La fille invisible.
Je n'aime pas l'histoire. Tous ces noms, ces dates et ces événements qui m'embrouillent me donnent d'horribles migraines. Je veux dire, qui se soucis vraiment du pourquoi, du comment un tas de fous français ont guillotinés leurs rois ? Il y a vraiment du laissé allé dans le système scolaire.
C'était vraiment ennuyeux.
Tout comme notre professeur Mr Peta qui nous cassait les pieds avec un roi machin, qui à épousé une duchesse bidule et qui a hérités de ses terres avant de se lancer dans une guerre pour le pouvoir, et l'argent et qui n'aboutira qu'à la mort d'une tonne de paysans.
Je crois qu'il est inutile de préciser que je n'écoutais pas franchement le cour.
Mais pour ma défense je peux vous dire que j'étais très attentive… à autre chose. Je ne sais pas vraiment ce que le conseil scolaire penserait des idées qui traversaient mon esprit à cet instant. A l'heure actuelle, celles-ci auraient été plus à leur place dans un cour d'anatomie que dans un cour d'histoire. Elles étaient toutes tournées vers la présence à côté de moi. Ce que Catherine remarqua.
Penchée vers ma table, son visage pale de maquillage ou trônait un sourire et ses yeux bleus rieurs, elle murmura :
Ça fait trois. Je devine que tu pensais à…
Je sursautais légèrement bien que je m'étais attendu à ce qu'elle prenne la parole.
Quoi ? A non, ça ne compte pas ! protestai' je.
Elle étouffa un rire avec le dos de sa main. Je venais sans aucun doute de confirmés ses soupçons.
Je parcourus la classe du regard pour m'assurer que personne n'était à l'écoute de notre petite conversation. Je ne fus pas trop surprise de m'apercevoir que personne ne faisait attention à nous. A cet instant une bonne douzaine de conversations similaires, sinon plus, se déroulaient. A apparemment, je n'étais pas a seule à trouver ce maudit cour médiéval complètement ennuyeux.
« Tu as besoin de te détendre Kim » m'informa Catherine d'une vois maternelle. « Tout ça… » elle donna un petit coup de tête discret dans sa direction avant de reposer son regard sur moi « …ce n'est pas sain ».
La mère de Catherine est thérapeute et il arrive qu'elle se croie suffisamment qualifiée pour intervenir dans ce genre de situation.
« Merci pour vos conseils Docteur » répondis' je avec sarcasme « Et pour ton information, je suis tout à fait saine d'esprit. »
Face à ma réponse, Catherine souleva un de ses sourcils tellement hauts qu'il avait presque totalement disparu sous sa frange. J'essayais d'imité son geste, mais malgré mon acharnement tout ce que je récoltais fus de me mordre la langue si fort que je faillis en saigner.
Devant la scène comique que j'offrais, Catherine ne put s'empêcher de rire. Je fis mine d'être fâchée. Cat franchi la distance qui s'éparait nos deux pupitre et sembla chercher quelque chose.
Mon visage se décomposa lorsque je compris de quoi il s'agissait, mais il était trop tard. Elle venait de s'emparer de mon bloc note sur lequel j'avais (je vous assure) pleinement l'intention de prendre des notes sur le Roi machin truc et sur son règne tellement passionnant. Mais ce qui était inscrit sur la première page du bloc était loin d'être des notes. En tout cas, pas des notes d'histoire.
Plusieurs notes illisibles étaient griffonnées en haut de la page. Mais en dessous, dans une écriture fine, propre et clair que l'on pouvait parfaitement reconnaitre comme état la mienne, j'avais écris plusieurs fois mon nom. En fait, c'était seulement la moitié de mon nom. L'autre appartenait à quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui actuellement était assit à seulement un mètre et demi de moi.
Kim Najera. Kim Najera. Kim Najera. Kim Najera.
Comme dans Jared Najera.
Pour ne pas rendre mon humiliation encore plus grande, il y avait un certain nombre de cœurs et d'étoiles dessinés au hasard autour de mon nom improvisé. Mon regard se posa sur ma main tenant toujours mon stylo. J'avais vraiment fais ça sans m'en rendre compte ? Cette perspective m'effraya quelque peu.
