A Full Moon

Chapitre 8 : Stage commando (2)

5475 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:53

Chapitre 8 : Stage commando (2)

 

En attendant, de retrouver Leah pour lui demander comment me débarrasser de la louve, je devais retrouver Matthew pour ma cession de combat. Je fus surprise de voir Jasper et Edward avec lui et Emmett.

« Alors, cette immersion chez les loups ? » demanda mon ami.

« Instructive » répondis-je.

Je n'avais pas trop envie d'en parler, j'avais hâte de me défouler et de continuer à m'entraîner pour augmenter mes chances de venger mon père.

Je me transformais en instructrice, leur apprenant tout ce que Tuck m'avait transmis. C'était une bonne manière de réviser.

Alors que le soleil commençait à pointer le bout de son nez, les duels commencèrent. Tout le monde voulait s'affronter. Je gagnais tous les miens, mais à vrai dire, je trichais. Edward étant à mes côtés, c'était beaucoup plus facile de deviner les intentions de mes adversaires. Le vrai défi fut contre lui, mais là encore, la force d'Emmett et la sérénité véhiculée de Jasper m'aidèrent énormément. En attendant je n'étais plus menée qu'à deux contre trois pour Matthew et j'étais bien décidée à égaliser le jour suivant.

L'entraînement m'avait épuisé, je m'accordais une petite sieste avant de repartir voir Leah. Je rêvais de l'histoire que j'avais entendu la veille au soir, mais j'étais Taha Aki et Maéva remplaçait Utlapa. Elle me volait mon corps, comme faisait la louve et tuait mes amis, Luvia, Matthew, son plus grand frère, Simon et pour finir mon père. Je voyais tout de l'extérieur, je me voyais tuer ces personnes.

Je me réveillai en sursaut, prête à exploser. Je réalisais que la louve était prête à sortir. Je fonçai dehors pour ne pas détruire la maison d'Emmett et Rosalie. Ce fut juste mais je n'avais provoqué aucun dégât.

Je n'avais même pas eu à indiquer la direction à la louve, qu'elle se dirigea vers Leah qui faisait une ronde dans la forêt.

« Tiens, bonjour. » me dit-elle, « alors, la journée d'hier t'a appris des choses ? »

« Beaucoup oui. » répondis-je heureuse et soulagée d'avoir une solution. « J'aimerais que tu me dises comment fait-on pour rejeter la louve ? »

« C'est tout ce que tu as retenu ? Que l'on peut refuser ce don ? Tu es irrécupérable... Je ne vois pas pourquoi je suis surprise, tu es une vampire... » gronda-t-elle. « Si tu le veux vraiment, je pense que tu devrais demander à ma mère, elle sait comment faire. Mais je doute que ça fonctionne dans ton cas, ta louve est différente des nôtres. »

« Différente ? »

« J'ai ma théorie là-dessus, je pense que c'est parce que tu es une vampire. Nous sommes des ennemis naturels, tant que le vampire en toi sera là, la louve vivra également. »

Pourvu qu'elle ait tort !

Le reste de la matinée fut plutôt calme, la louve suivait Leah dans sa ronde, je n'attendais qu'une chose, qu'elle me rende ma liberté pour que je puisse aller voir la mère de Leah.

C'est ce que je fis en début d'après-midi. Une fois de plus, sa fille accepta de m'aider. Je savais que ça ne lui plaisait pas beaucoup mais elle acceptait toujours de me prêter main forte lorsqu'elle le pouvait et je lui en étais extrêmement reconnaissante.

« Je ne voulais pas être un animal, je ne voulais pas de cette vie-là » commença-t-elle. « Je n'en voulais pas non plus pour mes enfants, j'admire le courage qu'ils ont eu à accepter leur destin. Je n'ai pas pu, la meute n'était pas aussi grande à l'époque. »

Sue Clearwater était une femme mince de taille moyenne. Ses yeux noirs et ses cheveux de la même couleur lui donnaient un air sévère mais je décelais dans son regard une certaine chaleur.

« Comment avez-vous fait pour arrêter ? » demandai-je impatiente tout en restant respectueuse.

