A Full Moon
Chapitre 5 : Quand le cauchemar devient réalité
7313 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 08/11/2016 18:43
Chapitre 5 : Quand le cauchemar devient réalité
La nuit était claire, la lune presque pleine nous apportait la lumière nécessaire pour notre traque. Seth et Leah nous avaient rejoint, plus il y avait de paires d'yeux, mieux c'était. Cependant, cela causait un peu la zizanie. Je ne savais depuis combien de temps ils faisaient des rondes pour rechercher ce loup mais ça avait diminué leur concentration, on aurait dit qu'ils pensaient plus à s'amuser qu'à guetter notre ennemi.
« Rappelez-vous, nous ne voulons pas le tuer, nous voulons juste savoir ce qu'il nous veut, d'accord ? » annonça le médecin alors que Seth et Emmett avaient déjà commencé à jouer.
Nous nous dispersâmes pour couvrir un maximum de terrain. Je n'étais pas loin de Jasper et de Carlisle, nous nous croisions de temps à autre. Une heure passa et rien ne vint, j'avais le pressentiment que la nuit allait être longue…
Une nouvelle heure passa et à part quelques cerfs, dont l'un malade combla un petit creux, je ne vis rien qui sortait de l'ordinaire, jusqu'à ce que je ressente une chose étrange. Le pouvoir d'une personne qui ne pouvait pas être là.
« Matthew ? » demandai-je dans les bois.
Aucune réponse ne vint, j'étais persuadée d'avoir senti sa force. Je continuai mon investigation, suivant la direction où je l'avais senti, m'éloignant des autres. Mais là encore, rien ne se passa. J'avais presque rejoint la ville, je fis demi tour lorsque mes jambes accélérèrent le mouvement. Je n'étais pas folle, mon ami, ou plutôt mon ex-ami était dans cette forêt.
« Matthew ? Matthew ? » hurlai-je, « je sais que tu es là, tu peux te montrer. »
Il ne m'obéit pas, continuant de se cacher, mais je n'étais pas dingue, je le sentais de temps à autre, je savais qu'il était là et il me faisait tourner en bourrique !
« Pourquoi es-tu venu ? » demandai-je encore, aux arbres apparemment… « Viens, je vais te présenter les Cullen, tu vas voir ils sont géniaux. Rosalie l'est moins, mais je ne la connais pas vraiment non plus… »
Et voilà que je parlais seule maintenant…
Je commençai sérieusement à me demander si je n'avais pas imaginé tout ceci, si ce n'était pas un nouvel aspect de ma maladie. J'avais bien peur que si…
Alors que je pensais avoir une nouvelle fois ressenti le pouvoir de Matthew, une violente douleur me transperça tout le corps, comme si mon sang s'était soudainement transformé en lave et qu'il rongeait ma chair. C'était intense, même l'air que je respirais semblait brûlant. Je devais immédiatement retrouver Carlisle, j'avais l'impression que j'étais en train de mourir. Pour ne rien arranger, ma vision devint trouble. Mes mains se mirent à trembler et mon corps suivit le mouvement. J'essayais de me calmer, de me dire que tout allait bien se passer mais en cet instant précis, j'aurais fait n'importe quoi pour voir mon père.
J'avançais tant bien que mal dans les bois, manquant de trébucher à chaque racine qui sortait du sol. Il m'arrivait d'avoir également quelques absences mais je devais continuer d'avancer. Chaque pas était un calvaire, je me sentais tellement lourde et faible, tellement humaine…
J'aperçus Alice au loin, je voulais lui demander où était son père. Je ne savais pas ce que m'avait fait cette maladie mais mes perceptions étaient différentes. Pourquoi le sol de la forêt n'était-il pas plat ?
En m'approchant, elle me regarda étrangement, avec méfiance. Jacob, qui n'était pas loin derrière elle, se mit à foncer vers moi. Je me demandais si le loup ne m'avait pas suivi, ou si c'était Matthew qui était derrière moi, quoi que je l'aurais remarqué.
