Il y a comme un os

Chapitre 4 : Partie 4

1200 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/07/2025 10:10

Malheureusement, Alphys avait d'autres projets. La grande machine au milieu du salon prit soudainement vie dans un vacarme de tous les diables. Frisk se ratatina sur lui-même alors que Toriel s'approchait.


— La machine est prête. On a juste besoin que tu retires tes chaussures et ton t-shirt.


Frisk secoua la tête. Il jeta un regard paniqué à la machine, avant de lever un regard suppliant vers Papyrus. Le squelette tendit la main, comme pour indiquer à Toriel d'attendre. Le squelette assit l'enfant à côté de lui, puis se leva pour s'accroupir en face de lui et lui faire face.


— Je sais que tu n'as pas envie de le faire, mais c'est important pour comprendre ce qu'il se passe. Qu'est-ce que tu dis de ça ? Tu essaies d'entrer dans la machine, et si quoique ce soit arrive, je viens te récupérer et on s'en va tous les deux passer la journée dans ce parc d'attractions itinérant qu'ils ont installé en centre-ville. Avec Undyne ! Ce sera fun !


— Ouais ! intervint Undyne, entrant dans le jeu du squelette. On ira dans les montagnes russes que Toriel nous a interdits d'aller avec toi !


Toriel fronça les sourcils, peu impressionnée. Undyne détourna le regard.


— Enfin, je veux dire, on ira que dans les attractions super sécurisées et pas du tout dangereuses, bien sûr. Parce que c'est tellement fun... De toute façon, Papyrus est trop léger pour les montagnes russes. Tu imagines ? Une bosse et il s'envole dans la stratosphère !


Frisk tenta de camoufler le début de sourire sur son visage. Papyrus lui prit les mains avec un regard interrogateur. Frisk soupira, puis hocha timidement la tête. Il se fichait bien du parc d'attractions — même s'il devait avouer que l'idée était tentante —, il voulait juste en terminer au plus vite.


L'enfant retira ses chaussures, et laissa Toriel l'aider à retirer son haut. Il avança vers la machine, nerveux. Alphys l'attendait devant l'ouverture.


— Je vais accrocher des é-électrodes sur ta poitrine, c'est p-pour les re-relevés, l'encouragea-t-elle. Ça ne fera pas mal, p-promis.


Frisk hocha la tête. Il écarta légèrement les bras le temps qu'Alphys colle les électrodes sur sa peau, puis les relie à de longs fils qui tombaient jusqu'au sol. Une fois son installation terminée, elle recula d'un pas.


— V-voilà ! Tu peux entrer dans la machine. Tu d-dois te tenir bien droit, f-face à Sans. Ça ne p-prendra pas très l-longtemps.


Frisk se glissa dans l'ouverture étroite de la machine. Il avait à peine la place de tenir debout. Son dos rencontra bientôt une plaque froide qui le fit sursauter. De l'autre côté de la vitre, Sans l'observait s'installer en silence.


— Ok, colle ton dos contre la plaque et regarde mes cheveux, dit le squelette.


Frisk leva un sourcil.


— Sans, tu es chauve, grogna Papyrus.


— Tu me brises le cœur, petit frère. Mes cheveux étaient tellement tristes qu'ils sont tous tombés d'un coup.


Frisk lâcha un petit rire.


Plus détendu, il obéit au squelette et s'appuya contre la plaque. Le contact était désagréable, mais supportable. Sans lui demanda de rester immobile, alors que des tas de lumières passaient devant ses yeux et le long de son corps. Il tâcha de continuer de regarder devant lui à la demande du squelette.


— C'est tout bon ici. Maintenant, tu vas te retourner et faire un câlin à la plaque de métal.


Frisk eut un peu de mal à s'exécuter, mais Alphys lui vint en aide pour lui éviter de s'emmêler dans les longs fils qui suivaient son mouvement. Une fois en position, les lumières s'activèrent de nouveau. Frisk resta en place, avant d'avoir enfin l'autorisation de sortir. Il se glissa par la porte, et découvrit qu'Alphys avait tiré un paravent tout autour de la zone d'examen entre temps. Il se tendit. Quelque chose lui disait que ce n'était pas terminé.


— Assieds-toi sur la chaise. Je v-vais sortir ton âme, d'accord ? Je ne v-vais pas y t-toucher, juste regarder et utiliser c-cet appareil pour vérifier que t-tout va bien.


Frisk se crispa. C'était l'étape qu'il redoutait le plus.


Depuis les Souterrains, Frisk avait beaucoup appris sur les âmes, avec Sans et Alphys. Et notamment sur le fait que les monstres étaient censés prévenir avant de la tirer de sa poitrine, ce qu'aucun d'entre eux n'avait fait en bas. Son psychiatre, un monstre lapin que Toriel avait insisté qu'il voit, lui avait expliqué que cette appréhension qu'il ressentait à chaque fois qu'on tirait son âme était normale, puisqu'il s'agissait d'une réponse traumatique. Il se demandait pourtant comment l'enfant en était arrivé à avoir peur d'entrer dans une confrontation avec un monstre, si aucun d'entre eux ne l'avait vraiment blessé. Frisk avait refusé de répondre. Il ne pouvait pas répondre. Il ne comprendrait pas. Aucun d'entre eux ne le comprendrait.


Alors il hocha la tête. Il n'avait pas le droit de se plaindre. Pas après tout ce qu'il avait fait. Tant pis si ça faisait mal. C'était de sa faute si c'était arrivé. Il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même.


Alphys hésita à la vue de son expression, mais finit par le rejoindre. Le bout de ses doigts s'illumina d'une lumière douce. Frisk retint sa respiration alors que la sensation de tiraillement se faisait sentir. Il leva les yeux pour ne pas regarder, et tenta de garder le contrôle sur sa respiration, malgré la sensation de mal-être qui s'installait rapidement.


Malgré ses efforts, les larmes ne tardèrent pas à couler. Il détestait toujours autant ce moment. Alphys s'activa autour de lui, consciente de sa détresse, et fit aussi vite qu'elle le put. Une fois les analyses terminées, elle relâcha la pression sur son âme et la repoussa gentiment dans sa poitrine.


— Je suis d-désolée, dit-elle d'une voix douce. C'est f-fini. Tu peux te rhabiller.


Frisk hocha la tête et attrapa ses vêtements, posé sur une chaise non loin. Il essuya rapidement ses yeux. Il ne voulait pas inquiéter Toriel, ou les autres. Il ne méritait pas qu'on s'inquiète pour lui comme ça.


Quelques minutes plus tard, Frisk sortait de derrière le paravent. Il força un sourire à sa mère adoptive, qui fronça malgré tout les sourcils à sa vue. Si elle remarqua quelque chose, elle ne dit rien et se contenta d'ouvrir ses bras. Frisk se réfugia dans son étreinte et la serra contre elle.


— Et maintenant ? demanda Toriel.


— On va analyser les résultats et comparer avec ce qu'on a sous la main sur le sujet, expliqua Sans. Ça va prendre quelques heures.


— Eh bien, hors de question qu'on s'éternise ici alors ! s'exclama Papyrus. En route, on va au parc d'attractions !


Toriel lui adressa un regard interrogateur. Frisk finit par se tourner vers le squelette, et prit la main qu'il lui tendait.


— Je t'enverrai un message quand on aura les résultats, lui dit Toriel. Fais attention à toi.


L'enfant hocha la tête.


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