« J'ai tout simplement arrêté de me transformer. »

« Mais la louve ne venait pas d'elle-même ? »

« Seulement lorsque je m'emportais. Mais j'ai un tempérament calme, j'ai évité toutes les situations qui pouvaient m'amener à m'énerver et j'ai continué à vieillir et je ne l'ai plus vu... »

J'avais peur que Leah ait raison, ma louve venait quand elle voulait. Elle choisissait...

Une voiture de police se gara dans l'allée. Je reconnus Charlie Swan, le père de Bella. Il était déjà venu voir la famille Cullen et leur écran plat pour les matchs télévisés. Il ne connaissait pas l'existence des vampires mais il savait pour les loups-garous. Jacob avait révélé sa nature pour que Bella puisse rester un peu plus longtemps à Forks.

« Bonjour Charlie » dirent en chœur Sue et sa fille.

Il embrassa sa compagne et nous salua.

« Bonjour Leah et bonjour... »

« Ellyanna, nous nous sommes aperçus chez les Cullen. » intervins-je.

« C'est ça. Tout se passe bien ? » s'assura-t-il tel le policier qu'il était.

« Oui, nous avions des questions pour maman mais tout va bien. »

« Ne t'en fais pas. » renchérit Sue.

Ces mots suffirent pour le rassurer. Il partit en direction de la cuisine, je l'entendis ouvrir le frigidaire alors que nous partions donner un coup de main à Emily.

« Ta mère est avec le père de Bella. Tu as une demi-sœur vampire. » plaisantai-je.

« C'est loin de me ravir, mais je ne l'ai pas eu aussi heureuse depuis longtemps, depuis... mon père. » avoua-t-elle.

« Que lui est-il arrivé ? »

Je ne savais pas si j'avais été trop loin en posant cette question.

« Crise cardiaque. »

Elle se renferma sur elle-même, je compris que je devais m'arrêter là.

Nous repartîmes en cuisine, mais cette fois, c'était chez Emily dans une petite maison aux couleurs ravagées par le temps. Quelques fleurs posées sur le perron rendaient l'atmosphère plus chaleureuse toutefois. La porte était ouverte et une bonne odeur de gâteau s'en dégageait. Leah entra comme si elle était chez elle.

« Vous venez me donner un coup de main ? Bonjour Ellyanna. »

J'eus à peine le temps de lui esquisser un sourire que Leah enchaîna.

« Non, je te la laisse, je dois retourner voir la meute. »

Je la regardais, surprise.

« Affaire de Quileute. » précisa-t-elle tout sourire.

Elle semblait fière de se débarrasser de moi. Je me sentais comme une enfant que l'on devait confier à une nourrice pour laisser les grands travailler. Puis elle partit.

« C'est toujours comme ça. » ajouta Emily, visiblement habituée. « Tu peux m'aider à mélanger la pâte ? »

Elle appréciait ma force de vampire. J'avançais dans la cuisine ouverte sur le petit salon dans lequel je me trouvais. L'intérieur était modeste et chaleureux rempli de meuble composé en grande partie de bois.

« Alors comme ça tu es la cuisinière de la meute ? » demandai-je pour engager la conversation.

« On peut dire ça, ils ont constamment faim, j'aime bien cuisiner et ils aiment bien manger ! »

« C'est vrai ! Ils ont tout englouti à une vitesse hier ! »

« Tu n'es pas aussi affamée qu'eux ? »

« Pas vraiment, peut-être parce que les vampires sont plus robustes que les hommes. »

« J'avais presque oublié... »

Elle se referma, mais je ne voulais pas qu'elle me craigne.

« Je ne te ferais pas de mal. »

« Mais tu te nourris d'humains... »

« Seulement d'animaux. Je ne me suis jamais nourrie d'humains. Et puis la meute doit avoir confiance, ou sinon Leah serait toujours là. »

« Tu crois qu'ils ont raison... de te faire confiance ? » me demanda-t-elle, honnête.

