Une dernière promesse

Chapitre 16 : Un os de travers

4289 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/10/2020 17:10

Frisk remonta silencieusement le couloir qui menait vers la grande porte. Habituellement, Flowey venait à lui pour le menacer, mais pas aujourd'hui. La fleur avait de toute évidence prit sa mission au sérieux. Peut-être au fond de lui restait-il une envie de changer ? Frisk n'avait pas abandonné l'idée de l'aider à retrouver sa vraie forme. Il se promit qu'une fois retournés à la Surface, il le traînerait de force chez Alphys pour qu'elle l'examine et l'aide à trouver une solution. Avec sa détermination, il devait bien y avoir quelque chose à faire.


Il s'arrêta un moment derrière la grande porte qui menait vers les Souterrains. Il angoissait encore. Sans pouvait très bien décider qu'il en avait assez de ses conneries et le tuer sur le coup. Après tout, il l'avait dit lui-même. S'il n'avait pas fait une promesse de le protéger à Toriel, Frisk serait mort à leur première rencontre. Non, Sans ne ferait jamais ça. Il chercherait à en savoir plus avant de juger. Pour autant, allait-il jouer son rôle comme les autres fois ? La situation était un peu différente désormais. Il s'était confié à Frisk sur beaucoup de choses, et la simple idée que le squelette revienne sur tout ce qu'il avait fait simplement après s'être réveillé dans les Souterrains le peinait.


Il prit une inspiration et ouvrit la porte. Le vent froid de la région de Snowdin lui balaya le visage et le fit immédiatement grelotter. La petite chemise blanche déjà trouée était bien moins efficace que son vieux pull désormais trop petit. Après son arrivée à la Surface, il avait été malade deux semaines. Les chocs de températures, avait dit Alphys. Il fallait dire que la température des Souterrains n'aidait pas. Froid, puis humide, puis chaud comme dans le désert. Seul le château d'Asgore l'avait épargné... Enfin, si on écartait le hall du jugement lors des routes génocides. Il avança et tira la grimace lorsque la neige rencontre ses pieds nus. Vivement qu'il trouve les chaussures de ballet.... Si elles étaient encore seulement à sa taille, songea-t-il avec inquiétude. Il passa une main dans ses poches. Ses économies n'étaient pas exactement mirobolantes. Il avait aussi acheté deux beignets aux araignées pour éviter que cette chère Muffet ne décide de le manger plus tard dans l'aventure.


Les grands arbres nus qui bordaient une route sombre et lugubre lui arrachèrent un frisson. Il n'aimait vraiment pas cette partie de la forêt de Snowdin. Il avait l'impression que les arbres tendaient vers lui de longs doigts effilés pour tenter de le saisir au vol et le tuer. Il accéléra légèrement le pas et souffla de soulagement en apercevant le "portail" de Papyrus au et ses barreaux tellement larges que même un éléphant pourrait y passer. Il courut presque pour la rejoindre et attendit devant le pont. Trente secondes. Une minute. Cinq minutes. Après ça, il se retourna. Rien.


Son ventre se tordit immédiatement. Où était Sans ? Il devait être là ! Le squelette venait toujours le saluer, peu importe ce qu'il avait fait auparavant. Pourquoi n'était-il pas là ? Les images de ses derniers moments flashèrent immédiatement devant ses yeux et il se laissa tomber contre la grille en bois, les jambes flageolantes. Et si Sans n'était pas revenu ? L'idée ne l'avait pas effleurée jusque-là, mais elle ne lui parut pas insensée. Tout comme lui, Toriel était plus âgée, et il en avait déduit que les autres monstres l'étaient aussi. Sans ne s'était pas fait tuer. Il était mort de cause naturelle. Se pouvait-il que cela soit définitif et qu'il ait tout recommencé pour ne rencontrer que le vide ? Il se mit à trembler.


"Sans ! cria une voix dans le lointain. Sans ! Pourquoi ton poste est vide, Sans ?! Je te jure que si tu es encore parti devant la porte des ruines, tu te débrouilleras tout seul avec Undyne ! Sans ! San..."


Papyrus se figea net, yeux dans les yeux avec Frisk. Il resta les bras ballants, avant d'ouvrir et fermer la bouche. Il regarda autour de lui, un peu perdu, avant de se rapprocher.


"Excuse-moi. A tout hasard, est-ce que tu serais un humain ?"