Je n'eus pas le temps de me retourner, un violent choc me poussa contre l'arbre le plus proche. Je tournai la tête pour comprendre ce qu'il venait de se passer et vis Emmett, il venait de me frapper, moi, son amie. Je venais d'expérimenter l'ampleur de sa force et je voulais lui demander pourquoi. Mais je n'eus pas l'occasion de le faire, il continua à me frapper, me poussant de plus en plus vers la rivière. Je ne pouvais pas me défendre, j'avais déjà du mal à marcher, alors me battre, c'était hors de question, d'autant plus contre Emmett. Prenait-il ça pour un jeu ? Parce que si c'était le cas, je trouvais la plaisanterie de très mauvais goût !
J'encaissais un dernier coup qui me plongea la tête dans l'eau. Je me relevai et ce que je vis fut un choc !
Tout ce que je reconnaissais dans ce reflet étaient les deux grands yeux qui me fixaient, le reste n'était que pelage blanc. J'étais devenue un loup !
Je ne me souvins pas du moment où je m'étais endormie, mais tout ceci ne rimait à rien. C'était un rêve et j'allais me réveiller, le plus vite possible, enfin je l'espérais.
Je me remettais difficilement sur mes quatre pattes, me sentant comme un nouveau-né qui apprenait à marcher. Même le jour de ma naissance je n'étais pas aussi maladroite… Je me sentais coincée dans ce cauchemar, sans solution pour m'en sortir.
Comme si la situation n'était pas assez critique, Emmett et Jacob décidèrent qu'ils n'en avaient pas fini avec moi. Je ne savais que faire d'autre que prier pour que je me réveille. Rien ne vint, aucun choc, aucunes douleurs et je n'allais pas m'en plaindre, celles que j'avais me suffisaient amplement !
J'ouvrais les yeux pour voir ce qui avait stoppé mes deux assaillants et le cauchemar venait d'empirer. Matthew était entre Emmett et moi, celui, qui avait été mon meilleur ami pendant mon enfance et qui m'avait totalement ignoré depuis que sa sœur avait décidé de rejoindre le camp ennemi, se trouvait en face de moi. Je n'avais qu'une envie, lui foncer dessus, le frapper de toutes mes forces. Mais je ne pouvais pas, mon corps refusait, il ne m'obéissait plus, il ne me supportait plus. Ma vision se flouta, mes membres tremblèrent, tout devint lourd, trop lourd pour mes jambes.
La pénombre interrompit mes pensées et mes souffrances, finalement un vent frais me calma et je replongeai dans ce rêve étrange.
J'étais désormais sur un champ de bataille, en France… Je reconnaissais le château de Chambord, mais je n'aimais pas ce que je voyais. Des cadavres jonchaient le sol, le sang donnait une couleur étrange à l'herbe. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Bella était à mes côtés, son regard semblait vide comme si la vie l'avait quitté mais elle se tenait debout et bougeait. Je regardais plus attentivement les personnes autour de nous et le cauchemar venait de prendre une tournure encore plus dramatique. Je les connaissais, Emmett, Jacob, Edward, il n'y avait que les corps sans vie de mes amis…
La lumière du jour me réveilla, je remerciais le soleil de m'avoir sorti de ce mauvais rêve !
Avant même que j'ouvre les yeux, je savais qu'absolument tout le monde était dans la même pièce que moi. Leurs pouvoirs me rappelaient les douleurs de mon cauchemar, j'espérais qu'Edward puisse lire mes pensées pour les faire partir mais Bella était probablement là aussi et son bouclier l'en empêchait. Seul Jasper pouvait capter ma détresse, je ne comprenais pas pourquoi il ne m'aidait pas.
Je pris le peu de courage qu'il me restait pour ouvrir les yeux et comme je l'avais senti, les Cullen étaient tous présents, avec un invité surprise, Matthew était bel et bien là. Je ne pouvais pas croire ce que je voyais, je me remis dans ma position initiale, regardant le plafond de l'infirmerie.
« Ellyanna ? Tu te sens bien ?! » s'inquiéta Carlisle.
Je refusais de répondre, j'attendais de me réveiller dans le lit d'Emmett comme tous les matins que j'avais passé ici. Mais ce moment ne vint pas, mon ancien ami qui m'avait abandonné était dans la même pièce que moi.
« Pourquoi es-tu ici Matthew ? » dis-je, froidement tout en fixant le plafond.
