A Full Moon
Chapitre 2 : Contrôle et douleurs
Je me réveillais le lendemain matin dans un lit que je connaissais. J'avais peur d'ouvrir les yeux, peur de voir la maison de Rosalie et d'Emmett détruite… Malgré tout, je ne pouvais pas rester comme ça, je devais assumer mes actes qu'ils soient délibérés ou non…
à mon plus grand étonnement, tout semblait intact. J'examinais chaque centimètre carré de la pièce pour constater mes dégâts, mais il n'y en avait pas ! Toutes les choses semblaient parfaitement à leur place. Un peu trop parfaitement, quelqu'un avait dû passer derrière moi pour nettoyer les ravages de ma colère sur le téléphone.
J'étais rassurée, pour la maison, mais il restait encore la forêt… Je m'approchais lentement de la fenêtre mais là encore, aucun dégât à constater, tous les arbres étaient debout. Et ils n'étaient pas les seuls, la famille Cullen était dehors. J'espérais apercevoir Carlisle pour lui présenter personnellement mes excuses mais il n'était pas là. Je voyais Esmé et Rosalie jouer avec Renesmée et Bella faisait un bras de fer contre Emmett sous le regard amusé d'Edward. Avec la force du vampire, je ne donnais pas longtemps à la fille avant de perdre mais à ma plus grande surprise, ce fut l'inverse qui se produisit. La brunette fit flancher le bras de son adversaire avec une facilité déconcertante ! Toute la famille riait de bon cœur devant cet exploit, sauf le perdant qui s'avançait vers moi.
« Bonjour Aurore ! Bien dormi ? », rigola-t-il en arrivant.
Je sentais son pouvoir, dans mes veines, mais également dans mon ventre. Je ne le contrôlais pas et le poignard était bel et bien présent.
« Aurore ? Je m'appelle Ellyanna. » rectifiai-je.
« Tu ne connais pas la belle au bois dormant ? »
« Très drôle... » rétorquai-je.
Mon père étant un homme de science, il tenait à ce que je sois une enfant cultivée. J'avais donc passé mon temps à lire tous les livres de la bibliothèque et même les Disney que ma mère m'avait acheté.
J'étouffai un hoquet de douleur. J'aurais aimé plaisanter avec lui mais c'était difficile. Je me concentrais sur son don, sur cette force qui circulait dans mes veines. Il fallait que je la laisse sortir pour pouvoir la gérer mais je ne voulais pas détruire d'autres choses qui appartenaient aux Cullen.
« Tout va bien ? » me demanda-t-il
« Oui, c'est juste ton pouvoir. » avouai-je.
« Mon pouvoir ? Je n'en ai pas ! »
« Bien sûr que si. Je suis d'ailleurs surprise que tu aies laissé Bella gagner au bras de fer. »
Il ne semblait pas comprendre, ou me croire.
« Bella est une jeune vampire, elle a encore sa force de nouveau-née. »
« Mais tu es plus fort. C'est ton don, tu as une force incroyable et j'ai énormément de mal à la contenir ! »
« Mais alors… »
Il regarda ses mains comme si il les voyait pour la première fois. Quand aux miennes, elles commençaient à trembler, je devais évacuer cette force !
« Tu ne connais pas un endroit où je peux me défouler ? »
« Si bien sûr ! Suis moi ! »
Il s'enfuit en direction des bois. Je lui étais très reconnaissante de m'avoir ouvert la porte, au moins je ne l'avais pas détruite, pas comme notre cible.
Pas très loin de la maison, je pouvais entendre le son d'une rivière de plus en plus intense, nous nous approchions d'une cascade. Elle était même notre destination. Emmett s'arrêta au pied de la chute d'eau haute d'une dizaine de mètres, sur des cailloux. Nous étions mouillés jusqu'à la taille, face à cette force de la nature.
Je n'avais pas peur, j'étais même plutôt à l'aise dans cet univers. J'avais passé les trois dernières années à suivre des entraînements d'arts martiaux à travers le monde. Tuck, mon instructeur était une montagne de muscles. Il était aussi grand que large et son visage était aussi dur que ses muscles. L'un des exercices consistait à supporter la force des cascades sur mon corps. J'étais sous les chutes du Niagara lorsque ma maladie devint incontrôlable. C'était une sensation incroyable, se sentir seule avec la nature.
« Vas-y, tu peux te défouler. » me dit-il tout naturellement en me montrant la rivière.
« Comment ? » rigolai-je
« Tape dans l'eau, ça ne risque rien. » expliqua-t-il comme si c'était une évidence.
Il s'exécuta en lançant son poing dans l'étendue bleu. Un geyser s'envola dans les airs.
