A Full Moon

Chapitre 6 : Nouveaux buts

6475 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 01:35

Chapitre 6 : Nouveaux buts

 

J'étais seule à mon réveil me demandant si ce cauchemar était vrai mais pour une fois j'étais persuadée que je n'avais pas rêvé. Ma colère n'avait pas désemplie, mon unique but désormais était de venger la mort de mon père. Je savais que mes années d'entraînement au combat me serviraient contre cette garce.

Je me levai, ignorant la douleur que je ressentais dans les côtes. Je m'arrêtais par le bureau de Carlisle, pris un stylo et déposa sur un papier ces quelques mots : « Merci pour tout » avant de filer à toute vitesse vers l'Ouest, direction la France.

Je compris très vite que ça n'allait pas être si facile de partir, ma vitesse s'accéléra considérablement lorsque je captai le pouvoir de Matthew. À chaque course que nous faisions en forêt, il gagnait. Mais j'avais un avantage sur lui, je connaissais ces bois mieux que lui.

Je changeais constamment de direction, le semant à chaque fois mais il me surprit et me plaqua contre un arbre.

« Enfin, je t'ai trouvé. Tu voulais faire une balade ? » dit-il en plaisantant.

« Oui, j'avais besoin de me défouler. » mentis-je.

« Alors tu ne vois aucun inconvénient si je t'accompagne. »

« Si, j'aimerais être seule. »

« Tu n'as pas changé, tu ne sais toujours pas mentir. »

Il commençait sérieusement à m'énerver. J'étais décidée à me venger et rien n'allait m'en empêcher !

« Parle-moi, dis-moi ce qui pourrait t'aider à aller mieux. » ajouta-t-il.

« Tuer ta sœur. » répondis-je honnêtement.

Je devais vraiment trouver un moyen de m'en débarrasser.

« Moi aussi ! Mais sinon, dans l'immédiat, dis-moi ce qui pourrait te faire oublier ta peine. »

Je n'étais pas triste, j'étais enragée. Qu'est-ce qui pourrait me libérer de son emprise ?

Il y avait toujours une chose qui fonctionnait pour distraire un homme. Je l'embrassais fougueusement et mon plan marchait, il me rendait mes baisers. Je parvins à échanger nos positions afin de le plaquer contre l'arbre. Je repris mon souffle et lui sourit avant de m'enfuir à toute vitesse. Je devais admettre que ce n'était pas désagréable comme dernier souvenir.

Cette fois-ci, plus rien ne pouvait m'empêcher d'atteindre mon but.

Enfin, je n'avais pas prévu la brute que je venais de percuter et qui m'attrapa comme un vulgaire sac à patates pour me ramener vers la villa.

« Désolé, mais tu viens avec moi. » dit Emmett.

« Laisse-moi partir ! Je n'hésiterais pas à te faire du mal ! »

« Tu es simplement énervée parce que la seule chose que tu peux embrasser, c'est mes fesses. »

Il se trouvait drôle en plus.

« Amateur » lança-t-il à Matthew qui nous avait rejoint. « Se laisser berner par une fille qui t'embrasse. Regarde les pros et prends-en de la graine. »

« Laisse-moi partir ! »

« Tu n'as pas de chance, je t'aime bien ! Je ne vais pas te laisser te suicider. »

« Je ne veux pas me suicider, je veux venger la mort de mon père. »

« Tu veux attaquer seule les Volturi, je suis désolé mais pour moi c'est la définition du mot suicide ! »

Je n'étais pas d'humeur pour ce petit jeu. J'essayais de me faufiler, de glisser mais il me tenait fermement. J'étais tiraillée, je ne voulais pas le blesser mais il ne me laissait pas le choix. Je profitais de la vitesse de Matthew pour lancer mes poings rapidement sur son dos. La surprise le fit desserrer son étreinte quelques secondes. Il ne m'en fallut pas plus pour m'enfuir.

« J'en n'ai pas raté une miette ! Bravo le pro ! » ironisa Matthew avant de se lancer à ma poursuite. La course ressemblait étrangement à la première, mais je parvins à l'éviter la fois où il me surpris. Mais ce coup-ci l'attaque vint du ciel. Matthew me tomba dessus et me plaqua au sol.