L'atmosphère était tendue dans la pièce et cela venait peut-être de moi.
« Ton père m'a demandé de veiller sur toi. »
C'était totalement absurde que mon père lui demande de veiller sur moi, il savait que je le détestais. J'entrais dans une rage folle l'espace de quelques secondes, Jasper me calma immédiatement, presque au point de m'endormir.
Heureusement, le vampire demanda à Matthew de partir, escorté par Emmett. Ça faisait toujours deux pouvoirs en moins.
« Comment te sens-tu Elly ? » insista Carlisle.
Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était autour de moi.
« Ai-je déjà mentionné le fait que vos dons sont puissants ? » expliquai-je.
Carlisle décida de faire évacuer tout le monde sauf Jasper. Alice n'était pas d'accord mais elle changea d'avis en me regardant.
Je ne comprenais pas leur attitude. Je me demandais ce qu'il s'était passé, d'accord j'avais dû m'endormir dans les bois mais ce n'était pas inhabituel de ma part. Peut-être que Carlisle avait eu les résultats de l'analyse de mon sang, vu ses questions, ça ne devait pas être bon…
C'était étrange, même s'il n'y avait que Jasper et son père dans la pièce je souffrais toujours. Je mis quelques instants pour comprendre que c'était une douleur physique que j'avais, ce n'était pas à cause de mon don. Pourquoi n'avais-je pas guéri si quelque chose m'était arrivé ?
« Te souviens-tu de ce qu'il t'es arrivé ? »
« Non. »
J'aurais paniqué si Jasper ne contrôlait pas tous mes sentiments.
« Quel est ton dernier souvenir ? »
« Je ne sais pas exactement… Nous sommes partis dans la forêt, tout se passait bien et j'ai cru ressentir Matthew, mais ce n'était pas possible… Puis Emmett et Jacob m'ont attaqué et j'étais un loup » je rigolais, c'était tellement improbable, « mais c'était un rêve. »
Carlisle et Jasper avaient un air très sérieux.
« C'était un rêve, n'est-ce pas ? »
Ils ne me répondirent pas, l'air toujours aussi grave.
« Non, ce n'est pas possible. C'est totalement ridicule, je suis une hybride mi-vampire, mi-humaine, je ne peux pas être un loup ! »
Même si Jasper était là, je ne pouvais empêcher les larmes de couler … J'avais été pointée du doigt toute ma vie, je commençais à peine à m'accepter en tant qu'hybride, je ne pouvais pas être un monstre.
« Comment est-ce possible… ? »
« Je ne sais pas » répondit le médecin calmement « j'étais très surpris en voyant que ton sang était en pleine mutation. Ton ami a une théorie là-de… »
« Ce n'est pas mon ami. » le coupai-je.
« Je ne devrais pas être celui qui t'annonce ça, mais je ne pense pas que tu veuilles laisser notre nouvel invité te le dire. Je vais te dire exactement ce qu'il nous a dit à ton sujet. »
D'accord, il me faisait très peur. Enfin non à cause de Jasper mais je pense que je devrais avoir peur en ce moment. Le médecin le regarda d'ailleurs avant de se lancer.
« Que sais-tu à propos de ta mère ? »
« Qu'elle était humaine, qu'elle s'appelait Malika… Ne me fais pas languir s'il te plaît, dis-moi ce que tu as à me dire. »
Il soupira, la nouvelle devait être terrible.
« Ta mère était la fille de Sam, le chef du village des loups. »
Je donnais un sacré travail à Jasper étant donné que la nouvelle ne me fit aucun effet. Cela expliquait même beaucoup de choses, notamment pourquoi tout le monde me détestait et pourquoi leur village entretenait des relations tendues avec le nôtre.
« Ma mère était donc une louve et c'est la raison pour laquelle j'en suis une également, c'est ça ? »
« Pas exactement, elle n'avait pas le gêne. »
« Mais alors comment ? » demandai-je.