« ça fait du bien, tu devrais essayer ! »
J'en mourrais d'envie. Je serrais les poings et les lancèrent contre l'eau qui s'échappait vers l'aval de la rivière. La colonne d'eau que je venais de former monta deux fois plus haut que celle d'Emmett, créant par la suite une vague qui déferla dans la vallée.
« Tu as raison, ça fait du bien ! »
Un sentiment de liberté s'empara de mon corps, je pouvais évacuer cette force au gré de mes envies. Pour une fois, je n'avais pas à me contrôler. La matinée passa et le poignard dans mon ventre s'enfuit avec l'eau qui coulait. Emmett avait également trouvé sa force, ses geysers atteignaient la hauteur des miens et il l'adorait. D'ailleurs, le concours s'était transformé en lutte dans la rivière. Je me défendais plutôt bien mais j'avais réveillé la bête en lui. Il avait enfin conscience de sa force et était bien décidé à s'en servir. Heureusement que je ne risquais pas de me noyer, privilège d'immortel.
Lorsque le soleil atteint son zénith, nous jugions qu'il était temps de s'arrêter et de chasser quelques cerfs. Après avoir approché le bord de l'eau, je m'appuyai naturellement sur le sol pour m'en sortir, mais il se déroba sous moi et mon visage fut recouvert de boue. Je ne contrôlais pas ma force pour le plus grand plaisir d'Emmett !
Heureusement, c'était plus un avantage qu'un inconvénient pour chasser. Nous chassions des cerfs malades pour nous nourrir. Ils étaient délicieux mais j'étais toujours préoccupée de trouver une manière pour contrôler cette force.
« Je dois prendre ma revanche sur Bella ! » s'exclama Emmett soudainement. « Viens ! »
« Attends ! » lui criai-je, « je ne peux pas rester avec vous tous. »
« Ah oui c'est vrai, tu peux au moins regarder de loin, n'est-ce pas ? » il me suppliait avec un air de chien battu.
« Bien sûr » cédai-je, « je ne raterais ça pour rien au monde ! »
Il sourit de toutes ses dents avant de retourner vers la villa.
« Bella ! Je veux ma revanche ! » lança-t-il vers sa famille.
La jeune vampire semblait ravie du challenge. Je m'approchais au plus près pour pouvoir admirer la démonstration de force. J'étais grimpée dans les arbres telle un singe habile, gardant mon équilibre malgré le vent qui soufflait dans les branches.
Les deux acteurs avaient l'habitude de s'affronter. Ils prirent leur place tout en se lançant des regards compétitifs, comme si leur victoire dépendait de ce moment.
Le bras de fer commença très fort. Les deux vampires utilisaient toute leur puissance contre l'autre. Bella semblait surprise, elle ne s'attendait probablement pas à une telle résistance et encore moins à une défaite. Emmett, lui, jubilait.
« Comment ça se fait ? Je ne me sens pas différente, j'ai perdu ma force de nouveau-née ? » s'interrogea-t-elle.
« Non, j'ai juste une super force ! » frima-t-il. « Qui veut m'affronter maintenant ? », il se tourna vers moi, « Elly ? »
« Désolée, mais je copie ta force, ça durerait des siècles ! »
« Non, je gagnerais lorsque tu t'écrouleras de sommeil ! »
Ce n'était pas faux.
« Où est le mérite de profiter de ma faiblesse humaine… » soufflai-je
« Il faut savoir se battre avec les cartes qui nous sont données ! »
« De toute façon je… »
Un poignard me transperça le ventre, je me retrouvais en France à nouveau. Mon père était au centre de la place, des capuches noire s'avançaient vers lui et lui prenaient sa vie…
Je me retrouvais en l'air et n'eus qu'une poignée de secondes pour retomber sur mes pattes. Le choc m'avait fait tomber de l'arbre. Alice était probablement de retour de ses escapades.
« Désolée » me lança-t-elle en rejoignant sa famille.
« Tu n'as pas besoin de t'excuser, elle n'est pas la bienvenue. » lança froidement Rosalie.
« Ce n'est rien » la rassurai-je, ignorant les mépris de la beauté blonde.
J'avais l'habitude…
« Rosalie ! »
Carlisle était revenu de la clinique. Je devais m'excuser pour ce que je lui avais fait subir la veille. Il s'avança vers moi, son visage dégagé un calme et une sérénité déconcertante.
« Je suis désolée », lui lançai-je avant même qu'il ne dise quelque chose.
« Tu n'as que ce mot à la bouche ! Je suis solide tu sais. »
Il me sourit et je ne pus m'empêcher de lui retourner son sourire.