Amusé par sa réaction, Frisk retrouva légèrement le sourire. Il hocha la tête. Papyrus écarquilla les yeux, se retourna, et il l'entendit hurler en se mordant le poing.


"Oh mon dieu, je l'ai fait ! s'exclama-t-il. J'ai trouvé un humain ! Et... Et maintenant... Maintenant quoi ? Oh mon dieu, Undyne va être si fière de moi. Mais Sans... Oh mon dieu. Je vais être populaire !"


Il s'éclaircit la voix et fit brutalement volte-face devant lui. Il pointa un doigt dans sa direction.


"Humain ! Tu ne passeras pas Snowdin parce que, moi, le grand Papyrus, futur garde royal du roi Asgore, va-t'en empêcher ! Et ensuite je te capturerai ! Et ensuite... Ensuite je ne suis pas sûr. Oh mon dieu ! Je vais devenir populaire, populaire, populaire ! Je vais recalibrer mes puzzles ! Avance seulement si tu l'oses ! Nyeh eh eh !"


Il fit demi-tour et partit en courant vers l'horizon, sa longue écharpe rouge volant derrière lui. Frisk secoua la tête en riant. Papyrus lui avait terriblement manqué. Ce retour en arrière avait néanmoins amplifié le contraste entre son lui du passé et celui qu'il était à la Surface. Il ressentit un pincement au cœur en songeant à la manière dont il s'était sacrifié pour lui. Le squelette ne méritait pas ça.


"Yo."


Le cœur de Frisk rata un battement. Il fit volte-face et les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux. A contre-jour, Sans se tenait là, dans son éternel gilet bleu, les mains dans les poches. Frisk se releva et se jeta dans ses bras en éclatant en sanglots. Sans lui tapota gentiment l'épaule, mais resta silencieux, presque distant. Il ne pouvait sans doute pas comprendre pourquoi l'adolescent s'accrochait à lui comme un koala qui avait perdu sa maman de vue quelques heures, mais il eut la gentillesse de ne rien dire. Mais quand il releva les yeux, le visage de Sans était fermé et froid.


L'adolescent recula légèrement et baissa la tête. Il prit une grande inspiration et ouvrit la bouche pour parler, mais le squelette lui coupa l'herbe sous le pied.


"Allons directement à l'essentiel, tu veux bien ? dit-il d'un ton froid, presque agressif. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Je pensais naïvement que tu avais compris, que c'était la dernière fois, que je me réveillerais plus ici, mais... Je n'arrive pas à croire que j'ai pu baisser ma garde à ce point pour qu'à la seconde où j'étais le plus vulnérable tu te retournes contre moi de cette façon.

— Non ! s'emballa Frisk. Sans, ce n'est pas ce que tu crois. Je ne l'ai pas fait parce que tu es... Parce que tu as..."


Il ne parvint même pas à terminer sa phrase. Les mots restaient bloqués, le traumatisme de ce qui s'était produit restait bien présent, même si le squelette se trouvait debout devant lui, plutôt en forme. L'adolescent poussa un soupir.


"Il s'est passé quelque chose de grave après, expliqua-t-il. S'il te plaît, laisse-moi une chance de t'expliquer et après tu pourras me juger, d'accord ?"


Sans leva les yeux au ciel, agacé. Il croisa les bras sur son torse, contrarié. Ses orbites étaient noires et Frisk comprit de suite qu'il allait devoir être très prudent. Le squelette était très en colère et aveuglé par la rancœur.


"Il y a intérêt à ce qu'il y ait une bonne raison, menaça-t-il. Mais pas maintenant. Pap' t'attends."


Frisk hocha la tête et se leva pour avancer. Mais au dernier moment, Sans le saisit par le bras et tira son col jusque devant son visage.


"Et crois-moi, si tu abuses de ma confiance et que tu recommences à jouer avec leurs vies, je n'aurais pas la patience d'attendre jusqu'au couloir, tu m'as bien compris ?"


L'adolescent se sentit profondément blessé par sa remarque. Il pensait qu'ils avaient passé cette étape et que les rappels incessants au passé étaient derrière lui. De toute évidence, il s'était trompé. Il hocha la tête sans répondre et Sans le relâcha. Il avança sans lui adresser un regard, abandonnant l'adolescent dans la neige. Frisk attendit qu'il soit hors de vue pour remonter ses genoux contre lui. Les larmes coulèrent sans qu'il ne puisse les contrôler.