« Arrêtes, tu ne peux pas la tuer sans mourir ! » cria mon ami.

« Je n'ai pas peur de mourir et encore moins d'elle, tout ce que je veux c'est la voir morte. »

« Elle n'attend que ça, ne rentre pas dans son jeu ! »

« Et tu veux que je fasse quoi ? Attendre comme tu l'as fait, tu aurais pu l'en empêcher mais tu n'as rien fait ! » rétorquai-je.

« Qu'est-ce que tu peux être bornés ! » s'emporta-t-il en m'écrasant les épaules. « Tu peux dire toutes les méchancetés que tu veux, ça ne sera rien comparé à ce que je me suis déjà dit. J'aurais dû faire quelque chose, mais je ne peux plus depuis qu'elle est devenue un vampire ! Tu n'as pas été la seule à perdre des amis et de la famille à cause d'elle. Moi aussi j'ai perdu ma meilleure amie il y a deux ans et tu sais quoi, j'ai perdu ma sœur par la même occasion, ma jumelle ! »

« Mais personne ne te rejetais, toi, le fils du chef. »

« C'est ce que tu crois ! J'étais pour tout le monde le jumeau de la fille qui nous avait tous trahi ! Ils voulaient ma peau. J'ai dû resté avec mon père et Simon pour me couvrir ! J'aurais mille fois préféré faire le tour du monde avec Tuck ! »

Je n'avais jamais pensé à ce qu'il avait pu ressentir… Cependant, il venait juste de me donner une raison supplémentaire de la tuer.

« Ellyanna ! Tu n'es pas dans ton état normal. Combattre cette fille maintenant serait un cadeau pour elle. Une fois que tu seras en phase avec ta louve tout sera plus facile pour toi. Tu devrais aller voir Billy Black, le père de Jacob. Il t'aidera. »

Je crois que je n'avais aucune chance de m'enfuir. Après tout, ce n'était pas une mauvaise idée, je ne voulais pas que la louve m'empêche d'atteindre mon but.

« Et lorsque tu seras prête, je t'aiderais à tuer ma sœur. » annonça Matthew l'air sévère.

« Tu peux me lâcher, vous avez raison… »

Il resta sur moi, ne me faisant visiblement pas confiance.

« Je ne partirais pas, je vais aller à la réserve. »

Il me laissèrent me diriger seul vers le clan des Quileute. Apparemment, les vampires n'étaient pas beaucoup acceptés là-bas. Ils m'accompagnèrent tout de même jusqu'à la limite de leur territoire.

Un ruisseau séparait les deux clans, l'odeur ne laissait aucun doute, j'étais en territoire lupin. Je reconnaissais le parfum de Jacob, il me serait utile pour trouver la maison de son père.

J'arrivais très vite dans un petit village. Le contraste avec la villa des Cullen était saisissant mais j'aimais cette simplicité. Les maisons de plain-pied se confondaient avec la nature avec leurs façades en bois et leurs toitures foncées.

Je sentais les regards de nombreuses personnes sur moi, mais j'essayais de ne pas y prêter attention. J'avais conscience que ma peau pâle n'était pas habituelle sur ce territoire de descendants d'Indiens d'Amérique.

J'avais immédiatement repérée la maison des Black, une petite maisonnette qui paraissait bien seule sur ce vaste terrain à la lisière de la forêt.

Il était tard à Forks, mais je devais absolument voir le père de Jacob. Plus tôt je commencerais l'entraînement, mieux ce sera.

Je frappai à la porte et attendit que quelqu'un vienne ouvrir. J'entendais la télévision qui était branchée sur un événement sportif, les cris des supporters déchaînés me mirent sur la voie. Un jeune homme pestait sur le fait de devoir se lever pour m'ouvrir la porte mais il le fit. La surprise pouvait se lire dans ses yeux lorsqu'il me vit.

« Bonsoir, je voudrais voir Billy Black, s'il vous plaît, j'imagine que ce n'est pas vous. » dis-je, respectueuse.

« Tu es une sale buveuse de sang ! » me répondit-il, beaucoup moins respectueusement…

« Et un loup aussi. »

« Ah ! » ricana-t-il avant de me laisser dire quoi que ce soit. « Et moi je suis Gandhi. »

J'appréciais de moins en moins le ton qu'il prenait avec moi.

