient eu lieu depuis.
- Ta robe est assortie à ta pelisse.
Le vêtement m’était complètement sortie de la tête, mais il avait raison la cape ivoire avec ses cordons argentés complétait admirablement ma tenue. J’avais tous de la Volturri à part entière vêtu ainsi. Etait-ce judicieux de rappeler à Aro et Marcus que je faisais partie des leurs ? Alors que visiblement une punition m’attendait au bout de cette soirée.
- Ca va ? Me demanda Corin.
Je décidais que oui, j’étais une Volturri j’avais suffisamment eu de mal à trouver ma place maintenant que c’était chose faite, il n’était plus question de reprendre ma place d’étrangère fraîchement débarqué. J’étais une Volturri !
- Oui tout va bien, allons y.
Il me prit le bras comme un gentleman du siècle dernier et nous parcourûmes les couloirs en direction de la salle des trônes, à une allure humaine.
Les doubles portes de la gigantesque salle ronde avaient été ouvertes pour l’occasion. Je m’arrêtais un instant sur le seuil. Les convives allaient de-ci de-là, vêtu de tenues de soirée. De la robe la plus chatoyante au costume le plus sobre, tous étaient élégant et indéniablement magnifique.
Corin nous fit avancer sur le sol de marbre veiné. Les conversations animées cessèrent brutalement. Un étrange soupire parcouru la foule comme si m’a simple présence avait dissipé les tensions et je me rendis compte que c’était en effet le cas. Mes propres épaules aux muscles, jusque là, tendu d’appréhension, se décontractèrent lentement. Mon corps s’alangui et un soupire d’aise s’échappa de mes lèvres roses.
Je ne m’étais jamais trouvé en présence de tant de vampires et n’avais eu qu’une vague idée du phénomène que je produisais d’ordinaire. Mais ce soir, Corin à mon bras, des centaines de vampires évoluant autour de moi comme si j’étais un point de gravité, je me sentais entière et pleinement consciente de chaque individu, de chaque aura. J’avais la sensation de sentir, de gouter sur ma langue l’âme de chaque convive. Elles avaient une odeur et une saveur ce qui était nouveau. S’en était grisant. Je me sentais légère et définitivement à ma place.
- Prodigieux, murmura mon ange contre mon oreille.
Pour une fois j’étais assez d’accord. Les conversations avaient repris plus basse et sans tension aucune. Corin me fit passer d’un groupe à l’autre me présentant les immortels dont je n’avais pas encore fait la connaissance. Parce qu’ils étaient en mission pour les maîtres ou bien parce qu’ils ne vivaient tout simplement pas à Volterra.
Des centaines de vampires avaient fait le déplacement depuis les quatre coins du monde, appris-je au fil des conversations. Pourquoi ? J’aurais été bien en peine de le dire. Les derniers incidents graves, ne prêtait pas vraiment à la fête d’après moi, mais visiblement jouer la déesse de la justice avec l’entourage d’Aro ne suffisait pas à désarçonner le vampire millénaire.
D’ailleurs les deux maîtres, puisqu’ils n’étaient plus que deux, brillait par leur absence.
Nous devisions avec un groupe de vampire venu du Groenland et j’avais l’impression persistante que quelqu’un m’observait. Je tentais d’apercevoir l’origine de mon malaise, personne ne me regardait particulièrement. Pourtant, dès que je me retournais vers la conversation en cours, la sensation qu’on me transperçait du regard, revenait en force.
Agacé je finis par me résoudre à utiliser mon don. Je me concentrais sur l’aura de chaque convive, ce qui n’était pas difficile. En fermant les yeux de petites flammes colorées apparaissaient comme autant d’étoiles sur mes paupières close. Chaque flammèche représentait une âme. J’observais chacune d’elle à la recherche d’une singularité. Je me disais que la personne qui m’observait devrait certainement dégager une émotion intense, quelque chose qui ferait vaciller son aura, enfin elle l’espérait.