« Oui. Ce muffin me donne autant envie que ton sang. » Elle tressaillit. « J'ai horreur du sucré et je n'ai pas faim. »

« Tu ne me mangerais pas, même si tu étais affamée ? »

« Ça n'arrivera pas aujourd'hui. Et je ne vois pas pourquoi ta vie aurait moins de valeur que la mienne. Je ne considère pas les humains comme des dîners potentiels. »

« Et comment nous considères-tu alors ? »

« Un peu comme les végétariens considèrent les vaches. Mais en plus évolué. » ajoutai-je pour ne pas l'offenser. « Ce n'est pas pour rien que nous nous appelons les végétariens. »

« Des vaches... Je croyais que vous n'aviez aucun contrôle dessus. »

« Si, ça s'apprend avec le temps, comme les loups et leur colère. »

« Je ne suis pas sure que ce soit le bon exemple, regarde Paul, il ne la gère pas vraiment. »

« Les vampires comme Paul existent mais je les fuis en général. »

Elle avait raison sur un point, je n'avais pas forcément choisi le meilleur des exemples. Elle avait été la cible de la colère d'un loup. Le côté droit de son visage en était le témoignage.

« Sam ne s'est pas contrôlé. » m'avoua-t-elle en voyant que je regardais son visage. « Savais-tu que Leah était ma cousine et ma meilleure amie. Elle sortait avec Sam avant qu'il ne soit un loup et qu'il ne s'imprègne de moi. »

« Oh. »

Ce fût le seul mot que je pus dire.

« Oui » rigola-t-elle. « Oh. Je ne voulais pas de lui, je voulais qu'il retourne avec Leah mais je n'avais pas compris que ce n'était pas possible. Alors un jour, je me suis énervée contre lui, il sentait qu'il se transformait et il reculait mais je ne comprenais pas et j'avançais, jusqu'à ce que je perde connaissance. Je ne sais pas qui de nous deux s'en ai voulu le plus... »

Je ne savais pas si je devais être désolée ou si je devais la remerciais pour m'avoir raconté son histoire.

Elle ne semblait pas avoir d'autres craintes à mon sujet et le reste de l'après-midi fut rempli de sujet plus léger, de cuisine et d'autres sujets divers.

Le soir arriva assez vite et comme la veille tous les Quileute se rassemblèrent autour du feu de camp et de la montagne de nourriture. Cette fois-ci ce fût à Quil de raconter l'histoire, pas le jeune Quil de la meute mais son grand-père, Quil, le troisième du nom. Je ne comprenais pas trop cette tendance à donner le même nom de père en fils. Imaginez les réunions de famille où trois générations étaient présentes !

Je m'apprêtais à découvrir la fameuse histoire qui allait changer ma vision des loups, d'après Leah en tout cas.

« Notre cher Billy vous a conté hier l'histoire de nos origines. C'est à mon tour de vous narrer celle du sacrifice de la troisième épouse. »

Et tel un discours bien rôdé, il continua.

« Bien après que Taha Aki eut abandonné son esprit lupin, alors qu'il était chenu, des troubles éclatèrent au nord, avec les Makah. Plusieurs jeunes femmes de cette tribu disparurent, et leurs hommes blâmèrent les loups du voisinage qu'ils craignaient et dont ils se défiaient. Les hommes-loups pouvaient toujours lire les pensées de leurs pairs quand ils revêtaient leur forme animale, comme leurs ancêtres l'avaient fait en tant qu'esprits. Ils savaient donc qu'aucun d'entre eux n'était responsable. Taha Aki tenta d'apaiser le chef Makah, mais les peurs étaient trop fortes. Taha Aki ne souhaitait pas la guerre, il n'était plus un guerrier pour réussir à conduire les siens à la victoire. Il chargea son fils aîné, Taha Wi d'identifier le vrai coupable avant que ne débutent les hostilité.

« Taha Wi entraîna cinq de ses compagnons lupins dans une quête à travers les montagnes, cherchant des indices sur les filles enlevées. Dans la forêt, ils tombèrent sur une chose inconnue, une étrange et douceâtre odeur qui leur brûla les narines jusqu'à ce qu'elles en soient douloureuses. »

« C'est bizarre, j'ai presque l'impression de la sentir cette odeur nauséabonde. » lança Paul en me fixant.

« Ah Ah » feignis-je de rire, « Tu es tellement drôle. Tu ne peux rien sentir comme ça, tu es tellement faible. »

« Attends de voir si je suis faible. »

« Arrêtez ! » asséna de sa voix rauque Sam, l'Alpha.