« Écoute, pense ce que tu veux, je m'en fiche. J'aimerais voir Billy Black et je suis sure que ce n'est pas toi. »

« Espèce de… »

« Paul ! »

Je découvrais un homme en fauteuil roulant dans l'encadrement de la porte. Il devait approcher les soixante ans. Ses cheveux grisonnants et son visage marqué de rides laissaient paraître un homme sage pouvant cacher un côté joueur.

« Je cherche Billy Black. »

« C'est moi. »

Je ne m'attendais pas à ça. Jacob était un loup vaillant, je ne pensais pas que son père serait un humain, handicapé de surcroît. J'avais toujours pensé qu'il était également un loup.

« Je m'appelle Ellyanna et j'ai besoin de tout savoir sur les loups, on m'a dit de m'adresser à vous. »

« Je suis en effet la personne que vous cherchez, mais vous allez devoir apprendre la patience, et le respect. Revenez demain, ce soir est un soir de match. »

Pardon ? Il refusait de m'instruire pour un match télévisé ? C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

« Je viens d'apprendre le décès de mon père, j'ai eu la pire journée de ma vie. Le seul réconfort que j'ai est dans l'idée de tuer la personne responsable du meurtre de mon père mais pour ça, je dois apprendre à gérer la louve qui est en moi. Le plus tôt sera le mieux, alors votre patience, vous savez où vous pouvez vous la mettre. Avec tout mon respect ! » explosai-je.

Comme si de rien n'était, l'ancien m'ignora totalement et reparti vers la télévision. De la fumée devait sortir de mes oreilles devant l'ampleur de ma colère.

« Dégage buveuse de sang ! » grogna le loup en me poussant.

« Ne me touche pas ! »

Mon corps était en feu, j'étais prête à bondir sur cet homme pour lui effacer son sourire satisfait. Il me repoussa violemment dans le jardin et il ne m'en fallut pas plus pour faire jaillir la louve en moi.

Paul était surpris de me voir me transformer mais après tout, il acceptait la bagarre. Ses crocs dévoilés ne m'effrayaient pas, bien au contraire. Ce n'était pas mon genre de me battre pour calmer ma colère mais ça semblait marcher pour la plupart des personnes.

Je n'allais pas attendre plus longtemps qu'il commence l'assaut. J'avançais la première mais à vrai dire j'étais la seule, la louve n'avait pas bougé d'un cil. Elle ne voulait pas s'en prendre aux siens apparemment, par contre ça ne la dérangeait pas d'attaquer ceux que j'aimais… J'étais dans le corps de mon ennemi et je ne pouvais rien y faire !

« Avance ! » criai-je en tapant la paroi transparente devant moi. « Bouge ! »

Mais elle ne bougeait pas. Je savais très bien que c'était peine perdue et même si mon sang bouillait, je ne voulais pas taper à nouveau la paroi. La douleur était bien trop intense et je n'étais pas masochiste !

Paul n'attendit pas plus longtemps, il courrait dans ma direction. Apparemment il n'avait pas compris que la louve était docile comme un agneau… J'espérais au moins qu'elle se défende…

Mais elle n'en eut pas l'occasion, une louve grise s'interposa, mordant l'oreille de son ami. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait sous mes yeux. On aurait dit qu'ils étaient en pleine conversation mais je ne les comprenais pas. À quoi bon être une louve si je ne pouvais même pas les comprendre…

Leur dispute fut de courte durée et Leah semblait vouloir que je la suive ce que fit la louve sans me demander mon autorisation. Il fallait que je trouve un moyen de pouvoir communiquer avec celle qui contrôlait mon corps.

« Hé oh ! Il y a quelqu'un ? On peut parler ? » demandai-je dans l'espace sombre où je me trouvais.

« Bien sûr, de quoi veux-tu parler ? »

À dire vrai, je ne m'attendais pas à avoir une réponse. Peut-être y avait-il un espoir ? Où pouvait-elle se trouver ?

« Je suis devant toi, tu ne me vois pas ? »

Je reconnaissais cette voix. Ce n'était pas la louve qui me parlait, mais Leah… Alors nous pouvions communiquer par la pensée.