Cela marcha au-delà de toute espérance. Derrière elle, à dix pas sur sa gauche, quelqu’un était agité d’émotions contradictoires, ce qui avait pour effet de troubler profondément son âme. Je me concentrais sur celle-ci en particulier éclipsant les autres. Pétrie de curiosité je me mis à l’analyser méthodiquement. Odeur, couleur, saveur. Celle-ci était améthyste en son cœur étrangement chatoyante, sans aucune trace, même infime, de noir ou de gris comme toute celle qui lui avait été donnée de voir jusqu’à maintenant, elle sentait et avait le gout de la violette, mais ses contours flamboyant de brun et d’or ondoyaient comme lorsqu’on souffle sur la flamme d’un briquet, ce qui apportait une note de quelque chose de fumé qui laissa un goût acre sur ma langue.
La vision de cette âme tourmentée et l’odeur de désespoir quelle dégageait, fit disparaitre instantanément l’agacement qui m’avait gagné un peu plus tôt, ne laissant qu’une sourde tristesse.
Je me sentais encore un peu troublé par cette puissante impression qu’un de mes enfants c’était écorché les genoux et attendait que je lui fasse un baisé qui guéri tout pour sourire à nouveau.
- Veuillez nous excuser, Corin ?
Il prit congé rapidement et me suivit sans poser de question. Je notais au passage que les convies s’écartait naturellement pour nous laisser passer, formant une allée qui se refermait après nous. Je m’étais naturellement dirigé vers la personne que je cherchais encore accroché par un fil invisible à son essence.
Ce fil nous conduisit tout droit vers les Cullen. Je restais un instant saisi par la joie de vivre qu’ils respiraient, par leur lien qui se ressentaient dans chacun de leurs gestes, de leur regard, c’était toujours une surprise. Ils étaient comme tous ce soir en tenu de soirée, robes plus ou moins courtes aux couleurs vives pour les femmes et costumes sobres, mais très élégant pour les hommes. Même Emmett avait réussi à caser ses épaules de rugbyman dans une veste de satin noir à col mao. Une unique rayure blanche courait de son épaule gauche le long de son buste puissant, puis continuait de descendre sur la jambe de son pantalon pour finir sa course à la pointe de sa chaussure noire verni.
- Bonsoir Olivia, Corin, nous salua le chef de famille, tout va bien ?
- Bonsoir Carlisle, on ne peut mieux merci, lui dis-je en souriant.
Corin ce contenta de saluer chacun d’un hochement de tête, comme à son habitude.
Alice sautilla jusqu’à moi, enfermant mes mains dans les siennes. Je ne m’y attendais pas et donc je commençais à basculer, mais bien vite elle me lâcha ou plutôt on la tira en arrière tandis que Corin me tirait vers lui enrayant ainsi le processus.
- ALICE ! Tous les Cullen avaient crié son prénom en même temps.
Ce qui me fit beaucoup rire, apparemment l’espiègle Alice déchaînait les foules elle aussi.
- Pardon, dit-elle en m’adressant un sourire contrit.
- Ce n’est rien, la rassurais-je, je me contrôle mieux, mais tu m’as surpris.
Je me tournais vers une jeune femme que je ne connaissais pas et qui me dévisageait. Je lui rendis la pareille. Elle semblait avoir moins de vingt ans, ses cheveux bouclés de plusieurs nuances de bruns descendaient en cascade le long de ses reins simplement retenu aux tempes par des peignes serties de saphirs et de diamants dégageant ainsi son visage au trait fin et aux luisant yeux brun doré. Une robe fourreau bleu électrique mettait son corps souple et ferme en valeur. Elle était perchée sur des talons d’au moins quinze centimètres et je me demandais bien comment elle faisait pour marcher avec. Même après avoir gagné en agilité, je ne me serais pas risqué à porter des talons aussi vertigineux.
- C’est Alice qui choisi ce que nous portons, dit-elle comme je fixais toujours c’est chaussures. Je suis Bella la femme d’Edouard, se présenta-t-elle.
Elle avait une voix mélodieuse. Pas envoutante comme celle de Gianna, ni même séduisante comme celle d’Heidi, mais mélodieuse comme les notes qu’on tire d’une harpe.
Alors voilà la parfaite Bella, en effet elle l’était.
- Ha ! Heu…enchanté, balbutiais-je.
Edouard étouffa un petit rire en m’adressant un sourire entendu. Apparemment mes pensées le régalaient toujours autant. Collé au corps de sa femme il lui murmura quelque chose à l’oreille qui la fit éclater de rire.