« J'aimerais vraiment retenter de te prélever du sang mais ce coup ci, je pense que Jasper pourrait nous aider. »
« D'accord. »
Je n'étais pas vraiment pour mais je ne pouvais rien lui refuser. J'allais donc devoir gérer un pouvoir pendant qu'il m'enfoncerait une aiguille dans le bras, il n'y avait pas mieux comme distraction.
Nous partîmes en direction du cottage. Je m'installai à la même place que la veille pendant que le médecin préparait ses instruments. Je sentais le stress monter en moi.
« Comment as-tu connu mon père ? » demandai-je à Carlisle.
« C'était il y a très longtemps en Italie, j'avais rejoins les Volturi à l'époque, j'étais fasciné par leur vision du monde. Mais ça ne dura qu'un temps, leur mépris pour la vie humaine nous éloigna et me plongea dans une grande tristesse. C'est à ce moment que ton père arriva, il était aussi déprimé que moi, il voulait mourir. J'appréciais sa compagnie, nous parlions tous les deux de médecine, de nos ressentis sur les humains. Je le convainquis de ne pas se suicider et il me convainquit de m'enfuir. Il m'aida à contrôler ma soif avec des grands blessés, ou même lorsque je voulais transformer quelqu'un. Edward n'était pas mon premier essai, ton père était là et il m'aida à ne pas céder à mes remords. Je lui dois beaucoup. »
Je ne connaissais pas cette histoire. Je reconnaissais bien mon père, sauf pour la partie suicide. Il avait toujours aimé la vie, il me disait souvent qu'il fallait avoir connu le pire pour pouvoir savourer le meilleur.
Je sentais sur moi le regard persistant de Jasper, il m'observait avec intérêt et je sentais qu'il m'apaisait.
« Merci Jasper. »
Sa surprise se lut sur son visage.
« Merci de me laisser une chance. »
« De rien. » me lança-t-il.
Il paraissait sincère quoi que légèrement plus méfiant que les vampires que j'avais approché jusque là. Son corps fin et musclé semblait avoir affronté plusieurs guerres. Ses bras étaient couverts de cicatrices. Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'il s'était passé.
« Des nouveaux-nées m'ont fait ces cicatrices. »
Je suppose que j'avais dû le fixer un peu trop longtemps.
« J'ai décelé de la curiosité en toi. » m'expliqua-t-il.
« Ton don est remarquable. » lui avouai-je.
J'essayais de lire en lui mais ce n'était pas évident. Je ressentais des dizaines d'émotions sans pour autant savoir ce qu'elles étaient. Une nouvelle vague de calme s'abattit sur moi. Je devais éviter de penser à son pouvoir alors que Carlisle m'enfonçait des aiguilles dans le bras.
« Comment ont-ils fait ? Pour t'infliger autant de cicatrices ? » demandai-je pour détourner mon attention et pour satisfaire ma curiosité.
« J'ai été transformé en vampire en 1863, pendant la bataille de Galveston. Je devais entraîner des nouveaux-nés pour Maria. »
Je sentais une once de tristesse en lui. Son passé ne semblait pas joyeux…
J'avais lu des articles sur cette bataille, elle avait eu lieu pendant la guerre de sécession. Officiellement c'était une confrontation entre la confédération des États du Sud et les États du Nord au sujet de l'esclavagisme. Les premiers voulant la garder, les seconds voulant l'abolir.
Officieusement, c'était une simple guerre de clans entre vampires. Les différents acteurs revendiquaient leur possession des territoires en usant de leur force. Jasper avait donc fait parti d'un de ces clans… Je comprenais mieux son passé de douleurs. Toutes ces morts autour de lui alors qu'il avait le don de ressentir leurs émotions. Je savais ce que c'était d'avoir un don que l'on ne souhaitait pas, qui pouvait nous faire souffrir… J'avais de plus en plus de respect pour lui.
Carlisle eu le temps de faire tous les prélèvements qu'il voulait et alors que je pensais que tout s'arrangeait, Emmett arriva à toute vitesse, fracassant la porte d'entrée. Je sentais sa force sans avoir ressenti aucune douleur. Quel soulagement !
« Jasper, Carlisle, vous devez partir. »
Il semblait pressé et je sentais qu'il avait peur mais qu'il essayait de se contenir. Il me sourit pour tenter de ne pas m'effrayer mais c'était trop tard. J'étais parvenue à faire paniquer tout le monde.
« Alice a eu une vision ! »
Qu'avait-elle vu pour demander à Emmett de venir les prévenir immédiatement.
« Quelqu'un est en danger ? » demanda Carlisle, terrifié à cause de moi.