« Merci pour tout à l'heure. Mais pourquoi tu m'aides ? » demandai-je, suspicieuse.

« Tu es une louve, j'ai pensé que tu aurais besoin d'aide. »

« Et la vraie raison ? »

« Ils m'ont demandé de veiller sur toi. »

Vive la confiance…

Le reste du chemin fût silencieux, nous parcourions la forêt, je craignais de tout détruire sur mon passage mais ce ne fût pas le cas. Je m'étais assise devant le cockpit, ne manquant pas une miette de notre trajet. Leah s'arrêta devant la rivière. C'était une chose que nous avions en commun, nous aimions voir la force de la nature se déchaîner devant nos yeux.

« Nous serons mieux ici si tu veux parler. » commença-t-elle.

Puis elle ne dit plus un mot. J'appréciais qu'elle ne cherche pas à tout savoir de moi, qu'elle ne me pose pas la question cruciale pour savoir comment j'allais, comment je gérais la mort de mon père, comment je gérais la louve parce qu'honnêtement je ne savais pas, j'étais perdue.

Cependant j'étais curieuse et jalouse de savoir comment elle parvenait à contrôler l'animal en elle.

« Je ne connaissais pas cet endroit, c'est magnifique. » criai-je ne sachant comment m'y prendre pour lui parler.

« Tu n'as pas besoin de crier tu sais. »

« Désolée, je ne sais pas trop comment ça marche. »

« C'est étrange. »

« Qu'est-ce qui est étrange ? » demandai-je normalement même si j'avais l'impression de converser avec un mur.

« Attends. »

J'obéis.

« Je n'entends pas tes pensées. Comment fais-tu pour les garder secrètes ? »

« Je n'en ai aucune idée. Je ne savais même pas que nous parlions par télépathie. » Fichu télépathie. « Je pensais qu'on grognait ou quelque chose dans le genre. »

« Si seulement… » elle semblait déçue. « Je ne sais pas si tu sais mais les loups se déplacent en meute et les membres de cette meute sont liés télépathiquement, qu'on le veuille ou non… Jake est l'Alpha, il peut nous contrôler. Mais généralement nous ne pouvons pas parler avec les autres loups sous cette forme. Mais je peux avec toi, sans entendre tes pensées. »

« Peut-être parce que je n'appartiens à aucune meute. Il n'y a que moi. »

« Tu as probablement raison. Tu as de la chance. »

« De la chance ? Je suis seule et coincée dans un corps que je ne contrôle pas et tu trouves que j'ai de la chance ?! »

« Tu n'es pas coincée dans ce corps, tu ES un loup, ça fait partie de toi. C'est un don qui te permet de lutter contre les vampires, de pouvoir protéger ton peuple. »

On aurait dit qu'elle se souvenait d'un discours qu'elle avait reçu quand elle est devenue elle-même une louve.

« Je suis un vampire, je peux très bien me protéger sans ça. »

« Estime-toi chanceuse alors d'être une louve, au moins il y a quelque chose de bon en toi. »

Je préférais ignorer cette remarque…

« De quoi tu te plains ? Tu es une vampire et un loup, c'est trop cool. Je suis sûr que tu es l'être le plus fort de ce monde, alors fais avec ! »

C'était un homme qui avait prononcé ces mots.

« La ferme Seth ! »

« C'était ton frère ? »

« Mon stupide petit frère membre de la meute et plus grand fan des vampires, il lui manque une case. »

Cette télépathie était une étrange, c'est comme si tous les esprits étaient connectés sur une même chaîne. J'avais la chance de pouvoir me joindre ou non à la conversation. Peut-être était-ce parce que j'étais un vampire. Je devais peut-être les écouter et arrêter de me battre contre cet alien qui voulait prendre le contrôle de mon corps.

« Cet alien ? On ne dirait vraiment pas que tu es prête à devenir un loup. »

« Sors de ma tête. »

« C'est toi qui est resté sur la « chaîne » comme tu dis. »

« Comme je pense, nuance. »

J'ai l'impression de revivre le moment où je devais contrôler le pouvoir d'Edward, quelle plaie !

« Alors c'est ça qu'Edward ressent tout le temps ? »

« Oui. » Je ne savais même pas si je devais parler ou si penser suffisait.