- Moi parfaite ? Articula-t-elle difficilement, puis elle repartie de plus belle.
J’avais dû manquer un épisode et j’allais intervenir quand une main se posa sur mon genou. En même temps une petite voix de fée retenti dans ma tête :
- « Tante Alice a choisi ma robe aussi, elle te plait ? »
Je sursautais et baissant les yeux sur mon genou. Une petite menotte y était posée. Je remontais le long du petit bras pour rencontrer deux yeux en amande, aux longs cils épais et à l’aura cristalline. Ils appartenaient à un ange. Un magnifique petit ange à la peau nacré et douce comme la soie, aux joues roses pâles et au petit nez mutin. Pas un ange, une petite fille de cinq, six ans vêtu d’une petite robe diaphane rose et blanche pailletée. Ses cheveux aux boucles fauves formaient un chignon entouré de petites fleurs roses et vertes.
Je compris que j’avais devant moi la fille d’Edward et Bella, Renésmé. Et elle venait de parler dans ma tête, je n’étais pas la seule à détenir des dons particuliers.
- Elle est magnifique, tu es magnifique, précisais-je avant de fondre complètement.
Elle me fit un sourire toute en dent bien droit et pointu, heureuse du compliment.
- Ta robe est très belle, elle brille comme la mienne. Elle passa sa menotte chaude sur le fils d’argent de mon ourlet.
- Oui elle brille, comme la tienne.
Corin posa la main sur mon bras pour attirer mon attention, je rencontrais son regard inquisiteur, visiblement il n’était pas au courant du moyen de communication de la petite fille.
- Je ne parle pas toute seule, rassure-toi je ne suis pas devenu folle.
- Renésmé se donne rarement la peine de parler, expliqua Esmé, nous tentons de la convaincre de communiquer d’une manière plus traditionnelle, ajouta-t-elle en faisant les gros yeux à la petite fille qui découvrit ses quenottes dans un sourire éblouissant.
- Elle a bien le temps, hein ma poupée ?
C’était la blonde Rosalie qui c’était exprimé en prenant dans c’est bras la fillette qu’elle couvrit de baisés. Renésmé hocha la tête ravie. Manifestement, la fillette menait tout le monde par le bout du nez.
- Tu ne crois pas si bien dire ! répliqua Edward à mes pensées.
J’observais Rosalie câliner l’enfant, je fermais les paupières une fraction de seconde pour apercevoir son aura améthyste, brune dorée. L’améthyste flamboyait au contacte de l’enfant faisant perdre du terrain au désespoir omniprésent un peu plus tôt.
C’était donc bien elle qui m’observait à la dérobé, que pouvait-elle bien me vouloir ?
Je croisais le regard d’Edward une étincelle de tristesse faisait briller c’est yeux. Je ne comprenais pas le problème de cette famille, mais je notais dans un coin de ma tête de leur arracher les vers du nez pour comprendre.
Les conversations se turent brutalement, quand les maîtres de Volterra firent leurs entrée comme pour moi un peu plus tôt la foule se scinda en deux leur laissant passage jusqu’à leur « trône ».
Toutes les têtes c’étaient tournées automatiquement vers les deux maîtres, les conversations légères avaient fait place à un sérieux ou la crainte avait sa place, les visages c’étaient fermés.
Bella avait prit sa fille dans c’est bras le visage soudain tendu. Quant à Edward il s’était rapproché de sa famille les entourant d’un bras protecteur. Les vieux griefs avaient la peau dure ou la confiance tout du moins ne régnait pas. En me tournant vers les autres Cullen je remarquais qu’Edward et Bella n’étaient pas les seuls à avoir réagi à l’entrée des vampires. Carliste avait entouré la taille d’Esmé pour la rapprocher de lui sans doute, Jasper et Emmett en avait fait autant avec leurs compagne.
Le sentiment mitigé d’agacement et de compréhension m’agita soudain, nous n’étions pas des sauvages nous n’allions pas leur sauter à la gorge ou les jeter dans un cachot poussiéreux et en même temps comment leur en vouloir ? Je n’étais pas là au moment des fait, mais l’attaque qu’avait fomenté Aro à l’encontre des Cullen, avait de quoi susciter leur méfiance. Je n’étais pas naïve je savais qu’Aro avait convoité activement les pouvoir qui semblaient fleurir dans cette famille, si ce n’était pas encore le cas.
