Recueil d'un vampire

Chapitre 25 : Chapitre 24 : Le calme revient

Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:10

Corin soupira d’aise. Il était allongé sur le ventre, entre mes jambes écartées, ses bras enserraient ma taille tandis que sa joue glabre reposait contre mon ventre. Ma main, allait et venait paresseusement entre ses courtes mèches, qui me chatouillaient agréablement la peau. Nous partagions un de ces rares instants de tendresse et de calme que nous avions dérobé au tourbillon chaotique de nos vies.

Aro n’avait pas souhaité ou peut-être n’avait-il pas le temps, de s’entretenir avec nous et ce n’était pas plus mal.

 Je ne pouvais m’empêcher de repasser en boucle le film du dernier épisode de mon existence de vampire, bien loin de celle calme et ordinaire d’une humaine.

Le souvenir du cœur de Caïus pulsant impérieusement dans le creux de ma paume continuait à me hanter. J’éprouvais encore la première inspiration, le premier souffle de l’organe, dans mes chairs figées.

J’étais terrifiée. Terrifié par l’exaltation que je ressentais encore.  Revivre l’expérience en pensé suffit à faire rejaillit l’exaltation en moi.

Après tout ça j’avais du mal à croire que le ciel ne m’était pas encore tombé sur la tête. A la place du châtiment imaginé, je me trouvais là où je ne pensais plus pouvoir être : dans les bras de l’amour de ma vie. S’il l’avait fallu je me serais sacrifiée pour lui allant jusqu’à le rejeter pour qu’il ne subisse pas en même temps que moi les foudres des deux protecteurs de la race. Oui, j’aurais simplement fait ce qu’il fallait.

Je suivie du bout des doigts les sourcils plus clair, que Corin venait de froncer.

- A quoi penses-tu ? Demandais-je dans un murmure ne voulant pas rompre trop tôt le moment.

- Réalises-tu, que tu es le seul vampire, à ma connaissance, à avoir développé deux dons ?

Autant pour le moment de féliciter !

Je poussais un profond soupir.

- J’avais espéré que cette…anomalie, serait passée inaperçu ou tous du moins noyé dans le torrent des deux dernières résurrections.

Corin embrassa délicatement mon ventre, avant de se redresser sur les coudes pour me regarder en face.

- Tu es merveilleuse, dit-il avec force, comme conscient de mes tourments intérieurs, tu n’as tué personne alors cesse de penser comme une criminelle en cavale.

Je fronçais les sourcils, Corin me regardait dans les yeux une expression intense sur le visage, nos peaux se touchait, pourtant rien ne se produisit. Pas de chute vertigineuse dans ses iris lumineuses, pas de flash incandescent. Même quand nous faisions l’amour je me retrouvais immanquablement baignant dans son aura, alors que ce passait-il ?

- Qui a-t-il, mon amour ?

Sans un mot, je me penchais sur le feu émanant de ses iris, visualisant sa belle âme lumineuse. Aussitôt, je basculais, mais avant d’être complètement happé, je mis fin au processus sans la moindre difficulté.   

- Enfin !  Un peu de contrôle sur mon pouvoir ce n’est pas trop tôt.

Ce constat me soulagea et améliora considérablement mon moral.

- C'est-à-dire ?

- Tu n’as pas remarqué ? Je te regarde au fond des yeux et nous nous touchons, mais…

- …tu es toujours là, fini-t-il pour moi.

- Je suis toujours là, confirmais-je tout sourire. Je commençais à trouver pénible de ne pouvoir croiser le regard de mes interlocuteurs sans me sentir basculé immanquablement et me retrouver aussi vide qu’un coquillage sans son mollusque. 

- J’imagine que ce ne doit pas être très agréable, grimaça Corin.

- Ne te méprends pas, ton âme est magnifique, elle est chaude, lumineuse…sucrée c’est comme…se blottir sur un nuage de lait et de miel et mon aura la reconnait comme sa moitié.

J’avais fermé les yeux sans m’en rendre compte, quand je soulevais les paupières ce fut pour rencontrer le visage rayonnant et ému de mon ange déchut, si près que nos nez se touchaient presque.

Il effleura mes lèvres d’un baisé plus léger que les ailes d’un papillon. Tant d’amour et d’adoration illuminait ses yeux en cet instant que ma gorge se sera sous le coup de l’émotion.

- Je t’aime tant, murmura-t-il.