« Matthew nous a dit que ton père pensait que ton don… »
« Ce n'est pas une bonne idée de mentionner ces noms, Carlisle. »
Jasper était intervenu, apparemment j'étais plus dure à contrôler lorsque l'on parlait de ma famille et de Matthew…
« Ton corps n'arrive pas à se soigner. » m'expliqua le médecin, « c'est un peu comme si le vampire en toi se battait contre le loup pour savoir qui te guérirait. Donc en attendant qu'il se décide, on fait tout pour t'éviter de te transformer à nouveau. »
Ça faisait beaucoup à digérer. Je devais rester calme et guérir comme une humaine.
Carlisle pensa qu'il était judicieux de s'arrêter là pour les explications mais j'avais des milliers de questions en tête. Comment ? Pourquoi moi ? Depuis quand cela durait ? Quoi que je connaissais la réponse à cette question, depuis le début de ma « maladie »… Pourquoi maintenant ?Qu'est-ce qu'il l'avait déclenché ? Ces questions me tuaient mais je ne devais rien dire, je devais juste attendre.
Nous jouions au roi du silence avec Jasper, même Carlisle nous avait quitté, il ne venait que de temps en temps pour me faire de nouvelles radios de mes plus ou moins trente fractures.
« Je suis désolée » dis-je après plus de deux heures de silence, « tu n'es pas obligé de rester avec moi, tu peux partir si tu veux. »
« Je ne pense pas, ton humeur ne cesse de changer et ça fait du bien d'être loin de la famille de temps en temps. »
Je le comprenais. Il était de nature très calme et sa famille était assez excentrique par moment.
« Je suis calme, c'est juste qu'Emmett n'arrête pas de faire des aller-retours, son pouvoir me surprend à chaque fois. Tu veux bien lui demander ce qu'il veut ? »
« Il se sent coupable de t'avoir affligé ça. »
C'est vrai, mon rêve n'en était pas un, c'était sa force qui avait causé mes blessures.
« Je ne lui en veux pas. J'aimerais lui dire. »
Il acquiesça. Il se contenta d'appeler son frère alors qu'il approchait de nouveau de l'infirmerie.
Je ne l'avais jamais vu comme ça, il semblait ronger par les remords.
« J'ai l'air si horrible que ça ? » plaisantai-je pour détendre l'atmosphère, mais la seule chose que j'avais réussi à avoir c'était l'effet inverse…
« J'étais un loup et je me dirigeais vers Alice. » continuai-je. « Tu as cru que je l'attaquais et tu l'as défendu, j'aurais fait exactement la même chose. »
« Les ordres étaient que nous ne devions pas attaquer, nous ne devions pas te tuer. »
« Tu ne m'as pas tué ! »
« J'étais à deux doigts, s'il ne m'avait pas arrêté, je l'aurais fait. »
« Emmett ! Je suis en vie ! Écoute, tu peux entendre mon cœur battre », je lui pris la main « tu peux sentir la chaleur de mon corps, il s'est réchauffé avec le loup ! Je suis stupide, j'aurais dû m'en rendre compte ! »
Il soupira.
« Ne t'en veux pas, parce que je ne t'en veux pas. »
Il ne semblait pas vouloir me croire.
Carlisle interrompit ce moment pour me faire de nouvelles radios. Emmett voulait partir mais je voulais qu'il reste, qu'il voit que j'allais bien.
« Je ne dirais pas que tu vas bien. » dit le médecin qui ne m'aida pas pour le coup, « mais tu vas mieux, ta guérison s'accélère un peu. Qui sait, tu seras peut-être guérie ce soir. »
Encore dix heures à attendre… Génial !
J'avais libéré Emmett, il n'y avait aucune raison pour qu'il reste, surtout qu'il semblait vouloir se défouler.
Je repartais en quête de réponse. Je me souvins que c'était devenu pire lorsque j'étais revenu en France pour voir mon père. Je savais que les humains devenaient loups pour la première fois si des vampires étaient dans les parages et qu'ils avaient les gênes. Mais j'avais côtoyé des vampires toute ma vie, pourquoi à cet instant précis.
L’entraînement avec Tuck était devenu beaucoup plus dur, j'étais fatiguée et il m'en demandait de plus en plus. Je m'étais dit que c'était la raison pour laquelle il m'avait abandonné, mais à vrai dire, il faisait nuit la dernière fois que je l'avais vu… La suite fut un choc, à tel point que je sentais ma nuque en feu, Jasper eut tout le mal du monde à me calmer.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » me demanda-t-il, surpris.