*********


Lorsqu'il arriva devant le labyrinthe de Papyrus, Sans était là avec sa bonne humeur habituelle comme si rien ne s'était passé. Son frère, cependant, n'était pas naïf. Il lança un regard suspicieux vers l'humain, puis vers son frère.


"Humain, je te sens un peu tendu, dit-il d'une voix prudente. Aurais-tu peur de mon frère ? Il ne faut pas. Il ne fait que dormir toute la journée et faire des blagues douteuses."


Oh, Papyrus, songea Frisk. Si tu savais.... L'adolescent se força à sourire alors qu'il lui expliquait pour la énième fois comment le puzzle fonctionnait. Papyrus n'eut même pas besoin de lui donner l'orbe. Frisk connaissait le dessin par coeur et rejoignit les deux squelettes sans la moindre difficulté. Papyrus en perdit la mâchoire inférieure. Il plissa les yeux avant de repartir au galop vers le prochain puzzle, vexé. Frisk rit doucement, ravi de lui avoir cloué le bec, avant de déglutir en s'apercevant que Sans le regardait toujours, visiblement troublé. Cependant, il ne dit rien et reprit la route, l'adolescent sur les talons.


Ils débouchèrent dans une grande zone enneigée. Alors que le pauvre vendeur de glaces attendait que quelque chose se passe, des enfants essayaient de faire glisser une boule de neige dans un trou. Dès qu'ils aperçurent l'humain, comme toujours, ils détalèrent sans demander leur reste. L'adolescent en profita pour faire glisser une des boules de neiges dans le trou. Un drapeau se leva et une pluie de piécettes s'éleva du trou. Il les ramassa toutes et les enfourna dans ses poches. Il voulut offrir un sourire triomphant à Sans, mais le squelette n'était déjà plus là.


Il poursuivit sa route en passant un petit pont. Papyrus et son frère l'attendaient de l'autre côté. Une feuille de papier était posée sur le sol.


"Ah ! Voici l'humain ! s'enthousiasma Papyrus. Humain ! J'espère que tu es prêt pour... Pour... Sans, où est le puzzle ?

— Il est juste là, sur le sol. Crois-moi, impossible qu'il passe celui-là."


Pour faire plaisir à Papyrus, Frisk ramassa la feuille. C'était un dessin de Papyrus avec une assiette de spaghettis sur la tête. Il lança un regard confus à Sans. Il n'avait même pas essayé de choisir un des jeux du programme télé cette fois-ci. Son frère fronça les sourcils.


"Sans, ça ne fait rien du tout !

— Oups, je savais que j'aurais dû lui donner une grille de mots croisés à la place."


Papyrus ouvrit la bouche pour répliquer avant de se raviser, à la grande surprise de son frère et de l'adolescent.


"Est-ce que vous vous faites la tête à cause de moi ? demanda-t-il à la place. Je n'aime pas travailler dans une ambiance conflictuelle. Est-ce qu'il y a un problème ? Sans ? Humain ?

— Tout va bien, Pap, répondit Sans. L'humain est juste un peu perdu, il vient de tomber ici, tu te rappelles ? Il doit simplement être un peu confus.

— Confus. Bien sûr ! Ne t'inquiète pas humain ! Je sais exactement comment te déconfusionatatitotitionner ! Nyeh eh eh eh eh !"


Sans plus d'explications, il partit en courant. Frisk se doutait que son moyen de persuasion devait être fait à partir de spaghettis et de sauce bolognaise. L'adolescent pria pour qu'il ait gardé quelque part dans sa mémoire les recettes de Toriel. Son estomac ne supporterait pas un retour brutal à l'ancien temps. Peut-être aurait-il dû acheter une glace, finalement. Elle aurait toujours eu plus de goût. Frisk releva les yeux vers Sans, mais il avait déjà disparu, encore une fois.


Il reprit la route en soupirant. Comme il s'y attendait, une assiette de spaghettis congelés ne tarda pas à apparaître à l'horizon, à côté d'un micro-ondes débranché. Frisk appuya sur les pâtes qui ne bougèrent même pas avant de continuer son chemin. Plusieurs monstres tentèrent de se mettre sur sa route, rien qu'un peu de clémence et de gentillesse ne put venir à bout. Lesser Dog, Dogamy et Dogaressa... Toutes les sentinelles de Snowdin terminèrent les quatre pattes en l'air et le ventre gratouillé avec détermination.