- Moins que moi, soufflais-je contre ses lèvres.

Après une dernière étreinte, Corin se leva du lit à la manière d’un pantin tiré par un marionnettiste, m’entraînant, par ce geste, à sa suite.

- Allons faire la tourné des grands ducs.

Cette façon surhumaine de se déplacer, me fascinait toujours. Se mouvoir, comme si les os et les muscles n’étaient plus régis par aucune limite, pouvant s’étirer à l’infini, ployer si besoin était. Je me rendais bien compte, que je me montrais plus humaine dans mes mouvements. Mon corps adoptait encore les gestes, mille fois répétés, avec les limites d’un corps humain. Bien entendu un mortel aurait tout de suite remarqué la rapidité et la grâce accentuée de mes gestes, la souplesse et l’agilité surnaturelle, néanmoins, en comparaison des vampires que je côtoyais quotidiennement, je me mouvais aussi souplement qu’un ours. Mon squelette mes muscles se raccrochaient encore à leur humanité comme mon cerveau et mon âme du reste.

Nous atteignîmes l’aile où s’était installé, Gianna et Félix et fûmes accueilli par un fracas assourdissant suivi d’un juron débité par une voix angélique.

Corin et moi échangeâmes un sourire entendu. Il levait le poing pour frapper quand la porte s’ouvrit violemment manquant sortir de ses gonds.

Nous, nous retrouvâmes devant une Gianna échevelé et je ne sais pas comment elle s’y prit, haletante.

- Olivia ! S’écria-t-elle en me serrant de son unique bras libre, l’autre étant occupé par une petite poupée.

Elle m’étouffa dans une étreinte de grizzli, tout son corps tendu à se rompre.

- Gianna…tu m’étouffes ! Me plaignis-je en gigotant.

- On ce calme, intervient Corin, Gianna ?

Elle me lâcha brutalement et ramena derrière une oreille, une longue mèche de cheveux bruns.

- Désolé, je n’y arrive pas, dit-elle d’un ton plaintif et même alors elle restait irrésistible, il me faut du mobilier en titane, je casse tout je n’arrive pas à gérer, ni ma force, ni mon don et Félix est partie en mission Aro a insisté, d’un autre côté c’est mieux pour lui, parce que je le transforme en idiot bavant à la moindre occasion.  

Je notais au passage le regard vide de mon ange déchut, la couleur écarlate de ses iris et son air hagard.

- En parlant d’idiot bavant, tu pourrais…?

- Mon dieu je suis désolée tu vois je suis une calamité en puissance personne ne me parle de peur de finir en statue de sel, gémi-t-elle.

- Gianna ? La rappelais-je à l’ordre gentiment.

- Oui, oui, pardon. Corin ?

Mon amour sortie de sa léthargie et sourie à Gianna pour lui signifier que tout allait bien.

- Ma chérie, les choses vont rentrer dans l’ordre rapidement crois en mon expérience, la réconfortais-je.

- Toi, tu ne détruis pas tout sur ton passage, s’emporta-t-elle.

Sentant venir la crise je lui pris la petite des bras et Corin la serra dans ses bras autant pour la réconforter que pour la retenir s’il lui prenait l’envie de ruer. Tandis qu’il lui frottait le dos en lui murmurant des mots apaisant je baissais les yeux sur la huitième merveille du monde. Comment une si petite chose pouvait-elle captiver ainsi l’attention ? Je lui chatouillais le bidon à travers sa barboteuse, espérant ainsi contrer la barrière de son handicape. Elle poussa une sorte de gloussement joyeux.

A ce son Gianna leva brusquement la tête et un sourire radieux remplaça aussitôt son air renfrogné. Elle sourie à sa fille oubliant tout tracas. Voilà comment le rire d’un bébé pouvait faire renaître la paix.

- Oh, mon amour, roucoula Gianna, en reprenant sa fille et en baisant sa joue rose corail.

- Vous leur avez trouvé des noms ? Demandais-je curieuse et désireuse de distraire Gianna des problèmes inhérent aux néophytes.

Gianna prit un air mystérieux.

- Oui, nous leur avons trouvé des noms, répondit-elle sans mentionner lesquels toutefois.

- Bin alors ? La pressais-je agacé.

Mon impatience fit rire Corin et Gianna se joignit à lui.

- Corin, Olivia, je vous présente Mira, en référence à Miracle, car sont existence même est un miracle, expliqua-t-elle doucement.