« Je pense que j'ai tué Tuck. » dis-je calmement sous l'effet de son pouvoir.
« Qui est Tuck ? »
« Mon professeur d'arts martiaux. Mon père pensait qu'il fallait que j'apprenne à me battre contre les Volturi alors il a demandé à Tuck de nous entraîner, c'est l'homme le plus fort que j'ai jamais vu. À part peut-être Emmett. Il m'entraînait toujours lorsque j'ai commencé à être… à me transformer. J'ai cru qu'il était parti, mais je réalise que je l'ai peut-être tué. »
Il comprenait mieux mon état d'esprit. Quand à moi, j'étais encore plus réticente à l'idée d'avoir une bête incontrôlable en moi. J'avais toujours cru qu'il était indestructible… De nouvelles larmes coulèrent sur mes joues malgré l'incroyable don de mon ami. Je ne voulais pas de cette malédiction !
Dix heures passèrent et les prédictions du médecin s'avéraient être justes, mon corps était totalement guéri mais pas le reste. Je restais là, sans bouger.
« Elle pense avoir tué un ami. » expliqua Jasper à Carlisle. « Je contrôle son chagrin depuis… »
« Emmenons-la dehors et laissons-la gérer ses sentiments. Elle doit faire son deuil. »
Le médecin me prit dans ses bras et me sortit de l'infirmerie.
Une légère bruine me caressait le visage, je ne réagissais pas, toujours sous le contrôle de Jasper.
Carlisle hocha la tête, signe que je pouvais désormais être libre de mes émotions. Je sentis une seconde de calme avant d'être anéantie par toute la tristesse qui était restée enfouie toute la journée en moi. J'étais à genoux, la tête dans mes mains. Je pleurais toutes les larmes de mon corps et plus encore.
Je sentis un vent frais venir me caresser l'épaule. Je pensais qu'Alice était venue me réconforter mais ce n'était pas ça. Je ne savais pas où j'étais mais tout était sombre et froid. La louve était si près de moi que je sentais sa respiration sur mon corps. Elle sauta sans élan au-dessus de moi pour traverser une cascade d'eau qui se transforma en verre après son passage.
Si seulement j'avais eu le temps de lui montrer ce que je pensais d'elle.
Un grognement retentit dans l'espace où j'étais, je compris très vite qu'il s'agissait de la louve. Elle s'avançait vers Alice qui reculait devant la menace qu'elle représentait. Je pouvais tout voir, la réalité était juste derrière la paroi en verre.
L'animal avait le contrôle et elle voulait s'en prendre à mes amis. Il était hors de question que je la laisse faire.
Je frappais de toutes mes forces sur le verre pour qu'il se brise. J'étais parvenue à faire stopper la louve, mais seulement parce qu'à chaque fois que je tapais sur la paroi, le coup se répercutait sur notre corps. Je continuais mais le mur ne cédait pas, il n'avait pas une égratignure. En revanche, je souffrais le martyre, la douleur en cet endroit était décuplée…
J'étais tiraillée entre la volonté de de récupérer mon corps et la souffrance que cela me procurait. Je tentais un dernier coup, comme si je misais ma vie, ou plutôt celle de mes amis, en cet instant. Je me concentrais, tentant de rassembler toute ma force dans mon bras droit. Je lançai mon poing contre la surface verticale, provoquant un tremblement terrible. Mon bras, mes jambes, tout mon corps était en feu. J'aurais préférée m'arracher les membres plutôt que de sentir cette douleur une seconde de plus. J'étais cependant satisfaite d'une chose, j'avais réussi à stopper la louve.
J'avais un genou à terre lorsque la surface devant moi devint liquide. La louve sortit de son cockpit pour venir me menacer. Elle semblait aussi touchée que moi physiquement mais il lui restait apparemment assez d'énergie pour me projeter violemment en arrière et retourner sous la cascade. J'étais au sol, anéantie et sans la moindre force pour lutter.
Je devais faire confiance aux Cullen pour se défendre. Heureusement, Jacob, Leah et Seth s'étaient transformés pour me stopper. Je me postai devant le mur pour assister aux horreurs que la louve allait faire.
