Pour le bien de l'humanité

Chapitre 17 : Une once de magie

2295 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/10/2020 21:40

La petite cour derrière le chalet avait dû par le passé servir de terrain d'entraînement pour la garde royale. Outre les installations de fer pour se muscler et tester son endurance, le carré de terre était jonché d'impacts magiques en tous genres, de feu, de gel, ou encore plus surprenant de plantes, qui résistaient contre vents et tempêtes à la neige environnante grâce à la magie qui leur avait été insufflé. Un râtelier d'armes vides traînait tristement au sol, mais portait malgré tout encore quelques armes en bois.


Toriel s'installa au centre de la cour. Surexcité, Papyrus ne pouvait se retenir de bondir sur place, prêt à donner tout ce qu'il avait. Plus qu'un simple entraînement, Sans comprit rapidement que cet exercice lui servirait de défouloir pour toute la tension accumulée ces derniers jours, et d'exutoire contre son père qui avait toujours renié ses talents magiques au profit de ceux de son frère. Undyne, à côté de lui, était beaucoup plus calme et attentive. Le froid semblait la déranger, mais Toriel l'avait enveloppée dans deux pulls et un manteau épais qui masquaient sa faiblesse.


Sans et Charlie s'installèrent sur un banc devant la maison, à bonne distance. Le squelette sentait sa magie pulsait au rythme de celle de son frère, mais essayait de l'ignorer. Encore une des conséquences de ce lien étrange qui les unissait. Dès que l'un utilisait la magie et que l'autre était proche, leurs âmes battaient en harmonie, comme s'ils étaient prédestinés à combattre ensemble. C'était plus ou moins le cas, d'ailleurs. Leurs attaques étaient complémentaires sur bien des plans, même si Papyrus n'avait pas encore la force mentale, ni la discipline, de les maîtriser. Il devait se concentrer pour l'instant afin de ne pas se laisser déborder. Trop utiliser sa magie était dangereux, encore plus s'il ne le faisait pas de son plein gré. Il avait expérimenté trop de mauvaises choses avec son père pour savoir que ça ne se passerait pas bien.


Il lança un coup d'oeil à l'humain. Il était alerte et curieux, comme à son habitude. Sans n'était toujours pas certain de lui faire confiance, mais il se sentait un peu plus à l'aise à ses côtés. Peut-être que les épreuves les avaient plus ou moins rapprochés, après tout. Il n'avait pas encore eu le temps d'apprendre à le connaître comme l'avait fait Papyrus, mais s'il avait su se montrer assez gentil pour ne pas trahir sa confiance, alors son grand frère pouvait bien faire un effort lui aussi pour se montrer plus "sociable". Ce n'était pas un trait très naturel chez lui, mais il voulait essayer. Maladroitement, il posa sa main sur l'épaule de Charlie. Surpris, l'humain se tourna vers lui. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux pendant deux minutes avant que Sans ne retire sa main, gêné au possible.


"Bien, commençons, dit calmement Toriel. Avant toute chose, j'aimerais voir de quoi tous les deux êtes capable, pour juger de votre niveau et adapter ce que je vous enseignerais par la suite. Sans, tu feras la même chose lorsque tu te seras reposé. J'ai ramené un vieux mannequin qui trainait au garage, vous pouvez vous entraîner dessus. Undyne, veux-tu commencer ?"


La petite fille hocha la tête. Toriel déposa le mannequin, deux sacs en cuir attachés l'un au-dessus de l'autre par une quelconque magie, puis recula d'un pas avec Papyrus. Presque immédiatement, les yeux de la fillette prirent une lueur verte et une grande lance jaillit dans sa main. Elle tapa plusieurs fois la poupée avant d'invoquer derrière elle plusieurs lances qui vinrent à leur tour se planter dans le cuir. Elle en invoqua également du sol et fit littéralement voler sa proie dans les airs en les faisant jaillir. Elle termina sa petite présentation par rendre l'âme de Papyrus verte quelques secondes pour aller lui plaquer un bisou sur la joue en l'empêchant de s'enfuir. Le petit squelette devint écarlate et se masqua le visage en poussant une série de gargouillis confus.


Toriel applaudit, très enthousiaste. Sans approuva lui aussi d'un signe de tête. Elle aussi était en avance pour son âge, finalement. Même s'il sentait qu'elle ne pouvait pas encore maintenir ses attaques de couleur trop longtemps, elle serait une redoutable adversaire à l'avenir tant ses attaques étaient précises et justes. Son père aurait sans doute apprécié son potentiel... Avant de le foutre en l'air dans une quelconque expérience sadique. Il se renfrogna, grognon.