« Ça me ferait presque de la peine, j'ai bien dit presque. »

« Tu ne nous aimes vraiment pas. »

« Les vampires sont nos ennemis, même si certaines personnes ont tendance à l'oublier. » Son frère et Jacob étaient les principales personnes visées. « Je reste à leur côté pour veiller sur eux, quand ça tournera mal. »

« Tu te rends compte à quel point tu es ridicule ! » intervint Seth. « Si nous étions des ennemis, Elly ne serait jamais devenu un loup et Jake ne serait pas imprégné de Nessie. »

« Il est imprégné de son côté humain. Quand à Ellyanna, elle triche, elle n'aurait jamais été un loup si elle n'avait pas son don. »

« C'est n'importe quoi… »

Et ils se disputèrent. J'avais mon lot de problèmes, je n'étais pas décidé à m'immiscer dans les leurs. Je quittai la conversation et appréciait le calme de la pièce et de la rivière qui s'assombrissait avec la venue de la nuit.

Je n'avais pas le choix, je devais accepter la louve. Je me demandais ce que Leah trouvait d'alléchant dans le fait d'être un animal. Peut-être que si je le savais, j'aimerais en être une aussi. Je rejoignis alors la conversation.

« Espèce de… »

Ok, il n'avait pas fini, je reviendrais plus tard.

J'essayais de voir si je ne pouvais pas franchir le mur invisible pour pouvoir parler à la louve mais cette tentative était vaine. Elle ne voulait pas me laisser passer. J'aurais même jurer que le mur s'était renforcé…

« Leah ? » lançai-je afin de voir si ils s'étaient calmés.

« Te revoilà. » répondit-elle, soulagée.

« Oui, je voulais te demander, qu'est-ce que tu aimes exactement dans le fait d'être une louve ? »

« Tout, à part la télépathie… Ça sera plus facile pour moi de te montrer. »

Elle s'exécuta et ses souvenirs furent projetés dans la salle. Elle commença avec ses courses dans la forêt. Elles me rappelaient mes rêves, enfin mes souvenirs de l'époque où je n'étais pas consciente de l'invasion de mon envahisseur.

Leah n'était pas dans une salle comme moi, mais plutôt dans le cockpit. Je pouvais tout voir, presque tout sentir. Sa vue semblait encore plus précise que celle que j'avais mais elle n'était pas aussi rapide que Matthew. Elle aimait autant que moi sentir le vent souffler contre nos cheveux ou pelage dans son cas.

Mise à part une ouïe et une vue plus développées, nous n'avions rien à envier aux loups. D'autant plus que leur corps étaient beaucoup plus lourds et moins agiles. Encore une fois, je ne voyais pas ce que ça allait m'apporter.

« Je ne sais pas. » répondit-elle. « Tu trouveras peut-être une réponse dans nos légendes. Elles m'ont aidé à comprendre. »

« Quelles légendes ? »

Enfin une chose qui allait peut-être me faire avancer.

« Nos légendes, les légendes Quileute. Taha Aki… »

« Tais-toi Leah. »

Cette fois-ci, ce n'était pas son frère mais Jacob qui était intervenu.

« Quel hypocrite ! Tu l'as dit à Bella et je ne peux pas le dire à une louve ? »

« Mon père lui a dit. Ce n'est pas de ton ressort, ni du mien. Mon père décidera si elle peut recevoir nos connaissances. »

Je crois que je m'étais tiré une balle dans le pied sans le savoir. Avec ce que je lui avais dit, M. Black refuserait forcément de m'apprendre le savoir des loups…

« Ne pense pas ça, Billy peut paraître froid mais il ne laisserait jamais quelqu'un dans le besoin. Il faut avoir sacrément bon fond pour laisser Paul habiter chez soi ! »

Elle plaisanta et me rassura un peu.

« Merci, c'est gentil de vouloir m'aider. » lui lançai-je, honnête.

« De rien. Ça fait du bien de ne plus être la seule louve, même si tu es à moitié vampire. »

Pour ne rien vous cachez, ça sonnait un peu trop comme un reproche à mon goût. Mais je ne lui en voulais pas, son mépris pour ce que j'étais n'était pas un secret.