« Ils ignoraient quelle créature laissait ces traces olfactives, les suivirent cependant. » reprit le vieux Quil comme si de rien n'était avec une voix pleine de suspens. « Ils trouvèrent également de vagues traces humaines, du sang, le long de la piste.Ils furent alors certains d'avoir repéré l'ennemi qu'ils traquaient. Leur voyage les mena si loin vers le nord que Taha Wi renvoya la moitié de la meute, les plus jeunes, vers le village, afin d'y faire un rapport à son père. Lui-même et ses deux frères ne revinrent jamais.

« Leurs cadets partirent à leur recherche, seul le silence leur répondit. Taha Aki pleura la perte de ses fils. Il aurait voulu les venger, il était si vieux. En habits de deuil, il alla à la rencontre du chef Makah et lui raconta ce qu'il s'était passé. L'autre crut en son chagrin, et les tensions s'apaisèrent.

« Un an plus tard, la même nuit, deux vierges de Makah disparurent de chez elles. Les guerriers en appelèrent aussitôt aux Quileute, qui flairèrent l'identique puanteur dans tout le village. Ils repartirent donc en chasse. Seul l'un d'eux survécut, Yaha Uta, l'aîné de la troisième femme de Taha Aki, le benjamin de la meute. Il ramena avec lui quelque chose que les Quileute n'avaient jamais vu- un cadavre qu'il avait mis en pièces, froid comme la pierre. Tous ceux qui étaient du sang de Taha Aki, y compris ceux qui n'avaient pas été loups, sentirent l'odeur puissante qui émanait de la créature morte. C'était elle, l'ennemi des Makah.

« Yaha Uta narra ce qui s'était passé : lui et ses frères avaient trouvé l'être étrange qui, sous l'apparence d'un homme, était comme le granit, avec les deux filles Makah. L'une d'elles avait déjà perdu la vie et gisait, blanche, vidée de son sang, sur le sol. L'autre était prisonnière des bras du monstre qui avait la bouche tout contre sa gorge. Elle était sans doute encore vivante quand ils arrivèrent sur les lieux de l'abominable spectacle, mais la créature lui brisa rapidement le cou et jeta son corps à terre. Ses lèvres pâles étaient couvertes de sang, ses prunelles étaient allumées d'un rougeoiement furieux.

« Yaha Uta décrivit la force et la rapidité de l'adversaire. Un des frères mourut pour avoir sous-estimé cette puissance, car le monstre le déchira en deux, comme une poupée de son. Yaha Uta et son frère furent plus circonspects. Ils s'unirent, harcelant la créature de tous les côtés, le trompant par d'audacieuses manœuvres. Il leur fallut toutefois recourir à toute la célérité et à toute l'habileté de leurs corps de loups, d'en repousser les limites comme ils n'avaient jamais été obligés de le faire. L'étranger avait la dureté de la pierre et la froideur de la glace. Seules leurs dents réussissaient à l'entamer. Ils se mirent donc à le dépecer petit à petit tout en luttant contre lui.

« L'ennemi apprenait vite, néanmoins, et il ne tarda pas à les égaler en ruse. Il parvint à s'emparer d'un des deux loups, puis Yaha Uta trouva une ouverture vers la gorge du monstre et bondit. Ses crocs tranchèrent sa tête, mais les mains assassines continuèrent de broyer son frère. Yaha Uta lacéra la créature en mille morceaux avec une hargne désespérée destinée à sauver son malheureux allié. Hélas, il était trop tard, même s'il finit par anéantir l'assassin.

« Du moins, c'est ce que tout le monde croyait. Le survivant déposa les restes puants à terre pour que les anciens les examinent. Une main coupée traînait à côté d'un bras. Quand les sages les poussèrent avec des bouts de bois, les deux débris épars se touchèrent, et la main tenta de se ressouder au bras. Horrifiés, les aînés ordonnèrent qu'on y mît le feu. Un gros nuage de fumée malodorante pollua l'air. Lorsqu'il ne resta du monstre plus que des cendres, les Quileute les répartirent dans de nombreux sacs et les éparpillèrent au loin, un peu partout, dans l'océan, les bois, les cavernes des falaises. Taha Aki tint à garder un des sachets autour du cou afin d'être averti si la créature tentait une fois encore de se rassembler. »

Billy gardait avec lui les fameux restes de ce vampire. J'imaginais qu'il faisait ça à chaque fois, vu le peu de personnes qui réagirent à sa vue. Je me demandais qui était cette personne, s'il avait connu mon village, mon père... Je n'étais pas en train de dire qu'il ne méritait pas ce qui lui était arrivé, mais quelle était son histoire. Je sentais bien que tout le monde me dévisageait, oubliant en partie que j'étais végétarienne, à moitié humaine et louve par dessus le marché !