Un geignement de protestation nous fit prendre conscience du deuxième miracle qui apparemment n’appréciait pas d’être seul dans son lit.

Je me penchais au-dessus du lit pour lui sourire et le pris dans mes bras.

- Et ce petit homme ?

- Ce petit ange se prénomme Marvel.

- Ce qui se traduit par merveille ?

- Oui, miracle et merveille, je sais c’est un peu stéréotypé, mais je pense que de tels prénoms ne seront jamais mieux porté que par ces deux petits êtres.

- Bienvenue parmi nous Mira et Marvel, murmura Corin.

Soudain je me demandais si la paternité ne lui manquait pas malgré tout. Je m’interrogeais. Corin pensait-il que, si seulement nous avions fait l’amour avant m’a transformation, j‘aurais pu lui donner un enfant? Y pensait-il en ce moment-même, en regardant Mira et Marvel si beau si parfait? Ce représentait-il un bébé aux cheveux châtains soyeux comme les sien à la peau pâle comme la mienne et aux yeux noisette ? Corin leva la tête et me jeta un regard interrogateur, comme si je l’avais interpellé, je plongeais dans ses iris iridescents et lui sourie tristement.

- Je t’aime, mima-t-il.

Mon ange déchut avait compris quelles questions agitaient mes pensées et me faisait comprendre à travers son amour qu’il ne regrettait rien, cette prise de conscience me délesta d’un poids que je ne savais pas porter jusque là.

Un éclat de rire enfantin nous sortie de notre bulle de complicité. Jane et Alec apparurent au détour du couloir, souriant d’une blague connue d’eux seul. Je vis Gianna serrer ses enfants contre son cœur les faisant presque disparaitre dans la masse luxuriante de ses cheveux bruns. Ses délicats sourcilles arqué dans une expression soucieuse. Apparemment elle n’appréciait pas la promiscuité de prédateur sadique tel que Jane et Alec si près de ses enfants. 

- Olivia ! Pépia Jane, ça fait longtemps que nous ne t’avons vu, elle gloussa derrière sa main ressemblant plus que jamais à l’enfant qu’elle incarnait.

- J’ai été…disons occupé ces derniers jours, répondis-je toujours pas très à l’aise avec même activités vampiriques.

- Oui, c’est ce que je me suis laissée dire, tout le monde ne parle que de ça, on entend Caïus hurler d’un bout à l’autre du château.

Cette dernière remarque sembla la plonger dans la féliciter la plus totale. Pourtant, Caïus et Jane semblaient s’entendre comme larron en foire. D’où lui venait ce soudain revirement et devais-je réellement m’en étonner ? Ne parlions nous pas de Jane et d’Alec, les vampires les plus vicieux et caractériels de Volterra ?

- Tu sembles étonné, dit Alec.

- Je pensais que vous étiez plus proche de Caïus que de quiconque à Volterra, avouais-je.

Alec et Jane échangèrent un  regard et éclatèrent de rire, produisant un concert de clochettes célestes.

- Proche ? Ricana Jane, nous ne sommes proches de personne. Nous allons où nous trouvons notre compte. Caïus est un perdant et il mérite amplement ce que tu lui as fait subir. Lui rendre son humanité, dit-elle en me regardant comme si elle me voyait pour la première fois, est bien la punition par excellence, je ne te savais pas si…cruelle Olivia.

Et elle tourna les talons, passant son bras sous celui d’Alec en gloussant, satisfaite de sa sortie.

- Ne l’écoute pas, me conseilla Gianna, Jane ne vit que de sa méchanceté, tu n’es certainement pas responsable de ce qui c’est passé avec Caïus, tu n’as fait que te défendre avec les moyens que tu avais.

Puis elle me serra les doigts pour me faire sortir de mes pensées qui m’auraient certainement ramené à une séance prolongée d’auto apitoiement.

- Merci Gianna tu es un vrai ami. Je vois que les informations circules vite même que personne ne veut approcher tu es au courant de mes dernières frasques.

Elle haussa les épaules fatalistes.

- Rien ne reste longtemps secret entre c’est mures, tu t’y feras.

Gianna et Corin rirent de m’a mine dépité et nous rentrâmes dans la nurserie, passant les quelques heures suivantes à pouponner et discuter de choses et d’autre notamment de l’avenir des jumeaux.

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