La lune avait bien entamé sa course dans le ciel et Leah, qui était la seule à être resté en louve, ne pus retenir un bâillement. Je n'étais pas fatiguée, j'avais eu mon quota de sommeil pour le mois avec Jasper !

Je la libérai de ses obligations, lui promettant que je n'allais pas fuir. Fuir… Venger la mort de mon père. J'avais presque oublié ce drame en parlant avec Leah. Mais je ne voulais pas oublier. J'aurais besoin de toute l'aide possible pour me battre et même si la colère nous rendait moins lucide, elle avait l'avantage d'accroître notre force.

Si le reste de la nuit n'allait pas me servir avec la louve, je comptais ne perdre aucune minute et m'entraîner, comme Tuck me l'avait appris. Cependant, j'avais un détail à régler, je devais reprendre possession de mon corps…

« Excuse-moi la louve, puis-je revenir dans mon corps ? » tentai-je.

Mais rien ne changea.

Mon unique moyen de communication était ce mur translucide en face de moi. Je frappai dessus comme on frappe à une porte et sentis les coups dans mon dos. Heureusement que j'avais retenu ma force…

Et encore une fois, rien ne changea.

Je ne voulais pas perdre mon temps en convalescence alors je décidai de m'entraîner dans la salle où j'étais. Après tout, j'avais de la place et la louve ne semblait ni vouloir me laisser la place, ni vouloir bouger de là.

Je commençai, frappant des ennemis invisibles tout en imaginant que c'était Maéva. Cependant, je doutais des effets de mes actions. Sachant que mon corps était occupé par la louve, qu'étais-je à part un esprit ?

Ma patience avait des limites et la fainéantise de mon hôte commençait sérieusement à m'énerver.

« Si tu n'es pas décidée à bouger plus que ça tu pourrais me laisser la place. » lui criai-je pour la faire réagir.

Je me demandai si le son passait à travers la paroi… Alors j'utilisai mon unique moyen de communication : mes poings. Je cognai sur le mur jusqu'à faire décrocher un grognement à la louve et un craquement également, sur nos côtes… Mais au moins, j'avais un résultat, la louve sortit plus menaçante que jamais. Je m'attendais à ce qu'elle m'attaque mais elle ne le fit pas, elle se coucha derrière moi, me laissant le champ libre.

J'avais l'impression d'avoir passé une éternité en dehors de mon corps, j'étirais mes membres après avoir enfilé les vêtements que Leah m'avait laissé. Il fallait que je la remercies pour ça. Mais pour le moment, je courrais en direction de la cascade, il n'y avait pas mieux pour m'entraîner.

S'il y avait une chose positive dans tout ça c'est que je ne m'étais jamais sentie aussi bien en tant que vampire. J'avais de l'eau jusqu'aux genoux et repris là où je m'étais arrêté, alliant toutes les techniques de combat que j'avais apprises : karaté, jujitsu, aïkido, boxe, capoeira, judo et plein d'autres encore.

Mais une chose ou deux vinrent perturber ma concentration, ou plutôt devais-je dire un vampire ou deux.

« Tu te souviens quand nos pères disaient que l'entraînement servait juste à nous empêcher de détruire le village ? » intervint Matthew.

Ils n'étaient que distraction, je devais les ignorer et continuer comme s'ils n'étaient pas là.

« Parler de son père, vraiment ? Bravo l'artiste. »

Apparemment Emmett s'était fait un nouvel ami.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » continua-t-il. « Les Quileute t'ont déjà banni ? »

C'était trop dur.

« Ils dorment, j'en profites pour m'entraîner. » cédai-je.

« Elle parle ! » s'extasia la brute.

« Tu n'es pas contre deux paires de bras supplémentaires ? » proposa Matthew.

« Plus on est fou, plus on rit ! »

Je crois que c'était le seul moyen pour me remettre au plus vite en action.

Les deux hommes sautèrent de leur piédestal pour me rejoindre, prêt à en découdre. Ils se lancèrent sur moi, je pus éviter Emmett assez facilement, il n'avait pas connu les entraînements de Tuck. Ce fût plus difficile avec Matthew, il connaissait les techniques de combat, mais pas les dernières que j'avais apprises. Alors qu'il préparait un crochet du droit, j'esquivai, lui attrapai le bras et sautai sur son dos pour le mettre au sol, l'immobilisant par la même occasion.