Elle avait changé de cible pour se diriger vers Jasper, elle ne connaissait pas son passif dans la guerre de Sécession. C'était étrange que je sois ravie à l'idée de perdre un combat, mais j'avais réellement peur de la force de la louve, surtout si elle avait réussi à tuer Tuck. Je voyais l'indécision dans le regard des vampires, ils ne voulaient pas me faire mal mais j'avais envie de leur crier de ne pas se sacrifier pour moi.
« Elle ne veut pas qu'on l'épargne », intervint Edward.
Je bénissais son don.
« Il est hors de question que je la frappe à nouveau. »
Emmett se sentait toujours coupable…
« Vous n'en aurez pas l'occasion. »
Matthew vint s'interposer. À ce moment, je n'étais pas contre l'idée que la louve l'attaque mais elle n'en fit rien, elle s'allongea devant lui.
« Elle ne m'a jamais fait de mal. » expliqua-t-il.
Cette simple phrase me fit l'effet d'une bombe. Depuis quand me suivait-il ? Et pourquoi la louve ne l'attaquait pas ?
« Dîtes-moi que c'est une blague ! Que c'est parce qu'elle est à moitié vampire. Je ne veux pas m’imprégner de l'un d'entre eux ! »
« Je suis imprégné d'un vampire… »
« Qui est à moitié humaine ! »
Je reconnaissais les voix de Leah et de Jacob, dans ma tête. La seule chose positive sous cette forme était que je ne sentais pas les pouvoirs des autres. Je n'étais pas ravie d'entendre de nouvelles pensées… C'était probablement leur manière de parler.
Je préférais me concentrer sur cette partie plutôt que d'avoir à gérer l'information que je venais d'apprendre. Le centre du monde de la louve était l'homme que je détestais le plus en ce moment. La situation n'aurait pas pu être pire…
« Comment se sent Ellyanna ? » demanda le médecin, ce qui fit grogner la louve.
« Elle n'est pas ravie de la situation. » répondit Edward qui était le seule capable à être l'intermédiaire entre les vampires et moi.
C'est le moins qu'on puisse dire… Ma réflexion le fit rire.
« Qu'est-ce qu'elle déteste exactement ? »
Matthew ne semblait pas voir le problème. Il n'y en avait pas qu'un pourtant et il en faisait parti ! Edward refusait de répondre à sa question, j'imagine qu'il n'y avait pas de manière diplomate de le dire.
« C'est moi qu'elle déteste, n'est-ce pas ? »
Edward acquiesça.
« Elle ne comprend pas comment tu es passé de l'ami qu'elle adorait et qui l'a abandonné, à l'homme qui connaît la louve mieux qu'elle. Elle a tellement de questions. »
« Tu as raison, je lui dois une explication, en tête à tête… »
Non ! Edward devait être avec nous s'il voulait que je réponde ! Je ne voulais pas le suivre mais il partit dans la forêt et la louve se fichait de ce que j'en pensais. Je frappais la paroi pour qu'elle s'arrête mais elle ne voulait pas.
« S'il te plaît, arrêtes de résister la louve et toi ne formez qu'une seule et même personne, tu te blesse en la faisant souffrir. »
Si seulement il savait à quel point je m'en fichais, du moment que je pouvais lui faire mal.
Il s'arrêta le long de la rivière et l'animal fit de même. Je ne savais si c'était une habitude, mais il se mit à me caresser comme on caresse un chien et visiblement la louve appréciait. Je frappais encore plus fort contre le verre, ce qui déclencha un atroce cri de douleur et malgré ce que je ressentais, j'en étais ravie. Matthew stoppa immédiatement, pour mon plus grand plaisir.
« Je suis désolé de t'avoir fait souffrir… »
Il semblait sincère.
« … Mais je n'ai fait qu'obéir à ton père. »
Il avait failli m'attendrir avec ses excuses mais mon père n'aurait jamais demandé à mon ami de m'ignorer totalement. J'étais bien décidée à lui faire comprendre que je ne le croyais pas et le seul moyen pour ça était de faire crier la louve.