"Je ne pensais pas que Toryne t'avais avancé à ce point, la félicita la reine. La guerre a sans doute forcé les choses, mais tu as un très bon niveau pour ton âge. Peut-être même l'un des meilleurs, ajouta-t-elle dans un sourire. Mais ta mère n'était pas n'importe qui non plus, ceci explique cela. Tu as besoin de quelques ajustement dans ta posture et dans le port de ta lance, ainsi bien sûr qu'un travail sur ta magie de couleur. Je serais ravie de t'apprendre."


Elle rougit légèrement avant de les rejoindre. Toriel remit le mannequin en place et invita Papyrus à se mettre en scène. Sans vit dans ses yeux toute sa confiance en lui s'envoler presque immédiatement. Sa respiration se fit plus rapide et ses os se mirent à claquer nerveusement. Le squelette leva une main tremblante vers le mannequin, mais rien ne sortit. Alors que la panique gagnait du terrain, les larmes ne tardèrent pas à lui monter aux yeux. Toriel ouvrit la bouche pour parler, mais Sans la devança en s'avançant tranquillement vers lui.


Il vint se positionner entre lui et le mannequin. Les yeux de son petit frère brillaient de leur lueur orangée si particulière, signe qu'il avait bien activé sa magie.


"Sans... Sans... J'ai peur...

— Peur de quoi ? Tu es en sécurité, tu peux y aller. Rien de mal ne va arriver.

— Mais... Mais si je blesse encore Lady Toriel ? Et si je ne me maîtrise pas ? Et si...

— Tu vas y arriver. Si tu ne crois pas en toi, fais-moi confiance.

— Je... Je vais essayer, répondit-il avec détermination."


Sans recula au niveau de Toriel, pour lui prouver qu'il restait près de lui en cas de problème. Sur le moment, il se mit à haïr Gaster. Papyrus bloquait régulièrement sa magie par peur de provoquer la colère de son père. Elle était trop puissante pour lui et il ne parvenait pas vraiment à la contrôler, ce qui conduisait souvent à de véritables scènes de carnage. Avant leur fuite, son frère travaillait ce point-là avec lui. Ils n'avaient pas vraiment eu le temps d'y revenir depuis. Une éternité semblait s'être écoulée depuis le jour où son père les avait poussé à s'enfuir seuls dans la nuit tant ils étaient différents aujourd'hui.


Papyrus lui lança un regard loin d'être assuré et leva la main vers le mannequin. Ses yeux brillèrent d'une lueur orangée et une boule d'énergie se forma dans sa paume. Il poussa un cri et visa. Une pluie d'os translucides bleus et oranges se précipitèrent sur la poupée de cuir. Elle encaissa deux coups avant d'être littéralement atomisée. Le flux de magie était beaucoup trop fort et Toriel le compris elle aussi. Elle dressa un bouclier autour des enfants, et, impuissants, ils virent le petit squelette perdre totalement le contrôle. Les os se mirent à voler dans tous les coins alors qu'il combattait contre un ennemi invisible. Il ne pouvait plus s'arrêter et les larmes qui coulèrent sur son visage firent réagir son frère immédiatement.


Les arbres, le mur de la maison, le sol se retrouva fiché d'os magiques destructeurs. Papyrus se mit bientôt à hurler de douleur tant la pression magique était forte. Sans comprit vite que quelque chose se passait extrêmement mal.


"Papyrus, regarde-moi ! Eh ! Ici !"


Toriel hésita à intervenir, mais le laissa finalement faire. Le petit squelette, les yeux dans le vague, tourna la tête vers lui.


"J'arrive pas... J'arrive pas à arrêter, paniqua l'enfant. Ca... Ca fait mal, Sans !

— Tu dois te calmer. Comme à la maison, tu te souviens ? Prend de grandes respirations."


Il mima lui-même la manière de le faire et son frère calqua ses respirations sur les siennes. Cela apaisa un instant son frère et la magie sembla se calmer entre ses doigts. Mais soudain, une boule d'énergie blanche se matérialisa derrière lui, bien plus grande. Papyrus lança un regard alerte en arrière et fit volte-face. Une créature squelettique apparut dans un "Pop", animale. Le regard de Papyrus se mit à briller et toute la magie autour de lui disparut.


"Sans ! J'ai réussi ! cria-t-il. J'ai fait mon premier blaster !"