Les nouveaux puzzles de Papyrus ne tardèrent pas à apparaître à l'horizon. Rien de très compliqué. Il suffisait de marcher sur des plaques jusqu'à ce que les pics s'abaissent. Papyrus l'attendait de l'autre côté, le visage sombre. Frisk avait déjà vu cette expression plusieurs fois sur son visage : il s'inquiétait pour Sans. Mais Sans n'était pas là. Le squelette était-il d'humeur si exécrable que même son petit frère en pâtissait ? Dès qu'il l'aperçut, cependant, il retrouva immédiatement le sourire. Cela perturba légèrement l'enfant. Il avait presque oublié que Papyrus avait les mêmes manies que Sans parfois : tout cacher derrière un masque joyeux, même si la situation lui échappait.


"Humain ! Comment es-tu arrivé jusqu'ici ? Et plus important, est-ce qu'il en reste encore ?

— Non, mentit-il. J'ai mangé tous les spaghettis."


Le regard du squelette s'illumina et il se jeta à son cou.


"Wowie ! C'est le plus beau jour de ma vie ! N'aie crainte, humain, moi, le grand chef Papyrus, peut te cuisiner tous les spaghettis que tu veux ! Une fois que je t'aurais capturé, bien sûr. Viens ! Au puzzle suivant !"


Il lui tendit sa main que Frisk prit volontiers, souriant. L'adolescent marcha quelques minutes à côté de lui.


"Tu sais, Sans n'est pas méchant. Il est parfois un peu... distant avec les gens, mais je peux t'assurer qu'il ne va rien te faire. Il est simplement... perdu ? Mais il n'est pas comme ça d'habitude. Une fois, je l'ai suivi jusqu'à la grande porte dans les ruines, parce qu'il abandonne tout le temps sa station en journée. Je l'ai trouvé en grande conversation avec quelqu'un derrière la porte. C'était... C'était la première fois que je le voyais sourire pour de vrai depuis des mois. S'il tient à la personne des ruines, il y a fort à parier qu'il fera un allié fidèle jusqu'à... Eh bien, jusqu'à notre combat final. Oh ! Voici le nouveau puzzle !"


C'était nouveau. D'ordinaire, Papyrus parlait de la manie de Sans de laisser ses chaussettes partout. Leur "conflit" avait-il troublé le squelette au point qu'il se livre aussi tôt à l'adolescent ?


"Papyrus ? demanda l'enfant, hésitant. Est-ce que... Est-ce que tu te souviens de quelque chose ?"


La main du squelette se crispa légèrement. Il lança un regard nerveux vers l'enfant.


"Oupsie Daisie ! esquiva-t-il laborieusement. Pendant que tu arrivais, j'ai décidé de réarranger un peu ce puzzle pour qu'il me ressemble davantage. Même moi, je n'en connais plus la solution. Mais n'aie crainte, moi, le grand Papyrus, vais bien finir par trouver une solution. En attendant, n'hésite pas à essayer de le faire par toi-même."


Frisk poussa un soupir et décida de ne pas insister. Il était évident que le squelette cachait quelque chose. Non seulement il ne savait pas mentir, ou très mal, mais en plus tout son corps témoignait de son trouble. L'adolescent s'approcha du puzzle et s'occupa de le résoudre en quelques minutes. Comme tous les autres, il connaissait celui-là sur le bout des ongles. Papyrus l'applaudit chaleureusement lorsque les pics s'abaissèrent, leur permettant de poursuivre leur route. Le squelette, cependant, ne s'attarda pas, en se vantant déjà du prochain. Il repartit au galop, plus pour éviter une nouvelle discussion sensible que pour vraiment l'aider.


Sans se trouvait de l'autre côté des pics. Il lui adressa un regard plissé, comme pour s'assurer qu'il n'avait pas de poussière sur les mains, puis tourna les talons avant de se volatiliser. Frisk grogna. Allait-il bouder encore longtemps comme ça ? Il n'aimait vraiment pas cette froideur. Après tout, même s'ils s'étaient quittés de manière plus ou moins chaotique, l'adolescent voulait juste retrouver son ami et oublier les horribles épreuves qu'il venait de vivre dans une vie qui lui semblait déjà lointaine. Son cœur se serra à la simple pensée qu'il ne lui pardonne pas.