Je me serrais moi-même contre la tiédeur de Corin pour me réconforter. Au moins je savais qu’en ma présence les querelles étaient tenues en laisse. Mais ce climat tendu me ramena à mes turpitudes habituelles.
Qu’allait donc faire les vampires pour me punir ? M’exécuter publiquement ? Ce qui expliquerait ce rassemblement d’envergure. Ou me mettre au pain sec et à l’eau bien au chaud dans un cachot pour quelques siècles ? Aucune des deux solutions ne me convenait. Un frisson d’appréhension courue le long de mon échine, mais je souri vaillamment pour donner le change. Je subirais la punition choisie avec stoïcisme, enfin je crois. Je ne voulais surtout pas que Corin joue au héros sans peur et sans reproche.
- Mes amis, merci de vous être déplacé nombreux aujourd’hui, la foule s’inclina aux mots de bienvenu d’Aro sauf moi et les Cullen.
Apparemment Aro allait peiner à regagner la confiance de cette famille. Quant à moi je ne l’avais jamais fait et le fait de passer à la guillotine n’allait pas faire changer cet état de fait.
- Des rumeurs ont dû vous parvenir, plusieurs vampires hochèrent la tête, plus folle les une que les autres, s’amusa Aro.
- Au moins une d’entre elle doit être vrai, chuchota un vampire derrière moi, Caïus est absent.
- Il est peut-être en mission, répondit un autre.
- Lors d’un rassemblement aussi important ?
- C’est peu probable en effet.
A quoi jouait Aro ? Il n’allait quand même pas me jeter aux requins en déballant mes frasques.
- Olivia très cher voudrais-tu nous rejoindre, me demanda Aro.
Je me figeais comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. On y était, le couperet allait tomber maintenant.
Aro affichait une radieuse, me punir le réjouissait, mon dieu un peu de courage m’exhortai-je. Marcus comme à son habitude affichait son perpétuel air ennuyé.
- Très chère, insista le maitre comme je ne faisais pas mine de bouger.
Corin me serra la main en me lançant un regard interrogateur, il ne savait pas, il ne comprenait donc pas mon air de martyre. Edward qui devait toujours fouiller dans ma tête m’adressa un signe de tête qui ce voulait rassurant. Tu parles ce n’était pas sa tête qui allait se trouver sur le billot !
Je lâchais la main de mon ange à contrecœur et m’avançais vers l’estrade de marbre ou Aro me tendait la main. Qu’espérait-il ? Mesurer ma frayeur avant de m’exécuter froidement, il en était tout à fait capable je ne savais parfaitement. Peut-être espérait-il me voir ignorer cette main tendue comme je l’avais fait si souvent. Je me saisis de cette main pâle déterminé à être courageuse, en voyant un éclaire de surprise traverser c’est yeux rouge, je compris que j’avais raison.
Il la tint un moment, la tête penchée. Je savais, comme tout un chacun, qu’il se passait le film de ma vie et cela m’agaça. Puis une expression sardonique sur le visage il dit à la cantonade :
- Pour ceux et celle qui ne la connaisse pas encore voici Olivia Wells. Parmi nous depuis peu et déjà une source de…surprise.
J’étais sûr qu’il allait dire « problèmes »
Je me redressais fièrement, il était temps d’assumer.
- Retenaient bien ce nom, puisque…
Je me crispais légèrement, il y a tout de même des limites au courage et retins mon souffle.
-…dorénavant elle sera assise là, aux côtés de Marcus et moi-même.
Au mot « là » il avait désigné le « trône » de Caïus. Une clameur de surprise retentie, certain s’indignèrent, d’autre grognèrent-partisan de Caïus très certainement. Quant à moi je me contentais de fixer bêtement le fauteuil ouvragé depuis qu’Aro l’avait désigné par un « là » ferme, comme s’il s’était agi d’un ovni. Je n’entendais plus rien, ne voyais rien d’autre, j’étais en état de choc.
Pour une punition, elle était grandiose !