« Vous quand vous vous entraînez, vous ne rigolez pas ! »

« Aurais-tu peur ? » plaisantai-je.

« Jamais de la vie ! »

Il aimait ce challenge et alors qu'il me fonçait dessus, Matthew se libéra de son emprise m'envoyant dans le décor, mais il ne s'attendait pas à être percuté par la brute.

Le combat dura une bonne partie de la nuit. C'était agréable de pouvoir se défouler, d'autant plus que j'avais l'avantage avec la vitesse de Matthew et la force d'Emmett.

Le jour se levait à peine lorsqu'Emmett stoppa l'entraînement. Je n'étais pas contre une pause, les coups répétés sur mes côtes affaiblies les empêchaient de guérir.

« Alors tu abandonnes ? » plaisanta Matthew.

« C'était bien divertissant mais je crois que j'ai eu mon compte. »

Puis il partit, les vêtements tâchés par nos exploits. Je ne sais pas si Rosalie allait apprécier… Quoi que je redouterais plutôt les foudres d'Alice.

« Tu as eu ton compte toi aussi ? » me demanda-t-il.

« J'ai une revanche à prendre. »

« Où en étions-nous ? Trois zéro pour moi si je me souviens bien. »

Des années auparavant, lorsque nous nous entraînions avec Tuck au château, nous avions l'habitude de terminer par un duel. Le premier qui mettait son adversaire au sol gagnait. Je n'avais affronté Matthew que trois fois. Il se battait souvent contre notre entraîneur alors que j'étais contre sa sœur.

Nous nous déplacions en cercle, guettant la faille de l'autre pour faire le premier pas.

« Tu n'as aucune chance. » me lança-t-il.

« Tu as peut-être oublié que j'ai passé les deux dernières années avec Tuck. » répondis-je.

« J'ai remarqué, tu es bien plus forte, mais ça ne suffira pas . »

C'était le bon moment pour lancer l'assaut, je me lançais sur lui, telle une rugbywoman, prête à le plaquer pour le mettre à terre, mais il me vit arriver et esquiva mon assaut trop facilement à mon goût. Je perdis l'équilibre, manquant de me ramasser la gamelle du siècle mais c'était sans compter sur ma souplesse légendaire et telle une gymnaste, je me remis sur pied, face à mon adversaire. J'eus à peine le temps de voir qu'il me fonçait dessus, mais contrairement à lui, je ne pus l'esquiver. Je n'avais pas dit mon dernier mot, mon dos ne touchait pas le sol, j'avais bloqué tout mon corps mais j'étais prise au piège, il lui suffisait de me taper les côtes et le tour était joué. Mais il ne le fit pas… Il baissa même sa garde ce qui me permit de le renverser et de le mettre à terre.

« Bravo ! Je n'ai rien pu faire. » me félicita-t-il.

« Tu avais l'avantage et tu n'en as pas profité ! » rétorquai-je. « Tuck t'aurait mis à l'eau. »

Notre entraîneur avait une politique particulière. À chaque fois que nous faisions une grosse erreur, nous avions l'obligation de plonger dans les douves remplies d'eau croupies qui entouraient le château. Nous n'étions en rien épargnés lors de nos déplacements…

« Je finissais toujours dedans de toute façon… Même lorsque je gagnais, il me trouvait quelque chose que j'aurais pu améliorer. »

Il faisait ce coup à tout le monde ce qui faisait que nous finissions tous à l'eau les trois quarts du temps.

« Je continues de croire que tu l'as fait exprès. » avouai-je. « à moins que ta faim t'es rendu faible. »

Il semblait surpris que j'ai remarqué ses yeux. Ils étaient bleus, mais de fins traits noirs étaient venus s'ajouter, les rendant plus foncés.

« Tu as l'air affreux. » ajoutai-je.

« Je te retourne le compliment ! ».

Je ne me souvenais même pas de la dernière fois où j'avais chassé…

« On y va ensemble ? » proposa-t-il.

« Les Quileute doivent être debout, je mangerais sur le chemin. »

Il ne dit rien et me laissa partir.

Laisser un commentaire ?