Mes yeux se posèrent ensuite sur Catherine qui satisfaite me demanda :
« Tu disais ? »
Je ne répondis rien et me contentais de baisser mon visage rouge de honte. Je me maudissais d'avoir eut l'idée d'attacher mes cheveux en queue de cheval aujourd'hui. Je sentis mes joues me brûler et récupérait rageusement mon bloc avant d'en arracher la première page que je roulais en boule. Ma réaction fut moins discrète que je l'avais prévue et plusieurs élèves regardèrent curieusement dans ma direction.
« Est-ce qu'il y a un problème Melle Akalah ? » me demanda Mr Peta à la recherche d'éventuelles notes en rapport avec son cour sur mon pupitre.
Je sentis chaque paire d'yeux présents dans cette salle se poser sur moi en guettant ma réaction. Je me sentis rougir d'avantage. Même mon teint naturellement foncé n'était pas capable de dissimuler le sang qui me montait aux joues.
« N… non Monsieur » je réussis à répondre en tripotant nerveusement sous ma table la feuille de papiers. Je jetais un rapide coup d'œil Catherine qui, même si elle semblait désolée de la situation, ne pouvait pas s'empêcher de sourire. A cet instant, je n'avais qu'une seule envie, l'étouffer pour faire disparaître ce sourire moqueur de son visage. Pourtant je ne cédais pas facilement à des excès de violence.
« Alors peut être pourriez vous nous dire quelle était la terre convoitée lors de ce conflit ? » me demanda Mr Peta impatient.
D'après moi, il voulait vraiment prouver au reste de la classe mon manque de connaissance dans sa matière.
Conflit ? Terre ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je ne connaissais même pas le nom du roi qui se battait pour cette terre et il me demandait le nom de celle-ci ?
« Uh… » j'ai commencée en espérant qu'au moins une moitié de mon cerveau avait suffisamment prêté attention au cour pour arriver donner au minimum une demi réponse satisfaisante. Un demi-cerveau, pour une demi-réponse. Ce n'était pas trop demander !
Avant que je ne lui donne le premier nom de pays qui m'était venu à l'esprit (l'Allemagne), un morceau de papier glissa discrètement à ma droite. Je n'y avais pas prêté attention jusqu'à ce que je reconnaisse la grande main colorée dans laquelle il était tenu. Sur le bout de papier, dans une écriture que j'aurais reconnue entre mille était inscrit mon Salut.
« Um… Alsace Lorraine ? »
Ma réponse sonna plus comme une question, mais Mr Peta ne sembla pas s'en formaliser et se contenta d'hocher la tête avant de retourner à son cour. Je me laissais glisser sur ma chaise en remerciant silencieusement le ciel de ne pas avoir donnée la première réponse dictée par mon instinct. Sans tourner la tête, je regardais Jared du coin de l'œil. Il observait le reste de la classe, les bras croisés sur son torse. Si je ne l'avais pas vu pousser le papier vers moi, j'aurais doutée que c'était lui qui en était l'auteur. Mon cœur ratait un battement lorsque je réalisais ce qui venait d'arriver. Je dirigeais toute mon attention sur le tableau, pour calmer les papillons hyperactifs qui virevoltaient dans mon estomac. Je voulu le remercier, mais je n'étais pas sure que c'était la meilleure chose à faire. Il ne semblait même pas s'être rendu compte que j'étais assise à côté de lui. Je décidais donc de ne rien faire, préférant ne pas attirer de nouveau son attention sur moi. Néanmoins, je ne pus empêcher qu'un sourire s'accroche à mes lèvres à la pensée de ce que Jared avait fait. La douleur dans ma main me sortit de mes pensées. Je m'aperçus que je serrais si fort la boule de papier froissée restée dans ma main qu'elle commençait à s'enfoncer dans ma paume. Je détendis ma poigne avant de la fourrer dans une poche de mon manteau. Je n'aurais qu'à la bruler plus tard pour faire disparaître toutes les preuves.
Ou peut être que je la mettrait dans mon journal intime.