« Vous. Elle vous a vu morts ici-même, tués par ce loup. »
Pour le coup, il nous avait tous effrayé, pas besoin de pouvoirs particuliers. Nous quittâmes sur le champ la maison. Les hommes partirent à toute vitesse vers la villa mais je ne pouvais pas les suivre.
« Elly, viens ! » cria Emmett.
« Je ne peux pas. »
Ils s'arrêtèrent pour me regarder.
« Ne vous inquiétez pas, je n'ai jamais eu peur des loups, je ne commencerais pas aujourd'hui. »
Je les avais convaincus.
« Fait attention à toi. » m'ordonna le médecin.
« Promis. À demain ! »
Je souriais à la bande qui fila. Je n'avais plus qu'à trouver un endroit où me cacher mais il était tout trouvé. J'avais passé des mois sous une cascade, une nuit de plus n'allait pas me faire du mal, bien au contraire.
Cependant, ma maladie me préoccupait beaucoup plus, et si je tombais malade en face de lui. Quoi que si mes craintes se confirmaient et que je me transformais en monstre, je ne donnais pas cher de sa peau.
Il m'était arrivé à de nombreuses reprises d'en voir, nous vivions à côté de leur village. J'avais passé mon enfance avec l'une d'elle, elle avait été ma meilleure amie une bonne partie de ma jeunesse, les quatre meilleures années de ma vie. Ses parents ne voulaient pas qu'elle passe son temps avec un vampire mais elle ne les écoutait jamais, elle serait probablement toujours en vie si elle l'avait fait…
Maeva était responsable, elle l'avait tué pour devenir un cauchemar, une Volturi. Ce drame scella à tout jamais les relations que nous avions avec eux. Apparemment nos deux peuples avaient été amis, pas depuis ma naissance en tout cas. J'avais toujours connu des tensions entre nos deux villages…
J'avais trouvé un endroit parfait pour me mettre à l'abri pour la nuit. En courant au sommet des arbres, j'avais pu rejoindre un rocher qui dépassait du flan de montagne sur lequel la cascade déversait sa force.
La nuit tombante transformait le paysage, les lumières se mystifiaient, devenaient éclatantes. Elles me rappelaient mon pays, elles me rappelaient Luvia… Elle me disait souvent que les lumières qui dansaient sur le fleuve étaient des fées qui célébraient la nature puis elle se lançait toujours dans une danse des plus saugrenue m'obligeant à la rejoindre parce que d'après elle, nous ne pouvions pas être ridicules si nous étions deux à le faire.
Ces moments me manquaient, elle me manquait… Je me fichais du ridicule et je me fichais du loup, ce que je voulais à cet instant précis c'était danser, pour célébrer la nature comme les fées. Je plongeais de mon rocher pour me retrouver dans l'eau une dizaine de mètres plus bas.
L'eau atteignait mes hanches, le courant se faufilait entre mes jambes tentant de me faire tomber sans pour autant y parvenir. Comme si une musique silencieuse jouait, je bougeais mes bras et mes jambes en rythme. Si elle avait été là, Luvia aurait ri aux éclats et j'aurais ri avec elle. Je pouvais presque l'entendre et presque la sentir. Son odeur sucrée de louve si particulière, que tous les vampires détestaient sauf moi, semblait être de plus en plus réelle.
Elle me manquait tellement. Si seulement j'avais été là au lieu de fuir les Volturi, j'aurais pu la sauver !
Je ne rêvais pas, l'odeur se rapprochait de moi, le loup de la vision d'Alice ! Je devais m'enfuir de cet endroit et le plus vite possible. Aucun canidé ne pouvait grimper la chute d'eau, c'était ma seule solution. Je parcourais le sens inverse tant bien que mal. Le courant était puissant, bien plus puissant que quelques minutes auparavant ou bien était-ce moi qui avais perdu ma force. Mes mains tremblaient, tout mon corps tremblait mais je devais lutter, ma vie en dépendait !
J'avais beau essayer, je n'étais pas assez puissante et comme tous les soirs, je m'évanouis, espérant de tout mon être pouvoir voir un nouveau jour.
Cette nuit fut étrange, je fis un rêve. Luvia avec son beau pelage roux s'approchait de moi. Je voulais jouer avec elle mais mon instinct me disait de fuir, à toute vitesse. Je ne savais pas quoi faire, je voulais m'approcher d'elle mais mon corps faisait tout l'inverse. Il se mit à courir dans la forêt, aussi vite que possible. Je voyais les arbres défiler, je pouvais même sentir la force du vent sur mon visage mais ça ne dura pas longtemps, le rêve s'arrêta aussi vite qu'il commença…