Il traîna les pieds jusqu'au puzzle suivant. Les dalles colorées. Un grand classique. Sans était de retour, le regard sombre, à côté de son frère. Papyrus se lança dans une grande explication sur le fonctionnement du puzzle que Frisk n'écouta pas. Il n'arrivait pas à détacher son regard du petit squelette en gilet bleu. Gêné, celui-ci détourna le regard. Frisk sentit les larmes lui monter aux yeux, mais il tint bon, les poings serrés, jusqu'à ce que Papyrus active le puzzle. Toutes les dalles virèrent au rose. L'enfant n'attendit pas et traversa. Il passa entre les deux squelettes sans se retourner et continua droit devant lui vers le pont.


"Sans, pourquoi l'humain est triste ? entendit-il derrière lui. C'est parce que le puzzle est raté ?

— Non, bro. Je crois qu'il est malade.

— Malade ? s'alarma Papyrus. Est-ce qu'on ne devrait pas appeler le docteur Alphys ou...

— Laisse-le tranquille.

— Mais s'il est malade, comment veux-tu que je le provoque en duel ? La bataille ne serait pas équitable.

— Laisse tomber, Papyrus, répondit sèchement Sans."


Un bruit de course retentit derrière lui. Papyrus s'arrêta derrière l'humain, nerveux, avant de lui prendre la main. Sans prévenir, il se saisit sous les bras et le leva devant ses yeux. Frisk détourna le regard pour éviter de croiser son regard inquiet qui l'aurait à coup sûr fait exploser en sanglots. Mais lorsqu'il se retrouva par surprise contre le corps de son "ami" pour un câlin surprise, ce fut la goutte d'eau qui fit éclater le ballon des émotions de l'humain. Il explosa bruyamment en pleurs en s'accrochant de toutes ses forces au cou de Papyrus. Le squelette ne dit rien, mais patienta le temps qu'il se calme en lui tapotant gentiment l'arrière du dos.


"Je ne suis pas certain de comprendre ce qui se passe, dit-il d'une voix douce, mais le grand Papyrus n'aime pas voir les enfants tristes. Hum... Humain ? Par rapport à ta question de tout à l'heure.... Est-ce que par hasard, cela a un rapport avec des épées qui crachent du feu et des... humains en tenue verte ? Je... Je ne sais pas si on peut dire que... J'ai rêvé de ça cette nuit. Et c'était étrange. Est-ce que c'est ce dont tu parlais ?"


Il reposa Frisk au sol. L'enfant hocha doucement la tête en essuyant les dernières traces de larmes.


"Je sais que tu... Que tu ne te souviens pas de tout, mais... Pap... Je ne peux pas faire semblant que tout va bien, je n'y arrive plus. Sans m'en veut, mais il ne comprend pas que...

— Que quoi ? répondit une voix derrière eux. Que tu as encore fait passer tes propres intérêts avant ceux des monstres ? dit Sans d'une voix menaçante en ne lui laissant pas le temps de répondre. Que tu as rompu ta promesse et brisé la vie de tous ces monstres une nouvelle fois juste pour satisfaire ta curiosité morbide ? Vas-y, rejoue-moi le refrain du petit gamin innocent tristounet alors qu'on sait tous les deux que tu ne vas pas assumer et reset à la première occasion. C'était quoi ton excuse cette fois ? Ma mort ? Je pensais avoir été clair là-dessus, tu avais même l'air sincère.

— C'est pas... C'est pas ça, balbutia Frisk, effrayé par son emportement.

— Ah non ? Alors quoi ? Tu voulais me parler, non ? Alors vas-y, fais-le ! Maintenant ! Qu'est-ce qui se passe, Frisk ?"


Pendant un instant, Frisk ne répondit pas, sous le choc. Puis des larmes, rageuses, glissèrent le long de ses joues.


"Ce qu'il y a ? chuchota-t-il."


Il se mit à rire, nerveusement.


"Tout le monde est mort, Sans."


Le squelette fronça les sourcils, mais cette fois-ci, l'adolescent ne comptait pas se laisser faire.


"Vas-y ! hurle-t-il. Tue moi encore avec tes stupides blasters et ton jugement hypocrite. Tu sais mieux que tout le monde, non ? Alors vas-y ! Regarde dans mon âme, hurla-t-il en frappant dans sa direction."


Dans un réflexe, Sans recula et fit apparaître l'âme de Frisk devant lui. L'adolescent, à bout de souffle le regarda dans les yeux.