« Arrêtes ça ! Il va falloir que trouve un autre moyen de communiquer. En attendant, laisse moi parler, s'il te plaît ! »
J'étais d'accord, d'autant plus qu'un peu de repos ne me ferait pas de mal mais si je devais une nouvelle fois me manifester, je le ferais sans hésiter une seconde.
« Par où commencer ? William t'as déjà dit que ton don n'est pas simplement une copie des pouvoirs des autres, mais plutôt une manière de prendre tout autour de toi pour devenir plus forte. Il m'avait dit qu'un jour tu serais capable de disposer de tous les pouvoirs que tu as croisé sans même avoir son propriétaire dans les parages. Plutôt cool, non ? »
Cet air détaché du genre « je suis de nouveau ton meilleur ami » m'exaspérait au plus haut point.
« Enfin bon, il s'était dit qu'un jour tu te servirais aussi de tes gênes et même si ta mère n'était pas une louve, ton grand-père l'est alors tu as ça en toi. Il savait que tu te transformerais un jour et il ne voulait pas que Maéva voit ça. »
Mon grand-père… Mon père m'avait dit qu'il était mort. C'était sûrement plus facile à dire que la vérité, qu'il me détestait pour avoir tué sa fille…
« Il m'a donc demandé de ne plus te côtoyer depuis qu'elle a rejoint les Volturi. Si j'ai accepté, c'était seulement pour te protéger. Mais un jour, Tuck a appelé et il nous a dit que tu ne te sentais pas bien, surtout après avoir croisé Calvin. »
Je ne me sentais jamais bien lorsqu'on se croisait… Il multipliait mes dons et je lui rendais, je sentais tous les pouvoirs encore plus violemment, j'avais des raisons de ne pas me sentir bien !
« Ton père est revenu me voir, il m'a demandé de veiller sur toi. Malgré la menace que représentait ma sœur, il s'est dit que j'étais le seul à être assez rapide si tu te transformais en loup. Je vous ai donc suivi de loin. Tuck avait refusé de partir, jusqu'à ce que tu t'attaques à lui. Je ne sais pourquoi, tu t'es complètement arrêtée en me voyant. Je lui ai dit de partir en informer ton père. Ça me tuait de te voir seule mais je ne pouvais pas me montrer tant que ton père ne me l'avait pas demandé. »
Alors Tuck était en vie, c'était la meilleure nouvelle du jour, la seule bonne en fait…
« Puis un jour, alors que tu étais arrivée chez les Cullen, ton père m'a dit que je devais revenir dans ta vie, que tu aurais besoin de soutien ou quelque chose comme ça. Je ne savais pas vraiment comment faire, ni si c'était une bonne idée, jusqu'à hier soir. Maéva m'a fait partagé un de ses souvenirs. Tu sais à quel point je déteste quand elle fait ça, surtout maintenant qu'elle a rejoint les Volturi, elle doit trouver ça amusant de me mettre à sa place quand elle tue une personne. »
Ils avaient ce don particulier, cette faculté de se mettre à la place de l'autre, de pouvoir contrôler l'autre parfois, mon père pensait que c'était dû à leur gémellité. Je n'avais jamais songé à ce que le fait que sa sœur rejoigne les Volturi pouvait lui avoir fait…
« Cette fois fût horrible, je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher… Je suis tellement désolé. »
De quoi parlait-il ? Que pouvait-il avoir vu ?
Je me souvins de la vision d'Alice mais ce n'était pas possible, j'avais dit à mon père de fuir et il l'avait fait !
Des larmes coulaient sur son visage. Je ne l'avais jamais vu pleurer, cette personne lui était chère et il adorait mon père…
Ce n'était pas possible, c'était une mauvaise blague. Mon père était juste parti quelque part. Je devais retrouver mon corps pour l'appeler !
Je criai à la louve de me laisser prendre sa place mais elle ne bougeait pas. Je n'avais pas d'autre choix que de frapper contre la paroi jusqu'à ce qu'elle cède. Je cognais encore et toujours et à chaque fois c'était comme si un os se brisait dans mon corps. Ses cris étaient déchirants, ils devaient s'entendre à des kilomètres à la ronde mais au moins, elle savait que j'étais là.