« Ils l'appelèrent Sang-froid, buveur de sang. »

« Je ne bois pas de sang humain, arrêtez de me regarder comme ça ! » criai-je alors qu'ils continuaient à me fixer.

Sam intervint une fois de plus. J'appréciais ce qu'il faisait pour moi.

« Ils l'appelèrent Sang-froid, buveur de sang. » reprit Quil. « Et se mirent à vivre dans la crainte qu'il ne soit pas le seul représentant de son espèce. Il ne leur restait plus qu'un loup protecteur, le jeune Yaha Uta.

« Ils n'eurent pas longtemps à attendre. Le monstre avait une compagne, qui vint trouver la tribu, l'âme assoiffée de vengeance. Les légendes affirment que cette femelle était l'être le plus beau que l’œil humain eût jamais croisé. »

Cette précision me valut une nouvelle remarque. Cette fois-ci, Sam arrêta les chamailleries à coup de gifles. Nous étions tous prévenus, la prochaine fois, ça serait ses poings.

« Elle ressemblait à la déesse de l'aube lorsqu'elle entra dans le village, ce matin-là. Pour une fois le soleil brillait, se reflétant en mille éclats sur sa peau blanche et illuminant sa chevelure dorée qui lui tombait jusqu'aux reins. Son visage était magique de splendeur, avec ses prunelles noires sur toute cette pâleur. Certains tombèrent à genoux pour la révérer. »

Paul ne put s'empêcher d'exploser de rire et l'Alpha se fit un plaisir de mettre sa menace à exécution.

« Elle posa une question d'une voix haute et aiguë, dans une langue que nul ne connaissait. Ahuris, les gens ne surent que répondre. Dans l'assistance, personne n'était de la lignée de Taha Aki, mis à part un garçonnet qui s'accrocha aux jambes de sa mère en hurlant qu'une odeur lui brûlait le nez. L'un des anciens, en route pour le conseil, entendit ses paroles et comprit à qui il avait affaire. Il cria aux autres de se sauver. Ce fut lui qu'elle tua en premier.

« Il y eut vingt témoins de l'arrivée de la femelle Sang-froid, deux survécurent, uniquement parce que, distraite par le sang, elle s'arrêta de s'abreuver. Ils coururent chercher Taha Aki qui participait à la réunion en compagnie des autres sages, de ses fils et de sa troisième épouse. Yaha Uta se transmuta en esprit lupin sitôt qu'il eut vent des nouvelles. Il partit seul affronter et détruire l'intruse. Taha Aki, sa femme, ses fils et les anciens le suivirent. D'abord, ils ne réussirent pas à trouver la créature, juste les traces de son attaque. Des cadavres brisés jonchaient le chemin par lequel elle était venue, dont quelques uns vidés de leur sang. Puis ils perçurent des hurlements et se ruèrent vers la grève.

« Une poignée de Quileute s'étaient réfugiés sur les bateaux. La femelle les poursuivait à la nage, tel un requin. Elle cassa la proue d'un navire avec une force incroyable. Lorsque l'embarcation coula, elle attrapa ceux qui tentaient de surnager et les brisa en deux également. Apercevant le grand loup sur la côte, elle oublia ses victimes et revint vers la rive à une telle allure qu'on distinguait à peine ses gestes. Alors, elle se dressa devant Yaha Uta, dégoulinante d'eau, dans toute sa gloire. Elle pointa un doigt blême et posa une nouvelle question, aussi incompréhensible que la précédente. Yaha Uta se tint prêt.

« Ce fut un rude combat. Elle n'était pas de la trempe de son compagnon, certes, mais Yaha Uta était seul, cette fois, sans personne pour détourner de lui la furie du monstre. Quand Yaha Uta fut vaincu, Taha Aki lança un cri de défi. Il s'approcha en boitillant et reprit son ancien corps de loup au museau blanchi. La bête avait beau être âgée, elle était animée par Taha Aki l'Homme Esprit, et sa rage lui donnait des forces. La lutte repartit de plus belle. »

Alors les loups ne partaient jamais réellement...