Sans fit signe à Toriel qu'elle pouvait baisser sa garde. Le squelette se rapprocha de son frère et vint le serrer dans ses bras pour le rassurer. L'imposante créature regardait paisiblement autour d'elle. Elle se maintint encore quelques secondes avant de disparaître à son tour. Papyrus s'effondra dans les bras de son frère, épuisé. La reine s'approcha, inquiète, et se baissa pour effectuer un sort de soin sur le petit squelette, juste par prévention.


"Ta magie est-elle aussi puissante, Sans ? demanda-t-elle calmement.

— Elle est encore plus forte que la mienne, répondit Papyrus d'une voix fatiguée. Sans, il sait faire plein de trucs que je sais pas faire.

— Peut-être, mais moi je n'utilise qu'une attaque de couleur à la fois, rit son grand frère. Tu as utilisé de la magie bleue et orange, ça aussi c'est une première.

— J'ai fait ça ?

— Oui, approuva Toriel. Pas étonnant que tu sois fatigué à ce point. Tu es bien trop jeune pour utiliser de la magie de couleur... Ou invoquer des blasters. C'est très dangereux autant pour ta santé que pour le développement de ta magie. Tu viens d'avoir un épisode de surcharge magique. Cela peut avoir des conséquences graves si ça se produit trop souvent. Il va falloir à tout prix que tu apprennes à canaliser ta force, jeune squelette. Ta magie est forte, mais encore sauvage. Tu dois l'apprivoiser."


Elle se releva et baissa les yeux sur Sans.


"Tu vas aussi devoir apprendre à canaliser autrement que via le biais de ton frère. Tu te reposes trop sur lui. S'il n'est pas là, tu dois pouvoir aussi te maîtriser. C'est important pour ne pas te blesser... Ou blesser plus gravement les autres que ce que tu ne voudrais. Nous allons avoir beaucoup de travail. Je vais écourter la séance, vous avez besoin de repos. Demain, Sans passera son test, et je vais essayer de vous apprendre à vous battre cordialement, dit-elle à l'intention de Papyrus et Undyne. Bien. Ceci étant dit, Undyne, Charlie, ramenez Papyrus à la maison, je dois parler à Sans un moment."


Undyne obéit et vint soutenir le squelette sous un bras pour l'aider à marcher. Charlie leur lança un regard inquiet avant de les suivre. Toriel poussa un soupir et s'assit à terre, encore secouée par ce qu'il venait de se passer. Elle resta silencieuse quelques secondes avant de relever les yeux vers l'enfant, toujours immobile.


"Sans, je vais être honnête, je n'ai jamais vu une telle puissance de feu chez quelqu'un sans niveau de violence à un âge si jeune. La magie de ton frère est très anormale et pourrait représenter un risque pour sa santé si elle n'est pas maîtrisée très, très rapidement. Ton père l'a-t-il aidé dans le développement de ses dons ?

— Non, répondit l'enfant. Il m'a laissé le faire. Je lui ai appris à trouver son pattern magique et lancer des sorts simples, mais... Il a vite commencé à avoir des pertes de contrôles comme celles-ci, mais jamais aussi violentes.

— Les derniers événements ont sans doute accélérer les choses. Lorsqu'un monstre se sent en danger, sa magie évolue pour s'adapter à ses besoins. C'est pour ça que nous devons nous préparer à ce que ta magie soit plus puissante elle-aussi lorsque tu l'essaieras demain. Dans ton cas, cependant, une surcharge magique pourrait avoir de graves conséquences."


Sans médita ses mots, puis releva la tête.


"Je m'en fiche. Il faut que j'apprenne. Si je dois le défendre plus tard, je n'aurais pas d'autre choix.

— Je le sais bien. Vous êtes deux petits squelettes extraordinaires. Il serait dommage de livrer un tel potentiel à l'ennemi. Je vais vous aider du mieux que je le peux à créer des attaques redoutables. Nous devons le faire rapidement cela dit. Je ne sais pas combien de temps nous avons devant nous avant qu'ils ne nous retrouve. Asgore doit me chercher, et ton père est loin d'être un idiot lorsqu'il s'agit de suivre des pistes. Nous devons en revanche discuter de ce qui se passera lorsqu'ils seront là."


Elle poussa un soupir.


"Sans, si jamais ils nous retrouvent, je veux que ta magie soit assez puissante pour masquer vos traces et fuir pendant que je les retiendrait. Mais je ne peux pas me permettre de vous abandonner dans cette région sans arme. C'est une zone humaine et ils sont violents et sans pitié."


Elle sourit et s'accroupit à son niveau.


"C'est pour ça qu'une idée m'est venue à l'esprit. Dis-moi, Sans, que connais-tu de la notion de karma ?" 


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