J'étais épuisée et je souffrais le martyre mais je n'étais pas décidée à arrêter. Je crois que la louve en eût assez et elle sortit enfin de son cockpit, l'air plus menaçant que jamais. Mais elle ne me faisait pas peur, j'étais d'humeur meurtrière, j'aurais pu tuer quelqu'un pour pouvoir appeler mon père et si c'était la louve, ça ne me dérangeait pas du tout. Elle refusa le combat et me laissa entrer dans le cockpit.
Une douleur encore plus vive m'attendait sous ma forme humaine.
Matthew m'avait enveloppé dans son long manteau.
« Tu vas bien ? » me demanda-t-il.
« Tu mens ! Mon père n'est pas mort ! »
« Je suis désolé Elly. »
« Non, je vais l'appeler et il va me répondre ! »
J'essayais de me lever mais mes os brisés m'en empêchèrent et me firent décrocher un hurlement terrible.
« Laisse-moi t'aider. »
Mon prince charmant était toujours prêt à m'aider, il me dégoûtait.
« Ne me touche pas ! » criai-je en le repoussant à une dizaine de mètres.
Carlisle et Emmett vinrent à ma rescousse. J'imagine que les cris de la louve avaient dû les alerter.
« Je dois appeler mon père, mais je ne peux plus bouger. Ça ne s'est pas très bien passé avec la louve… »
Carlisle n'attendit pas plus d'explications, c'est ce que j'aimais chez lui. Il demanda à son fils de me ramener jusqu'à l'infirmerie. Je ne l'avais jamais vu aussi délicat avec moi. Je me blottis contre lui, la fraîcheur de sa peau me faisait un bien fou.
Arrivés à la villa, Emmett me posa sur le siège pour que Carlisle me fasse des radios. Il mit son téléphone sur haut-parleur pour appeler mon père, je savais trop que les pauvres appareils ne tiendraient pas le choc s'ils étaient dans ma main.
Je donnais du fil à retordre au médecin en bougeant tout le temps, d'autant plus que mon père refusait de répondre !
« Il n'est pas mort ! Il n'est pas mort ! » répétai-je.
Carlisle était très patient, il essayait encore et encore.
Je ne savais pas quoi faire ni quoi penser, je refusais que mon père soit mort, ce n'était pas possible.
Un vague de calme s'abattit sur moi, j'étais soudainement reposée. Je savais ce qu'il venait de se passer, Emmett était parti chercher Jasper pour qu'il me calme et que le médecin puisse prendre des radios.
« C'est encore pire que la dernière fois… » souffla Carlisle.
Matthew arriva ensuite avec Edward pour mon plus grand malheur…
« Je suis désolé Elly, mais tu ne me laisse pas le choix. »
Les pensées de mon ancien ami m'étaient désormais claires, il voulait me montrait la mort de mon père. Je ne voulais pas voir ça mais je ne pouvais rien faire tant que le télépathe était là.
« Je suis désolé, mais tu dois faire face à la réalité. »
J'y étais, de retour en France.
Mon père avec son allure de savant fou était à genoux, étonnement détendu.
« Pourquoi fais-tu cela ? »
« Je m'ennuies… »
Elle jouait avec ses doigts comme si de rien n'était.
« Et je ne t'ai jamais aimé… » annonça-t-elle avec un sourire diabolique.
Elle n'attendit pas plus longtemps pour agir. J'étais à sa place, je ressentais toute la colère qu'elle avait en elle. Je pouvais même sentir la fraîcheur de la peau de mon père lorsqu'elle plaça ses mains sur ses joues et la résistance de son cou lorsqu'elle tourna sa tête pour le tuer.
Elle l'avait tué et je l'avais senti comme si c'était moi qui l'avais fait…
Les larmes coulaient le long de ma joue, je ne voulais pas y croire mais ça semblait tellement réel. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si Jasper ne contrôlait pas mes émotions. Tout ce que je savais c'est que je voulais que ce cauchemar s'arrête.
« Nous devrions partir. » lança Edward à Matthew et Emmett.
Carlisle m'examina sans trop d'encombres, Jasper m'avait calmé à un tel point que je m'endormis. Je ne lui en voulais pas, il agissait sur les ordres de son père.