« La troisième épouse de Taha Aki venait de voir mourir son fils. À présent, son mari sa battait, et elle ne nourrissait aucune illusion quant à l'issue du combat. Elle avait entendu chaque mot que les témoins du massacre avaient rapporté au conseil ; elle connaissait le récit de la victoire de Yaha Uta sur le premier Sang-froid, elle savait qu'il ne s'en était sorti que grâce à la diversion de son frère.

« Elle tira un couteau de la ceinture d'un des fils qui se tenait à son côté. Tous étaient de jeunes gars, pas encore des hommes, elle avait conscience qu'ils mourraient en tentant de venger leur père. L'épouse se précipita vers la buveuse de sang en brandissant le poignard. La créature sourit, amusée par cette intervention. Elle ne craignait pas cette faible humaine ni la lame qui ne ferait qu'égratigner sa peau, et elle s'apprêtait à délivrer le coup de grâce. Ce fut alors que la troisième épouse eut un geste auquel la femelle ne s'attendait pas. Tombant aux pieds de l'ennemie, elle planta le couteau dans son propre sein. Le sang gicla entre les doigts de la malheureuse, éclaboussant le monstre qui ne put résister à son avidité. Poussée par son instinct, entièrement consumée par sa soif durant une seconde, elle se tourna vers la mourante. Aussitôt, les crocs de Taha Aki se refermèrent autour de son cou.

« Ce ne fut pas la fin du combat, mais Taha Aki n'était plus seul à lutter, désormais. En voyant leur mère mourir, deux jeunes fils furent saisis d'une telle fureur qu'ils se ruèrent, transformés en loups alors qu'ils n'étaient pas encore des hommes faits. Ils vinrent à bout du monstre avec leur père.

« Taha Aki quitta la tribu. Il ne reprit pas sa forme humaine. Une journée entière, il resta couché près de la dépouille de sa troisième épouse, grondant dès que quelqu'un tentait de la toucher, puis il s'en alla dans la forêt pour ne plus jamais revenir.

« À compter de cette époque, les ennuis avec les Sang-froid furent l'exception. Les fils de Taha Aki veillèrent sur les Quileute jusqu'à ce que leurs propres fils soient assez âgés pour les remplacer. Il n'y eut jamais plus de trois loups à la fois. C'était suffisant. De temps en temps, un buveur de sang s'aventurait sur notre territoire – les loups, auxquels il ne s'attendait pas, le prenaient au dépourvu. Il arriva certes qu'une des bêtes mourût, elles ne furent cependant jamais décimées comme lors du premier affrontement. Elles avaient appris à combattre les Sang-froid et se transmirent ce savoir de loup en loup, d'esprit en esprit, de père en fils. Avec le temps, les descendants de Taha Aki cessèrent de se transformer à l'âge viril. Ce n'était que lorsqu'un ennemi surgissait que la transmutation se produisait. Les Sang-froid venaient toujours par un ou deux, si bien que la meute restait peu nombreuse.

« Un jour, une famille plus importante arriva, et vos propres arrière-grands-pères se préparèrent à les affronter. Mais leur chef s'adressa à Ephraïm Black dans une langue humaine et jura de ne pas toucher aux Quileute. Ses étranges yeux jaunes prouvaient que lui et les siens se différenciaient des autres buveurs de sang. Ils surpassaient les loups en nombre, rien ne les obligeait donc à offrir un traité alors qu'ils auraient remporté le combat haut la main. Ephraïm accepta, eux restèrent fidèles à leur parole, bien que leur présence dans la région eût tendance à attirer d'autres représentants de leur espèce. »

Je connaissais les vampires dont il était question, tout le monde les connaissait, c'était la famille de Carlisle.

« Il y en a tant à présent » continua-t-il « que la tribu a dû développer une meute grande comme jamais depuis l'époque de Taha Aki. Les fils de notre peuple sont contraints de supporter à nouveau le fardeau et le sacrifice de leurs pères. Même si apparemment vous ne partagez pas tous ce ressenti. » ajouta-t-il alors que certains allaient intervenir.

« Vous connaissez maintenant l'histoire de notre meute, soyez digne de votre héritage. » conclut Billy.

Et comme la veille, tout le monde s'envola.

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