"Alors ?! Juge-moi ! Depuis que je suis arrivé, tu ne m'as pas demandé une seule fois pourquoi j'ai reset, Sans ! Pourquoi j'ai brisé ma promesse ? Tu veux vraiment le savoir ? Toriel et Asgore se sont fait arrêtés par les humains parce qu'ils ont essayé de me tuer et que ça s'est retourné contre eux. Undyne s'est prise une balle entre les deux yeux devant Alphys parce qu'elle a essayé de me sauver. Ensuite ils ont exécuté Toriel et Asgore à la télévision, et je me suis retrouvé à fuir la capitale avec Papyrus pendant des jours ! Et tout ça pour quoi ? En arrivant à la maison, Papyrus s'est fait tué par des soldats en essayant de me protéger et de protéger les derniers monstres encore en vie après qu'Ebott City ait été rayée de la carte, juste parce que je ne suis pas mort la première fois. Alors oui, désolé, je me suis senti mal d'avoir causé la mort de toutes les personnes qui comptaient le plus sur moi et j'ai décidé, moi, Frisk, de ne pas l'accepter. Tue-moi si tu juges que ce n'était pas une raison suffisante, mais ne viens pas me faire la morale alors que tu es mort en refusant de dire yeux dans les yeux à ton frère que tu étais malade depuis des années et que tu m'as abandonné alors qu'il s'effondrait et que tu savais que ça allait arriver."


Le squelette resta bouche bée. Il lança un regard nerveux vers Papyrus. Ce dernier, sous le choc, secoua simplement la tête, troublé. Sans poussa un soupir avant d'épargner l'enfant. L'environnement retrouva peu à peu ses couleurs, et les yeux de Sans reprirent leur teinte normale. Il remit ses mains dans ses poches et poussa un soupir discret.


"D'accord, je reconnais que je n'ai pas été très juste, dit-il d'une voix plus calme. Mais... Tu peux au moins m'accorder la méfiance. Tu sais très bien pourquoi j'ai réagi comme ça.

— Humain Frisk... l'interpella Papyrus. Je suis désolé de ne pas avoir pu me rappeler de tous les détails, mais, c'est plus clair maintenant. Je... Je suis désolé. Je n'aurais pas dû t'abandonner comme ça, c'était idiot. Et puis, ils étaient trop nombreux, mais avec Undyne, je...

— Je ne t'en veux pas, Papyrus, répondit gentiment l'adolescent. Je sais que tu voulais bien faire, mais la situation était désespérée de toute façon."


Ce fut Sans qui réagit le premier.


"Attends, quoi, tu te souviens ? lui demanda-t-il, interloqué.

— Oui, répondit Frisk à sa place. Et pas seulement de ça, dit-il un peu gêné. Je... Je lui ai tout raconté, Sans.

— Quoi ? Mais je t'avais interdit de le faire ! Tu sais que les connaissances sur les lignes temporelles peuvent...

— Non, TU penses que ces connaissances peuvent leur faire du mal. J'ai tout raconté à Papyrus sur les routes génocides et il m'a pardonné. Et ça m'a soulagé de le faire. Je sais que tu voulais préserver ton frère, mais la vérité... C'est que c'est Papyrus qui essayait de te préserver parce qu'il a vu ce que tu es devenu à cause de moi. Et je sais que j'ai ma part de responsabilité, mais... Sans... J'en avais marre d'avoir à me cacher."


Sans baissa la tête. Papyrus se plaça derrière Frisk et posa ses mains sur les épaules de l'adolescent.


"Mes souvenirs sont... confus, mais je me souviens du plus gros. Sans, Frisk a eu une très mauvaise semaine, alors range ton sale caractère deux minutes et admet que tu as eu tort.

— C'est vrai, finit par lâcher Sans. J'ai été idiot, je suis désolé, dit-il avec un demi-sourire. Je n'aurais pas dû douter et te juger avant de chercher à comprendre. Mais, eh, on ne refait pas les vieilles carcasses. Viens là, gamin."


Frisk s'échappa des mains de Papyrus et courut se réfugier dans les bras de Sans sans plus de cérémonie. Le squelette lui tapota gentiment le dos.


"Et maintenant quoi ? demanda Papyrus, un peu perdu. On... arrête les puzzles ?

— Eh, répondit Sans. Je pense qu'on peut rentrer à Snowdin et... On verra ensuite. Après une sieste.

— Sans... grogna Papyrus.

— Quoi ? Cette histoire m'a...

— Sans.... menaça son frère.

— ... fatigué jusqu'à l'os, dit-il d'une voix vicieuse.

— Saaaaaaaaaaaaaaans ! hurla Papyrus en s'arrachant des cheveux imaginaires."


Laisser un commentaire ?