Il y a comme un os

Le reste de l'après-midi fut beaucoup plus festive. Frisk remarqua qu'Undyne et Papyrus avaient redoublé d'efforts pour le faire rire et le divertir. Il put faire toutes les attractions dont il avait envie, et Undyne réussit même à le convaincre de monter dans les montagnes russes que sa mère lui avait interdits après avoir vu qu'un accident avait eu lieu dans un manège similaire. Accroché à la taille d'Undyne, il avait passé le tour à hurler, le visage caché dans son ventre, mais il devait reconnaître qu'il s'était bien amusé.

Ils firent ensuite une pause sucrée. Alors que Frisk et Papyrus s'étaient contentés d'une glace à l'italienne classique, Undyne avait provoqué le vendeur en lui demandant la plus grande glace qu'il n'avait jamais vendue. La femme-poisson s'était retrouvée avec un saladier de glace dans les mains, avant de plonger sa tête dans la bassine pour dévorer la crème glacée. Papyrus ne cessa de lui dire qu'elle allait le regretter, mais son amie était bien trop têtue pour arrêter.

Résultat des courses ? Frisk s'occupait à présent d'Undyne, qui gémissait pitoyablement, affalée sur la table. L'enfant lui tapotait gentiment le dos en signe de soutien, mais n'avait rien pour soulager son mal de ventre lancinant. Papyrus les avait abandonnés pour jouer aux fléchettes sur des ballons. Cela faisait plus d'une heure qu'il y était. De temps à autre, Frisk entendait ses cris de frustration au loin.

Frisk en avait presque oublié son problème actuel, qui vint se rappeler à lui par surprise. Alors qu'il se levait pour aller chercher Papyrus et proposer de rentrer, ses jambes se dérobèrent sous lui. Frisk tomba sur les fesses dans un cri qui alerta immédiatement Undyne.

Elle releva la tête vers lui, inquiète.

— Évite de te tuer, s'il te plaît, se moqua-t-elle.

Frisk, cependant, ne l'écoutait pas. Quelque chose n'allait pas avec ses jambes. Elles semblaient... plus légères ? Comme s'il n'y avait plus rien qui les soutenait. Il redressa les manches de son pantalon et se figea.

Sa peau avait disparu, remplacée par des os. Frisk écarquilla les yeux, puis se tourna vers Undyne, qui avait la même réaction que lui.

— Oh, woah. Euh... On va chercher Papyrus et on rentre, décida-t-elle.

Frisk hocha la tête vigoureusement, les larmes aux yeux. Undyne se redressa, grimaça de douleur, puis se pencha pour le porter. Frisk tenta de protester, mais elle ne lui en laissa pas le temps et le déposa sur ses épaules. L'enfant s'accrocha à sa tête.

Undyne démarra au pas de course et se mit en quête de son meilleur ami urgemment. Frisk la guida du mieux qu'il put lorsque la voix de Papyrus lui était portée par le vent. Il fut le premier à le repérer, debout à côté d'une montagne de peluches multicolores aussi grande que lui. Le pauvre forain paraissait désespéré, affalé sur sa chaise. La moitié de son stand avait été vidé de ses prix. Il ne restait que les gros lots.

En voyant un autre monstre arriver, le forain paniqua. Il se leva, décrocha un énorme ours en peluche et le poussa dans les bras d'un Papyrus plus que confus.

— Mais je n'ai même pas tiré ?

— Vous avez gagné, c'est bon. Bravo, tout ça. Le stand est fermé.

Et sur ces mots, il ferma le volet à toute vitesse. Papyrus posa ses mains sur ses hanches, contrarié.

— Je voulais gagner ce prix honnêtement. Cet humain est bien malpoli !

— T'as gagné tout ça ? demanda Undyne, en pointant les peluches.

— Oh, oui, mais ce n'est rien. Ce sont des lots de consolation pour avoir raté le ballon doré soixante-seize fois. Tiens, Frisk !

Tout sourire, Papyrus lui tendit un ours en peluche plus gros que lui. Undyne le déposa au sol, et Frisk, les jambes un peu tremblantes, alla récupérer son cadeau. Il eut un peu de mal à garder l'équilibre, mais finit par trouver une position plus ou moins stable.

— Merci, dit-il vaguement dans la direction du squelette, l'ours en peluche lui masquant toute visibilité.

Il entendit vaguement Undyne expliquer à Papyrus que ses jambes s'étaient changées aussi. Papyrus resta calme, et confirma simplement qu'il valait mieux rentrer pour s'assurer que tout allait bien.

Undyne embarqua le tas de peluches au-dessus de sa tête, et tous les trois regagnèrent le parking. La femme poisson réussit tant bien que mal à entasser les prix dans le coffre de sa voiture, mais il fallut sacrifier quelques braves soldats auprès d'enfants qui passaient pour réussir à le refermer sans perdre le chargement sur la route.